TAPIS
Le terme de tapis pouvant désigner tout genre de revêtement textile il en résulte que toutes les techniques et présentations sont concevables en théorie. Le mode de vie et l’habitat, ainsi que les conditions climatiques, engendrent des attitudes variées à l’égard du phénomène du tapis. Le tapis de sol, sous la forme du travail à points noués, a connu son plus grand essor et le summum de perfection artistique dans les régions qui s’étendent de l’Asie Mineure vers l’est entre le trentième et le quarante-cinquième degré de latitude nord; il y répond à des fins pratiques, esthétiques et cultuelles tout à la fois. En revanche, dans les contrées aux conditions climatiques extrêmes, les peaux, les nattes ou les tissus lisses sont utilisés pour couvrir le sol; en Europe, où le sentiment du cadre de vie est dicté beaucoup plus par les murs que par le sol, la tenture murale, en particulier la tapisserie, joua un rôle artistique prépondérant. Ces différences affectèrent non seulement la production, mais également l’attitude des Occidentaux envers le tapis d’Orient, qui était connu et très prisé, tout au moins depuis le XIIIe siècle, et n’était pourtant que rarement étendu sur le sol mais plutôt utilisé comme tapis de table ou de coffre, ou comme tenture murale. Elles s’estompèrent au XIXe siècle seulement, à la suite de la reproduction à grande échelle et des importations massives de tapis d’Orient, et la coutume se répandit en Europe également de couvrir de tapis d’Orient le sol de pièces entières.
Technique et matériaux
L’essentiel de la technique du point noué consiste à confectionner un fond ou contexture, revêtu sur une face d’un velours constitué de courts brins de fil individuels. Il s’agit d’un travail purement manuel effectué sur un simple métier à tisser portant les fils de chaîne tendus parallèlement. Avec une alternance régulière se pratiquent le passage de plusieurs trames solidement attachées et l’exécution des différents rangs de nœuds, ces derniers étant faits autour des fils de chaîne et maintenus en place par les trames suivantes. Selon la manière dont le fil est enroulé autour de la chaîne lors du nouage, on distingue trois formes fondamentales des nœuds: dans le nœud Ghiordès ou turc, les brins qui forment le velours s’entortillent autour d’une paire de fils de chaîne, de sorte que les deux fils sont embrassés par le dessus et que la touffe de brins surgit entre les deux. Dans le nœud Senneh ou persan, le premier fil est entouré, le second enlacé, de sorte qu’après chaque fil de chaîne surgit une touffe de fibres qui forme le velours à l’endroit. Dans le nœud espagnol, le brin n’est noué que sur un fil de chaîne, mais alternativement sur les fils de chaîne pairs et sur les fils impairs. Cette technique spéciale est presque exclusivement le fait des ateliers espagnols, le nœud turc se trouve surtout dans les tapis d’Asie Mineure, le nœud persan dans les tapis égyptiens, persans et indiens. La concentration des nœuds varie entre 500 nœuds au décimètre carré dans les tapis de laine et plus de 10 000 dans les tapis de soie de la plus fine qualité.
Le matériau de prédilection fut toujours la laine de mouton, surtout pour le travail à points noués. Le coton est rarement utilisé pour le nouage, mais en revanche il entre souvent dans la chaîne ou toute la contexture. La matière la plus précieuse fut toujours la soie. Grâce à son brillant, lorsqu’elle sert à former le velours, la surface du tapis prend un aspect très spécial; elle est également utilisée dans le fond, même si les nœuds sont en laine, lorsque le dessin exige une épaisseur de nœuds particulière. Outre ces trois matières, d’autres jouent un rôle mineur, tels les fils d’or et d’argent pour des parties brochées à plat, le lin et le chanvre dans la contexture des tapis européens, enfin, surtout depuis le XIXe siècle, le jute pour la fabrication mécanique des tapis.
Antiquité et Moyen Âge
Le célèbre tapis de Pazyryk dans l’Altaï (Ve-IVe s. av. J.-C.), qui est le plus ancien tapis à points noués connu, possède déjà un haut degré de perfection artistique et artisanale; son existence prouve que les débuts de l’art du tapis remontent au moins à la première moitié du Ier millénaire avant J.-C. Il ressort de découvertes et de sources écrites que l’on utilisait également des tapis et applications de feutre qui se rattachaient, surtout en Asie orientale, à une tradition séculaire, et que l’on pouvait recourir au bouclé par la trame et, pour de riches décors à figures, à la tapisserie et à la broderie, comme par exemple pour l’immense tapis de la salle du trône dans le palais des Sassanides à Ctésiphon, qui acquit une extraordinaire notoriété sous le nom de «Printemps de Khosroès». Les fragments de tapis à points noués, exécutés du IIIe au IVe siècle après J.-C., qui proviennent des fouilles du Turkestan oriental constituent jusqu’alors le seul lien qui ait subsisté dans l’histoire du tapis à points noués entre celui de Pazyryk et les modèles médiévaux d’Asie Mineure.
Il est probable que les Seldjoukides apportèrent l’art du tapis à points noués en Asie Mineure dans leurs migrations du Turkestan en direction de l’ouest qui duraient depuis le XIe siècle. C’est de l’émirat seldjoukide de Rûm (mosquées de Konya et de Beyshehir) que proviennent les plus anciens spécimens de l’art anatolien médiéval du tapis dont Marco Polo vantait déjà l’étonnante beauté. Par leur dessin simple et rigoureux de formes géométriques et végétales extrêmement stylisées, avec lequel les larges bordures semées souvent de caractères coufiques transformés ornementalement forment un admirable contraste, ces tapis, dont les plus anciens remontent au XIIIe siècle, aboutissent à une curieuse monumentalité. Le deuxième groupe de tapis médiévaux à motifs zoomorphes est connu par deux originaux et surtout par de nombreuses reproductions dans des tableaux européens des XIVe et XVe siècles. Dans des octogones nettement délimités apparaissent des animaux, tout d’abord isolés, puis au XVe siècle représentés généralement par couples; on trouve aussi des combats d’animaux.
