aimable [ ɛmabl ] adj.
• XIVe; amable XIIe; lat. amabilis
1 ♦ Vx Qui mérite d'être aimé. « Rien ne rend si aimable que de se croire aimé » (Marivaux).
♢ Vieilli Agréable, qui plaît. « Il y a des heures aimables et des moments exquis » (France).
2 ♦ Mod. Qui cherche à faire plaisir. ⇒ affable, attentionné, 1. avenant, 2. gentil, sociable. Il a été très aimable avec moi. Je vous remercie, vous êtes très aimable. ⇒ complaisant, obligeant. Il a eu un mot aimable pour tout le monde. Une aimable invitation. C'est bien aimable à vous d'être venue.
♢ Dont l'abord est agréable, qui répond volontiers, avec le sourire. Un postier, un standardiste aimable. Tu n'es guère aimable, ce matin. Aimable comme une porte de prison.
⊗ CONTR. Haïssable. Désagréable, insupportable. Bourru, grincheux, hargneux.
● aimable adjectif (latin amabilis) Qui a ou manifeste de la courtoisie, de la politesse, de la gentillesse à l'égard d'autrui : Commerçant aimable avec tous ses clients. Il n'a jamais un mot aimable à mon égard. Qui, par sa politesse, sa gentillesse, son désir de faire plaisir, s'attire la sympathie d'autrui : Un aimable garçon. Qui est attrayant, qui plaît, bien que n'étant pas d'une haute portée : Un aimable divertissement. Dans des formules de politesse pour remercier quelqu'un : Nous nous rendrons volontiers à votre aimable invitation. ● aimable (citations) adjectif (latin amabilis) Joseph Joubert Montignac, Corrèze, 1754-Villeneuve-sur-Yonne 1824 Il faut mourir aimable (si on le peut). Pensées Henri Petit 1900-1978 En cessant d'être aimé, on cesse d'être aimable. Les Justes Solitudes Grasset ● aimable (expressions) adjectif (latin amabilis) Familier. C'est une aimable plaisanterie, ce n'est pas sérieux. Familier et ironique. Vous êtes trop aimable, formule pour marquer qu'on reçoit mal le refus, la critique de quelqu'un. ● aimable (synonymes) adjectif (latin amabilis) Qui a ou manifeste de la courtoisie, de la politesse...
Synonymes :
- affable
- agréable
- avenant
- gentil
Contraires :
- déplaisant
- désagréable
- désobligeant
- froid
- hautain
- impoli
- rébarbatif
- revêche
- rogue
Qui, par sa politesse, sa gentillesse, son désir de faire...
Synonymes :
- attirant
- charmant
- engagenant
- plaisant
- séduisant
Contraires :
- affreux
- détestable
- horrible
- rebutant
aimable
adj. Affable, courtois. Vous êtes bien aimable de m'aider. Il m'a dit quelques mots aimables.
|| Subst. Faire l'aimable: s'efforcer de plaire. Syn. charmant, sociable.
⇒AIMABLE, adj. et subst.
I.— Emploi passif. [Gén. avec une idée de haute perfection] Qui mérite d'être aimé (d'amour, d'amitié; par goût...).
A.— Vieilli. Qui mérite d'être aimé en raison de sa conformité à l'idéal moral ou physique, ou au goût d'une société donnée.
1. [En parlant d'une pers. ou d'un être surnaturel] :
• 1. Soyez aussi aimable, aussi honnête qu'il est possible, aimez la femme la plus parfaite qui se puisse imaginer; vous n'en serez pas moins dans le cas de lui pardonner ou votre prédécesseur, ou votre successeur.
CHAMFORT, Maximes et pensées, 1794, p. 62.
• 2. Abassa me paroît une personne si accomplie, que, si elle n'eût pas été ma sœur, l'hymen l'auroit à jamais unie à mon sort; mais, puisque la plus aimable et la plus belle femme de l'Orient ne peut être l'épouse d'Aaron, nul autre ne doit la posséder.
Mme DE GENLIS, Les Chevaliers du Cygne, t. 2, 1795, p. 233.
• 3. La lettre de Valérie, mise pour toujours dans un mince portefeuille sur son cœur, ne lui prouvait-elle pas qu'il était plus aimé que le plus aimable des jeunes gens?
H. DE BALZAC, La Cousine Bette, 1846, p. 257.
• 4. L'œuvre qu'il tente est celle d'un esprit bienveillant, vaste et magnifique, qui veut montrer Dieu manifestement aimable et adorable aux hommes.
Ch.-A. SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 253.
2. [En parlant d'une qualité, d'un trait du comportement, d'une valeur] :
• 5. Le vrai seul est aimable, a dit Boileau; le vrai ne change pas, mais sa forme change, par cela même qu'elle doit être aimable.
Or, je dis qu'aujourd'hui sa forme doit être simple, et que tout ce qui s'en écarte n'a pas le sens commun.
A. DE MUSSET, Lettres de Dupuis et Cotonet, 1836-1837, p. 521.
B.— Par fig. étymol. Qui mérite d'être aimé en raison de ses qualités conformes à un idéal, à un goût généralement personnel ou original.
1. [En parlant d'une pers. ou d'un aspect de la pers.] :
• 6. Je n'ai ici d'autre attrait que la colline boisée, les vieilles tours, et avant tout la société charmante de cet aimable duc de Rohan, l'un de mes amis les plus chers et les plus dignes d'être noblement aimés.
V. HUGO, Correspondance, 1821, p. 333.
• 7. Pascal voudrait sans doute que nous aimions un être, ou Dieu même, à la manière des quiétistes, indépendamment du bien qu'ils nous font et de toute qualité qui les rend aimables. Aimer sans aucune raison serait selon lui la seule chose raisonnable.
P. CLAUDEL, A. GIDE, Correspondance, lettre de P. C. à A. G., 1910, p. 150.
• 8. — (...) Alors, qu'est-ce qu'elle dit, ta mère?
— Qu'il y a beaucoup plus de gens aimables qu'on ne croit, et qu'il suffit souvent, pour mieux aimer, de mieux comprendre et pour mieux comprendre, de mieux regarder.
A. GIDE, Geneviève, 1936, p. 1367.
— Rare
a) [En parlant d'une collectivité] :
• 9. Quand les nationalistes de chez nous travaillent à rendre la France haïssable, parce que haïssante, aux gens des autres nations, c'est en tant que Français que j'en souffre. Je voudrais une France noble, aimable, généreuse, et me persuade mal qu'une politique que des sentiments élevés inspireraient, serait nécessairement une politique de dupe.
A. GIDE, Journal, 1934, p. 1216.
b) [En parlant d'animaux] :
• 10. L'intelligence est une force qu'Anaxagore attribue à tous les êtres. Même chez les végétaux il constate des sensations, des désirs, des perceptions. (Que j'aime, à la lueur de ces idées familières à Phidias, regarder les aimables et fiers chevaux, les fortes bêtes du sacrifice! ...)
M. BARRÈS, Le Voyage de Sparte, 1906, p. 71.
2. [En parlant d'une chose abstr.] :
• 11. ... j'aurais, en perdant ton amour, ton cœur, ton adorable personne, perdu tout ce qui rend la vie aimable et chère.
NAPOLÉON Ier, Lettres à Joséphine, 1796, p. 30.
• 12. L'optimiste est un caractère aimable dans le sens propre du mot ...
STENDHAL, Journal, t. 1, 1801-1818, p. 92.
