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HONDURAS
HONDURAS

Placé au milieu de la région des isthmes, le Honduras s’étend sur 112 088 kilomètres carrés, entre la mer des Caraïbes et le Pacifique. Ce pays de 5,5 millions d’habitants en 1993, qui possède une gamme étendue de richesses agricoles, minières et industrielles, surprend pourtant par son sous-développement économique et social. Il se range en effet parmi les territoires les plus démunis de la zone des Caraïbes. Environné de voisins turbulents, le Honduras, depuis son indépendance en 1823 dans un cadre fédéral, n’a jamais pu déployer ni affirmer sa personnalité propre. Pourtant intégré au marché mondial depuis le dernier tiers du XIXe siècle, le Honduras subit les vicissitudes de ces économies bloquées qui dépendent des grands monopoles nord-américains. Tenu pendant longtemps pour le prototype de la république bananière, le Honduras se trouve confronté au manque de structures productives et à la faiblesse du secteur financier. Ayant vu son rôle renforcé dans une stratégie opérationnelle de bases militaires et navales, le Honduras est entré depuis 1983 dans un processus de transformations économiques et sociales qui apparaît inéluctable. Sa capitale, Tegucigalpa, compte 800 000 habitants en 1993.

Le Honduras précolombien

Le Honduras, dont le peuplement remonte au moins à 20 000 ans avant J.-C., apparaît comme une région centraméricaine où l’agriculture s’est développée dès la période néolithique (racines, maïs, haricots, courges et citrouilles). L’existence, attestée vers 3000 avant J.-C., de centres voués à l’élaboration d’une architecture de pierres colossales s’épanouit avec la construction de la cité de Copán, vers 150 après J.-C. Copán, la deuxième métropole maya après Tikal, fascine encore avec ses pyramides et ses sanctuaires, son escalier monumental, son acropole et son terrain de jeu de balle. Dans ce foyer majestueux, avec des sculptures en trachyte (pierre volcanique de couleur vert clair), subsistent des témoignages surprenants d’une recherche mathématique et astronomique qui atteignit sa plénitude à la fin du VIIe et au début du VIIIe siècle. L’échelonnement des dates montre que la brillante période classique s’étend de 455 à 805. Tenampua, à 30 kilomètres de Comayagua, garde également des vestiges de fortifications et de pyramides. La grande aire de civilisation maya se déploie jusqu’à Tela, sur le golfe du Honduras, et ne dépasse pas le fleuve Ulúa, où vit la population Lenca, dont la culture a été fortement influencée par celle des Mayas. Le reste du territoire, moins développé culturellement, fut pendant longtemps une voie de passage pour les populations qui longèrent le littoral des Caraïbes.

Conquête et colonisation

Le 30 juillet 1505, lors de son quatrième et dernier voyage, Christophe Colomb atteignait l’île Guanaja (Bonacca), appartenant à l’archipel de Bahía. Si l’amiral s’était dirigé vers l’ouest, il aurait rencontré le domaine maya, mais il préféra s’orienter vers l’est et longer, jusqu’au 14 septembre, la basse côte du Honduras, de Punta Caxinas au cap Gracias a Dios. Le même jour, Colomb rencontrait un énorme canoa , de la dimension d’une galère, chargé de marchandises, ayant à son bord vingt-cinq hommes, des femmes et des enfants. Un cabotage aux origines anciennes reliait les territoires de la périphérie maya le long des côtes bordant la mer des Caraïbes.

Après le départ de Christophe Colomb, la région du Honduras resta éloignée des préoccupations des conquistadores, plus soucieux de se rendre à Mexico ou au Darién. Des incursions eurent lieu entre 1510 et 1520 dans la baie du Honduras pour capturer des autochtones et les vendre comme main-d’œuvre aux îles, alors les premières touchées par le génocide des populations amérindiennes. Ces raids esclavagistes furent combattus énergiquement au milieu du XVIe siècle par deux hommes: l’évêque Cristobal de Pedraza et Alonso López de Cerrato. Quatre chefs de bande se disputèrent les territoires du Honduras: Pedro de Alvarado, Cristobal de Olid, un lieutenant de Cortés, Francisco de Montejo, partis du Nord, et Pedrarias Davila, parti du Darién. En 1542, l’Audiencia de Guatemala fut créée. Elle dépendait de la vice-royauté du Nouveau-Mexique et comprenait sept provinces: Soconusco, Chiapa, Verapaz, Guatemala, Honduras, Nicaragua et Costa Rica. La colonie du Honduras apparut au XVIe siècle comme une large bande de côte allant du golfe de Amatique à l’embouchure du Rio Coco, sur 880 kilomètres. Pour l’Espagne, l’intérêt du Honduras résidait dans ses ports, cependant assez médiocres (Trujillo, Puerto Caballos, Amatique), et surtout dans ses mines.

