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aurore

aurore [ ɔrɔr ] n. f.
XIIIe; lat. aurora
ILueur brillante et rosée qui suit l'aube et précède le lever du soleil; moment où le soleil va se lever. 1. aube. Lumière, lueurs de l'aurore. Se lever à l'aurore, dès l'aurore, avant l'aurore; fam. aux aurores. « Une longue jonque de nuages, amarrée au ras de l'horizon, retardait seule le premier feu de l'aurore » (Colette). Poét. « Quand l'Aurore avec ses doigts de rose entr'ouvrira les portes dorées de l'Orient » (Fénelon). Fig. et littér. Début, commencement. 1. aube, matin, origine. « Ces actes ne sont qu'une ébauche et comme l'aurore de la réforme » (Bossuet).
En appos. Sauce aurore, composée d'un fond de volaille ou de veau et de purée de tomate.
II(1646 aurore boréale) Géophys. Aurore polaire : phénomène lumineux atmosphérique ( météore) , apparaissant aux latitudes élevées, provenant de la recombinaison dans l'ionosphère de protons d'une éruption solaire. Aurore boréale, australe. ⊗ CONTR. Brune, crépuscule.

aurore nom féminin (latin aurora) Lueur qui paraît à l'horizon un peu avant le lever du soleil ; moment correspondant au début du jour ; aube : Se lever dès l'aurore. Littéraire. Commencement de quelque chose, d'une période : On était à l'aurore du XXe siècle. Papillon piéridé blanc aux ailes tachées de rouge ou d'orange. ● aurore (citations) nom féminin (latin aurora) Charles Baudelaire Paris 1821-Paris 1867 L'aurore grelottante en robe rose et verte. Les Fleurs du Mal, le Crépuscule du matin François René, vicomte de Chateaubriand Saint-Malo 1768-Paris 1848 Je vois les reflets d'une aurore dont je ne verrai pas se lever le soleil. Il ne me reste qu'à m'asseoir au bord de ma fosse ; après quoi, je descendrai hardiment, le crucifix à la main, dans l'éternité. Mémoires d'outre-tombe André de Chénier Constantinople 1762-Paris 1794 L'épi naissant mûrit de la faux respecté. Sans crainte du pressoir, le pampre tout l'été Boit les doux présents de l'aurore. La Jeune Captive Robert Desnos Paris 1900-Terezín, Tchécoslovaquie, 1945 Si nous ne dormons pas c'est pour guetter l'aurore Qui prouvera qu'enfin nous vivons au présent. État de veille Robert-J. Godet André Gide Paris 1869-Paris 1951 Ma propre position dans le ciel par rapport au soleil ne doit pas me faire trouver l'aurore moins belle. Ainsi soit-il Gallimard Commentaire Dernières lignes écrites par Gide. Jean Giraudoux Bellac 1882-Paris 1944 LA FEMME NARSÈS — Comment cela s'appelle-t-il, quand le jour se lève, comme aujourd'hui, et que tout est gâché, que tout est saccagé, et que l'air pourtant se respire, et qu'on a tout perdu, que la ville brûle, que les innocents s'entretuent, mais que les coupables agonisent, dans un coin du jour qui se lève ? LE MENDIANT — Cela a un très beau nom, femme Narsès, cela s'appelle l'aurore. Électre, II, 10 Grasset Jean Giraudoux Bellac 1882-Paris 1944 Le bourreau n'est exact qu'à l'aurore. Intermezzo, II, 2, le droguiste Grasset Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Ô souvenirs ! printemps ! aurore ! Les Contemplations, Aux arbres, IV, 9 François de Malherbe Caen 1555-Paris 1628 L'Aurore, d'une main, en sortant de ses portes, Tient un vase de fleurs languissantes et mortes. Les Larmes de saint Pierre Pierre Teilhard de Chardin Sarcenat, Puy-de-Dôme, 1881-New York 1955 Le soleil se lève en avant. La Vision du passé Le Seuil Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues Aix-en-Provence 1715-Paris 1747 Les feux de l'aurore ne sont pas si doux que les premiers regards de la gloire. Réflexions et Maximes Homère IXe s. avant J.-C. De son berceau de brume à peine avait paru l'Aurore aux doigts de rose. L'Odyssée, II, 1 (traduction V. Bérard) aurore (difficultés) nom féminin (latin aurora) Accord Comme adjectif (signifiant « d'un rose orangé évoquant le soleil à son lever »), le mot est invariable : des soies aurore. Voir grammaire : noms de couleur. ● aurore (expressions) nom féminin (latin aurora) Aurore polaire, phénomène lumineux atmosphérique, essentiellement visible à haute latitude nord (aurore boréale) ou sud (aurore australe), quand des particules électrisées sont précipitées dans la haute atmosphère. Familier. Aux aurores, très tôt le matin. Sauce aurore, sauce suprême à la tomate. ● aurore (synonymes) nom féminin (latin aurora) Lueur qui paraît à l'horizon un peu avant le lever...