• 13. Aimez le travail, nous dit la morale : c'est un conseil ironique et ridicule. Qu'elle donne du travail à ceux qui en demandent, et qu'elle sache le rendre aimable; car il est odieux en civilisation par l'insuffisance du salaire, l'inquiétude d'en manquer, l'injustice des maîtres, la tristesse des ateliers, la longue durée et l'uniformité des fonctions.
Ch. FOURIER, Le Nouveau monde industriel, 1830, p. 23.
• 14. C'est ainsi qu'il y avait pour moi deux justices, deux vertus : l'une rigide, colère et peu aimable; l'autre indulgente, douce, et digne d'être éternellement chérie.
R. TŒPFFER, Nouvelles genevoises, 1839, p. 16.
II.— Emploi factitif
A.— Qui a de quoi plaire et attirer.
1. [Avec une idée de rayonnement spontané] Qui plaît et se distingue en raison de ses qualités de charme ou de bon goût.
a) [En parlant de pers.]
— [De leur aspect phys.] :
• 15. Cette fille grandit pendant les cinq ans : c'est trop peu dire qu'elle devenait aimable; elle devint belle, charmante, ravissante; elle pouvait passer pour avoir la tête la plus parfaite, la taille la mieux prise qui fût dans la capitale.
N.-E. RESTIF DE LA BRETONNE, Monsieur Nicolas, 1796, p. 6.
• 16. Passepartout était un brave garçon, de physionomie aimable, aux lèvres un peu saillantes, toujours prêtes à goûter ou à caresser, un être doux et serviable, avec une de ces bonnes têtes rondes que l'on aime à voir sur les épaules d'un ami.
J. VERNE, Le Tour du monde en quatre-vingts jours, 1873, p. 6.
• 17. J'ai eu tort, j'ai eu tort de causer et de ... et de m'apprivoiser ainsi avec vous, sans méfiance comme avec un aimable enfant dont on aime à voir le beau visage, et cet enfant est une femme, et voilà que l'on rit quand elle rit.
P. CLAUDEL, Partage de midi, 1re version, 1906, I, p. 1003.
— [De leur comportement individuel] :
• 18. ... Folly était jeune, jolie, éveillée, pleine de grâce dans sa marche et surtout dans sa danse, aimable, fraîche, ravissante comme une rose qui s'épanouit, et qui ne demande qu'à être cueillie.
Ch. NODIER, La Fée aux miettes, 1831, p. 140.
• 19. Edward Williams était gai, généreux, sans aucune mesquinerie. Quant à Jane, sa grâce, sa douceur, le calme de ses mouvements, la beauté apaisante de sa voix en faisaient un être reposant et aimable comme un beau jardin.
A. MAUROIS, Ariel ou la Vie de Shelley, 1923, pp. 301-302.
J. PAULHAN, Les Feurs de Tarbes, 1941, p. 170.
— [De leur lang. en tant qu'expression ou en tant que moyen de communication] :
• 21. Un entretien aimable, alors même qu'il porte sur des riens, et que la grâce seule des expressions en fait le charme, cause encore beaucoup de plaisir; on peut l'affirmer sans impertinence, les Français sont presque seuls capables de ce genre d'entretien.
G. DE STAËL, De l'Allemagne, t. 1, 1810, p. 140.
• 22. Monsieur et bien cher confrère,
Votre aimable lettre est venue me surprendre doucement dans un moment de bonheur. J'ai toujours attaché aux preuves de votre bienveillante amitié un bien grand prix, et dans l'instant où j'en ai reçu ce dernier témoignage, il m'a fait d'autant plus de plaisir que c'était comme si quelque chose de vous, Monsieur et cher ami, assistait à ma félicité.
V. HUGO, Correspondance, 1822, p. 359.
• 23. Et cette parole forte et aimable à la fois, qui imposait en même temps qu'elle charmait, qui donc s'en trouvait doué dans mon entourage?
J. DE LACRETELLE, Silbermann, 1922, p. 37.
— [De leur vie en société] :
• 24. ... par respect pour mes bas de soie blancs, je pris un fiacre pour me rendre chez M. Derville, où se trouvait rassemblée la société, non la plus brillante, mais la plus aimable de Paris; ce qui suppose qu'on y trouve de l'esprit sans prétention, du savoir sans pédanterie, de beaux noms sans orgueil, et de la gaîté sans tumulte. Mme Derville est en même tems l'ame et le modèle de cette société charmante ...
V. DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 2, 1812, p. 206.
• 25. Qu'importe de passer pour avoir de l'esprit, être aimable, beau, avoir les qualités propres à faire de l'effet dans une grande assemblée. Tout cela n'est pas l'homme. Cela ne fait pas qu'il mérite l'estime d'une âme ou qu'il s'estime dans le for intérieur.
MAINE DE BIRAN, Journal, 1818, p. 136.
• 26. ... j'en connais, des jeunes qui sont juvéniles et fougueux, et des vieux calmes, élargis, atteignant à la bonté par la sagesse, mais pourtant comme ils sont rares, ces êtres aimables mêlés d'amour et de raison, dans la société de qui la vie semble bénie.
M. BARRÈS, Mes cahiers, t. 3, sept.-nov. 1904, p. 265.
• 27. Dans leur molle province, dans leur famille riche, considérée, avec un père aimable, gai, cordial, entouré d'amis, jouissant d'une des premières situations du pays, la vie était si facile et riante!
R. ROLLAND, Jean-Christophe, Antoinette, 1908, p. 844.
— [Des sentiments ou valeurs qu'elles incarnent] :
• 28. ... c'est d'imagination que vivent les bons et simples descendants des anciens Germains. À peine sortis des intérêts sociaux les plus directs et les plus nécessaires à leur subsistance, on les voit avec étonnement s'élancer dans ce qu'ils appellent leur philosophie; c'est une espèce de folie douce, aimable, et surtout sans fiel.
STENDHAL, De l'Amour, 1822, p. 162.
• 29. Il [l'abbé Blampoix] mesurait la foi au tempérament des gens, et ne la donnait qu'à petite dose. (...) De la religion dure, laide, rigoureuse des pauvres, il dégageait comme une aimable religion des riches, légère, charmante, élastique, se pliant aux choses et aux personnes, à toutes les convenances de la société, à ses mœurs, à ses habitudes, à ses préjugés même.
E. et J. DE GONCOURT, Renée Mauperin, 1864, p. 68.
• 30. Jusqu'ici cependant il n'y avait rien à dire. C'était de la jalousie, mais une jalousie aimable, qui flatte l'amour-propre d'une femme et dont elle s'amuse. Vous venez de passer à l'autre, la jalousie stupide, grossière, brutale, celle qui nous blesse profondément et que nous ne pardonnons jamais deux fois.
H. BECQUE, La Parisienne, 1885, I, 1, p. 255.
• 31. Je ne connais pas une affection plus doucement caressante, plus tendrement enveloppante que celle de Jeanne Hugo, assise à côté de vous. Elle a vraiment un aimable petit cœur débordant dans des contournements, dans des penchements vers vous, en des grâces de corps aimantes, un aimable petit cœur bien rare à rencontrer dans le moment.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, avr. 1891, p. 74.
• 32. Le colérique (EAP), bon vivant et bon enfant, est submergé par un instinct trop pléthorique pour prendre aisément les durs sentiers de l'ascèse, mais sa bonhomie émousse l'agressivité des appétits et lui fait une morale aimable, superficielle et colorée, qui dure ce que durent les bons jours.
E. MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 690.
b) [En parlant de collectivités] :
• 33. Il est des hommes aimables dans tous les pays; en France, c'était la nation qui était aimable, pleine de goût, et d'élégance dans ses manières, comme autrefois les Athéniens. La génération actuelle doit renoncer et peut-être ceux qui lui succéderont à une aussi agréable manière de vivre.
G. SÉNAC DE MEILHAN, L'Émigré, 1797, p. 1596.
• 34. Je fais souvent une réflexion singulière, c'est que le meilleur moment pour un État, c'est quand ses gens de guerre sont battus. Comme alors le gouvernement est aimable! Comme les gens d'armes sont polis! Comme les princes sont doux, portés aux réformes!
E. RENAN, Drames philosophiques, Caliban, 1878, II, 1, p. 397.
c) [En parlant d'animaux] :
• 35. Si la colombe est le plus aimable des oiseaux, l'écureuil est le plus agréable des quadrupèdes.
J.-H. BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, p. 72.
• 36. — Ah! ce sera le nouveau chien que M. Galopin a rapporté de Lisieux.
— Ah! à moins de ça.
— Il paraît que c'est une bête bien affable, ajoutait Françoise qui tenait le renseignement de Théodore, spirituelle comme une personne, toujours de bonne humeur, toujours aimable, toujours quelque chose de gracieux.
M. PROUST, À la recherche du temps perdu, Du côté de chez Swann, 1913, p. 58.
d) [En parlant d'un lieu]
— [D'un lieu habité] :
• 37. ... J'ai vu des lieux du ciel bénis,
Alger, la ville heureuse, et l'aimable Tunis,
V. HUGO, Ruy Blas, 1838, IV, 5, p. 432.
• 38. Depuis son installation au château, on avait cru devoir éloigner par prudence la tourbe des visiteurs. On vivait en famille : les fêtes avaient cessé. Bernard, qui avait passé le précédent hiver dans les steppes hyperborées, ne songea plus à résister aux séductions d'un intérieur aimable et charmant.
J. SANDEAU, Mademoiselle de la Seiglière, 1848, p. 191.
• 39. Il n'est plus question de Côte d'Azur, de villes et de villas aimables. Tout luxe, toute gentillesse, sont engouffrés. Nous sommes dans un temps qui précède l'histoire, et dans un climat somptueux mais aride qui n'aime pas trop le foisonnement, le grouillement de la chose vivante ...
J. ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, La Douceur de la vie, 1939, p. 226.
— [D'un site] :
• 40. Fraîches matinées de mai, ciel bleu, lac aimable, vous voici encore; mais ... qu'est devenu votre éclat? qu'est devenue votre pureté? où est votre charme indéfinissable de joie, de mystère, d'espérance?
R. TŒPFFER, Nouvelles genevoises, 1839, p. 84.
• 41. Ils se plaisaient à ce coin charmant du nouveau Paris, à cette nature aimable et propre, à ces pelouses pareilles à des pans de velours, coupées de corbeilles, d'arbustes choisis, et bordées de magnifiques roses blanches.
É. ZOLA, La Curée, 1872, p. 496.
• 42. La paix des canaux. Ces rives modestes du canal. Cette verdure libre. Ce long bruissement prolongé, libre de la Moselle. Ces reflets du feuillage dans l'eau. Que c'est aimable.
M. BARRÈS, Mes cahiers, t. 9, août-déc. 1912, p. 361.
• 43. Oh! aimable vie policée de nos jardins! Courtoisie, aménité de potager à « fleuriste » et de bosquet à basse-cour!
COLETTE, Sido, 1929, p. 21.
e) [En parlant d'un moment, d'un événement] :
• 44. La procession, fort contrariée, il est vrai, par le temps, me parut mal conduite et mal entendue. Deux choses pouvaient la rendre originale et charmante : sa spécialité dans les rudes mariniers de Saint-Nicolas et sa généralité dans le culte de la Vierge, qui fait le caractère aimable et poétique de ces fêtes du moment des fleurs.
J. MICHELET, Journal, juin 1852, p. 199.
• 45. Adieu à ces joies pures et douces où je me croyais près de Dieu; adieu à mon aimable passé, adieu à ces croyances qui m'ont si doucement bercé. Plus pour moi de bonheur pur. Plus de passé, pas encore d'avenir.
E. RENAN, Souvenirs d'enfance et de jeunesse, 1883, p. 393.
• 46. ... le temps de ce matin-là, gris nuageux, suspendu, à trouées et verrières de soleil, qui faisait l'effet d'être für alle Zeit, comme la cantate de Bach, valable pour une quiète journée d'hiver, un crépuscule d'été, une heure aimable d'automne, valable pour le présent et le passé, ciel de moyen-âge éternel ...
J.-R. BLOCH, Destin du Siècle, 1931, p. 49.
f) [En parlant de choses]
— [Choses concr.] :
• 47. Il semble que la nue ardente,
Que l'azur, que l'argent du jour,
Tombent du poids d'un grand amour
Sur toute la terre odorante,
Sur la terre ivre de couleurs,
Où, tendre, verte, soleilleuse,
La primevère, aimable, heureuse,
Luit comme une laitue en fleurs.
A. DE NOAILLES, Les Éblouissements, 1907, p. 50.
• 48. Alors il est venu la nuit épaisse comme une soupe de pois. Mais elle était quand même plus aimable que celle-là qui semblait du fer à la meule, avec toutes ses étoiles en bouquet. Elle était plus aimable d'abord parce que plus douce de chair et plus caressante; et puis, on entendait au travers d'elle la voix du ruisseau, la voix du cyprès, et, une fois, quelque chose qu'on aurait dit être le glapis du renard si on n'avait pas été si tôt d'époque.
J. GIONO, Regain, 1930, p. 57.
• 49. ... je regarde le ciel, la butte de Conan merveilleusement précise au soleil. Le porche du moulin y arrondit une ombre chaude, dorée. Ce sera donc ça, la dernière chose aimable où je reposerai mes yeux : la douceur lumineuse d'une vieille porte?...
R. VERCEL, Capitaine Conan, 1934, p. 242.
— [Choses abstr.] :
• 50. Douce mélancolie! Aimable mensongère,
Des antres, des forêts déesse tutélaire,
Qui vient d'une insensible et charmante langueur
Saisir l'ami des champs et pénétrer son cœur ...
A. CHÉNIER, Élégies, 1794, p. 150.
• 51. La nuit n'a plus pour moi qu'une atmosphère avare et desséchante. Mes rêves n'ont plus ce désordre aimable et gracieux qui résumait toute une vie d'enchantement dans quelques heures d'illusion. Mes rêves ont un effroyable caractère de vérité; les spectres de toutes mes déceptions y repassent sans cesse, plus lamentables, plus hideux chaque nuit.
G. SAND, Lélia, 1833, p. 128.
• 52. Depuis qu'elle l'avait retrouvé à Florence, elle se plaisait uniquement à le sentir près d'elle, à l'entendre. Il lui rendait la vie aimable, diverse et colorée, neuve, toute neuve. Il lui révélait les joies délicates et les tristesses délicieuses de la pensée, il éveillait les voluptés qu'elle portait dormantes en elle.
A. FRANCE, Le Lys rouge, 1894, p. 157.
• 53. Y a-t-il, pour un être humain, quelque chose d'aussi important que d'être mort? Existe-t-il un état plus aimable, plus enviable, plus désirable, plus exquis, plus spirituel, plus divin, plus épouvantable, que l'état d'un mort, d'un vrai mort qu'on met en terre et qui a déjà paru devant Dieu pour être jugé?
