ORCHIDALES
L’ordre des Orchidales (Angiospermes monocotylédones) ne comprend qu’une seule famille, les Orchidacées. Mais, avec 600 genres et plus de 20 000 espèces – on en découvre, chaque année, de nouvelles –, les Orchidacées, la plus grande famille de toutes les plantes vasculaires, sont un magnifique feu d’artifice, dans lequel s’épanouit une lignée issue de l’ordre des Liliales. Les Orchidacées, herbes terrestres ou épiphytes (on n’en connaît pas d’aquatiques) sont représentées dans le monde entier. L’appareil végétatif, très diversement construit, leur permet de s’adapter aux milieux les plus différents. Les fleurs, en revanche, sont édifiées sur un type immuable, et la merveilleuse fantaisie qui les caractérise dépend exclusivement des innombrables modulations de cette architecture invariable (cf. ANGIO- SPERMES, pl. I, et FLEUR, pl. II et III). À cet égard, les Orchidacées sont comparables aux Crucifères, aux Ombellifères et aux Composées, mais avec une beaucoup plus grande richesse d’expression du type floral unique. Comme les trois familles précitées, elles ne se révèlent que tardivement dans l’histoire paléontologique des Angiospermes: les seuls fossiles indiscutables qu’elles aient laissés datent de la fin du Pliocène; toutefois, la répartition, aujourd’hui mondiale, des Orchidacées incite à penser qu’elles se sont, en réalité, très anciennement séparées de la souche des Liliales, se sont développées avec lenteur et n’ont atteint que récemment leur épanouissement actuel.
Caractères généraux
La fleur se situe dans le prolongement de celle des Liliales inférovariées (Iridacées, etc.). Comme chez celles-ci, le pistil est formé de trois carpelles, avec ovaire infère, et le périanthe comprend deux verticilles de trois pièces chacun. Mais des différences fondamentales séparent les Orchidacées des Liliales:
– le périanthe est fortement zygomorphe (actinomorphe chez les Liliales);
– l’androcée est réduit aux éléments antérieurs des deux cycles staminaux des Liliales (le cycle externe seulement chez les Liliales); soit les deux étamines latérales du cycle interne et un staminode (étamine stérile) antérieur; soit, beaucoup plus généralement, deux staminodes latéraux (cycle interne) encadrant l’étamine antérieure du cycle externe (fig. 1);
– enfin, et en ceci réside la profonde originalité des Orchidacées, le réceptacle, qui enveloppe complètement l’ovaire, se prolonge sur l’étamine unique (ou les deux étamines) et le style, les soudant en une seule pièce, la colonne (gynostème), portant à son sommet l’anthère (ou les deux anthères) et le stigmate (fig. 2 et 4) .
Le fonctionnement de ces fleurs est aussi particulier que leur architecture. L’ovaire infère de la fleur qui vient de s’ouvrir ne contient pas d’ovules. Ces derniers ne sont formés que si le stigmate a été pollinisé. La fleur reste épanouie jusqu’à la pollinisation et se flétrit aussitôt après; la fanaison d’une fleur ouverte en serre ou en appartement peut être ainsi longtemps différée, dans la vaine attente d’un pollen. Chez presque toutes les Orchidacées, les grains de pollen, agglutinés en corpuscules appelés pollinies (fig. 3), sont ainsi transportés collectivement, par des insectes (les Orchidacées sont entomogames), sur la surface stigmatique réceptive. La fleur est désormais assurée de disposer d’une quantité de pollen correspondant au nombre des ovules en puissance. Un signal chimique est alors transmis à l’ovaire, qui se gonfle et forme d’innombrables ovules. La plante ne consent les dépenses nécessaires à ce développement supplémentaire que si la fécondation est garantie.
Du fruit, invariablement capsulaire (trois à six fentes de déhiscence), sort une poussière de graines exalbuminées, minuscules et très légères (de 2 000 à 10 millions de graines au milligramme, suivant les espèces), contenant chacune, sous une mince pellicule tégumentaire, beaucoup d’air entourant un embryon sphérique ou ovoïde formé de quelques dizaines ou centaines de cellules indifférenciées.
