clair-obscur [ klɛrɔpskyr ] n. m.
• 1668; it. chiaroscuro (en fr., 1596)
1 ♦ Peint. Effet de contraste produit par les lumières et les ombres des objets représentés. Des clairs-obscurs. — Spécialt Ensemble de lumières et d'ombres douces, fondues et nuancées. « cet effet magique si recherché des peintres, qu'ils appellent “clair-obscur” » (Gautier).
2 ♦ Lumière douce, tamisée. ⇒ pénombre. « Dans le frais clair-obscur du soir charmant qui tombe » (Hugo).
⊗ CONTR. Clarté, netteté.
● clair-obscur, clairs-obscurs nom masculin (calque de l'italien chiaroscuro) Lumière douce, tamisée, pénombre : Le clair-obscur d'une chambre. Dans un tableau, une gravure, un dessin, effet consistant à moduler la lumière sur un fond d'ombre, suggérant ainsi le relief et la profondeur. Gravure sur bois tirée en deux ou plusieurs tons rapprochés (plus éventuellement le noir et les blancs) afin de créer un effet de camaïeu. (Italie, XVIe s.) ● clair-obscur, clairs-obscurs (difficultés) nom masculin (calque de l'italien chiaroscuro) Orthographe Avec un trait d'union. - Plur. : des clairs-obscurs (s aux deux éléments). ● clair-obscur, clairs-obscurs (synonymes) nom masculin (calque de l'italien chiaroscuro) Lumière douce, tamisée, pénombre
Synonymes :
- pénombre
Contraires :
- clarté
- lumière
clair-obscur
n. m.
d1./d PEINT Combinaison de lumières et d'ombres dans un tableau. Rembrandt, maître des clairs-obscurs.
d2./d Lumière faible, douce. Des clairs-obscurs.
⇒CLAIR-OBSCUR, subst. masc.
A.— PEINT. Art de distribuer dans un tableau les nuances de la lumière contrastant avec un fond sombre. Clair-obscur rembranesque; clair-obscur des tableaux flamands. Rembrandt a puisé dans la science du clair obscur les effets à la fois doux et chauds de ses peintures (MICHELET, L'Oiseau, 1856, p. 314) :
• 1. C'est le véritable secret de la peinture de clair-obscur que d'enlever à chaque objet sa personnalité physique, sa pesanteur propre et son contour net, pour le dissoudre dans le grand corps du tableau dont il ne constitue alors avec ses voisins que des éminences plus ou moins fortes, des détails plus ou moins soulignés.
LHOTE, Peint. d'abord, 1942, p. 65.
♦ Spéc. Ce qui est peint sans mélange d'autres couleurs que du blanc et du noir, ou du blanc avec une seule couleur, comme les camaïeux.
— P. ext. Lumière tamisée, diffuse, crépusculaire. Deux bougies éclairaient la table, tout en laissant la chambre dans le clair-obscur (BALZAC, Ursule Mirouët, 1841, p. 114) :
• 2. ... nous n'allions ni du côté du soleil couché ni du côté de la lune levante. Quelque chose de vague, de fuyant, d'indécis, de clair-obscur et de clairsemé, composait cette vue et ce moment; ...
SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 1, 1834, p. 197.
SYNT. Le demi-jour, la pénombre du clair-obscur; le clair-obscur d'un boudoir, de la cathédrale.
B.— Au fig.
1. Atmosphère douce, intime, propre à la rêverie, aux sentiments tendres :
• 3. ... ce silence, ce clair-obscur, cette solitude faisaient du bien à l'âme qui pouvait s'y livrer à une seule pensée, comme dans un cloître où l'on se recueille, ou comme dans la coite maison où l'on s'aime.
BALZAC, Sur Catherine de Médicis, La Confidence des Ruggieri, 1837, p. 303.
