VERS
Dans le langage courant, le terme «ver» désigne des animaux caractérisés essentiellement par une forme allongée, une certaine mollesse, le corps ne comprenant aucun élément dur, ni extérieur ni intérieur, et enfin l’absence de pattes ou la présence de pattes très réduites. C’est pourquoi des animaux aussi différents qu’un ver plat (Ténia), un ver rond (Ascaris), un ver de terre (Lombric), un ver-flèche (Sagitta), un ver à soie (larve de Papillon) et même un ver luisant (Insecte adulte) ont reçu le nom de Vers , mot qui a perdu toute signification zoologique et qui devrait être rayé du vocabulaire scientifique. L’ancienneté du terme démontre toutefois sa persistance; il a subi des éclipses à certaines époques, mais il réapparaît toujours, même dans les textes scientifiques.
Vicissitudes du groupe des «Vers»
Linné, en 1735, divisait le règne animal en six classes: Quadrupèdes, Oiseaux, Amphibies, Poissons, Insectes et Vers; la classe des Vers renfermait donc tous les Invertébrés sauf les Insectes. Dans la 10e édition du Systema naturae (1758), base de notre nomenclature, la classe des Vers était divisée en cinq ordres: Intestina , Mollusca , Testacea , Lithophyta , Zoophyta . Douves et Planaires étaient rangées dans les Intestina et les Ténias dans les Zoophyta . Dans la 13e édition, Linné réunit Lithophyta et Zoophyta sous ce dernier nom et replaça les Ténias dans les Intestina . O. F. Müller (1773) ajouta à la classification linnéenne un nouvel ordre, celui des Infusoria , groupant des animaux microscopiques (Protozoaires, Rotifères, cercaires de Trématodes et quelques Nématodes). La connaissance de ces animaux s’améliorant, K. A. Rudolphi (1808-1810) créa les noms de Nematoidea (Vers ronds), Acanthocephala (Vers à crochets), Trematoda , Cestoidea et Cystica .
On doit à Lamarck une meilleure compréhension de ces divers groupes; il crée la classe des Annélides (1809), dont les représentants étaient auparavant confondus avec les Intestina , et il maintient sous ce nom la classe des Vers intestinaux; en 1816, il désigne les Vers plats par l’expression Vers molasses .
Cuvier supprime la classe des Vers et maintient celle des Annélides, mais les nomme «Vers à sang rouge» et les place dans l’embranchement des Articulés. Les Vers intestinaux ou Entozoa , d’après sa nomenclature, appartiennent à l’embranchement des Zoophytes ou Rayonnés; les Entozoa sont divisés en Intestinaux parenchymateux (Vers plats) et en Intestinaux cavitaires (Nématodes et Némertes).
Après bien des vicissitudes, le terme de Vers est utilisé par E. Ehlers (1864) pour regrouper huit classes: Annelida , Gephyrea , Nematoda , Nemertina , Turbellaria , Trematoda , Acanthocephala et Cestoda .
C. S. Minot (1876) différencie les Némertes des Vers plats; ceux-ci deviennent les Plathelminthes. Aujourd’hui, on ne qualifie plus de Vers que les animaux rangés dans les embranchements suivants: Plathelminthes (6 classes), Acanthocéphales, Némertes, Némathelminthes (5 classes), Annélides (5 classes), Priapuliens, Sipunculiens, Échiuriens.
Les «Vers», groupe artificiel
La «classe des Vers» réunissait des animaux qui, malgré certains caractères communs, présentent des différences essentielles. Ces animaux sont tous des Métazoaires , c’est-à-dire des organismes pluricellulaires; leurs nombreuses cellules se différencient en plusieurs catégories tissulaires. Tous présentent une symétrie bilatérale et la partie antérieure du corps constitue une région céphalique. Tous sont des Métazoaires triploblastiques , c’est-à-dire qu’ils possèdent entre l’ectoderme et l’endoderme un troisième feuillet individualisé, le mésoderme . Pendant l’ontogenèse, le mésoderme se comporte différemment selon les groupes.
Dans un premier type ontogénique, le mésoderme massif, composé d’éléments provenant des deux autres feuillets, constitue un tissu de remplissage, le parenchyme ; le tube digestif représente la seule cavité de l’organisme. Ces animaux dépourvus de cavité générale (cœlome) sont des acœlomates . Les Plathelminthes appartiennent à cette catégorie; ils possèdent un abondant parenchyme et renferment des organes édifiés à partir du mésoderme (appareil excréteur, muscles, appareil génital complexe avec organe copulateur et annexes).
Dans un deuxième type ontogénétique, une cavité plus ou moins grande, vestige du blastocœle primitif, persiste entre le tube digestif et la paroi du corps. Cette cavité pseudocœlomique est un faux cœlome sans un recouvrement continu de cellules mésodermiques. Le mésoderme a moins d’importance; il ne constitue pas de parenchyme, mais seulement quelques cellules, et il donne les muscles pariétaux. Les animaux dotés d’un faux cœlome (Némathelminthes) sont des pseudocœlomates ; le plus souvent les pseudocœlomates sont rangés dans les acœlomates.
Dans le troisième type ontogénétique, celui qui est caractéristique des cœlomates , une cavité creusée dans l’endomésoderme constitue la cavité générale ou cœlome dont l’évolution est fort complexe; il peut former une cavité spacieuse (Sipunculiens, Échiuriens) ou être divisé en cavités lorsque la métamérie cœlomique correspond (au moins en partie) à celle du corps (Annélides). Ce cœlome est parfois oblitéré et réduit à une série de lacunes du fait du développement du tissu conjonctif (Annélides, Achètes ou Sangsues). Dans ce cas, les cavités génitales correspondent en fait aux restes cœlomiques. Le cœlome renferme le liquide cœlomique dans lequel nagent différents éléments figurés (amibocytes phagocytaires, lymphocytes, monocytes, produits génitaux à l’époque de la maturité sexuelle). Annélides, Sipunculiens, Échiuriens sont des prostomiens , c’est-à-dire que le blastopore de la gastrula donnera la bouche et jamais directement l’anus, par opposition aux deutérostomiens où le blastopore deviendra l’anus, la bouche étant une néo-formation. Les prostomiens sont également des hyponeuriens : le système nerveux ventral est situé au-dessous du tube digestif.
Les «Vers» dans la classification actuelle
Les «Vers» sont des Métazoaires triploblastiques parmi lesquels on étudiera successivement acœlomates et cœlomates, en décrivant brièvement les clades qui ne sont pas l’objet d’un article autonome.
Acœlomates
Plathelminthes
L’embranchement des Plathelminthes (ou Vers plats) possède une incontestable unité. On distingue six classes: Turbellariés (classe primitive, vie libre), Temnocéphales , Monogènes (autrefois rangés dans les Trématodes dont ils se différencient par la structure des organes excréteurs et par l’anatomie des organes copulateurs mâle et femelle), Cestodaires , Cestodes , Trématodes . Les quatre dernières classes comportent uniquement des parasites. Ce mode de vie particulier commande une organisation spéciale: disparition des cils tégumentaires visibles chez les Turbellariés, ventouses, crochets variés permettant la fixation à l’hôte, tube digestif souvent absent ou sans anus, appareil circulatoire et respiratoire absents, mais cycles de développement très compliqués. Les Cestodes (Ténias) dépourvus de tube digestif sont plus particulièrement adaptés à la vie parasitaire dans l’intestin des Vertébrés.
