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barbarie

barbarie [ barbari ] n. f.
• 1495; lat. barbaria
1Manque de civilisation, état d'un peuple non civilisé. Tirer un peuple de la barbarie. « Des restes de barbarie traînent encore, dit M. Bergeret, dans la civilisation moderne » (France).
2Absence de goût, grossièreté de barbare. grossièreté, ignorance, rudesse. « Il y a une espèce de barbarie à latiniser des noms français » (Voltaire).
3Cruauté de barbare. cruauté; brutalité, dureté, férocité, inhumanité, sauvagerie. Commettre des actes de barbarie. C'est de la barbarie !
⊗ CONTR. Civilisation. Raffinement. Bonté, humanité.

barbarie nom féminin (latin barbaria) Caractère de quelqu'un ou de quelque chose qui est barbare, cruel, féroce : La barbarie d'une répression. État d'une société qui manque de civilisation : L'abandon de ces principes nous ferait retomber dans la barbarie. Action barbare, cruelle : Considérer la chasse comme une barbarie.barbarie (citations) nom féminin (latin barbaria) Jules Amédée Barbey d'Aurevilly Saint-Sauveur-le-Vicomte 1808-Paris 1889 Les crimes de l'extrême civilisation sont certainement plus atroces que ceux de l'extrême barbarie. Les Diaboliques Pierre Drieu La Rochelle Paris 1893-Paris 1945 L'extrême civilisation engendre l'extrême barbarie. Les Chiens de paille Gallimard Anatole François Thibault, dit Anatole France Paris 1844-La Béchellerie, Saint-Cyr-sur-Loire, 1924 Académie française, 1896 Ce que les hommes appellent civilisation, c'est l'état actuel des mœurs et ce qu'ils appellent barbarie, ce sont les états antérieurs. Sur la pierre blanche Calmann-Lévy André Malraux Paris 1901-Créteil 1976 La vraie barbarie, c'est Dachau ; la vraie civilisation, c'est d'abord la part de l'homme que les camps ont voulu détruire. Antimémoires Gallimard André Malraux Paris 1901-Créteil 1976 Je vois dans l'Europe une barbarie attentivement ordonnée, où l'idée de la civilisation et celle de l'ordre sont chaque jour confondues. La Tentation de l'Occident Grasset Prosper Mérimée Paris 1803-Cannes 1870 Académie française, 1844 Ce qui est crime dans un état de civilisation perfectionné n'est que trait d'audace dans un état de civilisation moins avancé, et peut-être est-ce une action louable dans un temps de barbarie. Chronique du temps de Charles IX, Préface Antoine Rivaroli, dit le Comte de Rivarol Bagnols-sur-Cèze 1753-Berlin 1801 Les peuples les plus civilisés sont aussi voisins de la barbarie que le fer le plus poli l'est de la rouille. Fragments et pensées politiques Alfred, comte de Vigny Loches 1797-Paris 1863 L'existence du Soldat est (après la peine de mort) la trace la plus douloureuse de barbarie qui subsiste parmi les hommes. Servitude et grandeur militaires barbarie (synonymes) nom féminin (latin barbaria) Caractère de quelqu'un ou de quelque chose qui est barbare, cruel...
Synonymes :
- brutalité
- inhumanité
- sauvagerie
- vandalisme
Contraires :
- délicatesse
- humanité
- politesse
- raffinement
État d'une société qui manque de civilisation
Contraires :
- civilisation

Barbarie
nom (qui provient de Berbérie, "le pays des Berbères") donné jusqu'au début du XIXe s. aux régions d'Afrique du Nord situées à l'O. de l'égypte et peuplées de Berbères.
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Barbarie
n. f.
d1./d état d'un peuple qui n'est pas civilisé.
d2./d Cruauté, inhumanité. Exercer sa barbarie sur les vaincus.

⇒BARBARIE, subst. fém.
I.— État de ce qui est barbare, de ce qui n'est pas civilisé.
