compter [ kɔ̃te ] v. <conjug. : 1> I ♦ V. tr.
1 ♦ Déterminer (une quantité) par le calcul; spécialt Établir le nombre de. ⇒ chiffrer, dénombrer, nombrer. Compter les spectateurs d'un théâtre, les habitants d'une ville (⇒ recenser) . Compter les voix, les suffrages. Compter les moutons. Compter une somme d'argent. Compter les points : juger qui est vainqueur dans une lutte. Compter les coups : fig. observer en restant neutre. Combien en avez-vous compté ? Compter les fils d'un tissu (⇒ compte-fils) , des gouttes (⇒ compte-gouttes) . Appareil qui compte qqch. ⇒ compteur. — On en compte des milliers : il y en a des milliers. On ne les compte plus : ils, elles sont innombrables. On les compte sur les doigts de la main.
2 ♦ Mesurer avec parcimonie. Compter l'argent que l'on dépense. ⇒ regarder (à la dépense). — P. p. adj. Marcher à pas comptés, lentement, solennellement.
3 ♦ Par ext. Compter une somme à qqn, la lui payer. Vous lui compterez mille francs pour son travail.
4 ♦ Mesurer (le temps). Compter les jours, les heures. « Elle avait compté les minutes seconde par seconde au tic-tac du cartel noir » (Green). — Spécialt Compter les heures, les jours : trouver le temps long, par ennui ou impatience.
5 ♦ Avoir duré (un certain temps). Il compte déjà deux ans de règne, de service. — (Choses) Ce monument compte plus de cent ans d'existence. — Loc. Ses jours sont comptés : il lui reste peu de temps à vivre.
6 ♦ Prévoir, évaluer (une quantité, une durée). Il faut compter deux jours de voyage. Il faut compter cent grammes par personne. Combien faut-il compter pour réparer cette montre ? — Absolt Compter large, juste.
7 ♦ Comprendre dans un compte, un total, une énumération. ⇒ inclure. Ils étaient quatre, sans compter les enfants. N'oubliez pas de compter la marge. — Spécialt Faire payer. Le garçon a oublié de (nous) compter les cafés.
♢ Compter parmi, au nombre de : ranger au nombre de. ⇒ comprendre, englober. Je le compte parmi mes ennemis.
8 ♦ Comporter, comprendre. Paris compte deux millions d'habitants.
9 ♦ Littér. Compter (qqch.) pour. ⇒ considérer, estimer, prendre, regarder, réputer (comme). Il compte cela pour beaucoup. ⇒ apprécier. « Comptez-vous vos soldats pour autant de héros » (Racine). — Fam. et enfantin Compter qqn, qqch. pour du beurre, des prunes, considérer comme négligeable; ne pas être pris en compte.
10 ♦ ⇒ espérer, 1. penser. Il compte pouvoir partir demain. Je compte bien qu'il viendra. ⇒ espérer. J'y compte bien. Je comptais qu'il viendrait. ⇒ s'attendre, croire.
11 ♦ Sans compter que : sans considérer que. ⇒ nonobstant (cf. D'autant plus que).
II ♦ V. intr.
1 ♦ ⇒ calculer. Compter de tête. Compter sur ses doigts. Cet enfant sait lire, écrire et compter. Il sait compter jusqu'à dix. — Fig. Être attentif à ses intérêts. Il compte sou par sou. Donner, dépenser; recevoir sans compter. ⇒ généreusement, largement.
2 ♦ COMPTER AVEC, SANS (qqn, qqch.) :tenir, ne pas tenir compte de. Il a de l'influence et il faut compter avec lui. Compter avec l'opinion.
3 ♦ COMPTER SUR : faire fond, s'appuyer sur. ⇒ tabler. Comptez sur moi. Compter entièrement sur qqn, s'abandonner à lui. Ne comptez pas sur moi pour en dire du mal. On ne peut pas compter sur lui : il n'est pas fiable (cf. C'est une planche pourrie). Il compte trop sur sa chance. ⇒ présumer (de). Je compte sur votre participation. ⇒ attendre. — Fam. et iron. Compte là-dessus (et bois de l'eau [fraîche]) : n'y compte pas.
4 ♦ Avoir de l'importance. ⇒ 2. importer. Cela compte peu, ne compte pas. Seul le résultat compte. « Le but, le succès nécessaire comptait uniquement à ses yeux » (Chardonne). Absolt Les gens qui comptent. — Épreuve comptant pour le championnat.
5 ♦ Être compté, évalué. Une année qui compte double. Cette faute compte pour deux points. ⇒ coûter.
6 ♦ Être (parmi). ⇒ figurer. Cet auteur compte parmi les plus grands.
7 ♦ Vx ⇒ dater. Mod. À compter de : à partir de. À compter d'aujourd'hui.
III ♦ SE COMPTERv. pron. (réfl.) Se mettre au nombre de. Je ne me compte pas au nombre de ses amis. — (Pass.) Être compté. Ses bienfaits ne se comptent plus, ils sont innombrables. Ça se compte par milliers, il y en a des milliers.
⊗ CONTR. Négliger; omettre.
⊗ HOM. Comté, conter.
● compter verbe transitif (latin computare) Déterminer le nombre des éléments d'un ensemble en faisant correspondre à chacun d'entre eux, et successivement, chacun des nombres de la série des entiers naturels ; dénombrer : Compter les élèves de la classe. Déterminer le nombre, la quantité de choses, de personnes en procédant à un calcul : N'oubliez pas de compter vos heures pour pouvoir vous faire payer. Faire entrer quelqu'un, quelque chose dans un calcul d'ensemble : Il vous faut trois mètres de tissu en comptant l'ourlet. Évaluer le prix de quelque chose et se le faire payer : Il m'a compté 100 euros (656 francs) pour la réparation. Verser une somme à quelqu'un, la lui payer : Passez à la caisse, le caissier vous comptera vos 100 euros (656 francs). Évaluer une certaine quantité à l'avance, la prévoir : Il faut compter six bonnes heures pour faire ce travail. Attribuer telle valeur à quelqu'un, quelque chose : Vous pouvez compter Pierre pour trois personnes, il mange comme trois. Comporter tel nombre de choses, de personnes, en être constitué, l'avoir, le comprendre : Collection qui compte deux mille gravures. Avoir pour soi des choses ou des personnes au sein d'un ensemble : Il compte quelques personnalités de la finance parmi ses amis. Avoir tel nombre d'années à son actif, avoir une durée de tant : Il compte 20 ans de présence dans la maison. Prendre quelque chose en considération, en tenir compte : Et je ne compte pas la fatigue, les heures d'angoisse. Donner quelque chose à quelqu'un avec parcimonie : On a l'impression qu'il nous compte tout ce qu'il offre. Dénombrer les moments qui s'écoulent ou qui sont à venir en trouvant le temps long : Compter les jours qui séparent des vacances. ● compter (citations) verbe transitif (latin computare) François René, vicomte de Chateaubriand Saint-Malo 1768-Paris 1848 On compte ses aïeux lorsqu'on ne compte plus. Vie de Rancé Bible Ce qui est tordu ne peut être droit, ce qui manque ne peut se compter. Ancien Testament, Ecclésiaste I, 15 Commentaire Citation empruntée à la « Bible de Jérusalem ». ● compter (difficultés) verbe transitif (latin computare) Construction 1. Compter (+ infinitif) = se proposer de. Nous comptons y aller bientôt. 2. Compter que (+ indicatif) = espérer. Elle compte qu'ils viendront. Recommandation Dans le style soigné, éviter la construction compter sur le fait que, lourde et peu élégante bien que grammaticalement correcte. ● compter (expressions) verbe transitif (latin computare) Compter les points, les coups, ne pas intervenir dans une lutte et enregistrer les avantages successifs des deux adversaires. Compter quelque chose, quelqu'un pour rien, ne lui accorder aucune valeur, aucune importance. Sans compter, largement : Dépenser sans compter. Sans compter que, sans tenir compte du fait que ; outre que, en notant en plus que. ● compter (homonymes) verbe transitif (latin computare) conte nom masculin comté nom masculin conter verbe ● compter (synonymes) verbe transitif (latin computare) Déterminer le nombre des éléments d'un ensemble en faisant correspondre...
