ACARIENS
Homère parle des tiques (Ixodes ) à propos du chien d’Ulysse, Argos, qui en était couvert. Aristote connaissait plusieurs espèces d’Acariens: sous le nom d’Akari (qui n’est pas divisé), il décrit un parasite rouge qui pouvait être une larve de Thrombididé. Si de nombreuses espèces n’échappent pas aux observations des anciens naturalistes, il faut attendre le XVIIIe siècle pour que paraissent des études morphologiques suffisamment détaillées.
Linné (1758) rangeait dans un genre Acarus tout ce que l’on reconnaissait alors comme Acarien. Dans ce genre hétérogène s’inscrivait un groupe d’Insectes aptères. C’est au cours du XIXe siècle que les zoologistes surent dégager les caractères de ces animaux, puis créer les grandes unités taxonomiques (Kramer, Canestrini, Trouessart, Berlese, etc.).
Composée de trois ordres, la sous-classe des Acariens appartient à la classe des Arachnides, donc à l’embranchement des Arthropodes.
Dans le corps tout d’une venue, la métamérisation primitive est très rarement visible; les divisions qui s’observent quelquefois sont des caractères morphologiques secondairement apparus.
En avant du corps se trouvent une paire de chélicères, ou mandibules, et une paire de pédipalpes latéraux, pluriarticulés, dont les articles basaux (coxae) sont associés à un capitulum (infracapitulum) médian, conique, de grande taille, portant à son extrémité distale une bouche. Celle-ci est bordée par trois lèvres: un labrum dorsal, deux lèvres latéro-ventrales. Le corps proprement dit porte généralement quatre paires de pattes.
Depuis le début du XXe siècle, l’étude des Acariens connaît un essor considérable. On en a décrit environ 50 000 espèces. En agronomie, de nombreuses recherches ont pour but de combattre les Acariens phytophages. Le contrôle biologique chez les Acariens suscite de nombreuses recherches. En dévorant les microarthropodes, les espèces à vie libre peuvent être très efficaces contre les parasites des plantes. Ainsi les Phytoseiidae (Mesostigmata ) sont ennemis des Tetranychidae (Prostigmata ) qui ravagent nos cultures. La disparition d’un prédateur après un traitement acaricide mal approprié est dangereuse. En médecine tropicale, on étudie particulièrement les ixodes, les larves de Thrombiculidae , etc., qui transmettent à l’homme de nombreux agents pathogènes. Les animaux domestiques, les animaux d’élevage, les abeilles, etc. souffrent fréquemment d’acarioses graves.
Plus récemment, l’attention s’est portée sur les Acariens présents dans les poussières des habitations, auxquels on attribue un rôle dans l’allergie aux poussières. Des dermatoses sérieuses sont dues à des sarcoptes parasites.
Enfin, on prête un intérêt croissant à l’étude des groupes qui, comme les Oribates, jouent un rôle considérable dans l’équilibre biologique et la fertilité des sols.
1. Morphologie générale
Le corps et les appendices portent de nombreux poils ou phanères. Leur disposition (chétotaxie) est précieuse pour différencier les genres et les espèces. Leur nombre et leur nature permettent d’apprécier le degré de développement de l’Acarien.
Le tégument présente une ornementation très variée: ponctuations, réticulations, striations, etc. Observé en coupe transversale, il est formé de trois couches. L’épiostracum (chitine d’abord achromatique, puis basophile), l’ectostratum (chitine lamelleuse, acidophile), et l’hypodermis (assise des cellules hypodermiques).
François Grandjean a observé que la chitine de certains Acariens possède, au niveau des poils, la propriété d’être, en lumière polarisée, biréfringente et optiquement négative en même temps que fortement iodophile. Cette chitine, appelée actinopiline, n’existe que dans le groupe des Acariens actinochitineux ou Actinotrichida .
On appelle gnathosoma (fig. 1) la région comprenant les chélicères, les pédipalpes et le capitulum. Le reste du corps ou encore de l’idiosoma , bien séparé de la région précédente, est un prosoma pour la partie antérieure portant les pattes, un opisthosoma pour la partie postérieure apode. Le prosoma possède fréquemment, entre la deuxième et la troisième paire de pattes, un sillon transversal, le sillon séjugal. En avant de ce sillon et jusqu’au bord postérieur du gnathosoma s’étend le propodosoma , dont la face dorsale est appelée prodorsum. En arrière du sillon et jusqu’au bord antérieur de l’opisthosoma se trouve le métapodosoma . On appelle hystérosoma la région comprenant la métapodosoma et l’opisthosoma.
