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RENTE
RENTE

RENTE

Au sens premier, revenu d’un capital. Ce sens a vieilli et reste réservé au domaine de l’analyse économique. Couramment, le mot s’emploie pour désigner: les intérêts de certains emprunts d’État, généralement à très long terme (la rente Pinay par exemple); le revenu versé, sa vie durant, à une personne (crédirentier) par une autre (débirentier) à laquelle la première a cédé un capital (il s’agit alors d’une rente viagère).

Les rentes étant en principe des revenus fixes, et leurs bénéficiaires étant souvent des personnes âgées qui n’ont guère d’autres ressources, leur dépréciation, qui accompagne celle de la monnaie, pose un problème social qu’on s’efforce de résoudre par des mesures de réajustement.

rente [ rɑ̃t ] n. f.
XIIe; lat. pop. °rendita, p. p. fém. du lat. pop. °rendere rendre; class. reddita « somme rendue (par un placement) »
1Revenu périodique d'un bien, d'un capital. Avoir des rentes. Toucher une rente. Vivre de ses rentes : avoir des revenus suffisants pour pouvoir vivre sans travailler.
2(XVIe) Produit périodique qu'une personne est tenue (par contrat, jugement, disposition testamentaire) de servir à une autre personne; les redevances ainsi versées. arrérages, intérêt. Constitution de rente : contrat par lequel une des parties s'engage, gratuitement ou en échange d'un capital, à payer une redevance. Dans la rente, à la différence du prêt à intérêt, la restitution du capital ou du bien n'est pas exigible. Rente viagère : pension payable pendant la vie de la personne qui la reçoit. « Êtes-vous d'accord sur la rente à servir ? » (Zola). Loc. Rente de situation : avantage acquis depuis longtemps, que le bénéficiaire considère de ce fait comme un droit irréversible.
Fig. Dépense à renouveler régulièrement (comme on sert une rente); par ext. Cause de cette dépense. Cette grande maison de campagne est une rente.
3Emprunt de l'État, représenté par un titre qui donne droit à un intérêt contre remise de coupons. Rentes sur l'État. Rentes et bons du Trésor. Rente à cinq pour cent. Rentes perpétuelles, sans engagement pris de rembourser le capital prêté. Le cours de la rente.
4(v. 1750; angl. rent « loyer d'un fermier ») Écon. Le revenu de la productivité naturelle d'une terre, distincte de celle du travail et du capital investis. Théorie de la rente, chez Ricardo, Malthus. Rente foncière. Rente marginale.

rente nom féminin (latin populaire rendita, du latin classique reddita, choses rendues) Revenu périodique, non obtenu par le travail, contrepartie du droit du propriétaire d'user de sa terre (rente foncière) ou provenant d'une ressource rare (rente pétrolière) ; supplément de rémunération qui, par suite des circonstances, d'une conjoncture particulière, etc., s'ajoute à la rémunération normale d'un (ou des) facteur(s) de la production. Emprunt d'État à long ou moyen terme négociable en Bourse. Allocation régulière versée au titre de la législation concernant les accidents du travail. Familier. Personne ou chose dont on tire un profit régulier. ● rente (citations) nom féminin (latin populaire rendita, du latin classique reddita, choses rendues) Charles Cros Fabrezan, Aude, 1842-Paris 1888 Rien ne vient. Notre cerveau bout Dans l'Idéal, feu qui nous tente, Et nous mourons. Restent debout, Ceux qui font le cours de la rente. Le Collier de griffes, Banalité rente (expressions) nom féminin (latin populaire rendita, du latin classique reddita, choses rendues) Rente amortissable, emprunt d'État dont a été fixée la date de remboursement. Rente perpétuelle, emprunt d'État dont la date de remboursement n'est pas fixée. Rente de situation, profit tiré du seul fait que l'on dispose d'une situation protégée ou bien placée.

rente
n. f.
d1./d Revenu régulier que l'on tire d'un bien, d'un capital. Vivre de ses rentes.
AGRIC Culture de rente, destinée à la vente.
|| Fig. Rente de situation: avantage dû au seul fait d'occuper une situation stratégique ou privilégiée.
d2./d Paiement annuel résultant soit d'un titre de créance, soit d'un contrat, soit d'un jugement.
Rente d'une terre, son revenu naturel, considéré indépendamment du revenu provenant du travail.
Rente viagère: pension payable à qqn sa vie durant.
d3./d Emprunt de l'état qui donne droit à un intérêt contre remise de coupons.

