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fier

fier, fière [ fjɛr ] adj.
• 1080; lat. ferus « sauvage »
IVx
1Féroce, cruel. « Et le farouche aspect de ses fiers ravisseurs » (Racine).
(Animaux) Farouche, sauvage.
2Littér. Qui a de l'audace, de la fougue. « quand un fier aquilon, ramenant l'hiver, fait gémir les troncs des vieux arbres » (Fénelon).
II
1(XIIe ) Vieilli Qui, par son attitude hautaine, ses manières distantes, montre qu'il se croit supérieur aux autres. arrogant, dédaigneux, distant, 1. hautain, méprisant, orgueilleux, prétentieux, suffisant. « Un homme fier et superbe n'écoute pas celui qui l'aborde » (La Bruyère). « Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier ! » (Beaumarchais). altier, avantageux, satisfait.
Mod. Plaisant « Tu es bien fière, que tu passes sans dire bonjour aux amis » (Zola). Loc. Être fier comme Artaban, comme un coq, comme un paon, comme un pou, très fier, prétentieux. — Pop. Il n'est pas fier : il est familier (avec les gens simples). ⇒fam. bêcheur, ramenard. « Lui était de bonne humeur, cordial, jovial, s'arrêtant à causer avec les ouvriers, les soldats, les paysans. “Au moins celui-là n'est pas fier !” disaient-ils » (Madelin).
Subst. Faire le fier : être prétentieux, suffisant, se donner des grands airs ( fam. crâneur) . Elle fait la fière.
2Littér. Qui a un vif sentiment de sa dignité, de son honneur; qui a des sentiments élevés, nobles. digne, noble. « Fière est cette forêt dans sa beauté tranquille, Et fier aussi mon cœur » (Musset). Il est trop fier pour accepter votre argent. Par ext. Un port fier et majestueux.
3 ♦ FIER DE (qqn, qqch.) :qui a de la joie, de la satisfaction de. ⇒ content, heureux, satisfait. Fier de ses droits, de sa force, de sa beauté. Elle est fière de ses enfants. Je l'ai fait et j'en suis fier. « Il comptait des héros parmi ses ancêtres, et il en était fier, orgueil bien légitime » (Gautier). (Avec inf.) « Elle était toute fière de savoir s'y reconnaître, et de lui servir de guide » (Romains). (Avec que et subj.) Je suis fier que tu aies réussi. Iron. Tu es fier de toi, maintenant ? Il n'y a pas de quoi être fier. se vanter; fam. pavoiser.
4(Avant le nom) fameux, fieffé. Vieilli (personnes) « Il y a de fières canailles » (Boylesve). Mod. Il a un fier culot ! Fam. 1. sacré. Devoir une fière chandelle à qqn.
⊗ CONTR. Affable. Familier, humble, modeste, simple. Indigne, veule. Honteux. fier (se) [ fje ] v. pron. <conjug. : 7>
• 1080; lat. pop. °fidare « confier », de fidus « fidèle »
Accorder sa confiance (à qqn ou à qqch.). Je me fie entièrement à vous. s'abandonner, remettre (s'en) ; cf. Avoir confiance en, faire confiance à. On ne sait plus à qui se fier. Se fier aux apparences. Candidat à un examen qui se fie à la chance. compter, tabler (sur). Je me fie à votre jugement. « J'ai affaire en vous à un galant homme. Je me fie à votre discrétion » (Loti). Ne vous y fiez pas : méfiez-vous. Il a l'air gentil, mais à votre place je ne m'y fierais pas trop. ⊗ CONTR. Défier (se), méfier (se), suspecter. ⊗ HOM. Fie :fis (1. faire).

fier, fière adjectif (latin ferus, farouche) Qui se croit supérieur aux autres et le manifeste par son comportement : Depuis sa promotion, il est devenu très fier. Littéraire. Qui a le sentiment de son honneur, qui a des sentiments élevés : Une âme fière. Qui dénote de la fierté ; altier : Un regard fier. Qui tire orgueil, satisfaction de quelque chose, de quelqu'un : Il est fier de sa réussite. Familier. Remarquable en son genre, fameux (surtout péjoratif) : Tu as un fier toupet de me réclamer ça.fier, fière (expressions) adjectif (latin ferus, farouche) Avoir fière allure, être plein d'élégance, de majesté, de noblesse. Être fier de soi, tirer satisfaction de sa propre conduite ou, au contraire, ironiquement, se dit à quelqu'un pour lui faire constater les résultats désastreux de sa conduite. Fier comme un coq, comme Artaban, comme un pou, plein de morgue. Il n'y a pas de quoi être fier, il n'y a pas lieu de se vanter de cette action peu méritoire. Ne pas être fier, en parlant de quelqu'un qui a une situation sociale jugée élevée, être d'un abord simple ; être tout décontenancé. ● fier, fière (homonymes) adjectif (latin ferus, farouche) fier verbe fièrent forme conjuguée du verbe se fierfier, fière (synonymes) adjectif (latin ferus, farouche) Qui se croit supérieur aux autres et le manifeste par...
