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décaniller

décaniller [ dekanije ] v. intr. <conjug. : 1>
• 1791 ; p.-ê. de dé- et lyonnais canille « jambe », de canne
Fam. S'enfuir, partir.

décaniller verbe intransitif (lyonnais se décanilli, se hâter de fuir, de canille, jambe) Populaire. Partir sans demander son reste ; décamper, déguerpir. ● décaniller (synonymes) verbe intransitif (lyonnais se décanilli, se hâter de fuir, de canille, jambe) Populaire. Partir sans demander son reste ; décamper, déguerpir.
Synonymes :
- décamper
- déguerpir
- détaler
- filer (familier)
- se carapater (populaire)
- se débiner (populaire)

décaniller
v. intr. Pop. Partir précipitamment.
|| v. Pron. Se dépêcher.

⇒DÉCANILLER, verbe intrans.
Pop. S'en aller malgré soi et sans demander son reste. Si ça plaît à Monsieur de Maillebois de déguerpir, c'est pas une raison pour que je décanille, moi (LA VARENDE, Heur. humbles, « Va-de-bon-Cœur », 1942, p. 89). Attends voir comme j'le f'rais décaniller du pajot, si seulement j'étais là (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 25).
Prononc. :[dekanije], (je) décanille [dekanij]. Étymol. et Hist. 1792 (Marat ds BRUNOT t. 10, 1re partie, p. 225). Prob. empr. au lyonnais se décanilli « se hâter de fuir » (DU PUITSP.), lui-même dér. avec préf. dé- de canilles « jambes (emploi comique) » (ibid.) lui-même dim. de cannes attesté au sens de « jambes » dans l'arg. franco-prov. (FEW t. 2, p. 203a). Fréq. abs. littér. :14.
DÉR. Décanillage, subst. masc. Action de décaniller. Attesté ds GUÉRIN 1892; cf. également J. RICHEPIN, Le Pavé, 1883, p. 64. 1re attest. 1883 id.; de décaniller, suff. -age.
BBG. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 307.

décaniller [dekanije] v. intr.
ÉTYM. 1792; orig. incert. On a proposé une dérivation du lyonnais canille « jambe », dimin. de canne, même sens (mais Wartburg voit dans ce suffixe -ille une influence de décaniller). Les régionalismes déquenailler, décanailler « s'en aller, quitter la place » et se deichonilla « se déprendre; s'enfuir » (en parlant d'un chien et d'une chienne accouplés) suggéreraient le rattachement de ce « mot bas » (Brunot) au lat. canis « chien » (→ Canaille). Enfin P. Guiraud propose une base canille, de nille « niche » et préfixe ca- indiquant un creux, d'après le v. niller « nicher » (du lat. nidiculare).
Familier.
1 Bouger, déménager (d'un endroit).
1 Vous les faites inutilement décaniller d'un département dans un autre.
Marat, Convention Nationale, 24 oct. 1792, in Brunot, Hist. de la langue franç., t. X, I, p. 225.
2 Quant à Edmond il n'avait pas décanillé de Paris, sous le prétexte de l'hôpital.
Aragon, les Beaux Quartiers, p. 296.
Spécialt. Se lever, sortir (du lit).
3 (…) comme j'le ferais décaniller du pajot, si seulement j'étais là.
H. Barbusse, le Feu, t. II, p. 13, in Cellard et Rey.
Absolt. Se lever et partir. || Décaniller de bonne heure.
3.1 Mathurin aussitôt se leva, comme un matelot dont le quart est fini :
Allons, Jérémie, faut décaniller.
L'autre se mit en mouvement avec plus de peine, prit son aplomb en s'appuyant à la table; puis il gagna la porte et l'ouvrit pendant que son compagnon éteignait la lampe.
Maupassant, Contes du jour et de la nuit, p. 76.
Trans. Faire lever (qqn), sortir (qqn) du lit.
4 Je le décanille… je le décampe de son grillage… Je le vire tel quel, en kimono…
Céline, Mort à crédit, p. 755, in Cellard et Rey.
2 (Fin XVIIIe). Partir, s'en aller (généralement contre sa volonté et précipitamment). Enfuir (s'); décamper, déguerpir.
5 Elle priait la compagnie de décaniller et plus vite que ça.
Louise Michel, la Misère, t. I, p. 76.
6 Vous êtes bien mignons, leur dis-je. Amusez-vous bien. Mais, Kupka, pas de blague, hein ? Il faut que ta femme décanille demain matin avant la diane !…
B. Cendrars, la Main coupée, p. 65.
3 Fig. Mourir. Partir.
7 Comme nous apprenions coup sur coup plusieurs morts, elle ne manqua pas de dire : « Crois-tu qu'on décanille, hein ? ».
J. Renard, Journal, 12 mars 1895.

Encyclopédie Universelle. 2012.