● franc, franque adjectif et nom (bas latin Franci, pluriel de Francus, du francique frank) Qui appartient aux Francs. ● franc, franque (expressions) adjectif et nom (bas latin Franci, pluriel de Francus, du francique frank) Langue franque, synonyme de lingua franca. ● franc, franque (synonymes) adjectif et nom (bas latin Franci, pluriel de Francus, du francique frank) Langue franque
Synonymes :
franc, franque
n. et adj. Membre d'un peuple germanique dont les tribus s'établirent définitivement en Gaule à partir du Ve s. (V. Francs).
|| adj. Période franque.
⇒FRANC1, FRANQUE; FRANK, FRANKE, adj. et subst.
I.— Substantif
A.— HIST., subst. masc. plur. Les Francs. Ensemble de tribus germaniques qui, à partir du IIIe siècle de notre ère, traversèrent le Rhin, envahirent la Gaule et y fondèrent une monarchie à la fin du Ve siècle. Francs Saliens, Ripuaires. Chlodéric, chef d'une tribu des Francs (CHATEAUBR., Martyrs, t. 2, 1810, p. 27) :
• 1. La noblesse française, comme celle de toute l'Europe, date de l'incursion des Barbares qui se partagèrent l'empire romain. En France les nobles représentaient les Francs et les Bourguignons, le reste de la nation, les Gaulois.
LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 61.
B.— Subst. masc. et fém.
1. Celui, celle qui appartenait à cette peuplade. Quatre femmes sont là, quatre épouses de chefs; La Franke Gudruna, l'inconsolable veuve (LECONTE DE LISLE, Poèmes barb., 1878, p. 96). V. composition ex. 9 :
• 2. ... cette loi établissait qu'en cas de meurtre le coupable paierait aux héritiers du mort une somme d'argent proportionnée à la condition de celui-ci. Pour la vie d'un esclave domestique on donnait de quinze à trente-cinq sous d'or (...) pour un Romain propriétaire cent sous, et le double pour un Frank ou tout autre Barbare vivant sous la loi salique.
THIERRY, Récits mérov., t. 1, 1840, p. 7.
2. [Du point de vue des Orientaux] Européen participant aux Croisades :
• 3. Quand ils ne purent plus défendre la ville basse, les Francs se retirèrent en bon ordre dans la citadelle (...) ils se préparaient inévitablement à capituler, lorsque, dans les premières lueurs de l'aube, une flotte chrétienne apparut à l'improviste devant Jaffa.
GROUSSET, Croisades, 1939, p. 278.
— P. ext. [P. réf. aux Croisés, fondateurs de l'Empire du Levant et depuis cette époque] Européen occidental habitant ou faisant du négoce au Levant. Sur le quai, se pressaient une foule d'Européens, que là on appelle des Franks : marins, marchands, aventuriers de toute espèce, Ioniens, Grecs, Maltais, Dalmates, Français, Anglais, Valaques (GOBINEAU, Nouv. asiat., 1876, p. 297). — Hein, vous dites? un Frank, amant d'une Turque?... Mais, mon cher, à quoi pensez-vous! c'est folie, folie pure et simple... (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 250).
II.— Adj. Qui appartient aux Francs; qui y est relatif; qui les concerne.
A.— Qui est relatif aux Francs, envahisseurs de la Gaule. Guerrier franc; rois francs; tribus franques; époque franque. Lorsque les races gauloise, romaine et franke, long-temps froissées et pressées entre la Seine et la Loire, se furent intimement confondues (SAINTE-BEUVE, Poés., 1829, p. 5). Audowere, avait à son service une jeune fille nommée Fredegonde, d'origine franke (THIERRY, Récits mérov., t. 1, 1840, p. 330). V. exproprier ex. 1 :
• 4. Il ne faut pas croire que l'invasion des Barbares se soit arrêtée au cinquième siècle; il ne faut pas croire, parce que l'empire romain est tombé, et qu'on trouve des royaumes barbares fondés sur ses ruines, que le mouvement des peuples soit à son terme (...). Voyez, sous la première race même, les rois francs continuellement appelés à faire la guerre au-delà du Rhin...
GUIZOT, Hist. civilisation, 3, 1828, p. 15.
♦ Langue franque. Synon. vieilli de francique. Cf. CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 289.
B.— Qui est relatif aux Croisés. Princes francs. Manuel Comnène fit au souverain franc une réception magnifique (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 204) :
• 5. [Il fallait] organiser la conquête. Qui deviendrait chef du nouvel état franc? Parmi les hauts barons qui avaient concouru à la prise de Jérusalem, le comte de Flandre et le comte de Normandie désiraient rentrer en Europe. Ne restaient en présence que Raymond de Saint-Gilles et Godefroi de Bouillon.
GROUSSET, Croisades, 1939 p. 46.