Synonymes :
- dénombrer
- évaluer
- recenser
Déterminer le nombre, la quantité de choses, de personnes en...
Synonymes :
- chiffrer
Évaluer le prix de quelque chose et se le faire payer
Synonymes :
- facturer
Attribuer telle valeur à quelqu'un, quelque chose
Synonymes :
- prendre pour
- regarder comme
- tenir pour
Comporter tel nombre de choses, de personnes, en être constitué...
Synonymes :
- posséder
- présenter
Prendre quelque chose en considération, en tenir compte
Synonymes :
- englober
- inclure
● compter
verbe transitif et verbe transitif indirect
Attendre de quelqu'un qu'il fasse quelque chose, attendre quelque chose de quelque chose, mettre son espoir en quelqu'un ou en quelque chose : Je compte sur vous pour m'aider.
Avoir l'intention de, se proposer de : Vous comptez venir ?
● compter
verbe intransitif
Énumérer la suite des nombres : Enfant qui sait compter jusqu'à 10.
Faire des calculs : Vous vous êtes trompé dans votre addition, apprenez à compter.
Calculer avec précision ses dépenses par souci d'économie : Avec un budget aussi restreint, il faut sans cesse compter.
Entrer en ligne de compte avec telle valeur : C'est une erreur, ça ne compte pas.
Avoir de l'importance : Pierre compte beaucoup pour elle.
Être au rang, au nombre de : Livre qui compte parmi les plus grands succès de l'année.
● compter (expressions)
verbe transitif et verbe transitif indirect
Compter avec quelqu'un, quelque chose, le prendre en considération, le prévoir.
Compter sans quelque chose, quelqu'un, ne pas le faire entrer en ligne de compte, ne pas le prendre en considération.
Familier. On peut compter sur toi, pour…, se dit pour indiquer qu'on peut prévoir à coup sûr le comportement de quelqu'un.
Pouvoir compter sur quelqu'un, lui faire confiance.
● compter (homonymes)
verbe transitif et verbe transitif indirect
conte
nom masculin
comté
nom masculin
conter
verbe
● compter (synonymes)
verbe transitif et verbe transitif indirect
Avoir l'intention de, se proposer de
Synonymes :
- envisager de
- penser
- projeter de
- songer à
● compter (expressions)
verbe intransitif
À compter de, à dater de, à partir de : À compter du lundi 7 septembre.
Compter large, juste, serré, évaluer une quantité, une mesure, de manière large ou juste suffisante.
Compter pour deux, pour trois, etc., compter double, triple, etc.
● compter (homonymes)
verbe intransitif
● compter (synonymes)
verbe intransitif
Faire des calculs
Synonymes :
- calculer
Avoir de l'importance
Synonymes :
- importer
Être au rang, au nombre de
Synonymes :
compter
v.
rI./r v. tr.
d1./d Dénombrer, calculer le nombre, le montant de. Compter les personnes présentes. Compter sa fortune.
d2./d Comprendre, inclure dans un compte, un ensemble. N'oubliez pas de compter les taxes.
d3./d Comporter. Un parti qui compte de nombreux membres.
|| Compter parmi: ranger au nombre de. Compter plusieurs députés parmi ses amis.
d4./d Prévoir (un prix, une durée, une quantité). Comptez huit jours avant de recevoir la réponse.
d5./d Calculer, mesurer parcimonieusement. Il compte chacune de ses dépenses.
d6./d Compter une somme à qqn, la lui payer.
d7./d Se proposer de, avoir l'intention de. Je compte partir demain.
|| Espérer. Il compte bien te voir ce soir.
d8./d (Québec) SPORT Compter un but, un point, ou, absol., compter: marquer un but. Il a compté deux fois au cours du match.
rII./r v. intr.
d1./d Dénombrer; calculer. Compter jusqu'à cent. Savoir lire et compter.
d2./d Compter avec: tenir compte de. Un homme avec qui il faut compter.
d3./d Entrer en ligne de compte, être pris en considération. La première partie ne compte pas.
|| être important. Ce qui compte, c'est d'être en bonne santé.
d4./d Compter sur: avoir confiance en, s'appuyer sur. Je compte sur vous pour régler cette affaire.
d5./d être parmi. Il compte parmi les meilleurs chimistes.
rIII/r Loc. Prép.
d1./d à compter de: à dater de, à partir de.
d2./d Sans compter: en n'incluant pas. Il me doit mille francs, sans compter les intérêts.
⇒COMPTER, verbe.
I.— Emplois trans.
A.— 1. Déterminer une valeur ou une grandeur numérique par un calcul ou une suite de calculs, ou, le plus souvent, par une énumération, un dénombrement. Compter son argent. J'essayai de m'endormir en comptant des moutons (MAUROIS, Climats, 1928, p. 105). Le garçon comptait et recomptait son addition (ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, p. 384) :
• 1. Sous prétexte d'être fidèle au mécanisme philosophique, préférer, en physique, les modèles mécaniques à des exposés mathématiques, serait aussi enfantin que de vouloir compter les objets en calculant sur ses doigts au lieu de faire une opération avec des chiffres, sous prétexte que l'on n'accepte pas la conception idéaliste du nombre.
RUYER, Esquisse d'une philos. de la struct., 1930, p. 231.
a) [Le verbe est suivi d'une complétive ou d'une interr. indir.] On ne saurait compter combien de désastres auraient pu être épargnés à la France, si ce parti de jeunes gens se fût réuni avec les modérés (Mme DE STAËL, Considérations sur les princ. événements de la Révolution fr., t. 1, 1817, p. 240) :
• 2. La fenêtre lui ayant enfin donné tout ce qu'il attendait d'elle, il revint sur la chaise longue. Largilier compta que c'était la quatrième fois qu'il se déplaçait ainsi.
MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 480.
b) Emploi pronom.