⇒RENTE, subst. fém.
A. — Dans le lang. cour.
1. Revenu périodique, généralement annuel, à l'exception de celui du travail. Être pourvu de rentes; manger ses rentes; économiser sur ses rentes; hériter d'une bonne rente; toucher une rente. Une chose seule l'inquiétait: il n'avait que quatre mille francs de rente, et les vues de son frère et de sa belle-sœur s'élevaient à un beaucoup plus riche parti pour leur fille (DURANTY, Malh. H. Gérard, 1860, p. 36).
Vivre de ses rentes. Vivre du revenu de ses rentes, et, p. méton., vivre sans travailler. Je me porte bien et je travaille vite, et beaucoup, pour vivre de mes rentes cet hiver dans le Midi (SAND, Corresp., t. 5, 1867, p. 232). Mon arrière-grand-père, qui était contrôleur des contributions à Argenton, dut léguer à ses fils une honnête fortune puisque le cadet put vivre de ses rentes (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 34).
P. ext. Revenus. Madame de Lautréamont n'habitait que le corps principal, elle avait loué les pavillons des ailes à de solides locataires et s'en faisait de bonnes rentes (LORRAIN, Contes chandelle, 1897, p. 73). Le matin, j'ai ma basse-cour. La vente des volailles au marché de Nancy nous fournit la rente qui paye les gages de nos gens (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 372).
P. métaph. Par la conscription, l'empereur avait quatre-vingt mille hommes de rente (STENDHAL, Napoléon, t. 1, 1842, p. 107).
En partic. Rente de situation. Avantage, privilège dont le bénéficiaire profite depuis longtemps et qu'il finit par considérer comme un droit acquis. L'occupant d'un logement neuf (...) paye un coût d'occupation trois ou quatre fois supérieur à celui qui s'impute sur les revenus des habitants des logements anciens bénéficiant d'une rente de situation (BELORGEY, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 364).
2. P. anal. Somme d'argent versée régulièrement à quelqu'un par une personne ou un organisme social. Synon. pension, allocation. Rente d'invalidité; rente complémentaire. Ça n'est pas qu'elle ait du bien, mais elle a sa maison. Elle vit d'une rente qu'on lui fait. Mille francs l'an. Elle est restée longtemps en service chez des nobles (MARTIN DU G., Thib., Belle sais., 1923, p. 1015). L'indemnité journalière due aux personnes âgées de soixante ans au moins, titulaires d'une pension, rente ou allocation de vieillesse servie par un régime de sécurité sociale (Réforme Sécur. soc., 1968, p. 47).
Fam. Dépense à renouveler régulièrement, et p. antiphr., chose désagréable que l'on subit périodiquement. Madame Coupeau, qui avait toussé et étouffé tout décembre, dut se coller dans le lit après les Rois. C'était sa rente: chaque hiver elle attendait ça (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 652).
Au fig. Profit non matériel. Le mérite d'une bonne action s'envole au moindre profit qu'on en retire; la raconter, c'est s'en constituer une rente d'amour-propre qui vaut bien la reconnaissance (BALZAC, Méd. camp., 1833, p. 101). Tout cet été, j'ai vécu de mes rentes intellectuelles. Oh! j'ai des goûts modestes! Il suffit à mon esprit de joindre les deux bouts (RENARD, Journal, 1899, p. 548).
B. — Dans le domaine écon., boursier
1. Revenu périodique produit par un capital aliéné ou cédé, versé par la personne ou l'organisme qui exploite ce capital, et p. méton., la somme ainsi versée ou reçue. Rente perpétuelle, annuelle; rente constituée. Ceux qui possèdent à la fois beaucoup de rentes et beaucoup de capitaux sont, en réalité, les maîtres du marché dans les temps ordinaires (BOYARD, Bourse et spécul., 1853, p. 159). De même le progrès technique annule les rentes traditionnelles et crée sans cesse de nouvelles rentes instables, elles-mêmes vouées pour la plupart à la disparition (FOURASTIÉ, Gd espoir du XXe s., 1969, p. 22).