Les pattes sont formées des articles fondamentaux suivants: la coxa, le trochanter, le fémur, la patella, le tibia et le tarse. La coxa peut être mobile dans sa cavité d’articulation au corps (acetabulum ) ou, au contraire, être fixe (épimère des Actinotrichida ) et former une plaque transversale entièrement soudée à l’idiosoma. La forme du trochanter détermine l’orientation de la patte. Le fémur est un article fort, dirigé obliquement et vers le haut, commandant l’amplitude et la puissance des mouvements de la patte. Les trois derniers articles assurent la souplesse de l’organe locomoteur et portent de nombreux poils et organes sensoriels.
Au cours des déplacements, les pattes de la première paire tâtent le terrain. Seules les deuxième et troisième paires sont locomotrices. La quatrième paire manque chez les larves. Chez les nymphes et les adultes, elle semble traîner derrière le corps pendant la course. Chez Eatoniana plumipes , elle présente une singularité inexpliquée: les derniers articles sont couverts de longs poils denses, formant un «plumeau»; la patte, très longue, est dressée verticalement au-dessus du corps et se meut en l’air. Chez de très nombreuses espèces, la quatrième paire de pattes sert chez le mâle à l’accouplement; elle porte des ventouses (Acaridiae ), ou bien elle est hypertrophiée (sarcoptides plumicoles). Cependant, les premières pattes peuvent porter aussi des caractères sexuels secondaires, sans toutefois être aussi spécialisées que les pattes postérieures.
2. Organes de nutrition
Marc André décrit ainsi la prise de la nourriture chez la larve de Thrombicula autumnalis (rouget, aoûtat, vendangeron, etc.) qui vit en parasite sur divers mammifères: «L’Acarien, après avoir enfoncé les crochets de ses chélicères, déverse dans la blessure un liquide qui constitue la masse homogène d’un canal tubulaire ou stylostome et qui pénètre par diffusion dans les tissus de l’hôte. Les divers tissus de la proie sont solubilisés (digestion extra-intestinale). Par succion, l’acarien aspire le liquide nutritif ainsi produit, dont la digestion chimique se complètera dans l’intestin.»
À la bouche fait suite un pharynx aux parois épaisses, pouvant fonctionner comme une pompe aspirante. Un œsophage plus ou moins long conduit dans un intestin clos (fig. 2). Les tiques sont capables d’absorber la vapeur d’eau de l’atmosphère (D. Rudolph & W. Knulle).
L’excrétion des résidus de la digestion se fait par une paire de tubes de Malpighi, sous forme de cristaux de guanine de taille quelquefois considérable. L’appareil excréteur s’ouvre, à l’extérieur, par un uropore généralement ventral et postérieur, fermé par deux plaques latérales et pourvu, dans certains cas (Oribates), d’un appareil mécanique très perfectionné.
La circulation du sang est de type lacunaire. Il peut y avoir un cœur.
Les échanges respiratoires se font par la peau, par le canal alimentaire et par les trachées lorsqu’elles existent.
3. Organes de relation
Le système nerveux présente typiquement une masse ganglionnaire péri-œsophagienne. De la partie supra-œsophagienne partent les nerfs du gnathosoma, tandis que la région sous-œsophagienne envoie des nerfs vers les pattes et l’opisthosoma.
Le prodorsum peut porter des yeux en nombre variable (2, 3, 4, 5...). Ils possèdent ou non un cristallin. De nombreuses espèces sont aveugles.
Les informations concernant le milieu ambiant sont reçues notamment par les poils. Le poil s’insère sur le corps, au niveau d’un petit alvéole à bords légèrement saillants; à sa base, un fin canalicule livre passage à un nerf à travers l’épaisseur du tégument. La surface du poil est lisse, ou bien couverte d’une pilosité plus ou moins dense. Les poils dits «chimiosensoriels» ont une paroi très fine.
Le solénidion est un organe sensoriel piliforme, épais, reconnaissable à la striation de sa paroi et dépourvu d’actinopiline. La trichobothrie , ou organe pseudo-stigmatique, est un poil fin et long, ou bien claviforme, inséré au fond d’une logette différenciée du tégument (bothridie). L’organe rhagidial et l’organe de Haller correspondent à un repli des téguments protégeant un ou plusieurs solénidions.