— Passif :
• 3. Il y a du temps dans l'éternité même; mais ce n'est pas un temps terrestre et mondain, qui se compte par le mouvement et la succession des corps; ...
J. JOUBERT, Pensées, t. 1, 1824, p. 330.
— Réfléchi. Ne recommençons pas la pagaille. Comptez-vous par dix (MALRAUX, L'Espoir, 1937, p. 486).
c) Emploi abs. Elle avait dix-huit ans et un mois. Je comptai sur mes doigts et trouvai qu'elle ne serait pas majeure avant deux ans et onze mois (A. FRANCE, Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1881, p. 454). Je compte : 1903 moins 69. Cela fait 1834 (LÉAUTAUD, In memoriam, 1905, p. 186).
— Spécialement
♦ Énumérer la suite des nombres entiers. Les petites filles qui veulent apprendre à compter jusqu'au milliard (GIRAUDOUX, Intermezzo, 1933, II, 1, p. 85). Je compte jusqu'à 3. 1... 2... 3... (CAMUS, Révolte dans les Asturies, 1936, II, 4, p. 419).
♦ À compter de. En prenant comme début, à partir de. Qu'on ne tire rien sans mon « bon », à compter de la feuille 16 inclusivement que j'ai (BALZAC, Correspondance, 1838, p. 501). C'est à compter du quinzième siècle que nous rencontrons, non plus des chanteurs ambulants, mais de vrais écrivains (A. FRANCE, La Vie littér., t. 1, 1888, p. 50).
♦ Faire des comptes d'argent. Il [Graslin] voulut compter avec la cuisinière, il entra dans les minuties de la dépense (BALZAC, Le Curé de village, 1839, p. 44).
Rare. Compter de :
• 4. Ne vous donnez nul souci de ces quatre cents francs; je les donnerai le mois prochain à Lisette, et, à notre première rencontre, nous en compterons.
BALZAC, Lettres à l'Étrangère, t. 2, 1850, p. 450.
Savoir compter. Savoir veiller à ses intérêts.
Vieilli. Compter sans son hôte. Ne pas prendre en considération l'avis d'une personne avec laquelle on est en relations d'affaires, au risque d'essuyer un mécompte; p. ext. se tromper. Qui compte sans son hôte, compte deux fois :
• 5. ... elle [Jeanne] avait fait raser ses magnifiques cheveux (...) elle espérait que ce pénible sacrifice (...) lui en épargnerait de plus pénibles encore. Elle avait compté sans son hôte. M. de Maurescamp (...) trouva que cette coiffure de petit soldat lui prêtait quelque chose d'original et de piquant.
O. FEUILLET, L'Histoire d'une Parisienne, 1881, pp. 29-30.
d) Loc. proverbiales
— Brebis comptées, le loup les mange (vx). L'excès de précautions peut être funeste.
— Compter (tous) les pas de qqn. Surveiller quelqu'un très attentivement.
— Compter les clous de la porte (fam.). Attendre devant une porte fermée. Il la prend par la main, la ramène jusque sur les marches. Maintenant, compte les clous de la porte, tu sauras combien il y en a (POURRAT, Gaspard des Montagnes, Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 133).
— Compter les points, les coups. Assister sans intervenir à une discussion, une lutte. MM. Philip et Gazier menèrent l'attaque avec passion, soutenus par les applaudissements de leurs collègues socialistes; les radicaux comptant les coups (DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1959, p. 279).
e) Littér. [La chose à dénombrer est quantifiable par suite d'une décision de la pers. qui compte] L'heure où l'on compte ses fatigues, où l'on regarde avec épouvante les gerçures de sa peau (FLAUBERT, Correspondance, 1853, p. 342).
— Emploi abs. Compter avec soi-même. Examiner sa conduite, se fournir des explications :
• 6. Son premier projet [de l'auteur] (...) était de donner l'œuvre toute seule au public (...). C'est après l'avoir dûment close et terminée, qu' (...) il s'est déterminé à compter avec lui-même dans une préface...
HUGO, Préf. de Cromwell, 1827, p. 36.
— Emploi pronom. passif. Toute une ville se repent pour lui [Égisthe]. Ça se compte au poids, le repentir (SARTRE, Les Mouches, 1943, I, 1, p. 18).
2. Spécialement
a) [Le compl. d'obj. désigne une unité de temps] Dénombrer les unités écoulées en trouvant le temps long. Tout le monde bâille en comptant les heures qui jamais ne finissent (E. DE GUÉRIN, Journal, 1835, p. 80). Trois jours s'écoulèrent, soixante-douze mortelles heures comptées minute par minute! (A. DUMAS Père, Le Comte de Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 173). Scott comptait les jours quand il était dans la tranchée : or celui-ci était le premier de dix (MAUROIS, Les Silences du colonel Bramble, 1918, p. 86).
b) [Le compl. d'obj. désigne une somme d'argent] Déterminer sa valeur pour la payer et, p. méton., la payer. Veuillez (...) me compter la somme convenue (NERVAL, Petits châteaux de Bohême, 1853, p. 32). Le monsieur, alors, l'a prié de signer un billet et lui a compté autant d'argent qu'il en a voulu (POURRAT, Gaspard des Montagnes, Le Château des sept portes, 1922, p. 98). Il n'était point d'homme un peu raisonnable qui voulût compter monnaie à une vertu d'aussi piètre ragoût (AYMÉ, Le Vaurien, 1931, p. 91).
c) Déterminer la valeur d'une chose pour la faire payer à quelqu'un. Vous m'avez compté le mètre de terrain à deux cent cinquante francs (ZOLA, La Curée, 1872, p. 358). Oh! On la connaît! On lui comptera du brut et on nous servira du mousseux (ANOUILH, La Sauvage, 1938, I, p. 149).
d) Attribuer, utiliser avec parcimonie. Il lui mesurait le vin, il lui pesait la viande, il lui comptait le sommeil (HUGO, L'Homme qui rit, t. 2, 1869, p. 6). Le rêve est à la terre dont les jours sont comptés, la réalité est à l'éternel (O.-V. MILOSZ, L'Amoureuse initiation, 1910, p. 244). Que ne pouvons-nous, sans compter notre temps, ouvrir le dossier? (BARRÈS, Le Génie du Rhin, 1921, p. 57).
— Emploi abs. :
• 7. Il n'a pas simplement emprunté aux mystiques allemands de nombreuses expressions, puisant sans compter dans l'immense richesse de leur admirable vocabulaire; ...
BÉGUIN, L'Âme romantique et le rêve, 1939, p. 88.
♦ Spéc. [Le compl. d'obj. sous-entendu désigne de l'argent, des biens matériels] Le music-hall (...) fit (...) de moi, tout étonnée de compter, de débattre et de marchander, une petite commerçante honnête et dure (COLETTE, La Vagabonde, 1910, p. 35). Elle recevait à ravir avec beaucoup d'aisance, et dépensait sans compter son énorme fortune (GYP, Souvenirs d'une petite fille, 1928, p. 222).
— Locutions
♦ Compter les morceaux à/de qqn. (vieilli). Le réduire à la portion congrue.