Synonymes :
- aube
- point du jour
Contraires :
- brune
- crépuscule
- soir
- tombée du jour
Littéraire. Commencement de quelque chose, d'une période
Synonymes :
- début
- ébauche
- esquisse
- prémices
Contraires :
- crépuscule
- fin
- terme
aurore adjectif invariable D'un jaune doré. ● aurore (difficultés) adjectif invariable Accord Comme adjectif (signifiant « d'un rose orangé évoquant le soleil à son lever »), le mot est invariable : des soies aurore. Voir grammaire : noms de couleur.

aurore
n. f.
d1./d Crépuscule du matin, lumière rosée qui précède le lever du soleil.
d2./d Fig. Origine, début. L'aurore de la vie.
d3./d Aurore polaire: phénomène lumineux observable dans les régions polaires en période de forte activité du Soleil, résultant du bombardement des molécules de la haute atmosphère par le vent solaire et qui s'étend entre 110 et 400 km d'altitude. Aurore boréale, australe.
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aurore
(l') quotidien français républicain-socialiste (1897-1914). En publiant (1898) la lettre de Zola J'accuse, il déclencha l'affaire Dreyfus.

⇒AURORE, subst. fém.
A.— Moment qui suit l'aube et précède immédiatement le lever du soleil, où l'horizon présente des lueurs brillantes et rosées :
1. Quand Salammbô s'empare du zaïmph, de ce manteau de la déesse « à la fois bleuâtre comme la nuit, jaune comme l'aurore, pourpre comme le soleil, nombreux, diaphane, étincelant, léger..., » elle est surprise, — telle Emma entre les bras de Léon, — de ne pas éprouver ce bonheur qu'elle imaginait autrefois : « elle reste mélancolique dans son rêve accompli... »
P. BOURGET, Essais de psychol. contemp., 1883, p. 114.
2. ... l'aurore est un lac de vin d'or...
MALLARMÉ, Poésies, Aumône, 1898, p. 40.
3. ... et lorsque par ses fenêtres elle a bu l'aube et l'aurore, infusions de lumière qui surexcitent l'espoir; ...
ROMAINS, La Vie unanime, 1908, p. 106.
4. J'attendais... par bonheur les moments qui aiguisent l'attente en Europe n'existaient point ici. Pas de crépuscule, pas d'aurore. Nuit et jour se succédaient plus rapidement que par un bouton électrique.
GIRAUDOUX, Suzanne et le Pacifique, 1921, p. 73.
5. Si Véronique se fût penchée à cette heure-là sur les lèvres de son ami, elle eût pu l'entendre murmurer : — « Je suis avec mon corps, pour développer mon âme où minuit, l'aurore, le midi, le soir, toutes les heures à la fois sont toujours présentes, les nouvelles, les anciennes, celles qui s'en sont allées et celles qui ne sont pas encore venues. »
JOUHANDEAU, M. Godeau intime, 1926, p. 232.
6. Comment cela s'appelle-t-il, quand le jour se lève, comme aujourd'hui, et que tout est gâché, que tout est saccagé, et que l'air pourtant se respire, et qu'on a tout perdu, que la ville brûle, que les innocents s'entretuent, mais que les coupables agonisent, dans un coin du jour qui se lève?
ÉLECTRE. — Demande au mendiant. Il le sait.
LE MENDIANT. — Cela a un très beau nom, femme Narsés... Cela s'appelle l'aurore.
GIRAUDOUX, Électre, 1937, II, 10, p. 227.
7. ... l'art vénitien n'allait pas tarder, avec cette sensualité qui le distingue du reste de l'Italie, à enregistrer les palpitations du jour, à montrer comment l'aurore et le crépuscule colorent et infléchissent les rayons lumineux.
