innocence [ inɔsɑ̃s ] n. f.
• 1120; lat. innocentia → innocent
1 ♦ État de l'être qui n'est pas souillé par le mal, qui est incapable de le commettre. ⇒ pureté. Le blanc, symbole de l'innocence. L'innocence d'un enfant.
♢ État d'une personne qui ignore le mal. ⇒ candeur, fraîcheur, ingénuité. « Dans son innocence obstinée [...] elle avait gardé de l'enfance » (Sainte-Beuve). Loc. adv. En toute innocence : innocemment, sans penser à mal. Ils ont agi en toute innocence. — Spécialt; vieilli ou plaisant Virginité.
♢ Trop grande naïveté. Abuser de l'innocence de qqn. Avoir l'innocence de croire que...
2 ♦ Littér. État de ce qui ne nuit pas, n'est pas malfaisant. « il s'en faut que le poison de mentir ait la même innocence » (Suarès). ⇒ innocuité.
3 ♦ État d'une personne qui n'est pas coupable (de ce dont on la soupçonne). « il avait la conviction de l'innocence des accusés » (Balzac). « Il a protesté de son innocence avec la dernière énergie » (Martin du Gard). Clamer son innocence. Reconnaître, établir, prouver l'innocence de qqn. — Par ext. Littér. Les innocents. « quelle injuste puissance Laisse le crime en paix et poursuit l'innocence » (Racine).
⊗ CONTR. Impureté; expérience, nocivité. Culpabilité.
● innocence nom féminin (latin innocentia) Qualité de quelqu'un qui ignore le mal : L'innocence d'un jeune enfant. État de quelqu'un qui n'est pas coupable d'une faute déterminée : L'avocat va établir l'innocence de l'accusé. Caractère de ce qui est exempt de malignité, de quelqu'un qui est d'une ingénuité, d'une naïveté souvent excessives : L'apparente innocence d'une réponse. ● innocence (citations) nom féminin (latin innocentia) Alexandre Arnoux Digne 1884-Paris 1973 Que deviendrait la Police, si l'innocence l'intimidait ? L'Enchantement de Grenade Gallimard Alexandre Arnoux Digne 1884-Paris 1973 L'état d'innocence contient en germe tout le péché futur. Études et Caprices Albin Michel François René, vicomte de Chateaubriand Saint-Malo 1768-Paris 1848 On ne fait point sortir les autres de l'ordre sans avoir en soi quelque principe de désordre ; et celui qui, même involontairement, est la cause de quelque malheur ou de quelque crime, n'est jamais innocent aux yeux de Dieu. Les Natchez Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 Je me défendrai mal : l'innocence étonnée Ne peut s'imaginer qu'elle soit soupçonnée. Rodogune, V, 4, Rodogune Jean-François Casimir Delavigne Le Havre 1793-Lyon 1843 Académie française, 1825 Tant qu'on est redoutable on n'est point innocent. Les Vêpres siciliennes Denis Diderot Langres 1713-Paris 1784 On est dédommagé de la perte de son innocence par celle de ses préjugés. Le Neveu de Rameau Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Je n'abdiquerai pas mon droit à l'innocence. L'Année terrible Charles Nodier Besançon 1780-Paris 1844 Académie française, 1833 Quiconque est parvenu à discerner le bien et le mal a déjà perdu son innocence. Lydie ou la Résurrection Jean Racine La Ferté-Milon 1639-Paris 1699 Mon innocence enfin commence à me peser. Andromaque, III, 1, Oreste Georges Schéhadé Alexandrie 1907-Paris 1989 On ne remplace pas l'âge par l'innocence […]. La Soirée des proverbes Gallimard Marguerite de Crayencour, dite Marguerite Yourcenar Bruxelles 1903-Mount Desert Island, Maine [É.-U.], 1987 Tout bonheur est une innocence. Alexis ou le Traité du vain combat Plon Marguerite de Crayencour, dite Marguerite Yourcenar Bruxelles 1903-Mount Desert Island, Maine [É.-U.], 1987 La passion comblée a son innocence, presque aussi fragile que toute autre. Mémoires d'Hadrien Plon ● innocence (expressions) nom féminin (latin innocentia) En toute innocence, en toute simplicité. État d'innocence, état du premier homme avant la faute originelle. ● innocence (synonymes) nom féminin (latin innocentia) Qualité de quelqu'un qui ignore le mal
Synonymes :
- candeur
- ingénuité
- naïveté
- pureté
Contraires :
- dépravation
- impudeur
- impudicité
- impureté
- malignité
État de quelqu'un qui n'est pas coupable d'une faute déterminée
Contraires :
- culpabilité
Caractère de ce qui est exempt de malignité, de quelqu'un...