Acanthocéphales
L’embranchement des Acanthocéphales comprend exclusivement des parasites; à l’état adulte, ils sont inféodés à l’intestin des Vertébrés.
Priapuliens
L’embranchement des Priapuliens groupe des animaux marins dont le corps non segmenté (fig. 1) se compose d’une trompe ou introvert et d’une région thoracique terminée par un appendice caudal porteur de l’anus. Leurs caractères généraux sont les suivants: système nerveux primitif, tube digestif rectiligne, pas d’appareil circulatoire, cavité générale assez vaste mais qui ne paraît pas être un vrai cœlome, présence d’un appareil urogénital chez l’adulte (chez le jeune, cet appareil est seulement excréteur). Minuscules, mais pouvant atteindre de 3 à 8 cm, ils vivent dans les mers arctiques, subarctiques et tempérées; ils s’établissent dans la zone côtière et dans la zone de balancement des marées; avec sa trompe, le «ver» creuse des galeries où il s’installe, l’appareil caudal émergeant et assurant la respiration.
Némertes
Les Némertes (de 20 cm à plusieurs mètres) avaient été rangées dans les Plathelminthes en raison de l’absence de cœlome; mais des caractères importants (paroi du corps à structure complexe, tube digestif différencié, avec anus, présence d’un appareil circulatoire, présence d’une trompe dévaginable logée dans une cavité creuse, le rhynchocœle) ont justifié leur séparation des Plathelminthes; elles constituent un embranchement autonome. Essentiellement marines, les Némertes (fig. 2) vivent dans les zones côtières, dans le sable, la boue, parmi les algues; leur plus grande diversité se trouve en Méditerranée et sur les côte nordiques européennes (arctiques, antarctiques et circumpolaires); certaines espèces marines sont pélagiques. Quelques espèces (Prostoma ) vivent dans l’eau douce; les Géonémertes sont des formes terrestres qui se trouvent aux Bermudes, en Australie, en Nouvelle-Zélande et dans les îles du Pacifique Sud. De nombreuses espèces sont commensales de Tuniciers, d’Anémones de mer, de Mollusques Lamellibranches, de Crustacés.
Némathelminthes
Une des caractéristiques du phylum des Némathelminthes concerne la constance numérique des cellules ou des noyaux; leur nombre fixé dès la vie embryonnaire ne s’accroît plus ultérieurement. Les Némathelminthes comptent des organismes aquatiques (mer et eau douce) et terrestres (Nématodes principalement). Les modes de vie sont variés; certains mènent une vie libre, alors que d’autres sont épizoïques ou parasites. Moins homogène que celui des Plathelminthes, cet embranchement, dont l’unité est parfois discutée, regroupe cinq classes: Nématodes , Gordiacés (ou Nématomorphes ), Rotifères , Gastérotriches , Échinodères .
– Classe des Gastérotriches . Animaux microscopiques, aquatiques, fréquentant les eaux salée et douce, les Gastérotriches présentent un mélange de caractère de Rotifères et de Nématodes. Leur corps cylindrique débute par une tête arrondie et se termine par deux furcas ou une sorte de queue (fig. 3). Il y a des cils abondants sur la tête et la face ventrale. La cuticule porte des soies, des épines, des écailles; on remarque des tubes adhésifs, en nombre et en position variables. Le tube digestif possède un pharynx semblable à celui des Nématodes. Ce sont des animaux hermaphrodites et parfois protandriques; l’appareil génital mâle dégénère dans un groupe où ne sont connues que des femelles parthénogénétiques.
– Classe des Échinodères (ou Kinorhynques ). Ce sont des animaux épineux, dépourvus de cils et longs de 1 mm. Le corps des Échinodères est composé d’une tête rétractile couverte de scalides et d’un tronc divisé superficiellement en 12 ou 13 segments (fig. 4). On note une paire de tubes adhésifs; de larges plaques, les placides, sur le 2e segment; d’abondantes épines sensorielles. Le tube digestif rappelle celui des Nématodes. Ces animaux, à sexes séparés, sont exclusivement marins; découverts en Amérique en 1930, ils semblent être très répandus.
Cœlomates
Annélides
L’embranchement des Annélides est divisé en cinq classes: Polychètes , Archiannélides , Oligochètes , Achètes , Myzostomidés . Les trois classes principales (Polychètes, Oligochètes, Achètes) se différencient par la densité des soies. Le cœlome typique, spacieux chez les Polychètes errantes, présente des altérations plus ou moins importantes; il est réduit à des lacunes chez les Achètes.
Sipunculiens
L’embranchement des Sipunculiens, animaux exclusivement marins, constituait autrefois avec les Priapuliens et les Échiuriens, un groupe artificiel: les Géphyriens. D’aspect vermoïde, l’organisme (de 50 à 150 mm avec des extrêmes de 15 à 500 mm) se compose d’un introvert invaginable qui se prolonge par le corps ou tronc (fig. 5). Introvert et corps portent des crochets, tubercules, papilles, corpuscules glandulaires et sensoriels. L’introvert porte un appareil tentaculaire caractéristique, organe de préhension ou de capture. Le système nerveux se compose d’un cerveau, d’un collier périœsophagien et d’une chaîne ventrale; les organes des sens sont variés. L’appareil digestif compliqué s’étend de la bouche à l’anus; l’intestin porte deux spires. Les appareils respiratoire et circulaire n’existent pas; la respiration est diffuse. L’appareil excréteur se compose de néphridies et de cellules chloragogènes. Le vaste cœlome est occupé par un liquide contenant divers sels, lécithine, cholestérol, glucides, enzymes, hématies (avec de l’hémérythrine qui maintient une provision d’oxygène) et enfin urnes, vésicules énigmatiques et cellules sexuelles. Les sexes sont séparés; la fécondation est externe. Ces animaux (environ deux cent cinquante espèces réparties en treize genres) vivent dans le sable où ils creusent des galeries depuis la zone intercotidale jusqu’aux profondeurs océaniques (4 000 m). Des cas de commensalisme et de parasitisme sont connus avec des Cérianthes, Serpules, Pholades.
Échiuriens
L’embranchement des Échiuriens est souvent considéré comme un rameau terminal de l’ensemble des «Vers» cœlomates métamérisés. Leur ontogenèse ne fut précisée qu’au XXe siècle par F. Baltzer. Un Échiure (fig. 6) se compose d’une trompe ou lobe céphalique non invaginable et d’un tronc aux dimensions variables (Bonellie: trompe, 100 cm; tronc, 8 cm). Le système nerveux comprend un collier périœsophagien, une chaîne ventrale, un système nerveux périphérique; les ganglions cérébroïdes, bien développés chez la larve, disparaissent chez l’adulte. Le tube digestif se compose de la bouche, du pharynx, de l’œsophage, du jabot, de l’intestin moyen et long, du rectum avec un sphincter; de part et d’autre du rectum, deux sacs anaux caractéristiques qui participent à l’excrétion. L’appareil circulatoire comprend des vaisseaux et un organe propulseur. Les sexes sont séparés; la gonade mâle ou femelle, impaire, est médioventrale. Un dimorphisme sexuel se manifeste chez certaines espèces par la présence de mâles nains (Bonellia ) qui vivent en parasites sur la femelle ou dans son utérus, ou dans son cœlome. Ces mâles nains sont grandement modifiés: absence de trompe, présence de cils sur toute la superficie, pas d’appareil circulatoire; tube digestif clos sans bouche ni anus. Les larves qui produisent les mâles nains s’arrêtent dans leur développement (néoténie). La fécondation est externe. L’œuf donne une larve menant la vie libre; chez Échiurus , la métamorphose est progressive; chez Bonellia , les faits sont différents: la larve très riche en vitellus se tient près du fond; elle est alors indifférenciée et peut donner, à la métamorphose, aussi bien un mâle qu’une femelle. Si la larve demeure libre, elle se métamorphosera en femelle; si elle se place sur une Bonellia femelle adulte et se nourrit des sécrétions de la trompe de la femelle, elle devient un mâle sous l’action des hormones masculinisantes élaborées par la femelle. Expérimentalement, on peut obtenir des femelles, des intersexués ou des mâles, en laissant des larves indifférenciées plus ou moins longtemps sur la trompe de la femelle (E. Baltzer, 1914-1926). Exclusivement marins, les Échiuriens se trouvent sous toutes les latitudes de la zone de balancement des marées jusqu’aux abysses. Ils mènent une vie endogée, le tronc enfoncé dans le sable ou la vase, la trompe oscillant dans la mer.
