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charivari

charivari [ ʃarivari ] n. m.
chalivali XIVe; onomat. ou lat. caribaria « mal de tête », du gr.
1Bruit discordant, accompagné de cris, de huées. « C'était alors un charivari, pareil à celui que l'on fait, le soir de leurs noces, aux veuves qui se remarient » (Barrès).
2Grand bruit d'objets divers. tapage, tumulte, vacarme. « Un charivari de verres cassés et de bouteilles culbutées » (Courteline).

charivari nom masculin (peut-être latin caribaria, du grec karêbaria, lourdeur dans la tête) Bruit assourdissant, vacarme. Bruit tumultueux de huées, de sifflets, de casseroles et d'autres objets, que l'on faisait jadis devant la maison de ceux dont on désapprouvait la conduite. ● charivari (synonymes) nom masculin (peut-être latin caribaria, du grec karêbaria, lourdeur dans la tête) Bruit assourdissant, vacarme.
Synonymes :
- boucan (familier)
- cacophonie
- chahut (familier)
- fracas
- potin (familier)
- raffut (familier)
- tintamarre
- tohu-bohu (familier)
- tumulte
Contraires :
- calme
- silence

charivari
n. m. Bruit discordant, tapage.

I.
⇒CHARIVARI1, subst. masc.
A.— Vieilli. Concert où se mélangent les sons discordants et bruyants d'ustensiles de cuisine entrechoqués, de crécelles, de cris et de sifflets, qu'il était d'usage d'organiser pour montrer une certaine réprobation devant un mariage mal assorti ou la conduite choquante d'une personne. Si vous vous remariez, on vous fera un charivari trois jours de suite (Ac. 1798-1878) :
1. S'il n'avait songé au charivari qu'on viendrait faire à ces épousailles d'un veuf et d'une veuve, il eût peut-être sauté le pas déjà.
POURRAT, Gaspard des Montagnes, Le Château des sept portes, 1922, p. 178.
Rare. Aller faire charivari. Organiser un charivari, y participer (cf. TOULET, Le Mariage de Don Quichotte, 1902, p. 160).
B.— P. ext.
1. Grand bruit, tumulte réprobateur. Sa femme lui a fait un beau charivari (Ac. 1798-1878). Il [le père Bonnemort] continuait à ronfler, dans l'affreux charivari des enfants (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1205).
En partic. Réprobation marquée par le public devant une pièce de théâtre, un concert, considérés comme mauvais. On continua la pièce malgré le charivari qui se faisait dans la salle (Ac. 1835-1932) :
2. Pauvre Mozart! des personnes qui se trouvaient à cette représentation [l'Enlèvement au Sérail joué pour la première fois en Italie] (...) m'ont assuré n'avoir jamais vu de tel charivari.
STENDHAL, Vie de Rossini, 1823, p. 39.
[En parlant de conversations] Un vrai charivari de médisances, de calomnies et de conjectures diverses (BALZAC, La Muse du département, 1844, p. 177).
2. Bruit excessif et discordant. Il y a un terrible charivari dans cette maison (Ac. 1798-1932). Un charivari de verres cassés et de bouteilles culbutées (COURTELINE, Messieurs-les-Ronds-de-cuir, 1893, 6e tabl., III, p. 260) :
3. Ce fut une cohue à la sortie [de la grand-messe de communion solennelle], une cohue bruyante, un charivari de voix criardes où chantait l'accent normand.
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, La Maison Tellier, 1881, p. 1197.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694 et 1718 sous la forme charivary; ds Ac. 1740-1932 sous la forme mod. Au plur. des charivaris. Étymol. et Hist. 1. 1316 chalivali « tapage, huées et chahut (que l'on faisait en particulier lors de mariages mal assortis ou de remariages) » (CHAILLOU DE PESTAIN, Fauvel, A 682 ds T.-L.); ca 1370 charivari (J. LEFÈVRE, Lamentations Matheolus, Leesce, I, 535, ibid.); 2. XVe s. « bruit d'une dispute ou de plaisanteries (ici entre époux) » (ELOY D'AMERVAL, Livre de la Deablerie, 181a ds IGLF); 3. 1690 péj. en parlant de mus. (FUR.). Orig. obsc.; peut-être issu du lat. caribaria (FEW t. 2, p. 374) attesté dans une trad. d'Oribase (VIe-VIIe s. ms. Bibl. Nat. Cod. lat. 10233 d'apr. J. Svennung ds Uppsala Universitets Årsskrift, 1933, p. 69) et qui traduit le gr. « lourdeur dans la tête » (LIDDELL-SCOTT) le mal de tête pouvant être engendré par un charivari assourdissant; cependant on ne peut préciser ni où ni dans quel milieu s'est produite l'évolution sém. de ce mot d'aire gallo-romane (Von Wartburg ds Z. rom. Philol., t. 68, 1952, p. 30, note 2). L'hyp. d'une orig. sémitique, hébreu plur. collectif de « personne appartenant à une communauté israélite » [dont les membres fêtaient parfois bruyamment certains événements] (H. et R. Kahane ds Jewish Quarterly Review, t. 52, 1961-62, pp. 288-296), demanderait à être davantage approfondie, notamment du point de vue hist. Un rattachement à l'a. fr. harer « exciter les chiens », terme de chasse (K. Meuli ds Festschrift Fr. Dornseiff, 1953, pp. 231-243), fait difficulté, aucune forme de type harivari n'étant attestée; cependant hari, cri pour faire marcher les bêtes, et hari-hari exprimant la moquerie (XIIIe s. ds T.