turban [ tyrbɑ̃ ] n. m.
• 1538; d'apr. it. turbant, tourban 1540; altér. de tulban, tolliban (1490), turc tülbend, mot persan→ tulipe
1 ♦ Coiffure d'homme faite d'une longue bande d'étoffe enroulée autour de la tête. « Ils [des Kurdes] ont la tête prise dans le monumental turban de leur nation — deux châles croisés sur une sorte de panière en forme de ruche » (J.-R. Bloch). Turban à aigrette. Maharajah « en turban de soie blanche » (Loti). Turban des Sikhs. — Chèche enroulé en turban (Afrique du Nord).
♢ Motif funéraire en forme de turban, dans certains pays d'Islam.
2 ♦ (1803) Coiffure de femme évoquant le turban oriental (à la mode pendant le premier Empire, et vers 1940-1945). « une mise en plis devenait toute une affaire, aussi les turbans étaient-ils à la mode [en 1941] :ils tenaient lieu à la fois de chapeau et de coiffure » (Beauvoir).
3 ♦ Nom donné à des fleurs (cf. Tulipe, étym.), à des coquillages qui rappellent la forme d'un turban. — Appos. Lis turban ou martagon.
● turban nom masculin (turc tülbent, du persan dulband) Coiffure orientale faite d'une longue pièce d'étoffe, enroulée autour de la tête recouverte préalablement d'une calotte de drap. Coiffure de femme en tissu souple et drapé dans le style des turbans orientaux. ● turban (expressions) nom masculin (turc tülbent, du persan dulband) En turban, synonyme de en couronne. ● turban (synonymes) nom masculin (turc tülbent, du persan dulband) En turban
Synonymes :
turban
n. m. Coiffure faite d'une longue pièce d'étoffe enroulée autour de la tête.
⇒TURBAN, subst. masc.
A. — 1. Coiffure orientale portée par les hommes et formée d'une longue bande d'étoffe (laine, coton, soie) enroulée autour d'une calotte de drap. Turban bleu rayé de rouge; turban arabe, hindou, indien, maure, persan, turc; turban de rajah; turban à aigrette, à mitre; turban vert des mahométans. [Les Arabes] portaient de longues robes de soie, de larges turbans blancs, de superbes armes, ils avaient un harem, des esclaves, des chevaux de race (FLAUB., Souv., 1841, p. 86). Zarouk (...) avait, autour de sa chéchia, fort adroitement roulé un turban de linge blanc (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 178).
— Loc., vx. Prendre le turban. Se convertir à l'islam. Un de ces vieux récits (...) où il est question (...) de hardis Provençaux (...) qui finissent toujours par épouser quelque sultane et « prendre le turban » (A. DAUDET, Nabab, 1877, p. 172).
2. P. méton.
a) Homme qui porte le turban. Si par hasard on entendait marcher dehors (...) elles [les jeunes Turques] regardaient inquiètes à travers les quadrillages protecteurs: quelque vieux turban qui rentrait chez lui, ou bien le marchand d'eau du quartier (LOTI, Désench., 1906, p. 176).
b) Vx. ,,Toile de coton rayée de bleu et de blanc, qui se fabrique en divers endroits des Indes orientales et qui servent à faire des turbans`` (CHESN. t. 2 1858).
B. — P. ext.
1. a) Coiffure de femme utilisant des étoffes souples (mousseline, cachemire) ornées de bijoux, aigrettes, plumes, cordelières, glands et qui fut beaucoup portée sous la Restauration et vers 1940-1945. Nous avons vu le turban sous le Directoire; sous l'Empire celui de Mme de Staël est célèbre. C'était en réalité des bandes de mousseline tournées autour de la tête. Ces turbans surchargés d'écharpes de couleurs variées, d'étoffes lamées ou de mousselines brodées d'or, prirent vite des proportions énormes (STÉPHANE, Art coiff. fém., 1932, p. 164).
b) Tout foulard ou bande d'étoffe enroulée autour de la tête à la manière d'un turban. Yvonne portait autour de la tête le turban des ménagères sages (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 221).