«L’époque classique» du tapis d’Orient
La période qui va de la fin du XVe siècle à la fin du XVIIe siècle est qualifiée d’«époque classique» du tapis. C’est alors que les caractéristiques particulières des différentes régions se manifestent avec netteté et apparaissent dans des originaux impressionnants. En Asie Mineure et dans le Caucase, on observe une tradition ininterrompue des dessins au cours des siècles. Dans les spécimens plus tardifs règnent, comme au Moyen Âge, des motifs au dessin rigoureux et clair, régulièrement alternés, qui couvrent tout le champ dans un rapport infini. Ils apparaissent non seulement sur les tapis dits de Holbein et de Lotto avec un assemblage de rhombes ou d’octogones ou un décor d’arabesques, mais aussi sur les tapis d’Ouchak. Ces derniers reprennent souvent les grands dessins de médaillons de l’art persan. Mais tout comme les motifs en étoiles plus sévères les médaillons s’intègrent en un décor continu qui couvre tout le champ. Le coloris aussi dépouillé que le dessin est limité à deux teintes prédominantes: comme le rouge et le jaune dans les Lotto, le bleu foncé et le rouge dans les tapis d’Ouchak à étoiles et à médaillons, ou un décor sombre sur fond ivoire dans les «tapis aux oiseaux et Tschintamani» (sphère). Les motifs zoomorphes des tapis médiévaux trouvent leur continuation dans les «tapis de dragons» du Caucase. Toutes les formes naturelles sont stylisées en grands motifs géométriques, conférant ainsi aux fabrications de ces contrées une vigueur grandiose d’une étrange rudesse. Les dessins persans sont aussi transformés dans ce sens et harmonieusement intégrés aux motifs caractéristiques où plusieurs rangs de pampres décalés les uns par rapport aux autres se chevauchent. Par la structure de leur dessin les tapis mamelouks égyptiens sont en contraste marqué avec ceux d’Asie Mineure et du Caucase. Dans les grandes pièces, un ou plusieurs champs nettement délimités sont dominés respectivement par un motif central principal – étoile ou polygone – auquel sont subordonnées des formes analogues plus petites. Bien que des rinceaux minuscules, surtout des feuilles en forme de champignon d’un tracé délicat, emplissent tous ces espaces, à première vue les motifs ont un aspect purement géométrique. Le caractère très original de ces tapis qui sont nés dans la seconde moitié du XVe siècle et les premières décennies du XVIe siècle est souligné par l’harmonie tricolore qui prévaut dans le champ et les bordures: vert clair, bleu mat et rouge.
À la suite de la conquête de l’Égypte par les Turcs en 1517 apparurent dans ce pays les tapis osmans dont la technique et, au début, les teintes étaient très voisines des tapis mamelouks, mais dont le dessin en revanche était absolument nouveau. En combinant les influences persanes avec des motifs spécifiquement turcs ils représentent l’art de cour du tapis turc qui diffère du tapis d’Asie Mineure. L’impression d’ensemble est déterminée par le semis de fleurs, de vrilles et de feuilles de lance qui se répètent régulièrement sur tout le champ, même si l’ordonnance en médaillons des tapis persans du Nord-Ouest reparaît souvent.
L’attachement à la tradition qui se fait jour dans d’autres pays est à l’opposé de la rupture marquée opérée en Perse avec l’ornementation médiévale et de la rivalité entre l’art du tapis d’une part, l’enluminure et la peinture d’autre part, phénomène dont on peut dire justement qu’il a «révolutionné le dessin». Il fut permis par la concentration des meilleurs artistes et ouvriers dans de grandes manufactures urbaines qui furent les centres essentiels de l’art persan du tapis durant le règne des Safavides (1501-1721). L’enluminure exerce son influence la plus forte dans les dessins du nord-ouest de la Perse (dont le centre est à Tabriz), tels les cartouches très chargés et particulièrement les tapis à médaillons auxquels la combinaison d’un grand motif central étoilé et des quarts de médaillons correspondants dans les coins confère une structure harmonieuse. Dans les riches décors où plusieurs rangs de pampres échelonnés se chevauchent, viennent s’insérer également des animaux et des combats d’animaux. L’influence de la peinture aboutit même à la représentation de paysages et à l’introduction de motifs à figures dans les tapis de chasse. Cette tendance atteint son point culminant dans les tapis de soie de Kâchan (Perse centrale) qui – noués ou tissés – contiennent, outre les motifs de médaillons, des représentations de paysages orientés unilatéralement. En revanche les tapis du sud de la Perse (capitale Kirman) possèdent de tout autres particularités, surtout les tapis à vases dont les fleurs extrêmement variées sont attachées à des pampres ascendants qui s’entrecroisent souvent et se chevauchent. Les vrilles qui partant du centre du champ rejoignent symétriquement les écoinçons du fond, généralement d’un rouge lumineux et qui portent de grandes fleurs ainsi que des animaux et des combats d’animaux dans les premiers tapis à décor de pampres et de faune, constituent le dessin de base des tapis Hérat de l’est de la Perse, qui connurent un vaste essor au XVIIe siècle. Les tapis de soie dits «polonais» (Shah Abbas) qui reprirent en les variant les dessins de différents arts persans ne trouvèrent leur style propre que vers la fin du XVIe siècle. De même que dans les tapis d’Hérat tardifs et les tapis dits «portugais» qui présentent une variante du motif du médaillon, une tendance à simplifier la structure du dessin et à mettre en valeur les motifs individuels et l’effet de richesse dû au velours se dégage avec beaucoup de netteté de cette très tardive variété de tapis par rapport aux fabrications du XVIe siècle.
L’Inde constitue un territoire marginal de l’art du tapis à points noués bien qu’il ait connu un vif épanouissement sous le règne des empereurs moghols et produit des pièces au dessin somptueux et d’une extrême finesse d’exécution. Indépendamment d’influences émanant principalement de Perse orientale, ces tapis permettent de déceler dans la représentation un penchant à un naturalisme marqué.
L’époque tardive du tapis d’Orient
Après la fin de la dynastie Safavide dans la première moitié du XVIIIe siècle la Perse perd sa prépondérance artistique. La ruine de la plupart des manufactures importantes entraîne une dispersion d’éléments décoratifs, venus en particulier de Perse méridionale et orientale, vers le nord-ouest du pays et leur pénétration jusqu’au Caucase. Plus encore que dans les productions de la Perse septentrionale, comme les tapis-jardins ou arbres dans les régions du Caucase, tous les dessins sont poussés dans le sens d’une stylisation rigide et anguleuse. Ici, l’originalité et la puissance décorative créatrice demeurent encore intactes et vivaces jusqu’au XIXe siècle dans l’assimilation de ces motifs et, plus tard, de dessins d’Asie Mineure; plus encore cette originalité est marquée par l’invention de nouveaux thèmes décoratifs, étant donné que bien des productions persanes subissent déjà des influences manifestement européennes.
Outre les dessins provenant du XVIe siècle, le type du tapis de prière acquiert une importance particulière en Asie Mineure au XVIIe siècle. À partir de la reproduction de la niche consacrée à la prière (mi ムr b ), les différents centres – comme Ghiordès, Ladik, Koula – créent des motifs particuliers qui, sauf changements mineurs, seront utilisés jusque dans le courant du XIXe siècle. Une variation de ce modèle de base est due à la répétition symétrique de la niche des deux côtés dans le sens de la longueur du champ, variante que l’on trouve surtout dans les tapis dits de Transylvanie. Les fabrications des tribus nomades turkmènes ne peuvent être appréhendées avant le XVIIIe siècle, alors que leur dessin à base d’hexagones et d’octogones ou de losanges est sans aucun doute inspiré de traditions plus anciennes et a assimilé des influences issues de l’Asie Mineure. Si l’impression d’ensemble est déterminée en général par le rouge sombre du fond, selon les tribus les tapis présentent des particularités transmises de génération en génération. Les tapis des régions du Turkestan oriental conservés depuis le XVIIe siècle trahissent fréquemment l’influence des tapis à points noués du Proche-Orient. En Chine même au contraire, la confection originale de tapis à points noués ne se développe pas avant le XVIIIe siècle. L’effet d’ensemble est dominé en général par le coloris froid du décor bleu souplement dessiné sur fond jaune sable. De plus grands motifs, parfois à figures, apparaissent en revanche dans le type spécial des draperies placées autour des piliers.