L. BLOY, Journal, 1900, p. 379.
• 54. Cette œuvre [celle de Svedenborg] n'est pas, j'imagine, d'une fréquentation toujours aimable ni aisée, quoiqu'on y rencontre, par endroits, des morceaux d'une grande beauté poétique, visions délicieuses apparues à je ne sais quelle enfance transcendantale.
P. VALÉRY, Variété 5, 1944, p. 268.
Rem. Aimable s'affaiblit parfois en synon. de agréable. D'où a tournure aimable à + inf. :
• 55. Le poulain, trop nerveux, s'était, paraît-il, fougueusement débattu quelque temps; à présent, assagi, lassé, il tournait en rond d'une façon plus calme; son trot, d'une élasticité surprenante, était aimable à regarder et séduisait comme une danse.
A. GIDE, L'Immoraliste, 1902, p. 416.
g) Emploi neutre
— Emploi adj.
• 56. ... il m'amène un jeune homme charmant, doué de tout ce que la vertu a de grand, l'esprit d'aimable, la candeur de séduisant ...
Mme COTTIN, Claire d'Albe, 1799, p. 164.
• 57. Rien n'est aimable comme les fleurs dans la parure des femmes et des enfants : l'or, l'argent, les perles et les diamants ne peuvent leur être comparés ni par leurs formes, ni par leur éclat, qui est trop vif ...
J.-H. BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, p. 110.
• 58. Il était passé en habitude de répéter que Napoléon était le plus désobligeant à sa cour, ainsi que pour ceux de son service; qu'il n'avait jamais rien de gracieux ou d'aimable à dire à personne.
E.-D. DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 2, 1823, p. 363.
• 59. Ils sont chrétiens les vendeurs et les vendeuses [de Nazareth] et il y a dans leurs manières je ne sais quoi d'aimable, de franc, de presque fraternel, pourrait-on dire, qui nous change des continuels marchandages et duperies, chez les juifs des bazars levantins.
P. LOTI, La Galilée, 1896, p. 56.
• 60. ... comme on s'attache à l'Italie! Qu'y a-t-il de si beau et de si aimable dans le paysage provincial que je vois de ces fenêtres : les champs dorés de l'Arno entre les ponts et, oltr'Arno, la masse aveugle et le dôme ennuyé de San Frediano au milieu des maisons vieilles et nues; et ce bout de campagne déjà, avec une ou deux villas jaunes entre des cyprès et de petits cèdres déchiquetés?
V. LARBAUD, A. O. Barnabooth, 1913, p. 110.
• 61. Les moyens dont dispose, à la fin de sa carrière, mais dans la pleine force de son génie, un maître illustre, ont une autre efficace. Emprunter à la sainteté ce qu'elle a d'aimable; retrouver sans roideur la paix de l'enfance; se faire au silence et à la solitude des champs; s'étudier moins à ne rien regretter qu'à se souvenir de rien; observer par raison, avec mesure, les vieux préceptes d'abstinence et de chasteté, assurément précieux; jouir de la vieillesse comme de l'automne ou du crépuscule; se rendre peu à peu la mort familière, n'est-ce pas un jeu difficile, mais rien qu'un jeu, pour l'auteur de beaucoup de livres, dispensateur d'illusion?
G. BERNANOS, Sous le soleil de Satan, 1926, p. 303.
• 62. Les humains supplient silencieusement les humains de leur dire ce qu'ils ne pensent pas. Dites-nous ce que nous aimerions entendre! Dites-moi quelque chose d'aimable, chantent les yeux.
P. VALÉRY, Tel quel I, 1941, p. 48.
• 63. ... tu tiens à des choses, tu crois à des valeurs. Alors tu devrais nous montrer ce qu'il y a d'aimable sur cette terre. Et aussi la rendre un peu plus habitable en écrivant de beaux livres. Il me semble que c'est ça le rôle de la littérature.
S. DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 136.
Rem. Cette constr. s'emploie parfois pour désigner des personnes :
• 64. ... la politesse et les grâces avaient trouvé deux refuges : la cour de Sceaux et la société du Temple. La première, que présidait la duchesse du Maine, après avoir renoncé aux intrigues politiques, réunissait ce que la France avait de plus illustre et de plus aimable : Fontenelle, Lamotte, Saint-Aulaire, en faisaient partie; et Voltaire vint y perfectionner ce goût exquis, ce tact délicat et sûr qui le distinguent entre tous les écrivains.
V. DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 3, 1813, p. 16.
• 65. Il y a un âge, un seul à la vérité, et qui dure peut où les pastorales de M. de Florian ont un charme tout particulier; j'étais à cet âge. Rien ne me semblai, aimable comme ces jeunes bergères; rien de naïf comme leurs phrases précieuses et leurs sentiments à l'eau de rose; rien de champêtre, de rustique comme leurs élégants corsages, comme leurs gentilles houlettes à rubans flottants. À peine trouvais-je aux plus jolies demoiselles de la ville la moitié de la grâce, de l'élégance, de l'esprit, du sentiment surtout, de mes chères gardeuses de moutons.
R. TŒPFFER, Nouvelles genevoises, 1839, p. 66.
♦ Fam. Cela est aimable à vous de + inf. :
• 66. « Je suis bien aise que l'ambassadeur vous ait prié, c'est aimable à lui. » Cela voulait dire : « Il l'a fait pour m'obliger, et c'est par grâce que vous êtes ici. »
C. DE DURAS, Édouard, 1825, p. 154.
• 67. — Que c'est aimable à vous de me tenir compagnie! Ce n'est pourtant guère amusant, disait Mme d'Orgel à François, comme si elle eût été une vieille dame.
R. RADIGUET, Le Bal du comte d'Orgel, 1923, p. 129.
Rem. 1. En style plus soutenu, on emploie la tournure Cela est (très) aimable de sa part :
• 68. FLORESTINE [la bonne]. — Dans un quart d'heure on va signer le contrat ...
EDGARD, jouant l'étonnement. — Oh bah! ... tu me l'apprends!
FLORESTINE. — (...) j'ai reçu l'ordre d'apporter ici la corbeille ...
EDGARD. — Vraiment? ... ah! c'est extrêmement aimable de ta part! ...
E. LABICHE, Edgard et sa bonne, 1852, 21, p. 252.
Rem. 2. Cet emploi se rapproche des emplois II A 2 a.
— Emploi subst.
♦ Ce qui est aimable :
• 69. La figure changeait souvent vers l'aimable et le gracieux. C'était alors déchirant ... Cet instinct de la nature mourante qui se réfugie vers la chaleur et la vie me faisait croire à un retour du cœur.
J. MICHELET, Journal, mai 1842, p. 403.
• 70. Fénelon a en lui un fonds d'atticisme, d'hellénisme intime qui se trahit et qui transpire. Il a, quoi qu'il fasse, une réminiscence flottante d'Homère, une habitude incurable d'Horace, ce sentiment du fin et de l'aimable qui ne l'abandonne jamais.
Ch.-A. SAINTE-BEUVE, Mes poisons, 1869, p. 27.
• 71. ... Levesque qui rentre de permission; compagnon charmant pour qui mon affection devient de mois en mois plus profonde. Rien de plus confiant, de plus naturellement joyeux et bon, que son sourire. Il répand indistinctement sur tout l'aimable de cette terre une sympathie pantelante.