Synonymes :
- arrogant
- dédaigneux
- distant
- outrecuidant
- prétentieux
- rogue
- suffisant
Contraires :
- affable
- amène
- bienveillant
- effacé
- humble
- modeste
- simple
- timide
Littéraire. Qui a le sentiment de son honneur, qui a des...
Synonymes :
- digne
- noble
Contraires :
- abject
- ignoble
- infâme
Qui dénote de la fierté ; altier
Synonymes :
- altier
- crâne
- majestueux
- superbe
Contraires :
- avili
- commun
- vil
- vulgaire
Qui tire orgueil, satisfaction de quelque chose, de quelqu'un
Synonymes :
- comblé
- content
- heureux
- satisfait
Contraires :
- honteux
- mécontent
fier, fière nom Faire le fier, la fière, se montrer plein de supériorité à l'égard d'autrui, le plus souvent mal à propos. ● fier, fière (expressions) nom Faire le fier, la fière, se montrer plein de supériorité à l'égard d'autrui, le plus souvent mal à propos.

fier, fière
adj. et n.
d1./d Hautain, méprisant.
Loc. Fier comme Artaban: très fier.
|| Subst. Faire le fier, la fière.
d2./d Qui tire un certain orgueil (de qqn, qqch). être fier de son fils, de son oeuvre.
d3./d Qui a ou dénote des sentiments nobles, élevés. âme fière. Réponse fière.
d4./d Fam. (Avant le nom.) Considérable dans son genre. Un fier imbécile.
d5./d (Québec) Qui soigne son apparence, son habillement.
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fier (se)
v. Pron. Se fier à: mettre sa confiance en. Se fier à un ami.

I.
⇒FIER, verbe trans.
A.— Emploi trans., vx. Fier (qqn, qqc.) à (qqn). Remettre, livrer à la foi de quelqu'un. Synon. confier. Fier son bien, sa vie. Fier son honneur à son ami (Ac. 1798-1932). Ce matin, fiant sa vengeance à la nôtre, Elle a puni sur soi l'indignité d'un autre (PONSARD, Lucrèce, 1843, V, 4, p. 96).
P. ext., littér. Soumettre à l'action favorable, à l'influence bénéfique de quelque chose. Ces félons Qui le soir, et les yeux tournés vers leurs talons, Ne fiant qu'à la nuit leurs manœuvres infâmes, Dérobent aux maris la chasteté des femmes (HUGO, Hernani, 1830, I, 3, p. 20).
B.— Emploi pronom.
1. Absol. Manifester de la confiance. Car, souvent, qui se fie en aveugle est la proie De la ruse, et les soins tardifs sont superflus (LECONTE DE LISLE, Poèmes trag., 1886, p. 216).
2. Usuel. [Suivi d'un compl. prép. introd. par à, dans, en, sur (littér.)] Accorder sa confiance à quelque chose, à quelqu'un. Synon. compter sur, se reposer sur; anton. se défier de, se méfier de. À qui/quoi se fier?
a) [Le compl. prép. désigne une pers., p. méton. le comportement de cette pers.] Se fier aveuglément à qqn; se fier à la parole de qqn. Le peuple se fia sur la noblesse et les hommes d'armes (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 46). Écoute, cousine, fie-toi en moi (POURRAT, Gaspard, 1922, p. 61) :
Ne te fie pas aux femmes blondes, car elles sont lâches et infidèles.
Ni aux noires, car elles sont dures et jalouses. Ni aux châtaines.
Ne te fie pas aux femmes! Ne te fie pas à la figure perfide qui est pleine de lignes
Et de secrets, comme la main!
CLAUDEL, Échange, 1894, I, p. 670.
En partic. S'en fier à qqn (pour qqc., pour faire qqc.). Faire confiance à quelqu'un pour l'accomplissement, l'exécution de quelque chose; s'en remettre à quelqu'un. Quel besoin de s'en fier uniquement à lui, pour la soulager (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p. 914).
b) [Le compl. prép. désigne un inanimé abstr.] Se fier aux apparences. Se fiant trop, il faut l'avouer, à l'empire de la raison (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 139). Cette formule va être pour l'enquête philosophique un moyen auquel il est permis de se fier en toute assurance parce qu'elle est une donnée positive (GAULTIER, Bovarysme, 1902, p. 52). Il se fie dans la valeur de ses arguments et dans les sentiments qui naissent naturellement à l'approche de la mort (BARRÈS, Colline insp., 1913, p. 274).
c) [Le compl. prép. désigne un inanimé concr.] Elle ne se fiait point à son armoire, elle cachait ainsi son argent, par petites sommes, au fond de tous les coins de la maison (ZOLA, Terre, 1887, p. 300).
d) P. antiphrase, p. iron. [À propos d'une chose ou d'une pers. sur laquelle on ne doit pas compter] Fiez-vous-y; fiez-vous à cela. Oui, oui, fiez-vous à ces belles promesses; bien fou qui s'y fie (Ac. 1835-1932).
