jambe [ ʒɑ̃b ] n. f.
• 1080; bas lat. gamba « jarret du cheval, patte »; gr. kampê
I ♦
1 ♦ Anat. Partie de chacun des membres inférieurs de l'homme, qui s'étend du genou au pied. L'articulation du genou réunit la cuisse à la jambe. Os de la jambe. ⇒ péroné, tibia. Partie charnue de la jambe. ⇒ 2. mollet. Avoir de l'eau jusqu'à mi-jambe. — Cour. Cette partie, ou le membre inférieur tout entier (y compris la cuisse et le genou). ⇒fam. canne, 1. flûte, fumeron, gambette, gigot, guibolle, 1. patte, pince, 1. quille. Avoir des jambes longues, de grandes jambes. ⇒fam. échasse. Jambes courtes. Avoir de grosses jambes. ⇒fam. pilier, poteau. Jambes minces, comme des allumettes. Collect. Avoir la jambe bien faite. Jambes arquées, torses. Avoir les jambes nues. Jambes gainées de soie. — Être assis les jambes pendantes. « une jambe étendue et l'autre un peu repliée » (Gautier). Croiser les jambes. Jambes écartées. — Avoir de bonnes, de mauvaises jambes : marcher, courir facilement ou non. Jambe cassée, paralysée (⇒ paraplégie) . Tirer, traîner la jambe. Personne à qui il manque une jambe (⇒ unijambiste) , les deux jambes (⇒ cul-de-jatte) . — Avoir les jambes raides, ankylosées. Se dégourdir les jambes. Avoir les jambes molles. Fam. Avoir les jambes comme du coton, en coton, en flanelle, en pâté de foie : se sentir très faible. Ne plus pouvoir se tenir sur ses jambes. Flageoler sur ses jambes. « j'allais m'évanouir, mes jambes ne me portaient plus » (Radiguet). — Sport Jeu de jambes : aptitude à mouvoir et disposer les jambes. Boxeur, joueur de tennis qui a un bon jeu de jambes. Se mettre en jambes : s'échauffer avant l'effort. Être en jambes.
♢ Loc. Jouer des jambes : partir en courant. — Courir, s'enfuir À TOUTES JAMBES, le plus vite possible. — Prendre ses jambes à son cou. Ils « ont déjà quinze kilomètres dans les jambes » (Colette),ils ont marché 15 km. — Fam. En avoir plein les jambes : avoir trop marché, être fatigué. — N'avoir plus de jambes : ne plus avoir la force de marcher. — Avoir des jambes de vingt ans : avoir encore de bonnes jambes, être alerte. La peur lui donne des jambes, lui donne la force de marcher, de courir, lui coupe les jambes, le paralyse. Casser, couper bras et jambes. Avoir les jambes sciées. La queue entre les jambes. — Être dans les jambes de qqn, trop près de lui, sur son chemin. Les petits, « toujours dans ses jambes, l'occupaient » (Zola). Tirer dans les jambes de qqn, lui nuire, le desservir de façon peu loyale. — Fam. Tenir la jambe à qqn, le retenir, l'importuner par des bavardages. Il m'a tenu la jambe une heure devant la porte. Lâche-moi la jambe : fiche-moi la paix (cf. Lâche-moi les baskets, la grappe). Traiter qqn, faire qqch. par-dessous (vieilli), par-dessus la jambe, sans égard, de façon désinvolte. — Faire une belle jambe (à qqn) : ne servir, n'avancer à rien, en parlant d'un avantage apparent. — Fam. Partie de jambes en l'air : ébats sexuels.
♢ (1836) RONDS DE JAMBE : (danse) mouvement d'une jambe qui décrit un demi-cercle. — Fig. Faire des ronds de jambe, des courbettes, des politesses exagérées.
2 ♦ Par anal. Jambe de bois : pièce en bois adaptée au moignon d'un amputé. ⇒ pilon. Jambe artificielle, articulée, appareil de prothèse articulé. — C'est un cautère, un emplâtre sur une jambe de bois.
3 ♦ Patte des animaux, surtout des quadrupèdes. Les cochons « aux petits yeux, aux jambes courtes » (Apollinaire). Jambes fines de la gazelle. — Partie des membres postérieurs du cheval, entre le fémur et l'astragale, qui correspond à l'avant-bras des membres antérieurs. ⇒ gigot. Par ext. Jambe de devant : avant-bras.
4 ♦ Jambe d'un pantalon : chacune des deux parties qui couvrent les jambes (comme les manches couvrent les bras). Des pantalons « dont les jambes étaient très courtes et le fond immense, des pantalons de clown » (Mac Orlan).
5 ♦ (1546) Les jambes d'un compas, ses branches.
II ♦ Objet, partie qui soutient.
1 ♦ Charpent. Jambe de force : sorte d'arbalétrier supportant une fermette.
2 ♦ Techn. Chaîne verticale apparente composée d'éléments différents du matériau de base et placée dans un mur afin de le consolider. Jambe boutisse.
♢ Autom. Tige reliant l'essieu au cadre du châssis.
