contester [ kɔ̃tɛste ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1338; provenç. contestar (1140) ; lat. jurid. contestari « plaider en produisant des témoins »
1 ♦ Mettre en discussion (le droit, les prétentions de qqn). ⇒ discuter. Contester le titre, la succession de qqn. Contester les déclarations d'un témoin. Contester la compétence d'un tribunal. ⇒ récuser. Personne ne lui conteste son autorité. On lui conteste le droit de... ⇒ dénier, refuser.
2 ♦ Mettre en discussion, en doute. ⇒ controverser, discuter, nier. Contester un fait. Contester la vérité d'une nouvelle (cf. Révoquer en doute). « Je trouve naturel que le génie [...] ne soit contesté de personne » (Aymé). Je conteste qu'il soit sincère. Je ne conteste pas qu'il réussisse, qu'il réussira. — P. p. adj. Cette théorie est très contestée. ⇒ controversé, discuté. — Absolt Il aime contester. ⇒ chicaner, contredire, controverser, discuter. « Je ne conteste jamais; je ne réfute personne » (Sainte-Beuve). Contester sur des détails. ⇒ ergoter.
♢ Spécialt (1968) Faire de la contestation, être contestataire.
⊗ CONTR. Admettre, approuver, attester, avérer, avouer, certifier, concéder, croire, reconnaître. Incontesté.
● contester verbe transitif (latin contestari, par l'intermédiaire de l'ancien provençal contestar) Mettre quelque chose en cause, discuter quelque chose à quelqu'un : Je vous conteste le droit de m'interrompre. Remettre quelque chose en cause, refuser de reconnaître la validité de quelque chose, d'une assertion : On a contesté la compétence du jury. Mettre en doute la qualification de quelqu'un, son mérite, sa valeur ; critiquer : On le conteste dans les milieux scientifiques. Remettre en question la société, les institutions politiques et sociales, en critiquer systématiquement les bases : Les jeunes contestent tout. ● contester (citations) verbe transitif (latin contestari, par l'intermédiaire de l'ancien provençal contestar) Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Être contesté, c'est être constaté. Tas de pierres Éditions Milieu du monde ● contester (difficultés) verbe transitif (latin contestari, par l'intermédiaire de l'ancien provençal contestar) Construction 1. Contester que (+ subjonctif) : je conteste qu'il soit venu à cinq heures. 2. Ne pas contester que (+ subjonctif) : je ne conteste pas que cela soit possible ou que cela ne soit possible (= mais je n'en suis pas certain). Dans l'expression soignée, le ne explétif est conseillé, sauf s'il est question d'un fait certain : je ne conteste pas que cela soit arrivé (= je sais que c'est arrivé réellement). 3. Ne pascontester que (+ indicatif) : je ne conteste pas qu'il était là (= le fait est réel, certain). Jamais de ne explétif. 4. Ne pas contester que (+ conditionnel) : je ne conteste pas qu'il aurait pu se trouver là (= le fait aurait pu éventuellement se produire). Jamais de ne explétif. ● contester (synonymes) verbe transitif (latin contestari, par l'intermédiaire de l'ancien provençal contestar) Mettre quelque chose en cause, discuter quelque chose à quelqu'un
Synonymes :
- dénier
- discuter
- récuser
Contraires :
- accepter
- reconnaître
Remettre quelque chose en cause, refuser de reconnaître la validité de...
Synonymes :
- disputer
Mettre en doute la qualification de quelqu'un, son mérite, sa...
Synonymes :
contester
v.
rI./r v. tr.
d1./d Refuser de reconnaître la légalité ou la légitimité de. Contester un testament.
d2./d Mettre en doute, discuter. Il conteste cette version des faits.
rII./r v. intr. Discuter, pratiquer la contradiction.
|| Spécial. Remettre en cause l'ordre établi.
⇒CONTESTER, verbe.
Mettre en discussion, en doute, refuser de reconnaître.
I.— Emploi trans.
A.— Contester qqc., contester qqc. à qqn. Mettre en doute une relation (attribution, prétention, etc.) établie de façon implicite ou explicite entre une chose, exprimée par le complément direct, et un être ou une chose.
