course [ kurs ] n. f.
• 1553; corse 1213; forme fém. de cours, d'apr. it. corsa
I ♦
1 ♦ Action de courir; mode de locomotion dans lequel les phases d'appui unilatéral sont séparées par un intervalle. ⇒ courir. Une course rapide. ⇒ galopade. Au pas de course : en courant. S'arrêter en pleine course. Faire la course avec qqn. Rattraper, distancer qqn à la course. — Loc. Être À BOUT DE COURSE, épuisé. « Elle n'en pouvait plus, à bout de course, recrue de fatigue » (F. Mauriac).
♢ (Humains) Course à pied. ⇒ cross, jogging. Course sur cent mètres, de cent mètres (cf. Un cent mètres). Courses de vitesse (100 m, 200 m, 400 m). ⇒ sprint. Course de fond, de demi-fond, de grand fond (⇒ marathon) . Course en terrain varié. ⇒ cross-country. Course de relais.
♢ (1700) Course de chevaux. ⇒ critérium, omnium; réunion. Course de plat. Course d'obstacles. ⇒ steeple-chase. Course de trot. Course attelée (⇒ sulky) . — Au plur. Les courses. Champ de courses. ⇒ hippodrome, turf. Aller aux courses. Jouer, parier aux courses. ⇒ pari; couplé, quarté, quinté, tiercé; bookmaker. Écurie de courses. Le résultat des courses. — Course de lévriers (⇒ cynodrome) . — Courses de bicyclettes. ⇒ cyclisme. Course cycliste. Course sur piste, sur route. Course contre la montre. Course sur un circuit (⇒ 3. tour) . — Courses de motos. Courses d'automobiles (⇒ formule) . Course de côte. ⇒aussi gymkhana. — Course de bateaux. ⇒ régate.
♢ DE COURSE : que l'on destine à la course. Cheval de course. Vélo, voiture, moto de course. ⇒ dragster.
3 ♦ Fig. Progression rapide dans une lutte entre rivaux. La course aux armements. Loc. fam. ÊTRE DANS LA COURSE : être au courant, savoir ce qu'il faut faire, ce qui se fait (cf. Dans le coup). ⇒ branché. Il n'est plus dans la course (cf. Il est dépassé, hors circuit).
♢ Fam. Succession rapide de tâches à accomplir. ⇒fam. bousculade, cavalcade.
4 ♦ (1654; trad. esp. corrida) Course de taureaux. ⇒ corrida. — Course landaise.
II ♦ (déb. XVIIe )
1 ♦ Action de parcourir un espace. ⇒ déplacement, parcours, trajet. Faire une course en voiture, en taxi. Prix, tarif de la course (en taxi).
♢ Faire une longue course en montagne. ⇒ excursion, 2. marche, promenade, randonnée. Alpin. Ascension et descente du retour. Course avec guide, sans guide. ⇒ ascension; hivernale.
2 ♦ Suisse Excursion, voyage organisé. Aller en course d'école. — Déplacement. Simple course, aller simple. Il fait les courses en train : il va à son travail en train.
3 ♦ Vieilli Allée et venue d'un commissionnaire. Garçon de courses. ⇒ 2. coursier. Envoyer qqn en course(s).
♢ Mod. LES COURSES : action d'acheter ce qui est nécessaire à la vie quotidienne (alimentation, etc). Faire les, ses courses. ⇒ commission; chalandage, région. 2. magasinage, shopping. Être en courses, en train de faire les courses. Au sing. Avoir une course à faire. — Par ext. fam. Ce que l'on a acheté. Ranger les courses.
4 ♦ Mar. Action de parcourir le pays, la mer, pour faire du pillage. ⇒ incursion. Guerre de course. Faire la course (⇒ corsaire) .
5 ♦ Fig. (Choses) Déplacement plus ou moins rapide. ⇒ cours. La course d'un projectile. La course des nuages dans le ciel. « Pourquoi suspendre la course de ma main sur ce papier ? » (Colette). — La course du temps, des jours. ⇒ fuite, succession, suite.