Europe
C’est en Espagne, où son histoire peut être retracée depuis le XIIIe siècle, que la production de tapis a les plus étroites affinités avec les productions orientales. Outre des tapis à motifs de petit format portant des écussons ou des symboles chrétiens, un grand nombre d’ouvrages du XVe siècle ont été vivement influencés par des dessins d’Asie Mineure qui ne seront supplantés qu’au XVIe siècle par des éléments décoratifs européens.
La France au contraire voit naître à partir du XVIIe siècle un style spécifique que l’on regroupe sous le nom de «savonneries» (d’après une manufacture située dans l’hospice de la Savonnerie). Adaptés comme ils le sont à la décoration lourde, en partie sculptée, des parois et des plafonds, ils constituent – notamment ceux dont les cartons sont dus à Lebrun et à son école – le type européen le plus caractéristique et le contraste le plus accusé avec le tapis d’Orient. La manufacture de Paris, qui existe encore actuellement, connut grâce aux importantes commandes royales sa plus grande prospérité aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les tapis de sol français tissés, qui sont désignés communément par le nom de leur plus grande manufacture – Aubusson –, sont proches du tapis à points noués par le décor. Cette sorte de tapis européen à points noués fut importée en Angleterre, au XVIIIe siècle, par des immigrants français. Depuis le XVIe siècle, des imitations de tapis d’Asie Mineure et la transpositions de dessins de broderies autochtones avaient régi l’industrie du tapis. Depuis la première moitié du XIXe siècle l’Angleterre produit un grand nombre de tapis mécaniques. À la suite de l’introduction du jute comme matériau peu coûteux pour la réalisation du fond, et du perfectionnement technique croissant des métiers à tisser les tapis qui permettent d’exécuter pratiquement n’importe quel modèle, le tapis aux points noués mécaniquement prit une importance considérable depuis le milieu du XIXe siècle, surtout pour l’imitation des tapis d’Orient.
tapis [ tapi ] n. m.
• tapiz 1160; gr. byzant. tapêtion, dimin. de tapês, êtos « couverture, tapis »
1 ♦ Ouvrage de fibres textiles, destiné à être étendu sur le sol pour s'asseoir, s'agenouiller (tapis de prière), en Orient; et en Occident, pour décorer le sol des maisons, étouffer les bruits, les pas. ⇒ carpette, descente (de lit). Tapis à points noués. Tapis de haute laine, de soie. Tapis anciens. Tapis d'Orient. Tapis persan. Tapis de la Savonnerie. Tapis noué main, mécanique. Tapis tissé. ⇒ kilim, lirette. — Franges, dessins d'un tapis (⇒ 1. fleurage) . — Battre, brosser, secouer les tapis. Tapis cloué. ⇒ moquette. Tapis de couloir, d'escalier (⇒ chemin) .
♢ Loc. Dérouler le tapis rouge : recevoir qqn avec tous les honneurs. — Le tapis volant, dans les contes orientaux. — Se prendre les pieds dans le tapis : commettre une maladresse, cafouiller (cf. S'emmêler les pinceaux). — Marchand de tapis : marchand ambulant qui propose des tapis. Fig. et péj. Personne qui a les manières d'un marchand trop insistant, qui marchande âprement.
2 ♦ Par ext. Revêtement souple de sol. Tapis de sparterie (alfa, jonc, etc.). ⇒ natte. Tapis de caoutchouc, de linoléum. Tapis de bain. Tapis de sol, dans une tente de camping. Tapis de judo. ⇒ tatami. — (1929) TAPIS-BROSSE,en fibres végétales, pour s'essuyer les pieds. ⇒ paillasson. Des tapis-brosses. — (1908) Boxe Aller au tapis; envoyer son adversaire au tapis, au sol, à terre (⇒ knock-out) .
♢ Par ext. TAPIS ROULANT : dispositif formé d'une surface plane animée d'un mouvement de translation et servant à transporter des personnes, des marchandises. ⇒ convoyeur, transporteur. « cette énergie suffisait à porter les gosses comme sur un tapis roulant » (Courchay). — Techn. TAPIS DIPLODOCUS : tapis roulant fait d'éléments plats articulés, qui livre les bagages dans une aérogare. — TAPIS SURFACE-GRIFFE : tapis transporteur muni de griffes pour retenir la charge sur un plan incliné.
3 ♦ (XVIe) Fig. Couche, surface qui évoque un tapis par sa matière, son aspect. Un tapis de gazon, de fleurs, de feuilles mortes. Un épais tapis de mousse.
♢ Milit. Tapis de bombes : nombreuses bombes très rapprochées.
4 ♦ Pièce de tissu recouvrant un meuble, une table. Tapis de table. Tapis de billard.
♢ Tapis d'une table de jeu, généralement vert. Absolt Mettre un enjeu sur le tapis. — Par ext. La table de jeu. Les « trois tapis verts dont le plus entouré est celui du trente et quarante » (Nerval). Loc. Le tapis brûle, se dit lorsqu'un joueur a oublié de déposer sa mise avant que les jeux soient faits. Éclairer, amuser le tapis.
♢ Le tapis vert d'une table de conseil d'administration, d'un bureau. Discuter, négocier autour du tapis vert. — Loc. fig. Mettre une affaire, une question SUR LE TAPIS , la faire venir en discussion. Être sur le tapis : être l'objet de la conversation.
⊗ HOM. Tapi.