Industrie minière et peuplement

L’exploitation des mines commença vers 1530 dans les centres de Trujillo, Gracias a Dios, San Pedro Sula et Comayagua. Une main-d’œuvre indigène capturée et soumise au travail forcé (repartimiento ) était utilisée. Les exportations de métaux précieux atteignaient un niveau très appréciable dès 1539-1542. Le nombre des indigènes tributaires, qui s’élevait à 400 000 en 1524, d’après Girolamo Benzoni (La Historia del Mondo Nuovo , Venise, 1565), n’était plus que de 15 000 en 1539 et de 8 000 en 1541, d’après Pedraza. Juan López de Velasco, qui décrit la région vers 1571-1574, évoque les rudes pistes de cette province, qui serpentent à travers une zone montagneuse et forestière et qui deviennent quasi impraticables par temps de pluie à cause du gonflement brutal des rivières. Le Honduras comptait alors 250 à 350 vecinos (habitants), 220 à 230 pueblos (villages) d’indigènes soumis.

Vers 1580, une trentaine de petites mines d’argent se répartissaient dans la région montagneuse partiellement conquise au sud et à l’est de Comayagua et dans l’Olincho. Grâce au boom minier, des nègres purent être importés en grand nombre au Honduras, particulièrement à Tegucigalpa. Avec une telle main-d’œuvre, la production s’éleva jusqu’à atteindre en 1584 un total officiel de 12 500 marcs d’argent. Dans sa lettre au roi du 17 février 1581, Juan Cisneros de Reynoso, Alcade mayor de Tegucigalpa, évoquait quelques-uns des problèmes les plus pressants qui se posaient pour le développement de l’industrie minière. Il observait que sur la trentaine de mines deux seulement étaient à retenir pour leur activité potentielle, car les autres appartenaient à des individus manquant de capitaux pour les exploiter. En outre, le manque de travailleurs nègres découlait de ce manque de capitaux. La nature du terrain, la dureté des roches étaient des obstacles encore plus graves pour l’exploitation des mines. Quand les mineurs trouvaient des filons très riches, ils se montraient incapables de les exploiter faute d’outils et de moyens appropriés, en dehors du feu qu’on utilisait alors généralement. L’absence de riches personnages capables d’investir des capitaux dans l’activité minière, comme cela se passait au Mexique et au Pérou, ne facilitait pas non plus la croissance de l’industrie minière à Tegucigalpa. Vers 1584, environ cinq cents nègres travaillaient dans les mines. Le centre de la vie économique du Honduras se déplaça progressivement des rives de la mer des Caraïbes vers les régions montagneuses de l’hinterland. Des bourgades se fondèrent dans ces régions montagneuses où la circulation s’effectuait à dos de mulet. Tegucigalpa, par exemple, à 935 mètres d’altitude, entourée de cerros, fut fondée autour d’un village indigène et d’un campement de mineurs, en 1578. Érigée en villa en 1762 (Real Villa de San Miguel de Tegucigalpa de Heredia ), elle devint une ciudad en 1821.

La fonderie des minerais entraîna le développement d’une industrie du sel, dont les mines avaient besoin en grande quantité dans le processus d’amalgame. Des marais salants situés derrière les mangroves, le long de la baie de Fonseca, fournirent le sel nécessaire. En outre, vers 1570, un trafic régulier de bétail s’était établi entre le Honduras et le Guatemala central. Santiago du Guatemala, siège de l’Audiencia, obligeait les propriétaires de bétail à approvisionner d’abord la capitale, où les prix étaient d’ailleurs plus élevés. L’industrie minière fut associée à une société caractérisée par sa mobilité, son goût du jeu, ses émeutes et des escroqueries financières qui marquèrent la colonie aux XVIIe et XVIIIe siècles.

L’indépendance

Après l’invasion de l’Espagne par les troupes napoléoniennes, des mouvements insurrectionnels se produisirent à Tegucigalpa en 1812. En 1821, la ville de Comayagua, entraînée par son intendant José Tinoco, choisit de suivre le Mexique qui s’était engagé dans une guerre d’indépendance, tandis que Tegucigalpa optait pour le Guatemala où l’indépendance avait été proclamée le 15 septembre. Après une période d’anarchie et de guerre civile entre villes et la constitution des Provinces-Unies de l’Amérique centrale, où s’affrontaient «libéraux» et conservateurs, le Honduras promulgua sa propre constitution en décembre 1825. La Fédération d’Amérique centrale, créée le 22 novembre 1824, envoya deux délégués au congrès de Panamá en 1826, réuni à la demande de Bolívar. À partir du 12 avril 1829, la fédération fut dirigée de main de maître par Francisco Morazán, né en 1790 près de Tegucigalpa, secrétaire général du Honduras dans le gouvernement libéral de Dionisio Herrera depuis 1824. Partisan de la généralisation de l’instruction, anticlérical convaincu et souhaitant réformer la société, Morazán se heurta aux forces conservatrices. Le Honduras se sépara de la fédération en 1839, mais Morazán, qui s’était fait proclamer chef du Salvador, et qui occupa le Guatemala le 18 mars 1840, s’exila au Panamá puis au Pérou et au Costa Rica.

