MAUVE
MAUVE
Ancien légume (Malva sylvestris L.; malvacées) sans doute d’origine préhistorique (comme certains chénopodes, l’arroche, le pourpier). Les Grecs et les Romains appréciaient les feuilles de la mauve et ses jeunes pousses cuites à la façon des épinards, autant pour leur saveur que pour leurs vertus laxatives. Hésiode, Horace, Cicéron l’ont célébrée. C’était l’une des herbes des jardins potagers et médicinaux de Charlemagne. Le Moyen Âge lui attribuait une foule de propriétés médicinales en soulignant son action anti-inflammatoire. Elle reste, avec le bouillon-blanc et sa parente la guimauve, au nombre des émollients végétaux les plus connus.
«On n’ordonne guère de décoction émolliente et adoucissante sans la mauve», écrit un auteur du XVIIIe siècle. La pratique populaire campagnarde s’en souvient encore. Très riche en mucilage (16 p. 100 de la plante fraîche), avec aussi du tanin, du glucose, des vitamines A, B, C, la mauve, feuilles et fleurs, est utile dans bon nombre d’inflammations internes: gastrite, dysenterie, entérite, cystite, coliques néphrétiques, bronchite au stade aigu, toux d’irritation. Les fleurs de mauve, de coquelicot, de pied-de-chat et de tussilage constituent les «espèces pectorales», dont l’infusion est utile contre la toux. C’est surtout une laxative efficace, recommandable aux enfants et aux vieillards (infusion des fleurs, de 10 à 15 grammes par litre d’eau; des feuilles, de 15 à 30 grammes par litre; 3 ou 4 tasses par jour. La décoction de plante entière (de 30 à 50 grammes par litre) s’emploie en gargarismes et bains de bouche (angines, inflammation des gencives), en collyres (conjonctivite), en lavements (constipation, coliques intestinales), en injections (vaginite) et en lotions sur les irritations cutanées.
Les feuilles de mauve sylvestre auraient la faculté de favoriser les contractions utérines et d’aider à l’accouchement.
mauve [ mov ] n. f. et m., et adj.
• 1256; lat. malva
I ♦ N. f. Plante herbacée (malvacées) à fleurs roses ou violet pâle. Mauve blanche. ⇒ guimauve. Mauve en arbre. ⇒ althæa.
II ♦ Adj. (1829) D'une couleur violet pâle. Des fleurs mauves.
♢ N. m. (1892) Couleur mauve. Le mauve lui va bien. Un bleu tirant sur le mauve. ⇒ pervenche.
● mauve nom féminin (latin malva) Herbe annuelle ou vivace (malvacée) à fleurs roses, pourpres ou blanches et dont certaines espèces sont cultivées comme ornementales ou pour faire des tisanes émollientes. ● mauve adjectif et nom masculin De couleur violet pâle à reflets blancs. ● mauve (difficultés) adjectif et nom masculin Accord Mauve, adjectif de couleur, s'accorde (de même qu'écarlate, pourpre et rose) : des rubans mauves. Voir grammaire : adjectifs de couleur.
mauve
n. et adj.
d1./d n. f. Petite plante (Fam. malvacées), dont diverses espèces à grandes fleurs blanches, roses ou violettes sont ornementales, et d'autres médicinales.
d2./d adj. De couleur rose violacé. Des robes mauves.
|| n. m. Une étoffe d'un mauve délicat.
I.
⇒MAUVE1, subst. fém. et adj.
I. — Subst., BOT. Plante dicotylédone, herbacée, vivace, famille des Malvacées, dont les fleurs possèdent des propriétés émollientes. Eau, infusion, tisane de mauve. Ainsi, on commencera par appliquer, pendant du temps, des cataplasmes simplement émolliens, avec les pulpes de mauve, guimauve, bouillon-blanc, poirée, pariétaire, etc. (GEOFFROY, Méd. prat., 1800, p.291). Les herbes parasites, les ronces, les grandes mauves bleues s'élèvent par touffes épaisses entre les rosiers (LAMART., Confid., 1849, p.70):
• 1. Babette aux yeux rouges lutte à côté d'elle. Elle a détourné toutes les boîtes où sont les simples, les herbes sèches pliées dans du papier journal: la camomille, la mauve, la sauge, le thym, l'hysope, l'aigremoine, l'aspic, l'artémise...
GIONO, Colline, 1929, p.106.
♦CHIM. Eau de mauve. Réactif coloré obtenu en agitant des fleurs de la mauve séchées dans de l'eau (d'apr. Lar. encyclop.).
— Pop., vieilli, p. anal. de forme (avec la feuille de mauve). Parapluie en coton rouge ou vert. Il reniflait, lamentable et grotesque, avec sa mauve en loques (HUYSMANS, Soeurs Vatard, 1879, p.40).
II. — Adj. D'une couleur violet pâle, faisant penser à celle de certaines fleurs de mauves. Fleurs mauves; velours mauve; gris-mauve; rouge-mauve. Elle était vêtue d'une délicieuse robe mauve à noeuds de ruban gris-perle (ZOLA, Conquête Plassans, 1874, p.978). Les bois que l'on traverse se fleurissent déjà de crocus mauves (GIDE, Journal, 1896, p.67):
• 2. Moi, annonce Marie Belhomme, à qui on ne demande rien, c'est de la mousseline blanche, et les rubans couleur pervenche, d'un bleu mauve, très joli!
COLETTE, Cl. école, 1900, p.254.
— Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Un beau mauve. Et l'histoire de la robe violette! J'aime beaucoup le violet, le mauve, le lilas, mais toutes les femmes qui se respectent portent le noir, alors... pour m'imposer dans ce milieu il aurait fallu commencer par avoir un physique que je n'avais pas (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p.304).
REM. Mauvéine, subst. fém., chim. Matière colorante violette, dérivée de l'aniline et utilisée dans l'industrie du coton ou comme indicateur de pH. (d'apr. Méd. Biol. t.2 1971). L'industrie des matières colorantes, jusqu'ici limitée à l'extraction des produits naturels ou basée sur des transformations empiriques comme ce fut le cas, entre autres exemples, de la préparation de la mauvéine par Perkin, en 1856, (...) pouvait annexer et valoriser les dérivés des goudrons de houille, grâce à une suite de réactions enfin rationnellement conduites (Hist. gén. sc., t.3, vol.1, 1961, p.331).
Prononc. et Orth.:[mo:v]. Le subst. ds Ac. dep. 1694; l'adj. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. A. Ca 1256 subst. bot. (ALDEBRAND DE SIENNE, Régime du corps, 165, 10 ds T.-L.). B. 1. 1804 subst. «couleur de la fleur de cette plante» (BERTHOLLET, Art de la teinture, II, 321); 2. 1829 adj. Noeuds oranges et mauves (Journal des dames et des modes, p.339). C. 1841 (Phys. du parapluie ds LARCH. 1872: Sa forme conserve une certaine ressemblance avec la feuille de mauve [...] La mauve est toujours en coton rouge ou vert). Du lat. malva désignant cette plante (cf. ANDRÉ Bot.). Fréq. abs. littér.:465. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 149, b) 460; XXe s.: a) 982, b) 1012. Bbg. QUEM. DDL t.16, 20.
II.
⇒MAUVE2, subst. fém.
Région. (Notamment Haute-Bretagne). Mouette. Les innombrables troupes de cormorans, de pétrels, de mauves et de manchots, établies sur le rocher des Eléphans, fournissent, pendant une partie de l'année, des milliers d'oeufs (FREYCINET, Voy. terres austr., 1815, pp.100-101). Les enfants ont pour joie de dénicher les nids de goëlands et de mauves dans les falaises (HUGO, Travaill. mer, 1866, p.71).
Prononc.:[mo:v]. Étymol. et Hist. 1121-34 mave (PHILIPPE DE THAON, Bestiaire, 2146, éd. E. Walberg, var. mauve mss o et c XIIIe s.). Empr., en anglo-normand au vieil angl. maew (FEW t.16, p.495b), terme germ. propre aux contrées maritimes. Bbg. BONN. 1920, pp.91-92.
1. mauve [mov] n. et adj.
ÉTYM. 1256; du lat. malva.
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I N. f.
1 Plante dicotylédone (Malvacées), herbacée, vivace, à fleurs roses ou d'un violet pâle dont l'infusion est calmante; la fleur de cette plante. || Grande mauve, mauve sauvage, à fleurs émollientes. ⇒ Alcée. || Petite mauve. — Fausse mauve : malope.
➪ tableau Noms de remèdes.
♦ ☑ Loc. fam. Fumer (cit. 26) les mauves par la racine : être mort et enterré.
1 — J'aimerais bien justement qu'il soit vivant.
— En fait d'aimer bien, tu n'es pas seul. Il y a de grandes chances pour que ton Giuseppe fume des mauves. On meurt tous ces temps-ci, tu as bien vu ?
J. Giono, le Hussard sur le toit, p. 177.
2 Vx. Infusion, tisane de mauve.
2 Madame Ducroquet (…) se fait de la tisane. Elle boit de la mauve, parce qu'elle croit qu'elle va avoir une affection de poitrine, ou une affection nerveuse.
Ch. Paul de Kock, la Grande Ville, p. 68.
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II
1 (1834, in D. D. L.). Adj. D'une couleur violet pâle, semblable à celle de certaines fleurs de mauve (→ Fleur, cit. 5). || Grappes mauves de la glycine (cit. 1).
3 Elle (Fantine) avait une robe de barège mauve.
Hugo, les Misérables, t. I, I, III.
2 (1892). N. m. || Le mauve, couleur mauve (→ Ardoise, cit. 5; ardoisé, cit. 3; colchique, cit. 2). || Bleu tirant sur le mauve. ⇒ Pervenche.
4 En mauve toute, depuis les bas jusqu'à l'ombrelle, et sur ce mauve le blanc poudré de sa perruque d'aïeule, la dame paraissait peu sensible au flatteur étonnement du rapin ou de l'étudiant (…)
Alphonse Daudet, Rose et Ninette, X.
➪ tableau Désignations de couleurs.
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DÉR. Mauvâtre, 3. mauve, mauvéine.
HOM. 2. Mauve, 3. mauve.
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2. mauve [mov] n. f.
ÉTYM. 1373; mave, v. 1119; de l'anglo-saxon maew « mouette ». → Mouette.
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♦ Régional. Mouette.
0 Mais John Bunsby avait confiance en sa Tankadère, qui s'élevait à la lame comme une mauve, et peut-être n'avait-il pas tort.
J. Verne, le Tour du monde en 80 jours, p. 172.
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HOM. 1. Mauve, 3. mauve.
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3. mauve [mov] n. f.
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♦ Fam., vx. Grand parapluie de couleur vive (comparé plaisamment à une fleur de mauve).
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HOM. 1. Mauve, 2. mauve.
Encyclopédie Universelle. 2012.