II.— Emplois fig. et affectifs
A.— Péjoratif
1. Qui va à l'encontre des valeurs morales.
a) Inhumanité, cruauté, férocité. Synon. atrocité, brutalité; anton. délicatesse, douceur :
1. Trois cents de ses amis furent assommés à coups de bâtons et de pierres, leurs corps refusés à leurs familles et précipités dans le Tibre. Le romancier Plutarque prétend que les vainqueurs poussèrent la barbarie jusqu'à enfermer un des partisans de Tibérius dans un tonneau avec des serpens et des vipères.
MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 14.
SYNT. Abominable, horrible, révoltante barbarie; raffinement de barbarie; actes, scènes de barbarie; pour comble de barbarie; une barbarie sans nom; traiter qqn avec barbarie.
b) État de violence, d'oppression, de tyrannie. Synon. décadence, désordre, despotisme :
2. Telle est la véritable question. Dans la nuit de la barbarie et de la féodalité, les vrais rapports des hommes ont pu être détruits, toutes les nations bouleversées, toute justice corrompue; mais, au lever de la lumière, il faut que les absurdités gothiques s'enfuient, que les restes de l'antique férocité tombent et s'anéantissent.
SIEYÈS, Qu'est-ce que le Tiers-état? 1789, p. 54.
3. ... le treizième siècle est une époque crépusculaire; il y a là d'épaisses ténèbres, peu de lumière, des violences, des crimes, des superstitions sans nombre, beaucoup de barbarie partout. Les juifs étaient barbares, les chrétiens l'étaient aussi; les chrétiens étaient les oppresseurs, les juifs étaient les opprimés; ...
HUGO, Correspondance, 1843, p. 599.
SYNT. Barbarie militaire, nazie; le flot montant, la nuit, les ténèbres, le triomphe de la barbarie; dénoncer, exercer, fuir la barbarie; croupir, tomber, vivre dans la barbarie; maintenir un pays dans la barbarie; lutter, se révolter contre la barbarie; tenir la barbarie en échec; être plongé dans la plus affreuse barbarie.
Au plur. :
4. Par-dessus tout, je suis convaincu qu'Anthony Eden éprouvait, à l'égard de la France, une particulière dilection. C'est d'elle qu'il avait tiré une large part de sa culture. A sa raison politique elle apparaissait comme indispensable à l'équilibre d'un monde assailli par toutes les barbaries.
DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1954, p. 199.
2. Ce qui contrevient aux formes intellectuelles, esthétiques, morales d'un certain humanisme, ou civilisation :
5. Tout était prévu, même la manière d'éternuer, dans ce code de la politesse française. Nous pouffions de rire, et nous faisions exprès mille balourdises pour le désespérer. Puis, vers la fin de la leçon, pour le renvoyer content, le brave homme (car il y avait barbarie à contrarier tant de douceur et de patience), nous affections toutes les grâces et toutes les mines qu'il nous demandait.
G. SAND, Histoire de ma vie, t. 3, 1855, p. 171.
6. Le monde inorganique peut subsister, mais la vie animée du souffle divin n'est possible que s'il y a du côté de la créature un effort de choix moral, une résistance au mal, une victoire sur l'iniquité, la barbarie, la violence, la haine, la sensualité aveugle.
WEILL, Le Judaïsme, 1931, p. 117.
B.— Laud., rare. [En parlant de ce qui est resté à l'état de nature] Force primitive, instinctive, sauvage. Barbarie admirable, grandiose, merveilleuse :
7. Au cinéma, Trader horn. Belles vues d'Afrique. Avec le progrès tel que nous l'entendons, que restera-t-il, dans cent ans, de cette barbarie merveilleuse, de ces forêts vierges, de ces déserts, de ces villages de huttes? Étrange de penser qu'en 1931 la préhistoire, le moyen âge et les temps modernes se touchent et se mêlent sur notre terre.
GREEN, Journal, 1931, p. 54.