6 ♦ Techn. Mouvement d'un organe mécanique. Course rectiligne d'un piston. ⇒ va-et-vient. La course de la pédale de frein. À mi-course. À bout de course. FIN DE COURSE : valeur limite de la course d'un organe mécanique. Détecteur de fin de course. Fig. fam. Appareil en fin de course, qui menace de tomber en panne (cf. Au bout du rouleau).
⊗ CONTR. Arrêt, immobilité.
● course nom féminin (de cours, avec l'influence de l'italien corsa, course) Action de courir : Sa course l'a épuisé. Lutte, compétition de vitesse : On fait la course ? Le premier qui arrive au poteau a gagné. Action de lutter de vitesse avec d'autres concurrents ou rivaux pour accéder à quelque chose : La course aux armements. Familier. Action, fait de se dépêcher : C'est toujours la course ici. Déplacement, mouvement de quelque chose, d'un organe mécanique : Course d'un piston. Littéraire. Mouvement du temps qui s'écoule : La course de la vie. Trajet effectué par un véhicule de louage, un taxi : Le prix de la course est inscrit au compteur. En Suisse, trajet en chemin de fer ou en bateau. Toute démarche à faire à l'extérieur : Avoir une course à faire à la poste. Littéraire. Mouvement d'un astre, des nuages, etc., marche rapide de quelque chose : La course du Soleil dans le ciel. Alpinisme Ensemble des actions réalisées par un alpiniste pour gravir une montagne et en redescendre. Hydrologie Longueur de la zone marine où le vent soulève des vagues. Marine Ensemble des opérations menées autrefois par les corsaires. Armement spécial d'un navire destiné à ces opérations. ● course (difficultés) nom féminin (de cours, avec l'influence de l'italien corsa, course) Orthographe 1. Toujours au singulier dans : un cheval de course, des chevaux de course, une voiture de course, des voitures de course. 2. Toujours au pluriel dans : une écurie de courses, un champ de courses. 3. On écrit plutôt un garçon de courses (= qui fait des courses) ; on rencontre parfois le singulier : un garçon de course. ● course (expressions) nom féminin (de cours, avec l'influence de l'italien corsa, course) À bout de course, épuisé au point de ne plus pouvoir continuer ; usé au point de ne plus pouvoir servir. Au pas de course, rapidement, en courant ou en se dépêchant. Course de taureaux, corrida. En fin de course, se dit de quelqu'un, de quelque chose qui arrive à la limite de son action, qui est sur son déclin. Garçon de courses, synonyme de coursier. Hors de course, hors d'état de servir. Familier. Ne pas être dans la course, ne pas être à la hauteur, au courant d'une affaire et, en particulier, être dépassé par son temps, par les événements. Course d'orientation, compétition constituant à accomplir, le plus souvent à pied, un parcours jalonné de points de repère (balises), long de 2 à 16 km (à vol d'oiseau), à l'aide d'une carte détaillée et d'une boussole. ● course (synonymes) nom féminin (de cours, avec l'influence de l'italien corsa, course) Action de courir
Synonymes :
- marathon
- sprint
Déplacement, mouvement de quelque chose, d'un organe mécanique
Synonymes :
Trajet effectué par un véhicule de louage, un taxi
Synonymes :
- parcours
- trajet
Alpinisme. Ensemble des actions réalisées par un alpiniste pour gravir une...
Synonymes :
- randonnée
Hydrologie. Longueur de la zone marine où le vent soulève des...
Synonymes :
- fetch
Course de taureaux
Synonymes :
- corrida
Garçon de courses
Synonymes :
- coursier
course
n. f.
d1./d Action de courir. Course rapide. Rejoindre qqn à la course.
— (Québec) Cour. être à la course: être pressé.
|| Fam. être dans la course: être au courant; comprendre.
d2./d SPORT Compétition, épreuve de vitesse. Course à pied. Course cycliste, automobile.
|| Absol. Les courses: les courses hippiques. Jouer aux courses.
d3./d Action de parcourir; trajet, espace parcouru ou à parcourir. Une course de trois kilomètres.
|| (Suisse) Billet simple course: aller simple.
|| (Suisse) Excursion, voyage organisé. Course d'école.
d4./d TECH Espace parcouru par une pièce mobile. La course d'un piston.
d5./d Mouvement, marche en avant, progrès. Le temps emporte tout dans sa course.
d6./d Allées et venues, démarches effectuées pour se procurer qqch. Garçon de courses.
|| Commissions, achats. Faire une, des courses.