-L.; FEW t. 16, p. 151a) ont pu contribuer au maintien du premier i de charivari. Une formation purement onomatopéique (SAIN. Sources t. 1, pp. 282-284) ne semble pas à retenir, toutefois la forme phonique du mot et le redoublement de ses voyelles peuvent encore expliquer le maintien du premier i. Une composition tautologique (GUIR. Étymol., pp. 11-12) est difficile à établir, notamment pour le 1er élément.
DÉR. 1. Charivaresque, adj. Satirique à la manière du journal Le Charivari. Des propos de petit journal charivaresque un peu déplacés (LÉAUTAUD, Journal littér., 4, 1922-24, p. 22). Rem. On rencontre ds la docum. l'adv. corresp. charivaresquement. À la manière du journal Le Charivari (cf. E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1895, p. 881). 1re attest. 1872 (Rev. de l'enseign. chrét., oct. ds GUÉRIN); de charivari, suff. -esque. 2. Charivarique, adj. a) Qui tient du charivari. De charivariques orchestres (A. POMMIER, Paris, 1866, p. 189). b) Au fig. Qui fait penser au ton du journal Le Charivari. Une lettre fort maladroite, vraie au fond, charivarique dans la forme (HUGO, Correspondance, 1855, p. 225). []. 1re attest. 1839 (Th. GAUTIER, Hist. art. dram., I, 242 ds QUEM. Fichier); de charivari, suff. -ique. Fréq. abs. littér. : 2. 3. Charivariser, verbe. a) Trans. Faire un charivari (à quelqu'un). Au fig. Critiquer violemment quelqu'un ou quelque chose en les rendant ridicules. Il [Voltaire] charivarise la France devant la Russie (SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, t. 2, 1863-69, p. 225). b) Intrans. ,,Faire un grand tapage`` (LITTRÉ). On a assez charivarisé comme cela (Lar. 19e, Nouv. Lar. ill). [], (je) charivarise []. 1re attest. 1706 (P. SCARRON, La Suite ou Tome III du Virgile travesty en vers burlesques, Amsterdam, P. Mortier, p. 130); de charivari, suff. -iser. 4. Charivariste, subst. a) Celui, celle qui organise un charivari, qui y participe. Tous les charivaristes se disposent à suivre Vadevant, lorsque le bruit de la sonnette se fait entendre (P. DE KOCK, Zizine, 1836, p. 12). Rem. On rencontre aussi dans le même sens charivarieur, subst. masc. (cf. LITTRÉ, Lar. 19e-20e, QUILLET 1965) et charivariseur, euse, subst. (cf. Ac. Compl. 1842 et H. BERLIOZ, À travers chants, 1862, p. 316). b) Arg. littér. ,,Qui écrit au Charivari, ou dans le style de ce journal`` (GUÉRIN 1892). 1re attest. 1836 (P. DE KOCK, loc. cit.); de charivari, suff. -iste.
BBG. — DARM. 1877, p. 187 (s.v. charivarique). — KAHANE (H.), KAHANE (R.). Charivari. Jewish Quarterly Review. 1961/62, t. 52, pp. 288-296. — LA LANDELLE (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 291. — LEW. 1960, p. 40. — MEULI (K.). Charivari. In : [Festschrift Dornseiff]. Leipzig, 1953, pp. 231-243. — QUEM. 2e s. t. 1 1970/ (s.v. charivarique). — QUEM. 2e s. t. 2 1971/ (s.v. charivarisme). — SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], pp. 282-284.
II.
⇒CHARIVARI2, subst. masc.
Vx. Pantalon de cavalier garni de cuir dans l'entrejambes et de boutons sur les côtés :
... c'était un militaire, qu'à ses longues moustaches, à sa grande redingote verte, à son charivari à boutons blancs bombés, et à sa toque basque, je reconnus pour un officier de chasseurs à cheval; ...
JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 2, 1812, p. 272.
Rare. [En appos., avec valeur d'adj.] Pantalon charivari. Il [le cavalier] se balançait sur de très hautes jambes en pantalon charivari (ADAM, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, p. 131).
Rem. Attesté ds Ac. Compl. 1842, BESCH. 1845, Lar. 19e, Lar. Lang. fr., ce dernier le traitant dans une entrée séparée.
Prononc. :[]. Étymol. et Hist. 1812 supra ex. Empr. (prob. à la faveur des contacts entre troupes françaises et autrichiennes) à une lang. d'Europe de l'Est cf. polon. szarawary, russe « pantalon bouffant » et 'wary « pantalon turc », tch. , bulg. , serbo-cr. et le dial. all. de Danzig Scharriwarry « pantalon long » ds LOK., n° 1849) où ce terme est lui-même empr. à l'indien saravara « pantalon » (FEW t. 20, p. 109 b; LOK., ibid.).
STAT. — Charivari1 et 2. Fréq. abs. littér. :152.
BBG. — SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], p. 374.

