1. arche [ arʃ ] n. f.
• 1131; lat. arca « coffre, armoire »
1 ♦ Arche de Noé, ou arche : vaisseau fermé qui, selon la Bible, permit à Noé d'échapper aux eaux du Déluge.
2 ♦ L'Arche d'Alliance, l'Arche Sainte : coffre où les Hébreux gardaient les Tables de la Loi. — Mod. Meuble où sont déposés les rouleaux de la Torah dans la synagogue.
arche 2. arche [ arʃ ] n. f.
• XIIe; lat. pop. °arca, class. arcus → 1. arc
1 ♦ Voûte en forme d'arc qui s'appuie sur les culées ou les piles d'un pont. Les arches d'un pont, d'un aqueduc, d'un viaduc. Maîtresse arche.
♢ Construction en forme d'arc, monument en forme de grand portail. La Grande Arche de la Défense, près de Paris.
2 ♦ Astron. Phénomène présentant l'aspect d'un système d'arches, qui apparaît après le maximum de brillance d'une éruption solaire.
● arche nom féminin (bas latin arca, du latin classique arcus, arc) Arcade d'une certaine profondeur, voûtée. Partie d'un pont-voûte ou d'un pont en arc comprise entre deux appuis successifs. ● arche nom féminin (latin arca, coffre) Mollusque bivalve d'un type primitif, à longue charnière formée de dents nombreuses. ● arche (expressions) nom féminin (latin arca, coffre) Arche de Noé, vaisseau que, selon la Bible, Noé construisit par ordre de Dieu pour échapper au Déluge ; ou, familier, maison où vivent toutes sortes de gens ou de bêtes. Arche d'alliance, coffre de bois d'acacia recouvert d'une plaque d'or, dans lequel étaient déposées les Tables de la Loi reçues par Moïse sur le mont Sinaï ; armoire où est enfermé le rouleau de la Torah qui sert aux offices de la synagogue.
arche
n. f. ARCHI Voûte en arc soutenant le tablier d'un pont.
————————
arche
n. f. HIST, RELIG
d1./d Arche de Noé: selon la Bible, vaisseau construit par Noé sur l'ordre de Yahvé pour sauver du Déluge sa famille, sept couples d'animaux purs et un couple d'animaux impurs. (V. Ararat [mont].)
d2./d Arche d'alliance, arche sainte: coffre de bois imputrescible dans lequel les Hébreux conservaient les Tables de la Loi.
————————
arche
n. f. ZOOL Mollusque lamellibranche à coquille épaisse et côtelée, consommé en Afrique depuis des temps reculés, ce qui a provoqué la formation de nombreux amas coquilliers.
I.
⇒ARCHE1, subst. fém.
A.— ARCHITECTURE
1. Au propre
a) Vx. Voûte en arc, arcade. Arche cintrée, gothique, en ogive, etc. :
• 1. « L'ancienne et riante Italie m'offrit la foule de ses chefs-d'œuvres. Avec quelle sainte et poétique horreur, j'errois dans ces vastes édifices consacrés par les arts à la religion! Quel labyrinthe de colonnes! Quelle succession d'arches et de voûtes! Qu'ils sont beaux, ces bruits qu'on entend autour des dômes, semblables aux rumeurs de la mer, aux murmures des vents dans les forêts, ou plutôt à la voix de Dieu dans son temple! (...) »
CHATEAUBRIAND, Génie du Christianisme, t. 1, 1803, p. 426.
• 2. L'invraisemblable cittoriale de D'Annunzio, grand assemblage de maçonneries pseudo-romaines dans un décor de cyprès et de collines qui ne méritaient pas cet affront. Là où l'on voudrait des arbres surgit lourdement la pierre : des arches, des piliers, des gradins, un amphithéâtre inachevé.
GREEN, Journal, 1948, p. 181.
♦ Arche de triomphe, Arc de triomphe.
Rem. Cette forme, encore vivante au XIXe s., est néanmoins considérée comme vicieuse dès 1835 (L. PLATT, Dict. crit. et raisonné du lang. vicieux ou réputé vicieux, 1835) et inus. au XXe siècle.
b) Arche d'un pont (d'un aqueduc, d'un viaduc). Ouverture en arcade entre deux piliers ou les culées d'un pont. Arche biaise, elliptique, extradossée :
• 3. ... une rivière coulait au milieu de la vallée, avec beaucoup de détours, tantôt près, tantôt loin, se glissant entre des peupliers, se cachant derrière les murs de parcs, et étincelant sous le grand pont de Villevieille, dont les arches faisaient le cerceau dans ses eaux brillantes.