— (Québec) Fam. Prendre une course: aller vite (par ex., pour faire une commission). Prends une course et va me chercher un pain.
⇒COURSE, subst. fém.
I.— [L'accent est mis sur la notion de vitesse]
A.— [En parlant de l'homme et de certains animaux] Action de courir (cf. courir I A 1 a). La course de la gazelle, du cheval; prendre sa course; distancer qqn à la course :
• 1. La frappe, quelle qu'elle soit, bénéficie, dans sa préparation, de la course d'élan du joueur, si courte soit-elle, et de la prise de position de ses appuis; ...
J. MERCIER, Le Football, 1966, p. 45.
— Au fig. [Avec un déterm. exprimant la destination de la course] Course aux armements.
— Loc. À la course, au pas de course. Rapidement. Elle [Mlle de Varandeuil] dînait au pas de course; au dessert elle envoyait chercher une voiture, et se sauvait avec la hâte d'un collégien en retard (GONCOURT, G. Lacerteux, 1864, p. 25) :
• 2. Quelques-unes [des lettres] furent même écrites à la course, finies en hâte à l'heure du courrier et jetées à la poste, sans arrière-pensée de publicité.
G. SAND, Lettres d'un voyageur, 1837, p. I.
B.— SPORTS
1. Compétition de vitesse qui met aux prises plusieurs concurrents sur des distances et dans des conditions réglementaires.
— ATHLÉTISME. Course de (sur) cent mètres; course de fond, de demi-fond; course de haies, de relais; course à pied; le train d'une course; chronométrage des courses.
— NATATION. Participer à une course de cent mètres dos.
— Expr. (N')être (pas, plus) dans la course. (N')être (plus) en mesure de gagner; au fig., (n')être (pas) dans le coup, (n')être (pas) capable de suivre l'évolution du monde moderne.
Rem. Cette expr. peut être appliquée à une chose. Un vêtement dans la course. À la mode.
2. Compétition où sont engagés certains animaux. Courses de chevaux, absol. les courses; course de plat, de trot, d'obstacles; course attelée; champ de courses; aller jouer aux courses, monter en course; course au clocher (cf. clocher1 A ex. 2); course de lévriers; course de taureaux. Si vous allez aux courses quarante fois par an, vous pouvez donc vous permettre de jouer dix mille francs par réunion (ZITRONE, Courses, 1962, p. 296).
3. Compétitions où il est fait usage d'engins spécialisés.
♦ Course cycliste; course sur route, sur piste; course-poursuite. Course contre la montre. Compétition cycliste où les concurrents partant isolément à intervalles réguliers sont classés suivant le temps que chacun d'eux a mis pour effectuer le même parcours; au fig., activité effrénée, lutte opiniâtre contre la fuite du temps.
• 3. Les tarifs actuels sont en moyenne inférieurs d'un cinquième à ce qu'ils devraient être par application des index. Il en résulte une sorte de course contre la montre; la progression des ventes de courant doit être assez forte pour justifier l'abaissement relatif du prix de celui-ci.
B. CHENOT, Les Entr. nationalisées, 1956, p. 51.
♦ Courses de motos, d'automobiles; course de côte; courses de bateaux à voile, course à l'aviron, course de hors-bords.
II.— [L'accent est mis sur la notion de déplacement]
A.— [La course est celle d'une pers. ou d'un animal]
1. Marche, promenade, excursion de durée et de but imprécis. Faire une course dans la campagne, au grand air. Après le repas une toute petite course; mais ne faites pas d'armes tout de suite après le repas (VILLIERS DE L'IS.-A., Corresp., 1866, p. 100).
— Région. (Suisse). Excursion organisée dans le cadre d'une école, d'une société. On s'en était réjoui comme deux gosses qui s'en vont en course d'école (W. DUBOIS, En poussant nos clédars, Le Locle 1959, p. 51).
2. Parcours d'une longueur déterminée et avec un but précis. Avoir une course urgente à faire :
• 4. — Il y aurait même quelque chose de très bien, ce serait que vous leur disiez que vous êtes mon nouveau patron; que je vous ai demandé de venir chercher ma malle, à l'occasion d'une course que vous faisiez; ...
ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, Le 6 octobre, 1932, p. 247.
— En partic.
a) Trajet effectué par un véhicule de louage; p. ext., le prix de ce trajet :
• 5. À dix heures et demie, le petit clerc de l'Étude fut dans un état qui ne lui permit plus de rester, Georges l'emballa dans un fiacre en (...) payant la course.
BALZAC, Un Début dans la vie, 1842, p. 460.
b) Au plur. Déplacement pour divers achats. Faire ses courses dans les grands magasins; être en course(s); garçon de courses.
♦ P. ext. et fam. Ces achats que l'on rapporte chez soi :
• 6. ... après avoir fait dehors les courses indispensables, sa journée terminée, elle rentrait vers quatre heures, et s'installait à sa fenêtre, ou près du feu, avec son ouvrage et son minet.
R. ROLLAND, Jean-Christophe, Les Amies, 1910, p. 1217.
♦ Région. (Suisse). Faire les courses. Effectuer le trajet quotidien pour se rendre à son lieu de travail dans une agglomération différente. Faire les courses en train, en voiture.
— Spéc., ALPINISME. Parcours en montagne qui, à la performance sportive de l'ascension, ajoute le plaisir esthétique de l'excursion. Une course difficile, avec guide. Les courses ne sont plus de mon âge; par deux fois j'ai cru tourner de l'œil avant d'arriver au sommet (GIDE, Carnets Égypte, 1939, p. 1057).
B.— P. anal. [La course est celle d'un obj.] Déplacement rapide d'un objet. La course d'un cerceau.
— En partic.
1. TECHNOL. Mouvement de va-et-vient d'un organe mécanique. La course d'un piston dans un cylindre, du pêne d'une serrure; à bout, à fond de course; à mi-course.
♦ Au fig. Quand il n'a plus d'argent, il est à bout de course (POULOT, Sublime, 1872, p. 62) :
• 7. Il [M. de Boisrosé] avait repris connaissance. Son visage anguleux, aux lignes fermes, s'enfonçait dans l'oreiller... Souffle court, nez pincé, mains torturant le drap, tout indiquait un être à fin de course.
MORAND, L'Homme pressé, 1941, p. 41.
2. a) [En parlant du mouvement d'un astre, des nuages, etc.] La course du soleil. Il n'y a plus de soleil. Il n'y a plus ces plaques étales d'azur paisible, il n'y a plus que la course des nuages (GIONO, Regain, 1930, p. 16).
b) [En parlant de l'écoulement régulier du temps, du déroulement d'une vie, d'une carrière] Être au plus haut, au sommet, à l'apogée de sa course. On entend dans les bois l'âpre course du Temps Sonner comme un sabot de bête éperonnée (NOAILLES, Ombre jours, 1902, p. 67) :
• 8. Ses cheveux [de Sylla] (...) s'argentaient aux tempes, par le fait de la cinquantaine, mais la course de l'âge ne l'attristait point...
L. DAUDET, Sylla et son destin, 1922, p. 10.
III.— DR. INTERNAT. DE GUERRE. ,,Pratique de la guerre maritime consistant, de la part d'un belligérant, à donner à de simples particuliers l'autorisation d'armer en guerre des navires de commerce pour courir sus aux navires de l'autre belligérant (Soufflier)`` (BARR. 1974). Faire la course (cf. courir la mer); armer un navire en course. Les puissances signataires de la paix de Paris en 1856, ont arrêté les quatre principes suivants : 1. La course est abolie... (PROUDHON, Guerre et Paix, 1861, p. 306) :
• 9. New York, qui vit de la mer, trouve son compte à armer en course contre les Espagnols et les Français catholiques, à s'emparer de leurs galions et des esclaves guinéens; ...
MORAND, New York, 1930, p. 14.