HUYGHE, Dialogue avec le visible, 1955, p. 147.
1. P. ext., surtout poét. Premières heures du jour :
8. Ils respectent le bœuf et la brebis, se rasent,
Et n'osent pas nommer l'astre à qui leurs élus
Font, de l'aurore au soir, soixante-trois saluts;
...
HUGO, La Fin de Satan, Le Gibet de Jésus-Christ, 1885, p. 835.
9. Je vous disais tout à l'heure que ce pays, cette Afrique nue, sans arts, vide de toutes les joies intelligentes, fait peu à peu la conquête de notre chair par un charme inconnaissable et sûr, par la caresse de l'air, par la douceur constante des aurores et des soirs, par sa lumière délicieuse, par le bien-être discret dont elle baigne tous nos organes!
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, Allouma, 1889, p. 1318.
Cour. À l'aurore, dès l'aurore. Aux premières heures du matin (cf. à l'aube, dès l'aube).
SYNT. a) Aurore amarante, empourprée, grise, rouge, sanglante, vermeille, verte, violette. b) Aurore blême, brillante, éblouissante, éclatante, limpide, radieuse, sombre, vaporeuse. c) Aurore nouvelle, première, ancienne, antique, dernière, naissante, surprenante, tardive, éternelle. d) Aurore affreuse, calme, charmante, décevante, douloureuse, effrayante, effroyable, extraordinaire, joyeuse, lugubre, mystérieuse, pure, superbe, triste.
Rem. L'usage tend à répandre le plur. aux aurores, sans doute brachylogie pour « aux premières heures du matin », c.-à-d. à l'aurore.
2. P. méton.
a) Poét., vieilli
Journée :
10. Au village même du Simplon, j'ai vu le premier sourire d'une heureuse aurore.
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 3, 1848, p. 403.
11. ... Hugo se demande ce que perdrait le bruit du monde si jamais Paris se taisait :
Il se taira pourtant; après bien des aurores, Bien des mois, bien des ans, bien des siècles couchés, ...
MAURIAC, Journal du temps de l'occupation, 1942, p. 332.
Point du globe où se manifeste l'aurore, l'orient :
12. Ils [les Barbares] ont entendu quelque chose d'en haut qui les appelle du septentrion et du midi, du couchant et de l'aurore.
CHATEAUBRIAND, Études hist., 1831, p. 15.
13. Le ciel qui s'entr'ouvrait referma son azur.
Tout à coup une voix sortit du voile obscur;
Le flot, qui sous le vent redevenait sonore,
Se tut, et quatre fois cette voix vers l'aurore,
Vers le sud, vers le triste occident, vers le nord,
Cria : — Je suis Isis, l'âme du monde mort!
HUGO, La Fin de Satan, 1re page sortie de l'ombre, 1885, p. 780.
b) Lueur, coloration vive (même provoquée) :
14. Les obus tombaient moins nombreux cette nuit. La brève aurore des fusées naissait et mourait sur la toile de tente. La nuit était presque tranquille. Seul, ce bruit de pioche assourdi, qui nous berçait...
DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, p. 162.
15. Enfin dans le ciel (...) naquit et gonfla une sorte d'aurore vagabonde d'un feu d'artifice, jaune et rose, qui creva en médailles vermeilles...
COLETTE, La Chatte, 1933, p. 163.
En constr. appositive (ou 2e élément de composé). De la couleur du soleil levant :
16. ... un jour, ils vinrent gentiment me faire cadeau d'un papillon fort rare : le « citron-aurore », qui est d'un jaune pâle un peu vert, comme le « citron » commun, mais qui porte, sur les ailes supérieures, une sorte de nuage délicieusement rose, d'une teinte de soleil levant.
LOTI, Le Roman d'un enfant, 1890, p. 202.
3. Emplois (littér.) divers
a) [Élément de compar. ou d'expression symbolique]
P. compar. :
17. ... la haine est une maladie de l'âme qui l'empoisonne. À ces ferments malsains avait succédé la certitude de survivre, une infinie perspective de lumière au bout de la vie, comme une aurore, la possibilité de retrouver l'esprit des morts, de ses parents, de sa petite Louise, une solution enfin au problème social, au chaos de notre civilisation, une solution infiniment simple, celle de l'amour et de la charité.
VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, p. 299.