● tapis nom masculin (grec tapêtion, diminutif de tapês, -êtos) Ouvrage textile tissé, noué ou brodé, destiné à être posé soit sur le sol (tapis de pied), soit sur une table (tapis de table). Par opposition à moquette, pièce de tissu décorative, amovible, en général à face veloutée, que l'on dispose sur le sol. Pièce de tissu ou d'une autre matière, de forme variable, qui sert à divers usages : Tapis de chaise. Littéraire. Ce qui recouvre entièrement une surface et rappelle un tapis : Un tapis de neige. Informatique Support antidérapant dont la surface plane facilite les déplacements de la souris d'un ordinateur. Jeux Pièce d'étoffe qui recouvre les tables de jeu et les tables de billard. Sports Revêtement du sol, textile ou plastique, d'épaisseur variable, recouvrant l'aire de jeu ou d'exercice (gymnastique, boxe, judo, etc.). Travaux publics Revêtement routier de faible épaisseur. Zoologie Zone rétinienne profonde ou choroïdienne, qui réfléchit la lumière à l'aide de ses cellules emplies de cristaux de guanine. (Il existe chez de nombreux poissons, les crocodiles, et un certain nombre de mammifères dont les yeux brillent dans l'obscurité, comme ceux du chat ou de la vache.) ● tapis (expressions) nom masculin (grec tapêtion, diminutif de tapês, -êtos) Familier. Aller au tapis, envoyer quelqu'un au tapis, aller au sol (en boxe, en particulier), être vaincu ; vaincre un adversaire. Amuser le tapis, jouer petit jeu en attendant la partie sérieuse ; distraire la compagnie, lui faire passer le temps. Dérouler le tapis rouge, recevoir quelqu'un avec tous les honneurs. Familier et péjoratif. Marchand de tapis, personne qui marchande mesquinement. Familier. Se prendre les pieds dans le tapis, agir avec maladresse, s'embrouiller dans ses explications. Sur le tapis, comme objet de discussion. Tapis vert, table de conférence ou table de jeu. Tapis de sol, revêtement imperméable pour isoler l'intérieur d'une tente de l'humidité du sol. Tapis de selle, couverture placée sous la selle, pour éviter au cheval tout échauffement. Tapis végétal, formation herbacée fermée, couvrant le sol. Tapis transporteur ou tapis roulant, dispositif à mouvement continu, qui transporte soit du vrac, soit des charges unitaires. Tapis de prière, petit tapis individuel, sur lequel est représenté un mihrab, utilisé par les musulmans pour prier. Tapis de plomb, étoffe munie de poches destinées à enfermer les plaques de plomb pour parfaire le poids indiqué sur le programme. ● tapis (homonymes) nom masculin (grec tapêtion, diminutif de tapês, -êtos) tapi participe passé ● tapis (synonymes) nom masculin (grec tapêtion, diminutif de tapês, -êtos) Littéraire. Ce qui recouvre entièrement une surface et rappelle un tapis
Synonymes :
- couche
- linceul
- lit
- litière
tapis
n. m.
rI./r
d1./d Pièce d'étoffe épaisse, de forme régulière, destinée à être étendue sur le sol d'un local pour le décorer ou le rendre plus confortable. Tapis de Fès.
|| Toute pièce de matière souple destinée à être posée sur le sol. Tapis de bain. Tapis de prière: chez les musulmans, petit tapis servant exclusivement à la prière.
— Spécial. Natte épaisse utilisée dans certains sports pour amortir les chutes. Tapis d'une salle de judo (V. tatami), d'un ring. Boxeur qui va au tapis, qui est envoyé au sol par un coup violent.
|| Tapis-brosse, placé sur un seuil, pour s'essuyer les pieds. Des tapis-brosses. Syn. paillasson.
d2./d Pièce de tissu épais qui recouvre un meuble, une table (partic., une table de jeu ou la table d'une salle de réunion). Mettre une grosse mise sur le tapis.
|| Loc. fig. Mettre une affaire sur le tapis: parler d'une affaire, amener une discussion à ce sujet.
d3./d Par anal. TECH Tapis roulant: V. roulant.
rII./r Par comp. Ce qui recouvre une surface à la manière d'un tapis. Un tapis de fleurs.
⇒TAPIS, subst. masc.
A. — [Désigne une étoffe]
1. Vieilli. Panneau d'étoffe ouvragé que l'on pose sur un meuble, un mur ou un sol. Tapis de basse, de haute lice; tapis d'Aubusson, des Gobelins. Et l'on a tendu sous le grand porche Une tapisserie où Blanche d'Est, jadis, a brodé trois héros (...). Ce tapis autrefois ornait la grande chambre; Au dire des vieillards, l'effrayant roi sicambre, Witikind, l'avait fait clouer en cet endroit De peur que dans leur lit ses enfants n'eussent froid (HUGO, Légende, t. 2, 1859, p. 527).
♦ Tapis de Turquie, façon Turquie. Tapis de haute laine en provenance de Turquie. Le mari avait déjà assassiné un chef des eunuques du harem, avant de venir vendre des tapis de Turquie sur le quai de la Fraternité (MIOMANDRE, Écrit sur eau, 1908, p. 50).
2. Panneau plus ou moins épais de fibres d'origine animale, végétale ou synthétique, nouées ou tissées selon divers procédés, que l'on pose sur le sol pour le confort et la décoration. On peut classer les tapis à points noués de la façon suivante: 1 Les tapis ras ou à poils courts et serrés, généralement en soie; 2 Les tapis à poils longs ou haute laine; 3 Les tapis à fond plat apparent en matières diverses (THIÉBAUT, Fabric. tissus, 1961, p. 119):
• 1. ... elles nous reçurent dans un vaste salon voûté, éclairé par une coupole, et rafraîchi par un bassin d'eau courante; elles étaient assises sur un divan semi-circulaire qui régnait au fond de la salle; tout était couvert de riches tapis, et les tapis couverts eux-mêmes de narguilés, de pipes, de vases de fleurs et de sorbets.
LAMART., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 269.
SYNT. Tapis ancien, bariolé, bon marché, éclatant, épais, moelleux, précieux, ras, velouté, velu; tapis chinois, persan, russe; tapis d'Iran; tapis de soie, de laine, de coton; tapis exécuté à la main, tissé à la machine, tapis cloué; assis, couché sur le tapis; étendre, rouler, dérouler un tapis; battre, brosser, secouer un tapis.
♦ Tapis d'Orient. Tapis le plus souvent noué (nœud persan ou nœud turc), provenant principalement de Turquie, d'URSS, d'Iran, d'Afghanistan, d'Inde ou de Chine. Les tapis d'Orient, plus anciens et plus nombreux. L'orient semble bien être le berceau de la fabrication de ce genre de tapis (THIÉBAUT, Fabric. tissus, 1961, p. 118).
♦ Tapis de prière. Petit tapis utilisé par les musulmans pour la prière. Mahomet, dit-on, avait un tapis de prière sur lequel il s'agenouillait (BARRÈS, Cahiers, t. 13, 1921, p. 223).
♦ [Dans les contes orientaux] Tapis magique, volant. Tapis capable de transporter des personnes dans les airs. Les distances sont peu de chose; l'homme les franchit comme en un rêve, sur le tapis magique, ou bien emporté par des dragons volants (ALAIN, Propos, 1921, p. 291). [Dans un cont. métaph.] Jean a un tapis volant. Quand autrefois s'élevait entre nous l'amour trop grand, puis l'indifférence trop grande, Jean montait sur un tapis, et s'envolait (GIRAUDOUX, Sodome, 1943, I, 1, p. 39).
♦ Marchand de tapis. Personne qui vend des tapis. Le sieur Duplan, marchand de tapis, m'a écrit hier une lettre pathétique où il me supplie de lui envoyer de l'argent avant la fin de ce mois (FLAUB., Corresp., 1870, p. 238). Au fig., péj. V. marchand I B 1 d .
— Au fig. Dérouler le tapis rouge. Accueillir quelqu'un avec beaucoup d'honneur. Conscient de l'intérêt économique du projet, le gouvernement espagnol n'a pas hésité à dérouler le tapis rouge sous les pieds des représentants de la firme américaine (Le Monde aujourd'hui, 17-18 févr. 1985, p. XIII, col. 2).