DURANTY, Le Malheur d'Henriette Gérard, 1860, p. 135.
♦ Arche-maîtresse. [Dans un pont à plusieurs arches] Arche médiane généralement plus grande que les autres.
♦ Arche marinière. Arche de grande dimension assurant la circulation des bateaux sur les fleuves :
• 4. ... le pont Saint-Esprit [sur le Rhône]... a une fort mauvaise réputation. On dit que trente personnes s'y sont noyées l'an passé... et le gouvernement devrait faire arracher une pile, au moyen de quoi on aurait une arche marinière assez large...
STENDHAL, Mémoires d'un touriste, t. 1, 1838, p. 281.
Rem. Comme pour arcade, les désignations des arches (gothiques, surbaissées, en plein cintre, etc.) sont les mêmes que celles des arcs (cf. arc III).
2. P. ext. Ce qui présente une analogie de forme avec une arche ou une voûte en arcade. Arche de feuillage, de rochers (cf. arcade B 1) :
• 5. Et voilà cette fois qu'une arche de lumière,
Jusqu'au ciel, par-dessus les étoiles, d'un jet,
Près de nous, comme un pont sans limite émergeait,
Un chemin idéal fait d'astres en poussière.
DIERX, Les Lèvres closes, 1867, p. 178.
— Spéc., ANAT. Arche sourcilière. Synon. rare de arcade sourcilière (RENARD, Journal, 1891, p. 83).
— P. métaph. L'arche ou l'arche à sept voussures. L'arc-en-ciel (cf. A. ARNOUX, Rhône, mon fleuve, 1944, p. 16).
3. Au fig. Ce qui sert d'appui, de soutien, ou de communication entre deux concepts, deux tendances (cf. arcade B 2) :
• 6. Le chapelain, ...; et ce monde lui-même,
Où trébuche un instant le voyageur mortel,
N'est qu'une arche du pont qui nous conduit au ciel.
A. DUMAS Père, Charles VII chez ses grands vassaux, 1831, II, 2, p. 251.
B.— Loc. prép. En arche. Disposé en arc; qui rappelle la forme de l'arche :
• 7. Une petite écluse de côté sous un avancement en arche et qui forme sur le fleuve une sorte de balcon où je m'accoude; échelle d'eau, je pense, pour les petites barques, — et selon qu'elle est ouverte ou fermée, cette écluse, la ligne du flot en est modifiée.
GIDE, Journal, 1895, p. 59.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1170 « arc de triomphe » (Rois, ms. des Cordel. f° 19 R°, col. 1 ds LA CURNE : Oid la nuvele que li Reis... ont fait voldre une arche que fust signe e demustrance de sa victorie et de sa glorie); 2. fin XIIe s. « partie d'un pont sous laquelle l'eau passe » (Loh. ms. Montp. f° 151d ds GDF. Compl. : D'une sole arche estoit li pons bastis); 3. fin XIIIe s. « arcade, édifice fait par arches et piles » (Ronc., p. 83, Bourdillon ds GDF. : Ils les metront en arche de moustier) — 1606, NICOT.
Empr. à un b. lat. arca pour arcus (arc).
BBG. — BACH.-DEZ. 1882. — BARB.-CAD. 1963. — BOUILLET 1859. — Canada 1930. — CHABAT 1881. — Chauss. 1969. — CHESN. 1857. — Deux mots d'étymol. Vie Lang. 1956, p. 497. — GOUG. Lang. pop. 1929, p. 147. — NOËL 1968. — PISSOT 1803. — POPE 1961 [1952], § 194, 300. — ST-EDME t. 1 1824. — VIOLLET 1875.
II.
⇒ARCHE2, subst. fém.
I.— HIST. SAINTE (Ancien Testament).
A.— Arche, arche d'alliance, arche sainte ou arche du Seigneur.
1. Sorte de coffre en bois de cèdre renfermant les tables de la loi données à Moïse sur le Mont Sinaï, et qui est recouvert d'un couvercle en or dit propitiatoire et surmonté de deux chérubins :
• 1. Moïse voulut en vain effacer de sa religion tout ce qui rappelait le culte des astres : une foule de traits restèrent malgré lui pour le retracer; et les sept lumières ou planètes du grand chandelier, les douze pierres ou signes de l'urim du grand prêtre, (...) enfin, le nom d'Osiris même conservé dans son cantique, et l'arche ou coffre imité du tombeau où ce Dieu fut enfermé, demeurent pour servir de témoins à la filiation de ses idées, et à leur extraction de la source commune.
