continuel, elle [ kɔ̃tinɥɛl ] adj.
• v. 1180; de continu
♦ Qui dure sans interruption ou se répète à intervalles rapprochés. ⇒ constant , continu, perpétuel, sempiternel. Pluie continuelle. Il lui fait des reproches continuels. De continuelles disputes. « Une pensée profonde est en continuel devenir » (Camus).
⊗ CONTR. Interrompu, momentané, rare.
● continuel, continuelle adjectif (de continu) Qui dure presque sans interruption, qui se répète constamment ; constant, perpétuel : Le bruit continuel des vagues. ● continuel, continuelle (synonymes) adjectif (de continu) Qui dure presque sans interruption, qui se répète constamment ; constant...
Synonymes :
- constant
- éternel
- perpétuel
Contraires :
- épisodique
- interrompu
- momentané
- rare
continuel, elle
adj.
d1./d Qui dure sans interruption. Une pluie continuelle.
d2./d Qui se répète fréquemment et avec régularité.
⇒CONTINUEL, ELLE, adj.
A.— [En parlant d'une chose ayant un développement temporel]
1. Qui dure sans interruption ou presque. J'arrive à Vienne après vingt jours de voyage continuels (NERVAL, Correspondance, 1830-55, p. 64). Il avait un rhume continuel, il arrêtait pas de se moucher, même en plein mois d'août (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 167) :
• 1. ... je me demandais si me marier avec Albertine ne gâcherait pas ma vie (...) en me forçant à vivre absent de moi-même à cause de sa présence continuelle et en me privant à jamais des joies de la solitude.
PROUST, La Prisonnière, 1922, p. 27.
— Spéc. Qui dure sans interruption ou presque et dont les variations de qualité, d'intensité sont nulles ou imperceptibles. Je verrai cet aspect puissant, continuel, Paisible, qu'a, la nuit, le visage du ciel (A. DE NOAILLES, Les Forces éternelles, 1920, p. 301) :
• 2. Ne faut-il pas te réveiller tous les matins, manger, boire, aller, venir, répéter cette série d'actes qui sont toujours les mêmes? (...) chacune de ces pauvres sensations va s'ajoutant à la suivante comme des fils à des fils, et l'existence d'un bout à l'autre n'est que le continuel tissu de toutes ces misères.
FLAUBERT, La Tentation de St Antoine, 1849, p. 434.
2. Qui se répète à de brefs intervalles. La présence continuelle du président aux Basses-Tournelles, où il dînait presque tous les jours (DURANTY, Le Malheur d'Henriette Gérard, 1860, p. 2). Le père Hugo (...) me fait une scie continuelle avec l'Académie française (FLAUBERT, Correspondance, 1877, p. 25) :
• 3. Un passage incessant, un croisement, une allée et venue continuelles, à tout moment traversant les trois barricades, de lignards, de mobiles, de francs-tireurs, de retour de reconnaissances, dont ils reviennent pliant sous la charge de la verdure et des légumes ramassés. Un défilé sans cesse renaissant, où la fatigue est pleine d'entrain et de gaieté!
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1870, p. 648.
B.— Rare [En parlant d'une chose ayant un développement spatial] Qui se répète à de brefs intervalles. Une mer de joncs serrés et grisâtres (...) dont les détours continuels de la route paraissaient murer à chaque instant les issues (GRACQ, Le Rivage des Syrtes, 1951, p. 19) :
• 4. Nivelé à demi par l'effet des siècles, le lit de la Drance devait présenter une aspérité moins redoutable en quelques endroits que les continuelles anfractuosités des masses voisines.
SENANCOUR, Obermann, t. 2, 1840, p. 240.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1160-74 « qui est continu, sans interruption dans l'espace » rote continuel « troupe allongée, étirée » (WACE, Rou, III, 5216 ds KELLER, p. 304 a); 1174 « qui suit sans retard » ici « par retour du courrier (d'une lettre) » (G. DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, 3222 ds T.-L.); ca 1180 « sans interruption » (G. DE ST-PAIR, Mont Saint-Michel, 1657, ibid.); 1393 « qui se répète constamment » (Ménagier, I, 143, ibid. : continuelles désobëissances). Dér. sav. du rad. du lat. continuus, v. continu; suff. -el (-al). Fréq. abs. littér. :2 010. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 3 662, b) 2 770; XXe s. : a) 3 993, b) 1 535.
DÉR. Continuellement, adv. D'une manière continuelle. a) [Correspond à continuel A 1] La boussole dont l'aiguille aimantée cherche continuellement le Nord (BLOY, Journal, 1902, p. 137). Mais une angoisse affreuse pèse continuellement sur la pensée : pas un instant on ne parvient à oublier que là-bas, depuis quinze jours, se prolonge une affreuse lutte indécise (GIDE, Journal, 1914, p. 494). b) [Correspond à continuel A 2] Les attentats ministériels de M. Necker n'ont point de terme; ils se succèdent continuellement, comme les flots pressés d'une mer orageuse (MARAT, Les Pamphlets, Nouvelle dénonciation contre Necker, 1790, p. 188). — []. — 1res attest. 1155 continuelment (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 1668); 1393 continüellement (Ménagier, I, 16 ds T.-L.); de continuel, suff. -ment2. — Fréq. abs. littér. : 1182. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1978, b) 1937; XXe s. : a) 1802, b) 1216.
continuel, elle [kɔ̃tinɥɛl] adj.
ÉTYM. V. 1180; « qui suit sans retard », 1174; « continu dans l'espace », v. 1169; de continu.
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♦ Qui dure sans interruption ou se répète à intervalles rapprochés (pendant une durée ainsi occupée). ⇒ Continu, éternel, fréquent, perpétuel, sempiternel. || Pluie continuelle. || Changement continuel. || Faire des efforts continuels. || Vivre dans une inquiétude continuelle, dans des soucis continuels. || Un refus continuel d'obéir. ⇒ Constant. || Chômage continuel. ⇒ Chronique. || Allées et venues continuelles. ⇒ Incessant.
1 Le sens de continu se trouve affaibli dans continuel qui n'en contient qu'une image approchante et qui suppose des intervalles et des reprises. Le cliquet d'un moulin en mouvement ne fait pas un bruit continu, car ce bruit se compose de retours périodiques, séparés par des intervalles de silence; mais il fait un bruit continuel, car ce bruit ne cesse de se renouveler tant que le moulin tourne.
Lafaye, Dict. des synonymes, p. 263.
2 (…) les continuels éclats de rire que le parterre y fait (à cette pièce).
Molière, Critique de l'École des femmes, 5.
3 (…) notre vie est une perpétuelle rougeur, parce qu'elle est une faute continuelle.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 285.
4 Une pensée profonde est en continuel devenir, épouse l'expérience d'une vie et s'y façonne.
Camus, le Mythe de Sisyphe, p. 154.
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CONTR. Interrompu, momentané, rare.
DÉR. Continuellement.
Encyclopédie Universelle. 2012.