Les variations de l’appareil floral
Les six pièces périanthaires diffèrent, suivant les genres et les espèces, par leurs dimensions, leurs formes et leurs teintes. Les dissemblances affectent surtout le verticille interne, dont la pièce antérieure (labelle), plus petite ou plus grande que les autres pièces florales, se distingue par une multitude de caractères: le labelle est entier, lobé ou déchiqueté, parfois très finement, mince ou épais, étalé ou enroulé, glabre ou velu, ou verruqueux, ou marqué de crêtes, d’une teinte uniforme ou panaché, pourvu ou non, à sa base, d’un cornet nectarifère (éperon) parfois très long. Les cinq autres pièces, étalées ou dressées, libres ou soudées (partiellement ou complètement), sont toutes semblables ou dissemblables; si leurs formes, leur dimensions, leurs teintes sont très diverses, elles sont toujours lisses, entières et sans éperon (fig. 3).
Les variations de la colonne dépendent du nombre des étamines (deux ou une) soudées au style et de celui des lobes stigmatiques (trois ou deux) capables de recevoir le pollen. Chez les Orchidacées monostaminées, la soudure est totale entre le filet staminal et le style; l’anthère sessile repose sur un plateau (rostellum) formé par le lobe stigmatique sous-jacent, non réceptif; elle est libre ou soudée à son support. Les deux autres lobes stigmatiques sont confondus en une seule surface réceptive.
Les grains de pollen sont libres chez les Orchidacées bistaminées. Chez les monostaminées, ils sont agglutinés en pollinies qui touchent le rostellum (fig. 4), soit à la base de l’anthère (basitonées), soit à son sommet (acrotonées). Les pollinies basitonées sont granuleuses (grains de pollen médiocrement agglomérés) ou cohérentes mais cependant dissociables en grumeaux (massules) comprenant chacun de nombreux grains; la partie inférieure de ces pollinies s’amenuise en un pédoncule (caudicule) formé de grains dégénérés et dont la base, renflée en un bouton adhésif, est incluse dans une petite cavité (bursicule) creusée sur le rostellum (fig. 3). Les pollinies acrotonées, très compactes, peuvent être libres vis-à-vis du rostellum (fig. 4: dendrobium et coelogyne ) ou fixées à celui-ci, à leur sommet, par une soudure cireuse; elles emportent alors, en se détachant, un corpuscule arraché au rostellum, corpuscule muni à son extrémité libre d’un bouton adhésif et comparable à un caudicule, mais d’origine différente (fig. 4: oncidium ). Le staminode antérieur des Orchidacées bistaminées est volumineux. Les staminodes latéraux des monostaminées sont généralement très petits, à peine visibles, et presque atrophiés.
L’ovaire, triloculaire chez les bistaminées, uniloculaire chez les monostaminées, subit, chez la plupart des Orchidacées, très précocement, une torsion de 1800 (résupination): le labelle, morphologiquement supérieur et dressé, devient ainsi, secondairement, inférieur et pendant.
Les insectes pollinisateurs, généralement des Hyménoptères, «atterrissent» sur le labelle, heurtent le rostellum, libèrent et accrochent les pollinies dont les boutons adhésifs facilitent l’attache (fig. 3) et, volant vers d’autres plantes, assurent des croisements entre individus (allogamie). La morphologie et le comportement des pollinisateurs sont étonnamment adaptés à l’architecture de chaque fleur. Chez quelques Orchidacées, apparemment peu nombreuses, la pollinie est capable d’atteindre, sans concours extérieur, la surface stigmatique sous-jacente (autogamie).
Les inflorescences sont extrêmement diverses. Les fleurs sont solitaires ou disposées en épis ou en grappes, simples ou composées, pauci- ou multiflores. Chez certaines espèces tropicales, l’inflorescence, haute de plusieurs mètres, porte des milliers de fleurs.
