barbouiller [ barbuje ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ Couvrir d'une substance salissante. ⇒ salir; couvrir, maculer, souiller, tacher; fam. saloper. Barbouiller un mur de graffitis, à la bombe. ⇒ taguer. — Le visage barbouillé de confiture.
2 ♦ Étendre grossièrement une couleur sur (qqch.). ⇒ enduire. Barbouiller un mur. — Par ext. Peindre grossièrement. « Un amateur qui barbouille des toiles le dimanche » (Sartre). ⇒ peinturlurer.
3 ♦ Charger de gribouillages, de griffonnages. Barbouiller du papier. ⇒ gribouiller, griffonner. Fig. Écrire des choses de peu de valeur.
4 ♦ Fig. et fam. Barbouiller l'estomac, le cœur : donner la nausée. — P. p. adj. Avoir l'estomac tout barbouillé. ⇒ embarrassé.
⊗ CONTR. Débarbouiller, laver, nettoyer.
● barbouiller verbe transitif (de barboter, avec influence de souiller) Couvrir, maculer quelque chose d'une matière salissante : Sa sœur lui avait barbouillé le visage de chocolat. Enduire grossièrement une surface d'une substance colorée : Barbouiller une façade à la chaux. Exécuter sans art et sans goût une peinture : Barbouiller des paysages. Couvrir quelque chose de signes d'écriture ou de dessins tracés hâtivement, de façon sommaire, confuse : Des murs que l'on a barbouillés de graffiti. ● barbouiller (citations) verbe transitif (de barboter, avec influence de souiller) Blaise Pascal Clermont, aujourd'hui Clermont-Ferrand, 1623-Paris 1662 Les enfants qui s'effrayent du visage qu'ils ont barbouillé, ce sont des enfants ; mais le moyen que ce qui est si faible étant enfant, soit bien fort étant plus âgé ! Pensées, 88 Commentaire Chaque citation des Pensées porte en référence un numéro. Celui-ci est le numéro que porte dans l'édition Brunschvicg — laquelle demeure aujourd'hui la plus généralement répandue — le fragment d'où la citation est tirée. ● barbouiller (expressions) verbe transitif (de barboter, avec influence de souiller) Barbouiller l'estomac, le cœur, donner une légère nausée. Barbouiller du papier, écrire des choses sans intérêt. ● barbouiller (synonymes) verbe transitif (de barboter, avec influence de souiller) Couvrir, maculer quelque chose d'une matière salissante
Synonymes :
- maculer
- salir
- souiller
- tacher
Contraires :
- débarbouiller
- décrasser
- laver
- nettoyer
Enduire grossièrement une surface d'une substance colorée
Synonymes :
- peinturer (familier)
Couvrir quelque chose de signes d'écriture ou de dessins tracés hâtivement...
Synonymes :
barbouiller
v. tr.
d1./d Salir, tacher grossièrement. Barbouiller ses cahiers de taches d'encre.
— Fam. Barbouiller du papier: faire des écritures; écrire beaucoup.
|| Loc. fig., Fam. Barbouiller le coeur, l'estomac: donner des nausées.
d2./d Peindre grossièrement.
⇒BARBOUILLER, verbe trans.
I.— Familier
A.— Recouvrir grossièrement de couleur ou d'une substance le plus souvent salissante; souiller, maculer :
• 1. Il attendait, impatient, derrière l'afficheur, qui, avec son gros pinceau, barbouillait le dos de l'affiche.
STENDHAL, Le Rouge et le Noir, 1830, p. 149.
• 2. ... c'est à peine si le numéro et le WH des voitures allemandes sont barbouillés de noir, ...
E. TRIOLET, Le Premier accroc coûte deux cents francs, 1945, p. 355.
— [Avec un pron. réfl. indir.] S'enduire une partie du corps (spéc. le visage) d'une substance salissante. Se barbouiller les lèvres (POURRAT, Gaspard des montagnes, Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 271) :
• 3. Les Flamands ont l'air endormi toute l'année, le Mardi gras la gaîté les prend et les rend fous. (...) Ils se barbouillent, ils s'enfarinent, ils se noircissent, ils se rougissent, ils se jaunissent, ils sont à crever de rire.