Les solénidions et les poils sensoriels spécialisés sont surtout portés par les appendices (pattes et pédipalpes). Seules les trichobothries se rencontrent sur le prodorsum, rarement sur l’opisthosoma.
4. Reproduction
Les sexes sont séparés. L’orifice génital est situé sur la face ventrale du corps. Il peut être dorsal chez les mâles, dans certaines familles. Il peut y avoir, soit véritable accouplement, soit transfert du spermatophore dans le vagin de la femelle, soit dépôt du spermatophore dans la nature. La parthénogenèse n’est pas rare. Quelques espèces ne sont connues, en élevage, que par les femelles (thélytoquie). Dans d’autres cas, les femelles en l’absence de mâles pondent des œufs qui ne se développent qu’en mâle (arrhénotoquie). Ces derniers vont s’accoupler avec les femelles qui leur ont donné naissance pour reconstituer une génération diploïde et bisexuée. Enfin, dans une famille (Astigmata : Listrophoridae ), on a observé l’apparition de génération haploïde bisexuée (deutérotoquie).
Les Acariens sont ovipares ou ovovivipares. Le développement embryonnaire, dans les rares cas où il a été observé, rappelle celui des autres arachnides. Après l’éclosion des œufs commence un développement post-embryonnaire comportant de véritables métamorphoses. Le cycle de développement le plus complet comprend six formes ou stases: l’œuf (qui peut contenir une prélarve), la larve hexapode, la protonymphe (cette stase et toutes celles qui la suivent sont octopodes), la deutonymphe, la tritonymphe et l’adulte. Une stase peut devenir un stade de «repos» pendant lequel l’animal est dépourvu de pièces buccales et d’appendices locomoteurs (calyptostase), ou bien des pièces buccales seulement (elattostase). La prélarve des Notostigmata et de presque tous les Actinotrichida ainsi que les protonymphes et les tritonymphes de certains Prostigmata (Erythraeidae , Thrombidiidae , Trombiculidae , Hydrachnellae ) sont des calyptostases. La prélarve du prostigmate Saxidromus delamarei est une elattostase (Y. Coineau), ainsi que les deutonymphes des Astigmata . La durée des dernières stases peut être très abrégée. Ainsi, on a observé, chez certains prostigmates au développement prétendu direct, l’existence de plusieurs exuvies pharyngiennes au moment de l’unique mue nymphale, ce qui permet de penser que les stases absentes ont été télescopées. Les Acariens mésostigmates ne présentent pas de stase tritonymphale.
5. Éthologie, écologie
Les Acariens vivent dans tous les milieux: aquatiques (mer et eaux douces), terrestres, interstitiels. Les Acariens de l’Antarctique montrent une cryoprotection (supercooling ) grâce à laquelle les fluides de leur corps se maintiennent à l’état liquide bien au-dessous de leur point de gel (W. Block). C’est, après les Insectes, le groupe zoologique le plus commun de la microfaune.
Ils sont libres, et de mœurs indépendantes ou bien grégaires. Ils peuvent aussi vivre en association, de natures variées, avec d’autres êtres. Ils se fixent fréquemment sur les Insectes pour se faire transporter vers des biotopes plus favorables (phorésie). Ereynetes limacum , hébergé par la limace, se déplace très rapidement sur le corps de son hôte, et peut descendre quelquefois alentour sur le sol. À la moindre alerte, il se réfugie dans la cavité pulmonaire du gastéropode, où il pénètre par le spiraculum.
De nombreuses espèces sont ectoparasites. Leur présence sur l’hôte, qui est souvent spécifique, peut être limitée à la durée de la prise de nourriture. Certaines espèces sont parasites pendant une partie de leur cycle seulement, généralement à la stase larvaire.
Les espèces phytophages sont très nombreuses.
Les Acariens fréquentent les lieux humides et abrités de la lumière. On les rencontre en grand nombre dans l’humus, les litières de feuilles mortes, sous les pierres, sous les écorces des arbres, etc.
6. Classification
Ne reconnaissant pas l’embranchement des Arthropodes, L. Van der Hammen élève les Chélicérates au rang d’un embranchement qu’il divise en sept nouvelles classes: (I) Merostomata , (II) Arachnidea , (III) Scorpionidea , (IV) Apatellata , (les Pseudoscorpions et les Solifuges), (V) Opilionidea , (VI) Cryptognomae (les Ricinules, les Notostigmata et les Anactinotrichida ), (VII) Epimerata (les Palpigrades et les Actinotrichida ). De la sorte, les Acariens n’existeraient plus et seraient membres soit de la classe des Cryptognomae , soit de celle des Epimerata . Cette hypothèse a pour argument que les Actinotrichida seraient dépourvus de coxae. Mais comment expliquer le gnathosoma des Actinotrichida ? Retenir pour origine du gnathosoma la fusion des coxae pédipalpaires avec les parois de la bouche – quand on pose pour fondamentale la non-existence de ces coxae – serait parfaitement contradictoire.