Les variations de l’appareil végétatif
Toutes les Orchidacées sont pérennes, mais leur appareil végétatif est infiniment varié. Les Orchidacées terrestres possèdent un important appareil souterrain (tubercules d’origine caulinaire ou racinaire, rhizomes) sur lequel naissent les tiges aériennes feuillées et florifères, simples ou ramifiées, érigées ou, exceptionnellement, lianescentes, annuelles dans les régions à climat contrasté; les feuilles offrent la plus grande diversité: sessiles ou pétiolées, vertes ou panachées de rouge ou de noir, très décoratives chez certaines espèces. Les Orchidacées épiphytes , qui représentent probablement la majorité de la famille, toutes tropicales, sont organisées pour supporter les contraintes de la vie aérienne. Les racines, fortement adhérentes à l’écorce des arbres, ou pendantes, sont entourées par plusieurs assises superposées de cellules mortes et vides, à parois finement perforées, et qui, par effet de capillarité, retiennent l’eau de pluie; sous ce voile spongieux et humide, les cellules vivantes du parenchyme cortical sont riches en chlorophylle. Chez certaines espèces exceptionnelles, l’appareil végétatif, sans tige feuillée, n’est plus qu’un système de racines vertes, sur lesquelles les inflorescences naissent directement. Les tiges sont érigées ou rampantes. Érigées, elles s’allongent en produisant indéfiniment des feuilles. Rampantes, elles se développent rythmiquement en formant des articles successifs, ovoïdes ou sphériques, verts et charnus (pseudo-bulbes), dont chacun porte, à son sommet, une ou deux feuilles. Celles-ci, vertes ou maculées de blanc, de rouge ou de noir, sont généralement à la fois coriaces et succulentes.
La mycotrophie
Dans le sol ou sur les écorces, les très fragiles embryons des Orchidacées, mal protégés par un tégument séminal dérisoire, sont la proie de microbes de toutes sortes. Ceux qui survivent, extrêmement rares, ont eu la chance d’être infestés par un champignon vis-à-vis duquel ils sont spécifiquement immunisés. Ils peuvent ainsi limiter l’envahissement en phagocytant le mycélium et, dès lors, commence leur développement; leur croissance édifie un petit tubercule primordial, le protocorme, qui, très lentement, devient une plantule avec tige, feuilles et racines. L’association avec le champignon se poursuit pendant toute la jeunesse de la plante et même, du moins chez beaucoup d’Orchidacées terrestres, pendant toute sa vie, soit périodiquement, au moment de la formation de nouveaux tubercules, soit continuellement dans le rhizome. Cette association est, chez certaines espèces terrestres, si intime que la plante infestée obtient de la phagocytose permanente tout l’aliment dont elle a besoin; la tige aérienne n’élabore plus de chlorophylle et a perdu tout pouvoir photosynthétique; elle est réduite à une hampe florale brune ou violacée, sur laquelle les feuilles sont atrophiées. On appelle mycotrophie ce mode de vie aux dépens d’un mycélium asservi. Ces champignons sont des formes imparfaites (Rhizoctonia ) de divers Basidiomycètes (Corticium , Clitocybe , etc.). Cependant leur rôle, essentiel dans la nature, n’est pas obligatoire. On peut, dans des conditions de stricte asepsie, faire germer des graines stérilisées d’Orchidacées sur des milieux artificiels gélosés contenant les éléments minéraux nécessaires, ainsi que les sucres et les substances à rôle vitaminique normalement libérés par le mycélium digéré. On peut ainsi élever aseptiquement, jusqu’à la floraison, les espèces les moins fortement liées à un champignon.