Synonymes :
Contraires :
- roublardise (familier)
- rouerie
innocence
n. f.
d1./d état de l'être qui est incapable de faire le mal sciemment; pureté.
|| THEOL CHRET état de l'homme avant le péché originel.
d2./d Naïveté, ignorance, crédulité.
d3./d Litt. état de ce qui est inoffensif.
d4./d Absence de culpabilité d'un accusé.
⇒INNOCENCE, subst. fém.
Essentiellement au sing.
A. — Vieilli et littér., rare. [Correspond à innocent A] État de ce qui, par nature, ne fait pas de mal à autrui; fait de ne pas être nuisible.
1. [À propos d'un être] Anton. malfaisance. V. arme ex. 5.
2. [À propos d'une chose, principalement d'une substance] Fait de ne causer aucun dommage matériel, surtout organique. Synon. mod. innocuité; anton. nocivité, nocuité. Ils virent que le porc est en soi-même « un bon aliment », le tabac d'une innocence parfaite (FLAUB., Bouvard, t. 1, 1880, p. 77). Les collègues de Fête le jalousaient atrocement pour son excessive clientèle de riches qu'il doit (...) à la simplicité et à l'innocence de son traitement (L. DAUDET, Morticoles, 1894, p. 151).
B. — [Correspond à innocent B]
1. [Correspond à innocent B 1]
a) [À propos d'un être hum.]
) État de celui qui n'est pas souillé par le mal, le péché, qui ne pense pas à mal. Synon. pureté, candeur. Innocence d'un enfant; robe, voile d'innocence. Pour ainsi dire enveloppée d'un vêtement d'innocence et de loyauté qui la rendait invulnérable aux ardeurs qui lui venaient de moi, comme aux soupçons qui pouvaient lui venir du monde (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 199). Pour que vous aperceviez mieux quelle étrange mixture d'innocence et de dépravation s'élaborait alors dans ma tête (BOURGET, Disciple, 1889, p. 138) :
• 1. Mon meilleur élève est Sylvestre Galuchet, un petit garçon pas très propre (sa maman est morte, et il est élevé par une vieille grand-mère assez ivrogne) et pourtant d'une beauté très singulière, qui donne invinciblement l'impression, presque déchirante, de l'innocence — une innocence d'avant le péché, une innocente pureté d'animal pur.
BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p. 1100.
En toute/en parfaite innocence. Sans penser à mal. Faire pour ainsi dire en toute innocence et pour un salaire médiocre, des choses qui ne leur causaient aucun plaisir et avaient dû leur inspirer au début une vive répugnance (PROUST, Temps retr., 1922, p. 837).
[À propos d'une apparence, d'une manière d'être générale] Innocence des mœurs. L'innocence de cet âge et la malice naturelle de la langue font un contraste très-piquant (STAËL, Corinne, t. 2, 1807, p. 87).
P. méton., au plur. Manifestations d'innocence. En pensant à ces choses, je redeviens presque petite fille, avec des innocences, des candeurs qui m'inondent l'âme (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 345).