● jambe nom féminin (bas latin gamba, jarret des animaux, du grec kampê, courbure) Partie du membre inférieur comprise entre le genou et le cou-de-pied. Dans le langage courant, le membre inférieur tout entier. Partie du pantalon recouvrant chacune des deux jambes. Bâtiment Pilier ou chaîne en pierre de taille que l'on intercale dans un mur en maçonnerie afin de le renforcer. Boucherie Gîte de derrière. Zoologie Partie du membre du cheval correspondant à la jambe ou à l'avant-bras de l'homme. ● jambe (citations) nom féminin (bas latin gamba, jarret des animaux, du grec kampê, courbure) Jean Pellerin Pontcharra, Isère, 1895-Le Châtelard 1921 Glissant du lit, que tes lisses Jambes nous suggèrent les Chiffres inscrits aux caprices Des mondes émerveillés ! Le Bouquet inutile Gallimard ● jambe (difficultés) nom féminin (bas latin gamba, jarret des animaux, du grec kampê, courbure) Emploi 1. Par-dessous la jambe = avec désinvolture, négligemment ; sans égard. Faire qqch par-dessous la jambe ; traiter qqn par-dessous la jambe. Fréquent mais moins correct : par-dessus la jambe. Remarque On a dit d’abord jouer qqn par-dessous la jambe (= le traiter sans considération), par comparaison avec un jeu d’adresse dans lequel un joueur ferait étalage de sa supériorité en lançant ainsi la balle. 2. La jambe d’un cheval : il est d’usage, chez les cavaliers, d’employer jambe pour désigner la patte du cheval. → pied ● jambe (expressions) nom féminin (bas latin gamba, jarret des animaux, du grec kampê, courbure) À toutes jambes, en courant le plus vite possible. Avoir de bonnes, de mauvaises jambes, pouvoir marcher longtemps sans fatigue ; marcher avec difficulté du fait d'une faiblesse, de la maladie, de l'âge. Familier. Avoir telle distance dans les jambes, ressentir la lassitude d'une marche de tant de kilomètres. Familier. Cela me fait une belle jambe, cela ne m'avance en rien, ne présente pour moi aucune utilité. Être (toujours) dans les jambes de quelqu'un, le gêner dans ses mouvements. N'avoir plus de jambes, ne plus sentir ses jambes, n'être plus en état de marcher du fait de la fatigue ou de l'âge. Familier. Par-dessus (par-dessous) la jambe, sans y prêter attention, sans le moindre égard, avec mépris ou insolence. Populaire. Partie de jambes en l'air, ébats sexuels. Familier. Prendre ses jambes à son cou, s'enfuir en courant. Se mettre en jambes, faire un peu d'exercice, chauffer ses muscles pour se préparer à un effort physique. Familier. Tenir la jambe à quelqu'un, l'importuner par un long discours, souvent ennuyeux. Tirer dans les jambes de quelqu'un, l'attaquer d'une façon déloyale. Ulcère de la jambe, plaie persistante de la jambe, d'origine circulatoire. Jambe de train d'atterrissage, élément reliant la roue de l'atterrisseur à la cellule de l'avion. Jambe élastique, ensemble élémentaire de suspension, composé d'éléments cylindriques télescopiques, d'un ressort hélicoïdal et d'éléments de triangulation. Jambe de force, pièce de bois ou de fer oblique, posée vers l'extrémité d'une poutre pour la soulager en diminuant sa portée (synonyme : contrefiche) ; dans un comble à entrait retroussé, pièce inclinée reliant soit les deux entraits, soit l'entrait principal avec l'arbalétrier. Jambe artificielle articulée, prothèse articulée qui remplace une jambe amputée. Jambe de bois, appareil en bois adapté au moignon de celui qui a perdu une jambe. Jeu de jambes, aisance et habileté des jambes, permettant à l'athlète d'être toujours en bonne position. ● jambe (synonymes) nom féminin (bas latin gamba, jarret des animaux, du grec kampê, courbure) Dans le langage courant, le membre inférieur tout entier.
Synonymes :
- échasses (familier)
- flûtes (familier)
- gambettes (populaire)
- gigues (populaire)
- guiboles (populaire)
- pattes (familier)
- pied
- quilles (populaire)
Médecine. Jambe de bois
Synonymes :
- pilon
jambe
n. f.
rI./r
d1./d ANAT Partie de chacun des deux membres inférieurs de l'homme comprise entre le genou et le pied et dont le squelette est formé du tibia et du péroné.
d2./d Cour. Membre inférieur tout entier. Les jambes puissantes d'un athlète. Syn. (France rég.) cambe.
|| Loc. Fam. Jouer des jambes, prendre ses jambes à son cou: s'enfuir en courant.
— Courir, aller à toutes jambes, le plus vite possible.
— Traîner la jambe: marcher avec difficulté.
— Fig. La nouvelle lui a coupé bras et jambes, lui a ôté toute force. Le vin m'avait coupé les jambes.
|| Fig. Tenir la jambe à qqn, l'importuner en le retenant par ses discours.
— Faire des ronds de jambe: faire des manières dans l'intention de séduire.
— Faire qqch par-dessous (ou par-dessus) la jambe, avec désinvolture.
