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atrabilaire

atrabilaire [ atrabilɛr ] adj.
• 1546; de atrabile « bile noire »; lat. méd., de atra « noire » et bilis « bile »
Méd. anc. Qui a rapport à l'humeur noire (ou atrabilen. f.). bilieux, mélancolique.
Fig. et vx Caractère, humeur, tempérament atrabilaire, porté à la mauvaise humeur, à l'irritation, à la colère. ⇒ coléreux, irritable. Subst. « L'atrabilaire amoureux », sous-titre du « Misanthrope ». « un vieil atrabilaire que tout exaspère » (Sarraute).

atrabilaire adjectif et nom (de atrabile) Littéraire. Qui a un caractère désagréable, aigre, irritable. ● atrabilaire (synonymes) adjectif et nom (de atrabile) Littéraire. Qui a un caractère désagréable, aigre, irritable.
Synonymes :
- acariâtre
- acerbe
- acrimonieux
- aigre
- incommode
- irascible
- renfrogné
- revêche
Contraires :
- affable
- agréable
- aimable
- amène
- avenant
- gentil

⇒ATRABILAIRE, adj.
A.— MÉD. ANC. Qui a rapport à l'atrabile, à la bile noire :
1. Arétée distingue soigneusement les délires causés par les obstructions viscérales atrabilaires, de ceux qui se manifestent directement dans les fonctions du cerveau.
CABANIS, Rapports du physique et du moral de l'homme, t. 2, 1808, p. 368.
♦ Qui est causé par l'atrabile. Maladie atrabilaire :
2. Les maladies chroniques dépendent presque toutes, dans les pays chauds et secs, d'inflammations lentes, d'engorgemens hypocondriaques, ou de dégénérations atrabilaires, introduites dans toutes les humeurs.
CABANIS, Rapports du physique et du moral de l'homme, t. 2, 1808 p. 193.
B.— Littér. Porté à la mauvaise humeur, à l'irritation, à la colère, à la mélancolie. Synon. bilieux :
3. Des tentures de deuil coupoient ces arcades à une certaine élévation, et les brigands disséminés sur le fond de cette décoration funèbre ajoutoient à sa mystérieuse horreur; les uns, immobiles et recueillis, assis au fond des stalles creusées dans le massif des colonnes, et qu'on auroit pris pour des figures sinistres disposées par un sculpteur atrabilaire; ...
NODIER, Jean Sbogar, 1818, p. 205.
Au fig. Qui exprime ou marque la mauvaise humeur :
4. Le jésuite, ému de pitié, n'avait qu'un souci : c'était, avec l'aide de Dieu, « de convertir, de guérir et de sauver M. Rousseau ». « Allons, Monsieur Rousseau, mon cher Monsieur Rousseau, un peu de vraie philosophie chrétienne... » « Où avez-vous donc pris ce ton triste et atrabilaire depuis dix ou douze ans que je n'ai eu l'honneur de vous voir? ... »
GUÉHENNO, Jean-Jacques, Roman et vérité, 1950, p. 141.
Emploi subst., vx. Un, une atrabilaire. Personne d'un caractère désagréable, irritable :
5. Le mélancolique évite les hommes, l'atrabilaire les repousse.
BONNAIRE 1835.
PRONONC. ET ORTH. :[]. Ac. Compl. 1842 donne la forme atrabilieux. BESCH. 1845, s.v. atrabilieux, renvoie à atrabilaire (cf. aussi QUILLET 1965). LAND. 1834 enregistre séparément atrabilaire et atrabilieux (qu'il transcrit : a-tra-bi-lieû, fém. lieûze). Cf. aussi Lar. 19e et Nouv. Lar. ill.
ÉTYMOL. ET HIST.
I.— Atrabilaire.
A.— Adj. 1. 1546 anc. méd. « (du sang, d'une humeur) qui contient de la bile noire, qui engendre l'hypocondrie » (CH. ESTIENNE, Dissect. des Parties du Corps, 197, 19 ds QUEM. : sang atrabilaire); cf. 1670 (MOLIÈRE, Pourc., I, 8 ds CH.-L. LIVET, Lexique de la lang. de Molière, Paris, Imprimerie Nationale, t. 1, 1895, p. 159 : La seconde [espèce de mélancolie] ... vient de tout le sang, fait et rendu atrabilaire); 1575-90 humeur atrabilaire (PARÉ, XX, 2 ds GDF. Compl.); 2. 1584-98 atri-bilaire « (d'une personne) en qui l'atrabile prédomine, hypocondre, mélancolique » (GUILL. BOUCHET, 36e Seree, éd. Roybet, V, 110 ds HUG. : Les ladres ... n'engendrent gueres d'enfans, à cause qu'ils sont atribilaires, et par consequent froids et secs).
B.— Subst. 1690 (FUR.); 1764, 30 janvier (VOLTAIRE, Lettres ds Dict. hist. Ac. fr. : Douze parlements jansénistes sont capables de faire des Français un peuple d'atrabilaires).
II.— Atrabilieux, 1845 synon. de atrabilaire (BESCH.).
Atrabilaire, dér. de atrabile; suff. -aire. Atrabilieux, croisement de atrabile et de bilieux.
STAT. — Fréq. abs. littér. :42.
BBG. — FOULQ.-ST-JEAN 1962. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — Méd. Biol. t. 1 1970. — NYSTEN 1824. — ROG. 1965, p. 109.