Prononc. et Orth. :[fje], (je me) fie [fi]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 pronom. « avoir confiance en (quelqu'un) » (Roland, éd. J. Bédier, 586); 2. 1220, mars, trans. « confier » (Cathédr. de Metz, Arch. Mos. ds GDF.). D'un lat. vulg. fidare, lat. class. fidere « avoir confiance, se confier ». Fréq. abs. littér. : 1130. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 842, b) 1 769; XXe s. : a) 1 412, b) 1 432.
II.
⇒FIER, FIÈRE, adj.
I.— Vieux
A.— Rare [En parlant d'un animal] Qui est difficilement apprivoisable, qui manifeste, pratique une sauvagerie instinctive. Synon. farouche, indomptable, sauvage. Les fiers taureaux, les chevaux indomptés (BERN. DE ST-PIERRE, Harm. nat., 1814, p. 280). Le fier léopard, que les jeunes Sylvains Attachent rugissant au char du dieu des vins (VIGNY, Poèmes ant. et mod., 1837, p. 126). Le fier lion s'élance Sur sa victime avec de grands bonds souverains (BANVILLE, Exilés, 1874, p. 69).
CHASSE. Perdrix fière. ,,Qui ne se laisse guère approcher`` (Ac. 1932; ds LITTRÉ, DG, Lar. Lang. fr.).
HÉRALD. Lion fier. ,,Lion à la crinière hérissée`` (Ac. 1798-1932; ds Lar. 19e-Lar. Lang. fr., LITTRÉ, DG).
B.— P. anal. [En parlant d'une pers. ou de sa nature] Qui est rude et intraitable comme un animal sauvage. Synon. barbare, cruel, féroce. S'il [le peuple] est fier, impétueux, inconstant, que son gouvernement soit doux, modéré, invariable (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 562). Plus terrible et plus fier Vous m'avez vu jadis sous un rempart de fer Dans les périls sanglants signaler mon adresse (BAOUR-LORMIAN, Ossian, 1827, p. 17). Cet âpre individualisme, avec cet orgueil forcené qui sont bien le côté « mauvais bougre » de l'homme, son côté « fier, féroce » (BARRÈS, Cahiers, t. 12, 1919-20, p. 247).
P. méton. [En parlant de l'aspect physique, du comportement d'une pers.] Qui dénote la rudesse de caractère. Il s'arrêta en plein élan, pour regarder les assistants, d'un air fier et terrible (CAMUS, Exil et Roy., 1957, p. 1673).
C.— Emplois spéc.
1. [En parlant d'une pierre] Qui se taille difficilement en raison de sa dureté. Marbre fier. Ce sont [les agates] des pierres dures, fières sous le burin (Ch. BLANC, Gramm. arts dessin, 1876, p. 461).
2. Région. (Est, Franche-Comté, Suisse). [En parlant d'un comestible] Qui est âpre au goût. Pomme fière. Synon. acide, aigre (cf. COLLINET, Région. hte-montagne, 1925).
II.— Usuel. [En parlant d'une pers.]
A.— [Sans nuance péj.]
1. Qui a le souci de sa dignité, qui se respecte. Caractère, cœur, homme fier; âme fière. Synon. digne, noble. Je suis trop fier pour mentir (FLAUB., Smarh, 1839, p. 114). Il n'est pas inutile qu'on sache de quelle manière la génération des vaincus de 1870 a pu traiter un écrivain fier qui ne voulait pas se prostituer (BLOY, Journal, 1892-1907, av.-pr., p. 13). Elle était fière. Elle endurait leur pauvreté avec assez de courage à condition qu'elle n'eût pas des gens de la famille pour témoins. Aller leur montrer ses enfants en guenilles! Non, elle ne s'y résignerait jamais (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 211).
P. méton. [En parlant de l'aspect physique, du comportement d'une pers.] Qui dénote un tel souci, une telle qualité. Démarche fière, regard fier. Leur physionomie, quoique douce et bienveillante, a quelque chose de septentrional, d'énergique, de fier, qui rappelle tout de suite à l'œil un peuple déjà libre, digne de l'être tout à fait (LAMART., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 454). Son air fier de femme sans reproche (ZOLA, Terre, 1887, p. 420).
Locutions
a) Fier comme un gueux. Qui est digne, comme un gueux peut l'être dans sa misère. Tel guerrier se présentait, fier comme un gueux (PSICHARI, Voy. centur., 1914, 1914, p. 38).
b) Ne pas être fier. Avoir honte. Je baissais la tête; je n'étais pas fier (DUHAMEL, Confess. min., 1920, p. 185).
Fam. Pas fier. Qui n'a pas la conscience tranquille. Synon. penaud. J'allais reprendre la nuit, pas fier, parce que comme ma mère, je n'arrivais jamais à me sentir entièrement innocent des malheurs qui arrivaient (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 345).
P. méton. Il avait à l'adresse de Maigret un regard pas fier qui signifiait : « — Qu'est-ce que vous voulez que je fasse d'autre? » (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 97).