♦ Compter ses pas. Marcher lentement. Au fig. Agir avec circonspection.
e) Indiquer, marquer.
— Vx, littér. [Le suj. désigne une pers.] Cet homme, puissant à briser les obstacles, Comptait depuis longtemps ses jours par des miracles (A. DUMAS Père, Caligula, 1837, I, 2, p. 42).
— [Le suj. désigne une chose] La lampe à huile compte goutte à goutte les secondes (COLETTE, L'Ingénue libertine, 1909, p. 1). La trotteuse qui compte les secondes, bonds par bonds (A. ARNOUX, Visite à Mathusalem, 1961, p. 15) :
• 8. Les campanes de Venise Et les cloches de Moscou, l'horloge de la Porte-Rouge qui me comptait les heures quand j'étais dans un bureau...
CENDRARS, Du Monde entier au cœur du monde, Prose du Transsibérien et de la petite Jeanne de France, 1913, p. 48.
3. P. ext.
a) [Le compl. d'obj. fait partie d'un ensemble dénombrable] Inclure dans un ensemble, un total. Une facture de deux cent soixante-et-dix francs sans compter les centimes (FLAUBERT, Madame Bovary, t. 2, 1857, p. 28). Ces gars-là, en février, étaient deux ou trois mille si l'on compte les communistes (MALRAUX, La Condition humaine, 1933, p. 237).
— Emploi pronom.
♦ Passif. Dès l'an neuf cent, les Laginski se comptaient parmi les familles illustres du Nord (BALZAC, La Fausse maîtresse, 1841, p. 8).
♦ Réfl. Quand il faut donner la pâtée à une famille de sept personnes, sans se compter, il y a du tirage! (SUE, Les Mystères de Paris, 1842-43, p. 122).
b) Au fig., littér. Prendre en considération, tenir compte. Le forfait/N'est pas toujours compté pour celui qui le fait (A. DUMAS Père, Christine, 1830, 6, p. 300). Un effort qui, je l'espère me sera compté par vous (COLETTE, Claudine s'en va, 1903, p. 105).
♦ [Le verbe est suivi d'une complétive] Elle [la princesse] n'eut alors que vingt ans! Mais comptez qu'elle s'était préparée à cette heure de comique mensonge avec un art inouï dans sa toilette (BALZAC, Les Secrets de la princesse de Cadignan, 1839, p. 349).
Cour. Sans compter que :
• 9. On remarquera enfin que le rouge et la poudre, de même que les ornements plus primitifs, comme tatouages ou plumes, ont pour effet de dissimuler et d'affaiblir la plupart des mouvements de la physionomie, sans compter qu'ils obligent aussi à les retenir; ainsi naît l'expression, toujours composée.
ALAIN, Système des beaux-arts, 1920, p. 63.
♦ Emploi abs., cour. Compter avec qqn, qqc. L'armée hollandaise (...) représente une force avec laquelle toute puissance militaire (...) doit compter (JAURÈS, L'Armée nouvelle, 1911, p. 493) :
• 10. Le pouvoir de tous ne compte avec personne, le pouvoir d'un seul est obligé de compter avec les sujets, avec les grands comme avec les petits.
BALZAC, Sur Catherine de Médicis, 1843, introd., p. 11.
♦ [Le compl. est suivi d'un déterminant] La maladie à laquelle nous consentons, nous est comptée à crime, comme si nous l'avions provoquée et voulue (AMIEL, Journal intime, 1866, p. 415). [Il] avait laissé percer des opinions et des sentiments qui ne lui furent pas comptés pour bons (GOBINEAU, Les Pléiades, 1874, p. 288) :
• 11. Monsieur prend femme, c'est fort bien,
Il la prend jeune et belle :
Mais, comptant ses amis pour rien,
Monsieur la prend fidèle.
BÉRANGER, Chansons, t. 1, Le Célibataire, 1829, p. 149.
• 12. ... l'homme qui paye bien n'a pas pour cela toutes les vertus, cela est certainement religieux, mais serait aisément compté comme irreligieux orgueil.
ALAIN, Propos, 1933, p. 1129.
— En partic. Attribuer une grande valeur. Du Guet dont les opinions étaient fort comptées dans l'Oratoire (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 367) :
• 13. ... je ne me vante pas d'avoir tenu le premier rang parmi les illustres, mais je n'ai pas non plus été relégué au dernier; on me compte; enfin je suis quelqu'un; mon opinion a du poids au club, ...
GOBINEAU, Les Pléiades, 1874, p. 82.
♦ Emploi pronom. réfl. :
• 14. L'insouciance que j'avais de ma personne me trompa sur l'importance des faits : la plupart des hommes ont le défaut de se trop compter; j'ai le défaut de ne me pas compter assez : je m'enveloppai dans le dédain habituel de ma fortune; ...
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 2, 1848, p. 621.
4. P. méton.
a) Avoir, comporter.
— [Le suj. désigne une pers. ou un ensemble de pers. ou de choses relatives à des pers.] Clapart ne pouvait pas prétendre à une retraite, ne comptant point assez d'années de services au Trésor (BALZAC, Un Début dans la vie, 1842, p. 420). Ma cousine Éva (...) comptait dix-neuf ans (JAMMES, Les Robinsons basques, 1925, p. 173) :
• 15. Papa était l'un des plus grands sirphidiens du monde. C'est, il est vrai, une corporation qui ne compte pas cent membres.
H. BAZIN, Vipère au poing, 1948, p. 41.
♦ Compter dans. Ces enfants mores de haut rang, princes sordides sous la djellaba bleue, qui comptent dans leur ascendance quelque chrétienne capturée (MONTHERLANT, Les Bestiaires, 1926, p. 425). Le parti autrichien (...) devait bientôt compter dans ses rangs le nouvel empereur (ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, La Douceur de la vie, 1939, p. 167).
♦ [Le compl. d'obj. est suivi d'un attribut] Si je le contredis, il me brisera. Et il compte ma sœur pour alliée (ADAM, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, p. 470).
— P. ext. [Le suj. désigne une chose] Trois corps de bâtiment comptant à chaque étage trente-huit fenêtres (VERLAINE, Œuvres posthumes, t. 1, Souvenirs, 1896, p. 236). Le bourg ne comptait qu'une trentaine d'électeurs (MAUROIS, La Vie de Disraëli, 1927, p. 80). Une jeune futaie compte ordinairement de quarante à soixante ans (PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1928, p. 21).
b) [Le suj. est un indéf.] Pouvoir compter. En un an, on compte quatorze cents meurtres à Gand (TAINE, Philos. de l'art, t. 2, 1865, p. 3). Sur le côté ouest, on comptait d'abord trois tours, puis les deux tours de la porte (A. FRANCE, Vie de Jeanne d'Arc, t. 1, 1908, p. 126).
— En partic.
♦ Compter les os, les côtes (d'une pers., d'un animal très maigre). — Un seul cheval! — Et pas beau. On lui compte les côtes (R. BAZIN, Le Blé qui lève, 1907, p. 351).