1. vers [ vɛr ] prép.
• 980; du lat. versus, de vertere « tourner »
1 ♦ En direction de. Se diriger vers la sortie. Remonter vers les boulevards. « Des camions roulaient [...] bruyamment vers les docks » (Martin du Gard). Il vint vers moi. S'avancer, marcher vers l'ennemi. ⇒ à, 1. sur. Ils allaient l'un vers l'autre (cf. À la rencontre de). — Vers où (tour critiqué, pour vers lequel, laquelle). « La garrigue, vers où m'entraînait déjà cet étrange amour de l'inhumain » (A. Gide). — (Marquant la direction d'un geste, d'un regard). Tourner la tête vers qqn. « Soudain, tournant vers moi son regard émouvant » (Verlaine). « Il s'affaiblissait, il se courbait davantage vers la terre » (Zola). La façade de l'immeuble regarde vers le sud.
2 ♦ (Abstrait) (Pour marquer le terme d'une évolution ou d'une tendance). « Le scepticisme est donc le premier pas vers la vérité » (Diderot). « Une tendresse secrète le portait vers le braconnier » (Zola). Être entraîné, poussé vers... « Aspiration vers l'infini » (Baudelaire) .
♢ (Avec ellipse du verbe, dans les titres des journaux) Vers une solution du problème.
3 ♦ (XIIe) Du côté de (sans mouvement). Vers le nord. « Vers la droite [...] Des rossignols se mirent à chanter » (Alain). Vers le fond, le centre.
♢ Aux environs de. « Vers Livourne, nous rencontrâmes les vingt voiles » (Hugo). — Par ext. (et abusivt) « Il naviguerait vers sept cents mètres » ( Saint-Exupéry),à environ sept cents mètres d'altitude.
4 ♦ (XVIe) À peu près (à telle époque). ⇒ environ, 1. sur. Vers les cinq heures. Son mariage aura lieu vers la mi-mai. « Pour connaître un peu le mouvement néo-catholique vers 1840 » (Flaubert). Vers le milieu de sa vie.
⊗ HOM. Vair, ver, verre, vert.
vers 2. vers [ vɛr ] n. m.
• v. 1138; plus souvent « laisse, strophe, couplet » en a. fr.; lat. versus « sillon, ligne, vers »
1 ♦ Un vers : fragment d'énoncé formant une unité rythmique définie par des règles concernant la quantité (vers mesurés, métriques), l'accentuation ou le nombre des syllabes (⇒ versification) . Vers grecs, latins, composés d'un certain nombre de mètres ou de pieds : hexamètre, pentamètre, tétramètre; septénaire... Scander des vers de Virgile. Vers accentués de la poésie anglaise. Vers syllabiques, assonancés puis rimés, de la poésie française. ⇒ assonance, rime. Vers de six, sept, huit, neuf, dix, onze, douze syllabes, etc. ⇒aussi alexandrin. Vers faux, boiteux. Vers blanc. Nombre d'un vers. Coupe du vers : césure, enjambement, rejet. Vers réguliers, conformes aux règles de la versification traditionnelle. « Si on en est arrivé au vers actuel, c'est surtout qu'on est las du vers officiel » (Mallarmé) . Vers libres : suite de vers réguliers mais de longueur inégale et dont les rimes sont combinées de façon variée (dans la poésie classique); Vers non rimés et irréguliers (depuis les symbolistes). ⇒ vers-librisme. Suite de vers (laisse, strophe, tercet, quatrain, etc.; poème). Vers de mirliton. De bons, de mauvais vers. Un vers de Dante, de Corneille.
2 ♦ Les vers : l'écriture en vers (1o). ⇒ poème, poésie. L'idée se fait jour « qu'il existe des vers qui ne sont pas de la poésie et qu'il est au contraire de la poésie en dehors des vers » (Caillois). Composer, écrire, faire des vers, de la poésie. « Et Mallarmé, avec sa douce profondeur : “Mais, Degas, ce n'est point avec des idées que l'on fait des vers... c'est avec des mots” » (Valéry). Faiseur de vers. ⇒ rimeur, versificateur. Recueil de vers. Œuvre en vers. Dire, réciter, déclamer des vers. Mettre en vers, écrire en vers. ⇒ rimer, versifier. Vers de circonstance : poèmes inspirés par l'actualité, les menus faits de la vie de l'auteur.
♢ Littér. Le vers. ⇒ poésie. « En un temps où le vers ne savait plus chanter, il [Rousseau] a orchestré sa prose avec éclat » (Lanson).
⊗ CONTR. Prose.
● vers préposition (latin versus, du côté de, de vertere, tourner) Indique : la direction dans laquelle un mouvement se fait : Il se tourna vers moi. l'orientation, le point, le côté vers lesquels est orienté quelque chose : La façade de l'immeuble regarde vers le sud. l'orientation des idées, des aspirations de quelqu'un, le terme ou le sens de l'évolution de quelque chose, d'un processus : Être porté vers l'action. Le temps évolue vers le beau. l'approximation, devant l'expression d'une heure, d'une date : Cette fête a lieu vers la mi-juin. la région proche, voisine, les alentours devant l'expression d'un lieu : Vers 2 000 m d'altitude, la végétation se raréfie. ● vers (difficultés) préposition (latin versus, du côté de, de vertere, tourner) Emploi Vers indique la direction ou l'approximation dans le temps ou dans l'espace. La direction, avec ou sans mouvement : se diriger vers la frontière ; maison tournée vers le midi. L'approximation dans le temps : je l'ai rencontré vers la fin du mois de juillet. L'ap-proximation dans l'espace. V. ci-après, Registre, 2. Registre 1. Vers où (= vers quel lieu, avec mouvement) est fréquent dans l'usage oral courant : vers où couriez-vous ? Recommandation Dans l'expression soignée, en particulier à l'écrit, préférer où : où couriez-vous ? 2. Vers, marquant l'approximation dans l'espace, sans mouvement, est aujourd'hui admis : leur maison se trouve vers le carrefour des Quatre-Chemins. Recommandation Cette tournure était naguère critiquée. Dans l'expression soignée, en particulier à l'écrit, on pourra lui préférer du côté de, près de : leur maison se trouve du côté du carrefour des Quatre-Chemins. ● vers (homonymes) préposition (latin versus, du côté de, de vertere, tourner) vair nom masculin ver nom masculin verre nom masculin vers nom masculin vert adjectif ● vers (synonymes) préposition (latin versus, du côté de, de vertere, tourner) la direction dans laquelle un mouvement se fait
Synonymes :
- en direction de
l'orientation, le point, le côté vers lesquels est orienté quelque chose
Synonymes :
- du côté de
● vers
nom masculin
(latin versus)
Assemblage de mots, mesurés selon certaines règles (coupe, rime, etc.), rythmés d'après la quantité des syllabes, comme chez les Grecs et les Latins (vers métriques), d'après leur nombre, comme en France (vers syllabiques), ou d'après l'accentuation comme chez les Anglais et les Allemands (vers rythmiques).
