1. sac [ sak ] n. m.
• 1050 « étoffe grossière »; lat. saccus, gr. sakkos, d'o. sémitique
I ♦
A ♦
1 ♦ (1120) Contenant formé d'une matière souple pliée, assemblée, et ouvert seulement par le haut. ⇒ 1. poche. Grand, petit sac (⇒ sachet) . Sac pour l'emballage, le transport. L'entrée, l'ouverture, le fond d'un sac. Sac bourré jusqu'à la gueule. Sac à deux poches. ⇒ besace, bissac. Oreilles d'un sac. Remplir, vider un sac. Mettre en sac. ⇒ ensacher. Sac de jute, de toile (⇒ 2. balle) . Toile à sac. Sac en papier; sac en matière plastique, et fam. sac plastique. Sac à poignées. — Sac à blé, à patates, destiné à recevoir du blé, etc. (1830) Vx Sac à papier ! (juron).— Sac de charbon, de noix, de plâtre, contenant effectivement du charbon, etc. Sac de pommes de terre; fig. fille grosse et informe. — Sac de sable, de terre, servant de matériaux pour édifier une fortification, soutenir une tranchée, protéger un emplacement. — Sac de sable, servant à l'entraînement des boxeurs. Fam. (arg. des aviateurs) Passager d'un avion.
♢ Sacs postaux, dans lesquels on transporte les lettres.
♢ Sac poubelle.
♢ Sac d'argent, de pistoles. ⇒ 1. bourse, escarcelle. — Fam. et vieilli Le sac : l'argent, la richesse. Avoir le gros sac : être riche. Épouser le gros sac : épouser une femme riche, faire un riche mariage. « Votre demoiselle est charmante... A-t-elle le sac ? Cela veut dire en langage des halles : “A-t-elle de l'argent ?” » (Nerval). — Somme de dix francs (mille anciens francs). Ce voyage coûte entre huit cents sacs et une brique, entre huit et dix mille francs.
♢ Enfermer qqn dans un sac. — Course en sac : jeu où les concurrents, les jambes et une partie du corps enfermés dans un sac, s'efforcent d'avancer en sautant. — Loc. fig. (par allus. au sac dans lequel on enfermait certains malfaiteurs) Hommes, gens de sac et de corde, malfaiteurs, scélérats.
2 ♦ Par anal. Ce vêtement ressemble à un sac : il est très mal coupé, sans forme. Être fagoté, ficelé comme un sac, très mal habillé (cf. Être fichu comme l'as de pique).
♢ Ce qui est gonflé, informe comme un sac plein. « Il tapa sur les gros sacs que faisaient ses poches » (Ramuz).
♢ Par appos. Robe sac, sans taille marquée.
3 ♦ SAC DE COUCHAGE : sac fait de duvet (⇒ duvet, I, 2o) , ou d'un matériau synthétique isolant, dans lequel on se glisse pour dormir en camping.
4 ♦ Loc. Mettre dans le même sac : confondre, englober deux ou plusieurs individus (ou groupes) dans une même réprobation, un même mépris. — Prendre qqn la main dans le sac, le surprendre, le prendre sur le fait.
♢ Fam. Sac d'embrouilles, sac de nœuds : affaire confuse, embrouillée.
♢ Sac à vin : ivrogne. « Chenapans, sacs à vin » (Jarry). — Sac à malices (d'un prestidigitateur). Avoir plus d'un tour dans son sac : être très malin.
5 ♦ Relig. Le sac et la cendre : la pénitence.
B ♦ (fin XVIe)
1 ♦ Objet souple, fabriqué pour servir de contenant, où l'on peut placer, ranger, transporter diverses choses. ⇒ banane, gibecière, 1. musette, sacoche. Sac de soldat, de fantassin (⇒ havresac) , de chasseur (⇒ carnier) . Sac à dos. Sac d'alpiniste, de scout, de campeur : sacs portés sur le dos à l'aide d'un système d'attaches (bretelles). Partir sac au dos. Mettre le sac à terre. « Le sac c'est la malle et même c'est l'armoire. Et le vieux soldat connaît l'art de l'agrandir, quasi miraculeusement » (Barbusse). — Sac marin (de marin).— Sac de plage, pour mettre les maillots de bain, les serviettes. Sac de sport.
♢ Sac à ouvrage (en toile, en tapisserie),où l'on range le nécessaire à couture, le tricot. — Sac à provisions (⇒ cabas) .
♢ Sac de nuit (vieilli), sac de voyage : bagage à main souple et sans couvercle (à la différence de la valise). Sac de voyage en cuir. « Le sac de nuit, le sac de voyage, le petit paquet, avec lequel il est seulement possible de fuir Paris » (Goncourt). Grand sac. ⇒ fourre-tout.
2 ♦ SAC À MAIN, et absolt SAC : accessoire de la toilette féminine, destiné à contenir l'argent, les papiers, les fards. ⇒région. sacoche. Porter son sac en bandoulière. Sac en crocodile (en croco). Poignée, fermoir d'un sac à main. Sac sans poignée ni bandoulière. ⇒ pochette. Petit sac en tissu. ⇒ réticule.
3 ♦ Serviette, cartable (dans le lang. des écoliers). « elle ira en quatrième [...] et quittera le sac (la serviette) pour quatre livres noués par une sangle » (Cocteau).
4 ♦ Vx Dossier, portefeuille contenant les pièces d'un procès. — Mod. Loc. L'affaire est dans le sac : le succès de l'entreprise est assuré, certain. « Tu as bon espoir ? — Je t'ai déjà dit que c'était dans le sac » (Simenon).
C ♦ Contenu d'un sac. Moudre cent sacs de blé, un sac de café. — Spécialt Contenu d'un sac de dimension déterminée, servant de mesure (pour les grains). — Mar. Le sac du marin : ensemble des effets réglementaires et objets personnels du marin (contenus en principe dans le sac).
II ♦ Fig.
1 ♦ Vx L'estomac, le ventre. S'en mettre plein le sac (cf. S'en mettre plein la lampe). — Mod. Loc. fam. Vider son sac : dire le fond de sa pensée; avouer une chose que l'on tenait cachée.
2 ♦ Sc. nat. Cavité ou enveloppe en forme de poche, de sac. ⇒ follicule, saccule, vésicule, vessie. Sac lacrymal, à l'angle extrême de l'œil. Sac herniaire. Sacs aériens, de l'appareil respiratoire des oiseaux. Bot. Sac embryonnaire : partie de l'ovule des angiospermes qui correspond au prothalle des cryptogames.
sac 2. sac [ sak ] n. m.
• 1420; it. sacco, dans l'expr. mettere a sacco (XIVe); de l'a. all. Sakman « pillard, brigand », de Sak « 1. sac »
♦ Pillage (d'une ville, d'une région). ⇒ pillage, saccage. Le sac de Rome. Mettre à sac : piller, saccager. « La foule s'en prit au magasin, éventra la caisse et mit à sac les étalages » (Courchay). Mise à sac.
● sac nom masculin (latin saccus, du grec sakkos) Contenant fait de matières diverses, indépendant, ouvert seulement par le haut : Un sac de toile. Sac à charbon. Sac poubelle. Son contenu : Moudre un sac de blé. Accessoire du vêtement féminin ou masculin, à usage utilitaire (rangement de petits objets personnels) et esthétique. (On dit aussi sac à main.) Populaire. Somme de mille anciens francs : J'ai payé ce livre dix sacs. Nom donné à plusieurs cavités de l'organisme (par exemple sac lacrymal). Familier. En Suisse, imbécile ; bêta. ● sac nom masculin (italien sacco) Littéraire Dévastation et pillage d'une ville prise ; massacre de ses habitants. ● sac (expressions) nom masculin (italien sacco) Littéraire Mettre à sac, piller un endroit quelconque de ce qu'il contient. ● sac (homonymes) nom masculin (italien sacco) Littéraire sa(c)que forme conjuguée du verbe sa(c)quer sa(c)quent forme conjuguée du verbe sa(c)quer sa(c)ques forme conjuguée du verbe sa(c)quer ● sac (synonymes) nom masculin (italien sacco) Littéraire Dévastation et pillage d'une ville prise ; massacre de ses habitants.
Synonymes :
- dévastation
- pillage
- razzia (familier)
- saccage
● sac (citations)
nom masculin
(latin saccus, du grec sakkos)
Nicolas Boileau, dit Boileau-Despréaux
Paris 1636-Paris 1711
Dans ce sac ridicule où Scapin s'enveloppe,
Je ne reconnais plus l'auteur du Misanthrope.