Les tentatives d’union. Vers des structures communes

Une fois débarrassé de la tutelle espagnole, le Honduras déploya une énergie constante à proposer, à participer ou à favoriser l’unité des cinq républiques de l’isthme centraméricain. Les procédures s’enlisèrent le plus souvent, par suite des antagonismes toujours latents entre les pays concernés. Entre 1813 et 1903, cependant, le Honduras joua un rôle souvent déterminant dans le processus d’union. En 1895, le président Policarpo Bonilla proposait une réunion à Ampala, au Honduras, qui aboutit à un pacte prévoyant la formation d’une República Mayor de Centro-América. Le 24 décembre 1896, le président des États-Unis S. G. Cleveland recevait José Dolores Rodríguez, premier ambassadeur commun aux trois États qui avaient fondé la República Mayor de Centro-América. Le Honduras participait en 1898 aux États-Unis du Centre-Amérique.

Après l’échec de plusieurs tentatives de fédération entre les pays d’Amérique centrale à la fin du XIXe siècle, plusieurs structures furent créées, dont un tribunal d’arbitrage centraméricain, en 1902, et une cour de justice qui siéga à partir de 1908. En 1912, le Honduras refusait de reconnaître le traité Bryan-Chamorro passé entre le Nicaragua et les États-Unis, qui autorisait ces derniers, à perpétuité, à construire un canal et à établir une base navale dans le golfe de Fonseca.

Les cinq États de l’isthme conclurent cependant un traité de fraternité centraméricain, le 12 avril 1934. En septembre 1942, ils signaient à San José de Costa Rica une convention d’extradition des criminels fugitifs. En 1951, la charte de San Salvador, ratifiée par les cinq États, organisait, sans les États-Unis, une union douanière, une université centraméricaine et une flotte commune. C’est à Tegucigalpa que se réunirent en 1952 les ministres de l’Économie des cinq États qui travaillèrent avec la Commission économique pour l’Amérique latine des Nations unies (C.E.P.A.L.). Parmi les décisions adoptées par l’Organisation des États centraméricains (O.D.E.C.A.), il convient de retenir le traité d’association économique conclu en 1960 entre le Guatemala, le Salvador et le Honduras, la création de la Banque centraméricaine d’intégration économique, en 1961, et la charte de l’O.D.E.C.A., en 1963.

L’incorporation au marché mondial

Sous l’impulsion de deux hommes, Ramón Rosa et Marco Aurelio Soto, qui avaient déjà travaillé aux côtés de Justo Ruffino Barrios au Guatemala, le mouvement libéral engagea à partir de 1876 une série de réformes au Honduras. Le pays, perpétuellement agité par de sanglantes guerres civiles depuis 1838, sans appareil d’État, était livré à la merci de petites oligarchies locales. Soto et Rosa, riches d’une expérience accumulée au Guatemala, voulurent rompre les structures cloisonnées du pouvoir politique en agissant sur la production. Seule une production, pensaient-ils, orientée vers le marché mondial – et non soumise aux avatars des marchés locaux – pourrait entraîner la nation vers l’idéal d’union qu’ils s’étaient fixé. Pour atteindre leur objectif, ils commencèrent par imposer la culture du café sur une grande échelle. Le développement envisagé par ces idéologues réformateurs nécessitait des capitaux et des transformations au niveau des structures. L’établissement des plantations caféières se heurta au problème des terres communes. Cherchant à attirer les investissements étrangers, Rosa et Soto entreprirent d’agir sur le plan politique et sur le plan social pour favoriser à tous les niveaux l’accueil de ces capitaux. Mais l’absence d’une classe sociale dominante et la faiblesse des structures économiques laissèrent la place libre à l’initiative étrangère. Celle-ci entreprit seule de créer, d’organiser et de diriger le processus d’intégration du Honduras à l’économie mondiale.

Les groupes oligarchiques locaux s’associèrent aux étrangers, leur assurant des conditions institutionnelles et politiques favorables, leur laissant toute latitude sur le plan économique et financier. Au vrai, ce qui caractérisa de manière déterminante cette première phase d’intégration économique du Honduras fut l’hégémonie du capital étranger dans son économie, et son rôle déterminant dans les activités d’exportation.

Une économie enclavée

La domination du capital étranger suscita la création d’une «économie enclavée», à partir du secteur minier d’abord, puis dans le secteur bananier. Les produits miniers représentaient déjà plus de 50 p. 100 du total des exportations vers 1890-1895, et la compagnie nord-américaine New York and Honduras Rosario Mining Company, fondée en 1880 pour l’exploitation du cuivre, contrôlait 87 p. 100 de la production minière. Au début du XXe siècle, les bananes constituaient 52,3 p. 100 des exportations totales, remplaçant les produits miniers comme production principale. Cette prépondérance de la banane se maintint jusqu’à la décennie 1970-1980 et eut une influence décisive sur le développement social du pays. Les groupes d’immigrants qui entrèrent au Honduras vers 1900-1920, en majorité des Arabes musulmans d’origine palestinienne, ne purent s’établir que dans le petit commerce local, à l’ombre de cette économie enclavée. À la même époque, les grands propriétaires créoles, hacendados et éleveurs, se disputèrent le pouvoir pour s’assurer le contrôle des appareils d’État et favoriser les intérêts de l’enclave. Ils prirent des mesures appropriées, par exemple pour garantir une exploitation efficace de la main-d’œuvre nationale. Les guerres civiles de cette époque reflètent la rivalité impitoyable entre les compagnies bananières pour le contrôle de l’exportation.