● vers (citations)
nom masculin
(latin versus)
Jean Ajalbert
Clichy-la-Garenne 1863-Cahors 1947
Platon avait tort de vouloir proscrire les poètes. Même les mauvais vers n'ont jamais fait de mal à personne.
Lettre à G. Walch
Delagrave
Nicolas Boileau, dit Boileau-Despréaux
Paris 1636-Paris 1711
Le vers se sent toujours des bassesses du cœur.
L'Art poétique
Nicolas Boileau, dit Boileau-Despréaux
Paris 1636-Paris 1711
Ma pensée au grand jour partout s'offre et s'expose,
Et mon vers, bien ou mal, dit toujours quelque chose.
Épîtres
André de Chénier
Constantinople 1762-Paris 1794
Allumons nos flambeaux à leurs feux poétiques ;
Sur des pensers nouveaux faisons des vers antiques.
L'Invention
Edmond Haraucourt
Bourmont, Haute-Marne, 1856-Paris 1941
Les plus beaux vers sont ceux qu'on n'écrira jamais.
Seul
Charpentier
Victor Hugo
Besançon 1802-Paris 1885
Mes vers fuiraient, doux et grêles,
Vers votre jardin si beau,
Si mes vers avaient des ailes
Des ailes comme l'oiseau.
Les Contemplations, Quelques Mots à un autre, II, 2
Victor Hugo
Besançon 1802-Paris 1885
L'idée, trempée dans le vers, prend soudain quelque chose de plus incisif et de plus éclatant. C'est le fer qui devient acier.
Cromwell, Préface
Stéphane Mallarmé
Paris 1842-Valvins, Seine-et-Marne, 1898
Que tout poème composé autrement qu'en vue d'obéir au vieux génie du vers, n'en est pas un […].
Crayonné au théâtre, Solennité
Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière
Paris 1622-Paris 1673
Tout ce qui n'est point prose est vers ; et tout ce qui n'est point vers est prose.
Le Bourgeois gentilhomme, II, 4, le maître de philosophie
Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière
Paris 1622-Paris 1673
Et moi, je vous soutiens que mes vers sont fort bons.
Le Misanthrope, I, 2, Oronte
Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière
Paris 1622-Paris 1673
On peut être honnête homme et faire mal des vers.
Le Misanthrope, IV, 1, Philinte
Henri Beyle, dit Stendhal
Grenoble 1783-Paris 1842
Le vers alexandrin n'est souvent qu'un cache-sottises.
Racine et Shakespeare
Paul Valéry
Sète 1871-Paris 1945
Mes vers ont le sens qu'on leur prête.
Variété, Préface aux Commentaires d'Alain sur Charmes
Gallimard
Paul Verlaine
Metz 1844-Paris 1896
Que ton vers soit la bonne aventure
Éparse au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe et le thym…
Et tout le reste est littérature.
Jadis et naguère, Art poétique
Messein
Horace, en latin Quintus Horatius Flaccus
Venusia, Apulie, 65-Rome ? 8 avant J.-C.
Mon plaisir à moi est d'enfermer des mots dans la mesure d'un vers.
Me pedibus delectat claudere verba.
Satires, II, 1, 28
● vers (homonymes)
nom masculin
(latin versus)
vair
nom masculin
ver
nom masculin
verre
nom masculin
vers
préposition
vert
adjectif
vert
nom masculin
vert
nom masculin
vers
Prép.
d1./d Dans la direction de. Tourné vers l'orient.
d2./d (Abstrait, marquant l'objet d'une visée, le terme d'une évolution.) Cela constitue un premier pas vers la libération, vers la vérité. Tendre vers un but.
d3./d (Marquant l'approximation.)
|| (Dans le temps.) Aux environs de. Vers le soir. Vers la fin de sa vie.
|| (Dans l'espace.) Du côté de. Il travaille vers Bruxelles.
————————
vers
n. m. Suite de mots mesurée et cadencée selon certaines règles, et constituant une unité rythmique. Vers alexandrin. Vers blanc.
|| Les vers et la prose. Pièce en vers.
I.
⇒VERS1, subst. masc.
A. — MÉTR., VERSIF. Segment d'énoncé constituant une unité d'ordre rythmique et phonique fondée sur des règles retenant soit la quantité, l'accentuation soit le nombre des syllabes, et marqué par une légère pause à la lecture et, dans le texte, par une disposition unilinéaire. Vers accentués, rimés; vers léonins, masculins, féminins; vers de six (hexasyllabe), huit (octosyllabe), dix (décasyllabe), douze (dodécasyllabe, alexandrin), syllabes; rimes des vers; césure, coupe d'un vers. Le vers populaire français est un vers syllabique (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p. 261). Bien que peut-être le chef-d'œuvre de la poésie proprement surréaliste soient ces « Jeux de mots » que Robert Desnos, poursuivant une veine ouverte par Marcel Duchamp, poussa à la perfection et où tout est rime, où la rime (...) pénètre le vers entier comme dans le célèbre distique: Gal, amant de la Reine, alla (tour magnanime), Galamment de l'arène à la Tour Magne, à Nîmes (ARAGON, Crève-cœur, 1941, p. 72).
♦ Vers blanc. V. ce mot I A 3.
♦ Vers faux, boîteux. Vers qui pêche contre telle ou telle règle de versification. Vous êtes poète par goût, par naturel, par instinct, mais vous faites des vers faux. Il faut les revoir, du point de vue prosodique. N'avez-vous pas un traité de versification? (RENARD, Journal, 1901, p. 688).
♦ Vers libres. [Dans la poés. class.] Système de vers réguliers de longueur variable à rimes mêlées. [Depuis les Symbolistes] Système de vers irréguliers, non rimés, organisés selon les rapports des sonorités et l'expressivité rythmique. « On a touché au vers. » Ainsi Mallarmé apprenait-il à la jeunesse étudiante anglaise la naissance du vers libre. Cette phrase semble bien faible aujourd'hui. On a fait davantage que de toucher au vers. On l'a tripoté, trituré, désossé (COCTEAU, Poés. crit. II, 1960, p. 206).
♦ Vers mesuré. V. ce mot II A 2.
♦ Vers métrique. V. métrique3 I A.
♦ Vers régulier. Vers conforme aux règles de la versification classique traditionnelle. Le vers régulier compte l'e à valeur entière, quoiqu'il ne s'y prononce pas tout à fait, sauf à la fin d'un vers (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p. 236).
♦ Vers rythmique. V. ce mot I A. Vers syllabique. V. ce mot A.
— [Élément d'une poésie, d'un poème] Beau, mauvais vers; vers pompeux; vers de mirliton; réciter, scander des vers. Et vous, Seigneur mon Dieu! accordez-moi la grâce de produire quelques beaux vers qui me prouvent à moi-même que je ne suis pas le dernier des hommes, que je ne suis pas inférieur à ceux que je méprise (BAUDEL., Poèmes prose, 1867, p. 50). Cette tendresse passionnée qui éclate spontanément dans le vers adorable:Mon Polyeucte touche à son heure dernière (MAURIAC, Journal 2, 1937, p. 124).