VOLNEY, Les Ruines, 1791, p. 294.
2. P. ext.
a) [P. réf. à l'endroit où l'on plaçait l'arche à l'orig.] Tabernacle :
• 2. ... un usage qu'ils [les Beni-Israël] adoptèrent [des Hyksos] fut celui des arches ou tabernacles, abritant derrière les ailes d'éperviers affrontés et sous une autre grande aile oblique, formant châle, l'image du dieu, invisible pour les profanes.
RENAN, Hist. du peuple d'Israël, t. 1, 1887-92, p. 145.
♦ Arche portative (RENAN, Hist. des orig. du Christianisme, Vie de Jésus, 1863, p. 6).
b) Sorte d'armoire dans les synagogues où l'on enferme les livres saints et en particulier le Pentateuque.
Rem. Attesté ds BESCH. 1845, Lar. 19e, Nouv. Lar. ill., Lar. encyclop.
3. P. métaph. et au fig.
a) Peut désigner ce qu'il n'est pas permis de contester, principe inviolable.
— [P. réf. aux tables de la loi] Écrit s'érigeant en loi universelle et qu'il convient de respecter (cf. Mme DE STAËL, Considérations sur les princ. événements de la Révolution fr., t. 2, 1817, p. 19).
— [P. réf. au caractère de sainteté de l'arche] Sanctuaire :
• 3. Coblentz même, l'incomparable Coblentz, cette arche sainte aux yeux de nous autres profanes, ce sanctuaire unique, ce nous semble, d'honneur et de zèle, Coblentz était entaché de modérantisme, et on le réputait trop monarchien pour le reconnaître monarchique.
SAINTE-BEUVE, Premiers lundis, t. 1, 1869, p. 56.
• 4. Ainsi les accueillons-nous tous, en les dénombrant [les victimes de la guerre], dans l'arche de notre mémoire encombrée de martyrs.
MAURIAC, Le Bâillon dénoué, 1945, p. 431.
b) [En parlant d'une pers.] Être pur, médiateur entre Dieu et les hommes :
• 5. Je devenais l'arche de l'ancienne et de la nouvelle alliance, le médiateur naturel entre l'ancien et le nouvel ordre de choses.
LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 1075.
B.— Arche de Noé.
1. Au propre. Arche ou arche de Noé. Sorte de grand vaisseau en bois formant coffre que Noé construisit par ordre de Dieu et où il se réfugia avec sa famille et plusieurs espèces d'animaux pour échapper au déluge. La Colombe de l'arche.
— JEUX. Jouet en forme de coffre flottant contenant des échantillons en bois des couples d'êtres réfugiés dans l'Arche de Noé de la Bible. Offrir une arche de Noé à un enfant.
2. P. ext. Bateau, navire :
• 6. Nous nous arrêtâmes pour contempler l'arche magnifique (un yacht) apportée par la mer...
COLETTE, La Naissance du jour, 1928, p. 60.
— P. compar. Bâtiment, maison située loin de tout :
• 7. La foule murmurante qui bat les murs de Sainte-Marie-Majeure, les trompettes d'argent, ce silence qui, avec la voix du père, déborde la ville, recouvre la misérable Europe et s'étend jusqu'aux confins du monde, tout cela grâce à la radio m'est donné, tandis que je songe, dans cette vieille maison, arche perdue au milieu d'une campagne noyée.
MAURIAC, Journal 3, 1940, p. 291.
3. Au fig.
a) [P. réf. à l'arche, symbole religieux]
♦ L'arche. L'Église, la communion des fidèles :
• 8. Que fût devenu le monde, si la grande arche du christianisme n'eût sauvé les restes du genre humain de ce nouveau déluge?
CHATEAUBRIAND, Génie du Christianisme, t. 2, 1803, p. 586.
♦ Être hors de l'arche. Être hors de l'Église.
Rem. Attesté ds la plupart des dictionnaires.
b) P. ext. Lieu de refuge et de salut :
• 9. ... le Liban est un refuge, une arche de salut pour les races traquées.