L'Art poétique
Lucien de Samosate
Samosate, Syrie, vers 125-vers 192
L'étiquette ne doit pas être plus grosse que le sac.
Éloge de Démosthène, 10
● sac (difficultés)
nom masculin
(latin saccus, du grec sakkos)
Orthographe
On écrit avec le complément toujours au singulier : un sac à main, des sacs à main ; un sac à malice, des sacs à malice. - On écrit avec le complément toujours au pluriel : un sac à provisions, des sacs à provisions.
On écrit sans trait d'union : un sac poubelle, des sacs poubelles.
● sac (expressions)
nom masculin
(latin saccus, du grec sakkos)
Familier. L'affaire est dans le sac, elle est pratiquement réglée, le succès est assuré.
Littéraire. Homme de sac et de corde, scélérat.
Mettre dans le même sac, confondre dans le même mépris, la même réprobation.
Robe sac, robe droite, sans pinces à la taille.
Sac à dos, de montagne, sac de toile muni de sangles et d'une armature, utilisé par les campeurs, les alpinistes.
Familier. Sac à viande, enveloppe de tissu fin isolant le campeur de son sac de couchage.
Familier. Sac d'embrouilles, sac de nœuds, affaire très compliquée.
Sac à malice, individu dont l'esprit est fécond en expédients ingénieux.
Sac à papier !, juron burlesque.
Familier. Sac à vin, ivrogne.
Sac de voyage, bagage à main, à large ouverture munie d'une fermeture à glissière, avec deux poignées et, éventuellement, une bandoulière.
● sac (homonymes)
nom masculin
(latin saccus, du grec sakkos)
sa(c)que
forme conjuguée du verbe sa(c)quer
sa(c)quent
forme conjuguée du verbe sa(c)quer
sa(c)ques
forme conjuguée du verbe sa(c)quer
sac
n. m.
rI./r
d1./d Poche en toile, en papier, en cuir, etc., ouverte seulement par le haut.
— Sac à blé: sac destiné à contenir du blé. Sac de blé, contenant du blé.
|| Sac à malice(s): sac d'où les escamoteurs tirent les objets de leurs tours.
— Avoir plus d'un tour dans son sac: être fertile en expédients.
|| Mettre dans le même sac: confondre dans la même appréciation, dans la même réprobation.
|| Prendre qqn la main dans le sac, en flagrant délit.
rII./r
d1./d Nom de divers objets en matière souple, servant de contenant. Sac de voyage, à provisions.
— Sac à main: sac de femme, servant à contenir les papiers, le maquillage, etc. Syn. (Belgique, Québec) sacoche.
|| Sac à dos: sac que l'on porte sur le dos, maintenu par deux bretelles.
— (Polynésie fr.) Fam. Touriste peu fortuné fréquentant gîtes et pensions de famille.
|| Sac de couchage: sac en toile ou en matériau isolant, dans lequel on se glisse pour dormir, utilisé par les campeurs, les alpinistes, etc.
d2./d Loc. fig., Fam. L'affaire est dans le sac, le succès en est assuré.
— Vider son sac: dire tout ce qu'on a sur le coeur.
rIII/r Contenu d'un sac. Gâcher un sac de plâtre.
rIV./r ANAT Cavité, enveloppe organique. Sac lacrymal, herniaire.
|| BOT Sac embryonnaire: partie de l'ovule des angiospermes qui contient le gamète femelle.
|| ZOOL Sacs aériens: réservoirs d'air qui prolongent les bronches d'un oiseau ou qui sont en relation avec les trachées d'un insecte.
————————
sac
n. m. Pillage. Le sac d'une ville.
|| Mettre à sac (un lieu), le piller.
I.
⇒SAC1, subst. masc.
I. — [Désigne un contenant]
A. — 1. Contenant fait d'une matière souple mise en double et assemblée sur les côtés et le fond, la partie supérieure étant seule ouverte. Synon. poche, sachet, sacoche. Elle mangeait lentement les marrons et jetait sans cesse un coup d'œil au fond du sac comme pour voir s'il en restait toujours (MAUPASS., Bel-Ami, 1885, p. 306). Il ne voulait pas partir que les semailles ne fussent faites (...) les poignées de grains volaient en faisant lueur. Et le semeur revenait vers le sac debout au coin de la haie qui se vidait peu à peu (POURRAT, Gaspard, 1925, p. 64).
♦ Sac à + subst. (désignant le contenu). Sac à blé, à farine, à charbon, etc. Sac destiné à recevoir, à contenir du blé, de la farine, etc. Un jeune garçon de seize à dix-huit ans s'occupait incessamment à remplir, à allumer et à nettoyer le chibouk du maître. Il portait à la ceinture un sac à tabac, brodé d'or et de perles fines (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 81).
♦ Sac de + subst. (désignant le contenu). Sac de blé, de bonbons, de cerises, de grains, etc. Sac contenant du blé, des bonbons, des cerises, des grains, etc. Il y a de la neige (...) et tous les rugissements ne remplaceraient pas un sac de charbon (BLOY, Journal, 1899, p. 319).
♦ Sac de/en + subst. (désignant la matière dont le sac est fait). Le jeune avocat se plaisait à jouer avec le riche chapelet contenu dans un petit sac en velours vert (BALZAC, Double fam., 1830, p. 271):
• 1. ... avec d'infinies précautions, M. Lavoine sortait de sa poche un petit sac de peau. Dans le sac de peau, il y avait un sac de velours et, dans le sac de velours, un sac de soie et, dans le sac de soie, une petite boule d'ivoire. Elle était sculptée à jour, très délicatement.
DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 231.
♦ Sac de terre, sac à terre. Sac rempli de terre ameublie et servant de matériaux pour établir des fortifications provisoires, pour soutenir des tranchées, pour protéger du feu de l'ennemi. Les sacs à terre [dans la bataille de mouvement], faciles à déplacer, sont toujours préférables [aux abris creusés] (PALOQUE, Artill., 1909, p. 383).
♦ Sac (de sable) (sports (boxe)). ,,Sac en grosse toile, rempli de sable et recouvert de cuir, sur lequel le boxeur frappe à l'entraînement`` (PETIOT 1982). Domitien Van Bergen était un homme méthodique. Il se levait à l'aube, s'en allait une heure, au fond de son jardin, lutter avec des haltères, des punching-balls et des sacs de sable (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 82).
♦ Sacs postaux. Sacs servant au transport des lettres. Parmi les passants ignorants, je promenai une jeune ferveur. J'étais fier de coudoyer ces inconnus avec mon secret au cœur. Ils m'ignoraient, ces barbares, mais leurs soucis, mais leurs élans, c'est à moi qu'ils les confieraient au lever du jour avec la charge des sacs postaux (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p. 145).
♦ Sac poubelle. Sac en matière plastique ou en papier remplaçant les poubelles traditionnelles ou doublant les poubelles ménagères. Selon les services des villes et communes qui ont adopté les sacs poubelles, les avantages sont considérables: propreté, bruit, odeurs, imperméabilité, travail du personnel (LEMAIRE Envir. 1975).
— P. anal. (de couleur)
♦ Sac à charbon, sac à carbi (pop., vx). Prêtre en soutane. Synon. corbeau. Le prêtre (...) [ces enfants] l'appelleront corbeau ou, d'un mot plus à la mode en ce moment:sac à charbon (Le Figaro, août 1884 ds FUSTIER, Suppl. dict. Delvau, 1889, p. 579).
♦ ASTRON. Sac à charbon. Espace du ciel, dans l'hémisphère austral, sans étoiles:
• 2. Sous ces latitudes, la Croix du Sud est maîtresse de l'hémisphère. Le sac à charbon se situe exactement au-dessous (...) Il y a là une poche noire. Et plus on la contemple, plus elle semble profonde. C'est un tel abîme hypnotique et d'un noir si intense, qu'il prend du recul, détache, donne du relief à toutes les étoiles en fission qui flambent pour un instant au premier plan...
CENDRARS, Lotiss. ciel, 1949, p. 210.
— Loc. fig. Tirer d'un sac deux moutures. V. mouture.
— P. euphém. [Juron remplaçant sacré] Sac à papier! Sac à laine! (vx), sac à ficelles! C'était pour lui trop de contrainte que de rester une demi-heure sans allumer son cigare, sans faire de grimaces, et sans proférer à chaque phrase son jurement favori, sac à papier! (SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 308).