18. ... l'obscurité de mon cœur était sa clarté intérieure. Son corps de jeune fille était une aurore; une lumière qui lui survivait et dont le voyage, longtemps après sa disparition, devait se poursuivre...
J. BOUSQUET, Traduit du silence, 1935-36, p. 146.
Symbole d'espoir, de renouveau, de pureté :
19. Piscines! Nous sortirons de vous purifiés. Comme le soleil dans l'aurore, la lune dans la rosée de la nuit, dans votre humidité courante nous laverons nos membres fatigués.
GIDE, Les Nourritures terrestres, 1897, p. 217.
20. Une fois sorti de l'enfance, il faut très longtemps souffrir pour y rentrer, comme tout au bout de la nuit on retrouve une autre aurore. Suis-je redevenue enfant? ...
BERNANOS, Dialogues des Carmélites, 1948, p. 1586.
21. Ils marchent indifférents au printemps et ne se complaisent qu'en la nuit. Car leur espérance ne peut jaillir que d'une aurore future, quand auront été consommés la mort, le péché et le désespoir.
J. VUILLEMIN, Essai sur la signif. de la mort, 1949, p. 314.
b) Emplois métaph. et fig.
[P. réf. au moment]
♦ Commencement, début, naissance. Synon. plus fréq. (être à l') aube (de) :
22. Plus loin, Marx nous fait voir comment l'aurore des temps modernes fut marquée par la conquête de l'Amérique, l'esclavage des nègres et les guerres coloniales : ...
SOREL, Réflexions sur la violence, 1908, p. 260.
23. ... il m'est arrivé d'écrire certain jour : au commencement était la fable! Ce qui veut dire que toute origine, toute aurore des choses est de la même substance que les chansons et que les contes qui environnent les berceaux...
VALÉRY, Variété 2, 1929, p. 234.
SYNT. a) Aurore du temps, des temps chrétiens, modernes, nouveaux, du siècle, du XXe siècle, de l'année, de l'époque, de l'éternité, de la jeunesse, du jour (nouveau), de la vie, du règne de Dieu. b) Aurore de la civilisation, de la colonisation, de l'histoire, de l'industrie (grande), de la révolution, du romantisme. c) Aurore du chagrin, de la chair, du consentement, de la femme, de la paix, des passions, des tribulations.
En partic. Début de la vie, jeunesse :
24. ... petite fille, je te consolais à l'aurore de ta vie, au fossé de ton premier chagrin.
BARRÈS, Sous l'œil des Barbares, 1888, p. 204.
25. Ô mes amis d'alors c'est vous que je revois
Et dans ma mémoire qui tremble
Vous gardez vos yeux d'autrefois
Nous avons comme un pain partagé notre aurore
Ce fut au bout du compte un merveilleux printemps
Toutes les raisons tous les torts
N'y font rien mes amis d'antan
Il faut bien accepter ce qui nous transfigure
Tout orage a son temps toute haine s'éteint
Le ciel toujours redevient pur
Toute nuit fait place au matin...
ARAGON, Le Roman inachevé, Les Mots m'ont pris la main, 1956, p. 85.
♦ Annonce de, premiers moments de ce qui se dessine et qui va s'affirmer, qui promet une suite :
26. Jupes des quinze ans, aurores de femmes,
...
LAFORGUE, Les Complaintes, Complainte du chevalier-errant, 1885, p. 118.
27. Les déviations panthéistes témoignent de l'immense besoin que nous avions d'une parole révélatrice tombant de la Bouche de Celui qui est. Cette réserve faite, il reste que, physiologiquement, le goût, dit « naturel », de l'être est, dans chaque vie, la première aurore de l'illumination divine, — le premier frisson perçu du Monde animé par l'Incarnation.
TEILHARD DE CHARDIN, Le Milieu divin, 1955, p. 161.
♦ Élan, jaillissement, pureté, fraîcheur primitive :
28. ... le père les enveloppe tous d'un dévouement aussi fécond que passionné, lui, le guide et le nourricier, satisfait s'il s'appuie sur la confiance et la gratitude de ses fils, en attendant que, devenu aïeul, parmi les soins des grands, les caresses et les rires des petits, qui le rafraîchissent de leur aurore, il épuise à les chérir seulement les dernières gouttes de joie de sa vie...
PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1932, p. 59.