BARRÈS, Une Enquête aux pays du Levant, 1923, p. 69.
c) [P. réf. à la diversité des occupants de l'arche]
— Proverbial et fam. Arche de Noé. Lieu où sont réunis personnes et animaux de toute espèce :
• 10. De Belfast je suis passé en Écosse par l'industrieuse, la commerçante Glascow. Le vaste et lourd bateau qui va nous y conduire, est une véritable arche de Noé, tout sexe, tout âge, toute race, toute espèce y est pour ainsi dire représentée : chiens, chats, poules, des moutons, des bœufs, des chevaux. Toutes ces pauvres bêtes qu'on va vendre en Écosse, sont étrangement dépaysées.
MICHELET, Sur les chemins de l'Europe, 1874, p. 105.
— Péj. ,,Le Constitutionnel, cette arche de Noé des vieilleries`` (BALZAC, Œuvres diverses, t. 3, 1850, p. 578).
— [Dans un sens restrictif] Rassemblement d'une élite :
• 11. Ce que rêve Courier à cette date, ce n'est pas de noyer tout le genre humain, quoique détestable, mais de faire une arche de quelques personnes d'élite et d'y vivre entre soi.
SAINTE-BEUVE, Causeries du lundi, t. 6, 1851-62, p. 339.
II.— Emplois techn., p. anal. avec la forme d'un coffre, soit au sens I A, soit au sens I B.
A.— ARCHÉOL. Arche sépulcrale (Chez les anciens). Sorte de cercueil en forme de coffre, en marbre ou en terre cuite dont le couvercle était souvent orné de sculptures.
Rem. Attesté ds BESCH. 1845, Lar. 19e, LITTRÉ, GUÉRIN 1892, Nouv. Lar. ill.
B.— DR. (anc. jurisprudence). Arches ou arches d'aman. Archives de notaire.
Rem. Attesté ds DUPIN-LAB. 1846, Lar. 19e, Nouv. Lar. ill., Lar. encyclop. avec la déf. suiv. « Coffre en bois sculpté, généralement à couvercle bombé servant à conserver trésors et archives », d'où, p. synecdoque, le sens « d'archives » et parfois de « trésor » (attesté ds Ac. Compl. 1842, cf. infra emplois argotiques).
♦ ,,Dépôts d'actes privés reçus par les magistrats municipaux dans les communes du Nord, à partir du XIIIe s.`` (Lar. encyclop.).
C.— MAR. Arche ou arche de pompe. Boîte ou caisse établie dans la cale autour des pompes, pour les préserver des chocs éventuels. Synon. archipompe.
Rem. Attesté ds WILL. 1831, BESCH. 1845, JAL 1848, Lar. 19e, LITTRÉ, GUÉRIN 1892, Nouv. Lar. ill., QUILLET 1965.
D.— TECHNOL. (verrerie). Four secondaire en briques relié au four principal par des ouvertures appelées lunettes et où s'effectue le frittage ou le recuit du verre.
SYNT. Arche à matières, à pots; arche à fritter (ou calciner), à recuire (ou de recuisson); arche cendrière :
• 12. Pour amorcer l'étirage, on fait adhérer le verre qui vient de jaillir à une sorte de herse en fer que l'on soulève lentement entre des rouleaux dans une cheminée appelée puits. Cette cheminée est une arche à recuire et sa température se règle en ouvrant plus ou moins des volets tels que V. Lorsque la herse arrive vers le sommet de la cheminée, on la détache et à partir de ce moment la partie du ruban de verre déjà solidifié s'engage entre des rouleaux et entraîne la partie visqueuse.
C. DUVAL, Le Verre, 1966, p. 66.
III.— Argot
A.— Arg. des voyous. Coffre-fort. (Attesté ds BRUANT 1901, Ch.-L. CARABELLI, [Lang. de la pègre]).
♦ Aller à l'arche. Aller chercher de l'argent.
Rem. Attesté ds A. DELVAU, Dict. de la Lang. verte, 1866, LARCH. 1880, FRANCE 1907, LA RUE 1954, ESN. 1966, qui donne une déf. plus précise ,,Aller chercher, avec une procuration, l'argent qu'un joueur dupé a perdu sur parole``, et Ch.-L. CARABELLI, [Lang. de la pègre].
B.— Au plur. [P. réf. à l'arche de Noé] ,,Galères`` (ESN. 1966).
