● accidenter verbe transitif Causer un dommage à quelqu'un, à un véhicule : Le camion a accidenté deux voitures. Littéraire. Rendre mouvementé le cours de quelque chose, en rompre l'uniformité : Tous ces événements qui ont accidenté sa vie. ● accidenter (difficultés) verbe transitif Emploi Accidenter qqn, qqch : appartient à la langue relâchée, même si le participe passé et adjectif accidenté est aujourd'hui admis dans le registre courant. ● accidenter (synonymes) verbe transitif Littéraire. Rendre mouvementé le cours de quelque chose, en rompre l'uniformité
Synonymes :
- agiter
- troubler
Contraires :
- aplanir
- égaliser
- niveler
I.
⇒ACCIDENTER1, verbe trans.
Fam. Causer un dommage à une pers. ou à une chose dans un accident (correspond à accident1 II 4) :
• 1. Accidenter un cycliste.
Lar. encyclop.
• 2. En frôlant de trop près la balustrade du pont, il accidenta l'aile de sa voiture.
DUB.
II.
⇒ACCIDENTER2, verbe trans.
[Correspond à accident2].
I.— Emploi trans. Rendre accidenté, rompre l'uniformité.
A.— GÉOGR. et lang. commune. [Le suj. désigne des accidents du relief, et l'obj. un terrain] Rendre inégal et d'aspect varié :
• 1. ... et on s'arrête immobile d'admiration en présence de la cour des Bubastites. Des monticules pleins d'herbes, où se glissent des lézards, en accidentent la surface bouleversée; ...
M. DU CAMP, Le Nil, Égypte et Nubie, 1854, p. 223.
• 2. Le marin et ses compagnons étaient alors à six milles environ des cheminées. Ils suivaient une grève très-plate, bordée au large par une lisière de roches dont les têtes seulement émergeaient alors, car on était au plein de la mer. Sur la gauche, la contrée, qu'accidentaient quelques dunes hérissées de chardons, offrait l'aspect assez sauvage d'une vaste région sablonneuse. Le littoral était peu découpé, et n'offrait d'autre barrière à l'océan qu'une chaîne assez irrégulière de monticules. Çà et là, un ou deux arbres grimaçaient, couchés vers l'ouest, les branches projetées dans cette direction.
J. VERNE, L'Île mystérieuse, 1874, p. 61.
• 3. Des collines accidentent les côtés de la route.
GUÉRIN 1892.
• 4. Ce bois de pins serait charmant, qui s'étend le long de la plage qu'accidente la dune, et où les cistes, les lentisques, les bruyères et les arbousiers font taillis. Je n'y rencontre jamais personne; ...
A. GIDE, Journal, 1922, p. 734.
— P. anal. (pour le suj. et l'obj.) :
• 5. Les pignons déchiquetés par un rayon de lune accidentaient capricieusement cette pittoresque étendue de toits serrés.
A. DAUDET, Fromont jeune et Risler aîné, 1874 (Littré).
B.— Au fig. Rendre mouvementé.
1. Lang. commune. [Le suj. désigne des aspects de la vie; l'obj. désigne la vie] :
• 6. ... même manie d'analyse, même scrupule de jugement, allant jusqu'à l'indécision, même besoin de la notion du souverain bien, même absence de la plupart des passions et des appétits qui gouvernent ou accidentent la vie de la plupart des hommes; par conséquent même rêverie incessante, mêmes accablements profonds, mêmes gaietés soudaines, même innocence de cœur, même incapacité d'ambition, mêmes paresses princières de la fantaisie aux moments dont les autres profitent pour mener à bien leur gloire et leur fortune, ...
G. SAND, Histoire de ma vie, t. 4, 1855, p. 95.
• 7. Mille bonnes fortunes qui avaient accidenté sa vie folle et dissipée.
G. DE NERVAL (Lar. encyclop.).
2. Dans divers domaines sc. ou techn.
— LITTÉR., rare. [Le compl. du verbe désigne le style] ,,Accidenter son style : lui donner une forme variée, pittoresque.`` (GUÉRIN 1892) :
• 8. ... ce charme [du dernier des Abencerages] ne peut être transporté dans la pièce [de Beauvallet] que par une décoration, et il a fallu accidenter un peu ce motif simple et mélancolique.
