bouchonner [ buʃɔne ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1551; de bouchon
2 ♦ Frotter vigoureusement (le corps). Se bouchonner le visage, la nuque. — Bouchonner un cheval : frotter le poil de l'animal avec un bouchon de paille ou de foin pour sécher la sueur ou activer la circulation. ⇒ frictionner.
3 ♦ Fig. et fam. Couvrir de caresses, être aux petits soins avec (qqn). ⇒ cajoler, caresser . « Une femme dévouée qui leur fait tiédir leur flanelle, les bouchonne et les dorlote » (Duhamel).
4 ♦ Intrans. (1964) Fam. Former un bouchon, un embouteillage. Ça bouchonne sur l'autoroute.
● bouchonner verbe transitif (de bouchon) Mettre en bouchon du linge, le chiffonner. Frotter un animal avec un bouchon de paille, d'herbe, de foin. Frictionner énergiquement le corps avec un linge. Substituer un bouchon à un nœud du bois. ● bouchonner (synonymes) verbe transitif (de bouchon) Frotter un animal avec un bouchon de paille, d'herbe, de...
Synonymes :
- panser
● bouchonner
verbe intransitif
Familier. Former un embouteillage, un bouchon : Ça bouchonne sur l'autoroute.
En parlant d'une embarcation, faire le bouchon.
bouchonner
v.
rI./r v. tr.
d1./d Mettre en bouchon, chiffonner.
d2./d Frotter (un animal, notam. un cheval) avec un bouchon de paille, pour l'essuyer et le nettoyer.
d3./d Pp. adj. Vin bouchonné, qui a un goût de bouchon.
rII./r v. intr. Former un embouteillage.
I.
⇒BOUCHONNER1, verbe trans.
A.— Bouchonner un cheval. Frotter son poil, le frictionner, le plus souvent avec un bouchon de paille, pour nettoyer sa peau, lustrer son poil, activer la circulation ou le sécher (cf. brosser, étriller) :
• 1. Sans cesse, on le voyait l'essuyer, l'astiquer; à l'arrivée surtout, de même qu'on bouchonne les bêtes fumantes d'une longue course, il la frottait vigoureusement, il profitait de ce qu'elle était chaude pour la mieux nettoyer des taches et des bavures.
ZOLA, La Bête humaine, 1890, p. 116.
• 2. LE CHEVALIER. — Je me suis permis de mettre mon cheval dans votre grange. (...).
AUGUSTE. — Je vais le bouchonner, seigneur.
LE CHEVALIER. — C'est fait. Merci. Je le bouchonne moi-même, à l'ardennaise. Ici vous les bouchonnez à la souabe. Vous prenez le crin à contresens. Il devient terne. Surtout chez les rouans...
GIRAUDOUX, Ondine, 1939, I, 2, p. 17.
— P. compar. :
• 3. Grayson répéta sa phrase aux graisseurs qui bouchonnaient les appareils comme l'on fait à un cheval après une longue course.
PEISSON, Parti de Liverpool, 1932, p. 209.
— Emploi abs. Les garçons d'écurie étrillaient et bouchonnaient ... (ERCKMANN-CHATRIAN, L'Ami Fritz, 1864, p. 161).
1. P. ext.
— Bouchonner qqn. Le frotter vigoureusement avec serviette, eau de cologne, etc. Synon. frictionner :
• 4. Lorsqu'ils avaient suffisamment ruisselé, ils s'abandonnaient aux mains de leurs masseurs attitrés, qui (...) les savonnaient, les bouchonnaient, les strigilaient, les douchaient, les frottaient et les précipitaient enfin, brûlants, meurtris, pantelants, dans la piscine glacée.
R. MARTIN DU GARD, Devenir, 1909, p. 60.
• 5. Au bout d'un petit quart d'heure, il était couvert de sueur. Il se précipitait alors dans les bras de sa femme qui l'attendait avec un flacon d'eau de Cologne et des serviettes chaudes, puis le bouchonnait longuement.
G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Désert de Bièvres, 1937, p. 131.
♦ Emploi pronom. Se bouchonner :
• 6. — « Je viens de rentrer. J'étais fait comme un voleur », cria-t-il, de loin, en s'ébrouant sous le robinet. Il reparut bientôt, vêtu d'une chemise propre, et achevant de se bouchonner la tête à grands coups de serviette.
