BORDEAUX
BORDEAUX
D’abord emporium des Bituriges où transitait l’étain britannique, Burdigala doit sa première fortune à la création au Ier siècle d’un vignoble atlantique. La cité gallo-romaine, «petite Rome» cultivée et aristocratique, étendait son quadrillage de rues et ses monuments sur une vaste étendue urbaine. La civilisation antique s’y est perpétuée jusqu’aux invasions franques et normandes, malgré le resserrement de la ville dans le castrum du IIIe siècle.
Le renouveau médiéval au XIIe siècle est encore venu de la terre, par l’immigration des campagnes vers la ville et par la restauration d’un vignoble désormais épiscopal, monastique et bientôt bourgeois. C’est entre 1150 et 1227 que le bourg Saint-Éloi s’est développé au sud du castrum . Puis, l’union politique du duché d’Aquitaine avec le royaume d’Angleterre, qui a duré de 1154 à 1443, a favorisé un grand commerce d’exportation des vins bordelais et gascons vers les îles Britanniques, et, au début du XIVe siècle, la ville a englobé dans une troisième enceinte une population d’environ trente mille habitants, chiffre élevé pour l’époque.
Le troisième temps fort de la prospérité bordelaise a été le XVIIIe siècle. C’est une fois de plus la viticulture de qualité, notamment en Médoc, qui a sous-tendu ce «siècle d’or». Cependant, Bordeaux est alors surtout devenu le grand port du commerce colonial, redistributeur du sucre et du café des Isles. Avec son aristocratie parlementaire, ses négociants, son élite intellectuelle, que symbolise Montesquieu, sous l’administration d’intendants éclairés comme Tourny, la ville a atteint le maximum de sa richesse et s’est donné un urbanisme et une parure monumentale classiques (place Royale, façade des quais, cours, allées, Grand-Théâtre) qui subsistent encore malgré la menace que constitue la circulation.
Plus que le marasme issu de la Révolution et de l’Empire, c’est l’éloignement de Bordeaux et de son port des grands centres industriels et énergétiques de l’Europe qui a amorcé son recul au XIXe siècle. Pourtant, sous Napoléon III et sous la IIIe République, le commerce des vins et le commerce colonial lui ont donné des regains de prospérité qui se sont traduits par des travaux d’urbanisme non négligeables (boulevards, percées nouvelles, quais). En 1914, pour pallier le déclin du port, de premières installations industrielles annonçaient une volonté de redressement. La ville avait alors 260 000 habitants.
Le Bordeaux d’aujourd’hui reflète, certes, ces étapes de son histoire, mais il s’insère aussi dans une vaste agglomération dont l’existence a été reconnue et organisée par la création de la Communauté urbaine de Bordeaux (loi du 31 décembre 1966). Alors que la commune seule de Bordeaux ne comptait, en 1990, que quelque 210 428 habitants, l’ensemble de l’agglomération atteignait 696 587 habitants.
Le centre urbain est formé par la ville médiévale et la ville classique. Le tissu d’habitations, de commerces et de services y est très serré. Une vaste surface de 150 hectares y constitue un secteur sauvegardé. Grâce aux grandes percées du XVIIIe ou du XIXe siècle (cours, Intendance, allées de Tourny, place des Quinconces, cours d’Alsace-Lorraine, cours Pasteur), cette ville ancienne ne souffre que d’une demi-asphyxie.
Autour de ce centre, jusqu’aux boulevards et au-delà, à Saint-Augustin et Caudéran, s’étend la ville du XIXe siècle: quartiers d’habitations aux longues rues de maisons basses (échoppes), où l’on commence cependant à élever quelques grands immeubles.
Au-delà s’étale, tant à l’ouest que sur la rive droite de la Garonne, une vaste banlieue qui donne à l’agglomération les dimensions considérables de 25 kilomètres du nord au sud et de l’ouest à l’est. Le développement de la fonction résidentielle de cette périphérie a entraîné des constructions spectaculaires de grands ensembles et de résidences vers l’ouest, à Mérignac, Pessac, Talence, Gradignan, et la conquête des coteaux de la rive droite à Lormont et Cenon surtout. Les anciens quartiers Mériadeck et Saint-Christoluy, de part et d’autre de l’hôtel de ville, ont été réaménagés.
Cette croissance doit être mise en relation avec l’effort pour un renouveau industriel, poursuivi avec opiniâtreté depuis plusieurs années, tant dans le domaine aéronautique et spatial (Mérignac, Saint-Médard), que dans l’électronique et la mécanique (Blanquefort), la chimie et la pétrochimie (Ambès, Pauillac). On y trouve aussi une industrie du bois et de l’ameublement, et des activités dans le domaine de l’imprimerie et de la presse. Insertion de zones industrielles dans le paysage de la banlieue, nouveaux ponts (Saint-Jean, 1965; Aquitaine, 1967) et équipements routiers accompagnent cette évolution qui transforme profondément le visage traditionnel de Bordeaux. Le trafic portuaire était de 9 298 841 tonnes en 1992. En raison de la fermeture des raffineries en 1982, les hydrocarbures ne comptent plus, en 1992, que pour 55 p. 100 dans ce trafic, contre 70 p. 100 dix ans auparavant. Cette perte n’a pas encore été compensée par le développement des autres échanges.