La multiplication végétative
De nombreuses Orchidacées peuvent se multiplier par voie végétative. Le vanillier et beaucoup d’espèces cultivées pour leurs fleurs sont propagés par bouturage. Celui-ci est même naturel chez certaines espèces à tige aérienne ramifiée dont les branches sont autant de propagules qui se détachent et, tombées sur le sol, s’enracinent; ces plantes peuvent être envahissantes, comme de mauvaises herbes. G. Morel a découvert que le méristème apical des tiges d’Orchidacées, toujours dépourvu d’endophyte, peut être cultivé aseptiquement in vitro ; il forme alors un tubercule ressemblant à un protocorme, puis se développe et régénère la plante entière; chacun des morceaux obtenus par fragmentation de ce tubercule est doué du même pouvoir de régénération; cette méthode permet de multiplier rapidement les variétés horticoles les plus appréciées, ainsi que les hybrides précieux dont tous les caractères sont préservés (cf. HORTICULTURE ORNEMENTALE, MULTIPLICATION VÉGÉTATIVE).
Sous-familles et tribus
On distingue deux sous-familles: les Cypripédioïdées et les Orchidioïdées.
Cypripédioïdées
Les Cypripédioïdées, Orchidacées primitives, sont bistaminées; leurs anthères ne touchent pas le stigmate, dont les trois lobes sont réceptifs (il n’y a pas de rostellum); les grains de pollen sont libres; l’ovaire est triloculaire et le labelle a la forme d’un sabot. Ce groupe est peu nombreux (6 genres et environ 150 espèces). Le genre Paphiopedilum (de l’Himalaya à la Nouvelle-Guinée) comprend quelque 50 espèces à grandes fleurs étranges, marbrées et veinées de couleurs vives et variées. Le genre Cypripedium (50 espèces) est représenté dans tout l’hémisphère Nord: C. calceolus («sabot de Vénus», labelle jaune, autres pièces périanthaires brunes), eurasiatique, est la seule espèce vivant en Europe; C. reginae (labelle rosé, autres pièces blanches) est nord-américain.
Orchidioïdées
Les Orchidioïdées sont plus spécialisées. Leurs fleurs sont monostaminées; l’anthère repose sur un lobe stigmatique (rostellum), les deux autres lobes étant seuls réceptifs; le pollen est agglutiné, l’ovaire uniloculaire. Cette énorme sous-famille comprend trois tribus: Néottiées, Orchidées, Épidendrées.
Chez les Néottiées, toutes terrestres et rhizomateuses, les pollinies, basitonées, sont granuleuses, sans caudicule. Cette tribu est représentée dans le monde entier. Les genres Cephalanthera , Epipactis , Listera , Spiranthes , Goodyera , Limodorum , Neottia appartiennent à la flore d’Europe. Limodorum et Neottia , presque sans chlorophylle, à feuilles atrophiées, sont des mycotrophes stricts.
Les Orchidées sont toutes terrestres; leur appareil souterrain est généralement formé de racines tubérisées; leurs pollinies, basitonées, friables mais cohérentes, comportent un caudicule. Cette tribu est surtout représentée dans l’Ancien Monde; les genres les plus importants (Habenaria , Disa , Satyrium ) sont tropicaux. Le genre Orchis (100 espèces, dont une trentaine fort communes en Europe) couvre une aire très vaste dans l’hémisphère Nord (Eurasie, Afrique du Nord, Amérique du Nord). De nombreux autres genres moins importants (Ophrys , Platanthera , Serapias , etc.) sont propres à l’Ancien Monde et bien représentés en Europe. Les Epipogium sont des mycotrophes stricts, sans chlorophylle.
Les Épidendrées sont terrestres (tubercules ou rhizomes) ou, surtout, épiphytes; leurs pollinies, acrotonées, compactes, ne différencient pas de caudicule. Elles comprennent d’immenses genres épiphytes: Bulbophyllum (2 000 espèces), pantropical; Dendrobium (1 500 espèces), indo-malais; Pleurothallis (1 000 espèces) et Epidendrum (800 espèces), américains. Beaucoup d’autres genres épiphytiques, moins riches, soit néotropicaux (Amérique), soit paléotropicaux (Ancien Monde), sont célèbres par la beauté de leurs fleurs. À la minorité des Épidendrées terrestres appartiennent les rares espèces qui vivent hors des régions chaudes: la flore d’Europe comprend un Liparis , deux Malaxis et un mycotrophe strict, sans chlorophylle, Corallorhiza trifida , toutes plantes peu communes, grêles, délicates, de stations humides.
