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charme

1. charme [ ʃarm ] n. m.
• 1175; lat. carpinus
Arbre ou arbrisseau (cupuliféracées), à bois blanc, dur, à grain fin. Charme faux bouleau. Allée, berceau de charmes. charmille. charme 2. charme [ ʃarm ] n. m.
XIIe « formule magique »; lat. carmen « chant magique »
I
1Vx ou loc. Ce qui est supposé exercer une action magique. enchantement, ensorcellement, envoûtement, illusion, magnétisme, prestige, sortilège. Exercer un charme. Jeter un charme sur qqn. sort. Mettre, tenir qqn sous le charme. J'étais sous le charme. Rompre un charme. Fig. Le charme est rompu : l'illusion cesse. — Par ext. Moyen magique. philtre, 2. pouvoir. Petit objet magique. Porter un charme sur soi. amulette, grigri, talisman. Loc. fam. Se porter comme un charme : jouir d'une santé robuste, comme par l'effet d'un charme.
2Qualité de ce qui attire, plaît; effet qu'une telle qualité produit sur qqn. agrément, attrait, intérêt, 1. plaisir, séduction. Un charme, du charme. Il n'est pas beau mais il a beaucoup de charme. aussi glamour. Le charme irrésistible, secret, indéfinissable d'une musique. « Cette campagne et ces vieux bois, qui ont leur charme à eux, charme du passé » (Loti). « Le charme capiteux de ce jeune corps » (Martin du Gard). Le charme de la nouveauté.
Aspect agréable, charmant de qqch. Cela a son charme. C'est ce qui en fait le charme. Ce n'est pas sans charme. Cela n'a aucun charme pour moi.
3Manières séductrices. Faire du charme à qqn : essayer de le séduire. — DE CHARME : qui est censé charmer, séduire. Chanteur de charme. crooner. Détective de charme. Magazine, photo de charme, plus ou moins érotique.
4(1694) Les charmes d'une femme : ce qui fait sa beauté plastique. ⇒ appas, attrait; beauté. « Elle pleure en secret le mépris de ses charmes » ( Racine). Faire commerce de ses charmes.
II(1964) Phys. Propriété attachée à une espèce de quarks, qui détermine leur comportement. Nombre quantique de charme. Méson à charme nu. ⊗ CONTR. Malédiction; horreur, laideur, monstruosité.

charme nom masculin (latin carpinus) Arbre forestier, au bois blanc, de la famille des corylacées. ● charme nom masculin (latin carmen, -inis, formule magique) Moyen matériel ou psychique d'une action magique naturelle ou non ; influence occulte et magique, sortilège : Jeter un charme sur quelqu'un. Attrait singulier, mystérieux, exercé sur quelqu'un par quelqu'un ou quelque chose : La campagne est agréable mais la ville a son charme. Grâce séduisante ; séduction : Elle a du charme. En physique. des particules, charge prenant des valeurs entières ou nulles, caractéristique des quarks ou des familles de hadrons, dont ils sont les constituants. ● charme (citations) nom masculin (latin carmen, -inis, formule magique) Albert Camus Mondovi, aujourd'hui Deraan, Algérie, 1913-Villeblevin, Yonne, 1960 Le charme : une manière de s'entendre répondre « oui » sans avoir posé aucune question claire. La Chute Gallimard Astolphe, marquis de Custine Niederwiller, Meurthe, 1790-Paris 1857 Les femmes sans charme sont comme les poètes qu'on ne lit pas. Le Monde comme il est Charles de Gaulle Lille 1890-Colombey-les-Deux-Églises 1970 […] Certains hommes répandent, pour ainsi dire de naissance, un fluide d'autorité dont on ne peut discerner au juste en quoi il consiste […] Il en va de cette matière comme de l'amour qui ne s'explique point sans l'action d'un inexprimable charme. Le Fil de l'épée Plon Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 Je n'appelle pas gaieté ce qui excite le rire, mais un certain charme, un air agréable qu'on peut donner à toutes sortes de sujets, même les plus sérieux. Fables, Préface charme (expressions) nom masculin (latin carmen, -inis, formule magique) De charme, se dit de la presse spécialisée dans l'érotisme, des photos qu'elle publie. Sous le charme, comme sous l'effet d'un enchantement. Faire du charme, déployer tous ses moyens de séduction. Rompre le charme, faire cesser l'illusion, faire reprendre le contact avec la réalité. Se porter comme un charme, jouir d'une très bonne santé. ● charme (synonymes) nom masculin (latin carmen, -inis, formule magique) Moyen matériel ou psychique d'une action magique naturelle ou non ;...