A. GIDE, Journal, 9 juin 1931, p. 1049.
♦ Personne aimable :
• 72. Je suis très-content de votre jeune ami. Je pense qu'il sera aimable homme et je me crois sûr qu'il ne sera pas un aimable.
É. DE SENANCOUR, Obermann, t. 2, 1840, p. 42.
• 73. Parle-moi au long de Gaëtan (...) et dis-moi si nous en ferons un homme d'esprit ou seulement un aimable de province.
STENDHAL, Correspondance, t. 1, 1800-1842.
• 74. Gaspard leur montra la fontaine dont les eaux rendent fou. Mais c'est d'une folie plaisante, et le Dragon y voulut boire. Mariette lui donna de l'eau dans le creux de sa paume, et Lucie dut en faire autant à son aimable. L'eau bue, comme il n'en fallait pas perdre une goutte, ils baisèrent la main.
H. POURRAT, Gaspard des Montagnes, Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 270.
2. [En parlant de pers. ou de leur comportement, avec une idée de recherche active]
a) Qui se distingue en raison de sa volonté ou de son art de faire plaisir (par des prévenances, des compliments, des marques de politesse).
— [En parlant de pers.] :
• 75. Quand un homme aimable ambitionne le petit avantage de plaire à d'autres qu'à ses amis (comme le font tant d'hommes, surtout de gens de lettres, pour qui plaire est comme un métier), il est clair qu'il ne peut y être porté que par un motif d'intérêt ou de vanité. Il faut qu'il choisisse entre le rôle d'une courtisane et celui d'une coquette, ou, si l'on veut, d'un comédien. L'homme qui se rend aimable pour une société, parce qu'il s'y plaît, est le seul qui joue le rôle d'un honnête homme.
CHAMFORT, Maximes et pensées, 1794, p. 68.
• 76. ... la misère vint et, avec elle, les terribles désillusions du concubinage. Les premiers temps, chacun s'efforce d'être aimable; c'est à qui devancera les désirs de l'autre et cédera à toutes ses volontés. L'on sent bien alors que la première dispute en engendrera d'autres, mais la misère dégrise.
J.-K. HUYSMANS, Marthe, 1876, p. 61.
• 77. Il la prit par la douceur, par le raisonnement, par les sentiments. Il sut rester « Monsieur le Comte », tout en se montrant galant quand il le fallut, complimenteur, aimable enfin.
G. DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, Boule de suif, 1880, p. 147.
• 78. — Oh! monsieur, disait Mouret avec son enthousiasme de Provençal, (...)! Vous ne sauriez croire combien je suis heureux et fier de vous serrer la main.
É. ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, p. 454.
• 79. C'était l'époque où les gens bien élevés observaient la règle d'être aimables et celle dite des trois adjectifs. Mme de Cambremer les combinait toutes les deux. Un adjectif louangeur ne lui suffisait pas, elle le faisait suivre (après un petit tiret) d'un second, puis (après un deuxième tiret) d'un troisième.
M. PROUST, À la recherche du temps perdu, Sodome et Gomorrhe, 1922, p. 945.
• 80. J'observai qu'elle s'appliqua à être plus aimable, plus obligeante, à partir d'un certain moment ... Je pénétrai plus tard le sens de ce redoublement d'attention.
DANIEL-ROPS, Mort, où est ta victoire? 1934, p. 329.
— [En parlant d'un trait de leur comportement] :
• 81. J'ai été bien sensible à l'aimable attention que vous avez eue de m'envoyer votre demande en ma faveur, et bien confus de tout ce que votre amitié vous a inspiré de bienveillant et de glorieux pour le plus indigne de vos confrères.
V. HUGO, Correspondance, 8 janv. 1823, p. 365.
• 82. Le roi a la même attention pour les dames. Lorsque les hasards de la danse le mettent en contact avec un étranger, il s'efforce de lui dire un mot aimable.
E. ABOUT, La Grèce contemporaine, 1854, p. 373.
• 83. Fut-il troublé par un scrupule tardif? « Mais parlons de toi », fit-il avec un sourire aimable; il gardait jusque dans la camaraderie une courtoisie un peu cérémonieuse.
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, Le Pénitencier, 1922, p. 790.
— Loc. Aimable aux yeux de :
• 84. Cette malheureuse flexibilité qui me rend plus aimable aux yeux des hommes me coûte cher, nuit à mes progrès dans la sagesse et la raison. Quoique les écarts d'esprit, de société ne soient que passagers, il en reste toujours quelque trace dans l'âme; on a ensuite plus de peine à avancer, plus de dégoût.
MAINE DE BIRAN, Journal, 1817, p. 78.
♦ (Être) aimable avec, envers, pour qqn :
• 85. Je crois, sans le savoir avec certitude, que je parus à lord Nelvil une personne trop vive, car après avoir passé huit jours chez mon père, et s'être montré cependant très-aimable pour moi, il nous quitta ...
G. DE STAËL, Corinne, t. 2, 1807, p. 383.
• 86. L'établissement, unique dans la petite ville, était assidûment fréquenté. Madame avait su lui donner une tenue si comme il faut; elle se montrait si aimable, si prévenante envers tout le monde; son bon cœur était si connu, qu'une sorte de considération l'entourait.
G. DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, La Maison Tellier, 1881, p. 1181.
• 87. Le Loreur était fort aimable avec lui, flatteur — cela gênait un peu Yves, mais l'attirait aussi.
P. DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoisie, 1939, p. 113.
♦ Être (assez) aimable de + inf. :
• 88. ... M. de Donnezan est arrivé à neuf heures : il a l'extrême complaisance de me garder. Tu serais cependant aimable de venir au moins dîner ici mardi et d'y rester le soir.
G. DE STAËL, Lettres de jeunesse, 1789, p. 300.
• 89. « Parbleu! dis-je, mon cher oncle, vous seriez bien aimable de m'avancer quelque argent sur le mois que je dois toucher demain. » Ce qui fâcha singulièrement mon oncle...
A. KARR, Sous les tilleuls, 1832, p. 78.
♦ Faire l'aimable :
• 90. Il faudrait donc encore que nos trop courtes entrevues fussent consacrées à nous occuper des autres, et que je fisse l'aimable auprès de je ne sais quelle indifférente tandis que le premier venu le ferait auprès de toi.
V. HUGO, Lettres à la fiancée, 1821, p. 66.
• 91. 21 mars. Pour la première fois, chez Janin, dans son chalet de Passy. Nous causons avec Mme Janin, qui fait l'aimable avec nous. Fille d'avoué, couperosée et pointue, bourgeoise marquée au coin de l'amabilité bourgeoise, qui tourne la bouche pour se gracieuser et laisse voir l'effort, le travail et la sécheresse de la grâce.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1861, p. 890.
• 92. Ton géant a fait l'aimable près des dames, a été infect et Pompadour, sans perdre une minute de vue la Littérature.
G. FLAUBERT, Correspondance, 1867, p. 116.
• 93. Quant au baron, sa réalité me paraissait problématique, bien qu'il fît avec moi l'aimable et le sucré.
A. GIDE, Isabelle, 1911, p. 618.
b) Qui se distingue en raison de sa facilité d'accueil ou de sa complaisance :
• 94. ... nous apperçûmes une habitation couverte de bardeaux, au milieu d'un éclairci assez considérable, dont le propriétaire, que nous rencontrâmes quelques instans après, nous offrit l'asyle de la nuit avec le plus aimable empressement.