29. Aimer Ronsard, c'est aimer la beauté de la poésie française dans sa moelle et son cœur, dans sa source et son aurore, l'aimer pour elle et non pour sa richesse et ses dons...
THIBAUDET, Réflexions sur la litt., 1936, p. 27.
[P. réf. à la lumière]
♦ Lumière nouvelle, clarté intérieure :
30. Alors de ces sommeils profonds on s'éveille dans une aurore, ne sachant qui on est, n'étant personne, neuf, prêt à tout, le cerveau se trouvant vidé de ce passé qui était la vie jusque-là.
PROUST, Sodome et Gomorrhe, 1922, p. 981.
♦ Éclat (de qqc.) :
31. ... ce prince adolescent destiné à devenir le modèle de la chevalerie, étoit sans le savoir à la veille de sa renommée et déjà comme tout brillant de l'aurore de cette gloire qui s'alloit lever pour lui.
CHATEAUBRIAND, Études hist., 1831, p. 73.
B.— Emplois techn.
1. Substantif
a) ART CULIN. À l'aurore, loc. adv. Sauce à l'aurore. ,,Faite avec du fond blanc de volaille ou de veau, à laquelle on a ajouté le quart de son volume de purée de tomates et un peu de beurre, avant de la passer à l'étamine`` (Ac. Gastr. 1962). ,,On désigne aussi sous ce nom une préparation d'œufs durs farcis`` (MONT. 1967). Œufs farcis à l'aurore.
b) GÉOPHYS. Aurore polaire, ou, p. ell. aurore. ,,Phénomène météorologique consistant en l'apparition d'une série de bandes ou d'arcs lumineux, spécialement rouges et verts, dans le ciel des régions polaires où elles persistent parfois plusieurs jours, tout en évoluant de façon assez rapide. Ces aurores polaires, causées par l'agitation des flots de particules ionisées issues du Soleil, prennent de plus grandes proportions et sont visibles dans des régions plus vastes lors des maxima d'activité des taches solaires`` (UV.-CHAPMAN 1956). Aurore boréale, aurore australe (rare) :
32. Il s'agit d'une excitation de l'air par l'arrivée de particules électrisées en provenance du soleil; le fait qu'on les observe surtout dans les régions polaires est dû à l'existence du champ magnétique terrestre, qui canalise les particules vers ces régions. Les plus belles aurores se voient parfois jusqu'en France, mais seulement sous forme d'une illumination générale du ciel avec une teinte rougeâtre au Nord; en haute montagne, on peut arriver à soupçonner des couleurs tirant sur le vert. Mais l'aurore avec ses draperies mouvantes et tout son éclat s'observe très fréquemment dans la nuit polaire, où on l'étudie le mieux.
MULLER 1966.
2. Emploi adj. (inv.), usuel, TISSUS, COUT. Couleur aurore. Couleur du soleil levant; en partic. orangé clair, jaune doré :
33. Les jeunes filles ont un châle plus petit, d'une adorable couleur aurore, avec un semis de fleurettes roses ou bleues, fait d'une cotonnade légère.
T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1933, p. 86.
SYNT. Culotte satin aurore, drap de damas aurore, lampas aurore, parements aurore, l'habit bleu et aurore. P. anal. cheveux aurore (MÉRIMÉE, Lettres à une inconnue, 1870, p. 329).
Pris substantivement :
34. Sa nudité s'enveloppe d'un long peignoir fait de bandes alternées de satin rose et de valencienne. Cela ne fait qu'ennuager d'aurore et de blanc sa chair ambrée, s'enroule autour des jambes, ballonne sur les hanches et s'épanouit à la chute des épaules en dégageant à demi, dans une écume frissonnante de dentelle, l'étonnante exubérance de sa poitrine.
T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1933, p. 120.