Synonymes :
- envoûtement
- sort
- sortilège
Attrait singulier, mystérieux, exercé sur quelqu'un par quelqu'un ou quelque chose
Synonymes :
- agrément
- délice
- plaisir
- séduction
Contraires :
- déplaisir
- désagrément
- ennui
Grâce séduisante ; séduction
Synonymes :
- attirance
- fascination
- séduction
Contraires :
- dégoût
- répugnance
- répulsion

charme
n. m.
d1./d Enchantement magique. Rompre un charme. Syn. Envoûtement, maléfice, sortilège.
|| Fig. Rompre le charme: couper court à qqch qui semble magique.
|| Loc. fig. Se porter comme un charme: jouir d'une santé parfaite.
d2./d Effet d'attirance, de séduction, produit sur qqn par une personne ou une chose. Le charme de la musique.
|| Chanteur de charme.
|| Faire du charme à qqn, essayer de le séduire.
————————
charme
n. m. Arbre des forêts des régions tempérées (Fam. bétulacées), au bois blanc et dense.

I.
⇒CHARME1, subst. masc.
A.— Arbre vivace, à bois dur et blanc, très répandu en France. Bois, futaie de charmes. Les érables, les frênes, les charmes, les cornouillers, étaient un peuple de colosses, une foule d'une douceur fière (ZOLA, La Faute de l'Abbé Mouret, 1875, p. 1378).
B.— P. méton. Le bois de cet arbre, utilisé en charpenterie, en menuiserie. Un robot en charme (Catal. d'instruments de lab. (Prolabo), 1932, p. 176).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1170 (CHR. DE TROYES, Erec et Enide, 3157 ds T.-L.). Du lat. class. « id. ».
DÉR. Charmoie, charmeraie, subst. fém. Lieu planté de charmes; bois où le charme domine. Ils [les mâles] passèrent la Fontaine Pierrée, la charmeraie des Écossoires (GENEVOIX, La Dernière harde, 1938, p. 119). Dernière transcr. de charmoie ds DG : chàr-mwà; LAND. 1834 transcrit encore : char-mœ. Pour [a] ant. final cf. BUBEN 1935, § 57. Aucune transcr. de charmeraie. Charmoie ds Ac. 1762-1932. Ac. n'atteste pas charmeraie. Noter les var. charmoise et charmois à côté de charmoie ds Lar. 19e et Nouv. Lar. ill. Pour LITTRÉ, charmoie constitue une exception, qui n'est qu'apparente, à la règle selon laquelle les n. de lieux plantés d'une certaine espèce d'arbres se terminent par -aie : aunaie, châtaigneraie. Cette exception s'explique par l'évolution phonét. de la diphtongue oi en > [we] > [] ou > [wa] selon les mots, [] s'orthographiant ai, mais [wa] conservant la graph. anc. oi (à ce sujet cf. BOURC.-BOURC. 1967, § 54 hist.). 1res attest. a) 1257 topon. (Cart. de l'év. d'Autun, 1re p., LXXXV ds GDF. Compl. : La Charmoye), 1611 charmoye (COTGR.); b) 1938 charmeraie id.; de charme nom d'arbre, a suff. -oie anc. forme du suff. -aie, b suff. -eraie (v. -aie).
BBG. — MILLEPIERRES (F.). Promenade philol. parmi les arbres. Vie Lang. 1969, p. 131.
II.
⇒CHARME2, subst. masc.
A.— Vx, littér. Formule incantatoire. Craindre, enseigner les charmes. Tiens, voici un talisman sur lequel Ruggieri a prononcé des charmes (A. DUMAS Père, Henri III et sa cour, 1829, IV, 7, p. 188) :
1. ... jadis le charme était une mélodie capable (...) de changer les phénomènes visibles de la nature : c'était le carmen des latins, l' des Grecs, la formule du Zammaru assyrien.
