coureur, euse [ kurɶr, øz ] n.
1 ♦ Personne, animal qui court. Un coureur rapide, infatigable. — N. m. pl. COUREURS :ordre d'oiseaux aux ailes rudimentaires, aux pattes puissantes. ⇒ autruche, casoar, dronte, émeu, nandou; ratites. Adj. Les oiseaux coureurs.
2 ♦ Sport Personne qui participe à une course sportive. Coureur à pied. Une coureuse de fond, de demi-fond. Coureur de 110 mètres haies. — Coureur cycliste : coureur sur piste, sur route (⇒ pistard, 2. routier) . Loc. fam. Baisse la tête, t'auras l'air d'un coureur. — Coureur automobile, motocycliste.
3 ♦ COUREUR DE. Vx Personne qui parcourt (un lieu). Au Canada, COUREUR DE (DES) BOIS : chasseur et trappeur. — Mod. Personne qui fréquente habituellement (un lieu), qui recherche (qqch.). « Un coureur de tavernes et de mauvais lieux » (Rousseau). Coureur de dot.
4 ♦ N. Personne à la recherche de multiples aventures amoureuses. ⇒ débauché, dévergondé, dragueur. C'est un coureur de jupons, de filles, absolt c'est un coureur. Une petite coureuse. — Adj. Il est très coureur. ⇒ cavaleur, volage.
● coureur, coureuse nom Personne entraînée, rapide à la course : Un coureur infatigable. Personne qui participe à une course sportive : Coureur cycliste. Coureur de fond. ● coureur, coureuse (citations) nom Lucrèce, en latin Titus Lucretius Carus Rome ? vers 98-55 avant J.-C. … Et semblables aux coureurs ils se transmettent le flambeau de la vie. … Et quasi cursores, vitae lampada tradunt. De natura rerum, II, 79 ● coureur, coureuse (expressions) nom Coureur des bois, chasseur, trafiquant européen qui pénétrait dans les régions occupées par les Indiens de la Nouvelle-France (Canada) pour se procurer des fourrures. Coureur indien, canard domestique originaire de Java, au port presque vertical, remarquable pour la ponte. ● coureur, coureuse adjectif Se dit d'une plante dont les tiges s'allongent sur le sol. ● coureur, coureuse adjectif et nom Qui recherche les aventures amoureuses, galantes : Un coureur de jupons. Qui recherche assidûment quelque chose, qui fréquente habituellement un lieu : Un coureur de dot. ● coureur, coureuse (synonymes) adjectif et nom Qui recherche les aventures amoureuses, galantes
Synonymes :
- cavaleur (familier)
- débauché
- noceur (familier)
coureur, euse
n.
d1./d Personne, animal exercé à la course. Cette jument est une bonne coureuse.
|| Personne qui pratique la course ou qui participe à une course. Coureur cycliste. Coureur de fond.
d2./d Personne qui parcourt (un lieu), fréquente (un endroit). Un grand coureur de pays. Syn. voyageur. Coureur de cafés, de tripots.
d3./d n. m. (Québec) HIST Coureur de bois: à l'époque de la Nouvelle-France, aventurier qui faisait la traite des fourrures avec les Amérindiens et adoptait leur mode de vie.
|| Par ext. Vieilli Chasseur, trappeur qui vit de sa chasse et de divers travaux en forêt.
— Mod. Amateur de chasse et de pêche.
d4./d Fam. Personne qui court les aventures galantes. Un coureur de filles, de jupons. C'est une coureuse.
⇒COUREUR, EUSE, subst.
I.— [Correspond à l'emploi abs. du verbe]
A.— Personne ou animal qui court ou qui est apte à la course (cf. courir I A 1 a) :
• 1. Enfin j'ai vu, près de la grève,
Contre un char se montrer vainqueur
Du vertueux Chiron l'élève,
Achille, rapide coureur.
MORÉAS, Iphigénie, 1900, I, 2, p. 23.
♦ Emploi adj. Une jument coureuse. Fontaine (...) montait un barbe fin coureur (MÉRIMÉE, Mél. hist. et littér., 1855, p. 311).
— En partic. Cheval de selle apte à la course.
— Spécialement
1. ORNITH., gén. au plur. Oiseaux coureurs ou, p. ell., coureurs. Oiseaux qui ne peuvent voler (autruche, etc.) :
• 2. On a retiré, d'un terrain tertiaire inférieur des environs de Paris, quelques débris d'un grand oiseau coureur analogue à l'autruche, le gastornis.
M. BOULE, Conf. de géol., 1907, p. 150.
2. SP. Concurrent d'une course de vitesse (cf. courir I A 1 a ). Coureur cycliste, automobiliste. Un ancien coureur d'auto (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 258).
B.— Celui qui fait des courses, des démarches (cf. courir I A 1 c).
— Vx. Domestique chargé de porter des dépêches, d'accompagner à pied la voiture de son maître. Cette lettre qu'il a reçue (...) Eh bien, c'est le coureur de la marquise qui l'a apportée (DUMAS père, Mariage sous Louis XV, 1841, II, 6, p. 137).
