RABBI
RABBI
Titre dérivé de l’hébreu rab (maître) et qui n’apparaît que dans les textes postbibliques. Signifiant littéralement «mon maître», il précède le nom d’une personne versée dans l’étude de la Loi. Le titre rabbi est fréquent dans le Nouveau Testament (Matthieu, XXIII, 7 et 8; XXVI, 25 et 49; Jean, I, 38) où Jésus est ainsi appelé par ses disciples. Employé absolument dans la littérature talmudique, il désigne Juda le Prince, compilateur de la Mishna. Il acquiert en Palestine une signification technique à l’époque talmudique, où il est réservé aux rabbins ayant reçu la semikha (ordination). En Babylonie, on l’emploie sans suffixe personnel sous la forme rab . Dans les communautés juives médiévales et modernes, le rabbi est généralement le maître d’école (prononciation ribbi , rebbi ou rubbi chez les Séfarades). Dans les communautés hassidiques, le rabbi était le chef charismatique, qu’on appelait encore tsadd 稜q . Dans les pays anglo-saxons, l’usage a prévalu de nommer rabbi le ministre du culte ou le rabbin.
rabbin [ rabɛ̃ ] n. m.
• 1540; rabain 1351; araméen rabbi « mon maître »
1 ♦ Docteur de la Loi juive chargé de l'enseigner et de la faire appliquer (appelé scribe dans l'Évangile, rabbi [ rabi ] par les spécialistes d'histoire juive). Le Talmud, collection des enseignements des grands rabbins.
2 ♦ (1808) Cour. Docteur de la Loi d'une communauté juive. Grand rabbin, élu par le consistoire israélite. Le grand rabbin de France.
● rabbi nom masculin (hébreu rabbi, mon maître, de rab, maître) Titre donné aux docteurs de la Loi dans la littérature juive postbiblique.
⇒RABBI, subst. masc.
A. — [À l'époque talmudique et médiév.; précédant gén. le nom; titre donné aux Docteurs de la Loi juive et particulièrement aux Maîtres palestiniens du Talmud] Les fondements du Talmud de Jérusalem furent posés par Rabbi Jochana ben Nappacha ([mort en] 279). Disciple de Rabbi Judah le Prince, il (...) fonda l'Académie de Tibériade, qui devint (...) le grand « atelier » du Talmud palestinien (I. EPSTEIN, Le Judaïsme, trad. par J. Jospin, 1959, p. 118). V. halakhique rem. 2 s.v. rabbinisme ex. de A. Safran:
• Il est interdit (...) à tout disciple des Sages de décider [en matière rituelle] du vivant de son maître sans y avoir été autorisé explicitement par celui-ci. Cependant, le disciple qui a reçu (...) cette permission d'enseigner, (...) seul a le droit d'être appelé « Rav » ou « Rabbi ».
E. GUGENHEIM, Les Portes de la Loi, 1982, p. 104.
— Absolument
♦ Rabbi Juda le Prince, compilateur de la Michna [compilation juridique de l'antiquité juive faisant partie du Talmud]. V. patriarcat A 1 ex. de I. Epstein.
♦ [Comme vocatif; titre donné au Christ par ses disciples; p. allus. à Matth. XXVI, 25] Ave, Rabbi, dit Judas. Il Le confesse, il Le désigne, il en prend possession par l'haleine, il aspire le Verbe et c'est de ce souffle même qu'il vient de Lui prendre qu'il se sert pour dire: C'est Lui (CLAUDEL, Poète regarde Croix, 1938, p. 292).
— P. méton. Docteur de la Loi (v. rabbin A). Le personnage caractéristique de l'histoire hébraïque aux temps du Premier Temple a été le Prophète, et sa production caractéristique, la Bible. À partir du Second Temple et jusqu'à la séparation des Juifs d'avec la terre à laquelle ils avaient été liés de façon exclusive, le personnage caractéristique fut le Rabbi, et son monument littéraire, le Talmud (C. ROTH, Hist. du Peuple Juif, trad. par R. Schatzman, 1948, p. 140).
B. — [Titre donné au chef charismatique d'une communauté hassidique (v. rem. 4 et suiv. s.v. rabbinisme)] « Chez nous, les miracles traînaient sous les sièges et personne ne voulait les ramasser », dit un hassid du temps de Rabbi Nahman de Braslav (A. MANDEL, La Voie du hassidisme, 1963, p. 176).
— P. méton. Chef d'une communauté hassidique. Il palpait les petits livres, les feuilletait sans pouvoir s'arracher à cette splendeur. Son regard s'attachait avec le plus de nostalgie à ceux qui traitaient des fondateurs du Hassidisme, de grands cabbalistes ou de Rabbis miraculeux (SCHALOM ASCH, Le Juif aux Psaumes, trad. par J. Pary et J. Pougatz, 1960, p. 80). Pour un hassid il n'existe qu'un seul Maître, pour le Rabbi qu'un seul hassid. Et l'un ne pourrait vivre sans l'autre (E. WIESEL, Célébration hassidique, 1972, p. 19).