J. COMBARIEU, La Mus., 1910, p. 106.
2. Chaque moment de l'existence avait son charme particulier. Certains chants accompagnaient les jeux des enfants; tel pêcheur ne pouvait rien prendre avant qu'il n'eût récité sa formule; (...). Ces charmes n'étaient pas seulement un assemblage de paroles dont le résultat était aussi certain que celui des recettes de cuisine ou d'une formule de chimie appliquée. (...). (...) une seule erreur dans la récitation d'un charme annule une fête compliquée et est cause de désastre pour ceux qui la célèbrent, ...
R.-H. LOWIE, Manuel d'anthropol. culturelle, 1936, pp. 326-343.
1. Puissance magique ainsi produite. Synon. enchantement, ensorcellement, envoûtement. Un horrible charme la tenait prisonnière dans la forêt spectrale [la Reine] (J. LORRAIN, Sensations et souvenirs, 1895, p. 256) :
3. ... il emmenait avec lui [le duc de Lorraine] l'évêque de Nancy et douze membres du chapitre en cas de charmes à rompre et d'exorcismes à opérer.
J. LORRAIN, Sensations et souvenirs, 1895 p. 262.
SYNT. Être, tenir qqn sous un charme; briser, dissiper, rompre un charme. Charme de taciturnité (TONDR.-VILL. 1968).
Spéc., MÉD. État de charme. État second de l'hypnose.
En partic. Le mauvais charme. Faut-il qu'il l'aime [Elle] (...) pour l'embrasser, tout imprégnée du mauvais charme! [la fièvre] (COLETTE, Sept dialogues de bêtes, 1905, p. 89).
P. métaph. Un charme m'a guéri : j'aime et je suis aimé (CHATEAUBRIAND, Mélanges et poésies, L'Esclave, 1828, p. 341) :
4. Réveille-toi, Maldoror! Le charme magnétique qui a pesé sur ton système cérébro-spinal, pendant les nuits de deux lustres, s'évapore.
LAUTRÉAMONT, Les Chants de Maldoror, 1869, p. 320.
5. Pour la première fois depuis que j'étais au monde, j'avais l'impression de n'être plus seul. Le charme qui m'enfermait en moi-même se rompait enfin.
GREEN, L'Autre sommeil, 1931, p. 183.
6. ... Debussy a su rompre le charme et exorciser son art en se désenchantant lui-même.
R. DUMESNIL, Hist. illustrée du théâtre lyrique, 1953, p. 146.
2. P. méton. Objet ou breuvage qui produit cet effet magique. Un collier de charmes. Bien plus tard, ce soir-là (...) Arlette de Morêtre confectionnait des « charmes » (J. DE LA VARENDE, La Sorcière, 1954, p. 57) :
7. Sa mère, Sycorax, était sorcière (...) elle composait des charmes efficaces avec des crapauds, des escarbots et des chauves-souris.
A. FRANCE, La Vie littér., t. 2, 1892, p. 300.
3. P. compar. et ell., fam. Comme un charme. Comme par l'effet d'un charme, parfaitement. Se porter, pousser comme un charme.
B.— P. ext.
1. Littér. Attrait puissant, fascination qu'exerce sur nous une personne ou une chose; qualité qui le produit :
8. J'ai été pénétrée d'un tel charme, que j'ai eu simplement conscience d'une joie sans nom, tombant des feuillages, dormant sur les herbes.
ZOLA, La Faute de l'Abbé Mouret, 1875, p. 1402.
9. ... elles [les aubépines] m'offraient indéfiniment le même charme avec une profusion inépuisable, mais sans me laisser approfondir davantage, comme ces mélodies qu'on rejoue cent fois de suite sans descendre plus avant dans leur secret.
PROUST, Du côté de chez Swann, 1913, p. 137.
10. La musique suspend à elle-même toute notre vie; cela ne veut point dire qu'elle plaise; c'est mal parler. Une belle fugue n'est pas toujours plaisante; je crois même qu'on y trouverait toujours quelque chose de déplaisant, surtout en ses départs. Un charme? Je veux bien. Mais il faut redresser tous ces mots-là; un charme est ce qui subjugue, plutôt que ce qui plaît.