Les Acariens sont, pour d’autres auteurs, une sous-classe de la classe des Arachnides, caractérisée par: 1. la position très avancée de la bouche; 2. une articulation du corps en arrière du segment pédipalpaire; 3. l’existence de nombreux parasites à côté des formes libres.
La sous-classe des Acariens peut être divisée en trois ordres.
Ordre des «Notostigmata»
Ils sont caractérisés par les coxae libres, l’absence d’actinopiline, les pédipalpes portant une paire de griffes terminales, un prosoma portant, dorsalement, deux paires d’yeux latéraux et deux sillons transversaux postérieurs, un opisthosoma divisé en douze anneaux, dont les quatre premiers possèdent chacun une paire de stigmates trachéens latéro-dorsaux. Leurs pattes s’autotomisent et se régénèrent (Y. Coineau & R. Legendre). Il y a une prélarve et une tritonymphe.
Les espèces de cet ordre constituent une seule famille, les Opilioacaridae . Carnivores, ils vivent dans les régions chaudes (Afrique, Madagascar, Méditerranée et Amérique), sous les pierres, ou bien dans les feuillages des sous-arbrisseaux.
Ordre des «Anactinotrichida»
Chez ces Acariens à coxae libres, quelquefois fixes, il n’y a pas d’actinopiline ni de trichobothries et le corps ne présente pas de sillon séjugal. Il y a ni prélarve ni tritonymphe. Essentiellement carnivores et terrestres, ils sont classés en trois sous-ordres:
Sous-ordre des Holothyroides
L’idiosoma piriforme ne présente aucun sillon transversal. Une paire de stigmates latéraux existe au-dessus des coxae de la troisième paire de pattes; une seconde paire est placée dorsalement, en arrière de la quatrième paire de pattes. Les pédipalpes portent une griffe régressive.
Ces Acariens au tégument épais, brun sombre, ont des mœurs aquatiques, et sont sans doute des prédateurs. Ils vivent à l’île Maurice, en Australie, en Nouvelle-Guinée et au Venezuela.
Sous-ordre des «Mesostigmata»
L’idiosoma indivis présente un tégument très scléritisé formant des boucliers. L’infracapitulum se prolonge dorsalement au-dessus des chélicères par un tectum denté, caractéristique. Le pédipalpe porte sur le dernier article une soie bifurquée, homologue de la double griffe terminale des Notostigmata . Les stigmates trachéens, au nombre d’une paire, situés sur les parois latérales du corps, sont associés à un bouclier rubané, plus ou moins long, le péritrème.
Les mésostigmates sont répartis en onze cohortes d’après l’arrangement des boucliers ventraux et génitaux.
Les Gamasida rassemblent le plus grand nombre d’espèces. Les Dermanyssidae , dont les femelles ont des chélicères styliformes, parasitent les oiseaux et les petits mammifères la nuit et se dissimulent le jour dans les interstices du sol. Les Rhinonyssidae et les Pneumonyssidae vivent dans les voies respiratoires de vertébrés.
Les Uropodina , au capitulum en partie dissimulé dans le camérostome, dépression ventrale du corps trés scléritisé, sont spécialisés dans la phorésie.
Sous-ordre des «Metastigmata» ou «Ixodoidea»
Ce sont de grands Acariens, à coxae fixes, atteignant un centimètre et plus, au corps indivis, bien scléritisé. L’infracapitulum est en forme de râpe dentée. La chélicère est terminée par trois lobes. Les pattes antérieures portent un organe sensoriel particulier, l’organe de Haller. Il sont ectoparasites.
Les femelles déposent leurs œufs dans le sol. Les larves hexapodes qui en sortent sont pourvues de deux paires de stigmates trachéens, latéraux. Elles se déplacent vers les points naturels les plus propices à la rencontre de leur hôte: extrémités des graminées, des feuilles d’arbustes, etc. Après s’être fixées et gorgées, elles retournent sur le sol pour y muer et les nymphes se comportent de même. Les Ixodes transmettent aux animaux domestiques des parasites des globules rouges, les piroplasmes. Des rickettsioses, des spirochétoses sont provoquées chez l’homme par la piqûre de diverses tiques.