B. — Au plur. ou au sing. coll. Poésie. Le vers et la prose; l'art des vers; aimer les vers; déclamer, composer, écrire, faire des vers; recueil de vers. J'avais pour les vers une prédilection passionnée; je tenais la poésie pour la fleur et l'aboutissement de la vie (GIDE, Si le grain, 1924, p. 491).
♦ Vers de circonstance. Poème inspiré par des faits de la vie du poète, des événements de l'actualité. Tout chez lui [Mallarmé] procédait de quelque principe sublime et réfléchi. Actes, geste, propos, même très familiers; même ses inventions futiles, les riens très gracieux, les petits vers de circonstance (VALÉRY, Variété III, 1936, p. 19).
♦ Petits vers. Poésie légère. Quoi! parer d'une noble image Mes petits vers de cabaret! Pour l'alexandrin quel outrage! (BÉRANGER, Chans., t. 3, 1829, p. 163).
— Loc. En vers. Œuvres en vers; écrire, mettre en vers. La poésie possède « la clef de notre énigme intérieure », et, comme le rêve, elle a quelque chose de prophétique. La pythie parlait en vers (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 110).
— En partic. Vers latins. Exercice scolaire de poésie latine. Les Américains (...) prononcent le latin à l'espagnole; mais on leur apprend bien vite à le prononcer à la française. Il ne s'agit pas seulement de certaines lettres; il s'agit aussi de la quantité des voyelles. C'est parce que je l'ai bien apprise que je suis bon en vers latins (LARBAUD, F. Marquez, 1911, p. 127).
REM. Verselet, subst. masc., hapax. Répondez-moi bien vite (...) sans manquer de me signaler le moindre verselet de l'abbé Coppée (VERLAINE, Corresp., t. 1, 1871, p. 275).
Prononc. et Orth.:[]. Homon. et homogr. vers2, vair, ver, verre, vert. LITTRÉ: ,,l's ne se prononce jamais, et dire vers' comme font quelques-uns, est très-mauvais; au pluriel, l's ne se lie pas: des vêr harmonieux; cependant quelques-uns la lient: des vêr-z harmonieux``; ROB. : ,,la liaison est facultative au plur.``. Pour l'usage des liaisons v. G. STRAKA ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg t. 19 n° 1 1981, p. 198. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1140 « assemblage de mots mesurés et cadencés selon des règles déterminées et formant l'unité rythmique de base d'un poème » (GEOFFROY GAIMAR, L'Estoire des Engleis, éd. A. Bell, 6486); b) ca 1180 plur. (THOMAS, Tristan, éd. J. Bédier, 2108, 3130); c) 1549 sing. coll. (DU BELLAY, Deffence et illustration, éd. H. Chamard, p. 143: Ne doute point que le moderé usaige de tels vocables ne donne grande majesté tant au vers comme à la prose); 2. a) 1549 vers libres « vers non rimés, vers blancs » (ID., ibid., p. 147); b) 1673 « vers qui, au sein d'un même poème, sont dépourvus d'uniformité dans le nombre des syllabes et la succession des rimes » (MOLIÈRE, Malade imaginaire, II, 5); c) 1888 (G. KAHN, Chronique de la litt. et de l'art ds La R. Indépendante, t. 6, n° 15, janv., p. 137: Un Pierrot vient; il est le Pierrot de Banville; (...) il dédaigne le vers libre et la pantomime pour se conformer à un strict alexandrin); 3. 1735 vers blancs « vers non rimés dans les langues où la rime est d'usage » (VOLTAIRE, Jules César, Avert. du trad. ds LITTRÉ). Du lat. versus (part. passé de vertere « tourner »), propr. « fait de tourner la charrue au bout du sillon » d'où « tour, ligne, sillon » et, p. anal. « ligne d'écriture », puis par spécialisation « série de mots liés par la prosodie et formant l'unité de base d'un poème ». L'a. fr. connaissait également vers aux sens de « couplet, laisse, strophe » (ca 1170, CHRÉTIEN DE TROYES, Erec, éd. M. Roques, 1796), « chanson lyrique (de type courtois) » (1176, ID., Cligès, éd. A. Micha, 2084; ce sens étant empr. au prov. vers « pièce lyrique chantée en langue vulgaire » sens att. dep. ca 1100, Les Chansons de Guillaume IX, éd. A. Jeanroy, I, 1) de « chanson (sens large) » (ca 1180, Jeu d'Adam, éd. W. Noomen, 939), ainsi que au sens liturg. « verset chanté » (ca 1190, Renart, éd. M. Roques, XI, 12315, v. aussi verset): la coexistence de ces différents sens aux XIIe-XIIIe s. s'explique par le fait que le mot, par son orig., était « chargé d'un sémantisme complexe dont le noyau est une notion d'élément métrique, mesure, unité rythmique » (ZUMTHOR, Notes sur les champs sémantiques dans le vocabulaire des idées ds Neophilologus t. 39, pp. 245-249); la spécialisation sém. de vers éliminant ces sens au cours des XIVe et XVe s., « les vides seront comblés par d'autres mots » comme poésie, strophe, chanson (v. aussi FEW t. 14, p. 315). Fréq. abs. littér.:7 872. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 9 303, b) 10 542; XXe s.: a) 11 132, b) 13 201. Bbg. BILLY (D.). L'Archit. lyrique médiév. Montpellier, 1989, p. 282. — DELOFFRE (Fr.). Le Vers fr. Paris, 1969, 179 p. — ELWERT (W. Th.). Traité de versif. fr. Paris, 1965, pp. 113-131. — GUIRAUD (P.). La Versification. Paris, 1970, 128 p. — JACOB (A.). Genèse de la pensée linguistique... Paris, 1973, p. 222. — LEFÈVRE (Y.). Les V. 2802-2806 de La Chanson de Guillaume et le sens du mot vers. Romania. 1956, t. 77, pp. 501-502. — MAZALEYRAT (J.). Qu'est-ce qu'un vers fr.? Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1874, t. 12, n° 1, pp. 415-434. — NIES (Fr.). Textarten-Appellative... Z. rom. Philol. 1982, t. 98, n° 3/4, p. 330.
II.
⇒VERS2, prép.
A. — [Indique une direction]
1. [Suivi d'un subst. actualisé désignant une réalité concr., ou d'un nom propre]
a) [Suivi d'un subst. actualisé ou d'un nom propre désignant le lieu ou la pers. en direction desquels s'effectue un déplacement, un mouvement] En direction de. Aller vers qqn, l'un vers l'autre; marcher vers un carrefour; retourner vers la maison; voguer vers l'Afrique. Fabrice se sauva à toutes jambes vers le bois (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 52). Je retrouvais en roulant dans le petit matin froid vers Maremma quelque chose du charme de l'attente pure que j'avais goûté dans mon voyage vers les Syrtes (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 151).
— [P. méton.; en parlant d'allées, de routes, de voies permettant un déplacement] Toutes les rues convergeaient vers la place (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 536). Deux longues allées en croix s'éloignaient vers des prairies illuminées d'arbres en fleur (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 163).