J. DE CRÈVECŒUR, Voyage dans la Haute Pensylvanie, t. 1, 1801, p. 45.
• 95. J'étais charmé et attendri, en trouvant près d'un simple pâtre des montagnes cet accueil aimable, ces attentions délicates, qu'on ne trouve guère que dans sa famille. Il ne m'est pas venu dans l'idée que ce bon montagnard fût déterminé à me traiter ainsi dans des vues intéressées; il remplissait le devoir de l'hospitalité et accueillait un de ses semblables, comme il aurait voulu qu'on l'accueillît.
MAINE DE BIRAN, Journal, 1816, p. 169.
• 96. — Madame, dit Annette, en se levant, je vous remercie de votre aimable hospitalité; j'étois morte de froid, et il auroit été scandaleux, qu'en Provence, une fiancée se fût trouvée gelée...
H. DE BALZAC, Annette et le criminel, t. 3, 1824, p. 34.
• 97. ... je vais chez les amis de papa, ces X..., hospitaliers et aimables qui m'accueilleront bien.
COLETTE, Claudine à l'école, 1900, p. 186.
• 98. ... il est devenu là, de but en blanc, extrêmement aimable, accueillant, amène au possible ... « Enchanté de la voir » ... Et à mon sujet? Rassurant! Il s'est mis tout de suite dans les frais pour séduire ma mère...
L.-F. CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 427.
— En partic. [Dans le lang. de l'amour, gén. en parlant d'une femme] Qui cède ou s'abandonne facilement :
• 99. « (...) Viens ici, ma belle Sara, viens sur mes genoux! » Elle y vint, avec cet aimable abandon... Faible langage! Tu ne le rendras jamais! Après les premières caresses de l'amitié, qui me furent rendues, je devins entreprenant...
N.-E. RESTIF DE LA BRETONNE, Monsieur Nicolas, 1796, p. 54.
• 100. Il est agréable et de bon goût pour un jeune homme d'avoir deux maîtresses à la fois, surtout si l'une d'elles est triste, sévère, se retranchant toujours derrière les craintes d'une ennuyeuse vertu, tandis que l'autre est gaie, aimable, jolie, et ne passe pas pour désespérer ses amants par sa sévérité.
STENDHAL, Lucien Leuwen, t. 2, 1836, p. 189.
• 101. ... « On m'appelle
Melaenis, j'ai vingt ans et je t'aime, » dit-elle.
Pour Paulus, il nageait dans le ravissement.
Advienne que pourra! C'est chose délectable,
Qu'un bon gîte la nuit et qu'une fille aimable!
L. BOUILHET, Melaenis, 1857, p. 22.
• 102. Il était, avec cela, dans les meilleures dispositions, ce soir-là! Il s'était humecté comme un liège, il avait une douceur d'ivresse qui le rendait aimable et pas hargneux, et il était très content de lui, se croyait irrésistible, se donnait des postures penchées, prêt à dévider à la première venue toute une bobine d'élégies bizarres. Installé près de la fenêtre, il faisait des effets de hanche et de col...
J.-K. HUYSMANS, Les Sœurs Vatard, 1879, pp. 122-123.
• 103. Puisque vous n'avez pas de fortune, comprenez donc que vous devez prendre les hommes par autre chose. On est aimable, on a des yeux tendres, on oublie sa main, on permet les enfantillages, sans en avoir l'air; enfin, on pêche un mari...
É. ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 36.
• 104. L'été dernier, à Dolonne, j'ai rencontré une aimable personne qui me plaisait. Elle n'était pas farouche et je le savais. Le premier freluquet venu l'aurait facilement conquise.
J. CHARDONNE, L'Épithalame, 1921, p. 158.
• 105. Tout le quartier se ressent de cette vie matinale : les vieilles gens n'y sont pas des vieilles; à l'époque des lilas, les aïeules fleurissent leurs pauvres poitrines autant que les jeunes à seins durs. Les filles, sans calcul, montrent des chairs aimables, ont pour le désir des hommes, des indulgences généreuses ...
J. GIONO, Manosque des plateaux, 1930, p. 25.
B.— Emplois stylistiques
1. Péj., usuel. [En parlant de pers. ou de leur comportement]
a) Qui n'a que des qualités d'agrément :
• 106. Je vous jure par Dieu que vous n'aurez plus à me reprocher de telles incongruités. Je serai gentil, aimable, charmant et faux à faire vomir; mais je serai convenable. Je veux devenir un homme tout à fait bien.
G. FLAUBERT, Correspondance, 1851, p. 334.
• 107. Elle avait un certain charme mondain provenant d'un esprit alerte, gai, aimable et superficiel, mais aucune séduction réelle et profonde.
G. DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, La Porte, 1887, p. 1075.
• 108. Le plus séduisant des hommes, un féminin, je veux dire doux, aimable, courtois, mais fuyant, peu sûr, ne s'attachant pas aux amitiés particulières.
M. BARRÈS, Mes cahiers, t. 5, 1906-1907, p. 82.
— P. ext. [En parlant de collectivités] :
• 109. Il [Voltaire] eut l'art funeste chez un peuple capricieux et aimable, de rendre l'incrédulité à la mode. Il enrôla tous les amours-propres dans cette ligue insensée.
F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Génie du Christianisme, t. 1, 1803, p. 5.
• 110. Pour lui [Reinhart], les Français étaient des gens adroits, intelligents dans les choses pratiques, aimables, sachant causer, mais légers, susceptibles, vantards, incapables d'aucun sérieux, d'aucun sentiment fort, d'aucune sincérité ...
R. ROLLAND, Jean-Christophe, La Révolte, 1907, p. 527.
b) Qui, en étalant des qualités d'agrément, cherche à faire illusion :
• 111. ... dans le monde, et surtout dans un monde choisi, tout est art, science, calcul, même l'apparence de la simplicité, de la facilité la plus aimable. J'ai vu des hommes dans lesquels ce qui paraissait la grâce d'un premier mouvement était une combinaison, à la vérité très prompte, mais très fine et très savante.
CHAMFORT, Maximes et pensées, 1794, p. 39.
• 112. Oui, mes filles, ma femme, cette Gabrielle était une charmante personne. Elle quitta son mari pour vivre avec le roi, et, sans quitter le roi, elle vivait avec d'autres. Aimable friponnerie, fine galanterie, coquetterie du beau monde! Il y a des gens, mes filles, qui appellent cela débauche; ils offensent la morale, et ce sont des coquins qu'il faut mettre en prison.
P.-L. COURIER, Pamphlets politiques, Procès de Paul-Louis Courier, 1821, p. 130.
• 113. Il a quelque chose de bienveillant dans la physionomie; mais on y voit trop la longue habitude et le désir continuel d'avoir l'air aimable.
É.-J. DELÉCLUZE, Journal, 1825, p. 107.
• 114. Les imprudences des jeunes gens et les maladresses de Madame Laheyrard étaient commentées et enjolivées avec cette aimable charité qui fait le fonds de l'espèce humaine en général, et de l'espèce humaine des petites villes en particulier. Au bout de quelques jours, il n'y eut pas une maison où l'on ne se contât à l'oreille l'histoire des amours d'Hélène et de Gérard.
A. THEURIET, Le Mariage de Gérard, 1875, p. 113.
• 115. ... il faut bien vivre, n'est-ce pas? c'est-à-dire accepter avec un air aimable et indifférent la mauvaise plaisanterie supérieure qui nous est quotidiennement imposée de faire ce qui nous déplaît cent fois plus souvent que le contraire, en vue d'ailleurs de ne plaire à personne.
