décaniller [ dekanije ] v. intr. <conjug. : 1> ♦ Fam. S'enfuir, partir.
● décaniller verbe intransitif (lyonnais se décanilli, se hâter de fuir, de canille, jambe) Populaire. Partir sans demander son reste ; décamper, déguerpir. ● décaniller (synonymes) verbe intransitif (lyonnais se décanilli, se hâter de fuir, de canille, jambe) Populaire. Partir sans demander son reste ; décamper, déguerpir.
Synonymes :
- décamper
- déguerpir
- détaler
- filer (familier)
- se carapater (populaire)
- se débiner (populaire)
décaniller
v. intr. Pop. Partir précipitamment.
|| v. Pron. Se dépêcher.
⇒DÉCANILLER, verbe intrans.
Pop. S'en aller malgré soi et sans demander son reste. Si ça plaît à Monsieur de Maillebois de déguerpir, c'est pas une raison pour que je décanille, moi (LA VARENDE, Heur. humbles, « Va-de-bon-Cœur », 1942, p. 89). Attends voir comme j'le f'rais décaniller du pajot, si seulement j'étais là (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 25).
Prononc. :[dekanije], (je) décanille [dekanij]. Étymol. et Hist. 1792 (Marat ds BRUNOT t. 10, 1re partie, p. 225). Prob. empr. au lyonnais se décanilli « se hâter de fuir » (DU PUITSP.), lui-même dér. avec préf. dé- de canilles « jambes (emploi comique) » (ibid.) lui-même dim. de cannes attesté au sens de « jambes » dans l'arg. franco-prov. (FEW t. 2, p. 203a). Fréq. abs. littér. :14.
DÉR. Décanillage, subst. masc. Action de décaniller. Attesté ds GUÉRIN 1892; cf. également J. RICHEPIN, Le Pavé, 1883, p. 64. — 1re attest. 1883 id.; de décaniller, suff. -age.
BBG. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 307.
décaniller [dekanije] v. intr.
ÉTYM. 1792; orig. incert. On a proposé une dérivation du lyonnais canille « jambe », dimin. de canne, même sens (mais Wartburg voit dans ce suffixe -ille une influence de décaniller). Les régionalismes déquenailler, décanailler « s'en aller, quitter la place » et se deichonilla « se déprendre; s'enfuir » (en parlant d'un chien et d'une chienne accouplés) suggéreraient le rattachement de ce « mot bas » (Brunot) au lat. canis « chien » (→ Canaille). Enfin P. Guiraud propose une base canille, de nille « niche » et préfixe ca- indiquant un creux, d'après le v. niller « nicher » (du lat. nidiculare).
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♦ Familier.
1 Bouger, déménager (d'un endroit).
1 Vous les faites inutilement décaniller d'un département dans un autre.
2 Quant à Edmond il n'avait pas décanillé de Paris, sous le prétexte de l'hôpital.
Aragon, les Beaux Quartiers, p. 296.
♦ Spécialt. Se lever, sortir (du lit).
3 (…) comme j'le ferais décaniller du pajot, si seulement j'étais là.
♦ Absolt. Se lever et partir. || Décaniller de bonne heure.
3.1 Mathurin aussitôt se leva, comme un matelot dont le quart est fini :
Allons, Jérémie, faut décaniller.
L'autre se mit en mouvement avec plus de peine, prit son aplomb en s'appuyant à la table; puis il gagna la porte et l'ouvrit pendant que son compagnon éteignait la lampe.
Maupassant, Contes du jour et de la nuit, p. 76.
♦ Trans. Faire lever (qqn), sortir (qqn) du lit.
4 Je le décanille… je le décampe de son grillage… Je le vire tel quel, en kimono…
2 (Fin XVIIIe). Partir, s'en aller (généralement contre sa volonté et précipitamment). ⇒ Enfuir (s'); décamper, déguerpir.
5 Elle priait la compagnie de décaniller et plus vite que ça.
Louise Michel, la Misère, t. I, p. 76.
6 Vous êtes bien mignons, leur dis-je. Amusez-vous bien. Mais, Kupka, pas de blague, hein ? Il faut que ta femme décanille demain matin avant la diane !…
B. Cendrars, la Main coupée, p. 65.
3 Fig. Mourir. ⇒ Partir.
7 Comme nous apprenions coup sur coup plusieurs morts, elle ne manqua pas de dire : « Crois-tu qu'on décanille, hein ? ».
J. Renard, Journal, 12 mars 1895.
Encyclopédie Universelle. 2012.