♦ [Le compl. d'obj. désigne une chose rare, ou, avec l'emploi d'une négation, une chose abondante] :
• 16. Ces faux biens nous abusent; on ne recherche plus Dieu, parce qu'on ne voit pas qu'on est pauvre. On se croit riche parce qu'ils sont nombreux; on en a tant; on ne les compte plus... Il n'y a qu'un bien qui fasse riche : c'est Dieu.
GIDE, Journal, 1891, p. 27.
Emploi pronom. passif :
• 17. La Providence, pour une fois, faisait bien les choses; cela lui arrive, exceptionnellement; ses ratages ne se comptent plus.
A. ARNOUX, Roi d'un jour, 1956, p. 210.
B.— Au fig. Déterminer une valeur ou une grandeur numérique future, la probabilité de réalisation d'une chose espérée.
1. [Constr. nom.] Prévoir, s'attendre à. Je suis parti (...) pour le col de Bormes. Il faut compter six bonnes heures de chemin (H. BOSCO, Le Mas Théotime, 1945, p. 329) :
• 18. Mais un enfant comprendrait qu'à partir de la seconde année l'affaire entre en pleine prospérité et que tout le monde achètera l'alcool Mazarakis-Meillan et Compagnie. Ce n'est donc pas dix mille, c'est trente mille litres par jour qu'il faut compter au minimum.
MIOMANDRE, Écrit sur de l'eau, 1908, p. 83.
2. [Constr. verbale] Espérer, avoir l'intention de.
a) Compter que + complétive. Je compte que l'on me régalera à mon arrivée d'un trio piano, violon et cor de chasse (FLAUBERT, Correspondance, 1858, p. 284). Je compte bien que vivre ne deviendra jamais pour moi une habitude (MONTHERLANT, Le Démon du bien, 1937, p. 1356).
b) Compter + infinitive. J'ai découvert ce matin un cheval qui vaut de l'or (...) je compte le faire courir à Chantilly (E. LABICHE, Le Misanthrope et l'Auvergnat, 1852, 4, p. 143). Le sujet dont je compte vous entretenir cette année est l'histoire de l'art (TAINE, Philos. de l'art, t. 1, 1865, p. 1).
— Vx. Compter de + infinitive :
• 19. Ah! qu'ils ne reposent point leur confiance dans leurs bienfaits, ceux qui commandent à la terre! Qu'ils sèment, mais sans compter de recueillir.
CHATEAUBRIAND, Fragments du Génie du christianisme primitif, 1800, p. 218.
3. Emploi abs. Compter sur qqn, qqc.
a) Compter sur qqn. S'attendre à un comportement favorable de la part de quelqu'un, lui faire confiance. Ne pouvoir compter sur personne. J'ai compté sur vous pour me rendre un petit service (E. LABICHE, Le Misanthrope et l'Auvergnat, 1852, 4, p. 142) :
• 20. C'est toujours la même histoire, dans la vie : il y a des gens sur qui l'on compte, et dont on a besoin, qui ne font pas leur devoir; de sorte que ceux qui continuent de faire le leur font figure de poires et paraissent être joués.
GIDE, Journal, 1918, p. 648.
— P. ext. Ça, question de nous en faire baver, on peut compter sur Simon (AYMÉ, Vogue la galère, 1944, p. 161).
— Par antiphrase, fam. Compte sur moi!
b) Compter sur qqc. S'attendre à, espérer. Compter sur l'aide, l'appui, la reconnaissance de qqn. Il [Riesener] remportait l'inquiétude d'avoir par trop compté sur ma bénignité (E. DELACROIX, Journal, 1854, p. 146) :
• 21. — C'te ferme, vous n'voulez toujours point m'la vendre?
— Pour ça, non. N'y comptez point. C'est dit, c'est dit, n'y r'venez pas.
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, Le Petit fût, 1884, p. 147.
— Par antiphrase, fam. Compte là-dessus et bois de l'eau fraîche! :
• 22. Tu sais, il y en a qui disent aux pisseuses qu'ils veulent envoyer dinguer : je pars pour l'Algérie, bonsoir, mon andalouse, geins pas, je t'enverrai des dattes, — et intérieurement ils pensent : compte là-dessus, il pleut!
HUYSMANS, Les Sœurs Vatard, 1879, p. 125.
II.— Emplois intrans.
A.— Être inclus dans un ensemble, un total. N'être plus là, compter au rang des cœurs cachés (VERLAINE, Œuvres complètes, t. 2, Amour, 1888, p. 14) :
• 23. Celui-là peut compter parmi les grands défunts,
Car son bras a guidé la première carène
À travers l'archipel des Jardins de la Reine...
HÉRÉDIA, Les Trophées, 1893, p. 114.
B.— Avoir une certaine importance. Paris est superbe. Les journées y comptent double pour la pensée et pour la vie (O. FEUILLET, M. de Camors, 1867, p. 260). Elle n'avait jamais compté pour rien dans sa famille (MAUPASSANT, Une Vie, 1883, p. 49). L'honneur est pour moi la chose qui compte le plus au monde (AYMÉ, Uranus, 1948, p. 268) :
• 24. Hugo se plaît à faire rimer deux sonorités diphtongues, l'une comptant pour deux syllabes, l'autre pour une.
GIDE, Journal, 1949, p. 343.
♦ Pop. Compter pour du beurre. N'avoir aucune importance, ne pas être pris en considération. « Ça compte pour du beurre », disent les enfants quand la vraie partie n'est pas encore commencée, quand on joue à l'essai (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 13).
— [Sans déterm.] Avoir une grande importance. Je compte dans le pays; on me salue très bas quand je passe (BECQUE, La Parisienne, 1885, III, 2, p. 319). Ces jours terribles, où nous savons tous que chaque geste compte, que chaque parole a son poids éternel (MAURIAC, Le Bâillon dénoué, 1945, p. 474) :
• 25. Les seuls livres qui comptent sont ceux dont on peut dire que l'auteur serait mort étouffé s'il ne les avait pas écrits.
GREEN, Journal, Le Bel aujourd'hui, 1955-58, p. 190.
Rem. 1. On rencontre ds la docum. quelques ex. du part. passé adj. a) Vous êtes serré, ficelé, harnaché dans vos habits de bal; vous allez à pas comptés, regardant, observant (BALZAC, Petites misères de la vie conjugale, 1846, p. 29). Je le savais bien, va, que c'était fini (...). Ah! pauvres jours comptés, qu'on n'a pas pu passer ensemble (A. DAUDET, L'Évangéliste, 1883, p. 64) (cf. I A 2 d). b) Bien compté. Au moins. C'était quinze kilomètres bien comptés, au retour, avec deux mille kilos pour les cailloux seulement (PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1932, p. 76). Cf. de bon compte. 2. On rencontre ds la docum. a) Le subst. masc. compte-globules. Instrument qui compterait les globules. Le docteur avait eu le temps (...) de lire (...) le compte rendu (...) d'un mémoire qu'il avait présenté (...) au grand Congrès international d'Hygiène, sur un « compte-globules du sang » dont il était l'inventeur (VERNE, Les 500 millions de la Bégum, 1879, p. 6). b) Le subst. masc. compte-paroles. Instrument qui compterait les paroles. Mme Vernet continue. Elle a produit son effet et laisse tomber sa phrase comme avec un compte-paroles (RENARD, L'Écornifleur, 1892, p. 245). c) Le subst. fém. compterie. Action de compter. J'adore beaucoup de vos pièces et non des moins hardies, dans l'envoyage faire foutre des rimes minutieuses et des compteries par trop sur les doigts (VERLAINE, Correspondance [avec G. Kahn], 1887, p. 188).