F. DE MIOMANDRE, Écrit sur de l'eau, 1908, p. 67.
• 116. Il a profité de l'occasion pour prononcer quelques paroles tout à fait aimables ... et très cordiales ... très encourageantes ... il nous a bien assuré, que si on se conduisait plus tard dans la vie, dans l'existence, d'une façon aussi valeureuse, on pouvait être bien tranquilles, qu'on serait sûrement récompensés.
L.-F. CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 158.
— P. ext. Qui ne réussit pas à faire illusion malgré ses apparences d'agrément. C'est une aimable plaisanterie :
• 117. Vous me connaissez, vous savez (...) que si je ne me sentais pas nécessaire à mes malheureux amis j'aurais terminé la plus détestable existence (...) — et vous restez! Par une aimable plaisanterie vous dites à Mathieu : « Quoique voir Mme de Staël vingt-quatre heures plus tôt ne soit comparable à rien ». Viens donc plaisanter sur la tombe de la malheureuse dont tu dévores le sang et les pleurs.
G. DE STAËL, Lettres inédites à Louis de Narbonne, 1793, p. 207.
• 118. Et vous? Où en est le roman? Celui de la mère Sand, qui m'est dédié, me vaut les plaisanteries les plus aimables.
G. FLAUBERT, Correspondance, 1866, p. 226.
Rem. Les ex. 117 et 118 sont des approches du sens noté dans la défin.; d'autre part, comme dans les ex. 119 à 123, il y a antiphrase, mais dans un cont. différent, d'où un autre « effet de sens ».
2. Iron. et par antiphrase, littér. [En parlant de pers. ou de comportements qui habituellement ne sont pas qualifiés d'aimables] Étrange, détestable, etc. :
• 119. HENRI. — (...) il est en vérité bien heureux que l'on ait eu l'aimable idée de me tuer par le fer ou par le plomb, au lieu de m'empoisonner ...
A. DUMAS père, La Reine Margot, t. 2, 1845, IV, 1, p. 49.
• 120. Mon cousin (...), demi-brute aimable, d'un caractère gai, doué de cet esprit gaulois qui rend agréable la médiocrité, habitait une sorte de ferme-château dans une vallée large où coulait une rivière.
G. DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, Amour, 1886, p. 736.
• 121. La mode était d'être non pas seulement sociable, comme les Français l'avaient toujours été, mais « aimable ». C'est Duclos qui le note dans ses Considérations sur les mœurs parues en 1750, et il exprime la crainte qu'on n'ait pris en ce point l'abus pour la perfection. « Aimable », cela supposait au moins autant de vices que de vertus, de la frivolité, de la malice, et certain art de parler, de persifler, une forme nouvelle et légère de la calomnie. L'homme aimable pouvait être souvent l'homme le moins digne d'être aimé. Il ne s'agissait que de plaire.
J. GUÉHENNO, Jean-Jacques, En marge des « Confessions », 1948, p. 154.
• 122. Tant de soins, de sollicitude, devenus peu à peu indispensables à un célibataire (...) confit dans un aimable égoïsme, l'irritent cependant parfois ...
A. ARNOUX, Double chance, 1958, p. 191.
• 123. Je me débarrasse de certains livres pour faire place à d'autres. Comment choisir? (...) Au fond, et sans bien le savoir, il [l'écrivain] fait un peu le travail de déblaiement que fera la postérité, cette aimable farceuse qui nous jouera à tous de si bons tours — mais nous ne serons pas là pour les goûter comme ils le méritent.
J. GREEN, Journal, Le Bel aujourd'hui, 1955-1958, p. 57.
Rem. 1. Syntagmes a) Syntagmes usuels. Adv. extrêmement, fort, infiniment, parfaitement, particulièrement, plutôt, Subst. abandon, abbé, accueil, air, ami, article, attention, billet, caractère, chose, compagne, compagnie, compagnon, condescendance, conversation, convive, créature, dame, docteur, enfant, épouse, être, façon, famille, femme, figure, fille, folie, forme, gaieté, gens, geste, grâce, homme, hospitalité, hôte(sse), innocence, invitation, jeunesse, lettre, liberté, manière, maîtresse, mère, monsieur, mot, objet, parole, personnage, personne, peuple, phrase, physionomie, plaisanterie, politesse, qualité, regard, saint, salut, sentiment, société, sourire, souvenir, vieillard, visage, voisin, voix. Verbes avoir, devenir, dire, donner, écrire, envoyer, éprendre, être, faire, (se) montrer, paraître, recevoir, remercier, rendre, trouver, venir; b) Syntagmes rencontrés. Adv. assez, aussi (que possible), bien, moins, peu, plus (beaucoup plus, le plus), réellement, si, singulièrement, tout, tout-à-fait, très, trop, véritablement. 2. Assoc. paradigm. fréq. a) (Quasi-)synon. accort, amène, attachant, attrayant, beau, bienveillant, bon, brave, brillant, charmant, cher, coquet, cordial, courtois, doux, élégant, engageant, estimable, facile, flatteur, frivole, gai, généreux, gentil; gracieux, innocent, intéressant, jeune, joli, léger, mondain, obligeant, poli, sage, séduisant, simple, spirituel, tendre, vertueux; b) (Quasi-)anton. désagréable, désobligeant, disgracieux, dur, froid, hargneux, indifférent, laid, méchant, rude, sévère, sombre, triste. 3. Place de l'adj. par rapport au subst. : aimable s'emploie assez souvent en antéposition; il prend alors une valeur affective et fam. ou une valeur intensive (soulignant favorablement un trait inhérent à la nature de la personne, de la chose considérée) ou encore une valeur emphatique, iron. (surtout en apostrophe).
Prononc. :[]. Demi-longueur chez PASSY 1914 pour les 2 voyelles. PASSY 1914 et Pt Lar. 1968 indiquent une initiale [e] (à côté de [] en ce qui concerne PASSY). Antérieurement à PASSY 1914, les dict. indiquent une initiale de qualité [e], jusqu'à BESCH. 1845 inclus, excepté NOD. 1844; ensuite ils indiquent une initiale de qualité [].
Étymol. ET HIST. — 1. Ca 1165 amable « (d'une qualité humaine) qui est de nature à plaire » (Aliscans, éd. Guessard et Montaiglon, 237 : Sa bele suer li dist parole amable); 2. 1170 amable « (d'une pers.) qui mérite d'être aimé » (Li Quatre livre des reis, éd. E. R. Curtius, p. 80, 25, f° 54 v° : S'il fist apeler Amable pur çó que Deu l'amad); ca 1170 aimable « id. » (S. Edw. le conf., 241 ds GDF. Compl. : Li enfant est mut bel E aimable juvencel).
Du lat. amabilis attesté dep. Plaute à l'emploi 2 (Asin., 674 ds TLL s.v., 1806, 5 : nimis bella es atque amabilis); à l'emploi 1 dep. Cicéron (Epist., 11, 15, 1, ibid., 1806, 74 : mihi autem nihil amabilius officio tuo et diligentia).
STAT. — Fréq. abs. litt. :5 493. Fréq. rel. litt. :XIXe s. : a) 11 681, b) 9 232; XXe s. : a) 7 576, b) 3 888.
