PARACHUTE
PARACHUTE
Matériel aérien, le parachute sert à décélérer aérodynamiquement la vitesse d’un mobile, laquelle peut avoir pour origine la pesanteur ou la propulsion. La décélération est obtenue en offrant au vent relatif de l’air par rapport au mobile une surface supérieure à celle de ce dernier. C’est ainsi qu’un homme tombant en chute libre à une vitesse moyenne d’environ 50 mètres par seconde voit celle-ci se réduire à 6 mètres par seconde après l’ouverture d’un parachute de 60 mètres carrés de voilure.
Le parachute trouve des utilisations dans différents domaines: sauvetage d’équipages et éventuellement de leurs aéronefs; récupération de personnels et d’équipements rentrant de l’espace; mise à terre de personnels (troupes de choc, sauveteurs) et de ravitaillement ou de secours; pratique d’un sport aérien (parachutisme sportif); aide aux aéronefs (freinage, arrêt de vrille, posé d’assaut). Le parachute est un matériel difficile à étudier car, réalisé dans un matériau souple, il ne se prête pas à la fabrication de maquettes de soufflerie réalistes. Les principales améliorations qui lui ont été apportées au fil des ans répondaient à des besoins ponctuels ou résultaient de recherches intensives et très onéreuses liées aux divers conflits mondiaux ou aux programmes spatiaux.
Dès 1495, Léonard de Vinci décrit et dessine un parachute; en 1616, Veranzio évoque la résistance de l’air sur la voilure. En 1783, Louis Sébastien Lenormand propose le mot parachute, et le 27 octobre 1797, André-Jacques Garnerin effectue la première descente réelle, à partir d’un ballon (environ 1 000 m de descente). De ce premier saut jusqu’en 1908, le parachute est amélioré grâce aux observations d’aérostiers cascadeurs: Baldwin, Spencer et Paulus. L’avènement de l’avion accélère les études en vue de la réalisation d’un matériel fiable, et avant août 1914, de Stevens, Broadwick, Pinot, Robert transforment l’engin primitif, qui pouvait désormais avoir une utilisation militaire. Durant la Première Guerre mondiale, de nouvelles améliorations sont apportées par Juchmés et par Heinecke. Entre les deux guerres, Smith, Irvin font progresser le système; puis, pendant la Seconde Guerre mondiale Kostelesky, Heinrich et ensuite Lemoigne, Rogallo, Jalbert... perfectionnent le parachute.
L’élément essentiel du parachute est la voilure, elle est fabriquée en assemblant les fuseaux (bandes prédécoupées qui sont cousues selon une disposition donnée). De leur forme et de la façon de les placer les uns par rapport aux autres dépend la géométrie de la voilure et ses performances. Les configurations de base sont nombreuses: hémisphérique (Garnerin, 1797), carrée (Froidure, 1922), plate (Irvin, 1923), triangulaire (Smith, 1924), parabolique (Russell, 1926), conique (1944), triconique (1967), cruciforme, annulaire, multicoupole, etc. Rompant avec ces formes de base, les parachutes sportifs modernes sont obtenus par l’accolement de caissons de section rectangulaire, formant une aile dont les qualités aérodynamiques rappellent, en plus rustique, celles d’une aile d’avion (Jalbert, 1964).
La voilure peut être «pleine» ou comporter des ouvertures comme la «cheminée» (Lalande, 1797), qui est un moyen de stabilisation, la fente (Derry, 1942), qui permet la stabilisation et la rotation, ou les tuyères (Lemoigne, 1961), qui facilitent la rotation et l’avance horizontale. La combinaison de ces ouvertures est fréquemment utilisée.
À l’origine, les voilures étaient réalisées en soie et en coton. Puis, le Nylon, moins onéreux, est préféré pour ses caractéristiques de résistance et d’élasticité. Pour les voilures modernes, le Nylon est remplacé par le polyamide, qui possède des caractéristiques mécaniques supérieures. Certaines voilures de charge perdues à l’utilisation sont fabriquées dans des matériaux de remplacement: coton, rayonne, plastique, jute, papier, etc. Sur le périmètre extérieur de la voilure, et parfois sur sa face inférieure, des suspentes sont cousues. Elles servent de liaison entre la voilure et l’utilisateur quand le parachute est ouvert; certaines d’entre elles, reliées à des commandes, permettent de manœuvrer la voilure (déplacement horizontal, rotation, freinage). Le système de fixation au mobile peut varier, de l’étrier à billes pour les parachutes-freins d’avion aux harnais sophistiqués utilisés par le personnel. Ces harnais participent activement avec les suspentes et la voilure à l’absorption des efforts de décélération. À haute altitude ou à grande vitesse, mais aussi sur les parachutes sportifs modernes, des systèmes retardateurs: fourreau de voilure (Paulus, 1880), verrouillage de voilure (1943), sac à voile et glisseur dynamique sur les voilures de type «aile» (1972 environ) permettent de répartir cet effort de décélération sur un temps plus long, évitant les «pics» élevés de décélération, générateurs de blessures ou de dommages importants.