ALAIN, Propos, 1929, p. 835.
11. ... la musique révèle le sens du sens, qui est charme, en le soustrayant. Telle est cette divine éternité d'un quart d'heure qui s'appelle la Ballade en Fa dièse de Gabriel Fauré; (...) : de cette œuvre de charme et d'inexistence, de ce sortilège bergamasque (...), de ce presque-rien surnaturel, en « balbutiant », ...
JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, p. 44.
SYNT. Le charme des eaux, de la lune, d'un paysage, des vieilles rues; le charme d'une parole, d'un regard; le charme du génie, de l'horrible, de l'inconnu, de la mort, du passé; charme captivant, douloureux, étrange, indéfinissable, musical, profond, sauvage, séducteur, secret, sensuel, slave; un charme de tristesse, d'enchantement et de mystère; éprouver un charme; céder au charme de qqn; être retenu par un charme. Sa voix avait alors une douceur indéfinissable, un bizarre charme de pénétration et de tristesse (LOTI, Le Mariage de Loti, 1882, p. 252). Une douceur étrange, une sorte de charme magique s'élevèrent des eaux touchées par le soleil (GENEVOIX, Éva Charlebois, 1944, p. 53). Synon. littér. (XVIIe s.) le je-ne-sais-quoi.
2. Usuel (en corrélation avec l'adj. charmant). Qualité de grâce, de beauté, de rêve, de noblesse qui a pouvoir de plaire extrêmement :
12. Jamais je n'avais tant compris cette poésie bretonne, le charme paisible et suranné de ce pays.
LOTI, Journal intime, t. 1, 1878-81, p. 175.
13. On ne peut pas laisser sous le boisseau éternellement ce charme, cette grâce, cette merveille de dix-neuf printemps [Edmée]!
COLETTE, Chéri, 1920, p. 26.
SYNT. Le charme de la fleur, du printemps; le charme de l'amitié, de la beauté, de la bonté, du cœur, de l'illusion, de la nouveauté, de la vie; charme aérien, berceur, caressant, délicieux, discret, enivrant, exquis, familier, ravissant; un souvenir plein de charmes. Synon. douceur, délicatesse, bonheur, plaisir. M. de Pomponne (...) homme aimable, plume excellente, le charme des sociétés de mesdames de Sévigné et de Coulanges (SAINTE-BEUVE, Portraits contemp., t. 5, 1846-69, p. 245). Cet esprit de charme et de grâce [Fénelon] n'en a pas l'air, mais il est moralement plus hardi que Bossuet (SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, t. 2, 1863-69, p. 123). Leur charme original [d'Azay-le-Rideau et de Chenonceaux] est tout entier dans l'élégance de leur silhouette, leurs heureuses proportions (L. HOURTICQ, Hist. gén. de l'Art, La France, 1914, p. 152).
♦ Loc. Avoir, faire du charme; faire un numéro de charme; être tout au charme, sous le charme de qqn; trouver un grand charme à...
Au plur. Les attraits physiques d'une femme. Elle avait serré ses charmes dans un corset majestueux (JOUVE, La Scène capitale, 1935, p. 36) :
14. Jupiter [dans le tableau du Titien], qui a pris les oreilles et les pieds du satyre, lève le voile de la dormeuse [Antiope] et en contemple les charmes d'un œil avide.
T. GAUTIER, Guide de l'amateur au Musée du Louvre, 1872, p. 96.
3. Le caractère particulier, agréable, poétique d'une atmosphère, d'un art, d'une occupation :
15. [dans les rues de Paris, toiles peintes par Pissarro] Les perspectives, les éclairages, les tonalités des maisons, des foules, (...) sont d'une intense vérité, et on y sent l'atmosphère, le charme et l'âme de Paris.
C. MAUCLAIR, Les Maîtres de l'impressionnisme, 1904, p. 149.
16. — Ça a son charme la bicyclette. En un sens, c'est même mieux que l'auto. On allait moins vite; mais les odeurs d'herbe, de bruyère, de sapin, la douceur ou la fraîcheur du vent vous pénétraient jusqu'aux os; ...
S. DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 219.
SYNT. Le charme de la conversation, de la flânerie; le charme de l'aquarelle, d'un climat, du football, d'un jardin, d'un pays, des voyages. La vie n'a qu'un charme vrai : c'est le charme du Jeu. Mais s'il nous est indifférent de gagner ou de perdre? (BAUDELAIRE, Fusées, 1867, p. 630). Ce charme qui ne ressemble à rien, cette poésie subtile et particulière de la banlieue parisienne (COURTELINE, Femmes d'amis, 1888, p. 138). Le charme suprême de cette œuvre [de Prud'hon] tient à la tendre séduction de la couleur et de la lumière (L. HOURTICQ, Hist. gén. de l'Art, La France, 1914, p. 322).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1160 « formule magique » dire un charme (Enéas, éd. J. J. Salverda de Grave, 2598); d'où début XVIIIe s. jeter un charme (SAINT-SIMON, Mémoires, IX, 315 ds IGLF) et lever le charme (SAINT-SIMON, Mémoires, IX, 213, dsIGLF); b) XVIe s. « objet auquel on attribue une puissance magique » (BRANTÔME, Discours sur les duels, VI, 259 ds HUG.); 2. 1578 plur. « moyen de séduire (d'une femme) » amoureux charmes (GARNIER, Marc-Antoine, I, p. 175 ds IGLF); 3. ca 1605 « attrait » charmes de l'espoir (MONTCHRESTIEN, Hector, p. 45, dsIGLF). Du lat. class. carmen, -inis, au sens de « formule magique, incantation ».
STAT. — Charme1 et 2. Fréq. abs. littér. :5 607. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 11 611, b) 7 422; XXe s. : a) 6 983, b) 5 760.
BBG. — DARM. Vie 1932, p. 155. — DUCH. Beauté 1960, pp. 68-70, 73-75. — GALL. 1955, p. 60, 455, 461. — GIR. t. 2 Nouv. Rem. 1834, p. 18. — GOHIN 1903, p. 334. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 21, 453. — GOUG. Mots t. 1 1962, pp. 13-14. — QUEM. /e s. t. 1 1970.

1. charme [ʃaʀm] n. m.
ÉTYM. V. 1170; du lat. carpinus.
1 Arbre ou arbrisseau vivace (Dicotylédones; Cupuliféracées) très répandu en France et dont le bois est blanc, dur, à grain fin (nom sc. : carpinus). Syn. régional : faux bouleau. || Allée, berceau de charmes. Charmille. || Bois de charmes. Charmeraie, charmoie (vx).
0 (…) les haies ici étaient faites d'aubépine ou de charme je crois petites feuilles gaufrées ou plutôt tuyautées comme on dit en termes de repassage (ou peut-être plissé-soleil) comme une collerette de chaque côté de la nervure centrale (…)
Claude Simon, la Route des Flandres, p. 90.
tableau Noms d'arbres, arbustes et arbrisseaux.
2 Bois de cet arbre. || Le charme est employé en ébénisterie, pour la carrosserie, le charronnage, le chauffage.
DÉR. Charmeraie, charmille, charmoie. V. 2. Charnier.
————————
2. charme [ʃaʀm] n. m.
ÉTYM. V. 1160; du XIIe au XVIIe au sens de « formule magique »; du lat. carmen « formule magique, incantation ». → 2. Carme.
A
1 Vx ou littér. (ou loc.). Objet ou acte, pratique supposé(e) exercer une action magique. Conjuration, enchantement, ensorcellement, envoûtement, illusion, magnétisme, prestige, sort. || Charme qui illusionne les sens, change l'ordre naturel. || User de charmes. || Exercer, jeter un charme. || Mettre, tenir qqn sous le charme. || Demeurer, être sous le coup d'un charme ( Captif; hypnose). || Charme maléfique de sorcier. Sortilège. || Lever, ôter, rompre un charme. || Le charme cesse, le bonheur s'envole.
1 Cet homme donc, par prières, par larmes,
Par sortilèges et par charmes,
Fait tant qu'il obtient du Destin (…)
La Fontaine, Fables, II, 18.
2 Par quel charme, oubliant tant de tourments soufferts,
Pouvez-vous consentir à rentrer dans ses fers ?