Prononc. et Orth. :[], (je) compte []. Pour la non-prononc. de p, cf. compte. Ds Ac. 1694-1932. Homon. comté, conter. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 intrans. cunter « calculer » (Roland éd. J. Bédier, 2759); mil. XIIe s. trans. cunter « dénombrer, faire le compte de » (Psautier Cambridge, éd. Fr. Michel, CXLVI, 4); spéc. a) 1172-75 conter les jorz (CHR. DE TROYES, Chevalier Lion, éd. W. Foerster, 2758-59); b) 1348 a compter du « à partir du » (S. Vinc. de Senlis, A. Oise, II, 653 ds GDF. Compl.); c) 1680 compter les morceaux « mesurer avec parcimonie » (RICH.); 1669 en parlant du temps qui est imparti (MOLIÈRE, Tartuffe, 1300); 2. 1115-30 cunter « comprendre (quelqu'un) dans un dénombrement » (PH. DE THAON, Comput, éd. E. Mall, 2114); 1172-75 le conter antre « le mettre au nombre de » (CHR. DE TROYES, op. cit., 6098); av. 1778 compter qqc. « avoir, pouvoir justifier de » (Volt. ds LAV. 1820); 3. fin XIIe s. conter (son souper) « évaluer à un certain prix (aux fins de paiement) » (Aiol, éd. J. Normand et G. Raynaud, 5769); 1687 fig. compter qqc. à qqn (BOSS., Louis de Bourbon ds LITTRÉ); 4. a) 1172-75 conter (qqc.) a « (le) considérer comme » (CHR. DE TROYES, Chevalier Charrette, éd. W. Foerster, 2774); ca 1306 conter (qqc.) pour (G. GUIART, Royaux Lignages, éd. J.-A. Buchon, 6890); 1562 tout conté « tout considéré » (CALVIN, Serm. sur le Deuter., 60 [XXVI, 623] ds HUG.); 1835 sans compter que (Ac.); b) ca 1280 ne conter rien a « ne faire aucun cas de » (G. D'AMIENS, Escanor, 430 ds T.-L.); 1674 compter « faire cas de » (CORNEILLE, Suréna, I, 1, vers 74); c) av. 1703 compter « avoir de l'importance, entrer en ligne de compte » (St. Evremont ds BOISTE 1819); 1820 compter pour rien (LAV.); 1863 « être considéré » (LITTRÉ : Il compte parmi les hommes les plus habiles de sa profession); 5. [XIIe s. « avoir l'intention de » d'apr. FEW t. 2, p. 992b] 1685 (SÉV., 975 ds ROB.); 6. 1220-25 conter « rendre compte » (G. DE CAMBRAI, Barlaam et Josaphat, éd. H. Zotenberg et P. Meyer, 74, 24); qualifié de ,,vieilli`` par DG; 7. av. 1483 compter avec qqn « régler ses affaires avec lui » (LOUIS XI, Nouv. LXXIII ds LITTRÉ); av. 1758 « tenir compte de quelque chose (ou quelqu'un) » (FONTEN., Marsigli, ibid.); 8. av. 1680 compter sur « se fier à » (BENSERADE, Rondeaux ds RICH.). Du lat. class. computare « compter, calculer, comprendre dans un compte; faire les comptes; calculer, être avare; faire entrer en ligne de compte; mettre au nombre de, considérer comme », b. lat. « avoir l'intention de ». La graphie étymol. compter (XIIIe s. d'apr. BL.-W.1-5; 1317-40 Regist. du Parlem. ds GDF. Compl.; fréquente à partir du XVe s.), s'est spécialisée au sens de « calculer », la graphie conter étant réservée au sens de « raconter », v. conter. Fréq. abs. littér. :11 998. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 16 250, b) 17 178; XXe s. : a) 16 108, b) 18 276.
DÉR. Comptage, subst. masc. Action de compter. Radioactivité des solides déterminée par comptage de rayons (Journal de chim. et de phys., 1936, p. 78). Les repérages de la présence de choses agglomérées dans un lieu sont utilement complétés par le dénombrement des quantités transportées d'un point vers un autre, ou le comptage des passages d'un objet en un point (PERROUX, L'Écon. du XXe s., 1964, p. 202). — []. Pour la non-prononc. de p, cf. compte. Ds Ac. 1694-1878. Homon. contage. — 1res attest. 1415 droit de comptage (Rec. gén. des anc. lois fr., t. 8, p. 477) — 1567 comptage ds BARB. Misc. 9, n° 9; av. 1778 comptage « action de compter » (J.-J. Rouss. ds Lar. 19e); 1797 (Prieur, in Ann. de Chimie, XX, 230 ds BARB. Misc. 9, n° 9); de compter, suff. -age. — Fréq. abs. littér. : 1.
COMP. 1. Compte-fils, subst. masc. Petit instrument constitué d'une loupe surmontant une ouverture carrée, servant à compter les fils d'un tissu. Attesté ds la plupart des dict. gén. — []. Cf. compte. — 1re attest. 1832 (RAYMOND); comp. de la forme verbale compte (de compter) et de fil. 2. Compte-pas, subst. masc. Petit instrument servant à compter les pas effectués par celui qui le porte. Synon. odomètre, podomètre. Attesté ds la plupart des dict. gén. — Dernière transcr. ds DG : kont'-pá. Pour la non-prononc. de p, cf. compte. Inv. (cf. compte). — 1re attest. 1647 comtepas (Mersenne, in CHR. HUYGENS, Œuvr. compl., i, 74 ds BARB. Misc. 24, n° 4); comp. de la forme verbale compte (de compter) et de pas. 3. Compte-tours, subst. masc. Mécanisme permettant de déterminer le nombre de tours effectués dans un temps donné par l'arbre d'un moteur; p. méton., le cadran indiquant ce nombre. Synon. vieilli compteur de tours. L'avion volait à 30 degrés soutenu par un seul moteur. Langlois, le second pilote, indiqua de l'index le compte-tours : 1 400 au lieu de 1 800 (MALRAUX, L'Espoir, 1937, p. 822). — []. Pour la non-prononc. de p, cf. compte. Inv. (cf. compte). — 1re attest. 1907 (L. PÉVISSE, Traité général des automobiles à pétrole, p. 440); comp. de la forme verbale compte (de compter) et de tour « révolution, rotation »; cf. compteur de tours 1861 (J. ARMENGAUD, Traité des moteurs à vapeur, t. 2, p. 582). — Fréq. abs. littér. : 4.