HUGO, Correspondance, 1852, p. 73.
B.— P. métaph., péj.
1. [Avec une idée de couche superficielle] Surcharger superficiellement et confusément. Jeunesse barbouillée de culture (MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 588).
— Emploi pronom. réfl. Se barbouiller de grec et de latin (LITTRÉ) :
• 4. Mais ces gens de lettres sont tous pareils : dès qu'ils veulent toucher à la sainteté, ils se barbouillent de sublime, ils se mettent du sublime partout!
BERNANOS, Journal d'un curé de campagne, 1936, p. 1188.
2. [Avec une idée de trouble]
a) Noircir, assombrir (Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.).
— Emploi pronom. Le ciel, le temps se barbouille. Le temps se gâte (attesté dans tous les dict. généraux).
♦ Au fig., vx. Se compromettre, se rendre ridicule. Il s'est bien barbouillé dans le monde, dans sa compagnie (Ac. 1798-1878).
b) [L'obj. désigne un organe] Troubler, mettre mal à l'aise. Avoir le cœur barbouillé (ZOLA, L'Assommoir, 1877, p. 605); Avoir l'estomac barbouillé(ROB.) :
• 5. Elle était harassée (il y avait deux heures qu'ils marchaient) et cette fatigue lui barbouillait le cerveau, ses paupières lui faisaient mal, elle sentait venir la migraine...
MONTHERLANT, Les Jeunes filles, 1936, p. 977.
II.— Spécialement
A.— Couvrir grossièrement d'un enduit de peinture destinée à protéger, etc.
— B.-A., PEINT. Peindre grossièrement ou sans art. Barbouiller une toile (Lar. 19e) :
• 6. ... à l'entrée du chœur, deux autels en ravissante menuiserie du quinzième siècle; mais on barbouille cela de peinture à l'huile, couleur bois. C'est le goût des naturels du pays.
HUGO, Le Rhin, 1842, p. 19.
— Emploi abs. Je n'ai envie que de barbouiller, de faire du nu et des têtes (VALÉRY, Correspondance [avec Gide], 1922, p. 493).
B.— P. anal.
1. Couvrir de signes d'écriture. Barbouiller du papier ,,Écrire, faire des écritures`` (Ac. 1835-1932).
2. P. méton. Rédiger à la hâte, sans élaboration poussée. Barbouiller le plan d'un roman, d'une tragédie (BESCH. 1845) :
• 7. Vers le temps de la convocation des États-Généraux, Chamfort l'employa à barbouiller des articles pour des journaux et des discours pour des clubs...
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 1, 1848, p. 181.
— P. ext. Exprimer de manière confuse. Barbouiller un récit. ,,L'embrouiller`` (Ac. 1798-1932). Barbouiller une affaire (vieilli) (BESCH. 1845) :
• 8. Moi, je me souviens du jour où tu venais nous faire repentance. Tu barbouillais d'une voix peu sûre ton petit discours, et la sueur coulait le long de tes oreilles.
MONTHERLANT, Malatesta, 1946, II, 4, p. 470.
— Emploi abs. S'exprimer de manière confuse; bredouiller. (Attesté dans tous les dict. gén.).
♦ Spéc. [En parlant d'un musicien] Jouer sans netteté. (Attesté dans DG).
Rem. On rencontre dans la docum. plusieurs termes formés sur le rad. de barbouiller : 1. Barbouillotter, verbe, néol. d'aut. péj. Peindre grossièrement et sans art. ,,Il [Nihier] affirmait que, lorsqu'on peint un orage, on a le droit d'embroussailler et barbouillotter, parce que la tempête secoue l'émotion, et que le paysage devient subjectif...`` (L. DAUDET, L'Astre noir, 1893, p. 169). La création du mot résulte sans doute d'un croisement entre bouillotte et barbouiller, le suff. -otter étant péj. 2. Barbouillement, subst. masc. Trouble subi par un organe. Un barbouillement et un continuel malaise d'estomac (E. et J. DE GONCOURT, Journal 1869. p. 485). 3. Barbouillis, subst. masc. Synon. peu usité de barbouillage; ,,résultat d'un barbouillage`` (Lar. encyclop.). Fam. [En parlant d'une pers.]. Reculez-vous, barbouillis, et battez ces gouttes ailleurs (G. D'ESPARBÈS, Les Derniers lys, 1898, p. 239). 4. Barbouillon, subst. masc., synon. peu usité de barbouilleur, ,,enfant qui barbouille tout de son encre`` (BESCH. 1845); celui qui fait mal sa besogne. (Attesté dans Lar. 19e, LITTRÉ, GUÉRIN 1892, Nouv. Lar. ill., Lar. 20e, ROB., QUILLET 1965).