SYNT. Sac de/en bure, caoutchouc, chanvre, cuir, jute, papier, tissu, toile; sac à café, fruits, glace, grains, pansements, plombs, raisins; sac de/d'argent, billes, ciment, dragées, écus, farine, graines, marrons, moules, noix, plâtre, plumes, pommes, pommes de terre, pralines, semence, son; toile à sac; sac plein, rempli, vide; sac crevé, éventré; sac bourré, énorme, gonflé, volumineux; sac pour l'emballage, le transport; expédier un sac; mettre en sac; charger, (r)emplir, fermer, lier, manipuler, porter, soulever, vider un sac; entrée, fond, oreilles, ouverture d'un sac; grand, gros, petit sac.
2. P. anal.
a) [Avec la forme, avec l'aspect gonflé d'un sac rempli] Il tapa sur ses poches, il tapa sur les gros sacs que faisaient ses poches, en bas et de chaque côté de sa veste (RAMUZ, Gde peur mont., 1926, p. 103).
— Fam. Sac de pommes de terre. Protubérance musculaire sur le biceps. Son mari, un tout jeune homme (...) frêle et charmant dans une veste de chasse dont le coutil laissait apercevoir aux biceps le sac de pommes de terre du savetier (E. DE GONCOURT, Élisa, 1877, p. 111).
— HIST. DE L'ANGLETERRE. Sac de laine. Coussin qui sert de siège au président de la Chambre des Lords. S'il arrivait en ce pays qu'un homme tenant le pouvoir (...) fît du sac de laine l'oreiller de son corps de garde (...) qu'est-ce que le peuple anglais ferait à cet homme? (HUGO, Actes et par., 2, 1875, p. 201).
— MAR. [En parlant d'une voile] Faire le sac. Se gonfler sous l'action du vent. Une voile qui fait le sac est très défavorable pour la navigation au plus près (SOÉ-DUP. 1906).
b) [Avec la forme droite, rectangulaire d'un sac vide] Vêtement droit, sans forme marquée. J'ai longuement considéré les baigneuses. Il faut que le genre humain soit devenu complètement imbécile pour perdre jusqu'à ce point toute notion d'élégance. Rien n'est plus pitoyable que ces sacs où les femmes se fourrent le corps (FLAUB., Corresp., 1853, p. 290). En appos. Paletot, robe sac. Paletot, robe sans taille marquée. Mon époux, M. Grospré, rencontra devant la boutique de Girard un personnage dont l'aspect était fort singulier (...) il avait une espèce de paletot sac (...) un pantalon à pied extrêmement large (KOCK, Âne M. Martin, 1862, p. 55).
— [En signe de pénitence, sac étant associé à cendre] Vêtement simple fait de grosse toile. Porter le sac et la cilice, le sac et la cendre. L'humilité, vêtue d'un sac, les reins ceints d'une corde, les pieds nus, le front couvert de cendre (...) devint une des premières vertus du fidèle (CHATEAUBR., Génie, t. 1, 1803, p. 84). On aurait vu pleurer Ninive, et Tyr descendre De son trône, et Sidon vêtir le sac de cendre (HUGO, Fin Satan, 1885, p. 855).
c) [Avec la fonction du sac qui est de contenir, d'envelopper qqc.]
♦ Sac de couchage, sac à viande (arg. milit., pop.). Enveloppe (de toile, de coton) cousue à un bout et sur les côtés remplaçant les draps. Quand on se réveillait le matin, tout était raide, le sac à viande, la couverture (...) les godillots surtout (VIALAR, Morts viv., 1947, p. 79).
Arg., SPORTS. Sac de couchage, sac à puces. Sac fait d'un matériau isolant muni d'une fermeture à glissière (permettant d'ouvrir un côté et le fond) et souvent d'un capuchon, utilisé par les campeurs, les alpinistes pour dormir. Les sacs de couchage destinés aux alpinistes doivent être chauds, légers et solides. Les meilleurs sacs sont faits d'un duvet de très bonne qualité: les autres matériaux, laine ou produits synthétiques, ne sont pas suffisamment isothermiques (GAUTRAT 1970).
♦ Course en sac. Jeu dans lequel les concurrents, le corps enfermé dans un sac et la tête seule dépassant, doivent avancer le plus rapidement possible en sautillant. Chaque cabaret organisait un jeu spécial pour attirer les clients. Ici, une course en sacs, les concurrents obligés de courir les pieds et les jambes contenus dans un sac, sautant, roulant et culbutant (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 109).
— Loc. fig.
♦ [P. réf. au sac dans lequel on enfermait les malfaiteurs avant de les noyer] Hommes, individus, gens de sac et de corde. Scélérat, canaille digne d'être noyé(e) dans un sac. Je ne pouvais m'empêcher de sourire en les suivant des yeux, ceux-là..., ces diables-là..., funambules de la calade qui à chaque palier grouillaient, bossus, cagneux, mendiants, lépreux, avec femmes et enfants de sac et de corde, véritable cour des miracles (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 133).
♦ Avoir la tête dans un sac (fam., vx). Être dans l'ignorance totale, ne rien comprendre, ne rien savoir de quelque chose, d'une situation. Mon frère avait, comme on dit, la tête dans un sac en arrivant dans un pays si différent du sien (J. DE MAISTRE, Corresp., 1809, p. 355).
♦ Mettre au sac (pop., vx). Mettre dans l'embarras, dans une situation délicate, périlleuse; mettre en danger. [Je vais] battre en brèche leur industrie [des voleurs] (...) la mettre au sac (VIDOCQ, Mém., t. 4, 1828-29, p. 58).
♦ Prendre qqn la main dans le sac (fam.). Prendre quelqu'un sur le fait; prendre quelqu'un en flagrant délit de vol ou en train de commettre un acte délictueux, répréhensible. J'ai été obligé de le chasser parce que je l'ai pris plusieurs fois la main dans le sac, et qu'il volait par trop impudemment (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 652):
• 3. ... il revenait à son projet (...) de rendre méprisable sur la place de Paris l'homme vertueux et honorable par lequel il avait été pris la main dans le sac (...) tout est réparable. Mais avoir été saisi en flagrant délit de lâcheté?... le duel qui s'ensuit entre le criminel et le témoin du crime ne se termine que par la mort de l'un ou de l'autre.
BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 282.
d) ANAT. Cavité en forme de poche, ayant généralement une ouverture étroite et contenant fréquemment un liquide. Sac aérien, branchial, membraneux, pulmonaire. [Les poumons] émettent de larges sacs à parvis très minces et remplis d'air (COUPIN, Animaux de nos pays, 1909, p. 60). [Le corps de l'os hyoïde] contient des sacs, communiquant avec le larynx (E. PERRIER, Zool., t. 4, 1932, p. 3393).
— Sac herniaire. ,,Poche formée par la partie du péritoine à l'intérieur de laquelle se trouve le contenu herniaire`` (Méd. Biol. t. 3 1972). Ce microbe se trouve seul ou associé dans la sérosité des sacs herniaires (LEMIERRE, WIDAL ds Nouv. Traité Méd. fasc. 3 1927, p. 242). Sac lacrymal. Canal cylindrique, situé à l'angle extrême de l'œil, fermé en haut en cul de sac et s'ouvrant en bas dans le canal lacrymo-nasal. Ablation, inflammation, tuméfaction du sac lacrymal. Il se reprit à pleurer de plus belle. Pleurer devant ses gens! (...) il fallait que l'arme du bon Ayvaz, en tranchant le canal nasal, eût ébranlé le sac lacrymal et les tubercules eux-mêmes (ABOUT, Nez notaire, 1862, p. 83). Sac vocal. ,,Renflement, poche que certains singes et amphibiens anoures portent sous la gorge`` (Animaux 1981).
— BOT. Sac embryonnaire. [Chez les Angiospermes] Partie de l'ovule comprenant l'oosphère qui après fécondation donnera l'œuf. Des tissus (...) chez les végétaux supérieurs, se forment dans le sac embryonnaire de l'ovule et précèdent le développement germinatif du nouvel individu (BERGSON, Évol. créatr., 1907, p. 108). Sac pollinique. ,,Poche portée par les étamines contenant les cellules mères des grains de pollen`` (LEND.-DELAV. Biol. 1979). Dans une fleur de moutarde parasitée (...) l'anthère peut présenter un nombre anormal de sacs polliniques (PLANTEFOL, Bot. et biol. végét., t. 1, 1931, p. 409).
3. P. méton.
a) Pop. Somme d'argent importante; fortune, richesse. Voilà trois ans que je casque, et j'étais prête à continuer. J'ai même offert le gros sac à Mercier pour lui racheter le dossier (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 471):
• 4. Il y a des femmes (...) qui, se croyant trompées, se défendent avec leur cœur, avec leurs larmes, avec leur douleur (...) Mais il en est d'autres pleines de sang-froid (...) qui se contentent d'étendre le bras et de mettre la main sur l'argent (...) sur le sac!