Ordre des «Actinotrichida»
Ici, l’idiosoma présente au moins un sillon transversal, le sillon séjugal; les coxae forment des plaques transversales soudées au corps et fréquemment entre elles. Ces acariens sont pourvus d’actinopiline et de trichobothries. L’infracapitulum ne forme pas de prolongement dorsal au-dessus des chélicères. Sur les pédipalpes on n’observe pas de griffe régressive ou d’organe homologue. L’orifice génital est une fente longitudinale, protégée par deux valves latérales sous lesquelles on observe trois paires de lobes hémisphériques, les verrues génitales, dont la fonction demeure inconnue. Il y a une prélarve et une tritonymphe. Les larves présentent généralement, au niveau des régions intercoxales antérieures, un organe tubulaire hyalin, l’organe de Claparède, dont on ne connaît pas la fonction.
De nombreuses espèces s’écartent beaucoup des caractères précédents: l’ordre est très hétérogène.
On distingue deux sous-ordres, les thrombidiformes et les sarcoptiformes.
Sous-ordre des Thrombidiformes
Les chélicères sont styliformes, sauf dans quelques familles riches en caractère primitifs. Le prodorsum porte généralement des yeux. Le système trachéen est typiquement représenté par une paire de stigmates associés aux chélicères. Ils sont classés en trois cohortes.
Les Prostigmata . L’appareil trachéen, caractéristique, est probablement une néoformation. Dans les familles riches en caractères primitifs (Endeostigmata , Stomatostigmata ...) son développement est peu prononcé.
Les chélicères, primitivement, sont libres et terminées par une pince dont le mors fixe, très régressif, disparaît tandis que le mors mobile, fortement allongé, devient styliforme. Chez les formes parasites, seul le stylet demeure libre, le reste de la chélicère pouvant constituer, à l’intérieur de l’infracapitulum, une columelle ou une loge dans laquelle se rétracte le stylet.
Les pédipalpes, généralement petits, atteignent un développement remarquable, chez les espèces prédatrices spécialisées (Bdellidae , Cunaxidae , Anystidae ...). Dans les familles les plus évoluées, le tarse du pédipalpe est un petit article ovale, riche en poils tactiles, rejeté latéralement à la face inférieure du tibia qui porte dorsalement de fortes épines (peigne ou radula des Thrombidiidae ).
On citera notamment, parmi les parasites, les Myobiidae dans la fourrure des mammifères, les Harpirhynchidae sur les oiseaux et les Demodicidae , vermiformes, annelés, dans le système pileux de divers mammifères. Les Erythreaidae et les Thrombiculidae , prédateurs à la stase adulte, ont des larves parasites respectivement d’arthropodes et de vertébrés.
Les Hydrachnellae sont dulçaquicoles. Leurs stigmates sont oblitérés par une membrane à travers laquelle la respiration se fait par diffusion: ils ne viennent jamais respirer à la surface des eaux. Ils sont le plus souvent marcheurs; mais de nombreuses espèces possèdent de longues soies natatoires. Les larves, à leur naissance, grimpent à l’extrémité des plantes aquatiques pour y rechercher l’hôte (arthropode aérien) qu’elles parasitent.
Les Halacaridae , au tégument très scléritisé, vivent parmi les algues marines sur lesquelles ils se déplacent lentement.
Les Tetranychidae , parasites des plantes, sont pourvus de chélicères remarquables (stylophore) et d’un péritrème. Les Phytoptipulpidae s’en distinguent par l’absence de la quatrième paire de pattes et leur fente génitale transversale.
Les Tetrapodili ou Eriophyoïdes . Parasites des plantes, ces Acariens ont un idiosoma vermiforme, annelé, portant deux paires de pattes seulement; la fente génitale est transversale.
En piquant les tissus végétaux avec leur chélicères styliformes, ils engendrent diverses réactions des organes touchés: fasciation ou formation de replis de diverses formes appelés galles.
Les Tarsonemini . Chez ces Acariens, le système trachéen lorsqu’il existe, est bien différent du type habituel. Les coxae sont soudées au centre de la face ventrale. Les pédipalpes sont régressifs.