♦ (État d')innocence. État de pureté dans lequel se trouvait l'homme avant le péché originel. Innocence biblique, originelle, première, primitive, perdue. Tous vous peindront les temps trop courts du bonheur de l'homme, et les longues calamités qui suivirent la perte de son innocence (CHATEAUBR., Génie, t. 1, 1803, p. 105). Adeptes du péché originel ou de l'innocence native, partisans du libre arbitre ou du déterminisme (WEILL, Judaïsme, 1931, p. 105). Innocence baptismale, du baptême. État de l'homme que le baptême purifie du péché originel. L'innocence du baptême, chez eux [les enfants], lui paraissait vite perdue et aussi difficile à recouvrer (une fois perdue) qu'à aucun âge (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 41).
— En partic. Ignorance, inexpérience des choses sexuelles. Synon. Chasteté. À lui aussi, sa virginité s'était perdue au lupanar, autel maudit où vient mourir l'innocence du jeune homme, comme le lit de noces voit tomber celle de la jeune fille (FLAUB., 1re éduc. sent., 1845, p. 51).
) État de celui qui ne se rend pas compte des choses, qui manifeste une trop grande ignorance des réalités. Synon. naïveté. Abassa, quoique née avec beaucoup d'esprit, a toute la crédulité qu'une grande innocence et l'éducation d'un sérail peuvent donner (GENLIS, Chev. Cygne, t. 2, 1795, p. 209). Pour que l'évêché eût laissé le bonhomme vieillir dans cette cure misérable, il fallait vraiment qu'on le jugeât d'une grande innocence d'esprit (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p. 991) :
• 2. « Les hommes politiques poursuivis devant la cour de Riom, dit-il page 102, pour crime de légèreté, sont innocents », et voilà qui serait clair et net, mais il a soin d'ajouter aussitôt « comme tous les criminels », avec une sorte d'inconscience ou d'innocence — qui devient criminelle dans les conjonctures actuelles.
GIDE, Journal, 1941, p. 73.
Avoir l'innocence de + inf. L'autre eut l'innocence de nous le conter, pour se faire plaindre : ce fut un éclat de rire unanime (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 317).
♦ P. méton., au plur. Manifestations d'ignorance, de naïveté. Ce que je veux dire? (...) que j'ai passé l'âge des innocences et que lorsque j'ignore, je devine (ESTAUNIÉ, Choses voient, 1913, p. 158). On ne laisse pas de s'y égayer quelque peu sur les incompétences, les concordances arbitraires et autres innocences des exégètes officiels (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 444).
b) [À propos d'une action hum. ou de son résultat] Caractère de ce qui n'est pas dicté par l'intention de mal faire, de ce qui n'est pas condamnable. Il répond aux accusations diverses portées contre lui et prend Dieu à témoin de la parfaite innocence de ses propres voies (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 289). Il s'était prouvé l'innocence de ses rêveries (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 427).
2. [Correspond à innocent B 2 a] État de celui qui n'a pas commis d'acte répréhensible ou délictueux; fait de ne pas être coupable. Anton. culpabilité. J'accuse le général Billot d'avoir eu entre les mains les preuves certaines de l'innocence de Dreyfus et de les avoir étouffées (Doc. hist. contemp., 1898, p. 60). J'éprouvais un état de bien-être, tel que d'un homme qui s'est disculpé, dont l'innocence est reconnue (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 245) :
• 3. La justice est la sanction des injustices établies. La vit-on jamais opposée aux conquérants et contraire aux usurpateurs? Quand s'élève un pouvoir illégitime, elle n'a qu'à le reconnaître pour le rendre légitime. Tout est dans la forme, et il n'y a entre le crime et l'innocence que l'épaisseur d'une feuille de papier timbré.
FRANCE, Crainquebille, 1904, p. 35.
SYNT. Innocence d'un accusé, d'un condamné; présomption d'innocence; innocence ou culpabilité; affirmer, proclamer, démontrer, prouver, plaider l'innocence de qqn; persuader (qqn) de l'innocence de qqn; protester de son innocence; croire à l'innocence de qqn; convaincu, persuadé, sûr de l'innocence de qqn.