— Iron. Cela lui fait une belle jambe: cela ne lui apporte rien.
d3./d Par anal. Jambe de bois: pièce de bois façonnée pour servir de prothèse à un amputé.
— Jambe artificielle, articulée.
d4./d Patte (notam. des quadrupèdes).
|| Spécial. Partie des membres postérieurs du cheval, entre le bas de la cuisse et le jarret.
rII./r Par anal. Ce qui sert à porter, à soutenir.
— Jambes d'un compas, ses branches.
⇒JAMBE, subst. fém.
A. — 1. ANAT. Partie du membre inférieur chez l'homme, comprise entre le genou et le cou-de-pied, servant de soutien dans la station verticale et la locomotion, p. ext. le membre inférieur tout entier. Synon. pop. flûte, gambette, guibolle, quille; patte (fam.). Être court, haut sur jambes. La jambe est formée de deux os. L'un plus gros, appelé tibia; l'autre plus grêle (...) nommé le péroné (CUVIER, Anat. comp., t. 1, 1805, p. 363). À la sortie, elle dut passer devant Henri : la jupe de sa robe lui battit les jambes. Elle n'osa pas le regarder (REIDER, Mlle Vallantin, 1862, p. 99). Nous demeurions là (...) dans le sable jusqu'au gras de la jambe (CLAUDEL, Tête d'Or, 1901, 3e part., p. 275) :
• 1. ... le confrère ne se gêna pas pour rire dédaigneusement lorsqu'il découvrit cette jambe gangrenée jusqu'au genou. Puis, ayant déclaré net qu'il la fallait amputer, il s'en alla chez le pharmacien déblatérer contre les ânes qui avaient pu réduire un malheureux homme en un tel état.
FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 19.
— Arg. Jambes de coq. Jambes maigres (FRANCE 1907). Synon. mollets de coq.
a) [Le membre inférieur en tant qu'organe articulé] Jambe en extension; allonger, écarter, fléchir, laisser pendre, plier, tendre la/les jambe(s); tomber les jambes en l'air. S'il s'asseyait, et allongeait les jambes, elle le déchaussait (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 44). Les jambes pendantes, il s'asseyait contre elle (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 620). Il regardait ses jambes pliées aux genoux et posées en biais, collées à la haute pierre (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 157) :
• 2. ... Saint-Loup prenait amicalement la main de n'importe quel bourgeois qu'on lui présentait (...) et en causant avec lui (sans cesser de croiser et de décroiser les jambes, se renversant en arrière, dans une attitude débraillée, le pied dans la main) l'appelait « mon cher ».
PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 130.
— Locutions
♦ Jambe de çà, jambe de là. À califourchon. Mlle [Rose] était bâtie comme un garçon, montait à cheval jambe deça, jambe delà, galopant comme un démon (SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 302).
♦ (Avoir) les jambes en compas. (Avoir) les jambes écartées. Ouvrant les jambes en compas forcé et faisant des pas de six pieds (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 113).
♦ DANSE. (Faire des) ronds de jambes. (Faire un) mouvement arqué des jambes en les fléchissant. Dans les quadrilles, quand il faisait le cavalier seul, il osait des entrechats et des ronds de jambe comme les danseurs de la ville (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 84).
Au fig. Être obséquieux (envers quelqu'un), faire des manières. Synon. faire des courbettes. On cherche les petits coins tranquilles, on se cache pour bien embrasser, on ne fait pas ça avec des flonflons et des ronds de jambe (GIONO, Baumugnes, 1929, p. 197).
b) [Le membre inférieur en tant que soutien du corps] Assuré, bien campé, d'aplomb, solide sur ses jambes; jambe amputée, cassée, malade, molle; les jambes flageolent, fléchissent, tremblent; préférer ça à une jambe cassée. Il était campé sur ses jambes presque torses comme sur une base inébranlable (BALZAC, Méd. camp., 1833, p. 92). Elle ne put se lever du siège où elle était assise, et sentit que ses jambes refusaient de la porter (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 3, 1859, p. 564). Quand je traversais le pont, il s'est foutu dans mes jambes, il m'a bien flanqué par terre (MONTHERL., Songe, 1922, p. 125) :
• 3. Son dos s'était voûté, ses jambes le soutenaient à peine, molles comme celles d'un homme qui va avoir la grippe. Toute sa vie se perdait, et il était complètement épuisé.
MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 562.
Expr. et loc.
SPORTS. Jeu de jambes. Aisance des jambes chez l'athlète qui lui permet de rester en bonne position. Jeu de jambes d'un boxeur (Lar. Lang. fr.). Le tennis étant fondamentalement un jeu d'instinct, les discussions sur le jeu de jambes prennent souvent une tournure trop complexe (A. ASHE ds Tennis de France, juill. 1980, n° 327, p. 147).
Avoir des jambes molles, des jambes de/en coton, en pâté de foie (fam.). Se sentir faible. Allant d'une étrange démarche, mal articulée, mal équilibrée, hésitante et difficile dans sa progression, le poids du corps mal réparti, déjeté, les jambes en coton, faible comme une chèvre malade (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 317).
