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carme

carme [ karm ] n. m.
• 1220; du mont Carmel en Palestine
Religieux de l'ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel. Carmes réformés. Carmes déchaux. Carmes et carmélites. Eau des Carmes, nom d'une eau de mélisse.

carme nom masculin (du mont Carmel ) Religieux d'un ordre mendiant institué en Syrie (mont Carmel) au XIIIe s. ● carme (expressions) nom masculin (du mont Carmel ) Carmes chaussés ou grands carmes, ceux qui ne suivirent pas la réforme instaurée en 1564 par Jean de la Croix et Thérèse d'Ávila. Carmes déchaux ou déchaussés, ceux qui embrassèrent cette réforme. ● carme nom masculin Variété de pigeon dont la tête est ornée en arrière d'une touffe de plumes redressées en forme de coquille. ● carme (synonymes) nom masculin Variété de pigeon dont la tête est ornée en arrière...
Synonymes :
- pigeon-hirondelle

carme
n. m. Religieux catholique de l'ordre du Carmel.

I.
⇒CARME1, subst. masc.
Religieux appartenant à l'ordre du Carmel (cf. carmélite). Un couvent de carmes; carmes déchaussés, réformés :
1. Il se trouve, (...) que ce contemporain de Richelieu et de Descartes, cet ancien inspecteur des Finances ou haut fonctionnaire du Trésor, devenu Carme, ait été un artiste consommé dans le bel art de faire des vers à l'état pur.
VALÉRY, Variété 5, 1944, p. 178.
Spéc. Eau (de mélisse) des carmes. Alcoolat de mélisse composé, dont l'invention est attribuée aux carmes.
P. ell., au plur. [Pour désigner des établissements parisiens tels que le couvent des Carmes, l'école ou la maison des Carmes, le théâtre des Carmes] :
2. Oui, mon ami, la même raison qui m'a obligé à quitter Saint-Sulpice, à refuser les Carmes, m'a obligé encore à quitter le collège Stanislas...
RENAN, Souvenirs d'enfance et de jeunesse, 1883, p. 396.
Emploi adj. Père(s) carme(s), religieux carmes (Ac. 1835, 1878).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1798-1878. Étymol. et Hist. Av. 1307 (G. GUIART, Royaux Lignages, II, 90 ds T.-L. : Aveugles, Filles-Dieu, Beguines, Sainte Croiz, le Carme, Chartreuse Et autre gent religïeuse ... Pourvit a Paris de maisons); 1680 carmes déchaussez, carmes mitigez (RICH.). Dér. régr. du topon. Carmel, v. carmel [la date donnée par Lar. Lang. fr. et DAUZAT 1968 (1220, G. de Coincy) semble due à une confusion avec carme3]. Fréq. abs. littér. :106.
II.
⇒CARME2, subst. masc.
Arg. Miche de pain blanc.
[P. anal. de forme] Argent, monnaie (cf. ESN. 1966) :
[Populot, au 1er de l'an :] je leur souhaite ensuite [aux prolétaires] de ne jamais manquer de turbin, et d'avoir toujours assez de carme pour se payer un cintième chez le troquet.
La Petite lune, 1878-79, n° 29, p. 2.
Prononc. :[]. Étymol. et Hist. 1. 1628 arg. « miche de pain » (Le Jargon de l'argot réformé ds SAIN. Sources arg. t. 1, p. 243 : fallut ressiouner [rationner] d'un carme); 2. 1835 « argent, monnaie » (Confession de Delcroix ds ESN.); cf. 1841 (A. LUCAS, Des Dangers de la prostitution, p. 34 : De l'argent se nomme Du carme). 1 emploi métaph. de carme1 p. réf. à la robe des carmes, blanche comme la farine ou le pain; 2 à rapprocher de blanc « petite monnaie »; ce sens s'explique peut-être à partir de 1; cf. galette, michon. Bbg. SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 86, 94.
III.
⇒CARME3, subst. masc.
JEUX (trictrac). Coup où l'un et l'autre des deux dés donne quatre. Un carme le ferait gagner (Ac. 1878), amener un carme (DG). Ce qu'il y a de certain, c'est que je gagnai la perruque par un carme qui me donna douze points (P. DE KOCK, Le Cocu, 1831, p. 279).
Prononc. et Orth. :[]. Au plur. ds Ac. 1740-1835, BESCH. 1845 et QUILLET 1965; au sing. ds Ac. 1878 et ds le reste des dict. Lar. 19e : ,,Ce mot ne s'employait autrefois qu'au pluriel, et c'était plus rationnel, puisque le joueur qui fait ce coup fait deux quaternes ou carmes`` (pour cette rem. cf. aussi Nouv. Lar. ill. et LITTRÉ). Étymol. et Hist. 1155 quernes jeux (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 10573 : Dous e dous getent e puis quernes [var. ms. Paris, Bibliothèque de l'Arsenal 2981 : carnes]); 1223 quarnes (G. DE COINCY, Mir. Vierge, 465, 192 ds T.-L.); 1642 carmes aux dez (OUD[IN] ds DG). Du lat. quaterna, neutre de quaterni « quatre chaque fois » (CICÉRON, Font. 9 ds GAFFIOT); déformation par rapprochement purement formel avec carme1. Fréq. abs. littér. :5. Bbg. BRÜCH (J.). Bemerkungen zum französischen etymologischen Wörterbuch E. Gamillschegs. Z. fr. Spr. Lit. 1927, t. 49, pp. 317-318.
IV.
⇒CARME4, subst. masc.
LITT. Composition en vers, poésie. Carmes sybillins (A. FRANCE, L'Île des pingouins, 1908, p. 23) :
On le [mon latin] pourrait traduire, répondit Blazius, par deux carmes ou versiculets en cette teneur :
Fuyez, on vous suivra;
Suivez, on vous fuira.
T. GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 192.
En partic. Réponse d'un oracle, prophétie, prédiction. Les sibylles avec leurs carmes sacrés (A. FRANCE, L'Île des pingouins, 1908 p. 158).
Rem. Attesté ds Ac. Compl. 1842 et Lar. 19e, qui le qualifient de vx mot.
Prononc. et Orth. :[]. On rencontre chez certains écrivains la forme lat. carmen au sens de « poème » (cf. FLAUBERT, Correspondance, 1852, p. 73) ou de « chant religieux » (cf. BARRÈS, Mes cahiers, t. 8, 1911-12, p. 266). Étymol. et Hist. 1532 « vers » (BOURDIGNÉ, Pierre Faifeu, Envoy ds HUG. : Tost seroys mis accatz De me vanter devant les theoricques Et gens parfaitz, en carmes heroïques); d'où 1572 « chant » en partic. « chant magique, charme » (BELLEAU, La Bergerie, 1er Journ. [I, 184] ibid.), qualifié de ,,hors d'usage`` ds Trév. 1704; forme lat. carmen à côté de carme ds Trév. 1732. Francisation du lat. carmen (v. charme).

