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calfater

calfater [ kalfate ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1382; it. calafatare, de l'ar. qalfata
Mar. Boucher avec de l'étoupe goudronnée les interstices de la coque de (un navire). Calfater une barque. Absolt Calfater avec du brai, pour rendre étanche. ⇒ caréner, radouber.

calfater verbe transitif (arabe qalfata, par l'intermédiaire de l'italien calafatare) Remplir à force avec de l'étoupe les fentes de la coque d'un navire en bois pour la rendre parfaitement étanche.

calfater
v. tr. MAR Boucher avec de l'étoupe goudronnée les joints des bordages (d'un bâtiment en bois), pour les rendre étanches.
|| Par ext. Boucher hermétiquement.

⇒CALFATER, verbe trans.
MAR. Rendre étanche, au moyen d'étoupe goudronnée, les points et les interstices des bordages du pont d'un navire :
1. Pour calfater les coutures, on fit de l'étoupe avec du zostère sec, qui fut introduit à coups de maillet entre les bordages de la coque, du vaigrage et du pont; puis, ces coutures furent recouvertes de goudron bouillant, que les pins de la forêt fournirent avec abondance.
VERNE, L'Île mystérieuse, 1874, p. 330.
P. métaph. :
2. Il a l'air de croire, comme l'expression l'indique assez clairement, que le poète, dès qu'il ne peut assouplir sa pensée aux conditions de la mesure et de la rime, prend hors de cette pensée quelque détail insignifiant dont il bouche et calfate tant bien que mal son vers.
SAINTE-BEUVE, Tabl. hist. et crit. de la poésie fr. et du théâtre fr. au XVIe s., 1828, p. 157.
P. ext. Fermer hermétiquement; boucher. Nous avions calfaté les brèches des fenêtres du mieux possible (P. VIALAR, La Mort est un commencement, Les Morts vivants, 1947, p. 79) :
3. ... les lucioles qui s'éteignent par paquets dans mes phares tombent comme des bouts d'allumettes carbonisées et racornies, grésillent, jutent, suintent, confiture-cambouis qui calfate chacun des nids d'abeille de mon radiateur...
CENDRARS, Le Lotissement du ciel, 1949, p. 285.
Rem. On rencontre ds la docum. le part. passé adj. calfaté, ée. Dans cette pièce bien calfatée, dont nulle lumière ne filtre, la clarté est si dure que je cligne des yeux (SAINT-EXUPÉRY, Terre des hommes, 1939, p. 246).
Prononc. et Orth. :[kalfate], (je) calfate [kalfat]. Ds Ac. 1694 à côté de la var. calfeutrer. Ds Ac. 1718-1932 : calfater seul. Étymol. et Hist. [Indirectement attesté fin XIIIe s. par son dér. callefaterie, 1295 ds GDF.]; début XIVe s. calafater (Gestes des Chiprois [texte italianisant], éd. Raynaud, p. 217 ds GDF., s.v. tabout), graphie usuelle jusqu'au XVIe s.; 1382-84 calfater (Le Compte du Clos des Galées de Rouen, éd. C. Bréard, Rouen, 1893, p. 132). Empr. par l'intermédiaire d'une lang. méditerranéenne (ital. calafatare, « id. », XVe s.; lat. médiév. calafatus « calfat » en 1213 à Gênes, calafatare 1318 à Rome ds DEI; ou prov. calafatar, XIIIe s., RAYN.; v. FEW t. 19, pp. 80-82; BL.-W.5), à l'ar. qalfata « id. » (XIIIe s.; cf. le subst. qalafât « calfat », surnom d'un poète cordouan du IXe s., v. COR., s.v. calafatear), dont la var. est attestée dès le VIIe s. d'apr. COR., loc. cit.; il est improbable que le m. gr. « calfat » (1057, aussi « calfatage » en 959 ds COR.) attesté plus tôt, il est vrai, que les lang. rom., ait pu servir d'intermédiaire entre celles-ci et l'ar. (v. VIDOS, p. 263 et COR.). L'ar. qalfata, , considéré comme un mot étranger à l'ar. (COR.; LAMMENS, p. 69) est prob. lui-même un empr. au b. lat. calefare ou calefectare (lat. class. calefacere, v. chauffer : on chauffe du goudron pour calfater un bateau). Fréq. abs. littér. :19.
DÉR. 1. Calfatage, subst. masc., mar. Action de calfater. Un bassin de calfatage (PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, p. 836). []. Ds Ac. 1740-1932. 1res attest. a) 1527 « étoupe servant à calfater » (E. DE FRÉVILLE, Mém. sur le comm. mar. de Rouen, Rouen-Paris, 1857, t. 2, p. 433 ds QUEM.); b) 1832 « action de calfater » (RAYMOND); de calfater, suff. -age. Fréq. abs. littér. : 3. 2. Calfateur, subst. masc. Ouvrier chargé de calfater un navire. Des hangars pour calfateurs de péniches (MORAND, New York, 1930, p. 250). Dernière transcr. ds DG : kàl-fà-teúr. Ds Ac. 1694. 1res attest. 1373 calphadeur (Archives du Nord, JJ 105, pièce 71 ds DU CANGE, s.v. calefactus), forme isolée; 1382-84 calfateur (Le Compte du Clos des Galées de Rouen, éd. C. Bréard, Rouen, 1893, p. 132), qualifié de ,,vieilli`` ds DG; de calfater, suff. -eur2. Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. — DUCH. 1967, § 35.6. — HOPE 1971, p. 32. — LAMMENS 1890, pp. 68-70. — SAIN. Sources t. 2 1972 [1925], p. 411. — VIDOS (B. E.). Profilo storico-linguistico dell'influsso del lessico nautico italiano su quelle francese. Archivum romanicum. 1932, t. 16, p. 262.

calfater [kalfate] v. tr.
ÉTYM. V. 1382; calafater, déb. XIVe; de l'arabe qalfata, probablt par l'ital. calafatare, ou l'anc. provençal calafatar, plutôt que par le grec byzantin kalafatês.
tableau Mots français d'origine arabe.
1 Mar. Rendre étanche le pont, les bordages de (la coque d'un navire) en garnissant d'étoupe goudronnée les joints et les interstices. Caréner, radouber.Au p. p. || Un pont mal calfaté (→ Cambuse, cit. 1).Absolt. || Calfater avec du brai, du goudron, du ploc, de la poix… Brayer, goudronner.
1 Le navire ne reçoit son pilote que premièrement ne soit callafatée (calfatée) et chargée (…)
Rabelais, Gargantua, I, 3.
2 Les lois sont faites après coup, comme on calfate des vaisseaux qui ont une voie d'eau.
Voltaire, Lettre à Catherine II, 45.
3 Lalla va s'asseoir dans le sable, au bord de la mer, là où Naman le pêcheur a allumé son grand feu de branches pour chauffer la poix, pour calfater son bateau.
J.-M. G. Le Clézio, Désert, p. 133.
2 Boucher hermétiquement par un calfatage. || Calfater un interstice, une voie d'eau.
Par métaphore (attraction probable de calfeutrer). || « Calfater les brèches des fenêtres » (Vialar).
DÉR. Calfatage, calfateur. — V. Calfat, calfeutrer.

Encyclopédie Universelle. 2012.