Racine, Andromaque, I, 1.
3 Je (Calypso) prie Morphée de répandre ses plus doux charmes sur vos paupières appesanties, de faire couler une vapeur divine dans tous vos membres fatigués et de vous envoyer ses songes légers (…)
Fénelon, Télémaque, IV, p. 76.
4 Je sentis comment la magie du ciel, le charme des lieux, le prestige de la beauté et de la puissance, pouvaient enivrer (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, IV, III.
5 Mais soudain le mauvais enchanteur (…) a passé sur vous et rompu le charme, et toutes en même temps vous vous éveillez; vous vous éveillez au mal de vivre, à la souffrance de savoir (…)
Loti, les Désenchantées, XIV, p. 116.
6 Mais ils cèdent à ma présence. Ma présence tient lieu des charmes que j'ignore, et c'est parce que je suis là, sans aucune vertu magique, mais porteur d'une double vie, qu'ils sont revenus et qu'ils s'apprivoisent.
H. Bosco, Un rameau de la nuit, p. 180.
Méd. || État de charme : état second de l'hypnose.
Moyen magique. Philtre, pouvoir. || Porter un charme sur soi. — ☑ Loc. fig. Se porter comme un charme : jouir d'une santé robuste, comme par l'effet d'un charme.
Poét. Influence mystérieuse. Remède. — ☑ Loc. cour. Le charme opère.Le charme est rompu : l'illusion est détruite.
(Au sens du lat. carmen; → aussi 2. Carme). Littér. Formule d'incantation. || Prononcer des charmes. || Charmes, poèmes de Valéry.
2 Cour. Qualité de ce qui attire, captive, plaît sans qu'on puisse en analyser la cause; effet qu'une telle qualité produit. Agrément, attrait, délice, intérêt, plaisir, séduction. || Le charme d'une personne, d'un paysage, d'un lieu, d'une musique. || Avoir du charme. Charmant. || Un charme irrésistible, puissant, indéfinissable, mystérieux, secret. || Charme capiteux, sensuel. || Charme éclatant, évident. || Charme discret. || Le Charme discret de la bourgeoisie, titre d'un film de Luis Buñuel. || Charme qui atteint, touche, trouble le cœur (→ Avant-goût, cit. 3). || Un ton agréable, plaisant, vif, qui donne du charme à une conversation. || Le charme de la jeunesse, de la nouveauté (cf. Tout nouveau, tout beau).REM. Jusqu'au XVIIIe s., le mot garde son sens fort de « séduction mystérieuse, inexplicable, quasi magique » (→ sens 1); cette valeur est encore vivante au XIXe s. (ci-dessous, cit. 13, 17.2).
7 Ce qui fait le charme d'un homme, c'est sa bonté.
Bible (Segond), Proverbes, XIX, 22.
8 Aux Champs Élyséens j'ai goûté mille charmes,
Conversant avec ceux qui sont saints comme moi.
La Fontaine, Fables, VIII, 14.
9 (…) l'or donne aux plus laids certain charme pour plaire.
Molière, Sganarelle, I, 1.
10 Si une laide se fait aimer, ce ne peut être qu'éperdument; car il faut que ce soit ou par une étrange faiblesse de son amant ou par de plus secrets et de plus invincibles charmes que ceux de la beauté.
La Bruyère, les Caractères, IV, 36.
11 A peine l'eus-je vue que je fus subjugué. Je la trouvai charmante, de ce charme à l'épreuve du temps, le plus fait pour agir sur mon cœur.
Rousseau, les Confessions, X.
12 Le succès trop facile ôte bientôt son charme à l'amour : les obstacles lui donnent du prix.
Stendhal, De l'amour, p. 316.
13 Peut-être que si je l'avais revue, l'ensorceleuse, j'aurais encore subi le charme qu'elle exerçait sur mon pauvre moi (…)
Alphonse Daudet, le Petit Chose, II, XIV.
14 (…) cette campagne et ces vieux bois qui ont leur charme à eux, un grand charme pastoral, quelque chose qu'il m'est difficile de définir pour vous, charme du passé, charme d'autrefois et des anciens bergers.