2. Qui éprouve une satisfaction d'amour-propre souvent fondée. Les gens autour de nous admiraient ma précocité et mon père était très fier (GUÉHENNO, Journal homme 40 ans, 1934, p. 40).
a) Fier de + subst. ou inf. Moi si calme naguère, si fier de ma sérénité (FLAUB., Corresp., 1846, p. 219). J'étais fière d'avoir conquis leur estime (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 295).
En partic. Être fier de soi. Être satisfait de soi-même. Existe-t-il en vous, comme chez beaucoup de femmes fières d'elles-mêmes, amoureuses de leurs perfections, un sentiment d'égoïsme raffiné (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 128) :
1. Un pénitent c'est un monsieur qui n'est pas très fier de soi.
Qui n'est pas très fier de ce qu'il a fait.
Parce que ce qu'il a fait, il faut le dire, c'est le péché.
Un pénitent c'est un monsieur qui a honte de soi et de son péché.
PÉGUY, Porche Myst., 1911, p. 246.
b) Fier + complétive introd. par la conj. que. Il était fier qu'on le traitât en homme, et il s'acquittait de sa tâche gravement (ROLLAND, J.-Chr., Aube, 1904, p. 32).
c) Fam. Il n'y a pas de quoi être fier. Il est préférable de ne pas s'en vanter. Dora. — (...) J'ai appris à être calme au moment où j'ai le plus peur. Il n'y a pas de quoi être fière. Annenkov. — Sois fière, au contraire. Moi, je n'ai rien dominé (CAMUS, Justes, 1950, II, p. 328). Il n'y a pas de quoi être fier, répliqua M. Tuck, plus acerbe (GREEN, Moïra, 1950, p. 92).
3. P. ext.
a) [En parlant d'une pers., de son caractère] Qui a de la trempe, du cran; qui fait preuve d'audace et d'énergie. Synon. fougueux, impétueux. Ce frère Goulven, comme il avait l'air décidé et fier! (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 35). Pour des êtres fiers et énergiques la discipline demande un tel sacrifice de toutes les heures, qu'on ne peut pas perdre l'habitude de l'estimer au prix qu'elle coûte (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p. 430). Que je l'aimais ainsi! Beau, fier, insoumis (GIDE, Thésée, 1946, p. 1449)
Loc. Ne pas être fier. Ne pas être rassuré, avoir peur de + inf. Un bélier extraordinaire qu'on ne serait pas fier de rencontrer dans un bois (RENARD, Journal, 1902, p. 739). J'avoue qu'hier soir je n'étais pas fier. En général, quand l'expectoration cesse aussi brusquement... (...). Il ne s'agit plus que d'éviter l'endocardite (MARTIN DU G., Thib., Belle sais., 1923, p. 860).
P. méton. [En parlant du comportement ou des attitudes d'une pers.] Qui manifeste courage et détermination. C'est Émile Zola qui le premier demande des comptes. Il le fait avec une telle crânerie, ses accusations sont si nettes et d'une si fière audace qu'il est impossible que le gouvernement esquive l'obligation de le poursuivre (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. 129). Il avait dans son geste on ne savait quoi de fier, d'impatient. Ses yeux le disaient prêt à tout oser selon l'honneur (POURRAT, Gaspard, 1925, p. 177).
En partic., B.-A. [En parlant d'un artiste, p. méton. d'une œuvre ou de l'instrument d'exécution] Qui manifeste, par sa hardiesse ou son ampleur, une grande vigueur créatrice. Composition, touche fière. Cette façade (...) où se dressent, (...) taillés du ciseau le plus fier, neuf palatins, deux rois et cinq empereurs (HUGO, Rhin, 1842, p. 330). C'était d'un fier coloriste, d'un beau peintre (PROUST, Sodome, 1922, p. 938) :
2. À l'aspect de cette peinture étrange [l'Officier de chasseurs, de Géricault], si violente, si mouvementée, si fière de dessin et de couleur, David, effaré, s'écria : « D'où cela sort-il (...) »
GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p. 21.
b) [En parlant de l'aspect physique d'une pers.] Qui force l'admiration, en impose, par une allure noble, une apparente autorité. Allure fière. Sa démarche fière, son port majestueux, le sourire de sa bouche, le pouvoir de ses yeux (NERVAL, Faust, 1840, 2e part., p. 140). En ce moment il lui paraissait beau, fier et puissant comme un dieu (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 458).
P. anal. [En parlant d'un inanimé concr.] Belles forêts de sapins gigantesques, élancés, fiers (SAND, Lettres voy., 1837, p. 286). Un coteau dominé par de fières montagnes (JAMMES, Mém., 1921, p. 3). Ce massif d'ormes, de frênes, de bouleaux, de tilleuls, tous d'un beau croît et d'une fière ampleur (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 174).