Rem. Oppos. aube/aurore. Bon nombre d'écrivains confondent plus ou moins aurore avec aube, en partic. quand ils font suivre ce dernier d'adj. comme éblouissant, doré, etc. (cf. aube). Par ailleurs, les deux mots apparaissent quelquefois en coordination, ce qui confirme la difficulté de les distinguer : ,,Loin d'être une aube, une aurore, c'est le souvenir d'un triste chant de crépuscule`` (BARRÈS, La Colline inspirée, 1913, p. 204). Pourtant ils sont loin d'être synon., l'aube précède l'aurore; quand, p. méton., l'aube désigne les premières lueurs du jour, la coloration est blanchâtre, indécise, voilée. Au contraire l'aurore est brillante, éclatante, soit rosée, soit jaune doré. Ce sens de « lumière brillante et rosée » est au demeurant bien plus fréq. et net que celui de « moment qui suit l'aube », sens que les dict. omettent même de signaler, alors que certains d'entre eux (DG, ROB.) le mentionnent bien pour aube. Les teintes de l'aurore sont suffisamment précises pour donner lieu à un emploi comme adj. de couleur (contrairement à aube). Enfin, les accept. figurées, comparables à celles de aube, ne s'accompagnent pas cependant — ou rarement — de la même nuance d'insaisissable, d'impalpable; l'aube cherche à poindre, à naître; l'aurore éclate, illumine.
PRONONC. ET ORTH. :[] ou [-]. PASSY 1914, BARBEAU-RODHE 1930, Harrap's 1963 et Pt Lar. 1968 transcrivent [] ouvert pour la 1re syll.; DUB. note uniquement [o] fermé (cf. les dict. hist.). Pt ROB. et WARN. 1968 donnent les deux possibilités de prononc. À ce sujet, cf. auréole et aussi augmenter. FÉR. Crit. t. 1 1787 écrit aurôre pour souligner que la 2e syll. est longue.
ÉTYMOL. ET HIST. — XIIIe s. « moment où le jour se lève » (Aimé du Mont-Cassin ds DG : En l'aurore de jor), rare av. le XVIe s.; 1552 par image (RONSARD, Amours, p. 11, éd. Laumonier, t. IV, Paris, 1925, S.T.F.M. : Ces liens d'or, ceste bouche vermeille, ... Et ceste joue à l'Aurore pareille ... Feirent nicher Amour dedans mon sein); 1666 aurore p. ell. pour couleur d'aurore « d'une couleur orangée rappelant celle du ciel à l'aurore » (Inventaire de l'Hôtel de Rambouillet, p. 110 ds IGLF Techn.); XVIIe s. au fig. « commencement de certaines choses » (Bossuet ds Lar. 19e); XVIIe s. p. ext. « les pays d'Orient, le Levant » (Racine, ibid. : Embrasez par nos mains le couchant et l'aurore); 1630-1721 phys. aurore boréale « phénomène lumineux apparaissant dans les régions polaires de l'atmosphère » (Mot empl. par Pierre-Daniel Huet, dans ses mss, d'apr. Tolmer ds Fr. mod., t. 14, p. 288); 1718 (Ac. : Aurore Boréale).
Empr. au lat. aurora « moment où le jour se lève » (PLAUTE, Poen., 217 ds TLL s.v., 1523, 4); p. ext. « l'Orient » (VIRGILE, Aen., 7, 606, ibid., 1524, 45).
STAT. — Fréq. abs. littér. :2 392. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 4 569, b) 4 016; XXe s. : a) 3 611, b) 1 948.
BBG. — Ac. Gastr. 1962. — ARV. 1963, p. 69. — BACH.-DEZ. 1882. — Bible 1912. — BOUILLET 1859. — BRARD 1838. — CHABAT 1881. — CHASS. 1970. — DELC. t. 1 1926. — Électron. 1963-64. — GALIANA Astronaut. 1963. — GUYOT 1953. — KNAUER (K.). Studien zur Geschichte der Farbenbestimmung im Französischen von den Anfängen bis gegen Ende des 18. Jahrhunderts. Archivum romanicum. 1933, t. 17, § 44, 46, 49, 52. — LASNET 1970. — LAVEDAN 1964. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — MARCEL 1938. — Métrol. 1969. — MONT. 1967. — MULLER 1966. — PRIVAT-FOC. 1870. — ROG. 1965, p. 66. — Sc. 1962. — TIMM. 1892. — UV.-CHAPMAN 1956.

aurore [ɔʀɔʀ; oʀɔʀ] n. f.
ÉTYM. XIIIe; lat. aurora.
———
I
1 Lueur brillante et rosée qui suit l'aube et précède le lever du soleil (→ Nuance, cit. 1); moment où le soleil se lève. Aube, crépuscule (du matin). || La lumière, la lueur, les lueurs, les feux de l'aurore. || Le lever de l'aurore. || L'aurore point, commence à paraître, se lève. Vx. || L'aurore levée : le jour étant levéSe lever à l'aurore, dès l'aurore, avant l'aurore. || Devancer l'aurore : se lever avant le jour (cit. 3, ci-dessous). || « Le soir est près de l'aurore » → Astre, cit. 7.1.