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. masc. coursing (cf. suff. -ing). ,,Course de lévriers au lièvre artificiel`` (DUCHARTRE 1973). Un lévrier trop malin devine les « trucs » du coursing et y devient fraudeur (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 440).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. depuis 1694. Étymol. et Hist. A. Action de parcourir 1. a) 1213 corse « expédition militaire » (Faits des Romains, 256, 6 ds Romania, t. 65, p. 487); b) 1568 « expédition maritime » (GARNIER, Porcie, 839, t. I, p. 42 ds IGLF); 2. 1553 « cours, déroulement d'une action » (O. DE MAGNY, Amours, p. 56, ibid. : course des soupirs); 3. 1568 « progression continue d'un objet » (GARNIER, Porcie, 879, t. I, p. 44, ibid. : course du soleil); 1574 spéc. course du jour (GARNIER, Cornélie, 1327, t. I, p. 127, ibid.); 4. a) 1606 « parcours déterminé » (NICOT); 1813 « trajet d'un fiacre » (JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 3, p. 33); b) 1678 « voyage, promenade » (LA FONTAINE, Fables, 1. VII, 11, éd. F. Gohin, t. 2, p. 37; c) 1796 « marche en montagne » (DUSAULX, Voyage à Barège, t. 1, p. 158); 5. 1676 mécan. course d'un pêne (FÉLIBIEN Dict., p. 546); 6. 1690 « démarche, déplacement dans un certain but » (FUR.). B. Action de courir 1. ca 1205 a grant corse (Renart, éd. E. Martin, XVII, 1203); 2. a) 1538 « compétition » (EST.); b) 1771 courses de chevaux (TURGOT, Œuvres, éd. Schelle, t. III, p. 492 ds BRUNOT t. 6, p. 1231); c) 1833 course au clocher (BALZAC, Méd. camp., p. 134); d) 1847 course de taureaux (MÉRIMÉE, Carmen, p. 66). Forme fém. de cours, dont le développement a peut-être été favorisé par l'ital. corsa « course » (XIVe s. ds BATT.). Fréq. abs. littér. :4 989. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 7 644, b) 7 120; XXe s. : a) 6 552, b) 6 938. Bbg. BEHRENS Engl. 1927, p. 214. — GILBERT (P.). Les Empr. aux vocab. des sp. Fr. Monde. 1974, n° 107, pp. 53-54. — LA LANDELLE (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 404. — MAT. Louis-Philippe 1951, p. 222. — QUEM. Fichier. — WIND 1928, p. 74, 167.
course [kuʀs] n. f.
ÉTYM. 1553; corse, 1213; forme fém. de cours, peut-être favorisée par l'ital. corsa « course ».
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1 Action de courir; mode de locomotion dans lequel les phases d'appui unilatéral sont séparées par un intervalle. ⇒ Courir. || La course d'une personne, d'un animal.
1 La course, comme la marche, est un mode de progression dans lequel le corps est alternativement soutenu par l'un des membres inférieurs dont les appuis se succèdent à intervalles égaux. Mais elle en diffère en ce que les phases d'appui unilatéral n'empiètent pas l'une sur l'autre, et qu'elles sont, au contraire, séparées par un intervalle pendant lequel le corps est complètement suspendu en l'air. Il n'y a pas, dans la course, de phase de double appui.
Il y a donc lieu de distinguer dans la course deux phases qui se succèdent régulièrement : la phase d'appui unilatéral et la phase de suspension (…)
Paul Richer, Nouvelle anatomie artistique, t. III, p. 123 (→ aussi Appui, cit. 1).
1.1 Ce n'est plus de la marche, c'est une sorte de course, escortée de tam-tam, d'une troupe d'enfants rieurs (…)
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 767.
♦ Prendre sa course. ⇒ Courir, partir. || Accélérer, ralentir sa course. || S'arrêter en pleine course. || Course rapide, effrénée, folle. || Être léger, prompt, rapide à la course (⇒ Coureur). || Rattraper, distancer, semer à la course.
2 Les femmes ne sont pas faites pour courir; quand elles fuient, c'est pour être atteintes. La course n'est pas la seule chose qu'elles fassent maladroitement, mais c'est la seule qu'elles fassent de mauvaise grâce : leurs coudes en arrière et collés contre leurs corps leur donnent une attitude risible, et les hauts talons sur lesquels elles sont juchées les font paraître autant de sauterelles qui voudraient courir sans sauter.
Rousseau, Émile, V.
3 Tu fais trop d'exercice. Tu vas laisser la course, l'essoufflement et la natation.
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, II, p. 241.