2. Coiffure formée d'une bande d'étoffe croisée entourant la tête des soldats de certains corps de l'armée française d'Afrique (spahis, tirailleurs). Un des tirailleurs entend, en passant, de quoi l'on parle. Il nous regarde, rit largement dans son turban casqué (...) — I' sont d'une autre race que nous, avec leur peau de toile de tente, avoue Biquet (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 52).
3. Partie cylindrique du képi, dans la coiffure militaire (d'apr. LELOIR 1961).
C. — P. anal.
1. Vx. Bande d'étoffe que l'on enroulait autour de la taille. [Il] prit dans ses bras l'abbesse comme il eût fait d'un enfant. — Passez votre bras dans mon turban [ceinture en coton rayé], madame la comtesse, et ne craignez rien, dit-il, en donnant un coup de bâton sur les flancs de son bidet qui partit au grand trot (NERVAL, Fayolle, 1855, pp. 211-212).
2. Bandage, linge enroulé autour de la tête à la manière d'un turban. Synon. bandeau. La grande pharmacie du Centre avait fourni sa civière et son pharmacien qui façonna sur la tête de Maxime un turban de pansements (COLETTE, Képi, 1943, p. 204).
D. — Spécialement
1. ART CULIN. Préparation de certains mets dressée en couronne. Turban de crustacés, de poissons, de volaille, de gibier, de riz. Eh ben! mon vieux, ça va chez toi? On fait toujours des turbans de filets de soles avec des escalopes de cabillaud? (HAMP, Marée, 1908, p. 61).
2. SC. NAT. [N. donné à certaines fleurs, à certains coquillages, dont la forme rappelle celle du turban] Lis turban. (Dict. XIXe et XXe s.).
REM. Turbané, -ée, adj. ,,Coiffé d'un turban`` (LITTRÉ).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) 1360 tourbelon « coiffure orientale » (Chevalier Cygne, éd. Reiffenberg, 17908: Ly Sarrasin portoient de toille ung tourbelon), forme isolée; ca 1500 toliban (COMMYNES, Mém., éd. J. Calmette, VIII, 7, t. 3, p. 163); 1537 turbant, turbans (J. DE VÉGA, Journal de la croisière du baron de Saint-Blancard ds E. CHARRIÈRE, Négociations de la France dans le Levant, t. 1, p. 346: son grand turbant; p. 348: les turbans); 1555 turban (P. BELON, Obs. de plusieurs singularités, f° 321 v° ds Fonds BARBIER: le turban jaune); b) 1575 symbole de l'Islam (THEVET, Cosmographie univ., XI, III, f° 367 v°: quitte le Turban, et la Loy Turquesque); 1636 prendre le turban « se convertir à l'islam » (MONET: prandre le Turban); 2. 1818 mode « coiffure de femme (en Europe) » (Obs. modes, t. 1, p. 21: quelques dames du bon ton portent le turban ottoman); 3. 1830 « bande circulaire qui entoure la tête, dans certaines coiffures militaires » (doc. ds P. J. BEMELMANS, Recueil administratif, t. III, p. 552 [Bruxelles, 1832] ds QUEM. DDL t. 16). B. 1. 1732 cuis. (Pât. de santé, I, 132, ibid., t. 1: turban [...] [moule qui a la forme] des bonnets turcs de moyenne grandeur); 2. 1846 art culin. (ici, dans un texte angl.) (SOYER, Cookery, 514 ds NED: Turban de Meringues glacé); 1855 (FLAUB., Corresp., p. 72: turbans alimentaires). C. 1. 1764 zool. (VALM., s.v. murex: le Turban ou le Casque); 1823 turban de Pharaon (BOISTE Hist. nat.); 1845 turban turc (BESCH.); 2. 1823 bot. « martagon » (BOISTE, loc. cit.); 1842 lis turban (MOZIN-BIBER). Empr. au turc tülbent « turban », et celui-ci au persan dulband « turban » (cf. tulipe). Cf. l'ital. turbante (1487 ds HOPE, p. 226). Fréq. abs. littér.: 317. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 483, b) 841; XXe s.: a) 332, b) 285. Bbg. HOPE 1971, p. 149, 226. - QUEM. DDL t. 16.
turban [tyʀbɑ̃] n. m.