2. Partie de l'âme caractérisée par la vie inconsciente et mystérieuse de ce qui échappe à la raison (empreintes du passé, rêves, intuitions du cœur ou de l'esprit). Voici une œuvre [les Possédés de Dostoïevsky] où dans un clair obscur plus saisissant que la lumière du jour, nous pouvons saisir la lutte de l'homme contre ses espérances (CAMUS, Le Mythe de Sisyphe, 1942, p. 151) :
• 4. Dans son état d'esprit, la joie de vivre lui semblait grossière; elle cherchait le clair-obscur mélancolique de l'âme, et elle se figurait qu'elle l'aimait. Il faisait trop jour en Christophe.
R. ROLLAND, Jean-Christophe, Les Amies, 1910, p. 1116.
• 5. Tout ce que Joubert dit sur la poésie est incomparable. Il faudra pour retrouver cette familiarité avec la ligne serpentine de la pensée et avec son clair-obscur attendre Mallarmé et Valéry.
A. THIBAUDET, Hist. de la litt. fr. de 1789 à nos jours, 1936, p. 70.
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. masc. clair-obscuriste, peu usité. Peintre qui utilise le procédé du clair-obscur. C'est à Rembrandt qu'il était réservé de puiser des trésors dans le clair-obscur. « Celui-là est le clair-obscuriste par excellence, » disait David à son élève Auguste Couder (Ch. BLANC, Gramm. des arts du dessin, 1876, p. 556).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1798 s.v. clair; ds Ac. 1835-1932 sous une vedette indépendante. Au plur. des clairs-obscurs. Étymol. et Hist. 1596 [d'apr. BRUNOT; 1578 d'apr. CIORANESCU 16e] chiar obscuro (B. DE VIGENÈRE, Les Tableaux [...] de Philostrate l'Ancien, p. 118 ds BRUNOT t. 6, p. 687); 1655 le clair et l'obscur (POUSSIN, Lett. à M. de Chantelou, p. 443, ibid., p. 693); 1668 clair-obscur (R. DE PILES, Art de peint., p. 55 [trad. du lat.], ibid.). Calque du subst. ital. chiaroscuro (fin XVe-début XVIe s. Léonard de Vinci ds BATT.), chiaro e scuro (Castiglione, ibid.). Fréq. abs. littér. :139. Bbg. GOHIN 1903, p. 376.
clair-obscur [klɛʀɔpskyʀ] n. m.
ÉTYM. 1668; adapt. de l'ital. chiaroscuro, employé en franç., 1596; de clair et obscur.
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1 Peint. Effet de contraste produit par les lumières et les ombres des objets représentés. — Au plur. || Des clairs-obscurs.
1 Les Italiens ignoraient l'art de la perspective et du clair-obscur.
Voltaire, Essai sur les mœurs, 121.
♦ Ensemble de lumières et d'ombres douces, fondues et nuancées. || Les clairs-obscurs de Rembrandt.
2 Ses blancheurs de marbre et de neige
Se fondent amoureusement
Comme, au clair-obscur du Corrège,
Le corps d'Antiope dormant.
Th. Gautier, Émaux et Camées, « La nue ».
3 Un reflet tempérait par sa lueur argentée ce que l'ombre, baignant les chairs et le vêtement, aurait eu de trop noir, et produisait cet effet magique si recherché des peintres, qu'ils appellent « clair-obscur » en leur langage.
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, t. II, XIII, p. 120.
2 Lumière tamisée et douce. ⇒ Pénombre. || Le clair-obscur d'un sous-bois. || Je circulais dans ce clair-obscur (→ Peinture, cit. 14).
4 Dans le frais clair-obscur du soir charmant qui tombe.
Hugo, les Contemplations, I, « Aurore », III.
5 Clair-obscur aimable d'un salon d'entresol; deux lampes allumées au mur; la nappe, les couverts espacés (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, Les superbes, XII, p. 92.
♦ Par métaphore ou fig. ⇒ Ambiguïté, doute, incertitude, vague.
6 O divin clair-obscur du langage enfantin !
Hugo, la Légende des siècles, XXXVI, « Le groupe des idylles », XXII.
7 La création, la vie, le destin, ne sont pour l'homme qu'un immense clair-obscur.
Hugo, Post-scriptum de ma vie, « Tas de pierres », III.
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DÉR. Clair-obscuriste.
Encyclopédie Universelle. 2012.