LABICHE, Ptes mains, 1859, II, 15, p. 73.
♦ Arg., pop. Avoir le sac. Être riche. Par exemple, c'est ça qui m'est égal! cria-t-elle en éclatant de rire. Est-ce que mon petit Mufe n'a pas le sac! (ZOLA, Nana, 1880, p. 1440).
♦ [Avec un numéral et gén. dans des comptes ronds] Billet, somme de mille francs. Quatre-vingt-quinze kilos [d'or] à cinq cents sacs, ça faisait quarante-sept briques et demie (SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 204).
b) Fam. Sac d'écus (vieilli), sac. Personne fortunée, riche. L'usage n'était point alors général [au 17e siècle] de marier un sac d'écus avec un sac d'écus (NERVAL, Nouv. et fantais., 1855, p. 199).
♦ Se marier, épouser le (gros) sac. Faire un riche mariage, se marier avec quelqu'un de fortuné. Ceux qui prétendaient qu'elle avait épousé un sac, ou bien que le fils Schoudler avait voulu vieillir l'or bancaire de son blason autrichien, étaient également dans l'erreur. Ce mariage n'avait été qu'un mariage d'amour (DRUON, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 41).
B. — 1. Contenant souple qui sert à ranger et/ou à transporter diverses choses. Par quelle complication ai-je, hier, en descendant du train, refusé mes bagages au porteur, tenant à trimbaler moi-même ma lourde valise et le gros sac jusqu'à la voiture (GIDE, Journal, 1935, p. 1239). À ses pieds, un sac jaune dont le cuir se fendillait par endroits était bourré au point de ressembler à une sphère. Au bout d'un instant, il (...) allongea une grande main vers le sac qu'il déplaça sans bruit de quelques centimètres (GREEN, Moïra, 1950, p. 1).
♦ Sac de nuit (vieilli), sac de voyage. Bagage à main souple généralement de forme allongée et arrondie. Il nous a fourni pour tapissier un de ses amis (...) qui vient travailler apportant ses outils dans un sac de voyage (GONCOURT, Journal, 1868, p. 470). Je le trouvai en train d'empiler méticuleusement dans un sac de nuit des objets de toilette, du linge de jour et une chemise de nuit (G. LEROUX, Parfum, 1908, p. 12).
♦ Sac à dos. Sac de toile, muni de bretelles permettant de le porter sur le dos. Synon. sac tyrolien. Les « équipes volantes » [dans le Vercors] entraient en action trois par trois transportant dans leur sac à dos des livres, des textes, des marchandises considérées dans ce temps par l'ennemi comme aussi dangereuses que des explosifs (CACÉRÈS, Hist. éduc. pop., 1964, p. 138).
♦ Sac à ouvrage. Sac (en toile, en tapisserie) renfermant l'ensemble du matériel de couture. Sur sa tête déjà chauve, car il pouvait bien avoir cinquante ans, se trouvait placé un chapeau de femme, et il portait à son bras un sac à ouvrage (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 1, 1859, p. 485).
♦ Sac à provisions. Sac qui sert à transporter les achats faits pour le ménage. Synon. cabas. La vieille demoiselle sortait des bas d'un sac à provisions et les mettait à sécher à même le poêle (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 28).
♦ Sac de plage. Sac servant à transporter les maillots et les draps de bain. J'ai aperçu (...) tout au bout de la plage (...) deux Arabes en bleu de chauffe (...). Masson a demandé comment ils avaient pu nous suivre jusque-là. J'ai pensé qu'ils avaient dû nous voir prendre l'autobus avec un sac de plage (CAMUS, Étranger, 1942, p. 1162).
— Loc. fig., fam.
♦ Mettre sac à terre. Débarquer; p. ext., faire grève (d'apr. LE CLÈRE 1960). C'était mon dernier voyage à bord du Volturno à destination de New-York, où je devais mettre sac à terre et quitter le bord (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 248).
♦ Trousser, prendre son sac et ses quilles (vx). Prendre ses affaires et s'en aller. (Dict. XIXe et XXe s.). Donner, flanquer, ficher son sac à qqn; donner à qqn son sac et ses quilles. Congédier une personne, la mettre à la porte. [Lemploy] était absent (...) le jour où les patrons (...) ont flanqué leur sac à deux des contremaîtres (TOULET, Nane, 1905, p. 198).
♦ Mettre, fourrer dans le même sac. Englober dans un même mépris, dans la même appréciation. Bourgeois et socialistes sont à fourrer dans le même sac. La France succombe sous une immense bêtise (FLAUB., Corresp., 1871, p. 259). L'opinion a tôt fait de loger dans le même sac une femme qu'on courtise et une femme qui a succombé (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p. 174).
— Sac au dos! [Commandement militaire pour donner le signal du départ] Un coup de sifflet les interrompt. « Rompez les faisceaux! La colonne repart! » — « Sac au dos! Debout, là-bas! Sac au dos! » (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 738).
SYNT. Sac de fantassin, de matelot, de militaire, de soldat; sac d'artiste, de peintre; sac alpin, tyrolien; sac d'alpiniste, de bivouac, de campeur, de randonnée, de scout, de varappe; sac de pêche; sac à gibier; sac à outils; sac à plusieurs poches, à soufflet; boucler, déballer, porter un sac; mettre qqc. dans un sac; sortir, tirer qqc. d'un sac; faire son sac; bretelles, courroies d'un sac.
2. Sac à main, et, absol., sac. Accessoire de la toilette féminine, porté à la main ou en bandoulière, qui sert à ranger divers objets personnels. Sac en/de cuir, en crocodile; sac brodé; sac du soir; fermeture, poignée d'un sac. Tu as oublié ton sac (...) et il le lui lança. Le sac se vida sur le trottoir et Marguerite se mit à genoux pour ramasser son argent, son peigne, son rouge à lèvres (NIZAN, Conspir., 1938, p. 215):
• 5. J'offrirais à Zaza, pour sa fête, un sac que je confectionnerais de mes mains. J'achetai une soie rouge et bleue, brochée d'or, qui me parut le comble du luxe; d'après un patron de la Mode pratique, je la montai sur une armature de sparterie et je doublai la pochette avec du satin cerise...
BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 121.
3. Vieilli. Sac (d'écolier, d'école). Synon. de cartable, sacoche, serviette. L'année prochaine, elle ira en quatrième (...) quittera le sac (la serviette) pour quatre livres noués par une sangle et un carré de tapis (COCTEAU, Enfants, 1929, p. 8).
4. Vx. Sac de procès, ou, absol., sac. Dossier contenant toutes les pièces d'un procès. Madame Violante s'était mariée (...) à un avocat (...) Ce bonhomme préférait à sa moitié ses sacs de procès qui n'étaient point faits comme elle (A. FRANCE, Contes Tournebroche, 1908, p. 101).
— Loc. fig.
♦ Sac de nœuds, sac d'embrouilles. Affaire très compliquée, confuse. Le type qui l'accompagnait, on finira par le trouver. On a le témoignage de la dame qui logeait dans l'appartement où ils avaient installé leur canon. Tu vois qu'on va finir par y voir clair, dans ce sac de nœuds (J. HOUSSIN, À la santé du Dobermann!, Paris, Fleuve noir, 1982, p. 195). En pleine nuit il faut toujours faire attention à ce qu'on dit. Le soleil arrive presque toujours ensuite et le jour se lève sur un sac d'embrouilles (P. DJIAN, Zone érogène, 1986 [1984], p. 7 ds BERNET-RÉZEAU 1989).
♦ Condamner, juger sur l'étiquette du sac (vx). Condamner, juger sur les apparences. (Dict. XIXe et XXe s.).
♦ Montrer, voir, livrer le fond du sac (vieilli). Montrer, livrer les pièces les plus secrètes d'un procès; p. ext., livrer ce qui est/doit être tenu secret. Notre vie à tous les trois va être bien étroite, et (...) trois ou quatre mille francs de rentes de plus me feraient du bien (...). Tu vois que je t'ouvre « le fond du sac » comme à un ami (FLAUB., Corresp., 1875, p. 206). [Daudet] me confie que dans cette marche, Zola a soudainement montré le fond de son sac, avoué sa jalousie contre moi et laissé éclater sa mauvaise humeur contre Bourget (GONCOURT, Journal, 1886, p. 561).
♦ L'affaire est dans le sac (fam.). L'affaire est pratiquement réglée (avec succès). Petite sotte, ne vois-tu pas que l'affaire est dans le sac, que le vieux t'épousera alors que ton gigolo aura tôt fait de te renvoyer au trottoir? (MAURIAC, Chair et sang, 1920, p. 146).