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, p. 642.
— Rare
a) Bouchonner (son œil, sa nuque, etc.). Tamponner, essuyer :
• 7. Touché ou non, Dhurmer devait se considérer comme giflé; c'est ce que Justinien, tout en bouchonnant son œil, s'efforçait de lui faire comprendre. C'était une question de dignité.
GIDE, Les Faux-monnayeurs, 1925, p. 1174.
♦ Emploi pronom. :
• 8. Il avait l'air exténué, tout à coup. Il sortit son mouchoir, et se bouchonna le visage, la nuque.
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, p. 141.
b) [Le compl. d'obj. désigne une chose] Frotter, astiquer :
• 9. Les colonnes astiquées ont pris une teinte admirable, et quand on aura achevé de les bouchonner, elles pourront mystifier les antiquaires les plus durs à cuire.
MÉRIMÉE, Lettres aux Antiquaires de L'Ouest, 1870, p. 116.
• 10. ... Péan lavait à grande eau ses abattis, se curait les ongles, se mouchait dans un bruit de tonnerre, bouchonnait les taches écarlates de son plastron, de son gilet, de son pantalon, et s'en allait...
L. DAUDET, Devant la douleur, 1931, p. 66.
2. Fig., vieilli, fam. Bouchonner qqn
a) [Le compl. d'obj. désigne un enfant] Dorloter, câliner :
• 11. Je permets gentiment qu'on me mette mes souliers, des gouttes dans le nez, qu'on me brosse et qu'on me lave, qu'on m'habille et qu'on me déshabille, qu'on me bichonne et qu'on me bouchonne; ...
SARTRE, Les Mots, 1964, p. 18.
b) [Le compl. d'obj. désigne une femme] :
• 12. Imaginez-vous me voir avec ma mine étique et tout l'ensemble de mes grâces, contrefaisant le jeune neveu dévoué, caressant, baisant, bouchonnant cette grosse femme dont la familiarité se répandrait bientôt en mots grossiers ou impurs...
M. DE GUÉRIN, Correspondance, 1839, p. 381.
• 13. Mademoiselle Michonnet
Est une actrice folichonne.
Autrefois chacun bichonnait
Mademoiselle Michonnet.
Le public, qui la bouchonnait,
Dans ses dents aujourd'hui mâchonne.
Mademoiselle Michonnet
Est une actrice folichonne.
BANVILLE, Odes funambulesques, Triolets, 1859, p. 222.
B.— Vx, rare. [Le compl. d'obj. désigne du tissu] Froisser, chiffonner. Bouchonner du linge; bouchonner un vêtement (ROB.). Synon. mettre en bouchon (cf. bouchonné) :
• 14. Madame, bouchonnant sa serviette et la posant sur la table. — Bien mauvaise, Marie, votre omelette...
La Petite lune, 1878-79, n° 10, p. 3.
Rem. 1. Néol. d'aut., « remplir d'un bouchon (de paille) » :
POURRAT, Gaspard des Montagnes, La Tour du Levant, 1931, p. 228.
Rem. 2. Lar. encyclop. atteste l'emploi du terme en technol. pour signifier « substituer un bouchon de bois sain à un nœud, dans une planche ou dans une feuille de placage » (cf. bouchonnage rem. et bouchonneux rem.).
PRONONC. ET ORTH. :[], (je) bouchonne []. FÉR. Crit. t. 1 1787 propose la graph. bouchoner avec un seul n.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1425 dr. féod. « marquer d'un bouchon de paille (un héritage saisi) » (Etat de dépense des officiers du domaine d'Orléans, apr. Le Clerc de Douy, t. 1, f° 91 r° dans GDF. Compl.), attest. isolée; signalé comme terme de coutumes (Orléanais) dans RAGUEAU-LAURIERE, Gloss. de dr. fr., Niort, 1882, p. 91; 2. 1669 « mettre en bouchon, chiffonner » (WIDERHOLD, Nouv. dict. fr.-all. et all.-fr., Bâle d'apr. FEW), qualifié de ,,vieilli`` dans Pt ROB.; 3. a) 1551 « frotter avec un bouchon de paille » (COTEREAU, trad. Columelle, II, 3 dans HUG.); b) 1662 « couvrir de caresses, cajoler » (MOLIÈRE, L'Éc. des femmes, Paris, Hachette, 1910, V, p. 4).