Ne plus (pouvoir se) tenir sur ses jambes. Même sens. Eugénie (...) put à peine se tenir sur ses jambes quand elle fut dans sa chambre (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 123).
♦ Au fig.
Casser, couper les jambes; couper bras et jambes à qqn. Enlever sa force, son courage à quelqu'un. Ces émotions me coupent les jambes, asseyons-nous (SAGAN, Bonjour tristesse, 1954, p. 106).
N'avoir plus de jambes, avoir les jambes coupées. Se trouver sans force. Je n'ai plus de jambes, je crains de me trouver mal devant la loge du portier (CHAMPFL., Avent. Mlle Mariette, 1853, p. 54). Il faut vous croire sincère, j'en ai les jambes coupées (BERNANOS, Joie, 1929, p. 618).
Rompre bras et jambes (vx). ,,Rouer de coups`` (ROB.).
Les jambes me rentrent dans le corps. Je suis épuisé à force de marcher. Putois, regardant la pendule. — Trois heures moins vingt (...). On ne se couchera pas cette nuit. J'ai les jambes qui me rentrent dans le corps (ZOLA, Bouton de rose, 1884, I, 1, p. 224).
c) [(Partie du) membre inférieur en tant qu'organe de la marche] Marchant mal et comme avec des jambes tortes (STENDHAL, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 323). Ne quittez pas cette table, je vous le défends! Ne bougez bras ni jambes, je vous dis! Fixe! (CLAUDEL, Pain dur, 1918, II, 3, p. 451) :
• 4. ... il nous fallut attaquer à plein jarret une route assez raide (...). Je me souviens encore du clair de lune qu'il faisait cette nuit-là, et du plaisir physique que nous eûmes à nous dégourdir les jambes après douze heures d'immobilité...
AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 56.
— Locutions
♦ À toutes jambes (loc. adv.). Très vite. Aller, courir, filer à toutes jambes. Quand je sens le premier toucher de ces rayons froids, qui recroquevillent l'espérance, alors à toutes jambes je fuis (ALAIN, Propos, 1930, p. 952).
♦ Avoir encore, retrouver ses jambes de vingt ans. Pouvoir marcher facilement malgré l'âge. Anton. ne plus avoir de jambes. Il respirait sans oppression, et il avait des jambes de vingt ans. Il marchait allégrement, sans prendre garde aux pierres (ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 561).
♦ Avoir de bonnes jambes. Pouvoir marcher rapidement et pendant longtemps. Cela ne nous empêche pas de faire chaque jour (...) une grande marche de deux heures, avec Arthur. Ils ont de bonnes jambes l'un et l'autre (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 693).
♦ Donner des jambes (à qqn). Faire marcher, courir quelqu'un. Synon. donner des ailes. La peur donne des jambes (ROB.).
♦ Jouer des jambes (arg.). ,,S'enfuir`` (HAUTEL t. 2 1972). — Commandant, dit Bruidoux, amenant par le collet le fils du garde-chasse, le petit singe ne voulait-il pas jouer des jambes...? (FEUILLET, Bellah, 1850, p. 91).
♦ Prendre ses jambes à son cou.
♦ Avoir des kilomètres dans les jambes (fam.). Avoir beaucoup marché. P. anal. Mais si tu avais treize ans de tournées, comme moi, dans les jambes, tu ne serais pas si fière! (COLETTE, Music-hall, 1913, p. 106). En avoir plein les jambes. ,,Être fatigué après une longue marche`` (Lar. Lang. fr.).
♦ Tirer, traîner la jambe. Marcher avec difficulté. Ils se hâtent, en débandade, tête basse, épuisés, tirant la jambe, inquiets d'être à la traîne (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 756).
♦ N'aller que d'une/sur une jambe (au fig.). Péricliter. Et si l'une des deux familles [d'esprits] existait seule, la critique n'irait évidemment que sur une jambe (THIBAUDET, Réflex. crit., 1936, p. 148).
♦ Faire la belle jambe. Mettre ses jambes en valeur dans sa manière de marcher; parader. Voilà le tonton Amédée faisant la belle jambe, riant, tournant (POURRAT, Gaspard, 1930, p. 115).
♦ Faire jambe de bois (arg.) ,,Se donner des forces pour la marche en buvant`` (FRANCE 1907).
♦ Tirer dans les jambes de qqn (fig.). ,,Nuire à quelqu'un`` (Lar. Lang. fr.).
d) Loc. fig., fam.
♦ Jouer, traiter qqn par dessous/par dessus la jambe. Traiter quelqu'un avec désinvolture. Eh! bien, sachez que madame Evangélista, son notaire et sa fille nous jouaient par-dessous la jambe, et sont plus qu'adroits. Tudieu, quel jeu serré! (BALZAC, Contrat mar., 1835, p. 267). Faire qqc. par-dessous la jambe. Faire quelque chose sans application. Bourniche joua par-dessous la jambe les trois premières mesures de la célèbre romance (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 59).
