confier [ kɔ̃fje ] v. tr. <conjug. : 7> I ♦
1 ♦ Remettre (qqn, qqch.) aux soins d'un tiers, en se fiant à lui. ⇒ abandonner, laisser. Confier l'un de ses enfants à un ami. « Ma famille me confia aux soins d'une de mes parentes » (Lamartine). Confier un dépôt. Confier une mission, un mandat à qqn. Confier une part de ses responsabilités à qqn. ⇒ déléguer. Confier son sort au hasard.
2 ♦ Communiquer (qqch. de personnel) sous le sceau du secret. Confier ses secrets à un ami. Confier ses craintes, ses préoccupations à qqn. « Il travaille toujours seul; il ne confie jamais à personne ce qu'il fait » (Suarès). Il me confia qu'il comptait partir.
II ♦ SE CONFIERv. pron.
1 ♦ Se reposer sur, s'en remettre à. ⇒ se fier. Se confier à qqn, au hasard. « Je me confie à vous corps et âme » (Giraudoux).
2 ♦ Faire des confidences, épancher son cœur. ⇒ s'épancher, se livrer. Il ne se confie à personne. Chercher qqn à qui se confier. — (Récipr.) Ils se confièrent mutuellement leurs craintes.
⊗ CONTR. Ôter, retirer. 1. Cacher, dissimuler, taire.
⊗ HOM. Confie :confis ; confierai :confirai (confire).
● confier verbe transitif (latin confidere, avec l'influence de se fier) Remettre quelqu'un, quelque chose aux mains de quelqu'un, à sa garde : Confier les clefs de son appartement au gardien. Dévoiler ses sentiments intimes, dire quelque chose de confidentiel : Il m'a confié ses projets. Littéraire. Livrer quelque chose à l'action de quelque chose : Confier son bateau au vent. ● confier (homonymes) verbe transitif (latin confidere, avec l'influence de se fier) ● confier (synonymes) verbe transitif (latin confidere, avec l'influence de se fier) Remettre quelqu'un, quelque chose aux mains de quelqu'un, à sa garde
Synonymes :
- commettre (littéraire)
Dévoiler ses sentiments intimes, dire quelque chose de confidentiel
Synonymes :
- avouer
- révéler
Contraires :
- cacher
- taire
Littéraire. Livrer quelque chose à l'action de quelque chose
Synonymes :
confier
v.
rI./r v. tr.
d1./d Remettre (qqch, qqn) aux soins de qqn d'autre. Confier un dépôt. Confier ses enfants à des amis.
d2./d Litt. Livrer à l'action de. Confier sa fortune au hasard.
d3./d Dire qqch de confidentiel (à qqn). Confier ses peines, un secret à un ami.
rII./r v. Pron.
d1./d Avoir confiance en, s'en remettre à. Se confier à la Providence.
d2./d Faire des confidences. Se confier à qqn.
⇒CONFIER, verbe trans.
A.— Remettre quelqu'un ou quelque chose à la garde, aux soins d'une personne dont on est sûr. Confier l'éducation, la garde, la tutelle d'un enfant à qqn; confier sa destinée, son honneur, sa vie à qqn.
— [Le compl. désigne un objet, un animal à garder] Confier son argent, une cassette, les clefs de la maison, une lettre, une valise, confier le poisson rouge à qqn.
— [Le compl. désigne un objet propre à assumer une tâche, des objets dont on s'occupe] À ce moment, Edward voulut ramer; Stephen lui confia les avirons (KARR, Sous les tilleuls, 1832, p. 85). Louise lui confie un seau, une bouteille d'eau de javel, un balai (E. DABIT, L'Hôtel du Nord, 1929, p. 217).
— [Le compl. désigne une tâche, une responsabilité] Confier le commandement des armées, de la garde, des troupes à qqn; confier la direction des opérations, la gestion de ses biens, une inspection, ses intérêts, une paroisse, un rôle à qqn. Défiez-vous; c'est plus difficile que vous ne pensez. Confiez-moi l'ordre et la marche de l'affaire (RENAN, Drames philos., Caliban, 1878, III, 1, p. 407) :
• 1. Je te dis, moi, que vous pouvez lui confier demain des armées, des provinces. Il s'est essayé à tout, il s'est montré supérieur en tout.
DE VOGÜÉ, Les Morts qui parlent, 1899, p. 268.