B.— Péj. Qui affiche une supériorité souvent illusoire; qui affecte des airs hautains et méprisants. Synon. arrogant, dédaigneux. Il était (...) fier et (...) arrogant (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 60). Un être insupportable, toujours nerveux, et qui vous passerait sur le corps, tant il est fier! (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 543) :
3. Avec les petits paysans des montagnes ou les petits pêcheurs de l'île je n'avais jamais été fier; (...) à l'occasion, j'avais joué avec eux comme avec des égaux. Tandis que j'étais fier avec ces enfants du collège, qui, eux, me trouvaient bizarre et poseur. Il m'a fallu bien des années pour corriger cet orgueil, pour redevenir simplement quelqu'un comme tout le monde; surtout pour comprendre qu'on n'est pas au-dessus de ses semblables...
LOTI, Rom. enf., 1890, p. 212.
Pop. Ne pas être fier. [En parlant gén. d'une pers. occupant une position sociale jugée élevée] Être d'un abord simple et facile. Delaherche n'était pas fier, comme on disait, aimant à causer avec les petits de ce monde, par un goût bavard de la popularité (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 187). Monsieur de Fonteneilles est mort. — Le vieux? — Non, le petit. — C'est dommage; c'était le meilleur des deux; il n'était pas fier (R. BAZIN, Blé, 1907, p. 346). Moi, j'ai voté pour lui, parce qu'il n'est pas fier (CAMUS, Révolte Asturies, 1936, I, 2, p. 406).
1. P. méton. [En parlant du comportement ou des attitudes d'une pers.] Qui marque la condescendance, le mépris. Air fier; mine fière. Ils arrêtèrent sur Bayonne un regard fier et distant, qui appelait de très haut, avec condescendance (DE VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 20).
2. Loc. proverbiales et hist.
a) Fier, fière comme Artaban. Qui est sottement imbu de sa personne (comme le héros du roman de La Calprenède Cléopâtre). Tel encyclopédiste était fier comme Artaban d'avoir prouvé qu'il n'était qu'une brute, une plante, ou une machine (AMIEL, Journal, 1866, p. 118). Savigny, haut comme une botte, fier comme Artaban, qui se destinait à la marine et se refusait obstinément à étudier la géographie, alléguant qu'il l'apprendrait très bien en naviguant (FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 398).
b) Fier, fière comme un paon. Qui a l'allure hautaine du paon. Je voudrais être une reine Fière comme un paon, Dont on aurait grande peine À baiser le bout du gant! (BARB. D'AUREV., Memor. 1, 1838, p. 190). Mon François était fier comme un paon... Allons ne dis pas le contraire... (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 59).
c) Fier Sicambre. [P. réf. à l'apostrophe de l'évêque saint Rémi à Clovis lors de son baptême : Courbe la tête, fier Sicambre, adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré] Homme qui a un sens très fort de son amour-propre. Voilà Goërres, le fier Sicambre, qui a vu le Vatican. Il a plié le genou, lui, l'audacieux! (QUINET, All. et Ital., 1836, p. 52). Je ne suis pas un fier Sicambre, mais je brûle tout ce que j'ai adoré (HUYSMANS, Marthe, 1876, p. 140).
3. Emploi subst., fam. Faire le fier, la fière. Marquer ses distances, faire des manières. Tu ne me tutoies plus, tu fais la fière... Est-ce parce que tu es bien nippée? (ZOLA, M. Férat, 1868, p. 211). Avec, sur son armure, Son grand col de dentelle, il vient faire le fier! (ROSTAND, Cyrano, 1898, IV, 3, p. 161). Tout de même, Armand faisait bien le fier : il méprisait son père (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 374).
C.— Fam., antéposé. Qui est particulièrement remarquable; qui est de première importance. Synon. fameux, sacré (pop.).
1. [En parlant d'une pers.] Un fier luron! Ce petit-là... (MUSSET, Lorenzaccio, 1834, I, 2, p. 93). N'empêche que le père Margaillan, tout crétin qu'il te semble, est un fier homme dans sa partie (ZOLA, Œuvre, 1886, p. 171).
2. [En parlant d'un inanimé abstr., en partic. d'une qualité, d'une capacité] Elle lui trouvait [à Nana] un fier talent (ZOLA, Nana, 1880, p. 1167). Monsieur, vous m'avez rendu un fier service (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Colp., 1893, p. 1170).
Péj. [En parlant d'un défaut, d'une erreur, etc.] Ce mariage était une fière sottise (CONSTANT, Journaux, 1816, p. 462). Il faut un fier toupet pour oser proférer, à la face de l'Europe, une telle affirmation (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. 328). Le directeur, un nommé Braun qui parle de son « apostolat », me paraît avoir un fier culot (BLOY, Journal, 1903, p. 155).
