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boulevard

boulevard [ bulvar ] n. m.
• 1803; bolevers « ouvrage de madriers » puis « rempart », av. 1365; du moy. néerl. bolwerc
1Large voie faisant le tour d'une ville (sur l'emplacement des anciens remparts). Boulevards extérieurs. Boulevard périphérique.
2Rue très large, généralement plantée d'arbres ( avenue, cours). Abrév.bd. Boulevard Magenta (ou bd Magenta). Le boulevard Saint-Michel, à Paris (fam. Boul'Mich' ).Spécialt Les Grands Boulevards : à Paris, les boulevards entre la Madeleine et la République.
Théâtre, pièce de boulevard, des Grands Boulevards (d'un comique léger, traditionnel et assez populaire). ⇒ vaudeville. Par ext. Le boulevard, ce genre. Jouer du boulevard. C'est du bon boulevard.

boulevard nom masculin (moyen néerlandais bolwerc, bastion) Vieux. Voie spacieuse établie dans les villes sur l'emplacement des anciens remparts. Large voie de communication urbaine plantée d'arbres. ● boulevard (difficultés) nom masculin (moyen néerlandais bolwerc, bastion) Emploi On dit : il habite boulevard Victor-Hugo (et non : sur le boulevard Victor-Hugo) ; les fenêtres donnent sur le boulevard ; la troupe a défilé sur le boulevard (= sur la chaussée du boulevard). ● boulevard (expressions) nom masculin (moyen néerlandais bolwerc, bastion) Les Boulevards, les Grands Boulevards, ou, vieux, le Boulevard, à Paris, artère réputée pour son animation, qui va de la place de la République à la Madeleine. (Cet ensemble, dont la création remonte au XVIIe s., comprend les boulevards Bonne-Nouvelle, Poissonnière, Montmartre, des Italiens, des Capucines.) Le Boulevard du crime, surnom donné à l'ancien boulevard du Temple en raison des nombreux forfaits accomplis chaque soir sur les scènes des théâtres populaires. Les Boulevards extérieurs, nom donné autrefois, à Paris, aux artères tracées à l'emplacement de l'ancien mur des Fermiers-Généraux (au N., boulevard de Clichy et ses prolongements) ; aujourd'hui boulevards dits « des Maréchaux », construits en bordure des fortifications du XIXe s., qui furent démolies après la Première Guerre mondiale. Familier. Ouvrir un boulevard, favoriser, par maladresse ou par complaisance, le développement d'un phénomène généralement jugé néfaste. Théâtre du Boulevard, terme général pour désigner le répertoire des salles situées autrefois sur le boulevard du Temple, puis sur les Grands Boulevards de Paris, et dont le caractère d'abord populaire et mélodramatique, puis bourgeois et facile, s'oppose à la fois au répertoire des grandes scènes traditionnelles et aux recherches du théâtre d'avant-garde.

boulevard
n. m.
d1./d Large voie plantée d'arbres dans une ville ou sur son pourtour. (Abrév.: bd).
(Québec) Voie routière assurant une circulation rapide entre plusieurs localités.
d2./d Genre théâtral, illustré par des comédies légères (naguère représentées à Paris sur les Grands Boulevards). Théâtre de boulevard.