♦ Vider son sac (fam.)
Vx. Être à bout d'inspiration, au bout du rouleau. Canalis avait, selon la pittoresque expression des journalistes, vidé son sac; il se sentait incapable d'inventer une nouvelle forme de poësie; sa lyre ne possède pas sept cordes, elle n'en a qu'une (BALZAC, Modeste Mignon, 1844, p. 60).
Usuel. Dire, de manière directe et sans ménagement, ce que l'on a sur le cœur; avouer des faits tenus cachés jusque là. De vous à moi, et pour vider mon sac, et pour me confesser à mon pasteur comme il convient, je vous avoue que j'ai du bon sens. Je ne suis pas fou de votre Jésus qui prêche à tout bout de champ le renoncement et le sacrifice (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 41).
♦ En faire un sac (arg.). En faire une histoire. Au fait tu m'dois cent sacs j'en fais pas un sac (RENAUD, Mistral gagnant, Paris, éd. Le Seuil, 1988, p. 108 ds BERNET-RÉZEAU 1989).
C. — [À propos d'une pers., plus rarement d'un animal]
1. Fam. Corps d'une personne. Le bonhomme décline, il y a quelque chose dans son sac qui sonne mal, l'œil est triste, le mouvement de son bras s'affaiblit (BALZAC, Cous. Pons, 1847, p. 57). Dans ce vieux sac tanné, avons-nous fait entrer des plaisirs et des peines, des malices, facéties, expériences et folies (ROLLAND, C. Breugnon, 1919, p. 17).
♦ Pop. Sac à puces. Personne sale; chien malpropre.
♦ Pop. Sac à vin. Ivrogne, alcoolique. [La fille Prouane] finit par supplier Mademoiselle de lui laisser emporter la bouteille (...) — Pour que tu la vides d'un coup (...) dit Lazare. C'est de toi qu'on se méfie maintenant, petit sac à vin! (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p. 1006).
♦ Pop. Sac d'os. Personne très maigre. Madame Andréa? une petite vieille, un vieux sac d'os (AYMÉ, Uranus, 1948, p. 90).
2. Estomac, ventre. Ce sacré soûlard était sa préoccupation (...). Lui, rigolo, le sac plein tous les jours, la tête sens devant dimanche, toussait, crachait (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 687).
♦ Pop. En avoir plein son sac. Être rassasié; avoir bien mangé, bien bu. (Dict. XIXe et XXe s.). Au fig. En avoir (plein) son sac. En avoir assez, être excédé. Synon. en avoir plein le dos, ras le bol (v. bol2). Toutes les vannes qu'on peut vous filer avec des paroles! Merde! Plus pour moi! J'avais mon sac!... J'en étais gavé pour toujours des confidences et des salades!... Salut! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 270).
3. [P. réf. au prestidigitateur] Ensemble des astuces et des tours dont dispose quelqu'un. Sac à malice. Tire de ton sac à malice Piéton heureux cette fois-ci Mes souhaits à Madame Alice Mirbeau Carrières-Sous-Poissy (MALLARMÉ, Vers de circonstance, 1898, p. 105). Avoir plus d'un tour, bien des tours dans son sac. Être rusé, avoir beaucoup de ressources (intellectuelles) pour se tirer d'affaire. La traduction dudit bouquin dans une revue russe me rapportera près de 3 000 francs! (...) et j'ai d'autres « tours dans mon sac ». Enfin je crois que je vais devenir pratique!!! (FLAUB., Corresp., 1873, p. 105). Croyez-vous qu'ils n'aient pas plus d'un tour dans leur sac pour se débarrasser d'un homme qui voit trop clair? (BERNANOS, Crime, 1935, p. 817).
II. — Contenu d'un sac. Pour un demi-mètre cube de béton on emploie 500 litres de (...) matériaux [de démolition] et on ajoute deux sacs de ciment sans chaux (J. CAHEN, BRUET, Carrières, 1926, p. 124).
— MAR. Sac de marin. ,,Ensemble des effets réglementaires et des objets personnels constituant le contenu du sac d'un marin`` (GRUSS 1952); p. méton., sac cylindrique contenant les effets réglementaires.
♦ Travailler aux sacs. ,,Donner, aux marins, un moment de liberté pour s'occuper de leurs linge et vêtements`` (J. CAHEN, BRUET, Carrières, 1926, p. 124).
REM. 1. Sache, subst. fém., région. (Suisse). Sac allongé en grosse toile. Une sache de café, de charbon, de farine, de noix. La Chambre des Blés de cette ville fera vendre des sacs et saches vides (PIERREH. 1926). 2. Saquette, subst. fém., vieilli. Petit sac, sachet. Synon. sacoche. Jean (...) sortit quatre clous d'or de sa saquette (ARÈNE, Contes Paris, 1887, p. 19). 3. Sacciforme, adj., anat. En forme de sac. Synon. sacculiforme (rem. s.v. saccule). Anévrisme sacciforme; appendice, cavité, glande sacciforme. [Les canaux biliaires] présentant des dilatations sacciformes (LE GENDRE ds Nouv. Traité Méd. fasc. 7 1924, p. 303). 4. Polochon-sac. V. polochon.
Prononc. et Orth.:[sak]. Homon. sac2. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1050 « sorte d'étoffe grossière » (Alexis, éd. Chr. Storey, 144); b) 1re moit. XIIe s. « habit misérable de pénitence et d'humiliation » (Psautier Cambridge, 29, 13 ds T.-L.); 1690 « vêtement inélégant » (FUR.); c) 1160-74 « contenant de matière souple, ouvert par le haut » (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, II, 3514); d) 1269-78 sas de charbon « sac contenant effectivement du charbon » (JEAN DE MEUNG, Rose, éd. F. Lecoy, 5019); e) 1675 avoir la tête dans un sac « être dans l'ignorance la plus complète » (Mme DE SÉVIGNÉ, Corresp., éd. R. Duchêne, t. II, p. 94); 1798 prendre qqn la main dans le sac (Ac.); 1842 course en sac (Ac. Compl.); 1881 mettre dans le même sac (ZOLA, Romanc. natur., Romanc. contemp., p. 276); f) 1790 sac à clous! ([LEMAIRE], 2e let. bougrement patriotique du véritable père Duchêne, p. 3 ds QUEM. DDL t. 19); 1791 sac à papier! ([ROBIN], Je suis le véritable père Duchêne, moi, foutre, n ° 2, p. 8, ibid.); 1840 sac à farine! (BAYARD et DUMANOIR, Les Guêpes, xi, in Répertoire dram., IV, ibid., t. 5); g) 1844 avoir le sac « être riche » (VIDOCQ, Vrais myst. Paris, t. 1, p. 209); 1846 un sac « somme de mille francs » (ds ESN.); 1859 « grosse somme d'argent » supra ex. 4; h) 1881 sac à puces « chien » (RIGAUD, Dict. arg. mod., p. 339); 1916-17 id. « sac de couchage » (ds ESNAULT, Notes compl. Poilu); 1902 sac à viande (ds ESN.); 1904 sac de couchage (Nouv. Lar. ill.); 2. a) 1599 sac de nuit (Inv. de Gabrielle d'Estrees ds HAVARD t. 4); 1740 sac à ouvrage (Ac.); 1868 sac de voyage (GONCOURT, Journal, p. 470); 1907 sac à main (COLETTE WILLY, La Retraite sentimentale, p. 253 ds QUEM. DDL t. 16); b) 1824 « petite malle renfermant tous les objets usuels du fantassin et qu'il porte sur son dos » (SÉGUR, Hist. de Nap., VII, 1 ds LITTRÉ); 1890 sac-au-dos « soldat d'infanterie » (Lar. 19e Suppl.); 1904 sac tyrolien (C.A.F. Manuel ds PETIOT 1982); 1928 sac alpin (J. DROIT, Le Loup bavarde, p. 209); 1957 sac à dos (BUTOR, Modif., p. 167); 3. a) 1478 « dossier contenant les pièces d'un procès » (Lettres de Louis XI, VI, 373 ds BARTZSCH); b) 1680 l'affaire est dans le sac (RICH.); 4. a) fin XIVe s. « ventre » (E. DESCHAMPS, Ball. Chacun ne cherche plus qu'à s'enrichir, éd. Queux de St Hilaire, t. 1, p. 230); 1673 vider le fond du sac « soulager son ventre en le purgeant » (MOLIÈRE, Malade imaginaire, III, 6); 1837 vider son sac « dire le fond de sa pensée » (BALZAC, Employés, p. 136); 1844 id. « avoir perdu sa faculté d'invention » (ID., Modeste Mignon, p. 60); b) ca 1480 sac à vin « ivrogne » (Mist. Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 34435); c) 1678 avoir cent ruses au sac (LA FONTAINE, Fables, l. 9, fable 14, éd. H. Régnier, t. 2, p. 427); 1935 avoir plus d'un tour dans son sac (Ac.); d) 1872 sac à la malice (LITTRÉ Add.); 1875 sac à malice (Lar. 19e); e) 1878-79 en avoir son sac (de) « être excédé, ne plus pouvoir supporter quelque chose ou quelqu'un » (La Petite lune, n ° 15, p. 3); 5. 1677 « cavité de l'organisme » (BOSSUET, Connaiss. de Dieu, II, 4 ds LITTRÉ); 1732 sac lacrymal (Trév.); 1831 sac embryonnaire (LECOQ, JUILLET, Dict. raisonné de bot., p. 557). Du lat. saccus « sac, besace », « vêtement de crin grossier », lui-même empr. au gr. « étoffe grossière de poil de chèvre », d'où « manteau grossier », « sac de pénitent, cilice », « sac, bourse ».