BBG. — BAILLY (R.) 1969 [1946]. — BAR 1960. — BÉL. 1957. — BÉNAC 1956. — BOISS.8. — BONNAIRE 1835. — BRUANT 1901. — DUCH. Beauté 1960, p. 166. — DUP. 1961. — FÉR. 1768. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 23; pp. 25-26; p. 406. — GUIZOT 1864. — LAF. 1878. — LAV. Diffic. 1846. — Synon. 1818.
aimable [ɛmabl] adj.
ÉTYM. XIVe; amable, v. 1165; du lat. amabilis (→ Amabilité), de amare. → Aimer.
❖
1 (Personnes). Vx (ou archaïsme littér.). Digne d'être aimé. ⇒ Adorable, agréable, attirant, charmant, estimable, séduisant, sympathique. — Être aimable à qqn. ⇒ Cher (→ ci-dessous, cit. 4).
1 Le plus dangereux ridicule des vieilles personnes qui ont été aimables, c'est d'oublier qu'elles ne le sont plus.
La Rochefoucauld, Maximes, 408.
2 Je ne puis refuser mon cœur à tout ce que je vois d'aimable; et dès qu'un beau visage me le demande, si j'en avais dix mille, je les donnerais tous.
Molière, Dom Juan, I, 2.
3 Dans l'âge où l'on est aimable
Rien n'est si beau que d'aimer.
Molière, la Princesse d'Élide, Prologue.
4 (L'âne de la fable) Qui, pour se rendre plus aimable
Et plus cher à son maître, alla le caresser.
La Fontaine, Fables, IV, 5.
5 Est-il rien de plus naturel que d'aimer ce qui est aimable ?
Marivaux, Arlequin poli par l'amour, 1.
6 Rien ne rend si aimable que de se croire aimé.
Marivaux, le Paysan parvenu, II, p. 81.
6.1 La beauté passe, on le sait. Claire peut se transformer en d'autres femmes encore aimables et il y a un charme dans ce déclin.
J. Chardonne, Claire, p. 8.
♦ REM. Certains emplois sont intermédiaires entre ce sens et l'emploi moderne (sens 2.). — Se rendre aimable. ⇒ Agréable.
7 N'ai-je pas de la bonté, de la franchise, du courage ! Ne suis-je pas aimable en société ?
Mme de Staël, Corinne, I, 3.
♦ (Choses). Littér. ou vieilli. Agréable, qui plaît. || La vertu est aimable. ⇒ Estimable.
8 Rien n'est beau que le vrai : le vrai seul est aimable.
Boileau, Épîtres, IX.
9 Corrompant de vos mœurs l'aimable pureté.
Racine, Athalie, IV, 3.
10 J'ai souvent dit le mal dans toute sa turpitude; j'ai rarement dit le bien dans tout ce qu'il eut d'aimable (…)
Rousseau, Rêveries…, 4e promenade.
10.1 Le vrai seul est aimable, a dit Boileau; le vrai ne change pas, mais sa forme change, par cela même qu'elle doit être aimable.
A. de Musset, Lettres de Dupuis et Cotonet, 1836-1837, in T. L. F.
11 Il y a des heures aimables et des moments exquis, je ne le nie point.
France, M. Bergeret à Paris, 1 t. VII, p. 333.
2 (Ce sens semble se dégager à la fin du XVIIIe. → ci-dessus, cit. 7). Qui cherche à faire plaisir, dont le commerce est agréable. ⇒ Abordable, accort (vx), accueillant, attentionné, bienveillant, doux, gracieux, plaisant, poli, sociable. || Il est aimable avec tout le monde. ⇒ Affable, charmant, courtois, prévenant. || Aimable à l'égard de…, pour… (qqn). || Je vous remercie, vous êtes très aimable. ⇒ Accommodant, complaisant, obligeant. || Il, elle s'est montré(e) très aimable avec nous. || Il n'est pas aimable. — ☑ Loc. iron. Aimable comme une porte de prison : très désagréable. — (Actes, paroles…). || Avoir l'air aimable. || Un caractère aimable, peu aimable. || J'ai reçu votre aimable lettre. ⇒ Gentil. || Il nous a accueillis de la façon la plus aimable. ⇒ Avenant. || Un geste aimable de sa part. || C'est une aimable attention.
12 Passepartout était un brave garçon, de physionomie aimable, aux lèvres un peu saillantes, toujours prêtes à goûter ou à caresser, un être doux et serviable (…)
J. Verne, le Tour du monde en 80 jours, p. 6, in T. L. F.
13 Où qu'on le rencontrât il (le baron) avait l'air aimable et enjoué.
Francis Carco, Montmartre à vingt ans, p. 244.
14 Et cette parole forte et aimable à la fois, qui imposait en même temps qu'elle charmait, qui donc s'en trouvait doué dans mon entourage ?
Jacques de Lacretelle, Silbermann, p. 37, in T. L. F.
15 Je l'observerai (Henriette), elle m'observera, nous serons aimables.
— Tu seras aimable.
— Nous serons aimables tous les deux.
Michel Butor, la Modification, p. 148.
♦ (Dans des formules de politesse). || Vous seriez bien aimable de venir me voir tel jour. || Comme c'est aimable à vous d'être venu me voir.
♦ (Ellipt.). || Bien aimable !
♦ Fam. || C'est une aimable plaisanterie, je suppose ? : ce n'est pas très sérieux. — Iron. || Il a eu l'aimable idée de nous escroquer.
16 Puisque vous n'avez pas de fortune, comprenez donc que vous devez prendre les hommes par autre chose. On est aimable, on a des yeux tendres, on oublie sa main, on permet les enfantillages, sans en avoir l'air; enfin, on pêche un mari (…)
Zola, Pot-Bouille, 1882, p. 36, in T. L. F.
3 (Choses). Qui procure de l'agrément, du plaisir. ⇒ Agréable, charmant. || Une vie aimable et douce. || Passer d'aimables moments. ⇒ Délicat, exquis. — (Lieux). || Ville aimable et gaie. ⇒ Joli, plaisant. || Un aimable petit studio. ⇒ Coquet. — Spécialt. Accueillant.
17 Nous déménageons dans deux jours (…) il s'en faudra de beaucoup que la maison soit aussi aimable que je la voudrais pour t'accueillir. Tu me prouveras que l'accueil des êtres t'importe plus que l'accueil du lieu.
Gide, Correspondance avec Francis Jammes, 1893-1938, p. 233.
18 Un aimable soleil colorait de sa tiède lumière les pousses des arbres.
Francis Carco, Montmartre à vingt ans, p. 136.
♦ Aimable à… (et infinitif).
19 Son trot (d'un poulain), d'une élasticité surprenante, était aimable à regarder.
Gide, l'Immoraliste, p. 126.
4 N. Littér. Personne aimable. — N. m. Régional. Bon ami.
20 Mariette lui donna de l'eau dans le creux de sa paume, et Lucie dut en faire autant à son aimable.
Henri Pourrat, Gaspard des montagnes, Le pavillon des amourettes, 1930, p. 270.
♦ Faire l'aimable : affecter l'amabilité, s'efforcer de plaire.
21 Quant au baron, sa réalité me paraissait problématique, bien qu'il fît avec moi l'aimable, et le sucré.
Gide, Isabelle, p. 618, in T. L. F.
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CONTR. Abominable, abrupt, antipathique, arrogant, blessant, désagréable, détestable, exécrable, haïssable, hargneux, insupportable, odieux, rébarbatif, revêche, sec.
DÉR. Aimablement.
Encyclopédie Universelle. 2012.