⇒BOULEVARD, subst. masc.
A.— Vx. Fortification extérieure d'une place forte constituée par un terre-plein en avant des remparts :
1. Le cardinal du Bellay (...) s'efforçait de donner à Paris visage de pierre pour accueillir les Impériaux. Il fortifia la ville d'un rempart et de boulevards...
A. FRANCE, Rabelais, 1924, p. 114.
P. métaph. Ce qui sert de défense, de protection, de sauvegarde :
2. Nous redevenons le boulevard naturel de l'Europe contre la puissance de l'Angleterre : notre armée sous le drapeau blanc n'est qu'une garde de plus pour tous les Rois.
CHATEAUBRIAND, Correspondance gén., t. 4, 1789-1824, p. 270.
3. La réaction était d'autant plus intraitable qu'elle pensait, non sans raison, que les ateliers nationaux, comptant alors plus de 100 000 hommes, étaient le boulevard du socialisme...
PROUDHON, Les Confessions d'un révolutionnaire, 1849, p. 153.
P. anal. Promenade publique plantée d'arbres, suivant autour de la ville l'emplacement d'anciens remparts. De longs boulevards, plantés d'ormeaux (...) l'entouraient [la ville] d'une ombre sévère (E. FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 79) :
4. À la nuit, lorsque Jean Valjean sortit, Javert l'attendait derrière les arbres du boulevard avec deux hommes.
HUGO, Les Misérables, t. 1, 1862, p. 566.
B.— P. ext.
1. Large voie de communication et d'échanges des grandes villes. Après avoir franchi la Seine, paisible, il monta la côte du boulevard de l'Hôpital (ESTAUNIÉ, L'Ascension de M. Baslèvre, 1919, p. 300) :
5. Cette ville [Lyon] semble superbe aux voyageurs qui aiment les longues avenues, les préaux gazonnés, les grands boulevards, toute l'architecture pénitentiaire des cités modernes...
HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 200.
Boulevard(s). extérieur(s) Voie(s) à grande circulation en bordure des fortifications du XIXe siècle de la capitale ou du centre d'une grande métropole :
6. Je crois à l'excellence du projet qui voudrait ceindre tout Manhattan d'un boulevard extérieur, afin de décongestionner le centre...
MORAND, New-York, 1930, p. 210.
7. Le Groupement Dio franchirait la porte d'Orléans et marcherait sur les blocs organisés de l'École militaire et du Palais-Bourbon, en deux colonnes : celle de Noiret suivant les boulevards extérieurs jusqu'au viaduc d'Auteuil et remontant ensuite la Seine, celle de Rouvillois passant par Montparnasse et les Invalides.
DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, p. 304.
Boulevards périphériques. Autoroutes contournant la capitale au-delà des boulevards extérieurs :
8. ... l'autoroute qui y conduit [à Orly], les boulevards périphériques de Paris utilisent aussi pour la plupart des ouvrages d'art, la pierre.
R.-M. LAMBERTIE, L'Industr. de la pierre et du marbre, 1962, p. 109.
2. Absol. Le Boulevard, les Grands Boulevards. À Paris, le boulevard qui va de la place de la République à la Madeleine :
9. L'impressionnante promenade, en vérité, sur les Boulevards, de la porte Saint-Denis ou Saint-Martin (...) jusqu'à la Madeleine!
VERLAINE, Confessions, 1895, p. 26.
P. méton. Les cafés, les salles de spectacles de ce boulevard que fréquentent les artistes. Le rendez-vous de tout ce qu'il y a d'agissant et de brillant à Paris, c'est le boulevard (STENDHAL, Romans et nouvelles, t. 1, 1842, p. 349).
Pièce, théâtre de boulevard. Répertoire des salles de spectacles des Grands Boulevards; p. ext. spectacle léger :
10. ... renouer avec de subtils exemples est tentant. Je me souviens d'une époque où le « Boulevard » régnait en maître. On ne signait pas une mise en scène.
COCTEAU, Les Parents terribles, 1938, p. 181.
Prononc. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[]. 2. Forme graph. — FÉR. 1768 et FÉR. Crit. t. 1 1787 admettent boulevard ou boulevart. (FÉR. Crit. : ,,Trévoux met le 1er; l'Académie et le Rich. Port. mettent le 2d``; ,,on peut préférer celui qu'on voudra, peu importe``). Ac. 1798 propose également boulevard ou boulevart. Cf. encore LITTRÉ (,,boulevard ou orthographe qu'admet aussi l'Académie boulevart``; pour cette rem. cf. DG), Pt Lar. 1906, Nouv. Lar. ill. et Lar. 20e (,,on écrit aussi boulevart``). Ac. 1835 et 1878, s.v. boulevard : ,,Quelques-uns écrivent encore boulevart``. Ac. Compl. 1842 enregistre encore les anc. formes boulevart ou boulevert, boulleverq ou boullevert. Lar. 19e mentionne à titre hist. les formes boulevart et boulevert. Ac. 1932 n'admet plus que boulevard (cf. les dict. mod.).
Étymol. ET HIST. — 1. a) Av. 1365 bolevers « ouvrage de défense » (J. LE BEL [de Liège], I, p. 266 dans Fr. mod., t. 4); 1425 bollewerc (Arch. Nord, B 4025, f° 32 dans IGLF Litt.); 1429 bollevart (Artill. Ducs Bourgogne, 52 dans IGLF Techn.); XVe s. boulevars (Journal d'un bourgeois de Paris, éd. Tuetey, Paris, 1881); 1559 boulevard (AMYOT, Romulus, 17 dans HUG.); considéré comme usité seulement dans la lang. milit. dep. FUR. 1690 et réputé ,,ancien`` dep. Pt Lar. 1906; b) 1509 bolvert « ce qui protège » (LEMAIRE DE BELGES, Legende des Venitiens, ch. 1 dans HUG.); 1541 boulevard (G. DE SELVE, Huict Vies de PLUTARQUE Paul Émile, 109 r°, ibid.); 2. 1803 (BOISTE : Boulevart promenade plantée d'arbres autour d'une ville [sur l'emplacement d'anciens remparts]) [Contrairement à FEW t. 15, 1, p. 178 ne se trouve pas attesté dans FUR. 1690 ni dans Ac. 1798]; av. 1842 « à Paris, lieu très fréquenté par les artistes » (STENDHAL, supra); d'où 1867 théâtres des boulevards (Lar. 19e).
Terme attesté aux XIVe et XVe siècles dans des textes d'orig. wallonne et pic. (supra; v. aussi GDF. Compl. et LITTRÉ). Plus prob. emprunté au m. néerl. bolwerc « bastion » (GESCH., p. 10; VALKH., p. 69; BEHRENS D., p. 50; EWFS2; DAUZAT 1968; FEW t. 15, 1, p. 178; v. VERDAM et DE VRIES Nederl.) qu'au m. h. all. bolwërc (v. LEXER30); il est possible aussi que le mot soit parvenu en fr. par l'une et l'autre voie; la finale du mot a été ultérieurement assimilée au suff. -ard. Le fr. a été à son tour emprunté par les autres lang. rom. (REW3, n° 1197).
STAT. — Fréq. abs. littér. :3 240. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 745, b) 8 113; XXe s. : a) 4 735, b) 4 241.
BBG. — BEHRENS D. 1923, p. 50. — DELMOND (P.). Rues boulevards, avenues... Distinguons! Vie Lang. 1969, p. 542. — GOUG. Lang. pop. 1929, p. 18. — GOUG. Mots t. 1 1962, pp. 186-187. — HAGNAUER 1968, p. 74.