Rente viagère. Somme versée périodiquement à une personne sa vie durant en application d'une disposition contractuelle ou judiciaire. L'usufruit d'une rente viagère donne aussi à l'usufruitier, pendant la durée de son usufruit, le droit d'en percevoir les arrérages, sans être tenu à aucune restitution (Code civil, 1804, art. 588, p. 109).
2. En partic.
a) Rente sur l'État et absol. rente. Souscription, emprunt émis par l'État sous forme de titre donnant droit à un intérêt annuel, p. méton., l'intérêt annuel touché par le souscripteur. Titre, coupon de rente; rente nominative, au porteur; jouer à la rente; exonération de la rente. Il liquida aussi ses autres biens, acheta des rentes sur l'État, réunit de la sorte un revenu annuel de cinquante mille livres (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 11):
Mais il n'est guère douteux que cette insurrection, qui déchaîna des passions dangereuses, ait été à tout le moins encouragée par ceux qu'on appelait déjà des « capitalistes », par des hommes qui, au fond, tenaient surtout à l'ordre, représenté pour eux par le paiement régulier de la rente et pour qui le départ de Necker était synonyme de banqueroute.
BAINVILLE, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 34.
b) Rente foncière. Revenu régulier qu'un propriétaire reçoit pour la concession du droit d'user d'une terre. Ceux qui se considéraient comme bourgeois, à proprement parler, se ramenaient au petit nombre de roturiers assez fortunés pour se dispenser du travail et pour vivre « noblement et de leur bien », essentiellement constitué par des terres, par des rentes foncières (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p. 53).
c) ÉCON. POL. [Selon la théorie de Ricardo] Selon Ricardo, la rente proprement dite est l'excédent du produit de la terre la plus fertile sur les terres de qualité inférieure (PROUDHON, Syst. contrad. écon., t. 2, 1846, p. 66). La rente provient de ce que les terres sont inégalement fertiles: la rente correspond à la différence de valeur entre le produit obtenu sur la terre considérée et celui obtenu sur la terre la plus pauvre cultivée dans le pays (...) avec la même quantité de travail et de capital (BRANC. Écon. 1978).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Déb. XIIe s. « restitution » (St Brendan, 1302 ds T.-L.), seulement en a. fr.; 2. a) ca 1119 « redevance, tribut à payer régulièrement pour un bien mobilier ou immobilier dont on a la jouissance » (PHILIPPE DE THAON, Comput, éd. Ian Short, 1881); b) 1195-1200 « chose inéluctable qui revient régulièrement » (Renart, éd. M. Roques, XIV, 14496); 3. a) ca 1155 « revenu régulier de certains biens » (WACE, Brut, 1888, éd. I. Arnold ds T.-L.); fin XIVe s. vivre de ses rentes (FROISSART, Chron., éd. G. Raynaud, t. 10, p. 82); b) av. 1628 « fruit, bénéfice » (MALHERBE, Trad. Epitres de Sénèque, VI, Œuvres, éd. M. L. Lalanne, t. 2, p. 280); c) 1825 absol. la rente (STENDHAL, Racine et Shakspeare, t. 1, p. 87); d) 1835 p. ext. « revenu, rémunération » (Ac.); 4. a) ca 1170 « ce qui donne un revenu régulier, bien affermé » (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec, éd. M. Roques, 1837); b) 1670 « source de profit (en parlant d'une personne) » (MOLIÈRE, Bourgeois gentilhomme, I, 1, éd. R. Bray, p. 172). Issu, comme l'ital. rendita, le cat. et l'a. prov. renda, d'un lat. pop. rendita fém. subst. d'une forme altérée en renditus, -a, -um du part. passé redditus, -a, -um de reddere (v. rendre). Fréq. abs. littér.:2 125. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 4 833, b) 4 691; XXe s.: a) 2 502, b) 893.