— P. méton. Personne ou ensemble des personnes non-coupable(s). L'innocence opprimée, persécutée; condamner, frapper l'innocence. Rien ne rassure l'innocence comme l'aspect d'un juge équitable (GENLIS, Chev. Cygne, t. 2, 1795, p. 187). Les moyens de mentir pour tromper la justice, charger l'innocence et disculper la trahison (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 357). Car il est dur de rester debout au pied de la croix, mais plus dur encore de la regarder fixement... quel spectacle, mon ami, que celui de l'innocence à l'agonie! (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 255).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1re moitié XIIe s. « état de celui qui ne commet pas le mal sciemment » (Ps. Oxford, 7, 9 ds T.-L.); 2. 1309 ignoçance « état de celui qui n'est pas coupable d'un forfait déterminé » (A.N. JJ 41, fol. 112 v° ds GDF. Compl.) 3. a) ca 1318 relig. « état de l'homme purifié par le baptême » robe d'ingnocence (Compos. de la s. escript., ms. Monmerqué, t. 1, fol. 6 r°, ibid.); rare jusqu'à 1656 (PASCAL, 4e Provinciale, éd. J. Chevalier, p. 695 : l'innocence du baptême); b) av. 1662 relig. « état de l'homme avant la chute d'Adam » (ID., Pensées, éd. citée, p. 1207); 4. a) 1546 « état de celui qui ignore le mal » (RABELAIS, Tiers Livre, VIII éd. M.A. Screech, p. 71 : Nature crea l'homme en estat d'innocence); b) 1612 « ignorance des choses de l'amour » (M. RÉGNIER, Satires, XIII, éd. G. Raibaud, p. 184); 1721 (MONTESQUIEU, 28e Lettre persane, éd. R. Caillois p. 273 : il me ravit mon innocence); c) 1667 « caractère innocent d'un enfant » (RACINE, Andromaque, I, 4); 1690 enfant en estat d'innocence (FUR.); 5. a) 1588 « qualité de celui qui ne commet pas le mal, vertu » (MONTAIGNE, Essais, II, XXXVI, éd. A. Thibaudet et M. Rat, p. 735); b) 1597 « qualité de ce qui ne nuit pas » (C. ESTIENNE et J. LIEBAULT, Agric. et Maison rust. ds FEW t. 4, p. 700 a); 6. 1611 péj. « naïveté excessive » (COTGR.). Empr. au lat. innocentia « mœurs irréprochables, intégrité, vertu; non-culpabilité, innocence ». Fréq. abs. littér. : 2 419. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 4 963, b) 2 413; XXe s. : a) 3 215, b) 2 824.
innocence [inɔsɑ̃s] n. f.
ÉTYM. 1120; lat. innocentia, de innocens. → Innocent.
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1 (XVIIe). Relig. ou vieilli. État d'un être humain qui n'est pas souillé par le mal, qui est incapable de le commettre. ⇒ Pureté. || État (cit. 27) d'innocence de l'homme avant le péché originel. || L'innocence du baptême, l'innocence baptismale (cit. 1), celle que donne le baptême en effaçant le péché originel. || Robe d'innocence. || Repentir qui tient lieu d'innocence (→ Confession, cit. 2). || Retrouver par l'expiation (cit. 11) l'innocence perdue. || Jouir de son innocence (→ Achever, cit. 17; confiant, cit. 3). — Par ext. Vieilli. || L'innocence d'une sainte vie (→ Humble, cit. 22).
1 Dans les temps bienheureux du monde en son enfance,
Chacun mettait sa gloire en sa seule innocence (…)
Boileau, Satires, V.
2 Par métonymie. Vx. Les innocents. || Protéger l'innocence.
3 Cour. État d'une personne qui ignore le mal. ⇒ Candeur, fraîcheur, ingénuité. || L'innocence de qqn, son innocence. || Une innocence d'enfant, enfantine (→ Attendrir, cit. 17; corrompre, cit. 13 et 30). || L'âge de l'innocence. || Première innocence (→ Caractère, cit. 41). — Vx. || L'innocence primitive, antérieure à la civilisation (celle du « bon sauvage »). → Inédit, cit. 5.