La domination économique des Nord-Américains se développa d’abord dans le domaine de la production des métaux précieux, or et argent, puis de l’extraction du cuivre et du développement de l’industrie électrique. L’établissement des plantations de la United Fruit Company s’effectua vers 1912. Au début du XXe siècle, si l’on excepte les investissements britanniques et français, les États-Unis contrôlaient le commerce extérieur du Honduras. Après la Seconde Guerre mondiale s’esquissa un processus de diversification des capitaux dans le domaine économique et industriel. Le Marché commun centraméricain fut créé, un plan ambitieux d’industrialisation du pays fut ébauché. La pénétration du capital étranger – essentiellement nord-américain – devint plus systématique dans toutes les branches de l’économie du Honduras, en particulier dans le système bancaire et dans l’industrie. Au cours de cette période furent créées quarante-cinq des soixante-trois entreprises les plus importantes du Honduras.

La montée des militaires

Le Honduras où règnent, à la fin du XIXe siècle, caudillos et caciques subit la dictature de Policarpo Bonilla (1894-1899) et de Miguel R. Davila (1907-1911). Occupé par les troupes nord-américaines de 1911 à 1933, après avoir connu les dictatures de T. Carias Andino (1933-1949), de J. M. Gálvez (1949-1954) et de J. Lozano Díaz (1954-1956), le pays revint pour une brève période à un régime constitutionnel. Mais le président régulièrement élu en 1957, Ramón Villeda Morales, chef des libéraux, fut renversé en octobre 1963, quelques jours avant les élections, par le général Oswaldo López Arellano, qui se proclama chef de l’État et gouverna jusqu’en 1971 en s’appuyant sur le parti nationaliste.

La guerre qui opposa le Honduras au Salvador le 14 juillet 1969, dite «guerre du football», mit un terme au Marché commun centraméricain. Cette explosion eut de profondes répercussions sur les structures économiques et sociales des deux pays. Au Honduras, la guerre développa les contradictions accumulées en liaison avec le marché commun régional. L’État du Honduras vit dans cette confrontation armée l’occasion d’obtenir un consensus national orienté à son profit. Confronté à un mouvement de résistance paysanne qui prônait l’occupation massive des terres, l’État proclamait la nécessité de l’«unité nationale». L’armée elle-même y trouva son compte en s’arrangeant pour apparaître, malgré une déroute incontestable, comme une force neuve aux yeux de la population.

La défaite mit cependant à nu la décomposition interne de l’armée, qui est rongée par la corruption et minée par les dissensions au niveau du commandement, et favorisa une nouvelle donne. Le 4 décembre 1972, les militaires commandés par le général López Arellano renversèrent le gouvernement de Ramón Ernesto Cruz, qui lui avait succédé en 1971. Les militaires se proposaient de moderniser le pays et de réussir ce qu’ils appelaient l’«actualisation historique du Honduras». Une longue grève de soixante-neuf jours en 1954 avait permis l’émergence d’un mouvement syndical ouvrier qui avait conquis sa légalité et s’affirmait en tant que force politique.

Une politique réformiste

La réforme agraire fut déclarée «objectif fondamental», et le nouveau pouvoir tenta de s’adjoindre l’appui du mouvement ouvrier et des associations paysannes pour détendre le climat social, veillant en même temps à ne pas s’aliéner l’oligarchie dominante. Sa marge de manœuvre était donc très étroite. La redistribution des moyens de production (terre, capital et technologie) fut associée à la réforme forestière, qui visait à permettre à l’État de contrôler la production du bois. Le Honduras, demeuré un pays à vocation forestière, était toujours livré, sur le plan de la coupe et de l’exportation du bois, aux mains des entrepreneurs étrangers.

Le Plan national de réforme agraire (P.N.R.A.) suscita une violente opposition de la part des grands propriétaires, hacendados et éleveurs, des compagnies multinationales et des banques. En 1973, au moment du lancement du train de réformes, 120 000 familles minifundistes représentant 67 p. 100 de la population agricole occupaient moins de 12 p. 100 des terres affermées. En revanche, 600 familles de grands propriétaires, qui constituaient 0,3 p. 100 de la population rurale, détenaient 27 p. 100 des terres. Le P.N.R.A. prévoyait la distribution de 600 000 hectares à 120 000 familles paysannes, de 1975 à 1979. Ce projet, combattu par les classes dominantes, ne put jamais être réalisé. Les auteurs d’une étude faite en 1980 par l’Instituto hondureño de desarrollo rural (I.H.D.E.R.) concluaient que, «au rythme actuel de l’adjudication des terres, il faudrait 1 029 années pour atteindre l’objectif global pour lequel le P.N.R.A. s’était donné cinq ans...».

