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MOMERIE
MOMERIE

MOMERIE

Espèce de divertissement dansé qui fut en vogue à la fin du XVIe et au commencement du XVIIe siècle, et qui tenait et de la boutade, par son caractère d’improvisation, et de la mascarade, en raison du côté satirique et burlesque des personnages masqués. La momerie disparut devant le ballet de cour.

momerie [ momri ] n. f.
• 1440 « mascarade »; de l' a. fr. momer « se déguiser », d'o. expressive
1Vx Mascarade. Divertissement dansé.
Farce; parodie. « Cette momerie de ministère » (Retz). caricature.
2(XVIIe « affectation hypocrite, simulation ») Littér. Cérémonie ou pratique considérée comme ridicule ou insincère. bigoterie. « sa répugnance pour ce qu'il appelait les momeries de l'Église » (Balzac).

momerie nom féminin (ancien français momer, se déguiser) Littéraire. Affectation ridicule d'un sentiment qu'on n'a pas, et en particulier de sentiments religieux, bigoterie. ● momerie (difficultés) nom féminin (ancien français momer, se déguiser) Sens Ne pas confondre ces deux mots très proches par la forme et par le sens, mais distincts. 1. Momerie (sans accent circonflexe) = affectation de sentiments que l'on n'éprouve pas (en particulier, affectation de piété) : « Son attitude à l'église édifiait tout le monde, mais elle méprisait tout bas ces momeries »(M. Yourcenar). Remarque Momerie est issu de l'ancien français mommer, mettre un masque, se déguiser. 2. Mômerie (avec un accent circonflexe sur le o) = enfantillage. J'ai passé l'âge de jouer aux devinettes, cessez ces mômeries et dites-moi la vérité. Remarque Mômerie, dans ce sens, vient de môme, enfant. Le mot a été employé autrefois au sens collectif de « ensemble des mômes » : la mômerie précède volontiers les régiments (Nouveau Larousse universel). Registre Momerie est littéraire, alors que mômerie est familier. ● momerie (homonymes) nom féminin (ancien français momer, se déguiser) mômerie nom féminin

⇒MOMERIE, subst. fém.
A. Vieilli ou littér.
1. Mascarade, danse bouffonne. J'entends tambouriner. Je crois que c'est la petite Smeralda qui fait ses momeries avec sa chèvre (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p.245).
2. Chose concertée pour faire rire, jeu joué pour tromper quelqu'un par plaisanterie. C'est une plaisante momerie (Ac. 1798-1878).
B. Usuel.
1. Affectation outrée et hypocrite de sentiments que l'on n'éprouve pas. La mômerie de Camille jouant soudain les bons époux éplorés, les vieux compagnons de route, ne le faisait pas douter de moi (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1937, p.334):
♦ Mais que vous fait cela, vous, messieurs les jurés? Vous n'êtes pas de la cour, j'imagine. Étrangers à ses momeries, vous devez vouloir dans vos familles la véritable honnêteté, non pas un jargon, des manières.
COURIER, Pamphlets pol., Procès, 1821, p.130.
2. Pratique religieuse ridicule ou feinte; bigoterie qui s'attache à des pratiques outrées, superstitieuses. Il était religieux par devoir, mais sans fanatisme et sans faiblesses comme sans momerie (SENANCOUR, Obermann, t.1, 1840, p.203). J'ai une religion, ma religion, et même j'en ai plus qu'eux tous, avec leurs momeries et leurs jongleries! (FLAUB., Mme Bovary, t.1, 1857, p.88).
Prononc. et Orth.: []. Att. ds Ac. dep. 1694. ROB.: ,,L'orthographe mômerie (par confusion avec môme) se rencontre assez fréquemment``. Docum.: mô- (DRIEU LA ROCH., loc. cit.; GONCOURT, Journal, 1883, p.266; DUHAMEL, Confess. min., 1920, p.266). Étymol. et Hist. 1. Ca 1440 mommerie «mascarade, divertissement dansé» (Amant rendu cordelier..., éd. A. de Montaiglon, CCVIII, 1659); 2.a) 1566 «pratiques religieuses jugées ridicules» (H. ESTIENNE, Apologie pour Hérodote, chap.XXXVII, éd. P. Ristelhuber, t.2, p.274); b) 1673 momerie «bigoterie, affectation de pratiques religieuses» (Th. CORNEILLE, Don Juan, VII, 2 ds DUB.-LAG.); c) 1824 en Suisse rom. «piété outrée ou affectée; dissidence des conventicules piétistes, des sectes ou des Églises séparées de l'État; ensemble des mômiers» (Ch.BOVET, Voy. Chine ds PIERREH.); 3. 1574 mommerie fig. «mascarade, comédie» (JODELLE, Contre les ministres de la nouvelle opinion ds Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t.2, p.142); 4. 1671 «hypocrisie, affectation de sentiments que l'on n'éprouve pas» (POMEY). Orig. incertaine. Soit dér. au moyen du suff. -erie de l'a. fr. et m. fr. mommer, momer «se masquer, faire des mascarades» (1263 ds GDF.), prob. mot d'orig. expressive imitant les sons sourds et déformés que faisaient entendre les personnages masqués (BL.-W.; FEW t.6, 3, pp.62-63, s.v. momm-); soit issu de l'a. fr. et m. fr. mahumerie, mahom(m)erie (dér. au moyen du suff. -erie de Mahomet, nom du prophète de l'Islam, v. FEW t.19, pp.112-113), «mosquée» (ca 1100, Roland, éd. J.Bédier, 3662), «p.ext., temple païen; pratique religieuse des musulmans; p. ext., pratique superstitieuse, idolâtrie» (hyp. de DU CANGE, s.v. Mahum, mentionnée ds FUR. 1690, Trév. et LITTRÉ, reprise par J. P. TUSSEAU ds Romania, t.96, pp.547-552). Fréq. abs. littér.:34. Bbg. QUEM. DDL t.1.