♦ (1721). Spécialt. Ignorance, inexpérience des choses sexuelles (→ Homme, cit. 150). — Vx. ⇒ Virginité. — La blancheur (cit. 1), symbole d'innocence. → Candeur de cygne. || Entretiens pleins d'innocence (→ Fadeur, cit. 5).
2 J'ai oublié de dire que je rapportais mon innocence de Paris, ce n'était qu'à Milan que je devais me délivrer de ce trésor. Ce qu'il y a de drôle, c'est que je ne me souviens pas distinctement avec qui.
Stendhal, Vie de Henry Brulard, 45.
3 Il y avait décidément des choses qu'elle ne voulait pas voir et qui pour elle n'existaient pas. Elle ne croyait pas au mal. Dans son innocence obstinée, je tiens à le faire sentir, elle avait gardé de l'enfance.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 26 nov. 1849, t. I, p. 136.
4 (…) l'écrivain, depuis cent ans, rêve de se livrer à son art dans une espèce d'innocence par delà le Bien comme le Mal, et, pour ainsi dire, avant la faute.
Sartre, Situations II, p. 260.
♦ ☑ Loc. En toute innocence : innocemment, sans penser à mal.
4 Ignorance des choses, des réalités, trop grande naïveté. ⇒ Naïveté, simplicité. || Fripon (cit. 4) qui abuse de l'innocence de Candide. — Avoir l'innocence de…
5 (…) pauvres filles que vous êtes, j'ai pitié de votre innocence (…)
Molière, Dom Juan, II, 4.
♦ Rare. (Une, des innocences). Manifestation de naïveté. || Dire une innocence. — Péj. Niaiserie, simplicité.
B Vx ou littér. État de ce qui ne nuit pas, n'est pas malfaisant. || Il n'a « pour sa défense (cit. 3)…, que son innocence » (Racine). || L'innocence des mœurs de l'écureuil (→ Gentillesse, cit. 1). || L'innocence d'une boisson. ⇒ Innocuité.
6 (…) il s'en faut que le poison de mentir ait la même innocence (…)
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen » II.
C (Déb. XIVe, ignoçance). État d'une personne qui n'est pas coupable (dans un cas donné). || L'innocence d'un accusé, d'une personne soupçonnée, d'un suspect. || Accusé qui proclame, démontre son innocence. || Justifier de son innocence. || Innocence impossible à prouver (→ Apparaître, cit. 18). || Reconnaître, établir l'innocence de qqn (→ Gain, cit. 2; hic, cit. 1). || Inculpé (cit. 2) qui bénéficie d'une présomption d'innocence. — (1636). Par métonymie. Les innocents; un innocent (abstraitement, → ci-dessous cit. 8 et 9). || Absoudre (cit. 5) les scélérats et condamner l'innocence. || Laisser le crime (cit. 22, Racine) en paix et poursuivre l'innocence.
7 (…) m'aller soupçonner ainsi, moi qui suis l'innocence même !
Molière, George Dandin, I, 6.
8 Il s'en faut bien que l'innocence ne trouve autant de protection que le crime.
La Rochefoucauld, Réflexions morales, 465.
9 L'innocence n'a que le raisonnement pour elle; et le raisonnement qui peut frapper des juges, est souvent impuissant sur les esprits prévenus des jurés.
Balzac, Une ténébreuse affaire, Pl., t. VII, p. 590.
10 (…) il avait la conviction de l'innocence des accusés, ce qui est un des plus puissants véhicules de la parole.
Balzac, Une ténébreuse affaire, Pl., t. VII, p. 607.
11 Il a protesté de son innocence avec la dernière énergie.
Martin du Gard, Jean Barois, La tourmente, I.
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CONTR. (De A., 1.) Impureté. — (De A., 2.) Débauche, dépravation. — (De A., 3.) Expérience. — (De A., 4.) Malice, rouerie. — (De B.) Nocivité. — (De C.) Culpabilité.
Encyclopédie Universelle. 2012.