PRONONC. ET ORTH. :[], (je) barbouille []. FÉR. 1768, FÉR. Crit. t. 1 1787, GATTEL 1841, NOD. 1844, FÉL. 1851 et LITTRÉ transcrivent la finale avec [] mouillé; LAND. 1834 et DG avec yod.
ÉTYMOL. ET HIST.
A.— [XVe s. intrans. « balbutier » (J. LE FÈVRE, Lament. de Mathéolus, I, 1295, éd. van Hamel : Ma langue n'ose babouillier [imprimés du XVe s. barbouyllier], Tant crient celle de ma mouillier)].
B.— 1. XVe s. trans. « troubler » (Therence en franç., f° 173 a dans GDF. Compl. : Ha j'entens bien Maintenant ce qui te tempeste Et qui te barbouille la teste); 1511 fam. « remuer, troubler » (GRINGORE, II, 14 : Le vin au ventre me barbouille); 1845 barbouiller le cœur (BESCH.); 2. a) 1611 intrans. « passer un enduit » (COTGR.); av. 1654 « peindre grossièrement » (GUEZ DE BALZ., Avis écrit dans LITTRÉ : Je ne veux plus peindre; mais je veux encore moins barbouiller); b) 1580-92 trans. « écrire beaucoup et souvent inutilement ou mal » (MONTAIGNE, I, 293 dans LITTRÉ); 1672 pronom. « se charger, s'embarrasser de » (MOLIÈRE, Les Femmes savantes, IV, 3 dans Œuvres Complètes; éd. du Seuil, p. 619 a); 1680 (RICH. : Barbouiller. Composer mal, peindre mal); 3. 1550 trans. « salir, souiller » (Trad. de l'hyst. des plant. de L. Fousch. C.LV dans GDF. Compl. : Ce fruit a le jus rouge comme sang, duquel il teint et barbouille les mains); 4. a) 1611 « mélanger » (COTGR.), attest. isolée; b) 1690 « rendre confus, embrouiller (d'une chose) » (FUR. : [...] Il a tellement barbouillé et embrouillé cette affaire, qu'on n'y connoit plus rien); av. 1755 « id. (d'une pers.) » (ST SIMON, 53, 134 dans LITTRÉ).
Prob. issu de barboter, avec substitution de finale d'apr. des verbes tels que souiller, brouiller, cf. aussi touiller, patrouiller.
STAT. — Fréq. abs. littér. :496. Fréq. rel. littér : XIXe s. : a) 502, b) 1 031; XXe s. : a) 862, b) 608.
BBG. — DUCH. 1967, § 31, 38. — LEW. 1960, pp. 338 339. — QUEM. 2e s. t. 2 1971, p. 6. — TEPPE (J.). Écrivailleurs, philosophâtres, poétaillons. Vie Lang. 1971, p. 161.
barbouiller [baʀbuje] v. tr.
ÉTYM. XVe, au sens 5; p.-ê. de barboter avec substitution de finale d'après des v. comme brouiller, souiller.
❖
1 (1550). Couvrir d'une substance salissante. ⇒ Embarbouiller, maculer, salir, souiller, tacher. || Barbouiller qqch. de boue, d'encre. || Barbouiller une feuille de noir. ⇒ Mâchurer, noircir. || Barbouiller qqch. avec une matière gluante. — Au p. p. || Le visage barbouillé de confiture. ⇒ Empoisser.
1 Thespis fut le premier qui, barbouillé de lie,
Promena par les bourgs cette heureuse folie (la tragédie).
Boileau, l'Art poétique, III.
2 Quand elle approchait de mon visage son museau sec et noir, barbouillé de tabac d'Espagne (…)
Rousseau, les Confessions, IV.