Après le virage à droite des militaires, en 1977, le projet de réforme agraire fut remplacé par une simple tentative de «migration incitée»: il s’agissait de transférer des paysans de zones à forte tension sociale vers des territoires à faible peuplement; ce qui entraîna une reprise des luttes paysannes pour la possession de la terre.

Une politique d’endettement

La chute de López Arellano et de son gouvernement réformiste, en 1975, après un scandale spectaculaire, coïncida avec une période de récession sur le plan économique. Le pays avait été durement frappé en septembre 1974 par le cyclone «Fifi» et subissait une sécheresse prolongée.

Le gouvernement militaire pratiquait une politique d’endettement accéléré qui accentuait la position de dépendance financière du Honduras vis-à-vis de l’étranger. La dette extérieure était de 700 millions de dollars en 1980. Des calculs officiels ont établi que la diminution des recettes provenant de la vente du café atteignit 30 à 40 millions de dollars. La production de bananes diminua après le passage du cyclone de 1974 et fut affectée par la chute des cours et les mesures restrictives prises par les États-Unis, principal importateur.

La baisse des prix des produits d’exportation se produisit au moment où augmentait, par contre, le prix du pétrole. Ces difficultés économiques furent aggravées par la fluctuation du système monétaire capitaliste, qui se répercuta sur la monnaie du Honduras. Le déficit de la balance des paiements, qui était de 200 millions de dollars en 1978, atteignit 300 millions de dollars en 1980. Le gouvernement militaire se trouva donc dans l’obligation de poursuivre sa politique d’endettement pour couvrir le déficit croissant de la balance des paiements.

Multinationales et aggravation du sous-développement

Les liens de dépendance et le sous-développement du Honduras s’aggravaient à mesure que se renforçait l’activité des puissants centres financiers nord-américains dans l’économie du pays. Le gouvernement militaire renforça son alliance avec le capital étranger en élaborant deux projets: la Corporación forestal industrial de Olancho (Corfino), qui visait à devenir le plus grand producteur de papier du continent et nécessitait un investissement de 540 millions de dollars, et le projet hydroélectrique de El Cajón, un barrage gigantesque qui devait permettre au Honduras d’exporter de l’énergie électrique, dont le coût total était estimé à 6 000 millions de dollars. En 1979, trente-deux entreprises multinationales et soixante et onze filiales étrangères étaient établies au Honduras.

Le capital étranger, qui est parvenu à s’imposer dans tous les secteurs productifs du pays, a même réussi à établir son contrôle sur le système bancaire du Honduras, ce qui lui permet d’utiliser les biens des Honduriens pour accroître sa domination sur l’économie du pays. En 1980, le capital étranger représentait 54 p. 100 du capital bancaire hondurien et contrôlait 66 p. 100 des dépôts effectués par les Honduriens.

Une politique d’extrême droite

Le gouvernement militaire issu du coup d’État de décembre 1972 s’entoura de politiciens indépendants et de technocrates «apolitiques» pour réaliser le projet de modernisation économique et sociale. Ce gouvernement réformiste rechercha l’alliance de représentants syndicaux liés à l’Organisation régionale interaméricaine du travail (O.R.I.T.) et à l’Institut américain pour le développement du syndicalisme libre (I.A.D.S.L.). Il rechercha également le concours de l’Asociación nacional de campesinos de Honduras (A.N.A.C.H.). La campagne d’opposition orchestrée par la grande bourgeoisie commerciale, les grands propriétaires et éleveurs avec les compagnies bananières et les militaires conservateurs reçut le soutien de l’ex-dictateur du Nicaragua, Anastasio Somoza. Autour du Honduras se constitua un glacis d’États, le Guatemala, le Salvador et le Nicaragua cherchant par des pressions constantes à l’inciter à revenir sur la voie de la «normalité traditionnelle».

Au sein des forces armées, les militaires ultra-conservateurs étaient parvenus à occuper des positions importantes. Le 15 mars 1975, O. López Arellano fut démis de ses fonctions de chef des forces armées. Le 8 avril éclata le scandale financier dénoncé par le Wall Street Journal , une affaire de corruption: la compagnie United Brands, ex-United Fruit Co., versait des pots-de-vin au ministre de l’Économie pour obtenir une réduction des nouvelles taxes à l’exportation. Le 15 avril, le Conseil supérieur des forces armées – organisme collégial composé de vingt-sept hauts chefs militaires – désigna le nouveau chef d’État, le colonel Juán Alberto Melgar Castro, connu pour ses opinions conservatrices et ses tendances répressives. Deux mois après sa nomination, le gouvernement Melgar se lança, avec l’aide des propriétaires terriens, dans une brutale répression contre les paysans du département de Olancho, qui se termina par les massacres de la «matanza de los horcones ».