3. Pièce de tissu (laine, soie, coton,...) que l'on pose sur un meuble, un objet. Cette salle à manger où je travaille et qui est, à elle seule, toute la France que je reconnais, avec son tapis de table, ses gros cadres dorés, et dans une vitrine, le service auquel on ne touche jamais (GREEN, Journal, 1945, p. 236). La majorité de la population devait se contenter comme au XVIe siècle, d'une table recouverte d'un tapis de bure ou de toute autre étoffe plus légère (VIAUX, Meuble Fr., 1962, p. 66).
♦ Châle-tapis. V. châle ex. de Menon, Lecotté.
♦ Tapis de selle. Couverture placée sous la selle du cheval pour éviter les échauffements. Ils lui mettent son premier harnachement pour aller travailler: la bride, le torchon — nom vulgaire du tapis de selle (ZITRONE, Courses, 1962, p. 226).
a) Tapis vert. Pièce de drap vert qui recouvre une table de travail, une table de conférence; p. méton., table autour de laquelle se tient une réunion de personnes qui délibèrent, qui traitent une affaire. Obtenir la protection d'un des ministres influents, d'une des douze ou quinze cartes qu'une main puissante mêle depuis seize ans sur le tapis vert de la table du conseil (BALZAC, Cous. Pons, 1847, p. 165). Si par hasard certains désaccords disparaissent autour des tapis verts dans la sérénité du plan régional ou du plan national, ils subsisteront à l'intérieur de chaque entreprise (WILBOIS, Comment fonct. entr., 1941, p. 58).
— Loc. verb. fig.
♦ Être (revenir) sur le tapis. Être (à nouveau) l'objet d'une discussion. Après quelques phrases banales échangées, l'événement du jour fut sur le tapis (BALZAC, Employés, 1837, p. 272). Au mois de mars, le complot revint sur le tapis (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 218).
♦ Jeter, mettre, remettre, tenir,... qqc. sur le tapis. Soumettre (à nouveau) quelque chose à un examen collectif, à une discussion. Arrivé chez Arnauld au faubourg Saint-Jacques, et y trouvant assez nombreuse compagnie de théologiens, il mit la question sur le tapis (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 484). J'attendais le moment propice pour jeter le nom de Breton sur le tapis (GIDE, Corresp. [avec Valéry], 1920, p. 482).
♦ Amuser le tapis. Parler pour amuser, ou distraire l'attention de l'assemblée. Le chambellan exprime à Méphistophélès l'impatience du souverain. Réduit à un rôle secondaire, le Diable semble ici chargé d'amuser le tapis en attendant le retour de l'illustre magicien (NERVAL, Sec. Faust, Examen analytique, 1840, p. 208). La vie littéraire et même la vie de l'esprit est parfaitement nulle — ici et partout. La naïveté gagne du terrain. Voltaire se meurt. Les centenaires amusent le tapis (VALÉRY, Lettres à qq.-uns, 1945, p. 188).
b) JEUX. Tapis vert ou, absol., tapis. Pièce de drap (généralement vert) qui recouvre une table de jeux; p. méton., table de jeux. Déposer sa mise sur le tapis; le tapis de la roulette, du baccara. Un joueur n'est pas nécessairement stupide, mais dès qu'il approche du tapis vert il semble perdre tout bon sens (Jeux et sports, 1967, p. 477):
• 2. — Mais que pouvons-nous avec vingt louis? — Aller au jeu. Je frissonnai. — Ah! reprit-il en s'apercevant de ma pruderie (...) tu as peur d'un tapis vert! — Écoute, lui répondis-je, j'ai promis à mon père de ne jamais mettre le pied dans une maison de jeu. Non seulement cette promesse est sacrée, mais encore j'éprouve une horreur invincible en passant devant un tripot...
BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 173.
♦ Le tapis brûle. Quelqu'un a oublié de déposer sa mise. (Dict. XIXe et XXe s.).
♦ Faire tapis. Au pocker, étaler ses cartes sur la table, montrer son jeu. Après plusieurs passes, mon voisin relance de dix mille (...) je ne les avais plus (...) je fais tapis en toute tranquillité (...) il étale un full aux as par les dames (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 31).
♦ Tapis! [Au pocker, exclamation de celui qui engage un coup dans le restant de la masse]. (Ds Lar. Lang. fr., ROB. 1985).
— Loc. verb. fig. Jouer tapis. Mettre toutes ses chances en jeu (Ds Lar. Lang. fr., ROB. 1985). Être tapis. Être sans ressource, démuni d'argent (d'apr. LE BRETON 1960).
— P. métaph. Cet incomparable Goethe dont nous observons le retour, au bout d'un siècle, au plus haut du ciel de l'esprit. En vérité, sur le tapis du monde, ce grand homme est un des coups les plus heureux que le destin du genre humain ait amenés (VALÉRY, Variété IV, 1938, p. 100).
— En partic.
♦ BILLARD. Drap vert tendu sur la surface et les bandes du billard. Crever le tapis. Gripothe, maître en l'art délicat de faire se heurter trois billes sur le vert tapis du billard, parla d'aller jouer la poule dans un café (COURTELINE, Ronds-de-cuir, 1893, p. 227).
♦ CARTES. Petite pièce de drap sur laquelle on pose les cartes quand on joue. On fait une manille, comme tu vois. Il abattait ses cartes sur le tapis, cognant du poing, à chaque coup, entre les verres pleins de vin rouge (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 150). M. Brun: Ça commence bien. Il jette une carte sur le tapis. César: Je prends avec la dame (PAGNOL, Marius, 1931, III, 1er tabl., 6, p. 171).
— P. méton., arg. Établissement de jeu clandestin; p. ext., bar, café louche. Descente [de police] sur descente dans les hôtels, les tapis et les bars (SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 143).
B. — P. ext. [Désigne ce qui recouvre un sol]
1. Revêtement souple que l'on étend sur le sol pour le confort. Tapis de bain. Le linoleum est un excellent revêtement, bien supérieur aux nattes en sparterie, aux tapis en caoutchouc et autres revêtements (CRONEAU, Constr. nav. guerre, t. 1, 1892, p. 367). Dans les tentes turques et mongoles il y avait des peaux et des tapis de feutre en abondance (LOWIE, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 120).
— En partic., rare. Petite pièce de fibres végétales dures, que l'on place devant la porte d'un appartement, d'une maison pour s'essuyer les pieds. Synon. paillasson, tapis-brosse. Il frottait ses souliers à boucles sur le tapis de la porte (MUSSET ds Le Temps, 1831, p. 62).
— CAMPING. Tapis de sol. Partie de la tente en contact avec le sol qui isole de l'humidité. Généralement seules les chambres en sont pourvues, mais la mode se répand de prévoir un tapis de sol dans la salle de séjour, ce qui accroît le confort, mais aussi le prix (L. MONTANGE, Le Camping, 1975, p. 81).