C.— Qui est relatif aux Européens du Levant. Quartier franc (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 1082). Alexandrie. Ville composite. Vrai lieu de transit, aspect de colonie, c'est-à-dire résidence d'étrangers au sol (...). Nous sortons du quartier franc et visitons les quartiers arabes (FROMENTIN, Voy. Égypte, 1869, p. 45) :
• 6. ... la société franque de Constantinople, composée des officiers des ambassades, des consulats, des familles des drogmans et des négociants des diverses nations européennes, est très au-dessus de sa réputation.
LAMART., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 431.
♦ Langue franque. Jargon mêlé de turc, d'arabe et de langues romanes (français, italien, espagnol...) en usage parmi les marins, les négociants des ports du Levant. La langue franque, parlée sur les côtes d'Afrique, est née de pièces rapportées des langues riveraines de la Méditerrannée (BONSTETTEN, Homme Midi, 1824, p. 94).
Prononc. et Orth. :[], fém. []. Ds Ac. 1835, 1878. La graph. frq. frank, fém. franke est bien attestée ds la docum. (supra). Étymol. et Hist. 1. Deuxième moitié du Xe s. adj. (S. Léger, éd. J. Linskill, 52); ca 1050 subst. (Alexis, éd. Chr. Storey, 40); 2. 1606 adj. « qualificatif donné aux Européens dans les ports du Levant » (NICOT); 1721 subst. (Trév.); 3. 1681 subst. hist. « membre des peuplades germaniques qui, à la veille des grandes invasions, occupaient les rives du Rhin et la région maritime de la Belgique et de la Hollande » (BOSSUET, Discours sur l'hist. universelle, I, 10 ds LITTRÉ); 1721 adj. peuples Francs (Trév.). Du b. lat. Franci, plur., au sens 3, lui-même empr. à l'a. b. frq. frank « id. ». Bbg. CHAURAND (J.). Introd. à l'hist. du vocab. fr. Paris, 1977, pp. 53-66. — HOLLYMAN (K. J.). Le Développement du vocab. féod. en France pendant le Haut Moy. Âge. Genève-Paris, 1957, 202.
1. franc, franque [fʀɑ̃, fʀɑ̃k] n. et adj.
ÉTYM. Xe, Vie de saint Léger; lat. Francus, francique Frank.
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1 (1681). Membre des peuplades germaniques qui, à la veille des grandes invasions, occupaient les rives du Rhin (Francs Ripuaires) et la région maritime de la Belgique et de la Hollande (Francs Saliens). || Loi des Francs Saliens. ⇒ Salique. || L'angon, la framée, la francisque, le scramasaxe, armes des Francs. || Sous Clovis (481-511), les Francs conquirent la plus grande partie de la Gaule. || La langue des Francs. ⇒ Francique.
1 Les Francs commençaient alors à se faire craindre. C'était une ligue de peuples germains, qui habitaient le long du Rhin. Leur nom montre qu'ils étaient unis par l'amour de la liberté.
Bossuet, Hist., I, 10.
2 Qui étaient et d'où venaient ces Francs, lesquels, en très petit nombre et en très peu de temps, s'emparèrent de toutes les Gaules (…) ? Je viens de lire un auteur qui commence par ces mots : Les Francs dont nous descendons. Hé ! mon ami, qui vous a dit que vous descendez en droite ligne d'un Franc ? Hildvic ou Clodvic, que nous nommons Clovis, n'avait probablement pas plus de vingt mille hommes (…) quand il subjugua environ huit ou dix millions de Welches ou Gaulois (…)
Voltaire, Dict. philosophique, Franc.
3 Parés de la dépouille des ours, des veaux marins, des aurochs et des sangliers, les Francs se montraient de loin comme un troupeau de bêtes féroces. Une tunique courte et serrée laissait voir toute la hauteur de leur taille et ne leur cachait pas le genou. Les yeux de ces barbares ont la couleur d'une mer orageuse; leur chevelure blonde, ramenée en avant sur leur poitrine, et teinte d'une liqueur rouge, est semblable à du sang et à du feu.
Chateaubriand, les Martyrs, VI.
♦ Adj. || Peuplade, tribu franque. || Période franque, du Ve au IXe siècle. || Les Mérovingiens et les Carolingiens, dynasties franques. || La langue franque. ⇒ Francique.
2 (1606). Anciennt. Nom donné (depuis les Croisades) aux Européens, dans les ports du Levant. || Le quartier des Francs.
♦ Adj. || La colonie franque de Tripoli. — (1670). Vx. || La langue franque : sabir, mélange de langues romanes (français, italien, espagnol) et d'arabe, de turc… parlé dans le Levant (on dit aujourd'hui : la lingua franca [lingwafʀɑ̃ka]). — Par ext. || Langue franque ou, plus souvent, lingua franca : langue mixte (sabir, pidgin).
4 (…) le Mufti invoque Mahomet en langue franque (…)
Molière, le Bourgeois gentilhomme, IV, Cérémonie turque.
Encyclopédie Universelle. 2012.