4 (Au jardin du Luxembourg) Les enfants courent, les pigeons s'envolent. Courses, éclairs blancs, infimes débandades.
Sartre, l'Âge de raison, III, p. 53.
♦ ☑ Loc. À la course, au pas de course, en courant (→ aussi Au pas accéléré, au pas gymnastique), et, fig., rapidement.
5 Un cheval n'admire point son compagnon; ce n'est pas qu'il n'y ait entre eux de l'émulation à la course, mais c'est sans conséquence (…)
Pascal, Pensées, VI, 401.
♦ (Une course, des courses). || Course d'entraînement. ⇒ (anglic.) Footing, jogging.
2 (1538; course à pied, 1884). Sports. Épreuve de vitesse; compétition sur une distance, un parcours donné. || Course à pied. || Course sur cent mètres, de cent mètres (cf. un cent mètres). || Course de vitesse (100 m, 200 m, 400 m) avec départ décalé, par couloirs. || Accélération en fin de course. ⇒ Rush, sprint. || Course de fond, de grand fond (⇒ Marathon), de demi-fond. || Course de haies. || Course en terrain varié. ⇒ Cross-country, steeple. || Course de relais. ⇒ Bâton, relais, témoin. || Course avec handicap; sans handicap. || Course scratch. || Donner le départ de la course (⇒ Starter). || Ligne d'arrivée de la course. || L'allure, le train de la course. || Chronométrer une course. || Gagner la course. || Le vainqueur de la course. || Piste de course. || Les courses ont lieu au stade (⇒ Anneau) ou à l'extérieur (⇒ Cross-country, marathon). || Les courses et les concours.
6 Dans les courses du stade, tous courent, mais un seul emporte le prix.
Bible (Crampon), 1re épître aux Corinthiens, IX, 24.
♦ La course de qqn, sa course, la manière dont il fait une course.
♦ Courses de natation. — Courses de ski (⇒ Descente, slalom), de bobsleigh, de luge…
♦ (1771). || Courses, courses de chevaux, et, absolt, les courses. ⇒ 2. Courtine (argot). || Cheval de course. ⇒ Cheval (supra cit. 6). || Déclarer forfait avant la course. || Course d'entraînement. ⇒ Canter. || Courses de plat ou courses plates : épreuves de vitesse au galop, sur gazon. || Course d'obstacles. ⇒ Steeple-chase; hippique (concours). || Course de trot, ou trot. || Course attelée (⇒ Sulky). || Courses pour chevaux du même âge. ⇒ Critérium. || Course pour tous les chevaux. ⇒ Omnium. || Course simulant une chasse à courre. ⇒ Drag. || Arrivée de la course. ⇒ Poteau. || Départager les gagnants de la course par la photo (⇒ Photofinish). || Gagner la course dead-heat. || C'est le favori, c'est un outsider qui a gagné la course. || Les résultats des courses. ☑ Loc. fig. Le résultat des courses. ⇒ Résultat. — Champ de courses. ⇒ Hippodrome, turf; paddock, pelouse, pesage, stand, tribune. — Les courses : l'activité des courses de chevaux; le lieu (⇒ Hippodrome) où elles se font. || Aller aux courses, fréquenter les courses; jouer, parier aux courses. ⇒ Pari (mutuel), tiercé, quarté; bookmaker, ring, sweepstake. || Avoir un bon tuyau, une martingale aux courses. || Gagner, perdre de l'argent aux courses. — Écurie de courses. || Garçon d'écurie de courses. ⇒ Lad. — ☑ Loc. Monter en courses : participer à des courses en tant que jockey.
6.1 Horace qui fait du trapèze et qui monte en courses a été jusqu'à seize ans poitrinaire et condamné par tous les médecins.
Proust, Jean Sauteuil, Pl., p. 231.
7 Elle pense aux chevaux de course qui, le départ donné, filent ventre à terre jusqu'au poteau.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, VIII, p. 67.
♦ Course de lévriers (⇒ Cynodrome).
♦ Courses de bicyclettes. ⇒ Bicyclette, cyclisme. || Course cycliste. || Les étapes de la course. || Course sur piste (⇒ Vélodrome), sur route. || Course sur un circuit (⇒ Tour). || Course-poursuite. || Course derrière motos. || Course contre la montre. || Course d'attente. || Course à l'américaine. ⇒ Américaine.