— [En partic.; suivi d'un subst. actualisé ou d'un nom propre désignant le lieu, l'objet ou la pers. en direction desquels se tourne le corps, une partie du corps, un regard ou s'effectue un geste] Baisser la tête vers le sol; lever les yeux, tendre les bras, tourner la tête, se tourner vers qqn; regarder vers qqc. Elle allongea le bras vers le martinet suspendu à la cheminée (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 483). De grandes filles très parées qui tournaient paresseusement le cou vers les passants et qui découvraient leurs genoux (NIZAN, Conspir., 1938, p. 239).
b) [Suivi d'un subst. actualisé désignant le lieu en direction duquel une chose est orientée] Du côté de. Façade orientée vers le sud. Les sourcils relevés vers le haut du front (VIGNY, Serv. et grand. milit., 1835, p. 121). Les côtes calcaires de Meuse ne manquent pas de bourgs situés au sommet, mais c'est surtout leur base qui est garnie de riches et florissants villages se succédant de près, tous orientés vers l'est (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 177).
2. [Suivi d'un subst. actualisé désignant une réalité abstr. ou concr. qui marque le point d'aboutissement d'une évolution ou d'une tendance] Aspiration, attirance, inclination vers; cheminement, marche vers la liberté, la justice, la démocratie; s'acheminer vers la perfection; aller, se diriger vers la solution, la résolution d'un problème; être entraîné, poussé vers; pencher, tendre vers. Il arrive très souvent que nous nous sentons portés vers des personnes qui ne nous ressemblent pas, précisément parce qu'elles ne nous ressemblent pas (DURKHEIM, Divis. trav., 1893, p. 17). Tout un ensemble de travaux (...) montrent l'effort de Beethoven vers l'intimité et la simplicité raffinée (ROLLAND, Beethoven, t. 1, 1937, p. 111).
B. — [Indique une approximation locale ou temp.]
1. [Suivi d'un subst. indiquant le lieu près duquel qqc. est localisé ou bien un fait se produit ou une action se déroule] Du côté de, aux environs de. Vers le milieu du récit. Nous avons détourné à gauche pour monter sur un plateau de verdure qui est situé vers le milieu de la montagne (MAINE DE BIRAN, Journal, 1816, p. 192). Soudain vers l'ouest, nous entendîmes un bruit inconnu (BENOIT, Atlant., 1919, p. 242). Une rumeur monta vers la droite, des cris ou une chanson: « Les zouaves sont sortis! » (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 196).
— [En partic. ; suivi d'une indication de distance, d'altitude, de latitude...] Le port de Monterey, situé vers 36 degrés 42 minutes de latitude nord (Voy. La Pérouse, t. 1, 1797, p. 123). La zone des populations denses (...) ne commence que vers 400 mètres, et plus haut seulement, vers 600 ou 700 mètres, elle devient dominante (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 88).
2. [Suivi d'un subst. indiquant l'époque ou le moment d'un événement] À peu près à. Vers le soir; vers le milieu du jour; vers Pâques; vers la fin de l'automne. Vers la fin du repas, Julien trouva un mot pour exprimer le genre de beauté des yeux de Mlle de La Mole: ils sont scintillants (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 243). La brise de terre tombait régulièrement vers les dix heures du matin et jusque vers les trois, quatre, cinq heures de l'après-midi (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 178).
— [En partic.; suivi d'un subst. indiquant l'âge d'une pers.] Vers trente ans; vers ses soixante-cinq ans. Il ne fut pas de ceux avec qui, vers la douzième année, je jurai d'entretenir d'éternels liens d'amitié (DUHAMEL, Confess. min., 1920, p. 62). Nous avons des apoplectiques et des cardiaques. Ils ne s'en doutent pas une seconde et meurent foudroyés vers la cinquantaine (ROMAINS, Knock, I, 1923, p. 3).
Prononc. et Orth.:[]. Homon. et homogr. vers1, vair, ver, verre, vert. LITTRÉ: ,,l's ne se lie pas: vêr une montagne, et non vêr-z une montagne``. V. aussi ROB. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. « Dans la direction de (avec verbe de mouve-ment) » a) fin Xe s. (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 142: li felun [...] vers nostre don son aproismad); b) ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 372: Vers Engletere passat il la mer salse); c) ca 1100 (ibid., 137: Li empereres tent ses mains vers Deu); d) 1370 fig. (ORESME, Ethiques, éd. A. D. Menut, p. 173: soy traire vers le mendre peril); 2. sens local, sans idée de mouvement « près de, aux environs de » a) ca 1100 (Roland, 2693: Vers le paleis oïrent grant fremur); b) 1160-74 (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, 6673: ocis fu Tosti vers Pontfrait); c) 1160-74 « chez (quelqu'un) » (ID., ibid., 6894) — 1878, Ac.; d) 1370 fig. (ORESME, op. cit., p. 247: magnanimité est en grans Choses et vers grans choses); e) 1377 (ID., Ciel et Monde, éd. A. D. Menut et A. J. Denomy, p. 330: vers la fin de ce secont livre). B. Sens relationnel 1. a) ca 1100 « à l'égard de quelqu'un, envers quelqu'un » (Roland, 3830: vers vos s'en est parjurez e malmis); b) 1370 fig. (ORESME, Ethiques, p. 219: [actremprance] est moienneresse vers delectacions et les modere); 2. ca 1100 « contre, en face de (idée d'hostilité) » (Roland, 3367: Carles ad dreit vers la gent [paienie]), la nuance d'adversité disparaît au XVe s., l'empl. de vers pour marquer l'attitude envers qqn a été condamné par Vaugelas qui recommande d'employer envers (cf. VAUG., p. 334). C. Sens temporel a) déb. XIIe s. (St Brendan, éd. I. Short et B. Merrilees, 1463: Cum aspresmont vers le premseir); b) fin XIIe s.(GEOFFROY DE MONMOUTH, Brut de Münich, 48 ds REYELT, Über den Gebrauch und die begriffliche Entwicklung der französischen Präpositionen vers, envers, divers..., p. 10: Estre ces aiges que je di La meirs i est vers mïedi). Du lat. versus (part. passé de vertere « tourner », v. verser), d'abord adv. postposé puis prép. postposée régissant l'acc. « dans la direction de ». En fr., à partir du sens primitif de la détermination locale avec idée de mouvement, le sens de vers s'est étendu à la détermination locale imprécise sans idée de mouvement « près de, aux environs de, chez (quelqu'un) », puis au sens social « en relation avec [dans les différentes accept.: à l'égard de, auprès de, en faveur de, en comparaison avec, parmi] » et avec idée d'hostilité « contre, à l'encontre de, en face de », ainsi qu'à la détermination temp. approximative. En a. et m. fr. on trouve indifféremment vers ou ses comp. devers et envers, leurs aires d'empl. se fixant après le XVIIe s. (les parlers région. ont cependant conservé des traces de cette permutabilité des trois prép., v. FEW t. 14, pp. 312-314); en fr. mod. l'empl. de vers est limité au sens local primitif et à l'indication temp. approximative (v. REYELT, op. cit., pp. 2-22). Fréq. abs. littér.:49 175. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 58 106, b) 65 826; XXe s.: a) 69 577, b) 82 440. Bbg. ARCHER (J.). Z. fr. Spr. Lit. 1912, t. 38, pp. 182-183.
1. vers [vɛʀ] prép.
ÉTYM. 980; lat. versus, var. versum, p. p. passif de vertere « tourner », employé en lat. class. comme particule adverbiale postposée à un substantif introduit par une préposition, pour préciser la direction.