1 L'âne d'un jardinier se plaignait au Destin
De ce qu'on le faisait lever devant l'aurore.
La Fontaine, Fables, VI, 11.
2 L'un commence : « Il a dit que, l'aurore levée,
L'on fît venir demain ses amis pour l'aider ».
La Fontaine, Fables, IV, 22.
3 (…) Quel important besoin
Vous a fait devancer l'aurore de si loin ?
À peine un faible jour vous éclaire et me guide.
Racine, Iphigénie, I, 1.
4 Il n'en est pas ainsi de celui qui te craint :
Il renaîtra, mon Dieu, plus brillant que l'aurore (…)
Racine, Esther, II, 8.
5 Tous les objets paraissent sombres et en confusion, le matin, aux premières lueurs de l'aurore (…)
Fénelon, Télémaque, XVIII.
6 Dès que l'aurore vint dorer l'horizon (…)
Fénelon, Télémaque, XXI, p. 337.
7 Les feux de l'aurore ne sont pas si doux que les premiers regards de la gloire.
Vauvenargues, Maximes et Réflexions, 375.
8 L'aurore un matin me parut si belle, que, m'étant habillé précipitamment, je me hâtai de gagner la campagne pour voir lever le soleil.
Rousseau, les Confessions, IV.
9 O nuit, nuit douloureuse ! ô toi, tardive aurore,
Viens-tu ? Vas-tu venir ? Es-tu bien loin encore ?
André Chénier, Élégies, XXI.
10 Je dis à cette nuit : « Sois plus lente »; et l'aurore
Va dissiper la nuit.
Lamartine, le Lac.
11 Il voyait chaque jour sur la Terre arrosée,
L'aurore se dissoudre en perles de rosée (…)
Lamartine, Harmonies…, II, 12.
12 Le soir est près de l'aurore
L'astre à peine vient d'éclore
Qu'il va terminer son tour (…)
Lamartine, Harmonies…, II, 1 (→ Astre, cit. 7.1).
13 Laissons l'aurore poindre et luire, et le zéphir
Frissonner à travers les branchages profonds.
Hugo, les Années funestes, XVIII, 2.
14 Au premier bonjour de l'aurore, une aurore d'automne, paresseuse et froide, il se leva lestement.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, p. 350.
15 Une longue jonque de nuages (…) amarrée au ras de l'horizon, retardait seule le premier feu de l'aurore.
Colette, Naissance du jour, p. 191.
Fam., par plais. (avec une intention archaïsante). Aux aurores : aux premières heures du jour. || Se lever aux aurores. || Partir aux aurores.
15.1 Cette journée, commencée aux aurores (…), ne se terminait pas trop mal.
Guy des Cars, l'Envoûteuse, p. 262.
15.2 Moi, si j'avais été Friloux, le matin du 6, je me serais levé aux aurores.
Jeanne Cordelier, la Passagère, p. 261.
Poét. || L'aurore, avant-courrière, messagère du jour. || Les larmes, les pleurs, les présents de l'aurore : la rosée du matin.
16 Telle tous les matins l'aurore
Sur le sein émaillé de Flore
Verse la rosée et le jour (…)
Corneille, la Toison d'Or, II, 4.
17 Elle porta chez lui ses pénates un jour
Qu'il était allé faire à l'Aurore sa cour
Parmi le thym et la rosée.
La Fontaine, Fables, VII, 16.
Allus. littér. L'aurore aux doigts de rose (trad. du grec de l'Odyssée).
18 Dans son berceau de brume, à peine avait paru l'Aurore aux doigts de roses (…)
Victor Bérard, trad. de l'Odyssée d'Homère.
19 (…) quand l'Aurore avec ses doigts de rose entr'ouvrira les portes dorées de l'Orient et que les chevaux du Soleil, sortant de l'onde amère répandront les flammes du jour pour chasser devant eux toutes les étoiles du ciel (…)
Fénelon, Télémaque, IV.
20 Quand une nation se dégrossit, elle est d'abord émerveillée de voir l'aurore ouvrir de ses doigts de rose les portes de l'Orient, et semer de topazes et de rubis le chemin de la lumière; Zéphyre caresser Flore, et l'Amour se jouer des armes de Mars.