8. Alors que la société est si bruyante et si forte, rien ne peut être plus précieux que le conseil d'un homme qui vous aide à retrouver votre barbarie et à écouter au fond de vous le chant profond de la certitude et de l'espérance.
GUÉHENNO, Jean-Jacques, Grandeur et misère d'un esprit, 1952, p. 338.
PRONONC. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[]. 2. Homon. et homogr. : Barbarie (un canard de — : nom de pays; orgue de — : corruption de Barberi, nom du premier fabricant) (cf. Ortho-vert 1966, p. 105). La 3e syll. du mot est notée longue dans FÉR. 1768, FÉR. Crit. t. 1 1787, LAND. 1834 et GATTEL 1841.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1495 « cruauté de barbare » (J. DE VIGNAY, Mir. hist., XXVI, 23, éd. 1531 d'apr. Delboulle dans R. Hist. litt. Fr., t. 4, p. 135 : Combien grant barbarie esse doncque que cela exclude l'homme de la maison de Dieu, qui n'a voulenté ne puissance de pecher); 1580-92 « infériorité de civilisation » (MONTAIGNE, liv. I, ch. XXXI dans GDF. Compl. : Il n'y a rien de barbare et de sauvage en cette nation, sinon que chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage); 1690 p. ext. (FUR. : Barbarie, signifie aussi, Ignorance, grossiereté).
Empr. au lat. barbaria ou barbaries, désignant l'Italie, selon l'usage des Grecs (PLAUTE, Poen., 598 dans TLL s.v., 1729, 25) puis tous les pays autres que la Grèce et l'Italie (CICÉRON, Pis., 17, ibid., 1729, 32); p. ext. « rudesse de mœurs, grossièreté, cruauté » (CICÉRON, Phil., 11, 16, ibid., 1730, 50).
STAT. — Fréq. abs. littér. :846. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 352, b) 944; XXe s. : a) 996, b) 484.
BBG. — DUB. Pol. 1962, p. 71. — LEW. 1960, p. 167, 362.

barbarie [baʀbaʀi] n. f.
ÉTYM. 1495, sens 4; lat. barbaria, de barbarus. → Barbare.
1 Hist. Le monde barbare, les pays étrangers par rapport aux Grecs et aux Romains, et, plus tard, par rapport à la chrétienté.
(N. propre). Nom autrefois donné aux pays de l'Afrique du Nord. Barbaresque (États barbaresques), berbère. || Figuier de Barbarie. Figuier.
2 Manque de civilisation, état d'un peuple non civilisé. Sauvagerie, primitivisme. || La barbarie primitive (→ Aligner, cit. 4). || Des siècles d'obscure barbarie. Ténèbres. || La plus épaisse barbarie. || Tirer un peuple de l'état de barbarie. || Retomber dans la barbarie. || Flot de barbarie (→ Acropole, cit. 2).REM. Sans être vieillie comme l'emploi correspondant de barbare, cette acception est d'usage écrit et littéraire.
1 Il n'y a rien de barbare et de sauvage en cette nation (…) sinon que chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage.
Montaigne, Essais, I, 30.
2 Le czar Pierre né dans une barbarie si épaisse, et, avec tant de génie, créateur d'un peuple nouveau.
Fontenelle, Sébastien.
3 Il faut avouer que la nation française, aussi polie qu'aucune nation, est encore dans cette barbarie, qu'elle doute si les sciences poussées à une certaine perfection ne dérogent point, et s'il n'est point plus noble de ne rien savoir (…)
Fontenelle, l'Hospital.
4 Vous êtes depuis longtemps enfoncés dans la fange de notre antique barbarie; il est triste d'être ignorants, mais il est affreux d'être lâches et corrompus (…)
Voltaire, Politique et Législation, Anne Dubourg à ses juges.
5 L'Ukraine, la Russie, les plaines du Danube, le peuple slave enfin, c'est un trait d'union entre l'Europe et l'Asie, entre la civilisation et la barbarie.