BBG. — BAMBECK (M.). Galloromanische Lexikalia... In : [Mél. Gamillscheg (E.)]. München, 1968, p. 58. — ENTRAYGUES (M.). Compter et conter. Vie Lang. 1954, pp. 303-304. — GIR. t. 2 Nouv. Rem. 1834, p. 22. — GOTTSCH. Redens. 1930, passim. — GOUG. Mots t. 1. 1962, p. 16. — LA LANDELLE (G. de). — Le Lang. des mar. Paris, 1859, p. 324.
compter [kɔ̃te] v.
ÉTYM. 1348; cunter, v. 1080; conter, XIIe; éliminé dans ce sens au XVIe; du lat. computare. → Conter.
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I V. tr.
1 Déterminer (une quantité) par le calcul; spécialt, établir le nombre de. ⇒ Chiffrer, dénombrer, nombrer. || Compter les spectateurs d'un théâtre, les habitants d'une ville. ⇒ Recenser. || Compter les voix, les suffrages. || Compter une somme d'argent. || Compter les points, les coups d'une partie de billard. — ☑ Loc. fig. Compter les points : assister à un conflit et juger de son évolution sans y participer. || Combien en avez-vous compté ? || Compter les fils d'un tissu (⇒ Compte-fils), des gouttes (⇒ Compte-gouttes). || Appareil qui compte qqch. ⇒ Compteur. || Compter en nommant. ⇒ Énumérer.
1 Sais-tu quel est Pyrrhus ? T'es-tu fait raconter
Le nombre des exploits (…) Mais qui peut les compter ?
Racine, Andromaque, III, 3.
2 Notre laitière ainsi troussée
Comptait déjà dans sa pensée
Tout le prix de son lait, en employait l'argent (…)
La Fontaine, Fables, VII, 10.
3 Quoi ! toujours il me manquera
Quelqu'un de ce peuple imbécile !
Toujours le loup m'en gobera !
J'aurai beau les compter : Ils étaient plus de mille (…)
La Fontaine, Fables, IX, 19.
4 Elle avait pris son ouvrage et comptait sur de grosses aiguilles les points de son tricot.
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, Pauline, p. 330.
♦ On ne les compte pas, plus : ils sont innombrables.
5 (…) que le conservatisme (…) est, dans son essence, quelque chose d'entièrement différent du patriotisme et que cette différence, dont on ne compte plus les manifestations au cours de l'histoire (…)
Julien Benda, la Trahison des clercs, note c, p. 113.
♦ ☑ Loc. fam. Compter les clous de la porte : attendre. — ☑ Compter les pas de qqn, observer toutes ses démarches.
♦ Par extension :
6 Vous lui pourrez bientôt prodiguer vos bontés,
Et vos embrassements ne seront plus comptés.
Racine, Andromaque, IV, 1.
♦ ☑ Compter ses pas : marcher lentement; économiser sa peine. — Fig. (Vieilli). Agir avec circonspection. — ☑ Au p. p. (Mod.). Marcher à pas comptés, lentement, solennellement.
7 Ce petit homme, au dos solide, les épaules larges et vénérables, marche à pas comptés.
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », III, p. 108.
7.1 Il affecta de ne point plier sa serviette, assena sur la nappe un petit coup de poing puis se retira, très digne, à pas comptés.
Francis Carco, les Belles Manières, p. 13.
3 Payer (qqch.) à qqn. || Compter une somme à qqn (→ Palper, cit. 5). || Vous lui compterez mille francs pour son travail.
8 Si tu veux mon avis, comme il t'épargnera des gros sous que tu serais forcé de compter aux gens de la justice à Grenoble (…)
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 370.
4 Mesurer (le temps). ☑ Compter les jours, les heures. — Fig. Trouver le temps long, par ennui ou impatience.
9 Si nous comptons les moments, les jours, les années, nous finirons par compléter la somme des siècles.
Descartes, Règles pour la direction de l'esprit.
10 Il commençait à compter les moments dans l'attente de son retour.
Antoine Hamilton, Mémoires du comte de Gramont, 7.
11 Il était sept heures vingt-cinq; elle le savait, elle avait compté les minutes seconde par seconde au tic-tac du cartel noir.
J. Green, Léviathan, II, IV, p. 165.
♦ Il faut compter plusieurs heures pour faire cela : plusieurs heures sont nécessaires.
♦ Détenir (une fonction, un emploi) un certain temps. || Il compte déjà deux ans de règne, de service. — (Choses). Avoir duré (un certain temps). || Cette civilisation compte un millénaire. — Poét. Être âgé de.
12 (…) son visage, couvert de rides comme celui d'une vieille coquette, comptait douze ans de plus que son acte de naissance.
Balzac, les Petits Bourgeois, Pl., t. VII, p. 78.
♦ Décider (un temps imparti). — Poét. || Le destin a compté ses jours. — (Passif). ☑ Ses jours sont comptés : il lui reste peu de temps à vivre.
13 (…) les tristes jours que le Ciel m'a comptés.
Molière, Tartuffe, IV, 3.
14 Vous comptez tous vos jours et marquez tous vos pas
Par des plaisirs affreux et des assassinats.
Voltaire, Catilina, I, 5.
6 Comprendre dans un compte, un total, une énumération… ⇒ Inclure. || Ils étaient quatre, sans compter les enfants. || En me comptant, nous étions sept.
♦ N'oubliez pas de le compter. — Spécialt. Faire payer, inclure dans un compte. || Il ne nous a pas compté les consommations. ⇒ Facturer.
♦ ☑ Fig. Compter qqch. à qqn, lui en tenir compte, lui en savoir gré.
15 Il est doux pour un amant de faire des sacrifices qui lui soient tous comptés.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, I, 10.
♦ ☑ Littér. Compter qqch., qqn parmi, au nombre de… : ranger au nombre de… ⇒ Comprendre, englober; rang (mettre au rang). || Je le compte parmi mes ennemis. || Il compte des princes parmi ses ancêtres. || Ce monument peut être compté parmi les plus beaux.
16 Et l'on sait que toujours la Colchide et ses princes
Ont compté ce Bosphore au rang de leurs provinces.
Racine, Mithridate, I, 1.
♦ Passif et p. p. || Être compté dans, parmi…
7 Littér. || Compter (qqch.) pour… ⇒ Considérer, estimer, prendre, regarder, réputer (comme). || Il le compte pour mort. || Il compte cela pour beaucoup. ⇒ Apprécier.
17 À table comptez-moi, si vous voulez, pour quatre;
Mais comptez-moi pour rien s'il s'agit de se battre.
Molière, le Dépit amoureux, V, 1.
18 (…) Ils (les amants) comptent les défauts pour des perfections,
Et savent y donner de favorables noms.
Molière, le Misanthrope, II, 4.
19 Comptez-vous vos soldats pour autant de héros ?
Racine, Mithridate, III, 1.
20 (Amants) Tenez-vous lieu de tout, comptez pour rien le reste.
La Fontaine, Contes, IX, 2.