2. SPORTS. Revêtement de sol souple recouvrant l'aire où se pratiquent certains exercices, certaines activités sportives. La lutte gréco-romaine se pratique à mains plates et oppose deux lutteurs qui recherchent la victoire en « tombant » leur adversaire, c'est-à-dire en lui faisant toucher simultanément les deux épaules au tapis (R. VUILLEMIN, Éduc. phys., 1941, p. 170). Il s'agit de projeter l'adversaire sur le tapis (Comment parlent les sportifs ds Vie Lang., 1954, p. 372).
a) CIRQUE, GYMN. [P. oppos. aux exercices qui se font avec des agrès] Le tapis. Ensemble des exercices d'assouplissement ou d'acrobatie réalisés sur un tapis; p. méton., ces exercices considérés comme une discipline. Des figures et des mouvements qui unissaient l'harmonie de la danse classique aux prouesses musculaires et aux audaces gymnastiques des athlètes du tapis (Arts et litt., 1935, p. 78-2). Les acrobates ont eu l'idée de réaliser à cheval les prouesses exécutées « au tapis », principalement les divers sauts et élévations (Hist. spect., 1965, p. 1523).
b) BOXE
♦ Aller au tapis. Aller au sol, tomber sur un coup de l'adversaire. Envoyer son adversaire au tapis. L'envoyer au sol, l'abattre. Envoyer son adversaire au tapis pour le compte. Le mettre knock-out. Battu aux points, il y a un an, à Milan, par l'Italien, mais après l'avoir envoyé deux fois au tapis, Bruneau espère prendre sa revanche (Le Figaro, 19-20 janv. 1952, p. 8, col. 8).
♦ Rester au tapis. Être blessé ou tué; au fig., être éliminé par la concurrence. Cette lutte au couteau entre fabricants américains, japonais, et européens de magnétoscopes en a laissé plus d'un au tapis, exsangue, ayant englouti des sommes colossales (Le Point, 18 déc. 1978 ds GILB. 1980).
3. TECHNOLOGIE
a) Revêtement de sol adapté aux problèmes techniques à traiter. Les chaussées étaient systématiquement pourvues de tapis imperméables à base de goudron ou de bitume (J. THOMAS, Route, 1951, p. 306). On cherchera, en outre, à réduire ces filtrations, soit par des injections de différents produits destinés à créer un voile vertical aussi profond que possible, soit par un tapis horizontal en béton souple établi sous l'ouvrage (THALLER, Houille blanche, 1952, p. 47).
b) Tapis roulant. Bande mobile, métallique ou de caoutchouc, à mouvement continu qui sert au transport de personnes ou de charges. Un pylone de dix nouveaux monte-livres a été établi pour l'amenée des livres vers la salle de travail par un tapis roulant (CAIN, Transform. B.N., 1959, p. 45).
♦ Tapis roulant élévateur. Cette échelle est constituée par un tapis roulant élévateur. Le sel tombant du sommet prend la pente du talus d'éboulement et forme un tas à section triangulaire (STOCKER, Sel, 1949, p. 25).
C. — P. anal.
1. Ensemble homogène qui recouvre le sol en rappelant l'aspect d'un tapis. Tapis de neige, de feuilles, d'herbes. Les petits des louves dans leurs jeux Se détachent tout noirs sur un plateau neigeux Où brillent sur le blanc tapis jonché de branches Des flaques de sang rose et des carcasses blanches (BANVILLE, Exilés, 1874, p. 65). Là seulement où la rivière a pu, par ses déplacements successifs, étendre un tapis légèrement incliné d'alluvions, les champs, prairies et jardins ont trouvé place (VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 66).
♦ Tapis végétal. Ensemble de la végétation qui recouvre un sol. Autrefois, on cultivait un tapis végétal formé par une algue particulière (STOCKER, Sel, 1949, p. 23). Les insectes dont les ravages ne sont plus compensés par l'ampleur et la vigueur d'un tapis végétal intact (BELORGEY, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 387).
♦ Tapis vert. Pelouse. Tout est, se montre, très pleine campagne, avec grands tapis verts bordés de haies encore sombres; ton sur ton (LARBAUD, Journal, 1934, p. 325).
♦ Tapis de mousse. Pied unique de mousse s'étalant sur une grande surface. Un filet d'eau claire coulant sans bruit sous un tapis de mousse (SANDEAU, Sacs, 1851, p. 29).
— HIPP. Raser le tapis.
2. TECHN. MILIT. Tapis de bombes. Ensemble de bombes larguées à forte densité, suivant des intervalles réguliers, sur toute la surface d'un objectif. Le tapis se déroule avec une précision mécanique: une bombe tous les dix mètres, sur une zone qui couvre parfois plusieurs dizaines de kilomètres carrés (L'Express, 26 sept. 1965 ds GILB. 1980).
REM. Tapis-plain, subst. masc., région. (Belgique). Moquette recouvrant toute la surface d'une pièce. (Ds DAVAU-COHEN 1972, HANSE Nouv. 1983).
Prononc. et Orth.:[tapi]. Homon. (il se) tapit, tapi (formes de se tapir). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1160 « pièce d'étoffe, de tissu servant à l'ameublement, la décoration, en particulier servant à couvrir le sol » un tapiz Galacien (Enéas, 6116 ds T.-L.); fin XIIe s. .j. tapis (Raoul de Cambrai, 3455, ibid.); 1328 un tapi velu de Roumanie (Inv. de Clémence de Hongrie, p. 60 ds GAY); 1408 un tapiz de muraille (Arch. nat., P. 1189, ibid.); b) 1827 tapis magique (STENDHAL, Armance, p. 150); 1876 tapis de prière (GOBINEAU, Nouv. asiat., p. 169); 2. a) ca 1485 « pièce de tissu recouvrant une table, un siège, un meuble » un tapis sur une escabelle (Mist. Vieux Testament, 34271, éd. J. de Rothschild, t. 4, p. 314); b) en partic. 1575 quinze tapis de table de drap vert (Inv. Château Montrond, 65); d'où tapis vert ou tapis « pièce de drap vert qui recouvre une table de travail, une table de conférence » cf. ) fin XVIe s. mettre qqc. sur le tapis « en débattre, en discuter » (PASQUIER, 418 ds IGLF); 1676 « (d'une chose) » revenir sur le tapis (SÉVIGNÉ, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 405); ) ca 1660 amuser le tapis « ne proposer à l'examen que des choses peu importantes » (RETZ, IV, 294 ds LITTRÉ); en partic. 1840 « divertir la société en racontant ou en faisant des choses plaisantes » (NERVAL, loc. cit.); 3. 1550 « ce qui recouvre entièrement une surface et par son aspect extérieur rappelle un tapis » un verd tapy sauvage (DU BELLAY, L'Olive, LXXVII, 5 ds Œuvres poét., t. I, p. 92); 4. a) av. 1615 tapis vert « pièce de drap vert recouvrant une table de jeu » jouanz sur un tapis vert (PASQUIER, 728 ds IGLF); 1690 le tapis brusle (FUR.); b) 1694 le tapis du billard (Ac., s.v. billard); 1765 tapis de billard (Encyclop. t. 15); 5. 1901 « revêtement de sol fait d'une matière souple, à l'intérieur ou à l'extérieur » (Ch. L. PHILIPPE, Bubu de Montparnasse, Paris, éd. de la Revue Blanche, p. 107; en partic. a) 1903 lutte descendre au tapis (L'Auto, 5 déc. ds PETIOT 1982); 1908 id. aller au tapis (Vie au Grand Air, 4 janv., ibid.); b) 1918 boxe renvoyer qqn au tapis par un uppercut (Auto, 4 avr., p. 2, col. 4 ds ESN. Poilu, p. 79). Empr. au gr. (dimin. de « tapis, couverture ») prononcé tapîtion à l'époque byz. Fréq. abs. littér.:2 566. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 2 416, b) 5 406; XXe s.: a) 4 148, b) 3 458. Bbg. CHAUTARD Vie étrange Argot 1931, p. 671. — HøYBYE(P.). Notes lexicol. et étymol. Fr. mod. 1968, t. 36, p. 64. — QUEM. DDL t. 5, 10, 16, 38.