II.— [Correspond à l'emploi trans. du verbe] Coureur de
A.— Celui qui va à la poursuite de quelque chose.
♦ Coureur de(s) bois. Trappeur qui chassait les bêtes à fourrure. Sortant des Invalides, je fis route avec un Canadien, un grand efflanqué qui faisait des enjambées de coureur de bois (CENDRARS, Main coupée, 1946, p. 104).
B.— Celui qui pénètre dans une terre ennemie (cf. courir II A 2 a). Éclaireur, soldat avant-coureur :
• 3. ... on lui signalait [à Démétrius] l'approche de la grande armée moscovite, et, selon le rapport des coureurs, c'était plus de cent mille hommes qu'il allait avoir sur les bras.
MÉRIMÉE, Les Faux Démétrius, 1853, p. 108.
C.— Celui qui recherche et fréquente assidûment certains lieux, certaines personnes (cf. courir II A 2 b). Coureur de bals, de filles. Un coureur de cabarets (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, p. 254) :
• 4. C'est tout de même dégoûtant qu'un vieux coureur de femmes comme lui, qui n'a pas dételé, me donne perpétuellement des leçons et vienne m'espionner!
PROUST, Le Côté de Guermantes 1, 1920, p. 169.
— Absol. Homme ou femme qui recherche les aventures galantes. C'était un coureur qui avait mangé sa fortune avec de vilaines femmes (ZOLA, Nana, 1880, p. 1350). C'est une hypocrite petite coureuse qui fait des farces à un sous-maître amoureux d'elle (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 110).
♦ Emploi adj. :
• 5. ... les femmes ont été faites pour obéir. Ensuite, on leur apprendra les vertus complémentaires et on les dressera à n'être ni hardies, ni coureuses, ni convoiteuses, ni dépensières.
FARAL, La Vie quotidienne au temps de St Louis, 1942, p. 128.
Prononc. et Orth. :[], fém. [-ø:z]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. Subst. 1. a) ca 1160 « éclaireur » (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 6939); b) 1re moitié du XIIIe s. « messager » (CHRÉTIEN, Evangile de Nicodème, éd. G. Paris et A. Bos, 197); 2. 1559 sp. (AMYOT, Vies, Démosthène, 8 ds IGLF); 3. a) 1560 fém. « débauchée » (J. GRÉVIN, Les Esbahis ds Théâtre complet, éd. L. Pinvert, p. 161); 1566 masc. « débauché » (H. ESTIENNE, Apologie, chap. 18 ds GDF. Compl.); b) 1585 « celui qui recherche, fréquente quelque chose » (N. DU FAIL, Contes et discours d'Eutrapel, t. 2, p. 209 ds IGLF); 4. 1859 ornith. « ratites » (BOUILLET). B. Adj. 1165-70 « qui court vite » (B. DE SAINTE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 30016). Dér. de courir; suff. -eur2. Pour A 4, cf. lat. sc. cursores « id. », nom donné en 1815-22 par le naturaliste fr. H.-M. de Blainville d'apr. NED, s.v. Cursores. Fréq. abs. littér. :413. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 338, b) 579; XXe s. : a) 742, b) 710. Bbg. Ac. (L') et la vertu. Vie Lang. 1970, p. 339. — GOHIN 1903, p. 241. — GOUG. Lang. pop. 1929, p. 135. — QUEM. 2e s. t. 3 1972; t. 4 1972. — STRAKA (G.). En relisant Menaud, maître-draveur. In : [Mél. Imbs (P.)]. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1973, t. 11, p. 294.
coureur, euse [kuʀœʀ, øz] n.
ÉTYM. V. 1160; de courir.
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I N. m.
1 Personne qui court. || Un coureur rapide, infatigable. || Mauvais coureur. || Le coureur de Marathon. — Par anal. (en parlant des animaux). || Ce cheval est un excellent coureur. || Le zèbre est un coureur, il est rapide, léger à la course.
1 (…) le coureur de Marathon, est à l'heure actuelle, plus célèbre que la bataille même qu'il annonça (…)
G. Duhamel, Récits des temps de guerre, IV, p. 86.
1.1 Un coureur parti de Bambio, nous a précédés de deux jours, pour annoncer notre arrivée.
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 749.
♦ Zool. || Coureurs (n. m. pl.) : ordre d'oiseaux aux ailes rudimentaires, aux pattes puissantes. || Coureurs sans bréchet. ⇒ Ratites. || Principaux coureurs. ⇒ Aepyornis, autruche, casoar, dronte, émeu. — Au sing. || Un coureur. — Adj. (masc. et fém.). || Oiseaux coureurs. || Cette jument est coureuse plutôt que sauteuse.