1. charivari [ʃaʀivaʀi] n. m.
ÉTYM. V. 1370; chalivali, 1316; orig. incert., l'hypothèse le plus souvent invoquée est le lat. caribaria « lourdeur de tête », du grec; P. Guiraud préfère un composé tautologique, formé sur varier (provençal varai « remue-ménage »), et le moy. franç. charrier « tourmenter » (charrier-varier).
1 (1316). Vieilli ou ethnol. (folklore). Bruit discordant et tumultueux de poêles, de chaudrons, de sifflets, accompagné de cris et de huées, que font des gens attroupés pour témoigner leur réprobation ou dans certaines circonstances définies par la coutume (mariage, et notamment remariages de veufs et veuves). || Donner, faire un charivari. Sérénade.
1 Le bruit que vous entendez, répondit le démon, est un charivari. Une veuve de soixante ans s'est mariée ce matin avec un de ses domestiques qui n'en a pas vingt, et tous les rieurs du quartier se sont ameutés pour célébrer ce mariage par un concert de bassins, de poêles et de chaudrons.
A. R. Lesage, le Diable boiteux, VI, p. 80.
2 C'était alors un charivari, pareil à celui que l'on fait, le soir de leurs noces, aux veuves qui se remarient, un tam-tam assourdissant, des cris, des huées, de grands éclats de joie, un vacarme d'arrosoirs, de casseroles et de tonneaux, sur lesquels on frappait comme sur des tambours.
M. Barrès, la Colline inspirée, XII, p. 195.
Mod. Manifestation bruyante du public; concert de sifflets, de cris, etc.
2 Cour. Grand bruit collectif. Tapage, tumulte, vacarme.
3 Ce fut l'écroulement général et de la table, et de la chaise, et de Bourdon, le tout dans un charivari de verres cassés et de bouteilles culbutées (…)
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 6e tableau, III.
Fig. Musique discordante. Cacophonie. || Ce concert est un vrai charivari.
4 Figurez-vous un charivari sans fin d'instruments sans mélodie, un ronron traînant et perpétuel de basses; chose la plus lugubre, la plus assommante que j'aie entendue de ma vie, et que je n'ai jamais pu supporter une demi-heure sans gagner un violent mal de tête.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, II, Lettre XXIII.
5 En effet (nous avouait-il récemment encore), cette musique seule, depuis qu'il l'avait entendue, l'aidait à supporter les déceptions de la vie et toute autre ne lui semblait plus que du charivari, du « Wagner ».
Villiers de L'Isle-Adam, Tribulat Bonhomet, p. 13.
REM. Le mot a servi de titre à un célèbre journal satirique.
3 (XVe). Querelle accompagnée de cris. || Sa femme lui a fait un beau charivari. || Il y a de perpétuels charivaris dans cette maison.
DÉR. Charivaresque, charivarique, charivariser, charivariste.
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2. charivari [ʃaʀivaʀi] n. m.
ÉTYM. 1812; empr. (probablt dû aux contacts entre les troupes françaises et autrichiennes) à une langue d'Europe de l'Est : polonais szarawary, russe charovary « pantalon bouffant », dial. all. de Danzig Scharriwarry « pantalon long », du hindi saravara « pantalon ».
Vx. Pantalon de cavalier garni de cuir dans l'entrejambe, et de boutons sur les côtés, porté sous la Restauration.Appos. || Pantalon charivari.

Encyclopédie Universelle. 2012.