T. GAUTIER, Hist. de l'art dramatique en France depuis 25 ans, t. 6, 1858-1859, p. 263.
Rem. Déjà attesté ds BESCH. 1845 (sous la forme part.) et Lar. 20e. Pour l'emploi subst., cf. accidenté2, ex. 15.
— MÉDECINE :
• 9. ... les manifestations multiples, fluxionnaires ou inflammatoires, qui accidentent l'existence du goutteux, ne sont que des épisodes, ...
LE GENDRE ds (F. Widal, P.-J. Teissier, G.-H. Roger, Nouveau traité de médecine, fasc. 7, 1920-1924, p. 500).
— MUSIQUE :
• 10. Capron accidente sa thématique de grands écarts; ...
L. DE LA LAURENCIE, L'École française de violon, t. 2, 1922, p. 378.
— PEINTURE :
• 11. ... [la science des intervalles] On la sent relativement peu chez les Primitifs, qui portent tout leur effort à accidenter la ligne décorative de leurs silhouettes.
C. MAUCLAIR, De Watteau à Wistler, 1905, p. 70.
• 12. Jean vérifia la présence, sur la longue lame chromée, d'un reflet rose comme neige à l'aurore, accidenté de bleu, un étincelant paysage à la menthe.
COLETTE, Gigi, 1944, p. 98.
II.— Emploi pronom.
A.— [En parlant d'un terrain] Devenir inégal, raboteux, prendre des aspects divers :
• 13. ... j'aimais, pendant de longues heures, à respirer le parfum sauvage et pénétrant du violier qui mouchette de ses bouquets d'or la robe de lierre de la féodale et caduque cité de Louis XI; à voir s'accidenter le paysage tranquille d'un coup de vent, d'un rayon de soleil ou d'une ondée de pluie, le bec-figue et les oisillons des haies se jouer dans la pépinière éparpillée d'ombres et de clartés, les grives accourues de la montagne vendanger la vigne assez haute et touffue pour cacher le cerf de la fable, les corbeaux s'abattre de tous les coins du ciel, en bandes fatiguées, sur la carcasse d'un cheval abandonné par le pialey dans quelque bas-fond verdoyant; ...
A. BERTRAND, Gaspard de la nuit, 1841, p. 47.
• 14. Ce terrain s'accidente à chaque pas.
GUÉRIN 1892.
• 15. Léré, 31 mars. Le pays se creuse et s'accidente légèrement. Par une pente insensible, on s'élève et l'air est un peu moins étouffant.
A. GIDE, Le Retour du Tchad, 1928, p. 948.
B.— Au fig. S'aggraver d'accidents :
• 16. Pourquoi, dans mes rêves, toujours recommence la maladie de mon frère? Recommencement impitoyable et tuant qui, dans mon sommeil, s'accidente de toute l'horreur des cas que nous avions lus ensemble dans les traités de médecine pour nos livres.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 26 févr. 1871, p. 739.
Prononc. :[]. Enq. ://. Conjug. parler.
Étymol. ET HIST. — « Rompre l'uniformité » a) 1842 d'un terrain (J.-B. RICHARD, Dict. de mots nouv. ds QUEM. t. 1 1959 : accidenter :en parlant d'un terrain, le rendre inégal, raboteux, lui donner des aspects divers); b) 1858 d'une œuvre litt. (cf. supra accidenter2 ex. 8).
Dér. de accident2; dés. -er.
STAT. — Fréq. abs. litt. :10.
BBG — BÉL. 1957.
accidenter [aksidɑ̃te] v. tr.
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♦ Rare.
1 Rendre accidenté.
1 Des collines d'un beau mouvement, bien frappées par la lumière, accidentent les côtés de la route (…)
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 134.
2 Fam. Endommager ou blesser dans un accident. ⇒ Accidenté.
2 Chaumien vient d'être accidenté… Une voiture l'a percuté sur sa gauche.
Philippe Bernert, S. D. E. C. E. Service 7, p. 114.
♦ Par ext. Endommager accidentellement. || « On ne l'accidente (le drap) qu'à la cendre ou au chocolat » (A. Sarrazin, l'Astragale, p. 172).
REM. Le dér. accidenteur, n. m. « personne qui cause un accident », est attesté (Servir, 9 oct. 1947, p. 3).
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s'accidenter v. pron.
♦ Devenir inégal, prendre des aspects divers. || Le paysage s'accidente insensiblement.
Encyclopédie Universelle. 2012.