Pour protéger les voilures et les suspentes de l’humidité, des rayons ultraviolets, des insectes et des agents contaminants ou corrosifs, l’ensemble est rangé en bon ordre, respectant strictement un pliage déterminé, dans un logement adapté: un conteneur métallique pour les parachutes d’engins divers et de freinage d’avions, un sac en toile ou en Nylon pour ceux d’utilisateurs humains (Stevens; Broadwick, 1912).
L’ouverture des parachutes peut être automatique grâce à divers systèmes: sangle d’ouverture automatique (Stevens; Broadwick, 1912), système chronobarométrique (1943), mèche pyrotechnique à retard, système radiocommandé... Elle peut aussi être laissée à la discrétion de l’utilisateur (Pinot, 1911; Robert, 1914; Smith, 1919). Celui-ci, par une action manuelle, libère ou lance un petit parachute, appelé extracteur (Pinot, 1911). Ce système a été réactualisé sur les parachutes sportifs modernes avec des extracteurs souples, lancés à la main, de type «hand-deploy» ou «pull-out».
Les parachutes sportifs modernes sont équipés de voilures de type aile, aussi bien en voilure principale qu’en voilure de secours; ils constituent un ensemble dit «tout dans le dos», où le parachute principal et celui de secours sont superposés. L’ensemble pèse entre 9 et 15 kilogrammes, selon qu’il est destiné à un compétiteur ou à un élève.
Le fonctionnement du parachute est simple: lorsque l’ouverture est commandée, voilure et suspentes sont extraites du sac (sangle ou extracteur) et étirées jusqu’à être tendues; l’air s’engouffre alors dans la voilure, l’obligeant à s’ouvrir comme un parapluie. Au fur et à mesure de ce processus, la résistance aérodynamique augmente et freine l’ensemble parachute-mobile, jusqu’à ce que l’équilibre entre force de pesanteur et résistance aérodynamique soit atteint.
parachute [ paraʃyt ] n. m.
1 ♦ Cour. Appareil permettant de ralentir dans l'atmosphère la chute d'une personne qui saute ou d'un objet qu'on lance d'un aérostat ou d'un avion, de diminuer la vitesse d'un avion, etc. (⇒aussi parapente). Éléments d'un parachute : coupole ou voilure, composée de fuseaux et reliée au harnais par les suspentes. Toile de parachute. Parachute dorsal, ventral. Parachute servant de frein à un avion après l'atterrissage. Saut en parachute (⇒ parachutage, parachutisme) . Parachute mal plié qui ne s'est pas ouvert.
2 ♦ Techn. Dispositif de sécurité qui permet d'arrêter la chute accidentelle de la benne dans un puits de mine. — Horlog. Pièce qui protège des chocs l'axe du balancier d'une montre.
● parachute nom masculin Équipement destiné à ralentir la chute d'une personne ou d'une charge dans l'atmosphère ou bien le roulage d'un avion (parachute-frein) et constitué par une voilure, des suspentes et un harnais de fixation. Appareil de sécurité adjoint aux monte-charge et ascenseurs, pour arrêter la cabine en cas de rupture du câble. ● parachute (expressions) nom masculin Parachute éjecteur, parachute destiné à provoquer la sortie d'une charge hors de l'avion ou du missile porteur. Parachute extracteur, petit parachute destiné à sortir de son sac la voilure du parachute principal. Parachute à fentes, parachute dont la voilure possède des fentes qui orientent l'écoulement de l'air, provoquant ainsi une vitesse qui s'ajoute ou se retranche à celle du vent. Parachute à rubans, parachute dont la voilure est constituée de rubans concentriques ou perpendiculaires entre eux, surtout utilisé pour freiner les avions après leur atterrissage. Parachute à tuyères, parachute dont la voilure comporte des orifices orientables, permettant ainsi une variation du déplacement horizontal par dérivation du flux d'air. Parachute du type « aile », parachute dont la voilure rectangulaire double se raidit en formant un matelas d'air, obéissant alors aux mêmes principes aérodynamiques qu'une aile de planeur.
parachute
n. m. Appareil destiné à ralentir la chute des corps tombant d'une grande hauteur, constitué essentiellement d'une voilure en toile de soie ou de nylon, reliée à un système d'attaches entourant le parachutiste ou les objets à larguer.
⇒PARACHUTE, subst. masc.
A. —Appareil généralement constitué d'une voilure de toile susceptible de se déployer automatiquement ou sur commande et reliée à un harnais par des suspentes réparties sur son pourtour, destiné à ralentir la chute de personnes ou d'objets dans l'atmosphère. Parachute dorsal, ventral; parachute à ouverture automatique, à fentes; parachute de stabilisation, de réserve; parachute antivrille; toile, harnais, suspente de parachute; saut en parachute. M. Degen exécute son expérience aérostatique, la plus audacieuse qui ait été faite depuis celle du parachute (JOUY, Hermite, t.5, 1814, p.280). Et puis j'ai sauté, dit-il, j'ai mal sauté. Je me suis vu tourbillonner. J'ai craint, en l'ouvrant trop tôt, de m'entortiller dans mon parachute (SAINT-EXUP., Pilote guerre, 1942, p.293):
• ♦ Quel est cet amas de blancheur? (...) Il a la courbe d'une grandiose colonne vertébrale, les rayures des côtes gigantesques... Et c'est en réalité un immense parachute blanc, strié de noir.
TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p.403.
— P. métaph. Alors que deviendrez-vous sans mari? Ménagez donc le vôtre au même titre que vous soignez votre beauté, qui est après tout le parachute des femmes, aussi bien qu'un mari (BALZAC, Langeais, 1834, p.325).
— En parachute. À la manière d'un parachute qui descend. Les arbres se dégonflent et les feuilles tombent par-dessus bord et tournent en parachute (CENDRARS, Du monde entier, La Guerre au Luxembourg, 1916, p.109).
♦MÉD. Valve mitrale en parachute. Malformation de la valve mitrale dont les cordages convergent vers un pilier unique (d'apr. Méd. Flamm. 1975).
— AÉRONAUT. Parachute de queue. Petit parachute s'ouvrant derrière un avion à réaction et destiné à le freiner lors de son atterrissage ou de son appontage. (Ds Lar. encyclop.).
B. —P. anal. Dispositif de sécurité destiné à arrêter la chute des ascenseurs et des bennes dans les puits de mines en cas de rupture des câbles. Parachute à verrous, à arc-boutement, à friction, à câble. On s'est préoccupé, pour le cas de rupture du câble, des moyens de retenir la cage suspendue aux parois du puits (...). Le principe des parachutes est incontestablement salutaire (HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Exploitation mines, 1905, p.1094).
C. —HORLOG. Pièce destinée à empêcher que l'axe du balancier d'une montre ne ressente les chocs violents qui pourraient le rompre. Ce vice que nous signalons fait qu'on se garde bien de mettre des parachutes aux chronomètres (CHESN. t.2 1858).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist.1. 1784 «appareil permettant de ralentir la chute d'une personne ou d'un objet qui tombe d'un aérostat» (J. MONTGOLFIER, lettre, 24 mars ds Annales chim. et phys., t.31, messidor an VII [1799], p.270); 1785 (Mémoires secrets, XXIX, 238, 31 août ds ZASTROW, p.57); 2. 1832 horlog. (RAYMOND); 3. 1858 «dispositif de sécurité qui permet d'arrêter la chute accidentelle de la benne dans un puits de mine» (CHESN.). Comp. de para-2 et de chute. Fréq. abs. littér.:45.
parachute [paʀaʃyt] n. m.
ÉTYM. 1777, Mémoires secrets, Bachaumont; composé, sur le modèle de parasol, de 2. para-, et de chute.
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1 Cour. Appareil muni d'un dispositif (de nos jours, une coupole d'étoffe) capable de se déployer en l'air et permettant de ralentir la chute d'une personne qui saute, d'un objet qu'on lance à partir d'un aérostat ou d'un avion, de diminuer la vitesse d'un avion, etc. || Éléments d'un parachute : coupole ou voilure, composée de fuseaux et reliée au harnais (dossard, élévateurs, commande d'ouverture…) par les suspentes. || Parachute dorsal, ventral. || Parachute à ouverture automatique. || Parachute à tuyères. || Parachute adapté à un siège éjectable, à une cabine largable. || Parachute à personnel, à matériel. || Parachute-frein, parachute anti-vrille, pour freiner un avion à l'atterrissage, le stabiliser. || Parachute utilisé pour ralentir la chute d'une bombe, récupérer un cône de fusée. || Saut en parachute. || Sport du saut en parachute. ⇒ Parachutisme, parachutiste. || Le parachute, instrument d'acrobatie et de sauvetage. || Utilisations militaires du parachute (⇒ Parachutage, parachutiste). — Faire parachute, se déployer comme un parachute et freiner une chute.
1 Le ballon se dégonflait de plus en plus, et sa concavité, faisant parachute, resserrait le gaz contre les parois et en augmentait la fuite !
J. Verne, Un drame dans les airs, p. 201.
2 Il existe (…) des formes très variées de parachutes et ses emplois sont de plus en plus nombreux et diversifiés. Outre la fonction de ralentissement de la descente, le parachute s'est d'autre part, tellement incorporé à l'avion qu'il est devenu sur certains appareils aussi indispensable que le train d'atterrissage ou les volets de courbure.
J. Pellandini, le Parachute, p. 31.
2 Techn. Dispositif de sécurité qui permet d'arrêter la chute de la benne dans un puits de mine en cas de rupture des câbles.
♦ Horlog. Pièce qui protège contre les chocs l'axe du balancier d'une montre.
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DÉR. Parachuter, parachutisme, parachutiste.
COMP. V. Parapente.
Encyclopédie Universelle. 2012.