momerie [mɔmʀi]; cour. [momʀi] n. f.
ÉTYM. 1440, « mascarade »; dér. de l'anc. franç. momer « se déguiser »; probablt d'origine expressive (Bloch, Dauzat). Cf. esp. et port. momo « grimace », all. Mumme « masque », angl. to mum « se déguiser », ou à rattacher au lat. mimare. → Mime (Guiraud).
1 Vx. Mascarade. Divertissement dansé ( Danse).Par ext. Farce, « choses concertées pour faire rire ou… jeu joué pour tromper quelqu'un agréablement » (Académie, 1694).
Caricature, parodie. || « La reine eut honte de cette momerie de ministère » (Retz, Mémoires, 1643).
2 (XVIIe). Mod., littér. Affectation hypocrite; acte destiné à tromper. Comédie, simulation.
1 Le vidame (…) avait, à l'endroit des femmes, les opinions les plus détestables : il les aimait et les méprisait. Leur honneur, leurs sentiments ? Tarare, bagatelles et momeries !
Balzac, Ferragus, Pl., t. V, p. 25.
2 Cette faiblesse, ou cette momerie, arracha à l'Assemblée un vif mouvement d'indignation.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., X, XI.
3 Littér. Cérémonie ou pratique considérée comme ridicule ou insincère (se dit surtout de pratiques religieuses). Bigoterie, simagrée, singerie.
3 En mourant, l'infortuné musicien légua sa fille au docteur, qui lui servit de parrain, malgré sa répugnance pour ce qu'il appelait les momeries de l'Église.
Balzac, Ursule Mirouët, Pl., t. III, p. 308.
4 Monseigneur, ils vous dévaliseront. — Je n'ai rien. — Ils vous tueront. — Un vieux bonhomme de prêtre qui passe en marmottant ses momeries ? Bah ! à quoi bon ?
Hugo, les Misérables, I, I, VII.
REM. L'orthographe mômerie (par confusion avec môme) se rencontre assez fréquemment. Cf. R. Rolland, Jean-Christophe, p. 1305 (éd. A. Michel); Renan, Œuvres complètes, t. IV, p. 225 (éd. Calmann-Lévy); Aragon, les Beaux Quartiers, p. 46 (éd. Denoël).
5 Obligé une fois de plus, à mon profond dégoût, d'assister à une mômerie épiscopalienne à l'occasion de l'inauguration du nouveau Président.
Claudel, Journal, t. II, Pl., p. 10.
4 (Par influence de môme). a Vx. Ensemble de mômes (J. Vallès).
b Mod. Enfantillage.
6 Elle a emmené une lettre de Jean et un gant à moi. En l'entendant rentrer, je me suis ruée dans l'entrée, l'air indifférent. « Tu l'auras », me souffle-t-elle en passant, mais la présence de papa qui méprise hautement ces mômeries nous empêche d'en dire plus long.
Benoîte et Flora Groult, Journal à quatre mains, p. 179.
DÉR. (Du même rad.) Momier.

Encyclopédie Universelle. 2012.