DÉR. 1. Sachée, subst. fém., rare. Contenu d'un sac (supra II). [Mr Doolittle] saisit des ciseaux à ongles et éventra son trésor. La sachée se composait de menues pelures dorées qu'il prit après coup pour des confettis (MORAND, Rococo, 1933, p. 244). — []. Att. ds Ac. dep. 1694. — 1re attest. ca 1190 sachiees de charbon (Renart, éd. M. Roques, 9047); de sac1, suff. -ée. 2. Sacherie, subst. fém. a) Industrie, fabrication des sacs. (Ds Lar. Lang. fr. et ROB. Suppl. 1970). b) Ensemble de sacs, sachets. Les normes prescrivent que la date de fabrication doit être indiquée sur la sacherie (CLÉRET DE LANGAVANT, Ciments et bétons, 1953, p. 110). — []. — 1res attest. 1485 saquerie, sacquerie « peut-être endroit où l'on remisait les sacs ou pièce du haut de laquelle on les extrayait des bateaux » (Escript de parchon d'entre Jehan de Hurtebise et Jehan Jeneviere, Chir., St-Brice, Arch. Tournai ds GDF.), 1941 sacherie « industrie, fabrication des sacs » (DUPONT, Bois carburant, p. 28); de sac1, suff. -erie.
BBG. — CHAUTARD Vie étrange Argot 1931, p. 297. — HOPE 1971, p. 49. — MÖHREN Landw. Texte 1986, pp. 234-240. — QUEM. DDL t. 5, 6, 9, 16, 17, 19, 27, 30, 31, 32. — RAPIN (R.). Le Genre, indice de grandeur. Fr. mod. 1953, t. 21, p. 120; 1960, t. 28, p. 6.
II.
⇒SAC2, subst. masc.
Pillage, dévastation (d'une ville, d'une région prise à l'ennemi). Synon. ravage, saccage. Ah! quel beau sac que celui de cette ville de Longnac! L'eau m'en vient à la bouche rien que d'y penser! (MÉRIMÉE, Chron. règne Charles IX, 1829, p. 22). L'amour c'est une suave émotion qui causa le sac, le pillage, l'incendie, l'anéantissement de Troyes (BALZAC, Œuvres div., t. 2, 1831, p. 281).
— Mettre à sac. Piller, dévaster, saccager. Massacrer les Parisiens, traiter Paris en place prise d'assaut, mettre à sac un quartier de Paris, violer la seconde Ville Éternelle, assassiner la civilisation (...) ce que Platow n'avait pas osé faire faire par ses cosaques, toi, tu l'as fait faire par des soldats français (HUGO, Nap. le Pt, 1852, p. 102). Empl. subst. Ce matin, appris que Paris, en juin 1940, avait de justesse échappé à une mise à sac (GREEN, Journal, 1940, p. 21).
♦ P. ext. Vider, dépouiller. Elle fit main basse (...) sur les poires comptées par son père (...). Elle aurait bien voulu mettre à sac toute la maison de son père; mais il avait les clefs de tout (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 98). P. métaph. Cartuyvels en deviendra fou, et on l'entendra délirer sur les ruines de ses préjugés sociaux mis à sac (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 154).
Prononc. et Orth.:[sak]. Homon. sac1. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1466-67 metre en saq « massacrer » (Ovide moralisé en prose, éd. C. de Boer, p. 336); 1502 mestre a sac (J. D'AUTON, Chron., éd. Maulde la Clavière, t. 2, p. 268); 2. 1527 mettre à sac « détruire, saccager » (LE LOYAL SERVITEUR, Hist. du gentil seigneur de Bayart, ch. 17 ds HUG.). Empr. à l'ital. sacco « saccage », att. dep. 1348-63 (M. VILLANI) notamment dans des expr. telles que fare il sacco, mettere a sacco, issu p. abrév. de saccomano également att. dep. le XIVe s. aux sens de « saccage » (M. VILLANI; à l'orig. du m. fr. saquement « id. », att. dep. la fin du XIVe s., metre a sacremanne, J. D'OUTREMEUSE ds GDF., cf. mettre a saqueman [et non a sac] en 1409, BOUCIQUAUT, Livre des fais, éd. D. Lalande, p. 384, 59; v. aussi D. LALANDE ds Romania t. 103, pp. 334-335) et de « brigand, pillard » (Fr. SACCHETTI ds TOMM.-BELL.), empr. au m. h. all. Sakman « valet d'armée, pillard », ce sens s'expliquant par le fait que les pillards emportaient leur butin dans des sacs. Voir K JABERG ds Mél. Jud (J.), Genève, 1943, pp. 312-314; FEW t. 17, pp. 7-8 et HOPE, p. 49, s.v. saccager.
STAT. — Sac1 et 2. Fréq. abs. littér.:3 739. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 3 588, b) 5 668; XXe s.: a) 6 403, b) 5 951.
1. sac [sak] n. m.
ÉTYM. 1050, « étoffe grossière »; lat. saccus, grec sakkos, d'orig. sémitique.
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1 (1120). Contenant formé d'une matière souple pliée, assemblée, et qui est ouvert seulement par le haut. ⇒ Enveloppe, poche, récipient. || Grand, petit sac (⇒ Sachet). || Sac pour l'emballage, le transport. ⇒ aussi Paquet. — Le fond (le « cul ». ⇒ Cul-de-sac) d'un sac. || L'entrée, l'ouverture d'un sac. || Sac bourré jusqu'à la gueule. || Sac à deux poches. ⇒ Besace (cit. 3), bissac. || Sac à soufflets (en papier…). — Fermer, lier un sac (à l'aide de cordons, en nouant, en cousant l'ouverture, etc.). || Oreilles d'un sac : les plis de la toile aux côtés de l'ouverture et qui servent à le manier. || Manipuler, porter un sac. || Remplir, vider un sac. || Mettre en sac. ⇒ Ensacher. || Expédier un sac (⇒ Colis). — Sac de jute, de tissu de crin (rapatelle), de toile, de treillis… ⇒ Balle. || Sac de caoutchouc, de cuir, de matière plastique, de papier (→ 1. Marron, cit. 2). || Sac en papier. || Sac en filet des marins (dit nid-de-pie). || Toile à sac. — Sac à blé, à patates (→ Frigo, cit. 1), destiné à recevoir du blé, etc. — Sac de charbon, de noix, de plâtre, de pommes de terre, contenant effectivement du charbon, etc. || Sac de blé, de farine (→ Meunier, cit. 1 et 2). ☑ Loc. fig. Tirer d'un sac deux moutures. ⇒ Mouture (cit. 3 et supra). || Sac de semences. ⇒ Semoir. — Petit sac pour le tabac. — Vx. || Sac à tabac. ⇒ Blague… || Sac de peau pour les liquides. ⇒ 1. Outre (→ ci-dessous, fig., sac à vin). — Sac où l'on range les quilles, après le jeu. ☑ Loc. fig. Trousser (vx), prendre son sac et ses quilles : partir, s'esquiver (→ Laisser, cit. 31).
➪ tableau Noms de récipients.
♦ Loc. || Sacs de sable, de terre (anciennt sacs à terre) : sacs remplis de terre, de sable… et servant de matériaux pour édifier une fortification, soutenir une tranchée, protéger un emplacement (→ Ouvrage, cit. 8). || Des sacs de terre et des gabions. — Sac de sable, servant à l'entraînement des boxeurs (→ Punching-ball, cit.).