Les Scutacaridae vivent libres dans les mousses. Certains sont parasites d’insectes: Acarapis woodi se fixe dans les trachées des abeilles. Les Tarsonemidae comprennent notamment des espèces parasites des plantes ornementales. Les Pyemotidae sont parasites d’arthropodes et de plantes. Comme chez les Podapolipidae , les mâles vivent en parasites des femelles.
Sous-ordre des Sarcoptiformes
Les chélicères sont presque toujours broyeuses, terminées par une pince. Le prodorsum porte rarement des yeux. Le système trachéen est fondamentalement absent, mais lorsque le tégument est scléritisé, des poches et des conduits trachéens sont différenciés en plusieurs points du corps. On distingue deux cohortes, les Astigmata et les Cryptostigmata .
Les Astigmata ou Acaroidea . Dépourvus de trachées, ces Acariens se nourrissent de matières organiques animales inertes. Leur pouvoir adaptatif aux conditions ambiantes les plus variées est remarquable mais le taux d’humidité limite leur prolifération.
Les formes libres (Acaridae , Glycyphagidae ...) se rencontrent en colonies importantes là où l’humidité et la qualité de nourriture favorisent leur croissance. Ils deviennent alors des destructeurs redoutables des produits emmagasinés. Au cours du développement de certaines espèces, apparaît une deutonymphe spécialisée dans la phorésie, pourvue de nombreuses ventouses de fixation, et privée de pièces buccales. Cette forme, appelée hypope, est susceptible de réapparaître lors de la stase adulte, lorsque les conditions de vie nécessitent une migration des individus.
De nombreuses espèces sont parasites des vertébrés. Elles se nourrissent de cellules du tissu cutané et sous-cutané. Par exemple, chez l’homme, Sarcoptes scabiei produit les manifestations cutanées de la gale. Bonomo et Cestoni, dès le XVIIe siècle, en soupçonnaient l’origine parasitaire, mais c’est à Renucci (1834) que l’on doit la découverte de l’agent de cette maladie.
Certaines espèces se fixent dans le plumage des oiseaux.
Les Cryptostigmata ou Oribatei . Ces Acariens possèdent un tégument très scléritisé. Fondamentalement, ils sont dépourvus de trachées et l’idiosoma est indivis. Mais chez de nombreuses super-familles et familles se sont différenciés des organes trachéens variés, dont certains sont associés aux trichobothries. Souvent, il existe une zone tégumentaire molle, déprimée, séparant le protérosoma de l’hystérosoma.
De nombreux oribates peuvent se replier sur eux-mêmes, autour d’une charnière dorsale. L’idiosoma est richement orné de prolongements cuticulaires. Ces Acariens sont extrêmement abondants, notamment dans l’humus forestier où ils semblent constituer jusqu’à 90 p. 100 de la microfaune. Ils se nourrissent de débris végétaux.
7. Origine des Acariens
Sig Thor rejetait l’hypothèse d’une origine arachnidienne. Les ressemblances étaient pour lui des formes de convergence liées aux conditions de vie souvent identiques. Cet auteur recherchait parmi les vers, notamment parmi les trématodes, la souche des Acariens en raison de la ressemblance remarquable entre l’appareil de fixation des hypopes d’Acaridiae et celui de ces vers; il utilisait en outre l’existence d’acariens vermiformes, comme les Demodicidae et les Eriophyidae , pour étayer sa théorie.
Quel que soit l’intérêt de cette théorie, il faut noter que les caractères présentés comme primitifs deviennent, en réalité, des formes de convergence, si l’on considère les conditions de leur apparition. En outre les espèces vermiformes, qui sont des formes parasites, paraissent trop spécialisées pour être des formes ancestrales.
Parmi les Arachnides, les Acariens représentent un groupe très puissant, extrêmement varié, d’origine polyphylétique.
acariens [ akarjɛ̃ ] n. m. pl.
• 1842; acarides n. f. pl. 1832; de acarus
♦ Ordre de très petits arachnides, souvent parasites et pathogènes. ⇒ acarus, aoûtat, araignée (rouge), demodex, sarcopte, tique, trombidion. Destruction des acariens (⇒ acaricide) . — Au sing. Un acarien, présent dans la poussière d'appartement, est responsable d'un type d'asthme allergique.
acariens
n. m. pl. ZOOL Ordre de petits arachnides, à huit pattes, libres ou parasites (tiques, aoûtats, etc.) qui peuvent transmettre des maladies aux hommes, aux animaux et aux plantes, ou causer des dégâts aux denrées entreposées.
— Sing. Un acarien.
Encyclopédie Universelle. 2012.