Sous le gouvernement Melgar Castro (22 avr. 1975 – 7 août 1978), la corruption atteignit un niveau record, et le rôle joué par le Honduras dans le trafic international des stupéfiants apparut au grand jour. Le trafic de drogue, la lutte pour le pouvoir au sein de l’armée et l’antagonisme qui opposait l’extrême droite aux dirigeants du Parti national (conservateur) causèrent la chute du général Melgar. Il fut remplacé le 7 août 1978 par une junte militaire présidée par le général Policarpo Paz García, nouveau chef des forces armées, et les lieutenants-colonels Amilcar Zelaya, chef de la force de sécurité publique et Domingo Álvarez, chef de la force aérienne.

Une façade démocratique

Le 20 avril 1980 eurent lieu les élections des députés à l’Assemblée nationale constituante du Honduras. Le Parti libéral obtint trente-cinq députés contre trente-trois au Parti national et trois au Parti d’innovation et unité (centre droite). Le triomphe des libéraux surprit tous les milieux politiques du pays. Pour comprendre cette élection de 1980, il faut tenir compte de la conjoncture internationale, du triomphe de la révolution sandiniste et du mouvement révolutionnaire qui se déploie au Salvador et au Guatemala. Au soir des élections, William Bowdler, secrétaire d’État adjoint aux Affaires interaméricaines des États-Unis, écrivait: «L’existence du Honduras entre le Nicaragua et le Salvador lui confère une position géopolitique déterminante dans le processus de création de “traits d’union” que nous entendons lancer dans la région centraméricaine» (La Prensa , 13 avr. 1980, Tegucigalpa).

Le Parti libéral remporta les élections de novembre 1981 avec plus de 53 p. 100 des voix. Il disposa de quarante-quatre sièges au Congrès contre trente-quatre au Parti national, trois au P.I.N.U. et un à la Démocratiechrétienne. Après dix-huit ans de régime militaire, un régime civil s’installa le 27 janvier 1982 avec pour président Roberto Suazo Córdova.

Crise économique, sociale et politique

La crise économique mondiale s’est conjuguée à partir des années 1978-1980 avec la crise politique qui sévit sur l’ensemble des Caraïbes occidentales. Dès lors, frappé de plein fouet par les effets conjoncturels d’une crise sans précédent, le Honduras s’enfonça dans un marasme inexorable. La militarisation du pays progressait dans un cadre économique caractérisé par des déséquilibres croissants: déséquilibre de la balance des paiements, déficit budgétaire, aggravation de la dette totale, plus de 2 milliards de dollars en 1983, dont 64 p. 100 du service allaient au seul placement des intérêts. À l’augmentation du prix du pétrole et du coût de la vie s’ajoutèrent les effets catastrophiques de la fuite des capitaux vers les paradis fiscaux des Caraïbes, la diminution des investissements privés, la dépendance accrue par rapport aux centres financiers étrangers – surtout nord-américains – et les tensions sociales. Après une réforme fiscale limitée en 1981, le financement du déficit budgétaire, atteignant 50 p. 100 des dépenses publiques en 1984, s’effectua par un recours à l’endettement extérieur. Selon des estimations officielles, le nombre des chômeurs s’était accru de 88 p. 100 entre 1980 et 1984, alors que la population active augmentait de 4,1 p. 100. Les indicateurs socio-économiques reflètent mal la réalité du marché du travail: plus de 66 p. 100 de la population active (1,2 million de personnes) n’a pas d’emploi, plus de 700 entreprises ont fermé leurs portes de 1981 à 1984.

La réforme agraire

Pivot d’un développement hypothétique, la réforme agraire constituait une solution pour assurer le contrôle social des campagnes et l’essor du secteur agro-exportateur. Après un démarrage mesuré en 1962, le rythme de distribution des terres s’accéléra de 1972 à 1976, puis ce fut la baisse persistante à partir de 1977. Alors que 6 260 familles par an avaient reçu des terres entre 1973 et 1976, moins de 2 650 en bénéficiaient de 1977 à 1980. Ces chiffres doivent être comparés à l’accroissement naturel de la population rurale estimé à 8 000 familles par an. La réforme agraire, en 1985, concernait 50 622 familles disposant de 308 353 hectares de terre, soit environ 12 p. 100 de la surface exploitable du pays. En réalité, les terres adjugées ne représentaient que 2,5 p. 100 des grandes propriétés privées. Au lieu de s’attaquer au système latifundiaire comme le voulait la loi de 1975, les terres expropriées provenaient principalement des réserves nationales ou éjidales , provoquant l’insécurité des agriculteurs qui ne disposaient pas de titres légaux de propriété. La réforme agraire n’a pas liquidé l’oligarchie foncière, et la majorité des parcelles cultivées demeure encore entre ses mains. La réforme n’a pas réglé non plus la «question paysanne» qui reste d’abord celle des petits paysans et des paysans sans terre. 57 p. 100 des terres adjugées se situant surtout dans le Nord, la pression paysanne s’exerça dans les régions occidentale, centrale et méridionale du pays. L’instabilité des paysans bénéficiaires se traduisit par un taux élevé de désertion (56 p. 100 en 1983), désertion causée par la médiocre qualité des terres, les difficultés d’établissement, le manque d’appui technique ou financier et l’inadaptation au travail collectif.