PRONONC. :[].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1131 « coffre qui renfermait les objets précieux du culte » (Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 441 ds T.-L. : [...] Ge li dorrai le grant tresor de l'arche; N'i demorra ne calice ne chape, Or ne argent, ne qui un denier vaille); 1170 « arche de l'alliance où étaient enfermées les lois données par Dieu à Moïse sur le Sinaï » (Rois, p. 15 ds GDF. Compl.); d'où 1798 (Ac. : Arche [...] On dit proverbialement et figurém. d'Une chose dont il est dangereux de parler, qu'il ne faut pas toucher dans ses discours. C'est l'Arche du Seigneur, l'Arche sainte); 2. 1131 arche (de Noé) (Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 717 ds T.-L. : De totes bestes, por le siecle estorer, Masle et femele fist en l'arche poser); 1640 fig. (OUDIN, Curiositez fr. pour suppl. aux dict. ds SAIN. Sources arg. t. 2, p. 272 : Arche de Noé, il y a toutes sortes de bestes, c'est-à-dire un lieu où il y a plusieurs sortes de gens); 3. 1584 mar. (NICOT, Dict. fr.-lat. ds JAL1 : En matiere de navires, Arche est certaine closture ou boîte faicte entour les escoutilles de la pompe pour empescher que aucune chose ne chocque ou heurte contre la dicte pompe); 4. 1792 zool. (Encyclop. méthod. Hist. nat. des vers : Arche. Cette coquille, à cause de l'aplatissement de sa base, la forme allongée et ventrue, qui la fait ressembler en quelque manière à celle des bateaux, a été nommée l'arche de Noë); 5. 1845 technol. (BESCH. : Arche. Cellules construites en briques, au nombre de six et rangées extérieurement autour du four des verriers, avec lequel elles communiquent par des lunettes d'un pied de diamètre); 6. 1836 arg. aller à l'arche, supra; 1894 fendre l'arche (Ch. VIRMAITRE, Dict. d'arg., p. 115 : Couper une carte de son adversaire c'est lui fendre l'arche); d'où BRUANT 1901, p. 112 : Coffre fort, arche, arche sainte.
Empr. au lat. arca, au sens 1 de « coffre, armoire » dep. PLAUTE, Men. 803 ds TLL s.v., 431, 55; « arche de l'alliance », TERTULLIEN, Cor., 9, ibid., 433, 81; au sens 2, ID., Adv. Iud. 4, ibid., 433, 73; au sens 5, HERACLIUS II, 7, p. 57, 1 ds Mittellat. W. s.v., 873, 19; 4, p. anal. avec 2; le sens 6 est issu du sens de arche en a. fr. « endroit où l'on range le pain, le blé » (1329, Invent. de meubles, Ste-Croix, Arch. Vienne ds GDF.), par association d'idées « blé » d'où « argent » en argot.
STAT. — Fréq. abs. littér. :751. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 191, b) 1 270; XXe s. : a) 1 102, b) 833.
BBG. — ALLMEN 1956. — Archéol. chrét. 1924. — BACH.-DEZ. 1882. — Bible 1912. — BLONDHEIM (D.S.). Essai d'un vocab. compar. des parlers rom. des Juifs au M. Â. Romania. 1923, t. 49, p. 25. — BOUILLET 1859. — Deux mots d'étymol. Vie Lang. 1956, p. 497. — DHEILLY 1964. — DUMAS 1965 [1873]. — DUPIN-LAB. 1846. — ESN. 1966. — Foi t. 1 1968. — FRANCE 1907. — GRANDM. 1852. — JAL 1848. — JOSSIER 1881. — LARCH. 1880. — LA RUE 1954. — LEFÈVRE (Y.). L'Arche de Saint-Pierre de Rome ds le Couronnement de Louis. Romania. 1969, t. 90, n° 1, pp. 111-121. — LE ROUX 1752. — MARCEL 1938. — MICHEL 1856. — MONT. 1967. — POPE 1961 [1952], § 194, 300. — PRIVAT-FOC. 1870. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 238. — Théol. bibl. 1970. — VIOLLET 1875. — WILL. 1831.
1. arche [aʀʃ] n. f.
ÉTYM. 1131, « coffre »; lat. ecclés. arca, du lat. class. arca « coffre, armoire ».
❖
1 (1131, absolt). || Arche de Noé, et, absolt, l'Arche : vaisseau fermé qui permit à Noé d'échapper aux eaux du déluge.
1 Alors Dieu dit à Noé : « (…) Fais-toi une arche de bois résineux (…) La longueur de l'arche sera de trois cents coudées, sa largeur de cinquante coudées et sa hauteur de trente (…) »
Noé entra dans l'arche avec ses fils, sa femme et les femmes de ses fils pour échapper aux eaux du déluge. Des animaux (…) chaque paire, mâle et femelle, vint vers Noé dans l'arche, comme Dieu l'avait ordonné à Noé.
Bible (Crampon), Genèse, VI et VII.