♦ ☑ Fam. Sac de sable : passager d'un avion (argot des aviateurs).
♦ ☑ Loc. fig. (1884). Vx. Sac à charbon : prêtre (en soutane).
♦ Mod. || Le sac à charbon : région du ciel vide d'étoiles, dans l'hémisphère austral (la Recherche, janv. 1974, p. 65).
♦ Sac d'argent (→ Faillite, cit. 3), d'écus (→ Danger, cit. 10), de pistoles (→ Marché, cit. 4). ⇒ aussi Bourse, escarcelle. || Sac d'espèces monnayées. ⇒ Group.
♦ Sacs postaux, dans lesquels on transporte les lettres, etc. || Expédition hors sac, rapide et en surtaxe. Absolt. || Des hors-sac.
2 Par anal. a Sac d'une paillasse. ⇒ Enveloppe. ☑ Sac de couchage : enveloppe cousue, remplaçant les draps (argot milit. : sac à viande).
1 (…) il déplia le sac qu'il portait, dégagea l'ouverture, et, saisissant l'adolescent par la tête, il fit passer le corps entier dans l'enveloppe de toile. Il noua, avec son mouchoir, l'extrémité qui servait d'introduction.
Lautréamont, les Chants de Maldoror, VI.
♦ Par ext. || Sac de couchage : sac fait de duvet (→ Duvet, 2.) ou d'un matériau synthétique isolant, dans lequel on se glisse pour dormir. ☑ Fam. Sac à puces : lit (→ Pucier).
♦ Course en sac : jeu où les concurrents, les jambes et une partie du corps enfermées dans un sac, s'efforcent d'avancer en sautant. — Enfermer, lier qqn dans un sac. || « Dans ce sac ridicule, où Scapin s'enveloppe » (cit. 1).
♦ ☑ Loc. fig. (par allus. au sac dans lequel on enfermait certains malfaiteurs). De sac et de corde. || Homme, gens (cit. 10) de sac et de corde (cit. 9). ⇒ Canaille, malfaiteur, scélérat.
♦ ☑ Vx. Avoir la tête dans un sac : être dans l'ignorance la plus complète.
2 (…) elle était dans l'opinion que celui qui nie la très sainte Trinité est un homme de sac et de corde, qui finira par être pendu (…)
Diderot, Entretien d'un philosophe avec la maréchale de .
b Ce vêtement ressemble à un sac : il est très mal coupé, sans forme. ☑ Être fait, fichu, fagoté, ficelé comme un sac, très mal habillé. — ☑ Être gonflé comme un sac, informe comme un sac plein. || Cela fait un sac.
3 Il tapa sur ses poches, il tapa sur les gros sacs que faisaient ses poches, en bas et de chaque côté de sa veste, et qui tendaient le drap sur les épaules, les faisant aller en avant (…)
C.-F. Ramuz, la Grande Peur…, VII.
d Par anal. || Sac de laine : coussin sur lequel siège le président de la Chambre des Lords.
3 ☑ Loc. fig. Mettre dans le même sac : englober dans la même appréciation (et généralt dans la même réprobation).
3.1 Toutes les religions à « petit Jésus », catholiques, protestantes ou juives, dans le même sac ! je les fous toutes au pas ! que ce soit pour le mettre en croix ou le faire avaler en hosties, même farine ! même imposture ! racontars ! escroquerie !
Céline, Rigodon, p. 17.
♦ ☑ Prendre qqn la main (cit. 21) dans le sac : le surprendre, le prendre sur le fait. — REM. Dans cette expression sac peut aussi être compris au sens B., 1.
4 Puis, un beau jour, ayant surpris Gaubertin la main dans le sac, suivant l'expression consacrée, le général entra dans une de ces colères particulières à ces dompteurs de pays.
Balzac, les Paysans, Pl., t. VIII, p. 100.
♦ ☑ Fam. Sac d'embrouilles, sac de nœuds : affaire confuse, embrouillée. — REM. L'expression peut s'employer aussi au sens concret.
4.1 (La palangre) était devenue un lamentable embrouillamini, un paquet de cordes, de goémons et d'avançons tout enchevêtrés qui traînait dans une flaque, vrai sac de nœuds s'il en fut jamais.
♦ ☑ C'est un sac percé, un dépensier, un prodigue (on dit plus souvent panier percé). — ☑ (1548). Sac à vin : ivrogne. || « Chenapans, sacs à vin… » (Jarry, Ubu, II, 4).
♦ ☑ Sac à laine (vx); sac à papier (1791, in D. D. L.; vieilli), euphémismes remplaçant un juron (sacré…).
5 — Sac à papier, monsieur le comte, vous faites des sottises, reprit le vieux notaire en rejoignant son client.
Balzac, le Contrat de mariage, Pl., t. III, p. 122.
6 Le vieux Turdy (…) prétend marier ma fille contre mon gré. C'est ce que nous verrons, sac-à-laine !
G. Sand, Mlle de la Quintinie, XXVI.
6.1 Sac à papier (…) on ne dit pas à son maître vous être seccot ! on lui dit : « Monsieur est seccot ! » on parle à la troisième personne.
E. Labiche, la Perle de la Canebière, I.
➪ tableau Principales interjections.
4 Par anal. Vêtement simple et grossier (fait de grosse toile, comme un sac), signe de pénitence, dans la Bible. || Porter le sac et le cilice (Académie). ☑ Le sac et la cendre.
7 (…) c'est où elle veut faire pénitence, c'est où elle a vu, sur la carte, les endroits qui l'invitent à finir sa vie sous le sac et sur la cendre (…)
Mme de Sévigné, 929, 5 Août 1684.
1 (Fin XVIe; sac de nuit). Objet souple fabriqué pour servir de contenant, où l'on peut placer, ranger, transporter (⇒ Bagage) diverses choses. || Sac de soldat, de fantassin (cit. 1 et 2; ⇒ As [de carreau], havresac). || Sac d'alpiniste (⇒ Rucksack), de scout, de campeur : sacs portés sur le dos à l'aide d'un système d'attaches (bretelles). || Sac à dos (cf. Sac tyrolien). || Sac au dos (→ Debout, cit. 7; excursion, cit. 2). || Porter le sac (→ Dos, cit. 1). || Remonter son sac (→ Incommode, cit. 5). || Mettre le sac à terre. || Contenu réglementaire du sac. ⇒ Paquetage.
8 Le sac, c'est la malle et même c'est l'armoire. Et le vieux soldat connaît l'art de l'agrandir quasi miraculeusement par le placement judicieux de ses objets et provisions de ménage. En plus du bagage réglementaire et obligatoire (…) nous trouvons bien moyen d'y mettre quelques boîtes de conserves, du tabac, du chocolat (…) Avec la couverture, le couvre-pied, la toile de tente, l'outil portatif, la gamelle, et l'ustensile de campement, il grossit, grandit et s'élargit, et devient monumental et écrasant.
H. Barbusse, le Feu, I, XIV.
♦ Sacs formés d'une ou plusieurs poches, munis d'une fermeture et d'attaches. ⇒ Gibecière, musette, sacoche. || Sacs de chasseur. ⇒ Carnassière, carnier; cartouchière. || Sacs de cavalier. ⇒ Fauconnière, sabretache. — Sac de matelot, de marin (cylindrique). Abusivt. || Sac marin (→ aussi ci-dessous, C., 2.). — ☑ Mettre sac à terre : refuser d'appareiller, en parlant de marins en grève, qui descendent leurs effets à terre.
8.1 Le cocher rétorqua que la République n'était pas à Moscou, mais bien à Helsingfors, car la gare de Finlande était fermée au public. L'ivrogne, mieux informé, affirmait que la flotte de la mer Noire avait appareillé pour se rendre à Constanza, où les matelots avaient mis sac à terre. Le veilleur de nuit disait qu'on lui avait dit que le jardin Alexandre était plein de morts.
B. Cendrars, Moravagine, Œ. compl., t. IV, p. 166.
♦ Sacs de rangement. || Sac à ouvrage (en toile, en tapisserie…), où l'on range le matériel de couture. — Sac à outils. || La ferrière, sac à outils du maréchal-ferrant. — Sac à provisions, généralement en toile cirée, ou en matière plastique.
♦ Sac de nuit (vieilli), sac de voyage : bagage à main souple et sans couvercle (à la différence de la valise). || Sac de voyage en cuir, en toile et cuir. || Acheter un sac chez le sellier.
9 À tout coin de rue, on rencontre des gens, hommes et femmes, portant à la main le sac de nuit, le sac de voyage, le petit paquet, avec lequel il est seulement possible de fuir Paris.
