STROPHE
STROPHE
Originellement liée à la tragédie grecque dont elle désigne un moment, la strophe est un ensemble de vers reliés entre eux selon un schéma rythmique préétabli et/ou selon un système de rimes. Elle est encadrée par des lignes de blancs ou des silences et comporte parfois une césure. Un poème est composé la plupart du temps de strophes à structure identique. Cependant, il est possible de varier les formes strophiques à l’intérieur du poème. C’était même la règle à l’origine, dans le théâtre grec où le chœur chantait la strophe , l’antistrophe et l’épode (ce dernier sur un rythme différent) en traversant la scène par trois mouvements (strophein signifie «tourner»).
Comme la perception de la strophe en tant qu’unité autonome exige (au moins dans la poésie française) le retour des rimes identiques, la plus petite strophe est le quatrain. La disposition des rimes est soit ABBA, soit ABAB (embrassées ou croisées), avec obligation de changer les rimes féminines en masculines et inversement dans la strophe suivante. La solidarité des vers à l’intérieur de la strophe peut être renforcée par l’alternance des vers courts et longs en accord ou non avec celle des rimes. Dans la strophe couée (de caudatus qui signifie «à queue»), les vers courts sont reliés par la même rime.
Dans les strophes plus longues (quintil, sixain, septain, huitain, neuvain, dizain, etc.), le poète met en place des repères de plus en plus nombreux. À mesure qu’elles deviennent plus complexes, les axes de symétrie passant par une «rime charnière» (Morier) ou entre deux vers — césure strophique — se conjuguent de plus en plus avec la structure sémantique de la strophe. Mais l’enjambement est possible et peut être très efficace.
Certains genres poétiques ont une formule régissant l’agencement des rimes, tel le sonnet: ABBA-ABBA-CCD-EED.
strophe [ strɔf ] n. f.
• 1550; lat. stropha, gr. strophê « évolution du chœur », de strophein « tourner »
1 ♦ Didact. Première des trois parties d'une pièce lyrique de la tragédie grecque antique chantée par le chœur. Strophes, antistrophes et épodes.
2 ♦ (rare av. XVIIIe; on disait plutôt stance) Ensemble formé par plusieurs vers, avec une disposition déterminée de mètres et de rimes qui assure sa cohésion. ⇒ quatrain, septain, sizain, tercet. Poème divisé en strophes. Les strophes d'une chanson. ⇒ couplet. « Pour qu'une strophe existe il faut [...] qu'on ne puisse pas en séparer les parties sans la [...] détruire complètement » (Banville).
● strophe nom féminin (latin stropha, du grec strophê) Groupe de vers formant une unité et s'ordonnant de manière à présenter une correspondance métrique avec un ou plusieurs groupes semblables. Première des trois parties lyriques de la tragédie grecque chantées par le chœur.
strophe
n. f.
d1./d Didac. Première partie de l'ode chorale grecque. Strophe, antistrophe et épode.
d2./d Groupe de vers formant un système de rimes complet et qui constitue une composante du poème.
⇒STROPHE, subst. fém.
A. — LITT. GR. ANC. Première des trois parties d'une pièce lyrique chantée par le chœur. Tu as perdu tes chœurs sérieux, Melpomène, la strophe et l'antistrophe ne se tournent plus tour à tour (FLAUB., Tentation, 1849, p. 477). Dans la poésie chantée de l'antiquité grecque, les odes étaient des chants en l'honneur des dieux, se composant de trois parties:strophe (...), antistrophe et épode, les deux premières se chantant sur une même mélodie, et l'épode sur un autre thème (BRENET Mus. 1926, p. 302).
B. — VERSIF. Unité structurelle du discours versifié formée d'un nombre déterminé de vers caractérisés par leurs homophonies finales et, éventuellement, par leurs mètres. Admirable ordonnance de certaines pièces de Baudelaire, telles que « l'Irréparable » et « le Balcon », où le dernier des cinq vers qui composent la strophe est l'écho du premier et revient, ainsi qu'un refrain, noyer l'âme dans des infinis de mélancolie et de langueur (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 156). Coczani récite toujours. Il achève la quatrième partie, en vers de sept pieds, dont les strophes pressées, haletantes, fiévreuses, semblent fuir et trébucher, et fuir plus vite (MARTIN DU G., Devenir, 1909, p. 64).