3. En partic. Fière chandelle.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Avec cher fait exception à la liste d'adj. en -er, -ier (léger, altier) qui ont perdu du XVIIIe au XIXe s. la prononc. de l'r final du masc. ([], [altje]) rejoignant ainsi, peu à peu, les subst. de même finale. Comparer aussi avec l'inf. fier ([fje]). On rappelle que cher rime avec léger, fier avec altier dans Racine (cf. MART. Comment prononce 1913, p. 293). Étymol. et Hist. A. Adj. 1. ca 1100 « farouche, terrible, redoutable » (Roland, éd. J. Bédier, 1111); 2. a) ca 1100 « orgueilleux » (ibid., 56); b) ca 1100 « qui a des sentiments nobles, élevés, le souci de sa dignité » (ibid., 118); 3. ca 1165 « grand, extraordinaire » (B. DE SAINTE-MAURE, Troie, 7086 ds T.-L.). B. Subst. 1. 1666 se tenir sur son fier (MOLIÈRE, Mélicerte, I, 4, 147); 2. 1693 faire le fier (DANCOURT, Les Bourgeoises à la mode, III, 6 ds LITTRÉ). Du lat. class. ferus « sauvage, farouche, cruel ». Fréq. abs. littér. :5 005. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 7 210, b) 9 589; XXe s. : a) 6 947, b) 5 815.
DÉR. Fiérot, o(t)te, (ote, otte)adj., fam. a) [Correspond à fier II, B] Un peu fier. Tandis qu'ils sont froids et fiérots, Les vrais beaux fils des Parisiennes (LORRAIN, Modern., 1885, p. 109). Les patrons les plus consommés, les plus fiérots n'avaient pas honte de le consulter (ARNOUX, Rhône, 1944, p. 189). Emploi subst. Ça sera [Claire] une fiérotte et une originale comme son père (A. DAUDET, Fromont jeune, 1874, p. 63). b) Qui manifeste le contentement de soi d'une manière un peu naïve. Synon. faraud (fam.), fat, glorieux. Il était content et fiérot comme un chien qui se promène avec une pomme de pin dans la gueule (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 831). [], fém. [-øt]. 1res attest. a) adj. ) 1545 fierot « un peu fier » (LE MAÇON, Le Décaméron de J. Boccace, VI Préambule ds HUG.), attest. isolée, ) 1808 « prétentieux, fat d'une manière puérile » (HAUTEL), b) subst. 1780 « personne un peu fière » (BEAUMARCHAIS, Mémoires, III, 83 ds BRUNOT t. 6, 1308); de fier, suff. -ot, ote, cf. a. fr. fieret « un peu fier » 1re moitié du XIIIe s. (J. ÉRART, Poésies, éd. J. Newcombe, p. 56). Fréq. abs. littér. : 5.
BBG. — BURGESS (G.S.). Orgueil and fierté in twelfth-century French. Z. rom. Philol. 1973, t. 89, pp. 103-122. — PAULI 1921, p. 15 (s.v. fiérot). — VENCK. 1975, pp. 211-232.

1. fier [fje] v. tr.
ÉTYM. V. 1080, v. pron.; du lat. pop. fidare « confier », dér. de fidus « fidèle ».
(XIIe). Vx. Livrer (qqch.) à la fidélité de quelqu'un. Confier.
1 Ciel, à qui voulez-vous désormais que je fie
Les secrets de mon âme et les soins de ma vie ?
Corneille, Cinna, IV, 2.
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se fier v. pron.
Mod. Accorder sa confiance (à qqn ou à qqch.). Confiance (avoir confiance en, faire confiance à). || Je me fie entièrement à vous. Abandonner (s'), remettre (s'en); crédit (faire). || On ne sait plus à qui se fier (→ Châtain, cit. 1). || Vous pouvez vous fier à son expérience. || Marin qui se fie à ses instruments de navigation (→ Boussole, cit. 2). Compter (sur). || Candidat à un examen qui se fie à la chance. Tabler (fam.). || À votre place je ne m'y fierais pas trop.Sot, fou, fol qui s'y fie ! (→ Avenir, cit. 5). — ☑ À qui se fier ! : on ne peut se fier à personne.Iron. || Fiez-vous-y ! (→ Écrire, cit. 31).
Vx. || Se fier en, dans quelque chose. || Se fier trop sur ses propres forces (Académie). || Je me fie à vous du soin de mes intérêts. Reposer (se reposer sur).
2 Que l'homme est malheureux qui au monde se fie !
Ronsard, Élégies, XXIV.
3 (…) fiez-vous à tout le monde, et vous aurez bientôt à la maison une bonne femme pour vous tromper, de bons amis pour vous la souffler, et de bons valets pour les y aider.
Beaumarchais, le Barbier de Séville, II, 4.
4 Partout hypocrisie, ou du moins charlatanisme, même chez les plus vertueux, même chez les grands; et ses lèvres prirent l'expression du dégoût (…) Non, l'homme ne peut pas se fier à l'homme.
Stendhal, le Rouge et le Noir, II, XLIV.
5 Quand un mari se fie à sa femme, il garde pour lui les mauvais propos, et quand il est sûr de son fait, il n'a que faire de la consulter.
Musset, Comédies et Proverbes, Le chandelier, I, 1.
6 Je sais de mon côté que j'ai affaire en vous à un galant homme. Je me fie à votre discrétion.
Loti, les Désenchantées, I, V.
CONTR. Défier (se), méfier (se), suspecter.
DÉR. Fiable, fiance.
COMP. Défier, méfier (se).
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2. fier, fière [fjɛʀ] adj.