rente [ʀɑ̃t] n. f.
ÉTYM. XIIe, fém. d'un anc. p. p. de rendre, lat. pop. rendita, p. p. fém. du lat. pop. rendere.Rendre; lat. class. reddita « somme rendue » (par un placement).
1 Revenu périodique, à l'exclusion de celui du travail. Produit, revenu. || Avoir des rentes; vivre de ses rentes (→ Diable, cit. 18).Par ext. Source de revenu (→ Fureur, cit. 15).
Fig. (Vieilli). || Des personnes à qui le ciel n'a donné d'autres rentes que l'intrigue et l'industrie (cit. 7).
2 (XVIe). Produit périodique (en général redevance annuelle) qu'une personne ( Débirentier) est tenue de servir à une autre personne ( Crédirentier), en raison d'un contrat, d'un jugement, d'une disposition testamentaire; ensemble des redevances ainsi versées. Arrérages (cit. 2 et 3), intérêt, produit.Constitution de rente : contrat par lequel une des parties s'engage, gratuitement ou en échange d'un capital, à payer une redevance (Code civil, art. 1910 à 1914). || Dans la rente, à la différence du prêt à intérêt, la restitution du capital ou du bien n'est pas exigible. || Rente foncière, constituée moyennant une aliénation immobilière. || Rente perpétuelle, constituée en perpétuel. || Rente viagère, payable pendant la vie du crédirentier ou d'un tiers. Viager (Code civil, art. 1968 à 1983). || Mettre une rente viagère sur la tête d'une personne, payer des rentes viagères à qqn (→ Enrager, cit. 8). || Rente viagère perçue sur une tontine.Rente quérable, portable.Rapport de la rente (annuelle) et du capital. || Rente à cinq pour cent; au denier dix (vx).Servir une rente à qqn. || Jouissance d'une rente. || Rachat, remboursement d'une rente. || Transfert d'une rente. || Une rente léguée (cit. 2) par… || Avoir une petite rente (→ Marcher, cit. 39). || Mille livres (cit. 5) de rente.Donner, prendre une terre à rente, en convenant de recevoir ou de servir une rente. Arrentement, arrenter (cit.). || Bail à rente.
1 (…) elle a fait ses partages de son vivant et s'était réservé une pension que lui paye sa nièce, madame de Soulanges, à laquelle elle a donné sa terre de Guébriant à rente viagère.
Balzac, la Duchesse de Langeais, Pl., t. V, p. 231.
2 — Maintenant que le partage est résolu, reprit le notaire, il s'agit de régler les conditions. Êtes-vous d'accord sur la rente à servir ?
Zola, la Terre, I, II.
Fam. Dépense à renouveler régulièrement (comme on sert une rente). Par antiphr. Chose désagréable que l'on subit périodiquement (comme on touche une rente).
3 Maman Coupeau, qui avait toussé et étouffé tout décembre, dut se coller dans le lit après les Rois. C'était sa rente; chaque hiver, elle attendait ça.
Zola, l'Assommoir, IX, t. II., p. 78.
Loc. (1971). Rente de situation : avantage acquis depuis longtemps, que le bénéficiaire, de ce fait, considère comme un droit irréversible.
3 Spécialt. || Rentes sur l'État : rentes émises par l'État, à la suite de souscriptions publiques, et qui sont représentées par des titres (au porteur ou nominatifs). Dette. || Rentes et bons du Trésor. || Les rentes s'amortissent par le rachat des titres. || Rentes à 5 pour cent, et, ellipt., du cinq pour cent. || Capitaliser une rente. || Coupons de rente. || Conversion de rentes.Rentes consolidées ( Consolidation); rentes perpétuelles.Vieilli. || Acheter, vendre de la rente. || Le cours (cit. 22) de la rente. || Rente au pair, dont la valeur d'échange est égale à la valeur nominale.
4 (V. 1750; angl. rent « loyer qu'un fermier paye à son propriétaire »). Écon. Le revenu de la productivité naturelle d'une terre, distincte de celle du travail et du capital investis sur cette terre (dans le cas d'une location nue de la terre à un fermier, le prix du fermage tend à coïncider avec la rente; → aussi Métayage, cit. 1). || Théorie de la rente (Ricardo, Malthus). || Rente différentielle; absolue. || Rente marginale.
CONTR. Capital.
DÉR. Rentable, renter, 1. rentier, 2. rentier.

Encyclopédie Universelle. 2012.