Toutes les images de ce genre, qui plaisent par la nouveauté, dégoûtent par l'habitude. Les premiers qui les employaient passaient pour des inventeurs, les derniers ne sont que des perroquets.
Voltaire, Dict. philosophique, Lieux communs.
Par métonymie. Vx. Jour, journée.
21 Ma vie à peine a commencé d'éclore,
Je tomberai comme une fleur
Qui n'a vu qu'une aurore.
Racine, Esther, I, 5.
Adj. (1666). || Couleur aurore : couleur orangé clair ou jaune doré. || Des rubans aurore.N. m. || Un ruban d'un bel aurore.
tableau Désignations de couleurs.
En appos. || Sauce aurore : sauce composée d'un fond de volaille ou de veau additionné de purée de tomate.
2 (XVIIe). Fig. et littér. a Jeunesse.
22 Le crépuscule de mes jours
S'embellira de votre aurore (…)
Voltaire, Épître, 73 (→ Âge, cit. 24).
23 (Qu'un autre) Pleure de son printemps l'aurore évanouie (…)
Lamartine, Méditations…, « la Foi ».
b Par métaphore (du sens 1) :
24 Elle a seize ans, et tant d'aurore sur la tête
Qu'elle semble marcher au milieu d'une fête.
Hugo, la Légende des siècles, XXXVI, le Groupe des idylles, XVII.
c Littér. Début, commencement. Aube, ébauche, matin, origine. || À l'aurore du XVIIIe siècle, des temps modernes.
25 Ces actes ne sont qu'une ébauche et comme l'aurore de la réforme (…)
Bossuet, Hist. des variations, 15.
26 Les Français, sous Louis XIII, commencèrent à se rendre recommandables par les grâces et les politesses de l'esprit : c'était l'aurore du bon goût (…)
Voltaire, Essai sur les mœurs, 176.
27 Rayon divin, es-tu l'aurore
Du jour qui ne doit pas finir ?
Lamartine, Méditations…, « le Soir ».
Littér., vieilli. Espoir, renouveau.
28 J'ai voté la fraternité, la concorde, l'aurore.
Hugo, les Misérables, I, I, 10.
29 Nous, croyants de l'avenir, qui mettons la foi dans l'espoir et regardons vers l'aurore (…)
Michelet, Hist. de la Révolution franç., p. 412.
30 (…) ils sentaient comme une aurore se lever dans leur âme.
Flaubert, Bouvard et Pécuchet, VIII.
30.1 Nous avons comme un pain partagé notre aurore
Ce fut au bout du compte un merveilleux printemps
Aragon, le Roman inachevé, p. 85.
3 Côté où se lève le soleil. Est, levant, orient.
31 Un roi qui naguère, avec quelque apparence,
De l'aurore au couchant portait son espérance (…)
Racine, Mithridate, III, 1.
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II (1646, aurore boréale). || Aurore polaire : arc lumineux (jet d'électrons solaires) qui apparaît dans les régions polaires de l'atmosphère. || Aurore boréale (→ Pôle, cit. 4), australe.REM. Le syntagme aurore boréale, plus courant, désigne dans la langue non scientifique toute aurore polaire (qu'elle soit boréale ou australe).
32 La philosophie pénètre dans le Nord; l'impératrice de Russie dit que ce n'est qu'une aurore boréale; et moi je pense que cette nouvelle lumière sera permanente.
Voltaire, Lettre à Marmontel, 20 déc. 1766.
33 Une troupe d'aurores boréales arrive du nord, virevolte et danse dans un déploiement de jupes diaphanes puis s'en retourne par-delà l'horizon.
Jean-Yves Soucy, Un dieu chasseur, p. 166.
Sc. || Aurore équatoriale. || « Le phénomène que nous avons appelé “aurore équatoriale” et qui est lié à la précipitation des protons dans la basse atmosphère équatoriale après des orages magnétiques » (la Recherche, janv. 1974, p. 58).
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III (1809, Boiste). Insecte lépidoptère (Piérides), papillon diurne à ailes blanches tachées de rouge dont les chenilles se trouvent sur les crucifères.
CONTR. (Du sens I) Brune, couchant, coucher (du soleil), crépuscule, soir.
DÉR. Auroral.

Encyclopédie Universelle. 2012.