La production du secteur réformé, orientée vers la diversification des exportations, concerne près de 20 à 30 p. 100 des céréales (40 p. 100 du riz), 15 à 18 p. 100 des bananes, 17 p. 100 du coton, 15 p. 100 de la canne à sucre et des produits divers: melons, pastèques, palmiers à huile, cacao, agrumes, anacardes (noix de cajou), mais très peu l’élevage et le café. Le développement du secteur réformé ne se dissocia pas d’un processus de désengagement des compagnies bananières (United Fruit, Standard Fruit Companies). La diversification des exportations se heurta à la saturation du marché intérieur et à la concurrence de la production nord-américaine.

Guerres et paix

Le Honduras, avec un P.N.B. par habitant de 800 dollars, survit grâce à l’aide des États-Unis (300 millions de dollars par an). Depuis 1982, un flot de réfugiés nicaraguayens auxquels sont venus s’ajouter des Salvadoriens chassés par la guerre ont afflué au Honduras. Dans les villes, la présence de ces desocupados accroît le taux de la délinquance. Dans les campagnes, les paysans ont dû abandonner des régions entières à la Contra nicaraguayenne. De graves problèmes ont surgi dans les comités de réfugiés salvadoriens au sein des trois camps situés au Honduras: Calomoncagua, Mesa Grande et San Antonio; ceux-ci servaient en effet de «sanctuaires» à la guérilla du F.M.L.N. (Front Farabundo Marti de libération nationale) qu’ils pourvoyaient en combattants, en médicaments et en uniformes fabriqués dans leurs ateliers. Le F.M.L.N. avait trouvé un appui logistique très efficace auprès de la population des zones frontalières en litige, au cours de la guerre civile depuis 1981. Le relief tourmenté et les forêts de pins offraient, de plus, une protection réelle contre les attaques de l’aviation salvadorienne, combinée à l’occasion avec les forces honduriennes. Le système fonctionna avec la complicité des organisations non gouvernementales étrangères qui travaillaient dans les camps, sous contrôle du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (H.C.R.). Pour ne pas cautionner l’emprise de la guérilla sur les camps, l’organisation Médecins sans frontières renonça à assister les réfugiés salvadoriens en décembre 1988. Partisan du rapatriement des réfugiés de Mesa Grande, trop éloigné de la frontière, le F.M.L.N. favorisa le départ de 7 000 personnes sur les 11 000 que comptait le camp.

La présence de vingt-cinq camps de Contras au Honduras en 1989, rassemblant plus de 12 000 rebelles antisandinistes avec leurs familles, obligea le gouvernement hondurien à prendre des initiatives politiques. La situation était devenue en effet intenable dans tout le pays.

Les assassinats politiques se succédèrent en janvier 1989: l’avocat de Juan Ramon Mata – trafiquant de drogue notoire – et le «commandant Aureliano», un des principaux dirigeants militaires de la Contra nicaraguayenne abattus à Tegucigalpa, le général Gustavo Alvarez Martinez assassiné le 25 janvier 1989 par les cinchonreos , surnom des Forces populaires de libération du Honduras (F.P.H.). L’ancien «homme fort» du Honduras avait brutalement mené la répression contre les organisations syndicales, lorsqu’il dirigeait les forces de sécurité publique dans la décennie 1970-1980. Après sa nomination à la tête des forces armées en janvier 1982, le général Alvarez, obsédé par les risques de «contagion» communiste que constituait, selon lui, la présence des sandinistes aux frontières du Honduras, accueillit les rebelles de la Contra, et assura leur entraînement. Il chercha plusieurs fois à inciter les États-Unis à envahir le Nicaragua, «pour en finir», disait-il. En mars 1984, le général Alvarez, qui détenait trop de pouvoirs aux yeux de certains officiers, a été finalement démis de ses fonctions par un groupe de militaires. Il fut même expulsé vers Miami. Son exil lui fit découvrir les Évangiles, et, de retour au Honduras, il «consacra sa vie à Dieu», parcourant le pays pour faire connaître la Bible.

Le mouvement des F.P.H. s’inspirait de l’épopée, au XIXe siècle, d’un chef rebelle paysan, Serapio Romero, spécialisé dans la fabrication des selles de chevaux (cinchos dans la langue locale). Il s’était signalé pour la première fois, le 27 mars 1981, en détournant vers le Nicaragua un avion de la compagnie aérienne hondurienne S.A.H.S.A., avec quatre-vingt-un passagers à bord. Il avait obtenu la libération et le transfert à Cuba d’une quinzaine de prisonniers politiques détenus dans des cellules clandestines. Il avait ensuite fomenté une série d’attentats à la bombe, en 1983 et 1984, à Tegucigalpa et à San Pedro Sula, la capitale économique du pays.