Les Orchidacées commerciales
Les espèces dont les fleurs sont les plus spectaculaires vivent dans les forêts denses des tropiques de l’Ancien et du Nouveau Monde, principalement dans celles très humides des montagnes. Ce sont, d’une part, des Cypripèdes (Paphiopedilum ), d’autre part des Épidendrées: Cymbidium , Dendrobium , Phalaenopsis , Vanda (Indo-Malaisie), Cattleya , Laelia , Epidendrum , Maxillaria , Odontoglossum , Oncidium , etc. (Amérique). Des collecteurs ont, depuis plus d’un siècle, rassemblé les espèces les plus décoratives dans des serres d’Europe et d’Amérique; elles y sont multipliées par semis ou par voie végétative, et diversifiées par hybridation. Les soins exigés par les techniques d’élevage confèrent une grande valeur à ces plantes, et les hybrides les mieux réussis atteignent un prix très élevé; cette sorte de culture non seulement entretient un commerce important, mais encore stimule un travail de recherche dont témoignent de nombreuses revues spécialisées. Diverses espèces et variétés courantes, multipliées par bouturage, sont cultivées en grandes quantités dans certaines régions tropicales et subtropicales d’où les fleurs sont envoyées, par avion, aux centres de consommation.
On compte quelque cent espèces de vanilliers (genre Vanilla ), Épidendrées répandues dans toutes les régions tropicales; toutes sont des lianes à tige feuillée, ou sans feuilles. La vanille est le long fruit immature de Vanilla planifolia , espèce à fleurs verdâtres, originaire d’Amérique centrale (fig. 5). Le fruit est cueilli encore vert, puis séché, avec de nombreuses précautions, jusqu’à noircissement. Dans le fruit mort, de lentes transformations chimiques interviennent, qui libèrent des substances (vanilline et huile odorante) donnant au produit son parfum caractéristique. La vanille était déjà connue des Aztèques, qui l’utilisaient pour aromatiser le chocolat. On cultive encore le vanillier au Mexique; mais la principale région productrice est aujourd’hui Madagascar et les îles voisines (Comores, Réunion, Seychelles). L’insecte pollinisateur n’existant qu’en Amérique, le transport de la pollinie sur le stigmate, indispensable au déclenchement de la fructification, doit être effectué à la main.
L’orchidéoculture
La température
Les orchidées exotiques se trouvent à toutes les altitudes de 0 à 4 000 mètres, en zones tropicale et subtropicale. Leur culture nécessite des normes de températures correspondant à celles de leurs sites d’origine. Conventionnellement, les températures de base ont été classées en trois catégories dites de serre froide, de serre tempérée et de serre chaude (tabl. 1).
La serre froide convient aux Cymbidium , Odontoglossum , Masdevallia , Maxillaria , Miltonia , Sobralia , Zygopetalum , Dendrobium à feuilles caduques, quelques Paphiopedilum et Oncidium . La serre tempérée convient surtout aux Cattleya , Brasso , Laelia , Epidendrum , Oncidium , Paphiopedilum , Phalaenopsis , Stanhopea , Vanda , etc. La serre chaude, enfin, est celle des Phalaenopsis (surtout en jeunes plantes), des Vanilles, Vanda sanderana et hybrides, Dendrobium à feuilles persistantes, quelques Paphiopedilum , etc. Les températures indiquées dans le tableau 1 sont des moyennes qu’il ne faut pas suivre à la lettre. La température et l’humidité sont inversement proportionnelles. Beaucoup d’orchidées fort diverses peuvent croître ensemble, aussi bien en serre qu’en appartement.