♦ Faire (une) belle jambe (à qqn). Ne servir de rien. Cela fera belle jambe à l'infanterie!... Les pauvres! Ce n'est pas cela qu'ils me demandent (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 40). La belle jambe! (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 274). Rendre la jambe mieux faite. Même sens. Il ne meurt pas le moindre Académicien et quand même il en mourrait je n'en aurais pas la jambe mieux faite (MÉRIMÉE, Lettres Grasset, 1843, p. 133).
♦ Avoir, rencontrer qqn (toujours) dans ses jambes. Être importuné par la présence constante de quelqu'un. Elle s'irritait peu à peu de le rencontrer sans cesse dans ses jambes, oisif, ne sachant que faire de son corps (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 661). Être dans les jambes de qqn. Gêner quelqu'un dans son déplacement.
♦ Tenir la jambe à qqn. Retenir quelqu'un en lui imposant un discours plus ou moins ennuyeux. Il se souvient d'un avoué à qui il tint la jambe pour un litige d'ordre littéraire (MONTHERL., Démon bien, 1937, p. 1280).
♦ [Pour exprimer l'ennui] La jambe! Assez. Jacqueline qui se développait, comme on dit, de jour en jour, regarda sa mère en clignant des yeux, et répondit simplement [à une observation] :— Ah! non; la jambe (TOULET, Demois. La Mortagne, 1920, p. 55).
♦ Être jambe. Être ennuyeux. Synon. casse-pied. — Micheline n'est pas là ce soir? — Non, elle a vidé le vieux Schaum. Elle le trouve trop jambe (MORAND, Rococo, 1933, p. 64).
♦ Jeter un chat aux jambes de qqn. Susciter des embarras à quelqu'un. (ROB.; Lar. Lang. fr.).
e) Loc., à connotation érotique
♦ Jambe (du milieu). ,,Sexe masculin`` (GUIR. Litt. érot. 1978).
♦ Populaire
Avoir la jambe légère, lever la jambe [Le suj. désigne gén. une femme] ,,Être de mœurs légères`` (Lar. Lang. fr.).
Faire une partie de jambe(s) en l'air. Faire l'amour. Elles se marrent bien, en ce moment, les Parisiennes. Ha! elles font des parties de jambe en l'air (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 133).
2. MÉDECINE
— Jambe de bois. Appareil en bois qui remplace une jambe amputée. Dans la minute où ils se parlaient d'amour on entendit le seigneur de qui la jambe de bois résonnait dans les couloirs (BARRÈS, Cahiers, t. 4, 1905, p. 84).
♦ Loc. fig. Cataplasme, cautère sur une jambe de bois.
— Jambe articulée, artificielle. Appareil orthopédique articulé permettant de marcher. On trouvait chez lui côte à côte (...) des livres, des lampes à saindoux, un litre de Pernod, une jambe articulée pour infirme (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 169). Mon père était l'inventeur d'une jambe artificielle perfectionnée (PRÉVERT, Paroles, 1946, p. 32).
3. P. méton. Jambe d'une culotte, d'un pantalon. Chacune des deux parties d'un vêtement qui couvrent les jambes. Retrousser ses jambes de pantalon :
• 5. Wazemmes achève de se rhabiller, dans le sale petit vestibule, tout plein d'une odeur de chair moite. Il a mis ses bretelles à l'envers. Il ne retrouve pas l'une de ses chaussettes. Il finit par la découvrir dans une jambe de son caleçon.
ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 236.
B. — ANAT. ANIMALE
1. ZOOL. Chacun des membres qui soutiennent le corps des quadrupèdes. Synon. patte. Soit qu'il se contentât d'appuyer, à pied, de la voix, une couple de bassets à jambes torses (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 1, 1859, p. 594).
— En partic. Partie du membre postérieur du cheval, compris entre le fémur et l'astragale, et p. ext. membre antérieur. Ménuel attacha ensemble les deux jambes de devant de son cheval (STENDHAL, L. Leuven, t. 1, 1835, p. 154). Des chevaux de race pure, aux formes élégantes et nobles, aux jambes fines, aux jarrets nerveux (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 222). Il trottait déjà par le quartier (...) grimpait, comme à des mâts de cocagne, aux jambes nerveuses des juments (COURTELINE, Train 8 h 47, 1888, 1re part., p. 56).
♦ Loc. [En parlant d'un cheval fatigué] Chercher sa cinquième jambe. ,,S'appuyer sur la bride`` (Lar. Lang. fr.).
— Domaine de la bouch. Jambe de bœuf, de porc (CHAUD. 1970). Synon. jarret.
♦ ART CULIN. Jambe de bois. ,,Potage obtenu en faisant cuire un morceau non désossé de jambe de bœuf`` (Ac. Gastr. 1962).
2. ENTOMOL. Tibia des insectes et dernier article des pattes chez les divers articulés. Les autres ordres d'insectes sont, à peu près, conformés de la même manière que les coléoptères. Les muscles de la jambe sont situés dans l'intérieur de la cuisse (CUVIER, Anat. comp., t. 1, 1805, p. 459).
3. ORNITH. Tibia et tarse. Les oiseaux à longs pieds tiennent leur jambe étendue sur le tarse (CUVIER, Anat. comp., t. 1, 1805p. 480).