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1 En direction de. ⇒ Pour (II., 1.). || Marcher vers l'église (→ Aumusse, cit. 1). || Se diriger vers la piscine (cit. 3). || S'acheminer vers Paris (→ Gîte, cit. 6). || Remonter vers les boulevards (→ Mouvement, cit. 22). || Se hâter vers les portes (→ Fourmi, cit. 9). || Des camions (cit. 1) roulaient vers les docks. || Il la mena vers la place (→ Régler, cit. 3). || Il vint vers moi (→ Cahier, cit. 3). || Le chien revenait vers son maître (→ Gambade, cit. 2). || S'avancer, marcher vers l'ennemi. ⇒ À, sur (→ Ordre, cit. 11). || Se précipiter vers le sauveteur (cit. 2). || Ils allaient l'un vers l'autre. ⇒ Encontre (à l'), rencontre (à la).
1 Guidé par ton odeur vers de charmants climats,
Je vois un port rempli de voiles et de mâts (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Spleen et idéal », XXII.
♦ Vieilli. || « C'est moi qu'Amphitryon députe (cit. 1) vers Alcmène ». ⇒ Auprès.
♦ Spécialt (suivi d'un adverbe). Vx (et aujourd'hui considéré comme incorrect). || Vers là, vers ailleurs [vɛʀajœʀ] (Descartes, in Littré). — (V. 1500). || Vers où (cit. 30, Gide), vers où ? [vɛʀu]. — REM. Ce tour, condamné par Vaugelas, a cependant été admis par l'Académie (sauf dans sa huitième édition).
2 (…) je pouvais parler du Havre et de Fongueusemare, vers où revolait sans cesse ma pensée.
Gide, la Porte étroite, II.
♦ (Marquant la direction d'un geste, d'un regard). || Tourner, dresser (cit. 3) la tête vers qqn (→ Interrogant, cit. 2). || Levant vers moi sa main (→ Minaudier, cit. 3). || Le doigt tendu (1. Tendu, cit. 16) vers moi. || Se tourner, se retourner, se pencher, se courber… vers… (→ Affaiblir, cit. 13; 1. droit, cit. 4; galant, cit. 19; mot, cit. 33; plisser, cit. 4). || Tourner, lever les yeux, le regard vers… (→ Espérance, cit. 9; obliquité, cit. 3; observer, cit. 13; soupeser, cit. 2). || Regarder (cit. 17) vers…
3 Vers le Ciel, où son œil voit un trône splendide,
Le Poète serein lève ses bras pieux (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Spleen et idéal », I.
2 (V. 1265). Abstrait; pour marquer le terme d'une évolution ou d'une tendance. || Ascension (cit. 8 et 11), cheminement (cit.), premier pas vers… (→ Scepticisme, cit. 2). || « … le pouvoir d'Agrippine Vers sa chute, à grands pas, chaque jour s'achemine » (cit. 5). || Aller, marcher (cit. 20), s'acheminer vers une époque, vers des temps meilleurs. — REM. S'emploie souvent, avec ellipse du verbe, par ex. dans un titre d'article : vers un règlement du conflit. — « Quel charme, malgré vous, vers elle vous attire ? » (cit. 17). || Être entraîné, poussé, porté vers… (→ Gêner, cit. 20; griser, cit. 12; livrer, cit. 33; poser, cit. 36). || Aspiration (cit. 3), attirance (cit. 3) vers… || Incliner (cit. 38), pencher (cit. 1 et 2), tendre (1. Tendre, cit. 12) vers…
4 Donc, la matière tend à l'idéal, et tire
L'esprit vers l'animal, l'ange vers le satyre,
Le sommet vers le bas, l'amour vers l'appétit (…)
Hugo, les Contemplations, VI, XXVI.
3 (XIIe). Du côté de (sans mouvement). || Vers le Nord (→ Moutonner, cit. 2). ⇒ Côté (du côté de), face (face à). || Vers la droite, des rossignols se mirent à chanter (→ Phrase, cit. 19). || Vers le fond (→ 2. Plan, cit. 3), le centre (→ Rôti, cit. 1), le milieu (→ Négatif, cit. 15). — Aux environs de. || Vers la Seine, le Rhin (→ Hostilité, cit. 1; infâme, cit. 5; 1. palatin, cit. 1).
5 Vers Livourne nous rencontrâmes
Les vingt voiles de Spinola.
Hugo, la Légende des siècles, XXVIII.
♦ Par ext. || Il naviguait vers sept cents mètres, à environ sept cents mètres (→ Marge, cit. 4, Saint-Exupéry).
4 (XVIe). Temporel. À peu près (à telle époque). ⇒ Environ, sur. || Vers le soir, le petit jour (→ Piquer, cit. 23; pot, cit. 9; précaution, cit. 4). || Vers sept heures (→ Attention, cit. 19), vers les cinq heures (→ Mascaret, cit. 1). ⇒ Le (I., 6.). || Vers midi, vers les midi (cit. 5). || Jusque vers onze heures et (cit. 31) demie. || Vers cette époque, vers la même époque (→ Père, cit. 24; 1. rayon, cit. 7). || Vers l'an, l'année 1800 (→ Patriarcat, cit.; 1. rayon, cit. 6). || Vers 1840 (→ Maître, cit. 99). || Vers le milieu, la fin du siècle, de sa vie… (→ Opérette, cit. 2; rengaine, cit. 1; rythmer, cit.).
6 Tous ceux qui l'ont connu vers ce temps, c'est-à-dire environ l'année 1905 (…)
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, IV, II.
♦ (Âge approximatif). || Vers l'âge de vingt-deux ans (→ Preuve, cit. 10). || Vers trente-deux ans (→ 1. Marasme, cit. 2); vers ses soixante-dix ans (→ Manie, cit. 6).
5 (V. 1160; encore employé en ce sens au XVIIe mais condamné par Vaugelas qui recommande et fait triompher envers). Vx. Marquant une attitude morale, un rapport. ⇒ Envers, égard (à l'égard de). || « La libéralité vers le pays natal » (→ 1. Capital, cit. 2, Corneille). || « Du crime dont vers moi son style vous accuse ? » (→ 1. Pouvoir, cit. 2, Molière).
7 Tu n'as manqué à aucun devoir vers les hommes (…)
Fénelon, Télémaque, XIV.
❖
COMP. Devers. — V. aussi envers.
HOM. Vair, ver, verre, 2. vers, vert.
————————
2. vers [vɛʀ] n. m.
ÉTYM. V. 1138; plus souvent au sens de « laisse, strophe, couplet », en anc. franç.; lat. versus « sillon, ligne, vers ».