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 18 avr. 1871, t. IV, p. 211.
10 Il tenait à la main un petit sac de voyage en toile cirée. Ses mains tremblantes en cherchaient le fermoir, comme s'il eût voulu l'ouvrir.
Pierre Benoit, Mlle de la Ferté, p. 219.
♦ Sac de plage.
2 (V. 1903) || Sac à main, et absolt, sac (→ Gauche, cit. 14; poudrier, cit.) : accessoire de la toilette féminine, destiné à contenir l'argent, les papiers, les fards… || Sac en cuir, en tissu… muni de poches intérieures. || Sac en crocodile (en croco). || Poignée, fermoir d'un sac à main. || Sac sans poignée ou pochette. || Grand sac, sac valise. || Petit sac en tissu… ⇒ Réticule (cit.).
10.1 (…) Josette ouvrit son sac et en tira un agenda; Henri aperçut un mouchoir de dentelle et un petit poudrier d'or : ça lui semblait plein de mystère jadis, l'intérieur d'un sac féminin.
S. de Beauvoir, les Mandarins, p. 270.
3 Serviette, cartable (dans le langage des écoliers).
11 (…) Edmond et Léonard ont posé leurs cartables, deux sacs de faux cuir jaune, tachés d'encre, et qui laissent voir le carton aux coutures (…)
M. Genevoix, Raboliot, III, IV.
12 L'année prochaine, elle ira en quatrième, rue Caumartin, méprisera la rue d'Amsterdam, jouera un rôle et quittera le sac (la serviette) pour quatre livres noués par une sangle et un carré de tapis.
Cocteau, les Enfants terribles, p. 5.
4 (1478). Vx. Dossier, portefeuille contenant les pièces d'un procès (cf. Boileau, le Lutrin, V; Racine, les Plaideurs, I, 4). — ☑ Loc. fig. et vieillies. C'est la meilleure pièce de son sac, la chose la plus importante, l'élément le plus avantageux pour lui. — ☑ Juger sur l'étiquette du sac, sur les apparences. — ☑ Le fond du sac : les pièces les plus secrètes, et, fig., ce qui est caché, tenu secret.
13 Ce greffier était de l'espèce dite greffier garde-sacs; ce qu'indiquait une sacoche qui était devant lui à ses pieds. Ces sacoches, jadis employées dans les procès, étaient qualifiées sacs de justice.
Hugo, l'Homme qui rit, II, IV, VIII.
♦ ☑ (1680). Mod. L'affaire est dans le sac : le succès de l'entreprise est assuré, certain (→ Imminent, cit. 3). — REM. Cette expression classique (cf. Regnard, in Littré) a pris une valeur familière (titre d'un film des frères Prévert).
♦ ☑ Loc. fam. Vendre qqch. dans un sac, sans montrer la marchandise (M. Aymé, Maison basse, p. 39).
b Mod. Dire le fond de sa pensée ou encore avouer une chose que l'on tenait cachée.
14 Dès cette époque, Canalis avait, selon la pittoresque expression des journalistes, vidé son sac; il se sentait incapable d'inventer une nouvelle forme de poésie (…)
Balzac, Modeste Mignon, Pl., t. I, p. 404.
15 — (…) Combien te faut-il ? — Rien. — Tu m'inquiètes. J'ai l'impression que ça va me coûter encore plus cher. Vide ton sac.
J. Anouilh, Ornifle, II.
1 Contenu d'un sac. || Moudre cent sacs de blé, un sac de café. ⇒ Sachée. — Spécialt. Contenu d'un sac de dimension déterminée, servant de mesure (pour les grains…).
2 Mar. || Le sac de marin : tous les effets réglementaires et objets personnels du marin (contenus en principe dans le sac [B., 1.].).
———
II Fig.
1 (XVIIe). L'estomac, le ventre (vx). ☑ S'en mettre plein le sac (→ ci-dessus [I., A., 3.], loc. fig. : sac à vin).
16 J'ai pris des eaux, et le bon abbé aussi, pour vider un peu son sac, qu'il avait trop rempli à Époisse.
Mme de Sévigné, 656, 25 sept. 1677.
♦ L'esprit, le cerveau, considéré comme un réservoir de ruses, d'habiletés (→ Contrefaire, cit. 6). || « J'ai cent ruses au sac » (→ Habile, cit. 8).
♦ ☑ (1876). Sac à malices (au sens propre, sac [I., A., 1.] de prestidigitateur). — ☑ Avoir bien des tours (1851), plus d'un tour (1935) dans son sac.
17 Le chat dit au renard : Fouille en ton sac, ami;
Cherche en ta cervelle matoise
Un stratagème sûr. Pour moi, voici le mien.
La Fontaine, Fables, IX, 14.
2 (1677). Sc. nat. Cavité ou enveloppe en forme de poche, de sac (I., A., 1.). — Anat., pathol… ⇒ Follicule, saccule, vésicule, vessie (→ Plèvre, cit.). || Sac lacrymal, à l'angle extrême de l'œil (→ Larme, cit. 1). || Sacs lymphatiques de l'embryon. || Sac herniaire. || Sacs aériens, de l'appareil respiratoire des oiseaux. || Sacs vocaux, diverticules de l'appareil respiratoire. — Sac viscéral de la sacculine. — Bot. || Sac embryonnaire : partie de l'ovule des angiospermes, qui correspond au prothalle des cryptogames, et dans laquelle l'oosphère fécondée se transforme en œuf (et l'ovule en graine). — Sac pollinique.
3 Géol. (Vx). Filon d'une mine. ⇒ Poche.
1 Fam. || Le sac : l'argent, la richesse. ☑ Avoir le sac : être riche. — ☑ Se marier avec le gros sac, épouser le sac : épouser une femme riche, faire un riche mariage. — ☑ Argot. Faire son sac : ramasser beaucoup d'argent.
18 — Mais votre demoiselle est charmante… A-t-elle le sac ? Cela veut dire en langage des halles : « A-t-elle de l'argent ? »
Nerval, les Nuits d'octobre, XIII.
19 (…) chez le bourgeois français, catholique et provincial, le sac cherche le sac. Et pourquoi faire, les malheureux ? Ils n'ont que des besoins médiocres; ils ne savent que manger, bâiller, dormir — économiser.
R. Rolland, Jean-Christophe, Antoinette, p. 889.
20 Ça, bien sûr, vous trouverez des femmes qui font leur sac dans la journée, mais ces tapins-là, c'est pas pour ma poire.
M. Aymé, le Passe-muraille, p. 261.
♦ Au plur. || Les gros sacs : de grosses sommes.
21 Chaque fois qu'un Marcel Cerdan allait décrocher les gros sacs, on entendait le murmure amer des petits maigrichons du cours de morale (…)
Jacques Perret, Bâtons dans les roues, p. 10.
2 (1846, in Esnault). Fam. (d'abord argot). Billet, somme de mille francs (anciens). ⇒ Sacotin (argot). — REM. Ne s'emploie qu'avec un numéral, le plus souvent dans des comptes ronds (dizaines, centaines, etc.). || Voilà vingt-cinq, cinquante sacs. || Il gagne entre huit cents sacs et une brique par mois, entre huit mille et dix mille francs.
22 (…) j'ai cent vingt sacs au Greffe, je tiendrai facilement le coup jusqu'à la jonction avec les mandats.
A. Sarrazin, la Cavale, p. 18.
23 La cure de désintoc ! en clinique privée ! Deux mois à un sac la journée ! tout compris (…)
Ayant, au contact de la clientèle, pris quelque teinture de la langue voyoute, le toubib a préféré, supposant au mot un pouvoir plus évocateur pour le Gros, un sac à mille francs.
Albert Simonin, Hotu soit qui mal y pense, p. 40.
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DÉR. Sachée, sacherie, sachet, sacotin, sacquer, saquer.
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2. sac [sak] n. m.
ÉTYM. 1420; ital. sacco, dans l'expr. metterre a sacco (XIVe); cf. saccomanno, et en franç. saqueman; de l'all. Sakman « pillard, brigand », de Sak « sac »; en outre l'anc. franç. sachier (→ Saccade) signifie « piller ».
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♦ Pillage (d'une ville, d'une région). Dévastation. ⇒ Ravage (vieilli), saccage; et aussi massacre. || Le sac de Rome (→ Chimère, cit. 10; ravage, cit. 2). ☑ Loc. Mettre à sac : piller, saccager. || Mise à sac.
0 La foule s'en prit au magasin, éventra la caisse et mit à sac les étalages.
Claude Courchay, La vie finira bien par commencer, p. 137.
Encyclopédie Universelle. 2012.