2 (1903). Sports. Personne qui participe à une course sportive. REM. Coureur est généralement suivi d'un déterminant. || Coureur à pied. || Coureur de fond (⇒ Stayer), de demi-fond. || Coureur spécialiste du mile. ⇒ Mileur. || Coureur de haies (⇒ Hurdler, jumper). || Le coureur (de haies) piétine devant l'obstacle, plane sur lui. || Coureur de 110 m haies. || Coureur qui prend le départ dans le premier couloir. || Coureur de vitesse (⇒ Sprinter). || Coureur qui part décalé, en bascule, les pieds appuyés contre les cales, les butoirs, les starting-blocks. || Coureur de relais. ⇒ Relayé, relayeur, vireur. || Coureur qui lance la course en menant le train. ⇒ Lièvre. || Poussée du coureur au départ de la course. || La foulée du coureur. || Coureur qui allonge, griffe la piste, vire bien. || Temps de passage du coureur. || Coureur qui double 5 000 et 10 000 (mètres). || « La Solitude du coureur de fond » (titre de film). || Entraîner des coureurs (⇒ Entraîneur).
1.2 Parmi les coureurs de cent mètres quelle immense variété ! et parmi les coureurs de quinze cents, et les marathoniens eux-mêmes (…)
Jean Prévost, Plaisirs des sports, p. 180.
♦ Coureur cycliste : coureur sur route, sur piste (⇒ Pistard, routier). || Chandail, maillot de coureur. || Coureur amateur, professionnel. || Contrôle anti-dopage des coureurs. — ☑ Loc. fam. Baisse la tête, t'auras l'air d'un coureur.
♦ (1908, in Petiot). || Coureur automobile, coureur motocycliste. — Les coureurs, à la ligne de départ ! || Disqualifier un coureur.
3 Vx. Celui qui fait des courses pour qqn. — (Déb. XIIIe). Valet chargé de porter des messages, d'accompagner à pied la voiture de son maître… ⇒ Coursier, messager. || Coureur de vin, qui accompagnait le roi à la chasse et lui portait des victuailles.
♦ Coursier. ⇒ Commissionnaire, coursier, garçon (de courses).
2 J'ai donné ordre à mon coureur, qui vous porte cette lettre, de vous chercher où que vous soyez, et de ne pas revenir sans votre réponse (…)
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, III, Lettre XXIII.
4 a Vx. || Coureur de… : celui, celle qui va et vient, qui se déplace, parcourt (un lieu). — Au Canada (hist.). || Coureur de bois (ou : des bois) : chasseur et trappeur.
3 Aussitôt que les premiers coureurs de l'armée française parurent, les ennemis levèrent le siège.
Racine, les Campagnes de Louis XIV.
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II N. m. et f. Celui, celle qui court (II., 6.), fréquente ou recherche.
1 (1585). N. m. || Coureur de bals, de cafés, de tripots, de spectacles : celui qui fréquente habituellement les bals… || Coureur de nuit. ⇒ Noctambule. || Coureur de mauvais lieu. || Ce matelot est un coureur de bordées. || Coureur de places, coureur de dots : celui qui cherche à obtenir une place par tous moyens, à épouser une jeune fille pour sa dot.
3.1 Un coureur de tavernes et de mauvais lieux.
Rousseau, Dialogues, II.
REM. Semble inusité au fém.
2 ☑ (1566). N. m. Coureur de filles, coureur de jupons…, et, absolt, coureur : celui qui court de femme en femme, a de nombreuses aventures galantes. ⇒ Débauché, juponnier (→ pop. Cavaleur). — REM. Du fait des références morales dominantes, le mot est moins péj. que coureuse. || Un vieux coureur. ⇒ Galant, beau.
4 Eh mon Dieu ! je sais mon Dom Juan sur le bout du doigt, et connais votre cœur pour le plus grand coureur du monde (…)
Molière, Dom Juan, I, 2.
5 C'est tout de même dégoûtant qu'un vieux coureur de femmes comme lui, qui n'a pas dételé, me donne perpétuellement des leçons.
Proust, le Côté de Guermantes, p. 169.
6 Elle s'était dit que ses manières entreprenantes prouvaient un « coureur », donc, qu'il pouvait avoir attrapé dans ses aventures quelque « vilaine maladie » (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXVI, p. 270.
♦ Adj. || Il est assez coureur.
3 (1560). || Coureuse (n. f.) : fille, femme qui recherche les hommes, a des mœurs sexuelles libres (toujours péj., par référence à une morale de la chasteté ou de la réserve féminine). || C'est une petite coureuse. ⇒ Dévergondée (→ Rouleur, cit. 4.1).
7 Ne voudrait-on point que je mariasse mon fils avec elle ? Une fille inconnue, qui fait le métier de coureuse ?
Molière, les Fourberies de Scapin, III, 10.
8 C'étaient bien les plus grandes salopes et les plus vilaines coureuses qui jamais aient empuanti le bercail du Seigneur.
Rousseau, les Confessions, II.
9 On m'accusait, dans cette lettre, d'avoir exposé mes enfants dans les rues, de traîner après moi une coureuse de corps-de-garde, d'être usé de débauche, pourri de vérole, et d'autres gentillesses semblables.
Rousseau, les Confessions, XII.
10 Le fils de sa pipelette ayant, pour une coureuse, déserté la loge maternelle, Max s'était engagé à le ramener dans le droit chemin.
Francis Carco, Ombres vivantes, p. 243.
♦ Adj. || Elle est un peu, plutôt coureuse.
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COMP. Avant-coureur.
Encyclopédie Universelle. 2012.