♦ P. métaph. Enfin, ce qui domine [dans la cathédrale de Chartres] (...) c'est l'idée maîtresse du poème, disposée ainsi qu'un refrain après chacune des strophes de pierre (HUYSMANS, Cathédr., 1898, p. 235).
— P. méton., littér. Poésie. Ma strophe, qui près d'elle [Jeanne] a l'air d'une pauvresse, L'implore, et reçoit d'elle un rayon (HUGO, Art d'être gd-père, 1877, p. 124).
Rem. 1. Une strophe peut avoir un nombre de vers quelconque, rarement supérieur à quatorze, mais strophe ne s'emploie pas au-dessous de quatre vers (on parle alors de distique ou de tercet). 2. Strophe est empl. pour désigner une division régulière d'une chanson, bien que couplet soit, dans ce sens, empl. de façon préférentielle.
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1550 métr. gr. (RONSARD, Au lecteur, éd. P. Laumonier, t. 1, p. 46); 2. 1669 « chacune des parties successives qui composent une pièce lyrique, stance » (WIDERHOLD Fr.-all.); 1671 « couplet » (MOLIÈRE, La Ctesse d'Escarbagnas, V). Empr. au lat. stropha « strophe, partie chantée par le chœur évoluant de droite à gauche », empr. au gr. , même sens. Fréq. abs. littér.:683. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 832, b) 1 381; XXe s.: a) 1 427, b) 595. Bbg. ELWERT (W. Th.). Traité de versif. fr. Paris, 1965, pp. 133-152. — GRAMMONT (M.). Petit Traité de versif. fr. Paris, 1967, pp. 79-89. — GUIRAUD (P.). La Versif. Paris, 1970, pp. 35-38. — MARTINON (Ph.). Les Strophes... Thèse, Paris, 1911, 523 p.
strophe [stʀɔf] n. f.
ÉTYM. 1550, Ronsard; du lat. stropha, grec strophê « évolution du chœur; air chanté par le chœur », de strephein « tourner ».
❖
1 Didact. Dans la littérature grecque antique, Première des trois parties d'une pièce lyrique chantée par le chœur. || Strophes, antistrophes et épodes (cit.).
2 (1669; rare jusqu'au XVIIIe, s'employait en parlant de l'ode; on disait plutôt stance dans les autres cas). Cour. Ensemble formé par plusieurs vers, avec une disposition déterminée de mètres et de rimes qui assure sa cohésion. ⇒ Quatrain, quintil, sixain, septain, huitain, dizain, douzain… — REM. Strophe ne se dit guère au-dessous de quatre vers (tercet). || Poème divisé en strophes; division en strophes (⇒ Poésie). || Alternance des strophes. || Strophes d'une chanson. ⇒ Couplet. — Poét. || « La strophe a des bâillons (…) », la poésie (→ Poucette, cit. 2, Hugo).
1 — Voici (…) deux petits versets, ou couplets, que j'ai composés (…)
— Il veut dire deux strophes.
Molière, la Comtesse d'Escarbagnas, 5.
N. B. Le mot est donné ici pour un hellénisme prétentieux.
2 Pour qu'une strophe existe, il faut qu'elle soit faite, c'est-à-dire qu'on ne puisse pas en séparer les parties sans la briser, sans la détruire complètement.
Th. de Banville, Petit traité de poésie franç., p. 140.
3 Le premier vers d'une de ses strophes; et peu à peu toute la strophe se déploie dans l'espace intérieur comme un grand oiseau réveillé.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XXII, p. 249.
❖
DÉR. Strophique.
COMP. Antistrophe.
Encyclopédie Universelle. 2012.