tapis [tapi] n. m.
ÉTYM. Fin XIIe; tapid, fin XIe; tapiz, v. 1130; le sens A, 2 semble attesté avant le sens plus général A, 1 (fin XIe-fin XIIe); grec byzantin tapêtion, dimin. de tapês, tapêtos « couverture, tapis ».
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1 Anciennt. (Sens large). Pièce d'étoffe, de tissu, servant à l'ameublement, à la décoration et au bien-être domestique. — (XVe). || Tapis de muraille. ⇒ Tapisserie. || Au moyen âge, comme en Orient, les tapis servaient de sièges (→ Sofa, cit. 1), de nappes, etc. || Tapis velus : tapis (au sens 2, a) de haute laine. — (XIVe, tappis du païs de Turquie). || Tapis de Turquie. || « Sur un tapis de Turquie, Le couvert se trouva mis » (→ 1. Penser, cit. 34, La Fontaine).
1 Tapis (…) Couverture d'étoffe, ou d'ouvrages, qu'on étend sur une table, sur une estrade, dans une alcôve (…)
Furetière, Dict. (1690), art. Tapis.
2 Mod. a Ouvrage de tissu, généralement en laine, destiné à être étendu sur le sol (pour s'asseoir, s'agenouiller — tapis de prière —, en Orient; et en Occident, pour décorer le sol des maisons, étouffer les bruits, les pas…). → Étouffement, cit. 1. || Tapis chauds, moelleux; ras… — REM. Cet usage du tapis est relativement récent; on lit dans l'Encyclopédie (1765) qu'on met les tapis « sur une table, sur une armoire, ou même sur le carreau ». — Tapis à points noués, à trame de laine croisée à la main, nouée et coupée à chaque changement de laine. || Tapis veloutés, à chaîne de laine double, à fils de poil en laine (⇒ Velours), et à deux trames. || Les tapis de haute laine (cit. 6), faits sur des métiers de haute lice, sont veloutés (→ Savonnerie, cit.). || Tapis ras, de basse lice (ex. : Aubusson). || Tapis de moquette (2. Moquette, cit. 1), unis ou à chaînes multiples (fabriqués au métier Jacquard). || Canevas, velours d'un tapis de moquette. || Tapis fabriqués à la main; à la machine, tapis mécanique. ⇒ Tissage. || Tapis anciens. || Tapis d'Orient, de Perse, tapis turcs (→ Pantalon, cit. 5). || Tapis des Gobelins (Gobelin, n. m.), d'Aubusson (Aubusson, n. m.), provenant de ces fabriques. — Dessins d'un tapis. ⇒ Fleurage. || Tapis à franges. || Poils (cit. 30) d'un tapis. — Nettoyer; battre (→ Ménage, cit. 5), brosser, secouer (→ Ménagère, cit. 9) les tapis. || Baguette, houssine, tapette pour battre les tapis. — Tapis mobile, ne recouvrant qu'une partie d'une pièce. ⇒ Carpette, descente (de lit). || Tapis de foyer. || Tapis cloué (moquette). → Marier, cit. 21. || Thibaude placée sous un tapis cloué. || Tapis de couloir, d'escalier. ⇒ Chemin. || Tapis de chœur, dans une église. || Fabricant, marchand de tapis.
2 (…) le Bon marché avait reçu, dans un envoi de tapis d'Orient modernes, quelques vieux tapis de Perse. On me les montre et devant ce ras velouté, devant ces surfaces givreuses et miroitantes, devant ces laines qui ont le micacé de crins coupés (…) devant cette palette de couleurs doucement souriantes, qu'on dirait la palette inventée pour jouer autour du corps nu d'une femme, je me sens pris d'une passion d'amateur de tableaux pour ces tapis (…)
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 21 nov. 1874, t. V, p. 125.
3 (…) des tapis de haute laine fabriqués dans la montagne, ceux de Rabat pareils à des jardins fleuris, ceux de Salé composés de bandes noires, blanches, jaunes ou vertes (…)
Jérôme et Jean Tharaud, Rabat…, VIII.
4 (…) Joseph entra de plain-pied, avec une tranquille aisance, dans un univers mystérieux, assourdi, étouffé par des tapis, épais comme des toisons, par des tapis feutrés comme des prairies, par de ces tapis qui rendent n'importe quelle pièce un peu trop basse de plafond.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, X, VII.
♦ (Sens collectif). || Du tapis. || Dérouler (cit. 2) un chemin de tapis rouge. || Un carré de tapis (→ 1. Sac, cit. 12).
♦ Tapis rouge. — ☑ Loc. fig. Dérouler le tapis rouge : recevoir qqn avec tous les honneurs.
4.1 « (…) En l'honneur de leur départ, nous sommes prêts à dérouler le tapis rouge… » Là, un sourire suffit, vous comprenez.
Malraux, Antimémoires, p. 441.
♦ ☑ Loc. Marchand de tapis : marchand ambulant, vendant des tapis et divers objets souvent exotiques. — Fig., péj. Commerçant, et, par ext., négociateur, qui discute mesquinement. || Des marchandages, des discussions de marchands de tapis. — REM. Le sémantisme du mot provient de l'image convenue et raciste du marchand de tapis ambulant oriental.
♦ ☑ Loc. (1839). Tapis magique, tapis volant, des légendes orientales.
5 Le volier avait la forme d'un long ruban naviguant très bas, à deux cents mètres peut-être, onduleux et tout d'une pièce comme un tapis volant des Mille et une Nuits (…)
Montherlant, les Célibataires, X.
b Pièce de tissu recouvrant un meuble, une table, un siège, etc. || Tapis de laine, de drap, de soie. || Tapis polonais : tissu de soie sur fond lamé. — Tapis de table. || Tapis de selle : couverture de laine qu'on met sous la selle. — ☑ (1893). Tapis vert. || Tapis vert d'une table de conseil d'administration, d'un bureau, etc. (→ Solliciteur, cit.). — Par ext. || Discuter autour du tapis vert. — (1694). || Tapis de billard, drap vert qui recouvre la table et les bandes. || Crever le tapis : faire un accroc.
