conter [ kɔ̃te ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1080; de computare → compter
1 ♦ Vx ou région. Exposer par un récit. ⇒ 1. dire, narrer, raconter, relater. Contez-nous la chose en détail, comment la chose est arrivée. « Elle avait entendu conter que certaines maladies laissent derrière elles la folie pour guérison » (Zola). — Iron. Allez, contez-nous vos malheurs. ⇒ raconter.
2 ♦ Dire (une histoire) pour amuser. ⇒ conteur. — Conter fleurette. « Si Peau d'âne m'était conté, j'y prendrais un plaisir extrême » (La Fontaine).
3 ♦ Vieilli Dire (une chose inventée) pour abuser. Que me contez-vous là ? ⇒ chanter. — EN CONTER À QQN.⇒ abuser, tromper. Il ne s'en laisse pas conter, il ne faut pas lui en conter : on ne l'abuse pas facilement.
⊗ HOM. Compter, comté.
● conter verbe transitif (latin computare, compter) Rapporter un fait en énumérant ses diverses circonstances, en faire le récit ; narrer : Conter une histoire. ● conter (citations) verbe transitif (latin computare, compter) Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 Et conter pour conter me semble peu d'affaire. Fables, le Pâtre et le Lion Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 Si Peau-d'Âne m'était conté J'y prendrais un plaisir extrême. Fables, le Pouvoir des fables (À M. de Barillon) ● conter (expressions) verbe transitif (latin computare, compter) En conter à quelqu'un, le tromper, l'abuser, se moquer de lui. S'en laisser conter, se laisser abuser, se laisser séduire. ● conter (homonymes) verbe transitif (latin computare, compter) compter verbe comté nom masculin ● conter (synonymes) verbe transitif (latin computare, compter) Rapporter un fait en énumérant ses diverses circonstances, en faire...
Synonymes :
- narrer
- raconter
- relater
conter
v. tr.
d1./d Faire le récit de, narrer. Conter ses peines.
d2./d Dire (une histoire inventée). Je vais vous conter l'histoire de Barbe-Bleue.
d3./d Ne pas s'en laisser conter: ne pas se laisser abuser.
⇒CONTER, verbe trans.
A.— Littér. Faire le récit détaillé d'un fait. Synon. du plus usuel raconter. En chemin, il lui avait conté son aventure (ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, Le 6 octobre, 1932, p. 288) :
• 1. Ma chère sœur, tu comprends bien que je ne t'ai rien pu dire devant Eugénie mais j'avais tout mon voyage à te conter.
BALZAC, Correspondance, 1833, p. 389.
— En emploi abs. Il est difficile de bien conter. En avoir long à conter. Avoir beaucoup de choses à dire. André. (...) Depuis bientôt trois ans qu'il est parti d'ici, il doit avoir du neuf à conter (A. DUMAS Père, Charles VII chez ses grands vassaux, 1831, I, 1, p. 235).
— [Avec un obj. interne, désignant en partic. un récit ancien et/ou légendaire] Conter des histoires à la veillée :
• 2. ... ce petit homme noir qui d'abord l'a fait rire, étonne, puis captive en lui contant des fables merveilleuses à peu près semblables à celles que ses bergers rapportent des montagnes et qu'illustrent des images peintes taillées dans du bois d'olivier, ...
É. FAURE, L'Esprit des formes, 1927, p. 248.
B.— P. ext. Dire des choses fausses ou de pure invention pour abuser autrui. En conter de belles, de bien bonnes; que me contez-vous là?
— Expressions
♦ En conter à qqn. Tenter de l'abuser :
• 3. [Étienne à Brulette :] — Tu sais que je ne t'en conte plus; ainsi tu peux me croire quand je te dis que tu n'as jamais été si jolie...
G. SAND, Les Maîtres sonneurs, 1853, p. 250.
♦ S'en laisser conter, s'en faire conter. Se laisser tromper ou séduire.
♦ En conter à une femme. La courtiser :
• 4. Le jargon de Voiture est encore de saison avec elle [madame de Sablé] jusqu'au dernier jour; elle a besoin, à plus de soixante-dix-sept ans, qu'on lui en conte.
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 472.
♦ Conter fleurette à une femme. Lui faire la cour, lui tenir des propos galants. Monsieur de la Roche-Hugon (...) s'amuse à conter fleurette à des douairières (BALZAC, La Paix du ménage, 1830, p. 330). Tiens, tiens, M. de Ravenel qui conte fleurette à ma cliente (MAUPASSANT, Mont-Oriol, 1887, p. 179).