En février 1989, les cinq présidents centraméricains réunis au Salvador décidèrent le rapatriement volontaire des membres de la Contra au Nicaragua ou dans un pays tiers. Le président George Bush leur accorda en mars une aide «humanitaire» de près de 50 millions de dollars devant être utilisée à «la réinsertion des rebelles dans la vie civile». La victoire de Rafael Callejas (Parti national), candidat préféré des États-Unis, à l’élection de novembre 1989 favorisa une solution politique. Il prit ses fonctions le 27 janvier 1990, et le Parlement hondurien vota, le 15 mars, une résolution demandant au président l’expulsion immédiate des 12 000 guérilleros de la Contra antisandiniste établis dans le département d’El Paraiso (ouest du pays). Il exigea un dédommagement de 7,744 millions de dollars du gouvernement des États-Unis.

La veille, le président hondurien avait exigé la démobilisation et le rapatriement de la Contra avant le 25 avril 1990, date de l’entrée en fonctions de Violeta Chamorro, élue présidente du Nicaragua. Après l’accord de Tela, signé le 7 août 1989 par les cinq chefs d’État centraméricains, prévoyant la démobilisation de la Contra, l’armée hondurienne avait encerclé, le 14 août, la région au sud-est du pays, où étaient installés les camps. Une situation de crise dura jusqu’au jugement final de la Cour internationale de justice de La Haye, qui décida, le 11 septembre 1992, de remettre quatre des six zones en litige sous la souveraineté du Honduras, la sixième bolson (poche) ayant été partagée entre le Honduras et le Salvador. Les autorités salvadoriennes se montrèrent satisfaites de la délimitation en leur faveur du golfe de Fonseca et de ses îles sur l’océan Pacifique, ces dernières leur paraissant plus importantes sur le plan stratégique et économique que les 419 kilomètres carrés de montagnes en litige sur la frontière séparant les deux pays. Pour le Honduras, la décision portant sur ce golfe constituait l’un des enjeux principaux, car il s’agit de son seul accès à l’océan Pacifique. Ce conflit de frontières, qui remonte au début du XIXe siècle, avait conduit les deux pays à la guerre de 1969. Le règlement de ce différend frontalier, scellé par la rencontre des présidents Rafael Callejas et Alfredo Cristiani le 11 septembre 1992, fut suivi par la décision du F.M.L.N. de désarmer ses troupes en décembre 1992 après avoir signé un accord de paix avec le gouvernement salvadorien. Les dirigeants du F.M.L.N. proclamèrent leur intention de défendre les intérêts des 30 000 Salvadoriens passés sous la juridiction du Honduras et réclamèrent, «en contrepartie, la démilitarisation des zones affectées pour éviter des tensions avec la population [...] et garantir son droit à la propriété agricole conformément aux accords de paix».

Honduras
(république du) (República de Honduras), état d'Amérique centrale, étroit du côté du Pacifique et large sur la mer des Antilles, entouré par le Guatemala (N.-O.), le Salvador (S.-O.) et le Nicaragua (S.-E.); 112 088 km²; 4 658 000 hab. (croissance: plus de 3 % par an); cap. Tegucigalpa. Nature de l'état: rép. de type présidentiel. Langue off.: espagnol. Monnaie: lempira. Pop.: métis de Blancs et d'Indiens (env. 70 %), Amérindiens (env. 20 %), mulâtres et Blancs. Relig.: catholicisme (en majorité). Géogr. phys. et écon. - Pays très montagneux, culminant à 2 849 m, le Honduras a un climat tropical tempéré par l'altitude. La pop., rurale à près de 60 %, se concentre à l'O., sur les plateaux, dans les vallées fertiles et sur le littoral atlantique, où elle vit de cultures vivrières (maïs, haricot), d'élevage et de pêche. Les bananes et le café constituent, avec les crustacés, le bois (notam. la confection de meubles en acajou), le zinc et le plomb, l'essentiel des exportations (vers les È.-U. princ.). Mal équipé, miné par la violence politique, endetté, le pays connaît une situation critique, mais la croissance est revenue en 1995. Hist. - Pays de civilisation maya, reconnu par C. Colomb en 1502, le Honduras fut conquis par les Espagnols à partir de 1523. Indépendant en 1821, il fit partie de la féd. des états d'Amérique centrale (1824-1838). Son hist. a été jalonnée par des coups d'état militaires. Un conflit armé avec le Salvador (1969) eut des séquelles, mais la pression des È.-U. a amené un traité de paix (oct. 1980), ainsi que la formation d'un gouvernement à majorité civile (1981). Dans les années 80, le pays fut la base des mouvements nicaraguayens antisandinistes ("contras") soutenus par les États-Unis. L'élection en 1993 d'un centriste, Carlos Roberto Reina (réélu en 1997), a amélioré la situation.

Encyclopédie Universelle. 2012.