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1 (Un vers). Fragment d'énoncé dont l'unité (marquée à la lecture par une légère pause finale, dans l'écriture par une disposition unilinéaire) est d'ordre essentiellement rythmique, associant étroitement des mots selon des règles qui retiennent ou la quantité (vers mesurés ou métriques), ou l'accentuation (vers accentués), ou le nombre (vers syllabiques) de leurs syllabes. ⇒ Cadence, mesure, métrique, nombre, poésie (cit. 6), prosodie, rythme, versification. || Vers grecs, latins, composés d'un certain nombre de mètres ou de pieds (→ Fond, cit. 58). ⇒ Hexamètre, pentamètre, tétramètre, trimètre; dimètre, monomètre; septénaire, sénaire; et aussi adonique, alcaïque, asclépiade, anapestique, choliambe, choriambique, dactylique, iambique, saphique, scazon, spondaïque, trochaïque. || Scander des vers de Virgile (→ Composition, cit. 4). || Vers catalectique, acatalectique. || Essais de vers mesurés en France au XVIe siècle (Baïf, Passerat, etc.). || Vers accentués (parfois mesurés [→ Pied, cit. 54] ou rimés) de la poésie allemande, anglaise. || Vers syllabiques, assonancés puis rimés, de la poésie française. ⇒ Assonance, rime (cit. 2, 4, 5, 7 et 8). || Vers masculins, féminins (cit. 8). || Vers en écho, vers léonins. || Vers de six, sept, huit, neuf, dix, onze, douze syllabes. ⇒ Alexandrin; dissyllabe, monosyllabe, pentasyllabe, tétrasyllabe, trisyllabe. || Vers faux, vers boiteux. || Vers blanc. || Nombre d'un vers. || Coupe (2. Coupe, cit. 5) du vers. ⇒ Césure, enjambement, rejet (cit. 3); et aussi chute. || Vers réguliers, conformes aux règles de la versification traditionnelle (surtout depuis Malherbe; → Cadence, cit. 1). — (Mil. XVIIe). || Vers libres (dans la poésie classique) : suite de vers réguliers mais de longueur inégale et dont les rimes sont combinées de façon variée (ex. : La Fontaine, Molière dans Amphitryon). || Vers libre (cit. 34) : depuis les symbolistes, Vers non rimés et irréguliers, jouant sur des rapports de voyelles et de consonnes et sur l'expressivité du rythme (→ Écueil, cit. 8). ⇒ Vers-librisme. || Crise de vers, texte de Mallarmé.
1 (…) nous voudrions un vers libre, franc, loyal, osant tout dire sans pruderie, tout exprimer sans recherche (…) sachant briser à propos et déplacer la césure pour déguiser sa monotonie d'alexandrin; plus ami de l'enjambement qui l'allonge que de l'inversion qui l'embrouille; fidèle à la rime, cette esclave reine, cette suprême grâce de notre poésie, ce générateur de notre mètre; inépuisable dans la vérité de ses tours, insaisissable dans ses secrets d'élégance et de facture (…)
Hugo, Cromwell, Préface.
2 (…) si on en est arrivé au vers actuel, c'est surtout qu'on est las du vers officiel (…) N'est-ce pas quelque chose de très anormal qu'en ouvrant n'importe quel livre de poésie on soit sûr de trouver d'un bout à l'autre, des rythmes uniformes et convenus là où l'on prétend, au contraire, nous intéresser à l'essentielle variété des sentiments humains ! Où est l'inspiration, où est l'imprévu, et quelle fatigue (…)
Mallarmé, Réponses à des enquêtes, « Sur l'évolution littéraire ».
♦ Ce vers de Dante, de Corneille, de Racine… (→ Fermer, cit. 13; forcer, cit. 27). || « Un vers d'André Chénier chanta dans ma mémoire » (→ Cou, cit. 5). || Combinaison des vers en laisses, en strophes (cit. 3), dans les poèmes à forme fixe (→ Emblématique, cit. 1; envoi, cit. 2 et 3). || Épigramme (cit. 2) de huit ou dix vers, d'un seul vers (⇒ Monostique), de deux vers (⇒ Distique). || Pièce de vers : poème. — Beaux, bons, mauvais vers (→ Diable, cit. 18; emphase, cit. 1; impubliable, cit.; inférieur, cit. 4; marquer, cit. 44). || « Un beau vers est comme un archet… » (cit. 3). || Vers aisés (cit. 5), faciles, ailés, déliés, musicaux (→ Indéfini, cit. 12). || Vers hérissés (cit. 39), pitoyables (cit. 5), décousus (→ Attente, cit. 16), pompeux (cit. 4)… ☑ Des vers de mirliton (cit. 2). || « Mais les vers souverains Demeurent… » (cit. 19).
3 (…) combien je me fais l'effet d'un barbare (…) quand je pousse dans l'œuvre de Racine une analyse aussi grossière. Des centaines, des milliers de vers m'assaillent de toutes parts, si purs, si beaux, si harmonieux (…)
Ch. Péguy, Victor-Marie, comte Hugo, p. 170.
2 (XVIIe). || Les vers, le vers : l'écriture en vers (1.). ⇒ Poème, poésie. — (Au plur.). || « J'aime surtout les vers, cette langue immortelle » (→ 1. Parler, cit. 81). || L'art des vers : la poésie versifiée (→ Atteindre, cit. 22). || « Le mensonge et les vers de tout temps sont amis » (cit. 29). || Faire (cit. 24), composer (cit. 8), écrire, tourner des vers, de la poésie (→ 1. Dire, cit. 108; facile, cit. 12; juge, cit. 9; mot, cit. 22).
♦ Péj. La versification. || Faiseur (cit. 10) de vers. ⇒ Métromane, rimailleur, 1. rimeur (cit.), versificateur. || « L'art ne fait que des vers, le cœur (cit. 154) seul est poète. »
4 L'antique opposition entre la prose et les vers se double bientôt d'une opposition entre la poésie et la versification. L'idée se fait jour (…) qu'il existe des vers qui ne sont pas de la poésie et qu'il est au contraire de la poésie en dehors des vers.
Roger Caillois, Art poétique, p. 133.
♦ Des vers : de la poésie. || Recueil de vers. → Friand, cit. 7. || « Mes premiers vers sont d'un enfant… » (→ Homme, cit. 149). || Dire, lire (1. Lire, cit. 11), réciter (cit. 2), déclamer (cit. 2) des vers. || Diction des vers (→ Technique, cit. 8). — En vers. || Œuvre en vers; écrire en vers (→ Dialogue, cit. 6; épique, cit. 2; harmonie, cit. 29; larmoyant, cit. 4). || Mettre en vers. ⇒ Rimer, versifier (→ Mère-grand, cit.). || « Lorsque j'habille (cit. 7) en vers une maligne prose ». — Vers et prose (cit. 6; → aussi Prosateur, cit. 1). Spécialt. || Vers de circonstance : poèmes inspirés par l'actualité, les menus faits de la vie de l'auteur (ex. : les Vers de circonstance, de Mallarmé). || Petits vers : poésie légère (→ 1. Louer, cit. 4).
♦ (Au sing. collectif). Littér. || Le vers. ⇒ Poésie. || « Le vers se sent toujours des bassesses (cit. 12) du cœur ». || Le vers et la prose (cit. 2 et 10). || « Le vers est la musique de l'âme ». || Le vers de Racine (→ Coulant, cit. 3). || « Je les tiens dans mon vers comme dans un étau » (→ aussi Abonder, cit. 2; mésallier, cit. 2). || « Que ton vers soit la bonne aventure… » (→ Littérature, cit. 21, Verlaine).
5 La prose est née d'hier; voilà ce qu'il faut se dire. Le vers est la forme par excellence des littératures anciennes. Toutes les combinaisons prosodiques ont été faites; mais celles de la prose, tant s'en faut.
Flaubert, Correspondance, 318, 24 avr. 1852.
♦ Vers latins : exercice scolaire de poésie latine, autrefois en honneur dans l'enseignement secondaire (→ Farouche, cit. 5; mettre, cit. 53; noblesse, cit. 8).
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CONTR. Prose.
DÉR. Verset. — V. Versiculet, versifier.
COMP. Vers-librisme.
HOM. V. 1. Vers.
Encyclopédie Universelle. 2012.