♦ ☑ (1640). Fig. C'est l'arche de Noé, se dit d'une maison où sont logés pêle-mêle des gens ou des animaux de toute sorte.
♦ Jouet figurant l'Arche, avec des couples d'animaux.
2 Littér. Navire. — Par métaphore. || « Cette vieille maison, arche perdue au milieu d'une campagne noyée » (Mauriac, Journal, in T. L. F.).
3 (1170, l'Arche). Relig. || L'arche d'alliance, l'arche du Seigneur, l'arche sainte : coffre où étaient enfermées les tables de la loi données à Moïse, et qui était abrité sous le Tabernacle, sanctuaire de Yaweh, avant de reposer dans le Saint des saints.
2 Yaweh parla à Moïse en disant (…) Ils feront une arche de bois d'acacia (…) Tu mettras dans l'arche le témoignage que je te donnerai (…)
Bible (Crampon), Exode, XXV.
3 Lorsque Moïse eut complètement achevé d'écrire dans un livre les paroles de cette loi, il donna cet ordre aux Lévites qui portaient l'arche de l'alliance de Yaweh : « Prenez ce livre de la loi et mettez-le à côté de l'arche de l'alliance de Yaweh, votre Dieu (…) »
Bible (Crampon), Deutéronome, XXXI, 24-26.
4 (Le) Saint des Saints (du temple de Salomon) où, dans le silence et l'obscurité totale, l'Arche d'Alliance reposait, sous la protection de deux Chérubins d'olivier plaqué d'or (…)
Daniel-Rops, le Peuple de la Bible, III, 2, p. 197.
♦ Fig. Signe de l'alliance, de la protection divine; sanctuaire; chose à laquelle il est sacrilège de toucher.
5 Blanche et lumineuse fille de toutes les vertus humaines, arche d'alliance entre la terre et le ciel (…) la Prière vous donnera la clef des cieux.
Balzac, Séraphîta, Pl., t. X, p. 576.
6 Appuyée sur cette arche sainte (le sanctuaire), la congrégation défiait les assauts de l'étranger.
M. Barrès, la Colline inspirée, p. 138.
7 Ils vendent l'arche auguste où l'hostie étincelle !
Ils vendent Christ, te dis-je ! et ses membres liés !
Hugo, les Châtiments, « Martyr », 3.
4 a (1845). Techn. Four accessoire d'une verrerie, autour du four principal. || Arche à calciner, à recuire. || Arche à pot.
7.1 Ce four est assez improprement appelé « arche à recuire », car il est une arche à refroidir.
F. Meyer et P. Grivet, le Verre, p. 28.
♦ Arche d'élevage : abri pour les oiseaux élevés sur pré.
b Archéol. || Arche sépulcrale : cercueil, sarcophage.
❖
DÉR. (Au sens de « coffre ») Archipompe, archure.
HOM. 2. Arche.
————————
2. arche [aʀʃ] n. f.
ÉTYM. 1170, « arc de triomphe »; du lat. pop. arca, de arcus « arc ».
❖
1 Vx. Voûte en arc, arcade. ⇒ Arc, arcade.
2 (Fin XIIe). Mod. Voûte en forme d'arc qui s'appuie sur les culées ou les piles d'un pont. ⇒ Pont. || Les péniches passent sous les arches. || Les arches d'un pont, d'un aqueduc, d'un viaduc. || Pont d'une seule arche. ⇒ Ponceau. || Maîtresse arche : arche principale. || Arche biaise. — Arche marinière : arche de grande dimension permettant aux bateaux de passer sous un pont.
8 Sous les arches de pierre à grand bruit emportés.
André Chénier, Hymne à la justice.
9 Et leurs pas, ébranlant les arches colossales,
Troublent les morts couchés sous le pavé des salles.
Hugo, Ballades, 14.
10 Arche aujourd'hui guerrière, un jour religieuse !
Rêve en pierre ébauché ! porte prodigieuse (…)
Hugo, les Voix intérieures, « À l'Arc de Triomphe ».
11 (…) alors nous avons compris que cette grande arche (l'œuvre de Proust) s'appuyait sur deux piles solides et symétriques (le Temps perdu et le Temps retrouvé).
A. Maurois, Études littéraires, t. II, p. 159.
3 Littér. Voûte en arche. || Une arche de feuillage, de lumière.
♦ En arche : disposé comme l'arche d'un pont.
❖
DÉR. 1. Archine.
HOM. 1. Arche.
Encyclopédie Universelle. 2012.