♦ Courses de motos. ⇒ Moto; enduro, moto-cross. || Course sur cendrée. || Courses d'automobiles et, absolt, course (⇒ Coupe, rallye; gymkhana). || Course de côte. — Une voiture de course.
8 Dans des stades carrés, aux virages non relevés, plus semblables à ceux des courses de lévriers qu'aux pistes de vélodrome, dix à vingt mille personnes viennent à chaque séance suivre le jeu dangereux des motocyclistes.
Paul Morand, Londres.
♦ Course de bateaux à voile. ⇒ Régate. || Course-croisière, course au large. || Course à l'aviron. ⇒ Rowing. || Course de hors-bord.
♦ Antiq. || Courses de chars. || Courses de flambeaux (⇒ Lampadophore).
♦ ☑ Loc. Course au clocher, qui se fait en vue d'un but à atteindre par tous chemins (→ Clocher, cit. 4). — Course en sac. — Abstrait. ☑ Course à l'abîme.
♦ Par anal. || Course de lenteur : compétition où le vainqueur est celui qui met le plus de temps à accomplir, dans certaines conditions, un trajet.
♦ … de course : que l'on destine à la course, aux épreuves sportives de vitesse; qui est formé, conçu, construit pour la course. || Cheval de course. || Écurie de course, de chevaux de course. || Voiture, moto, bateau de course.
3 Fig. Compétition entre personnes, entre États pour arriver, obtenir le premier. || La course au pouvoir. || La course aux armements.
♦ ☑ Loc. fam. Dans la course. || N'être pas, n'être plus dans la course : n'être pas, plus en mesure de gagner; fig., avoir perdu contact avec la tête, avec l'avant-garde, être complètement dépassé. → Mouvement (n'être plus dans le).
8.1 Il faut vraiment se creuser la tête pour trouver quelque chose à dire sur un film anglais. On se demande pourquoi. Mais c'est comme ça. Et il n'y a même pas d'exception qui justifie la règle. Surtout pas en tout cas La femme en robe de chambre (de J.-L. Thompson). Malgré son Prix d'Interprétation au récent festival de Berlin. Ça montre tout au plus que les Allemands, eux non plus, ne sont pas dans la course.
4 (Esp. corrida. → Corrida). || Course de taureaux (1830, Mérimée, in Petiot). ⇒ Corrida, novillada; taureau. || Une course de taureaux aux arènes de Nîmes. — (1903). || Course landaise. — Par ext. || Aimer les courses de taureaux. ⇒ Tauromachie.
———
II (Déb. XVIIe).
1 a (1606). Action de parcourir un espace. ⇒ Déplacement, parcours, trajet. || Il y a une longue course d'ici à la ville. ⇒ Chemin, distance, espace. || Course à cheval. ⇒ Chevauchée. — Faire une course en voiture, en fiacre, en taxi. || Prix, tarif de la course. || Payer sa course au chauffeur, le prix de sa course.
9 J'allais faire de longues courses à travers la ville, sur les quais, dans la campagne (…)
Lamartine, Graziella, IV, I, p. 105.
10 (…) cette saveur d'imprévu des longues courses dans une campagne admirable (…)
Alphonse Daudet, Contes du lundi, Alsace ! Alsace !
b (Régional, Suisse). Excursion, voyage organisé. || Course d'école. || Course des contemporains : voyage organisé par une association de personnes de la même classe d'âge. — ☑ Loc. Aller, être en course d'école. — Par métonymie. Les personnes qui participent à une telle excursion.
10.1 Des petits trains bleus, grenat et bruns aux boiseries encaustiquées emportent dans les vallées un peuple de varappeurs, d'Anglais à herbier, de courses d'école.
Jacques Chessex, Portrait des Vaudois, p. 150.
c Régional (Suisse). || Déplacement, trajet simple course : aller simple, dans les transports publics.
♦ ☑ Loc. Faire les courses, se rendre à son travail, lorsqu'on habite une agglomération différente. || Il fait les courses en train.