Prononc. et Orth. :[], (je) conte []. Ds Ac. depuis 1694. Homon. compter, comté. Étymol. et Hist. 1. Début XIe s. forme prov. comptar « relater [en énumérant des faits, des événements] » (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 447); 1125-30 conter (Paraphrase du Cantique des Cantiques, vers 10 ds Altfranzösisches Übungsbuch, éd. W. Foerster et E. Koschwitz, p. 163); 2. 1595 en conter de belles (MONTAIGNE, Essais, livre 2, chap. 12, éd. A. Thibaudet, p. 626); 1606 en compter à qqn (NICOT, s.v. compter); 1637 en conter (à une femme) « (la) courtiser » (CORN., Place Roy., I, 3 ds LIVET Molière); 1667 conter des fleurettes (MOLIÈRE, Le Sicilien, scène XIII); 3. 1671 « dire une histoire imaginaire pour distraire » (LA FONTAINE, Nouvelle, Les Oies de frère Philippe, éd. H. Régnier, t. 5, p. 12). Empr. au lat. class. computare (compter), attesté en lat. médiév. au sens de « narrer » (906 ds DU CANGE t. 2, p. 473a), le développement sém. s'étant fait à partir de « compter, énumérer ». Fréq. abs. littér. Conter : 2 348. Contant : 101. Conté : 490. Fréq. rel. littér. : Conter : XIXe s. : a) 3 079, b) 4 842; XXe s. : a) 5 018, b) 1 735. Conté : XIXe s. : a) 568, b) 1 103; XXe s. : a) 954, b) 433. Bbg. ENTRAYGUES (M.). Compter et conter. Vie Lang. 1954, pp. 301-302. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 224, 247, 421. — GOUG. Mots t. 1 1962, p. 16. — GOUG. Lang. pop. 1929, p. 192. 203. — ROG. 1965, p. 235.
conter [kɔ̃te] v. tr.
ÉTYM. 1080; in T. L. F., 1125; provençal comptar, déb. XIe; du lat. computare. → Compter.
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1 Vx ou régional. Exposer par un récit. ⇒ Dire, narrer, peindre, raconter (cour.), rapporter, relater. || Contez-nous la chose en détail, contez-nous comment la chose est arrivée. || Vous viendrez me conter la nouvelle. || On m'a conté que… || Conter brièvement qqch. || Conter qqch. de fil en aiguille (cit. 12). — Absolt. || Il est difficile de bien conter (→ Auditeur, cit. 4).
1 Si je voulais conter de point en point
Tout le détail, je manquerais d'haleine.
La Fontaine, Fables, VII, 8.
2 Hélas ! avec plaisir je me faisais conter
Tous les noms des pays que vous allez dompter (…)
Racine, Iphigénie, IV, 4.
3 L'une des marques de la médiocrité de l'esprit est de toujours conter.
La Bruyère, XII, 52.
4 Elle avait entendu conter que certaines maladies laissent derrière elles la folie pour guérison.
Zola, la Faute de l'abbé Mouret, p. 222.
♦ ☑ (1595). Loc. En conter de(s) belles (cit. 75), de(s) fortes, des histoires qui étonnent, choquent, scandalisent.
♦ Iron. || Allons, contez-nous vos malheurs. ⇒ Raconter.
♦ Fig. (Sujet nom de chose). ⇒ Exprimer.
5 Son image seule conte ce combat perpétuel en traits inoubliables.
André Suarès, Trois hommes, III, « Pascal », p. 53.
2 (1671). Dire (une histoire imaginaire, un conte) pour distraire. ⇒ Raconter. || Les grand-mères contaient des histoires à la veillée. — Absolt. || L'art de conter s'est perdu, dans les civilisations industrielles.
6 Si Peau d'âne m'était conté,
J'y prendrais un plaisir extrême.
La Fontaine, Fables, VIII, 4.
7 Il lui suffisait d'en inviter parfois une à sa table, seul ou avec un couple ami, de lui adresser tout le long du repas des galanteries voisines de l'obscénité, et de la raccompagner jusqu'à sa porte en lui contant des histoires dont il riait seul.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXV, p. 239.
7.1 Ce conte, il aurait pu simplement me le conter, il le savait par cœur, moi aussi, mais cela ne m'aurait pas calmé, il devait me le lire, soir après soir, ou faire semblant de me le lire, en tournant les pages et en m'expliquant les images, qui étaient moi déjà, soir après soir les mêmes images, jusqu'à ce que je m'assoupisse contre son épaule.
S. Beckett, Nouvelles, p. 44.
3 Dire (une chose inventée) pour tromper. || Que me contez-vous là ? || Contez cela à d'autres. || Conter des mensonges. — ☑ Loc. Conter des sornettes, des fagots (vx), des choses invraisemblables.
♦ ☑ Loc. (1606). En conter à (qqn). ⇒ Abuser, tromper. || Il nous en conte ! : il se moque de nous. ☑ S'en laisser, s'en faire conter. || Je ne m'en laisserai pas conter par ce petit prétentieux.
8 (…) sais-tu que ce fils qu'il m'avait tant vanté
Est ce même inconnu qui m'en a tant conté ?
Corneille, le Menteur, III, 3.
9 Ainsi, on lui avait conté des choses, à ce monsieur, et pas un seul instant l'idée ne lui était venue d'en appeler à la vraisemblance…
Courteline, Boubouroche, Nouvelle, p. 54.
♦ (1637). Spécialt et vieilli. || En conter à une femme, lui tenir des propos galants. ⇒ Cour (faire la cour), courtiser. || S'en laisser conter : se laisser séduire.
10 (De ces coquettes) Qui s'en laissent conter (…)
Molière, l'École des maris, II, 7.
♦ ☑ Loc. Conter fleurette à quelqu'un.
11 Il resta auprès d'elle jusqu'à la nuit, car, encore qu'il n'osât lui conter fleurette, il en était si épris et il prenait tant de plaisir à la voir et à l'écouter parler, qu'il ne pouvait se décider à la quitter un moment.
G. Sand, la Petite Fadette, XXIV, p. 163.
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COMP. Raconter.
HOM. Compter, comté.
Encyclopédie Universelle. 2012.