♦ Le sujet désigne la matière qui salit :
3 Un flot de sang échappé de la bouche barbouillait son menton et son cou, imbibait la neige.
Cocteau, les Enfants terribles, I.
2 Étendre grossièrement une couleur avec une brosse sur (une surface). ⇒ Enduire. || Barbouiller un mur.
3.1 Je constate de plus que nous ne sommes que cinq matelots pour les travaux de peinture, et qu'à nous cinq, nous avons barbouillé cette coque de 16 000 tonnes en neuf heures de travail, de la flottaison au pont, avant de quitter New York (peinture au rouleau).
B. Moitessier, Cap Horn à la voile, p. 28.
♦ (Av. 1654). Par ext. Peindre grossièrement. || Barbouiller des toiles. ⇒ Peinturer, peinturlurer; barbouillage, barbouille.
4 Je ne veux plus peindre; mais je veux encore moins barbouiller (…)
Guez de Balzac, Avis écrit.
5 Nous avions surtout un goût de préférence pour barbouiller du papier, dessiner, laver, enluminer, faire un dégât de couleurs.
Rousseau, les Confessions, I.
6 (…) un amateur qui barbouille des toiles le dimanche comme on pêche à la ligne.
Sartre, l'Âge de raison, VI, 82.
3 Charger de gribouillages, de griffonnages. || Barbouiller du papier. ⇒ Gribouiller, griffonner. — (Abstrait). Faire beaucoup d'écritures inutiles; écrire en mauvais style des choses de peu de valeur. ⇒ Gâcher (du papier). || Barbouiller du papier par, en (→ ci-dessous, cit. 7), de… — Au p. p. || Du papier barbouillé, griffonné.
7 Tout le papier qu'en sonnets on barbouille.
Molière, Bouts-rimés.
8 De là vient l'extrême difficulté que je trouve à écrire. Mes manuscrits, raturés, barbouillés, mêlés, indéchiffrables, attestent la peine qu'ils m'ont coûtée.
Rousseau, les Confessions, III.
9 Après avoir barbouillé déjà beaucoup de papier avec mes souvenirs d'enfance (…)
France, le Petit Pierre, XXXIII.
4 Fig., fam., vx. Dire d'une manière confuse, embrouillée. ⇒ Bafouiller. || Barbouiller un discours, un compliment (Académie).
10 Desmarets demeura court et barbouilla quelque chose entre ses dents (…)
Saint-Simon, Mémoires, VI, 406.
♦ (Intrans.). Parler en bafouillant.
11 C'est un pauvre homme de bien, qui n'y voit guère, heurte, choppe, qui barbouille, ne sait trop ce qu'il dit.
Michelet, Hist. de la révolution franç., I, p. 285.
5 Fig., fam. || Barbouiller l'estomac, le cœur : donner la nausée. || Cette promenade en barque l'a tout barbouillé. — Au p. p. || Avoir l'estomac barbouillé, tout barbouillé. ⇒ Brouillé (brouiller, infra cit. 30.1), embarrassé.
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se barbouiller v. pron.
♦ || Elle s'est barbouillée de confiture.
12 Tous les guerriers se barbouillent de noir et de rouge (…) ceux-ci se font des barres longitudinales ou transversales sur les joues (…)
Chateaubriand, Voyage en Amérique, La guerre.
♦ Fig. || Se barbouiller de grec et de latin, en surcharger confusément sa mémoire. ⇒ Apprendre.
13 Pour avoir employé neuf à dix mille veilles
À se bien barbouiller de grec et de latin (…)
Molière, les Femmes savantes, IV, 3.
♦ (1812, in D. D. L.). || Le temps se barbouille : le ciel se charge de nuages, le temps se gâte. ⇒ Assombrir, couvrir, noircir.
♦ Vx. Se compromettre, se rendre ridicule. || Il s'est barbouillé dans cette affaire.
——————
barbouillé, ée p. p. adj.
♦ → ci-dessus à l'article.
❖
CONTR. Débarbouiller, laver, nettoyer. — Éclaircir.
DÉR. Barbouillage, barbouille, barbouilleur, barbouillon.
COMP. Débarbouiller, embarbouiller.
Encyclopédie Universelle. 2012.