1. carme [kaʀm] n. m.
ÉTYM. 1220; du nom du mont Carmel en Palestine.
Religieux de l'ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel. Ordre (→ Argumentant, cit.). || Carmes réformés. || Carmes déchaux. Déchaussé. || Carmes et carmélites.
0 J'aurai pu jusqu'ici brouiller tous les chapitres,
Diviser Cordeliers, Carmes et Célestins (…)
Boileau, le Lutrin, I.
tableau Principaux noms de religieux.
Loc. Eau des Carmes, nom d'une eau de mélisse.
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2. carme [kaʀm] n. m.
ÉTYM. 1532, « vers »; lat. carmen. → Charme.
Littéraire, vieux.
1 a Vers.
0 On le pourrait traduire… (l'aphorisme latin Fugax sequax, sequax fugax) par deux carmes ou versiculets en cette teneur :
Fuyez, on vous suivra;
Suivez, on vous fuira.
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, VIII.
b Chant poétique.
2 Antiq. Prophétie d'un oracle.
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3. carme [kaʀm] n. m.
ÉTYM. 1835; de l'argot anc. carme « miche de pain » (1628), lui-même métaphore de 1. carme, la farine étant blanche comme la robe des carmes.
Argot, anc. Argent, monnaie.

Encyclopédie Universelle. 2012.