1. [Le suj. affirme ses prétentions sur l'obj. désigné par le compl.] Discuter l'appartenance d'une chose à quelqu'un et la revendiquer à son profit. Contester un bien, un héritage, un territoire. Synon. réclamer. Il ne vous conteste pas le rôle de l'offensé (FEYDEAU, La Dame de chez Maxim's, 1914, p. 24). Ma mère était à moi, personne ne m'en contestait la tranquille possession (SARTRE, Les Mots, 1964, p. 17).
— Emploi pronom. réciproque. Se contester mutuellement la possession d'une terre.
2. [Le suj. n'énonce aucune revendication sur l'obj. contesté] Mettre en discussion, refuser de reconnaître le droit ou la prétention de quelqu'un à quelque chose. Contester une succession, le titre de qqn; contester un droit, un titre à qqn. Synon. dénier, refuser. Tu es le Tout-Puissant : je ne te conteste pas ce titre (LAUTRÉAMONT, Les Chants de Maldoror, 1869, p. 201). « On me conteste le titre de philanthrope », s'écrie Marat (CAMUS, L'Homme révolté, 1951, p. 160) :
• 1. Il y a deux choses que l'on conteste bien souvent aux rois : leur naissance et leur mort.
VIGNY, Le Journal d'un poète, 1844, p. 1222.
— [L'obj. secondaire exprime une entité personnifiée] (Un) acte de volition que personne ne conteste à l'âme (MAINE DE BIRAN, Journal, 1822, p. 350) :
• 2. ... personne ne s'aviserait de contester à la biologie le droit de parler de la réalité des organismes...
RUYER, Esquisse d'une philos. de la struct., 1930, p. 96.
B.— Contester qqc., contester que. Mettre en doute (une chose, le caractère authentique de quelque chose). Synon. nier, récuser; anton. admettre, reconnaître.
1. L'existence de quelque chose ou de quelqu'un, d'un droit, d'un fait. Contester l'existence de Dieu; il y a des faits que personne ne conteste. Je ne conteste pas le droit de la femme sur l'éducation de l'enfant (MÉNARD, Rêveries d'un païen mystique, 1876, p. 184). Nul ne conteste les misères de l'enfance (BREMOND, Hist. littér. du sentiment relig. en France, t. 3, 1921, p. 522) :
• 3. Ce qu'il y a d'abominable, disait le comte, c'est l'esprit de 89. D'abord on conteste Dieu, ensuite on discute le gouvernement, puis arrive la liberté.
FLAUBERT, Bouvard et Pécuchet, t. 2, 1880, p. 141.
2. La qualité, la valeur ou la validité, la pertinence de quelque chose, d'un jugement, d'un raisonnement. Contester l'authenticité des faits, l'exactitude, la justesse d'un raisonnement; contester une créance. Nul ne pouvait contester sa sincérité ni l'exemple émouvant de sa vie (PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1932, p. 169). Je n'ai songé un seul instant à oublier vos titres, pas plus qu'à contester vos mérites (AUDIBERTI, Quoat-Quoat, 1946, 1er tabl., p. 39) :
• 4. C'était une œuvre merveilleuse et singulière, profonde et singulière, et nul n'en eût pu contester la convaincante et souveraine perfection.
GRACQ, Au Château d'Argol, 1938, p. 162.
— P. méton. [L'obj. désigne la pers. dont la valeur est contestée] Personne ne vous conteste sur ce point.
SYNT. Contester la décoration, la supériorité, le talent, le titre, la valeur de qqn; contester la compétence d'une juridiction, d'un jury, d'un tribunal; contester l'autorité paternelle, l'infaillibilité pontificale, la légitimité d'un enfant.
3. Le contenu et/ou la vérité d'une assertion, d'une déclaration, d'un jugement, d'un raisonnement, d'un fait. Contester les déclarations d'un témoin; contester l'évidence. Odette est une femme parfaite, je ne le conteste pas (CHARDONNE, L'Épithalame, 1921, p. 209). Que la raison soit la marque distinctive de l'homme, personne ne le contestera (BERGSON, Les Deux sources de la mor. et de la relig., 1932, p. 67). Qui conteste que cette femme fût une Ondine (GIRAUDOUX, Ondine, 1939, III, 4, p. 119) :
• 5. On conteste un article de journal mais non une image ou un son.
MALRAUX, Les Conquérants, 1928, p. 149.
— Emploi pronom. passif. Les performances et les championnats se contestent et se défendent (PERROUX, L'Écon. du XXe s., 1964, p. 105).