Dér. de bouchon au sens de « poignée de paille »; dés. -er.
STAT. — Fréq. abs. littér. :28.
II.
⇒BOUCHONNER2, verbe intrans.
NAVIGATION. néol. [Le suj. désigne une embarcation] Flotter, danser sur l'eau à la manière d'un bouchon, sans se retourner. Synon. faire le bouchon :
• 1. Pendant ce temps, notre barcasse, que n'entraîne plus la chaloupe, bouchonne sur la vague, imposant un dernier tourment, un suprême passage à tabac, à tous les rescapés.
J. et J. THARAUD, Cruelle Espagne, 1937, p. 110.
• 2. Sa barque [de Me Méliset] (...) on la voyait partout (...) maniée à merveille, bouchonnant-ci, bouchonnant-là et franchissant les pires chenaux en quatre coups de godille.
H. BAZIN, Qui j'ose aimer, 1956, p. 27.
1. bouchonner [buʃɔne] v.
ÉTYM. 1551; 1425, dr. féod. « marquer d'un bouchon de paille »; de bouchon.
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I V. tr.
1 Vx ou régional. Mettre en bouchon, en tampon. ⇒ Chiffonner. || Bouchonner du linge, un vêtement. ⇒ Froisser; tordre.
2 Frotter vigoureusement (qqn, un animal). — Bouchonner un cheval : frotter le poil de l'animal avec un bouchon de paille ou de foin pour sécher la sueur ou activer la circulation. ⇒ Frictionner. || Il faut bouchonner et panser le cheval.
0.1 Quand un cheval rentrait du travail, on le bouchonnait, mais ceux qui se chargeaient de ce travail n'auraient pas songé à se laver eux-mêmes.
Jean Ferniot, Pierrot et Aline, p. 102.
0.2 Sur la poitrine, aux aisselles, il se frotte avec un coin de serviette mouillée d'eau chaude; puis avec la partie sèche, il se frictionne comme un cheval que l'on bouchonnerait.
A. Pieyre de Mandiargues, la Marge, p. 155.
♦ Par ext. Frotter comme avec un bouchon, pour nettoyer. || Bouchonner son visage, se bouchonner le visage.
1 Jacques s'était tu. Il avait l'air exténué, tout à coup. Il sortit son mouchoir, et se bouchonna le visage, la nuque.
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 197.
3 (1662). Fig. et fam. Couvrir de caresses, être aux petits soins avec (qqn). ⇒ Cajoler, caresser; bouchon (I., 2).
2 Je te bouchonnerai, baiserai, mangerai (…)
Molière, l'École des femmes, V, 4 (1662).
3 Les gens de cette sorte se soignent bien, ils rencontrent presque toujours une femme dévouée qui leur fait tiédir leur flanelle, les bouchonne et les dorlote.
G. Duhamel, Inventaire de l'abîme, VI.
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II V. intr. (1964). Former un bouchon (II., A., 4.). || « À 14 h 30, 25 000 personnes bouchonnent aux portes » (Paris-Match, 17 oct. 1964). || Ça bouchonne sur l'autoroute.
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bouchonné, ée p. p. adj.
ÉTYM. (Du sens I).
♦ || Un cheval bien bouchonné. — Fig. || Un enfant trop bouchonné.
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2. bouchonner [buʃɔne] v. intr.
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1 Mar. Le sujet désigne une embarcation. Faire le bouchon, danser sur l'eau sans chavirer. || Le voilier bouchonnait.
1 (Le canot breton) taillera tranquillement sa route vers les lieux de pêche, bouchonnera ensuite à la cape de longues heures et reviendra avec la marée sans trop s'être soucié du temps qu'il aura rencontré.
Jean Giordan, le Yachting, p. 62.
2 Le vent n'a pas molli, Joshua bouchonne toujours en sécurité, barre dessous et mer par le travers.
Bernard Moitessier, Cap Horn à la voile, p. 271.
2 Par anal. (Personnes). Flotter sur l'eau comme un bouchon.
3 Il (…) revient, brassant, crawlant, bouchonnant.
Hervé Bazin, Au nom du fils, p. 119.
Encyclopédie Universelle. 2012.