Balzac, la Cousine Bette, Pl., t. VI, p. 331.
6 Dans les derniers temps de l'Empire, il y eut, chez les âmes élevées, chez les évêques éclairés, chez les lettrés, un vrai sentiment de « la paix romaine », opposé au chaos menaçant de la barbarie.
Renan, Questions contemporaines, Qu'est-ce qu'une Nation ?, 2 mars 1882.
7 Des restes de barbarie traînent encore, dit M. Bergeret, dans la civilisation moderne.
France, le Mannequin d'osier, XI.
8 Je ne doutais plus que la civilisation, comme on la nomme, ne fût une barbarie savante et je résolus de devenir un sauvage.
France, le Jardin d'Épicure, p. 229.
8.1 Sans doute, il (Baudelaire) a parlé « d'une barbarie inévitable, synthétique, enfantine, qui reste souvent visible dans un art parfait (mexicaine, égyptienne ou ninivite) et qui dérive du besoin de voir les choses grandement »; c'est en marge d'une étude sur Guys, et jamais il ne s'est référé avec quelque détail aux œuvres qui montrent cette barbarie; il célèbre seulement Michel-Ange et Puget.
Malraux, la Métamorphose des dieux, p. 2.
3 Vieilli. Absence de goût, grossièreté digne d'un barbare. Grossièreté, ignorance, rudesse. || Barbarie de style, des termes. Incorrection.
9 On fut bien davantage choqué du style confus et embarrassé, de la barbarie des termes (des Maximes des Saints, de Fénelon).
Saint-Simon, Mémoires, I, 408.
10 Si deux ou trois personnes ne soutenaient le bon goût dans Paris, nous dégringolerions dans la barbarie (…)
Voltaire, in Littré.
11 Il y a une espèce de barbarie à latiniser des noms français que la postérité méconnaîtrait; et les noms de Rocroi et de Fontenoy font un plus grand effet que les noms de Rocrosium et de Fonteniacum.
Voltaire, le Siècle de Louis XIV.
4 (Style écrit). Cruauté de barbare. Cruauté; brutalité, férocité, inhumanité, sauvagerie, vandalisme. || « La barbarie est indépendante du caractère des individus; elle tient à l'état des mœurs » (Lafaye, Dict. des synonymes). || Une abominable, une horrible, une odieuse barbarie. || Commettre des actes de barbarie (→ Assassinat, cit. 4).
12 Tour à tour la victoire autour d'eux en furie
A poussé leur courroux jusqu'à la barbarie (…)
Corneille, Sertorius, I, 1.
13 La barbarie des bourreaux se lasse sur un corps formé par l'Esprit-Saint.
Massillon, Carême, Passion.
14 Les dieux ne sont-ils pas des monstres de barbarie d'avoir fait naître un Tantale pour qu'il mangeât son fils en ragoût ?
Voltaire, Dialogues, XXIX, 3.
15 Je ne crois pas que les hommes soient bons naturellement. Je vois plutôt qu'ils sortent péniblement et peu à peu de la barbarie originelle.
France, M. Bergeret à Paris, XVII.
(Une, des barbaries). Acte de barbarie. || Tant de barbaries l'avaient rendu la terreur de ses sujets (Académie).
16 Ne m'imputez point la barbarie que nous allons faire.
Mme de Sévigné, 347.
Mod. Moment historique de cruauté, de violence, d'oppression. || Barbarie nazie.La Barbarie à visage humain, essai de B. Henri-Lévy.
17 Ainsi les intellectuels de l'Altenburg étudiaient-ils les barbaries historiques, comme des civilisations particulières. La vraie barbarie, c'est Dachau; la vraie civilisation, c'est d'abord la part de l'homme que les camps ont voulu détruire.
Malraux, Antimémoires, p. 624.
CONTR. Civilisation; civilité, politesse; progrès. — Finesse; correction, délicatesse, douceur, raffinement. — Bonté, humanité.

Encyclopédie Universelle. 2012.