ÉTYM. 1538; tolliban, fin XVe; turbelon, v. 1350; turc tülbend, mot persan (→ Tulipe); cf. ital. turbante, dès 1487.
❖
1 Coiffure d'homme faite d'une longue bande d'étoffe enroulée autour de la tête. ⇒ Bandeau. || Turban turc (→ Démesuré, cit. 1), persan, hindou, arabe. || Turban à aigrette (cit. 3). || Émirs (cit. 2) en turban de cachemire. || Un « maharajah (cit.) en turban de soie blanche » (Loti). — Chèche enroulé en turban.
1 Quant au turban (des femmes d'El-Aghouat), il est de cotonnade un peu plus blanche et seulement rayé sur le bord, quelquefois à franges; on le roule à la mode du turban turc avec un bout sur l'oreille, très bas par-devant, touchant au sourcil; il devient d'autant plus beau qu'il est plus vaste et plus négligé.
E. Fromentin, Un été dans le Sahara, p. 147.
2 La plupart étaient coiffés d'un mouchoir roulé autour de la tête, sorte de rudiment par lequel le turban commence en Espagne.
Hugo, l'Homme qui rit, I, I, II.
3 Ils ont la tête prise dans le monumental turban de leur nation, — deux châles croisés sur une sorte de panière en forme de ruche.
J.-R. Bloch, la Nuit kurde, p. 21.
♦ (1688). Vx. || La gent (1. Gent, cit. 1) qui porte le turban, les musulmans. || Prendre le turban (Voltaire) : se convertir à l'islam.
♦ Par ext. Motif funéraire en forme de turban, dans certains pays d'islam (→ Pierre, cit. 25).
2 (1827). Coiffure de femme évoquant le turban oriental. || Le turban fut à la mode, en France, pendant le Premier Empire, vers 1917-1918 et vers 1940-1945.
4 La Présidente se donnait des airs de reine, elle portait des couleurs vives, et n'allait jamais au bal sans orner sa tête de ces turbans si chers aux Anglaises, et que la province cultive avec amour.
Balzac, le Cabinet des Antiques, Pl., t. IV, p. 429.
4.1 (…) des jeunes femmes allaient tout le jour coiffées de hauts turbans cylindriques comme aurait pu l'être une contemporaine de Mme Tallien (…)
Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 723.
5 (…) une mise en plis devenait toute une affaire, aussi les turbans étaient-ils à la mode (en 1941) : ils tenaient lieu à la fois de chapeau et de coiffure (…)
S. de Beauvoir, la Force de l'âge, p. 518.
3 Linge, bande que l'on enroule autour de la tête. || Un turban de pansements (⇒ Bandeau), « de ouate et de linge » (Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 266).
6 (Un chapeau) entouré par deux énormes tresses de cheveux tordus formant turban autour de la tête, accompagnait admirablement sa physionomie spirituelle…
Nerval, Voyage en Orient, « Nuits du Ramazan », I, VII.
♦ (1830). Bande circulaire qui entoure la tête, dans certaines coiffures militaires (képi, bonnet de police). → Chique, cit. 1. || Le turban d'un bonnet de police (1832, in D. D. L.).
4 (1765; désignant ce qui ressemble à un turban). Fleur (→ Tulipe, étym.). — Lis turban ou martagon. — Zool. || Turban turc : coquillage rouge (balane); turban de Pharaon (→ 2. Troche).
❖
DÉR. Enturbanné.
Encyclopédie Universelle. 2012.