— Emploi pronom. [Le compl. ne désigne pas une pers., un objet, une abstraction] Se confier à la providence, au sommeil. Se confier au temps, qui remet insensiblement tout à sa place (LECLERCQ, Proverbes dram., Les Élections, 1835, p. 313). Elle [une chatte] coucha dans un panier, se confia au bassin de sciure comme un chat bien appris (COLETTE, La Maison de Claudine, 1922, p. 228).
— P. anal. Livrer à l'action, à l'influence de quelque chose. C'étaient de bons fellahs, qui possédaient (...) un peu de cette terre noire qui rend au centuple le grain qu'on lui confie (A. FRANCE, La Vie littér., t. 3, 1891, p. 131). Meyerbeer, Rossini, Verdi lui ont confié [au piano] les premières inspirations de leurs chefs-d'œuvre (G. HUBERSON, Nouveau manuel complet de l'accordeur et du réparateur de pianos, 1926, p. 3).
B.— Faire part à quelqu'un de sentiments intimes ou d'informations confidentielles :
• 2. ... pour une femme, le bonheur est d'être aimée, adorée, d'avoir un ami à qui elle puisse confier ses désirs, ses fantaisies, ses chagrins, ses joies; se montrer dans la nudité de son âme, avec ses jolis défauts et ses belles qualités, sans craindre d'être trahie; ...
BALZAC, Le Père Goriot, 1835, p. 145.
SYNT. Confier ses angoisses, ses espoirs, ses inquiétudes, ses peines, ses rêves, ses scrupules, ses soucis, ses tourments à qqn; confier qqc. dans, à l'oreille de qqn.
— Emploi pronom. Se confier à un (son) ami, à son frère; se confier à la bonté, à la discrétion de qqn; se confier en Dieu; se confier amicalement, aveuglément, entièrement à qqn. Vous pouvez vous confier, madame, À mon bras comme reine, à mon cœur comme femme! (HUGO, Ruy Blas, 1838, III, 4, p. 403). Tu vois, je me confie, je me livre (MAURIAC, Les Mal Aimés, 1945, I, 3, p. 166) :
• 3. Jamais je ne retrouverais cette chose divine : un être avec qui je pusse causer de tout, à qui je pusse me confier.
PROUST, La Fugitive, 1922, p. 497.
Prononc. et Orth. :[], (je) confie []. Diérèse en poésie : [] ds FÉR. 1768, FÉR. Crit. t. 1 1787, GATTEL 1841, LITTRÉ et DG. Pour FÉR. Crit., c'est parce que l'e muet est tellement imperceptible au fut. et au cond. [confierai(s)] que l'on rencontre chez des poètes l'orth. confirai(s). Admis ds Ac. 1694-1932. Homon. confis, confit (verbe confire). Étymol. et Hist. 1. 1357 se confier « mettre sa confiance (dans quelqu'un) » (Chronique de Jean le Bel, éd. J. Viard et E. Déprez, t. 1, chap. 44, p. 238); 2. 1601 confier « remettre quelque chose ou quelqu'un aux soins de quelqu'un » (MONTCHRESTIEN, La Carthaginoise, p. 653 ds IGLF); 3. 1667 confier « communiquer quelque chose en confidence » (RACINE, Andromaque, I, 1 ds DG); av. 1680 se confier « faire des confidences » (LA ROCHEFOUCAULD, Mémoires, éd. M. J. Gourdault, t. II, p. 28); 4. 1753 confier « livrer à l'action, à l'influence de quelque chose » (BUFFON, Hist. naturelle, Oiseaux, t. 4, p. 462 ds IGLF). Empr., avec francisation d'apr. fier, au lat. class. confidere « mettre sa confiance, avoir confiance dans quelque chose ou quelqu'un », d'où l'a. fr. m. fr. (se) confider « id. » (attesté du début XIVe s., Aimé du Mont Cassin ds GDF., à 1583-90, Brantôme ds HUG.), évincé par confier. Fréq. abs. littér. : Confier : 2 892. Confié : 1 570. Fréq. rel. littér. Confier : XIXe s. : a) 4 485, b) 3 794; XXe s. : a) 3 795, b) 4 156. Confié : XIXe s. : a) 2 895, b) 1 587; XXe s. : a) 1 908, b) 2 207. Bbg. GIR. Rem. 1834, p. 37.
confier [kɔ̃fje] v. tr.
ÉTYM. 1357, pron.; du lat. confidere de con- (cum), et fidere d'après fier.
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♦ Confier (qqn, qqch.) à (qqn, qqch.)