2 (1775, Saussure, in Petiot). Alpin. Excursion d'un alpiniste en montagne. ⇒ Ascension. || Une course difficile, une grande course. || Course avec guide, sans guide. || Faire une longue course en montagne. ⇒ Excursion, marche, randonnée. || Course hivernale (ou, n. f., une hivernale). || Course de plusieurs jours en moyenne montagne. ⇒ Trekking (anglic.).
10.2 Jean Servettaz avait très bien pu rentrer à Chamonix à temps pour repartir sur la Charpona et les Drus. Il n'était pas homme à perdre une course, on lui reprochait assez de se surmener.
R. Frison-Roche, Premier de cordée, p. 28 (1941).
3 Allée et venue d'un commissionnaire. || Faire une, des courses. ⇒ Coursier. — ☑ Loc. Garçon de courses. ⇒ Commissionnaire; chasseur, coursier, saute-ruisseau; arpète, trottin. || Envoyer qqn faire une, des courses; l'envoyer en course, en courses.
11 Et vous, je puis avoir besoin de vous envoyer en courses à n'importe quel moment de la journée (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, VI, p. 65.
♦ Au plur. Déplacement effectué pour faire des achats. — Par ext. Les achats eux-mêmes. || Aller faire des courses dans les magasins. ⇒ Achat, commission; shopping (anglic.). || J'ai quelques courses à faire.
12 Il disposait de peu de temps pour des courses nombreuses, mais comme il sortait d'un magasin (…)
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, III, p. 491.
♦ ☑ Loc. Être en course, en train de faire une course.
12.1 Mademoiselle est en course à Saint-Leu, dit l'homme, chez l'ami que Monsieur sait, pour lui porter la lettre.
Bernanos, l'Imposture, in Œ. roman., Pl., p. 431.
4 Spécialt (mar.). Anciennt. Action de parcourir le pays, la mer pour faire du pillage. || Guerre de course. || Faire la course (⇒ Corsaire). — ☑ Loc. Armer un navire en course.
13 Les Scythes ont plutôt fait des courses que des conquêtes.
14 Les Danois et les Normands n'étaient point armés en course et ne savaient guère se battre que sur terre.
G.-T. Raynal, Hist. philosophique…, X, 19.
5 Danse. Parcours de l'aire de la danse.
6 (Choses). Littér. Mouvement plus ou moins rapide. ⇒ Cours, mouvement. || La course d'un projectile; d'un véhicule. || La course de la plume sur le papier. || La course des nuages dans le ciel. || La course d'un fleuve. Poét. || La course des astres, du soleil, des planètes. || La course du temps. || La course des jours. ⇒ Fuite, succession, suite. ☑ Arriver au terme, au bout de la course, de la vie. || La course des pensées.
15 Les trois quarts de ma course pour le moins sont passés (…)
Mme de Sévigné, 1470, août 1696.
16 Enfin le silence est revenu et mes pensées ordinaires ont repris leur course.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, III, VI, I.
17 Pourquoi suspendre la course de ma main sur ce papier qui recueille (…) ce que je sais de moi, ce que j'essaie d'en cacher, ce que j'en invente et ce que j'en devine ?
Colette, la Naissance du jour, p. 103.
♦ Au plus haut, au sommet, à l'apogée de sa course. ☑ En fin de course, à bout de course, épuisé. ⇒ Déclin (sur le déclin).
18 Ne trouvez-vous pas que les femmes, comme les fleurs et les fruits, traversent une courte saison où leur beauté s'arrête au plus haut de sa course ?
A. Maurois, les Discours du Dr O'Grady, XII, p. 117.
19 Mais ma femme n'était pas d'attaque, elle n'en pouvait plus, à bout de course, recrue de fatigue.
F. Mauriac, le Nœud de vipères, p. 192.
♦ Le fait de se répandre rapidement. ⇒ Élan, force. || Le fléau n'a pu être arrêté dans sa course.
7 Techn. Mouvement (d'un organe mécanique). || La course rectiligne d'un piston. ⇒ Va-et-vient. || La course d'une valve, d'un excentrique. || L'alésage et la course (du piston) servent à calculer la cylindrée. || À bout, à fond de course. || Piston à mi-course.
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DÉR. Courser, 2. coursier.
CONTR. Arrêt, immobilité.
Encyclopédie Universelle. 2012.