4. VÉN. ,,Espace compris entre le talon et les os chez les cervidés, entre le talon et les gardes chez le sanglier`` (Vén. 1974).
C. — TECHNOL. [P. anal. de forme, de fonction]
1. Jambes d'un compas. ,,Branches du compas; règles mobiles d'un compas de proportion`` (Ac.).
2. Spécialement
— AVIAT. Jambe de train d'atterrissage. ,,Support reliant la roue de l'atterrisseur à la cellule de l'avion`` (QUILLET 1965). Les jambes [du train d'atterrissage de l'avion] doivent toujours affecter une forme carénée (GUILLEMIN, Constr., calcul et essai avions, 1929, p. 186).
— BÂT. Pilier de pierre inséré dans un mur pour le fortifier (d'apr. ADELINE, Lex. termes art, 1884).
♦ Jambe boutisse.
♦ Jambe étrière.
♦ Jambe sous poutre.
— CHARPENT. Jambe de force. ,,Pièce transversale d'une ferme la raidissant`` (ADELINE, loc. cit.).
♦ P. anal., AUTOMOB. Lorsqu'on a affaire à des châssis de puissance élevée, il est impossible de faire participer le ressort à l'effort de tension qui résulte de la propulsion, et on a été ainsi amené à disposer des tendeurs ou plutôt des jambes de force, puisque ce sont des organes qui travaillent à la compression (PÉRISSE, Automob., 1907, p. 286).
— MAR. Jambe de chien. Nœud employé pour raccourcir une manœuvre sans la couper. Le nœud de jambe de chien s'obtient en pliant un cordage sur lui-même et en le fixant par deux boucles (GALOPIN, Lang. mar., 1925, p. 31).
— PÊCHE. Jambe d'une maille. ,,Fil qui forme un des côtés de la maille d'un filet`` (BAUDR. Pêches 1827).
REM. 1. Croc-en-jambe, subst. masc. V. croc. 2. Jambe de Dieu, subst. fém., arg. Jambe atteinte d'ulcères incurables (cf. ESN. 1966). [Employé comme juron, hapax chez Jarry]. Cornebleu, jambedieu, tête de vache! Nous allons périr, car nous mourons de soif et sommes fatigués (JARRY, Ubu, 1895, p. 70). 3. Mi-jambe (à), loc. adv. Jusqu'au milieu de la jambe. L'eau lui venait à mi-jambe (Ac. 1878-1935). 4. Jambelet, subst. masc. ,,Bijou que l'on porte à la jambe et qui correspond au bracelet`` (ROB.).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694.
Prononc. et Orth. : A. 1. a) Ca 1100 « patte des animaux » (Roland, éd. J. Bédier, 1491 : li destriers... Piez ad colpez e les gambes a plates); b) ) ca 1150 « membre inférieur de l'homme en son entier » (Charroi de Nîmes, éd. D. McMillan, 379); ) 1312 « partie de chacun des membres inférieurs de l'homme qui s'étend du genou au pied » (Vœux du Paon, éd. R. L. Graeme Ritchie, t. 4, 7851 : l'os de la jambe destre brisa outréement); ) 1665 [éd.] « aptitude pour marcher, courir » (GUEZ DE BALZAC, Œuvres, t. 1, p. 44); c) 1564 jambe de bois « pièce de bois adaptée au moignon d'un amputé » (PARÉ, Œuvres complètes, XVII, 12, éd. J.-Fr. Malgaigne, t. 2, p. 620); 2. a) ) 1640 cela me fait la jambe belle « cela ne me sert de gueres » (OUDIN Curiositez); 1842 faire une belle jambe à quelqu'un (SUE, Myst. Paris, t. 1, p. 25); ) 1670 cela lui rend la jambe bien mieux faite (MOLIÈRE, Bourgeois gentilhomme, III, 3; cf. Ac. 1694 : ,,On dit par ironie qu'une chose rend la jambe bien faite à quelqu'un, pour dire qu'elle ne lui sert de rien``; b) ) 1671 jouer qqn par dessous la jambe (MOLIÈRE, Fourberies de Scapin, I, 2) ; ) 1829 traiter par dessous la jambe (BÉRANGER, Chans., t. 1, p. 239); ) 1844 faire qqc. par dessus la jambe (VIDOCQ, Vrais myst. Paris, t. 3, p. 347); c) prendre les jambes à son cou ) 1690 « se résoudre à partir pour quelque voyage » (FUR.); ) 1740 « partir aussi vite que l'on peut » (Trév.); d) 1901 tenir la jambe à quelqu'un (BRUANT, p. 260); 3. 1879 jambe du pantalon (ZOLA, Nana in Le Voltaire 12 nov., p. 1, col. 6 ds QUEM. DDL t. 16). B. 1. a) 1321 « chacun des deux poteaux qui soutiennent le linteau d'une porte » (RICHARD, Une petite nièce de Saint Louis, Mahaut, p. 400 : les gambes del huys dudit portal); b) 1609 charpent. jambe de force (MALLEVOUËE, Actes de Sully, p. 128); c) 1676 [éd.] jambe sous poutre (FÉLIBIEN, 621); d) 1827 jambe d'une maille (BAUDR. supra); 2. 1564 jambes d'un compas (PARÉ, Œuvres complètes, VIII, 20, éd. J.-Fr. Malgaigne, t. 2, p. 59). Du b. lat. gamba « paturon du cheval (et gén. des quadrupèdes) » (aussi camba, d'où les différentes formes prov., cat., fr.