1 (1601). Remettre (qqn, qqch. de précieux) à (qqn) en se fiant (à lui). ⇒ Abandonner, laisser; → Remettre à la garde; aux mains, entre les mains de. || Confier l'un de ses enfants à un ami. || Confier un dépôt, sa voiture à qqn. || Confier une mission, un mandat à qqn. ⇒ Déléguer, mandater. || On lui a confié la charge. ⇒ Conférer. || Confier judiciairement qqch. (⇒ Dation). — Quand je serai fatigué, je te confierai le volant.
1 Plus j'ai cherché, Madame, et plus je cherche encor
En quelles mains je dois confier ce trésor (…)
Racine, Britannicus, II, 3.
2 À dix-huit ans, ma famille me confia aux soins d'une de mes parentes que des affaires appelaient en Toscane (…)
Lamartine, Graziella, I, p. 1.
2.1 Un camion suit l'auto, chargé de trois caisses de sel pour Bosangoa. Ces caisses sont trop énormes pour être confiées à des porteurs (…)
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 813.
2 (1753). Fig. Livrer à l'action, à l'influence de (quelque chose considérée comme dépositaire). || Confier des semences à la terre. || Ne confier aucun secret au papier. || Confier un souvenir à sa mémoire. || Confier son sort au hasard.
3 (…) le culte de sa gloire qu'il (Mirabeau) confiait à l'avenir.
Barthou, Mirabeau, p. 315.
4 Il semble que, chez les êtres d'action, l'esprit, surmené par l'attention à ce qui se passera dans une heure, ne confie que très peu de choses à la mémoire.
Proust, la Prisonnière, I.
5 Vous êtes l'eau qui va; malheur à ce que l'on confie à votre cours !
Montherlant, les Jeunes Filles, p. 156.
3 (1667). Communiquer (qqch. de personnel) sous le sceau du secret à (qqn). ⇒ Part (prendre, tirer qqn à part pour lui parler). || Confier une crainte, un souci à son mari, à sa femme. || Je vous confie mes soupçons. || Confier ses secrets à un ami. || Ne confier ses espérances, ses projets à personne. || Confiez-moi ce qui ne va pas.
6 Mais je l'ai vue enfin me confier ses larmes (…)
Racine, Andromaque, I, 1.
7 Il n'est pas permis de s'emparer d'un secret qui ne nous est pas confié.
Voltaire, Dict. philosophique, Poste.
8 Il travaille toujours seul; il ne confie jamais à personne ce qu'il fait; nul ne connaît rien de ses drames (…) il ne dicte pas et n'a point de scribe.
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », III, p. 108.
8.1 (…) j'appris qu'elle avait confié à un tiers mes insuffisances.
Camus, la Chute, p. 75.
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se confier à (qqn, qqch.) v. pron.
1 Se reposer sur, s'en remettre à (qqn, qqch.). ⇒ Fier (se). || Se confier à qqn, au hasard… || Se confier aux promesses de qqn. — Vx. || Se confier en… || Il se confie trop en ses propres forces.
9 Sera-t-il venu si loin pour désoler un roi qui se confie en son pouvoir et en sa vertu ?
Fléchier, Panégyrique de saint François de Paule.
10 Heureux le roi qui aime son peuple, qui en est aimé, qui se confie en ses voisins, et qui a leur confiance.
Fénelon, Télémaque, IX, p. 243.
11 (…) moi qui crois
Qu'on peut se confier aux paroles des rois
Hugo, la Légende des siècles, XVIII, XIV.
12 Je me confie à vous corps et âme.
Giraudoux, la Folle de Chaillot, p. 28.
♦ Absolt. Faire des confidences. || Il n'aime pas se confier.
13 On se confie le plus souvent par vanité, par envie de parler, par le désir de s'attribuer la confiance des autres, et pour faire un échange de secrets.
La Rochefoucauld, Maximes, 5.
14 Oh ! de se confier noble et douce habitude !
Non, mon cœur n'est point né pour vivre en solitude.
André Chénier, Élégies, XII.
15 S'il se confiait, c'était pour éblouir le confident.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, III, p. 21.
3 (Passif). Être confié à (qqn). || « Des papiers aussi importants ne se confient pas au premier venu » (Littré).
4 (Récipr.). || Se confier (qqch.) : se faire réciproquement la confidence de (qqch.). || Ils se confièrent mutuellement leurs craintes.
♦ Se donner réciproquement avec confiance (qqn, qqch.). || Ils se sont confiés leurs enfants pour les vacances.
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CONTR. Ôter, retirer. — Cacher, dissimuler, taire.
DÉR. Confiant.
HOM. Formes du v. confire.
Encyclopédie Universelle. 2012.