ÉTYM. V. 1050; lat. ferus « sauvage » (par oppos. à « apprivoisé »). → Farouche.
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I Vx.
1 (V. 1190). a Vx. (En parlant des animaux). Difficile à approcher ou à apprivoiser. Farouche, sauvage; inapprivoisable, indomptable.
1 Nés tous deux (l'aigle et le lion) pour le combat et la proie, ils sont également ennemis de toute société, également féroces, également fiers et difficiles à réduire; on ne peut les apprivoiser qu'en les prenant tout petits. Ce n'est qu'avec beaucoup de patience et d'art qu'on peut dresser à la chasse un jeune aigle de cette espèce (…)
Buffon, Hist. nat. des oiseaux, Le grand aigle, Œ., t. V, p. 52.
b (V. 1050). Vx (langue class.). Animaux, personnes. Cruel, féroce. Barbare, méchant.
2 Ce fier animal (la mort) pour toutes les prières,
Ne perdrait pas un coup de ses dents meurtrières (…)
Molière, l'Étourdi, II, 3.
3 L'animal le plus fier qu'enfante la nature
Dans un autre animal respecte sa figure (…)
L'homme seul, l'homme seul, en sa fureur extrême,
Met un brutal honneur à s'égorger soi-même.
Boileau, Satires, VIII.
4 Et le farouche aspect de ses fiers ravisseurs (…)
Racine, Britannicus, II, 2.
c Vx ou techn. Qui se taille difficilement. || Pierres fières. || Marbre fier.
d Régional. Âpre. || Pomme fière.
2 Littér. Vx. Qui a de l'audace, de la fougue, du courage, de l'intrépidité. || Fier lion (→ Associé, cit. 2). || Ce fier et fougueux animal (→ Cheval, cit. 1 et 11). || Fiers coursiers (cit. 2). || Fiers guerriers (→ Audace, cit. 10). || Fiers capitaines (→ Armada, cit.).(XIIe). Qui a l'impétuosité, la violence… d'une bête farouche.
5 Leur fière impétuosité (des eaux)
Qui comble tout d'horreurs (…)
Corneille, l'Office de la Vierge, 13.
6 Les feuilles (…) tombent des forêts, quand un fier aquilon, ramenant l'hiver, fait gémir les troncs des vieux arbres et en agite toutes les branches.
Fénelon, Télémaque, XIII.
6.1 Je ne m'étonne plus, dit-elle en elle-même, que le scélérat ne veuille pas manger de sel avec mon maître; c'est son plus fier ennemi, il veut l'assassiner; mais je l'en empêcherai.
A. Galland, les Mille et une Nuits, t. III, p. 303.
Qui, dans sa solitude, paraît farouche et majestueux :
7 (…) le mont Saint-Michel, ce mont si orgueilleux, que vous avez vu si fier (…)
Mme de Sévigné, 1174, 9 mai 1689.
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II Mod.
1 (1080). Vieilli. Qui, par son attitude hautaine, ses manières distantes, montre qu'il se croit supérieur aux autres. Accrêté (vx), altier, arrogant (cit. 4), bouffi (d'orgueil), dédaigneux, distant, entier, faraud, fat, glorieux, hautain, méprisant, orgueilleux, prétentieux, rogue, suffisant, superbe, vain. || La fortune l'a rendu bien fier (→ Comte, cit. 2). || L'orgueil de ce monarque si fier (→ Associer, cit. 4). || Une femme fière (→ Agréable, cit. 12; applaudir, cit. 18). || À le voir si fier, si plein de lui-même, on croirait que le roi lui-même n'est pas son cousin. || Il faut éviter de parler et encore plus de badiner avec les personnes fières (Trévoux).
8 Un homme fier et superbe n'écoute pas celui qui l'aborde dans la place pour lui parler de quelque affaire (…)
La Bruyère, les Caractères de Théophraste, Orgueil.
9 L'homme fier, c'est celui qu'un sentiment fondé sur l'estime qu'il a de soi-même empêche de se familiariser et éloigne des personnes qu'il croit au-dessous de lui par la naissance, par les biens ou par les talents.
Dict. de Trévoux, art. Fier.
10 Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier ! Qu'avez-vous fait pour tant de bien ? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus.
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, V, 3.
Cour. Fier comme Artaban, comme un coq, comme un paon, comme un pou : très fier, prétentieux.(Surtout en tournure négative). || Il n'est pas fier : il est simple, il ne fait pas de manières.N. → ci-dessous, 4. : faire le fier.
11 Je ne suis pas fier, je rafistole moi-même une marche de mon escalier.
Balzac, Eugénie Grandet, Pl., t. III, p. 501.
12 Tu es bien fière, que tu passes sans dire bonjour aux amis ! — Dame ! répondit-elle, tu te caches, on ne te voit pas.
Zola, la Terre, III, IV.
13 Lui était de bonne humeur, cordial, jovial, s'arrêtant à causer avec les ouvriers, les soldats, les paysans. « Au moins celui-là n'est pas fier ! » disaient-ils.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, I, p. 13.