6 En quelque entreprise que ce soit, ne soyez jamais simple actionnaire. Il faut toujours avoir le droit de s'accouder au tapis vert avec les directeurs et les administrateurs; ce tapis vert représente un plat dont il faut pouvoir prendre sa part comme à table d'hôte.
Balzac, le Code des gens honnêtes, II, in Œ. diverses, t. I, p. 101.
♦ (Av. 1615, Pasquier). Spécialt. Pièce de drap (généralement vert) qui recouvre une table de jeu; par métonymie, table de jeu; sa surface. || Étaler une bourse (cit. 1) sur le tapis. || Mettre un enjeu sur le tapis, le risquer au jeu. || Le tapis de la roulette (cit. 4), du baccara. || Couvrir (cit. 2) les cases du tapis. — (Dans le même sens). || Tapis vert.
6.1 Un jour, installée devant le tapis vert, Flore, agitée et nerveuse, risquait ses dernières pièces d'or. Quelques coups suffirent à consommer sa ruine. Atterrée, la malheureuse, voyant dans un éclair ses bijoux vendus et ses meubles saisis, fut soudain hantée par des idées de suicide.
Raymond Roussel, Impressions d'Afrique, p. 277.
♦ ☑ Loc. (1690). Le tapis brûle : un joueur n'a pas déposé sa mise avant que les jeux soient faits. — Faire tapis : étaler ses cartes sur la table; montrer son jeu (au poker).
♦ Enjeu maximum (d'un joueur de poker). || Tapis !, exclamation du joueur de poker qui engage dans un coup le restant de sa masse. — Fig. || Jouer tapis : mettre en jeu toutes ses chances.
♦ Par métonymie. || Tapis : établissement de jeu clandestin; café borgne. ⇒ Tapis-franc, tripot.
6.2 Le lieu de la transaction, au premier chef, le déroutait. Il l'aurait situé idéalement dans l'arrière-salle d'un tapis frayé par une élite d'arcans, et non dans cette espèce de hangar.
A. Simonin, Hotu soit qui mal y pense, p. 21.
7 — Le jeu est fait, messieurs, rien ne va plus ! rouge gagne ! couleur perd ! treize, noir, impair et manque ! — Voilà les phrases obligées qui se répandent au bord des trois tapis verts dont le plus entouré est celui du trente et quarante.
Nerval, Lorely, Du Rhin au Mein, IV.
♦ ☑ Loc. fig. (V. 1600; du tapis d'un bureau). Sur le tapis. || Mettre une affaire, une question sur le tapis, la proposer à un examen collectif, à une discussion. ⇒ Examiner, occuper (s'). || Tout mettre sur le tapis (cf. Sur la table). — (1676). || L'affaire revient sur le tapis. — ☑ Vieilli. (Du tapis de table de salon). Mettre, tenir qqn, qqch. sur le tapis, en converser. ☑ Être sur le tapis : être l'objet de la conversation.
8 (Il) lui rend plusieurs visites, où l'on ne manque jamais de mettre sur le tapis une question galante qui exerce les esprits de l'assemblée.
Molière, les Précieuses ridicules, 4.
9 Cependant la conversation des deux femmes avait dévié; et c'est M. Lescaa qui était sur le tapis.
P.-J. Toulet, la Jeune Fille verte, III.
9.1 C'était pour le faire valoir auprès de ses amis qu'elle avait amené sur le tapis les petites manies de sa tante…
N. Sarraute, le Planétarium, p. 45.
♦ ☑ Loc. Amuser le tapis, l'assemblée (vx, abuser le tapis).
c (1901; du sens a). Revêtement souple de sol, à l'intérieur ou à l'extérieur des maisons. || Tapis de sparterie (alfa, jonc, etc.). ⇒ Natte. || Peaux d'animaux, fourrures servant de tapis. || Tapis de caoutchouc, de linoléum (cit. 1). || Tapis de sol, dans une tente de camping. — Tapis-brosse. ⇒ Paillasson.
10 Il frottait ses pieds sur le tapis-brosse et promenait dans la pièce un regard lent, émoussé.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, III, I.
♦ ☑ (1903, en lutte, en boxe, descendre au tapis; le tapis, 1921). Envoyer au tapis. || Envoyer son adversaire au tapis, l'abattre. || Envoyer au tapis pour le compte, le mettre knock-out. || Rester au tapis.
11 (…) sous un choc plus dur au flanc droit, il pencha (…) et s'affaissa sur la corde avec un doux soupir.
Toute la bête en lui (…) souhaitait le tapis, mais une petite voix humaine, orgueilleuse (…) commanda de faire front; sitôt relevé, le gong le délivra.
Jean Prévost, Plaisirs des sports, IV.
♦ Par anal. ☑ Rester au tapis : être blessé, tué au combat, et, par ext., être éliminé (par la concurrence, etc.).
♦ Tapis roulant : dispositif formé d'une surface plane animée d'un mouvement de translation (sur rouleaux) et servant à transporter des personnes, des marchandises. ⇒ Convoyeur, transporteur.
12 On usait de patients trafics d'influence pour sauver une face cadastrale, et cette énergie suffisait à porter les gosses comme sur un tapis roulant.
Claude Courchay, La vie finira bien par commencer, p. 26.
♦ Techn. || Tapis diplodocus : tapis roulant pour la livraison des bagages dans une aérogare, de forme sinueuse et formé de plaques triangulaires évoquant des écailles. — Tapis surface-griffe : tapis transporteur muni de griffes.
B (Emplois figurés).
1 (1690, Furetière). Fig. (par allus. aux dessins, à l'aspect d'un tapis [1.]). Anat. Portion de la choroïde « à reflets métalliques changeants » (Littré).
2 (Fin XVIe, d'Aubigné). Littér. Couche, surface plane qui évoque un tapis par sa matière, son aspect… — (XVIIe). || Tapis vert : rectangle de gazon d'un jardin, d'un parc. ⇒ Pelouse. || Tapis de fleurs, de gazon (→ Allée, cit. 3), de végétation (→ Fourmiller, cit. 7), de verdure (→ Embaumer, cit. 5). || Se coucher sur un tapis de feuilles. ⇒ Lit (5.). || Tapis de mousse (1. Mousse, cit. 2). — Spécialt. Pied de mousse unique très étalé. || Tapis de neige (cit. 4).
3 (V. 1964; d'après l'angl.). Milit. || Tapis de bombes : bombes très nombreuses et rapprochées larguées sur toute la surface d'un objectif.
4 Techn. || Tapis d'étanchéité : revêtement de la base d'un barrage, vers l'amont.
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DÉR. Tapisser, tapisserie, tapissier.
COMP. Tapis-brosse, tapis-franc.
Encyclopédie Universelle. 2012.