cabale [ kabal ] n. f.
• 1532; de l'hébr. rabbinique qabbala « tradition »
I ♦
1 ♦ ⇒ kabbale.
2 ♦ Vieilli Science occulte prétendant faire communiquer ses adeptes avec des êtres surnaturels. ⇒ magie, occultisme, théosophie. « Abracadabra », terme de cabale.
II ♦ (1546)Fig.
1 ♦ Littér. Manœuvres secrètes, concertées contre qqn ou qqch.; association de ceux qui s'y livrent. ⇒ brigue, complot, conjuration, intrigue. Faire, monter une cabale contre qqn ( v. intr. <conjug. : 1> CABALER , vieilli ). « Il organise des contradictions, des oppositions, des cabales » (A. Gide).
2 ♦ Vx Ensemble des membres d'une cabale. ⇒ clique, coterie, faction, ligue. « Les propos incessamment rebattus de la cabale philosophique qui l'entourait » (Rousseau).
● cabaler verbe intransitif Littéraire. Faire une cabale ; se livrer à de sourdes menées. ● cabaler (synonymes) verbe intransitif Littéraire. Faire une cabale ; se livrer à de sourdes menées.
Synonymes :
cabaler
v. (Québec) Fam.
d1./d v. tr. Solliciter (qqn) à domicile pour le gagner à la cause d'un candidat ou d'un parti politique. Cabaler qqn.
d2./d v. intr. Faire de la cabale (sens II, 2).
⇒CABALER, verbe intrans.
Vieilli. Susciter une cabale, faire partie d'une cabale; intriguer, comploter. Cabaler pour ou contre qqc. ou qqn; cabaler auprès de qqn pour qqc. :
• 1. La pire de toutes les coteries du dernier siècle fut celle de M. Forcalquier, dite du Salon vert : on y tenait école de satire, de médisance et de noirceur; on y cabalait contre toute espèce de réputation et de mérite : hommes, femmes, grands et petits, personne n'était épargné.
JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 2, 1812, p. 199.
• 2. Il intrigue, joue un rôle assez louche dans l'affaire du collier (...), il voyage aux pays les plus lointains, (...), trafique, cabale, espionne.
SARTRE, La Nausée, 1938, p. 27.
Rem. 1. Se dit ,,en mauvaise part`` d'apr. GUÉRIN 1892 et QUILLET 1965. 2. On rencontre kabbaler au sens de « s'occuper des sciences occultes (alchimie, magie, etc.) ». Vous savez peut-être que la librairie Guillemot, du quai des Grands-Augustins, a la spécialité de la magie et que tous les illuminés de Paris s'approvisionnent là; (...) Je rencontrai là le vieux Manassé, nous kabbalâmes ensemble tout de suite (J. PÉLADAN, Le Vice suprême, 1884, p. 264).
Prononc. et Orth. :[kabale]. Noter la graph. kabbaler ds J. PÉLADAN supra. Étymol. et Hist. 1621 (Mercure françois, 189, Héron dans DELB. Notes). Dér. de cabale; dés. -er. Fréq. abs. littér. :14.
cabaler [kabale] v. intr.
ÉTYM. 1617; de cabale.
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♦ Vx. Susciter une cabale (II.); faire partie d'une cabale. ⇒ Comploter, conspirer, intriguer. || Cabaler contre qqn, en faveur de qqn.
1 Mentir (…) cabaler, nuire, c'est leur état (celui des faux dévôts).
La Bruyère, les Caractères, XIII, 22.
2 On cabalait, mais on gardait le silence, et on laissait clabauder les caillettes et les cafards, ou soi-disant tels, que le Conseil mettait en avant pour se rendre odieux à la populace, et faire attribuer son incartade au zèle de la religion.
Rousseau, les Confessions, XII.
3 Le Comité de la Société des Gens de Lettres, où siégeaient alors quelques gaillards méfiants, timorés, irascibles, sans goût, ne comprenant rien aux scrupuleuses études et recherches de sculpteurs ou bien mal résignés au choix que, malgré eux, on avait fait de Rodin, s'alarmèrent ou plutôt cabalèrent en exigeant qu'on mît l'artiste en demeure de livrer son œuvre « fin courant ».
Georges Lecomte, Ma traversée, p. 220.
4 (…) ils cabalaient avec toute l'autorité que leur donnait l'engouement du moment contre tout ce qui tendait à sortir de l'ornière tracée.
E. Delacroix, Journal, 28 avril 1853.
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cabalant, ante p. prés. et adj.
♦ Vx. Qui aime à intriguer.
5 Mais, Monsieur Martin, avez-vous vu Paris ? (dit Candide). Oui, j'ai vu Paris (…) C'est un chaos, c'est une presse dans laquelle tout le monde cherche le plaisir (…) Je connus la canaille écrivante, la canaille cabalante et la canaille convulsionnaire.
Voltaire, Candide, 1759, éd. Garnier, p. 172.
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DÉR. Cabaleur.
Encyclopédie Universelle. 2012.