Allus. hist. Courbe la tête, fier Sicambre…
Littér. (En parlant du comportement, des attitudes). || Une nature un peu fière (→ Cabré, cit. 16). || Mine fière. Altier (→ Adoucir, cit. 12). || Prendre une attitude fière et hautaine. Avantageux, conquérant, satisfait, supérieur (→ Se dresser sur ses ergots). || Parler d'un ton fier et menaçant. Rogue.
14 Cet air fier et censeur qui juge de tout.
Massillon, Avent, Disp., in Littré.
15 (…) cette femme solitaire et droite, comme une rose triste qui d'être défeuillée a le port plus fier.
Colette, la Naissance du jour, p. 229.
2 (1080). Littér. Qui a un vif sentiment de sa dignité, de son indépendance et de son honneur; qui a des sentiments élevés, nobles. || Caractère, cœur fier. || Âme fière (→ Estime, cit. 11). Courageux, 2. crâne, digne, hautain (II., 3., vx), noble. || Susceptibilité de paysanne fière (→ Blesser, cit. 24). || Chef jeune et fier (→ Consul, cit. 3). || La noblesse de ces fiers Romains (→ Aisance, cit. 3).(1665). || Démarche noble et fière. || Port fier et majestueux.
16 Les nuances sont si délicates, qu'esprit fier est un blâme, âme fière est une louange; c'est que par esprit fier on entend un homme qui pense avantageusement de soi-même, et par âme on entend des sentiments élevés.
Voltaire, Dict. philosophique, Fierté.
17 (…) ce caractère indomptable et fier, impatient de joug et de servitude, qui m'a tourmenté tout le temps de ma vie dans les situations les moins propres à lui donner l'essor.
Rousseau, les Confessions, I.
18 Je ne viens point jeter un regret inutile
Dans l'écho de ces bois témoins de mon bonheur.
Fière est cette forêt dans sa beauté tranquille,
Et fier aussi mon cœur.
A. de Musset, Souvenir, p. 138.
19 Bonté suprême, ô Jésus, donnez-moi un cœur épris de vous qu'aucun spectacle, aucun bruit ne puissent distraire, un cœur fidèle et fier qui ne chancelle, qui ne descende jamais (…)
Francis Jammes, Clara d'Ellébeuse, III.
Fière cité, au courage indomptable.
20 (…) les Grecs, qui, par mille moyens,
Par mille assauts, par cent batailles,
N'avaient pu mettre à bout cette fière cité (…)
La Fontaine, Fables, II, 1.
3 (1080). || Fier de… : qui a de la joie, de la satisfaction de… || Se montrer fier de quelqu'un, de quelque chose. Content, heureux, satisfait; enorgueillir (s'). || Fier de ses droits, de sa force, de sa beauté (→ Arroger, cit. 3; bijou, cit. 6). || Écolier fier de ses premiers succès ( Enflé, gonflé). || Il est fier du succès de son fils. || Fier de (suivi de l'inf.). → Déjouer (cit. 4). — Être fier de soi-même. || Il ne se sent pas autrement fier de lui.Iron. || Il n'y a pas de quoi être fier. Vanter (se).
21 Il comptait des héros parmi ses ancêtres, et il en était fier, orgueil bien légitime.
Th. Gautier, Souvenirs de théâtre, p. 313.
22 (…) la touchante naïveté de certains de nos hommes de lettres, d'Académie ou d'ailleurs. Ils sont fiers de jouer un rôle !
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XVII, p. 123.
23 Elle était toute fière de savoir s'y reconnaître, et de lui servir de guide.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXIII, p. 200.
24 On n'est pas plus responsable d'être intelligent que d'être bête. Il n'y a pas plus à être fier de l'un qu'à rougir de l'autre.
Paul Léautaud, le Théâtre de M. Boissard, XVI, p. 79.
4 N.(1692). Faire le fier : se montrer prétentieux, suffisant, se donner des airs. Crâneur; → Air (cit. 24) et aussi arrogamment, cit. 2. || Ne faites pas tant la fière.
25 Il fit le fier et ne s'en trouva pas bien.
Hamilton, Mémoires du comte de Gramont, 9, in Littré.
5 (XIIe). Avant le nom. Beau, fameux, 1. fort, rude. || Une fière santé (→ Assurer, cit. 35). || Une fière engueulade (cit. 2). — ☑ Loc. Je lui dois une fière chandelle. || Il a un fier toupet. 1. Sacré. || Un fier insolent (→ Écorcher, cit. 1).
26 Tout ça pourtant m'a coûté un fier baiser sur la joue.
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, V, I.
27 Allons donc ! je serais un fier misérable (…)
Flaubert, l'Éducation sentimentale, I, IV.
28 Je parle de la méchanceté des hommes, c'est une façon de dire : il y a de fières canailles !
René Boylesve, l'Enfant à la balustrade, I, V, p. 36.
CONTR. Affable, avilissant, familier, humble, modeste, simple.
DÉR. Fièrement, fiérot, fierté.
COMP. Fier-à-bras.

Encyclopédie Universelle. 2012.