♦ ☑ Fam. Compter qqch. pour rien, le compter pour du beurre, le considérer comme négligeable.
♦ ☑ Sans compter que : sans considérer que. ⇒ Autant (d'autant plus que), nonobstant.
21 Avec sa pâleur et ses grands yeux noirs, je ne puis dire combien cela frappait, sans compter que de temps en temps (…) il était clair qu'elle avait souffert (…)
A. de Musset, la Confession d'un enfant du siècle, III, V.
♦ Faire cas de (qqch.).
22 On ne daigne peser ni compter mon suffrage.
Corneille, Suréna, I, 1.
———
II V. intr. et tr. ind.
1 Intrans. Calculer. || Compter de tête. || Compter jusqu'à cent. || Compter juste. || Compter mal. || Compter sur ses doigts. || Cet enfant sait lire, écrire et compter. || Apprendre à compter. || Savoir compter.
♦ Fig. Être attentif à ses intérêts. || Il compte sou par sou, au sou près. — Surtout : ☑ Sans compter. || Donner, dépenser; recevoir sans compter, sans se limiter. ⇒ Généreusement, largement (cf. À pleines mains).
23 Un, deux, trois, quatre corps, ce sont quatre semaines,
Si je sais compter, toutes pleines.
La Fontaine, Fables, VIII, 27.
24 Mais quand on avait tout, ô grande audacieuse,
Quand on avait toujours on ne comptait jamais.
Ch. Péguy, Ève, in Œ. poétiques complètes, Pl., p. 722.
25 La mère, toujours malade, comptait sou à sou.
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 58.
26 Lui (Bonaparte) qui est économe jette les millions — je ne dirai pas sans compter, mais sans hésiter — dans les travaux publics, les routes et les canaux.
Louis Madelin, Vers l'empire d'Occident, VIII, p. 100.
2 ☑ Compter avec : tenir compte de. || Il a de l'influence et il faut compter avec lui. || Compter avec l'opinion.
27 La valeur et la capacité les plus réelles n'auraient pas suffi, il faut toujours dans de semblables cas compter avec l'opinion des hommes.
3 Trans. ind. Vx. || Compter de (qqch.) : rendre compte de (qqch.).
28 Il (le duc de Bourgogne) ne doit pas être en crainte d'en compter un jour devant Dieu.
29 (…) il (Ch. de Sévigné) compte de pouvoir partir demain (…)
Mme de Sévigné, 975, 12 août 1685.
b Mod. || Compter (et inf.). ⇒ Espérer, penser. || Il compte pouvoir partir demain. — Compter que (et complétive). ⇒ Escompter. || Je compte bien qu'il viendra. || Je comptais qu'il viendrait. ⇒ Attendre (s'), croire.
30 Je vous avais fait préparer votre appartement, comptant que vous descendriez tout droit ici.
31 La colère peut être prise comme une ivresse, en ce sens qu'on se plaît à s'y jeter par un semblant, en comptant bien qu'elle dépassera ce semblant.
Alain, les Aventures du cœur, p. 95.
5 ☑ Compter sur : faire fond, s'appuyer sur. ⇒ Tabler. || Comptez sur moi. || Compter entièrement sur qqn, s'abandonner à lui. || On ne peut pas compter sur lui. || Il compte trop sur son adresse. ⇒ Présumer (de). || J'y compte bien : je l'espère bien.
32 C'est folie
De compter sur dix ans de vie.
La Fontaine, Fables, VI, 19.
33 Hypocrites, ils comptent sur la gentillesse de leurs amis et ne ménagent que la méchanceté de leurs ennemis.
J. Renard, Journal, 30 avr. 1902.
34 Tu ne peux guère compter sur un garçon pondéré pour aller fusiller un chef d'État à bout portant, et se faire écharper par la foule.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, X, p. 102.
35 Il comptait aussi sur la vénalité de la Slaoui (…)
P. Mac Orlan, la Bandera, XVI, p. 189.
36 On ne sait jamais quand la vie va vous trahir; inutile de compter sur le lendemain, ni même sur l'heure qui va suivre; il n'y a de certain que la mort.
J. Green, Léviathan, VII, p. 192.
♦ ☑ Fam. et iron. Compte là-dessus; compte là-dessus et bois de l'eau fraîche : n'y compte pas.
6 Intrans. Entrer en ligne de compte, avoir de l'importance (correspond au sens du passif être compté). ⇒ Importer. || Cela compte peu, ne compte pas. || Ce qui compte, c'est de… || Le succès seul compte pour lui. — ☑ Compter pour rien, et, fam., compter pour du beurre, pour des prunes : ne pas compter.
37 Les événements ne comptent que pour ceux qui en pâtissent ou qui en profitent (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. VI, p. 34.
38 Elle souffrit d'être comme si elle n'était pas et de ne plus compter pour une personne, pas même une chose.
France, le Mannequin d'osier, Œ., t. XI, IX, p. 331.
39 De tels hommes leur joie est toujours muette, tant elle compte peu.
André Suarès, Trois hommes, « Dostoïevski », IV, p. 234.
40 (…) pour Louis XI, le résultat seul comptait. Il mettait loin en arrière l'orgueil et l'amour-propre.
J. Bainville, Hist. de France, VII, p. 128.
41 Mais le but, le succès nécessaire comptait uniquement à ses yeux, comme la guérison pour le médecin.
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, Pauline, IV, p. 297.
42 Mais pour qui cherche la quantité des joies, seule l'efficacité compte.
Camus, le Mythe de Sisyphe, p. 99.
8 Vx. ⇒ Dater. — Mod. ☑ À compter de : à partir de. || À compter d'aujourd'hui.
——————
se compter v. pron.
1 Se mettre au nombre de. || Je ne me compte pas au nombre de ses amis.
43 (…) Le triste Antiochus
Se compta le premier au nombre des vaincus.
Racine, Bérénice, I, 4.
2 Être compté; être susceptible d'être dénombré. || Ses erreurs ne se comptent plus, elles sont innombrables.
44 Il y a des choses qui se comptent, ce sont les choses nombrables : des lits; cent lieues; vingt nuits; dix grammes; s'il y en a plusieurs, ce sont plusieurs unités.
F. Brunot, la Pensée et la Langue, I, IV, I, p. 95.
45 (…) le quotidien ? Tout s'y compte. Parce que tout y est compté : argent, minutes. Tout s'y dénombre en mètres, kilogrammes, calories. Pas seulement les objets mais les vivants et pensants.
Henri Lefebvre, la Vie quotidienne dans le monde moderne, p. 45.
♦ Se dénombrer, dénombrer la quantité de personnes composant un groupe (en parlant des membres de ce groupe). || Comptez-vous de droite à gauche.
❖
CONTR. Négliger, omettre.
DÉR. Comptable, comptage, comptant, compte, compteur, comptine, comptoir.
COMP. Acompte, décompter, mécompte, recompter. — Compte-fils, compte-gouttes, compte-pas, compte-tours.
HOM. Comté, conter.
Encyclopédie Universelle. 2012.