Rem. 1. Contester que se construit généralement avec le subj. 2. Lorsque contester est employé négativement et complété par une prop. introduite par que, le verbe de cette prop. peut prendre ne sans qu'il y ait effectivement négation (ne explétif). Je ne conteste pas que vous n'ayez quelques motifs de vous plaindre. Je ne conteste pas que Spinoza n'ait écrit un grand poème (BARRÈS, Mes cahiers, t. 2, 1898-1902, p. 143).
II.— Emploi intrans. et trans. indir.
A.— Discuter en contredisant, en mettant en doute. Contester avec, contre qqn; contester longtemps sur un point. Synon. chicaner, débattre, discuter, disputer. Aimer à contester; vivre sans contester. Pardonnez-moi si je conteste une seule fois avec vous (NODIER, La Fée aux Miettes, 1831, p. 156) :
• 6. Je conteste au nom de la contestation qu'est l'expérience elle-même...
G. BATAILLE, L'Expérience intérieure, 1943, p. 29.
— PROCÉDURE. Contester en justice. Plaider. Contester plus amplement. Réitérer les débats sur des faits qui ne paraissent pas suffisamment éclaircis; procéder à une nouvelle instruction.
Rem. Attesté ds BESCH. 1845, Lar. 19e, Nouv. Lar. ill., Lar. 20e, Lar. encyclop.
B.— Absol. Critiquer systématiquement les institutions, les idées reçues et refuser l'ordre social établi. Ce ne sont pas des lumières, me répond-elle gentiment, mais ils sont braves. Ils ne contestent pas ici! (Y. HUREAUX, Le Prof, Paris, Julliard, 1972, pp. 48-49).
Rem. Les dict. (LITTRÉ, GUÉRIN 1892, Lar. 19e, Nouv. Lar. ill., Lar. 20e, QUILLET 1965) attestent l'adj. et subst. contesteur, euse. Celui, celle qui conteste.
Prononc. et Orth. :[], (je) conteste []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1338 verbe trans. « refuser de reconnaître le droit ou la prétention de quelqu'un à quelque chose » (Cartulaire de Flines ds R. Hist. litt. Fr., t. 8, 1901, p. 490); d'où 1678 contestant subst. « celui qui conteste [en justice] » (LA FONTAINE, Fables, VII, 16, 42); 2. 1540 verbe intrans. « discuter » (N. HERBERAY DES ESSARTS, Le Premier livre d'Amadis de Gaule, éd. H. Vaganay, p. 213, 1. 17); 3. 1588 verbe trans. « mettre en doute un fait, ce que quelqu'un affirme » (MONTAIGNE, Essais, III, 4, éd. A. Thibaudet, p. 928); d'où 1660 contestant adj. « qui conteste » (SCARRON, Épistre chagrine à Mademoiselle de Scudery ds LITTRÉ), qualifié de ,,class.`` ou de ,,vieux`` dep. ROB. 1953; 4. 1968 verbe intrans. « mettre en question l'ordre établi » (La Croix, 31 déc. ds GILB.). Empr., prob. par l'intermédiaire de l'a. prov., où contestar est attesté au sens 1 dès le mil. du XIIe s. (1140 ds FEW t. 2/2, p. 1105a) au lat. class. contestari, proprement « prendre à témoin », puis « commencer un débat judiciaire ». On trouve, en a. fr. et en m. fr., litiscontester « engager un procès » (attesté du XIVe au début du XVIIe s. ds GDF.), empr. au lat. jur. litem contestari « id. », attesté à l'époque classique. Fréq. abs. littér. :666. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 071, b) 674; XXe s. : a) 911, b) 1 008. Bbg. DUBOIS (E.). Pt lex. des expr. abusives et des impropriétés. Déf. Lang. fr. 1972, n° 65, p. 13.
contester [kɔ̃tɛste] v. tr.
ÉTYM. 1338; provençal contestar, 1140; lat. jurid. contestari « plaider en produisant des témoins », de con- (cum), et testari « témoigner », de testis « témoin ».
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1 (1588). Mettre en discussion (le droit, la prétention de qqn). ⇒ Discuter, révoquer (en doute). || Contester les déclarations d'un témoin. || Contester le titre, la succession de quelqu'un. || Contester une prétention. ⇒ Résister. || Contester la compétence d'un tribunal. ⇒ Récuser; déclinatoire. — Absolt. || Contester en justice. ⇒ Plaider (→ ci-dessous, Contestant).