La lumière
Les orchidées doivent recevoir le maximum possible de lumière sans qu’elle nuise aux tissus du feuillage: l’excès de soleil les fait jaunir. Si ces limites sont dépassées (entre 42 et 50 0C), les brûlures provoquent des taches noires sur les parties les plus exposées. Les conditions des plantes épiphytes dans leurs sites naturels leur permettent de supporter les rayons intenses du soleil, grâce à l’humidité atmosphérique et à la circulation de l’air ambiant bien différentes de celles de nos serres et de nos intérieurs. Les orchidées s’adaptent facilement aux conditions qui leur sont imposées, mais par contre le manque de lumière nuit à la végétation et il peut empêcher la floraison. En culture d’intérieur, l’orientation vers l’est est recommandée pour la photosynthèse, plus favorable le matin. La lumière artificielle d’appoint est recommandée, lorsque les appartements sont insuffisamment éclairés. Des orchidées peuvent être cultivées en lumière totalement artificielle. La durée d’éclairement sera alors de 14 à 16 heures en été et de 10 heures environ en hiver. Les orchidées savent se contenter d’un éclairement de 3 000 à 6 000 lux, tout en pouvant supporter bien davantage: par exemple, les Cattleya et les genres similaires tolèrent de 4 000 à 20 000 lux, les Cymbidium , de 6 000 à 25 000 lux, les Odontoglossum , de 4 000 à 15 000 lux, les Paphiopedilum , de 4 000 à 8 000 lux, les Phalaenopsis , de 4 000 à 8 000 lux.
L’aération
Les orchidées épiphytes, comme leurs cousines les Broméliacées, sont souvent appelées «filles de l’air». Ce sont des plantes aériennes qui bénéficient naturellement d’un air toujours en mouvement. La ventilation leur est bénéfique, mais elle ne doit pas être froide ni provoquer de brusque changement de température. Les Cymbidium fleurissent beaucoup mieux s’ils ont été soumis aux nuits fraîches et aux rosées nocturnes de septembre et d’octobre.
L’humidité
L’humidité d’une serre est celle de l’atmosphère, appelée humidité relative; on la mesure à l’aide des hygrostats. Cette humidité ambiante est importante pour la végétation des plantes épiphytes aux racines aériennes. Elle est difficile à bien contrôler, d’autant plus qu’elle varie en fonction de la température à laquelle elle est inversement proportionnelle. Les plantes cultivées à l’extérieur bénéficient de l’humidité atmosphérique et des rosées nocturnes. La moiteur d’une serre ou d’un intérieur peut être amplifiée en utilisant simplement des récipients peu profonds contenant des graviers (ou d’autres matériaux) imprégnés d’eau; ou encore des jets de brouillard – humidificateurs ou atomiseurs – commandés manuellement ou automatiquement.
L’arrosage
Les orchidées exotiques sont soumises à une période de sécheresse tributaire du climat tropical. On doit en tenir compte et donc observer une période de repos en arrosant beaucoup moins (sans toutefois trop déshydrater) pendant environ deux mois, généralement en hiver, ou après la floraison. La qualité de l’eau est importante. L’eau de pluie récoltée par les écoulements des toitures ou les chéneaux des vitrages reste la meilleure. L’eau et le compost doivent être légèrement acides (de pH 5,5 à 5,8), de pH 5,2 pour les Phalaenopsis , et presque neutre pour les Paphiopedilum et les orchidées terrestres (entre pH 6,5 et 7). Les modifications du pH s’obtiennent en arrosant avec une eau correctrice, acidifiée par addition goutte à goutte d’acide phosphorique ou d’acide azotique (nitrique), et alcalinisée par addition de dolomie, ou ammoniaque, ou potasse, ou soude.
La nourriture aux engrais
La plante qui passe son existence sur une branche d’arbre sans rempotage ne peut bénéficier que de très petites quantités d’engrais, qui lui sont apportées par les oiseaux, les insectes ou par l’arbre support. Les engrais sont assimilés à des doses infinitésimales. L’excès d’engrais nuit bien plus que leur absence totale. Les orchidéistes qui nous ont précédés ne les utilisaient pas en raison des déboires et des accidents dus à des dosages souvent exagérés. Les anciennes cultures étaient établies dans des composts à base de mousse, de sphagnum et de racines de fougères (polypode, osmunde, etc.). En effet, le sphagnum arrosé à l’eau de pluie se développe, tandis qu’il dépérit au contact des engrais. Aujourd’hui pourtant les produits composant les composts modernes sont inertes (écorce de pin, plastique, etc.) et nécessitent l’adjonction d’engrais dosés, surtout avec l’eau de ville (alors que l’eau de pluie contient des matières nutritives). Dans ces conditions, il convient d’appliquer des engrais aux plantes dont les racines sont en cours de développement, à celles qui sont bien racinées et pendant la période de végétation; on choisira des doses minimes à renouveler tous les 8 ou 15 jours. En revanche, il faut les proscrire l’hiver et pendant la floraison.