Loti, Aziyadé, Mané, Thécel, Pharès, XXX, p. 218.
15 (…) ils s'étaient vite laissé séduire (les nobles émigrés) par le charme singulier qui se dégageait de sa personnalité.
Louis Madelin, Talleyrand, I, V, p. 61.
16 Elle zézayait un peu, très peu, juste ce qu'il fallait pour ajouter à son charme redoutable un rien d'ingénu, de rassurant.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 148.
17 Qui sait s'il n'avait pas subi, à son insu, le charme capiteux de ce jeune corps déjà consacré ?
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 30.
17.1 On me trouvait du charme, imaginez cela ! Vous savez ce qu'est le charme : une manière de s'entendre répondre oui sans avoir posé aucune question claire.
Camus, la Chute, p. 67.
Vieilli. || Le charme des plaisirs, de la poésie, de la vertu. Délice. || Ajouter du charme à un discours, à un écrit, par un procédé nouveau. || Il y a du charme à faire cette chose. Plaisir; agrément.
(1817). Mod. Avoir du charme : être attirant, plaisant. || Il a beaucoup de charme. || Être plein de charme.
17.2 C'est une sorte de rayonnement qu'il dégage, comme un fluide, cela coule vers vous de ses yeux étroits, de son sourire de Bouddha, de son silence… elle ne sait pas ce que c'est… c'est son charme… il est charmant : « Ton beau-père a du charme, tu ne trouves pas ? moi je trouve qu'il a quelque chose, je ne sais pas… je le trouve très séduisant… Ah, il a dû faire des ravages, autrefois… »
N. Sarraute, le Planétarium, p. 136.
(D'une situation). || Cela a son charme. || C'est ce qui fait le charme. || Travail sans charme. || Ça n'a pas de charme, cela n'a aucun charme pour moi.
3 Faire du charme : avoir des manières séductrices. || Faire du charme à qqn, chercher à le séduire.
17.3 Pour elle, il « faisait du charme » comme pour n'importe qui, par habitude invétérée.
Colette, Julie de Carneilhan, p. 42.
… de charme : qui est censé séduire, charmer.Cour. || Chanteur de charme. Crooner (anglic.).Par anal. || Un détective de charme.
4 (1694). Au plur. Vieilli ou iron. || Les charmes d'une femme, ce qui fait sa beauté plastique. Appas, attrait, et aussi beauté, chic, élégance, grâce, vénusté. || Les charmes naturels des formes et du maintien. || Des charmes attirants (cit. 2). || Charmes arrondis du sein (→ Albâtre, cit. 5). || Charmes qui assiègent les yeux (→ Absent, cit. 4; assaut, cit. 9).On ne peut se défendre de ses charmes. || Rien ne résiste au pouvoir de ses charmes (Académie).
18 Elle pleure en secret le mépris de ses charmes.
Racine, Andromaque, I, 1.
19 Avec tant de charmes trompeurs, elle avait, comme les Sirènes, un cœur cruel et plein de malignité (…)
Fénelon, Télémaque, III, p. 71.
20 Quoiqu'elle eût été belle femme, elle avait quelque chose de si bon et de si raisonnable dans la physionomie, que cela avait dû nuire à ses charmes, et les empêcher d'être aussi piquants qu'ils auraient dû l'être.
Marivaux, la Vie de Marianne, IV, p. 145.
(D'une chose). || Cela a ses charmes.
B (1964; angl. charm). Phys. Propriété (des quarks, et, par ext., des particules — hadrons — qu'ils constituent) qui détermine leur comportement, et ne se conserve que dans les interactions fortes et électromagnétiques. || Nombre quantique de charme, définissant numériquement cette propriété. || « Quelques détails (…) incitèrent des théoriciens imaginatifs à postuler l'existence d'un quatrième quark, plus lourd que les trois premiers et porteur d'une nouvelle caractéristique qu'ils baptisèrent (…) le “charme” » (Sciences et Avenir, no 373, p. 82). Charmé. || Le charme fait partie des « saveurs » (types) des quarks.
CONTR. Malédiction; raison, science. — Laideur, horreur, monstruosité.
DÉR. Charmer.
HOM. 1. Charme.

Encyclopédie Universelle. 2012.