REM. 1. Rab ou Rav, subst. masc. a) [À l'époque talmudique et jusqu'au Xe s.; titre donné aux Docteurs babyloniens] Il semble que le Talmud de Babylone ait été constitué de diverses strates déjà mises en forme et superposées avant que Rab Ashi (352-427) en eût entrepris une rédaction définitive (Encyclop. univ. t. 15 1973, p. 720). Voir E. GUGENHEIM, loc. cit. Absol. Un des disciples les plus brillants qui s'asseyaient aux pieds de Juda Ier était Abba le Grand (Rab, ou Maître « par excellence », comme on l'appela ensuite) mort en 247, babylonien de naissance, qui, à son retour dans son pays natal, fonda sa propre école à Soura (C. ROTH, Hist. du Peuple Juif, trad. par R. Schatzman, 1948, p. 144). b) [À partir du XIIe s.; titre donné au chef religieux d'une communauté juive, chargé d'enseigner la Loi et, comme président du tribunal rabbinique, de veiller à sa mise en pratique] Rabbi Shnéour Zalman de Lady, le Rav de Russie Blanche (...) fut surnommé tout simplement « le Rav » (M. BUBER, Les Récits hassidiques, trad. par Guerne, 1978, p. 29). c) [À l'époque mod. et p. oppos. à rabbin (v. ce mot B); titre donné au chef d'une école talmudique] Rav Hayim de Brisk fut l'initiateur d'une méthode originale d'analyse du Talmud, qui devait renouveler l'étude de cette discipline durant la deuxième moitié du XIXe siècle jusqu'à nos jours (Rabbin A. Weil ds Almanach du K.K.L., Strasbourg, 1983, p. 65). 2. Rabban, subst. masc. (v. rabbanite étymol.). [Titre donné à certains des Patriarches (v. patriarche C) ainsi qu'à Johanan ben Zakkaï qui rétablit le Sanhédrin à Yavné au moment de la destruction du Temple de Jérusalem] Gamaliel Ier fut le premier à être désigné du titre de rabban « notre maître » (Encyclop. univ. t. 18 1974, p. 751). 3. Rab(b)énou, (Rabénou, Rabbénou)subst. masc. [Titre plus particulièrement utilisé pour désigner les Maîtres de l'époque médiévale] Le nom qui sert à le désigner, Rachi, est formé à partir des initiales des mots Rabbénou Chelomo fils d'Isaac (E. GUGENHEIM ds Rachi, [ouvrage coll.], Paris, Serv. Tech. pour l'Éduc., 1974, p. 15).
Prononc.:[]. Étymol. et Hist. Fin XIIIe s. Rabi, Rabbi comme vocatif, ici en s'adressant au Christ (ds M. von ORELLI, Der altfranzösische Bibelwortschatz des Neuen Testamentes im Berner Cod. 28, p. 332: Rabi, qui vaut autant come mestre, ou habites tu [Jean 1, 38]; Icist vint a Jhesum par nuit et li dist: Rabbi [Jean 3, 2]); 1314 Rabi comme titre devant un nom propre (Chirurgie Henri de Mondeville, éd. A. Bos, § 1754: Rabi Moises [Maïmonide] en son traitié des venins); 1605 Rabbi (LE LOYER, Hist. des Spectres, l. 8, chap. 3, p. 843: Rabbi Samuel de Maroch). Empr. à l'hébr. postbiblique « maître, professeur » (propr. « mon maître, mon professeur »), formé de rav « chef, prince; seigneur, maître, professeur » et de -, suff. pronom. de la 1re pers. du sing. Ce titre d'honneur et de respect était donné chez les Juifs, vraisemblablement dep. le 1er s. av. J.-C., aux docteurs de la Loi, puis à tout personnage ayant une autorité religieuse comme p. ex. dans le N.T. Jean-Baptiste (Jean 3, 26) et Jésus-Christ (Matth. 26, 25; Marc 9, 5, etc.). V. Bible 1912. Fréq. abs. littér.:24.
rabbi [ʀabi] n. m.
ÉTYM. 1690; mot araméen, de rabb. → Rabbin.
❖
♦ Didactique.
1 Hist. Rabbin (1.). || « Chaque scribe ouvre alors une école (…) dont il est le rabbi » (Guignebert, le Monde juif…, p. 91). || Rabbi Hillel, Rabbi Schammaï. || Des rabbis.
2 Rabbin (2.). — Surtout employé devant le nom propre.
Encyclopédie Universelle. 2012.