1 On en vient au partage, on conteste, on chicane.
Le juge sur cent points tour à tour les condamne.
La Fontaine, Fables, IV, 18.
♦ (1338). || Contester (qqch.) à (qqn) : refuser de reconnaître à (qqn) le droit de disposer de (qqch.); revendiquer (qqch.) à la place de (qqn). || On lui conteste le droit de… ⇒ Dénier, refuser.
2 Le Roi l'embrassa tendrement quand elle fut au lit, et la pria de ne rien contester à M. le prince de Conti, et d'être douce et obéissante : nous croyons qu'elle l'a été.
Mme de Sévigné, 772, 17 janv. 1680.
3 (…) assurer votre existence (ou celle de votre race) contre un milieu qui vous la conteste.
Julien Benda, Lettre à Mélisande, p. 132.
2 Mettre en discussion, en doute. ⇒ Controverser, discuter, nier. || Contester un fait. || Contester la vérité d'une nouvelle, la justesse d'un raisonnement. || Fournir des arguments pour contester une théorie. ⇒ Objecter. || Je conteste qu'il soit sincère. || Je ne conteste pas qu'il réussisse, qu'il réussira. — Par ext. || Contester un enseignant, un artiste.
4 M. de Montmoron sait votre philosophie, et la conteste sur tout (…)
Mme de Sévigné, 853, 15 sept. 1680.
5 Je trouve au contraire naturel que le génie s'impose avec cette autorité et ne soit contesté de personne.
M. Aymé, le Confort intellectuel, IX, p. 162.
♦ (1540). Intrans. ou absolt. || Il aime contester. ⇒ Argumenter, chicaner, contredire, controverser, discuter, disputer. || Contester sur des choses puériles. ⇒ Chinoiser, ergoter, pointiller. — REM. Cet emploi absolu s'entend surtout aujourd'hui au sens spécial, ci-dessous.
6 Il faut éviter de contester sur des choses indifférentes, faire rarement des questions, qui sont presque toujours inutiles, ne laisser jamais croire qu'on prétend avoir plus de raison que les autres, et céder aisément l'avantage de décider.
La Rochefoucauld, Réflexions diverses, 4.
7 Puis je ne conteste jamais; je ne réfute personne, j'admets toutes les opinions, et je me contente de chercher ce qu'elles contiennent.
Sainte-Beuve, P.-J. Proudhon, Sa vie et sa correspondance, p. 61.
♦ (1968). Spécialt. Faire de la contestation, être contestataire.
8 — Ce ne sont pas des lumières, me répond-elle gentiment, mais ils sont braves. Ils ne contestent pas ici ! Tu sais, il paraît qu'à Soissons ou à Charleville, c'est pas drôle. Tu vas voir, ça ira et puis t'es agrégée !
Yanny Hureaux, la Prof, p. 48-49.
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contesté, ée p. p. adj.
♦ Qui est l'objet d'une contestation. || Créance contestée. || Affirmation, théorie, autorité contestée. ⇒ Discuté, incertain (→ Baïonnette, cit. 4). || Un chef, un professeur, un peintre contesté.
9 Si contestées que soient nos H. L. M. elles sont préférables aux grottes de nos lointains aïeux.
Emmanuel Berl, le Virage, p. 39.
♦ N. (au sens spécial) :
10 Il y avait eu un contesté, au lycée, un prof de musique. Voici deux ans, il avait pris sa retraite, avait passé l'été dans sa maison de campagne, et n'avait regagné la ville, à la rentrée, que pour se tirer une balle dans la tempe.
Claude Courchay, La vie finira bien par commencer, p. 35 (1972).
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contestant, ante p. prés., adj. et n.
ÉTYM. (1690; de contester).
♦ Vx. Celui qui conteste. ⇒ Contestataire. || Personnalité contestante. — N. || Les contestants de tous bords.
♦ Dr. || Les parties contestantes. — N. ⇒ Plaideur.
11 Aussitôt qu'à portée il vit les contestants (…)
(Grippeminaud) Mit les plaideurs d'accord en croquant l'un et l'autre.
La Fontaine, Fables, VII, 16.
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CONTR. Admettre; accorder, affirmer, approuver, assurer, attester, avérer, avouer, certifier, concéder, croire, reconnaître. — Incontesté.
DÉR. Contestable, contestataire, contestateur, conteste.
Encyclopédie Universelle. 2012.