Alors que l’industrie employait 23,2 p. 100 des actifs en 1990, le secteur tertiaire en occupait 75,8 p. 100.
bordeaux [ bɔrdo ] n. m.
• 1767; du nom de la ville
1 ♦ Vin des vignobles du département de la Gironde. Un bordeaux rouge, blanc. ⇒ graves, médoc, saint-émilion, sauternes. Verre à bordeaux.
2 ♦ Adj. D'un rouge foncé. ⇒ grenat. Des chaussures bordeaux.
● bordeaux nom masculin Vin d'appellation d'origine du département de la Gironde. ● bordeaux (difficultés) nom masculin Orthographe Avec une minuscule pour le vin : un verre de bordeaux (mais : un vin de Bordeaux, du vignoble bordelais). ● bordeaux adjectif invariable Rouge violacé : Jupe bordeaux.
Bordeaux
n. m. et adj. inv.
d1./d n. m. Vin produit dans la région de Bordeaux.
d2./d adj. inv. D'une couleur proche de celle des vins rouges de Bordeaux (rouge foncé).
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Bordeaux
v. de France, ch.-l. de la Rég. Aquitaine et du dép. de la Gironde, sur la Garonne; 213 274 hab. (env. 696 400 hab. dans l'aggl.). Grand port de comm. Aéroport. Centre du comm. des vins de Bordeaux. Industries.
— La ville fut la cap. des Bituriges, puis d'une prov. romaine (370-507). Elle se développa sous la domination angl. (1154-1453), grâce au comm. des vins. Au XVIIIe s., la traite des Noirs, associée au comm. avec les Antilles, lui rendit sa prospérité. Le gouv. s'y installa en 1870, 1914 et 1940.
— Ruines romaines (palais Gallien, amphithéâtre). Nombr. égl. des XIIe-XVe s.
⇒BORDEAUX, subst. masc.
Vin produit par les vignobles de la région de Bordeaux. Un vin de bordeaux, un bordeaux; bouteille de bordeaux; verre à bordeaux :
• 1. — « Je ne bois que de l'eau, » répondait Mérodack au domestique qui lui murmurait : « bourgogne ou bordeaux. »
J. PÉLADAN, Le Vice suprême, 1884, p. 263.
• 2. Clodomir déboucha un vin de bordeaux, qui, pour n'être pas inscrit dans les premiers crus du Médoc, révéla, par l'arôme et le bouquet, sa noble origine.
A. FRANCE, La Révolte des anges, 1914, p. 364.
— P. méton. Couleur rouge foncé. Synon. grenat :
• 3. Il [Porey-Cave] s'installerait dans un grand hôtel et répondrait aux saluts des portiers et des grooms habillés de drap bordeaux.
L. DE VILMORIN, Le Lit à colonnes, 1941, p. 122.
— Spéc., CHIM. Matières colorantes diverses rappelant la couleur du vin :
• 4. Le brun obtenu avec du sulfate de baryte comme charge (...) est très frais et d'un beau brun rouge, en employant à la fois amarante et bordeaux.
Ch. COFFIGNIER, Couleurs et peintures, 1924, p. 487.
PRONONC. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[]. 2. Homon. bordeau. 3. Forme graph. — L'adj. est invariable.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1800 (BERCHOUX, Gastronomie ds QUEM.).
Du nom de la ville de Bordeaux, centre d'une grande région de vignobles.
STAT. — Fréq. abs. littér. :126.
BBG. — DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 161. — HENRY 1960, p. 248. — SKOK (P.). Notes d'étymol. rom. Romania. 1924, t. 50, pp. 202-210.
bordeaux [bɔʀdo] n. m.
ÉTYM. 1785, Sade, in D. D. L.; du nom de la ville.
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1 Vin des vignobles du département de la Gironde. || Un bordeaux rouge, blanc. || Les bordeaux du Médoc, de Saint-Émilion, de Saint-Estèphe… REM. Le bordeaux est souvent dénommé par ses appellations, qu'elles soient régionales (du saint-émilion, du pomerol, du fronsac, du lalande de Pomerol, du médoc, du haut-médoc, du graves, de l'entre-deux-mers, du blaye [et côtes-de-Blaye], du côtes-de-Bourg), ou communales (du margaux, du saint-estèphe, du saint-julien — médoc —, du pauillac, du sauternes); on utilise aussi les noms de châteaux : → Vin. || Classement des bordeaux (en crus : bourgeois, grand bourgeois, etc.). ⇒ aussi Château. || Un grand, un petit bordeaux. || Les bordeaux blancs de Graves, de Palus, de Sauternes, de Côtes. — Une bouteille de bordeaux. ⇒ Bordelaise. || Un verre à bordeaux : un petit verre à vin, à pied, de forme caractéristique.
♦ Spécialt. || Bordeaux, bordeaux supérieur : vin du Bordelais provenant des régions ne bénéficiant pas d'une appellation particulière. || Bordeaux rouge, clairet, rosé.
➪ tableau Classification des vins.
2 (1908, in D. D. L.). Couleur rouge foncé (du bordeaux rouge). ⇒ Grenat. || Un tissu d'un joli bordeaux. || Le bordeaux lui va bien. — Adj. invar. || Des vestes bordeaux.
➪ tableau Désignations de couleurs.
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HOM. Bordeau.
Encyclopédie Universelle. 2012.