-prov. et rhétorom.; cf. FEW t. 2, 1, p. 111a-b), empr. comme terme vétér. au gr. « articulation du pied du cheval ». Ce mot, pop. à l'orig., a évincé le subst. class. crus « jambe », la lang. vulg. empruntant volontiers, pour plus d'expressivité, au domaine animal. Dans le domaine ibér., crus a également été remplacé par perna qui, à l'époque class., signifiait « gigot, jambon » (cf. esp. pierna « jambe »; port. perna « id. »). Cf. G. ROHLFS, Romanische Sprachgeographie, p. 93-94, § 66 et p. 276 et W. VON WARTBURG et S. ULLMANN, Problèmes et méthodes de la ling., p. 175. Le fait de montrer une belle jambe et de prendre une démarche avantageuse a donné lieu à l'expr. faire une belle jambe. Jouer qqn par-dessous la jambe vient prob. d'une allusion aux joueurs de paume ou de boules qui, pour montrer leur supériorité, lançaient la balle ou la boule en la faisant passer par-dessous leur jambe. L'expr. tenir la jambe à qqn est une métaph. correspondant à « retenir par la jambe » et qui s'emploie dans le cont. d'une conversation interminable. Cf. REY-CHANTR. Expr., s.v. jambe. Fréq. abs. littér. : 7 551. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 6 069, b) 11 741; XXe s. : a) 15 302, b) 11 439. Bbg. QUEM. DDL t. 6, 15, 16, 19. - SAIN. Sources t. 2 1972 [1925], p. 194.
jambe [ʒɑ̃b] n. f.
ÉTYM. 1080, Chanson de Roland, en parlant des animaux; du bas lat. camba, gamba « jarret du cheval », et, par ext., « patte du cheval et des quadrupèdes », du grec kampê, proprt « courbure; articulation », employé en lat. vulg. à la place de crus, cruris « jambe ».
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1 (Mil. XIIe). Partie de chacun des membres inférieurs de l'homme, qui s'étend du genou au pied (⇒ Cheville, jarret, mollet). || L'articulation du genou (cit. 1) réunit la cuisse (cit. 1) à la jambe. || Os de la jambe. ⇒ Péroné, tibia. || Principaux muscles de la jambe : jambier, jumeaux, péronier, plantaire, soléaire, tendon d'Achille.
1 La jambe ou troisième segment du membre inférieur est essentiellement constituée, comme l'avant-bras, par deux os, qui se disposent parallèlement entre eux dans le sens de la longueur du membre : l'un, situé en dedans et très volumineux, c'est le tibia; l'autre, situé en dehors et beaucoup plus grêle, c'est le péroné.
L. Testut, Traité d'anatomie, t. I, p. 418.
♦ Cour. Cette partie (distincte de la cuisse), ou le membre inférieur tout entier (y compris la cuisse et le genou). ⇒ Membre (inférieur); fam. béquille, 1. canne, flûte, fumeron, gambette, gigot, gigue, guibole, patte, pilier, pincette, quille. || Le dessus de la jambe. || Le gras de la jambe. ⇒ Mollet. || Avoir des jambes longues (→ Foulée, cit. 4), élancées. || De grandes jambes en échalas (cit. 2). — Fam. || Jambes d'araignée, de faucheux, jambe héronnière. ⇒ Échasse. || Longueur exagérée des jambes. ⇒ Macroskélie (cf. les composés du grec skelos). — Jambes courtes (→ Braie, cit. 2). || Être court (cit. 6) de jambes, bas sur jambes (→ fam. Court en pattes, bas sur pattes, bas du cul). || Forme, galbe des jambes. || Grosses jambes (→ Grimper, cit. 15), jambes énormes (cit. 9), épaisses, lourdes (→ Charnel, cit. 7). ⇒ Pilier, poteau (fam.). || Jambes minces (→ Avantage, cit. 18; fillette, cit. 1). — ☑ Loc. Vx. Jambes de fuseau, très maigres. — ☑ Jambes sèches de coq (cit. 5.3). ☑ Jambes maigres comme des allumettes. ☑ Fam. Avoir les jambes en queues de sucette, maigres et droites. || Avoir les jambes bien faites; (collectif) avoir la jambe bien faite (→ Élégant, cit. 4; 2. épier, cit. 4; faire, cit. 261). || Jambes bien tournées (→ 2. Bas, cit. 3; encore, cit. 12), jambes galbées (cit.), fines (→ Enlacer, cit. 11), fuselées. || Elle a de belles jambes. || Jambes musclées. || Jambes mal faites, cagneuses, arquées (cit. 2), croches (vx), torses (→ Fléchir, cit. 13; 2. grêle, cit. 1; hâter, cit. 11), tortues (vx; → Après, cit. 84), circonflexes (cit. 2). — ☑ Loc. fam. Jambes en serpette, en manches de veste. ☑ Jambes Louis XV, arquées à la façon des pieds d'un fauteuil Louis XV. — Avoir les jambes nues (→ Gracilité, cit. 3). || Nu-tête et nu-jambes. ⇒ 1. Nu (→ Huron, cit. 1). || Jambes couvertes par des chaussettes, des bas (→ Assaut, cit. 16). || Jambes gantées (cit. 3) de bas, gainées (cit. 3) de soie, de dentelle. || Jarretière, jarretelle qui maintient le bas sur la jambe. || Pantalon, jambart, jambière, guêtre, botte… cnémide (cit. 1) qui protège la jambe. || Anneaux (cit. 6) de jambe. ⇒ Jambelet. || Robe à mi-jambe, à mi-mollet. || Montrer, découvrir (cit. 5) ses jambes (→ Flottant, cit. 4).