boulevard [bulvaʀ] n. m.
ÉTYM. Av. 1365, bolevers « ouvrage de défense »; du moy. néerl. bolwerc « ouvrage de fortifications fait de madriers », puis « rempart ».
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I
1 Vx. (Fortif.). Terre-plein d'un rempart, terrain occupé par un bastion, une courtine.
Par ext. Place forte qui met un pays à l'abri de l'invasion.
1 Cambray et Saint-Omer étaient les deux plus forts boulevards que les Espagnols eussent en Flandres.
Racine, les Campagnes de Louis XIV.
2 (1792). Fig. Vx ou littér. || Le boulevard de…, ce qui sert de défense, de protection à… Bastion, rempart, sauvegarde. || Le boulevard de la chrétienté, de l'Europe. || Ces hommes étaient le boulevard de la liberté.
———
II Mod.
1 (1803). Promenade, large rue plantée d'arbres faisant le tour d'une ville (sur l'emplacement des anciens remparts). || Boulevards extérieurs.Boulevard périphérique (cit. 1). || Boulevard circulaire. Cercle, 2. ring.
2 Large voie, large, rue, souvent plantée d'arbres (abrév. : Bd). Avenue, cours. || Le Boulevard Saint-Michel, à Paris (fam. Boul' Mich'). || Le Boulevard de Clichy, le Boulevard des Italiens (Paris). || Rouler sur un boulevard. || Traverser un boulevard.
Les grands boulevards, et, absolt (1842), les boulevards, le boulevard : à Paris, les boulevards entre la Madeleine et la Bastille. || Les théâtres des boulevards (→ ci-dessous, 3.). || L'animation des grands boulevards. || Flâneur des boulevards Boulevardier (vx).
1.1 Le temps d'un détour par les boulevards jusqu'à l'Opéra, où m'appelle une course brève.
A. Breton, Nadja, p. 86.
2 Le boulevard, ce fleuve de vie, grouillait dans la poudre d'or du soleil couchant.
Maupassant, Tombouctou.
3 Pour Félix, les Boulevards entre l'Opéra et la porte Saint-Martin restaient le cœur vivant de la capitale, le centre de la vie sociale, comme ils l'avaient été pour son père et son grand-père.
Jean-Louis Curtis, le Roseau pensant, p. 19.
REM. On trouve parfois l'orthographe boulevart.
4 Boulevart sans mouvement ni commerce,
Muet, tout drame et toute comédie,
Réunion des scènes infinie,
Je te connais et t'admire en silence.
Rimbaud, Poésies, LXXVIII, Bruxelles.
3 (Des grands boulevards de Paris). || Théâtre, pièce de boulevard, d'un comique léger, traditionnel, destiné au grand public bourgeois.Par ext. || Le boulevard : ce genre. || C'est du bon boulevard. || Comédien de boulevard. || Jouer du boulevard.REM. Au XIXe s., désigne un genre plus populaire (→ cit. 5).
5 Et les caractères de Mlle de Varendeuil, de Germinie, de Jupillon, vous les trouvez n'est-ce pas inférieurs aux caractères de n'importe quel mélodrame de boulevard.
Ed. et J. de Goncourt, Journal, t. VII, p. 321.
6 Jamais le métier, les procédés du « boulevard » n'auront réussi, comme dans Père, à faire rire une salle en lui montrant la vérité la plus triste (…)
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 101.
Le Boulevard du Crime : le boulevard du Temple, où se jouaient au XIXe siècle, de nombreux mélodrames.
7 (…) ce que vous admirez, avec le plus de chaleur d'entrailles, et qui, selon votre expression, ne vous laisse pas un fil de sec sur le dos, c'est le plus gros drame du Boulevard du Crime (…)
Ed. et J. de Goncourt, Journal, t. VII, p. 320.
DÉR. Boulevarder, boulevardier.

Encyclopédie Universelle. 2012.