Le rempotage et les composts
La décomposition du compost (écorces, racines de fougère, etc.) provient d’un excès d’humidité. Cela se produit au fond du pot plus qu’en surface. L’époque du rempotage correspond à la saison du départ des nouvelles pousses et des nouvelles racines, en principe entre février et mai. Cette époque peut varier selon les genres et les espèces. C’est ainsi que les odontoglossum se rempotent en octobre.
Les composts se divisent en trois catégories: les anciens ou traditionnels, les modernes et les composts pour régions tropicales.
La base essentielle des composts traditionnels est la mousse de Sphagnum (sphaigne) à grosse tête mélangée à des racines de fougère des genres polypode (Polypodium vulgare ) ou osmunde (Osmunda regalis ). Une formule souvent employée est: moitié Sphagnum , un quart Polypodium , un quart Osmunda avec des traces de charbon de bois pulvérisé. Le compost à Cymbidium est composé d’un mélange en parties égales de polypode, de sphaigne, de terre de jardin et de terreau de feuille, celui des orchidées terrestres d’un mélange de terreau, de terre franche et de sphaigne.
Dans les composts modernes, l’écorce de pin est le matériau le plus utilisé pour la culture des orchidées. Beaucoup d’orchidophiles l’emploient pure, mais ajoutent certains produits (tabl. 2).
En fait, les formules de composts à base d’écorce de pin comportent l’addition de tourbe fibreuse et de polystyrène expansé dans les proportions de un tiers de chaque. La tourbe fibreuse peut être remplacée par de l’argile expansée qui, placée au fond des pots, assure un bon drainage. Parmi les matières premières disponibles sur place, les plus utilisées sont les racines de fougère, les fibres de palmier, les fibres de noix de coco, les écorces d’arbre, le charbon de bois, la tourbe, les terreaux de feuilles, le polystyrène, la lave de volcan, la latérite, les rocs sous forme de graviers, le sable et la brique.
Par la sélection et les dosages des substrats indiqués ci-dessus, il est possible de préparer des quantités de formules de composts variés, avec quelques engrais qu’on ajoute pendant les périodes de végétation et un pH adéquat. Enfin, la formule de compost la plus courante pour la culture des orchidées terrestres est celle-ci: trois parts de terreau de feuille, deux de terreau de jardin et une de sable. La tourbe peut être ajoutée et remplacer le terreau de feuille.
Ainsi, de la Vanille aux Dendrobium utilisés en médecine (Dendrobium nobile est employé par les Chinois depuis l’antiquité comme tonique et antipyrétique) et en teinturerie, en passant par Epipactis latifolia pour soigner la goutte, Arethusa bulbosa longtemps utilisé contre le mal de dents en Amérique du Nord, Spiranthes diuretica employé au Chili comme diurétique, Cypripedium guttatum utilisé comme antiépileptique en Sibérie, Laelia tibicinis employé pour la confection des pipes, Habenaria dont les tubercules et les racines sont utilisés pour la cuisine en Malaisie, à Java et dans diverses contrées d’Extrême-Orient, sans oublier les parfums à base d’orchidée..., la famille des Orchidacées demeure un domaine extraordinaire de par le nombre de ses espèces, 28 000 rappelons-le, qui passionne tout à la fois le chercheur, l’orchidéiste, l’amateur qui les cultive ou les photographie, et les artistes peintres.
Encyclopédie Universelle. 2012.