atrabilaire [atʀabilɛʀ] adj.
ÉTYM. 1546; de atrabile, et -aire.
1 (XVIe-XVIIe). Méd. anc. Qui a rapport à l'atrabile, ou humeur noire. Bilieux, hypocondriaque, mélancolique.
1 Et principalement s'il est d'un tempérament picrochole ou atrabilaire (…)
Ambroise Paré, XX, 2, in Littré.
2 La quarte continue vient de l'humeur mélancholique (mélancolique) ou atrabilaire (…)
Ambroise Paré, XX, 17, in Littré.
3 Je l'appelle hypocondriaque pour la distinguer des deux autres (…) La première, qui vient du propre vice du cerveau, la seconde, qui vient de tout le sang, fait et rendu atrabilaire (…)
Molière, Monsieur de Pourceaugnac, I, IX.
2 Fig. (Vx ou littér. et plaisant). Porté à la mauvaise humeur, à l'irritation, à la colère. Acariâtre, acrimonieux, aigre, bilieux, colère, coléreux, colérique, désagréable, irascible, irritable, morose, sombre, triste, violent. || Caractère, humeur, tempérament atrabilaire.
4 (Charles IX) d'un tempérament violent et atrabilaire.
Voltaire, Essai sur les mœurs, 173.
5 Les fureurs atrabilaires des misanthropes, ennemis mortels du genre humain.
Rousseau, in Lafaye, Dict. des synonymes, Mélancolique, atrabilaire.
Qui exprime la mauvaise humeur, l'irritation. || Un ton atrabilaire.
(Personnes). || Il est un peu atrabilaire.N. (1690). Vx ou littér. || Un, une atrabilaire : une personne qui a un caractère désagréable, aigre, irritable (→ ci-dessous, cit. 7 et 10).
6 (…) les gens que nous allons voir (en Angleterre) sont fort atrabilaires.
Voltaire, Candide, 23.
7 L'atrabilaire est colère, méchant, incommode, violent (…) L'homme le plus mélancolique ne l'est toujours que pour lui-même (…) Mais l'atrabilaire l'est toujours contre les autres; sa folie n'est point innocente, mais presque toujours portée jusqu'à la fureur, à la rage, à la férocité.
Lafaye, Dict. des synonymes, Mélancolique, atrabilaire.
8 (…) en réalité, il est sec, froid, calculateur, très attentif à ses intérêts et d'ailleurs, sous des dehors aimables foncièrement mélancolique et même atrabilaire.
Edmond Jaloux, Fumées dans la campagne, XIV.
9 (…) chacun est toujours atrabilaire un peu; tous aiment mieux supposer les hommes méchants, ignorants ou sots, que gastralgiques ou hypocondriaques, car c'est trouver d'honorables raisons de s'irriter. Ainsi la grammaire est souvent lacérée entre deux bilieux pendant que la jeunesse s'instruit comme elle peut.
Alain, les Idées et les Âges, in les Passions et la Sagesse, Pl., p. 172.
10 (…) un vieil atrabilaire que tout exaspère, qui ne supporte pas les jeux, les rires innocents (…)
N. Sarraute, Vous les entendez ?, p. 29.
CONTR. Aimable, gai.

Encyclopédie Universelle. 2012.