2 Ses jambes sont des colonnes de marbre blanc,
Posées sur des bases d'or pur.
Bible (Segond), Cantique des cantiques, V, 15 (→ aussi Albâtre, cit. 2).
3 — Ma Mère-grand, que vous avez de grandes jambes !
— C'est pour mieux courir, mon enfant.
Ch. Perrault, Contes, « Le petit chaperon rouge ».
4 (…) Que, lorsqu'on voit le pied, la jambe se devine (…)
A. de Musset, Poésies nouvelles, « Namouna », I, IV.
5 (…) sa jambe, qu'elle laissait souvent voir par la manière dont, sans y entendre malice, elle relevait sa robe quand il avait plu (…)
Balzac, la Vieille Fille, Pl., t. IV, p. 254.
6 (…) les jambes moulées par ces chausses en soie qui en prenaient si juste le contour musclé.
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Le bonheur dans le crime ».
7 (…) des bottes de cuir blanc de Russie, où ses jambes de coq ballottaient comme des flûtes dans leur étui (…)
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, II.
8 Les jambes de Diane sont fines, sèches, un peu longues, comme il sied à des jambes de divinité campagnarde faites pour arpenter les taillis et forcer les biches à la course (…)
Th. Gautier, Souvenirs de théâtre…, p. 52.
9 Tes nobles jambes, sous les volants qu'elles chassent,
Tourmentent les désirs obscurs et les agacent.
Baudelaire, les Fleurs du mal, Spleen et Idéal, LII.
10 (…) ses jambes longues et blondes et magnifiquement déliées et musclées, des jambes nobles.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 209.
♦ Position des jambes. || Plier, fléchir, tendre, allonger les jambes. || Être couché les jambes allongées (→ Aigu, cit. 2); être assis les jambes pendantes (→ Endormir, cit. 33), ballantes (cit. 1). || Être assis jambe de-ci (ou de-çà) jambe de-là (⇒ Califourchon). || Être assis les jambes pendantes (ne touchant pas le sol). || Serrer qqch. entre ses jambes, entre les jambes. || Croiser (cit. 2), décroiser les jambes (→ Asseoir, cit. 17). || Écarter, écarquiller (cit. 4) les jambes. || Jambes écartées (→ Appui, cit. 1; étrier, cit. 6). — Tomber les jambes en l'air [leʒɑ̃bɑ̃lɛʀ] (→ aussi ci-dessous le sens fig. et fam.). → fam. Les quatre fers en l'air.
11 (…) une jambe étendue et l'autre un peu repliée, dans une pose pleine de grâce et d'abandon (…)
Th. Gautier, Mlle de Maupin, IV.
♦ Rôle des jambes dans la station debout (⇒ Appui), la marche, la course (→ Extension, cit. 1), la danse (→ Assemblé, cit.; entrechat, cit. 3). || Courir de toute la vitesse de ses jambes (→ Intention, cit. 13). → À grandes enjambées. || Se dandiner (cit. 3) d'une jambe sur l'autre. || Girls (cit. 2) qui lèvent la jambe. || Sa jambe s'est enfoncée jusqu'au genou (cit. 4) dans la terre.
♦ ☑ Avoir de bonnes jambes (⇒ Ingambe), de mauvaises jambes : marcher, courir facilement ou non. || Personne solide, assurée (cit. 64), bien d'aplomb (cit. 12), bien campée sur ses jambes. — Jambe malade, cassée, démise (→ Aventure, cit. 11; bandage, cit. 2; haut, cit. 62). || Jambes paralysées (⇒ Paraplégie), atrophiées. || Avoir les jambes inégales. ⇒ Bancal, boiteux (→ Patte folle). || Boiter (cit. 1) d'une jambe. ☑ Tirer, traîner la jambe (→ Débandage, cit. 2). || Jambe amputée; personne amputée d'une jambe. ⇒ Unijambiste. || Homme sans jambes. ⇒ Cul-de-jatte, tronc (homme-tronc). — Avoir les jambes raides, gonflées par la fatigue (cit. 10), ankylosées (cit. 2). || Se dérouiller, se dégourdir les jambes. — (La force dans les jambes étant liée à l'état général de l'individu). ☑ Avoir les jambes molles, lourdes. Fam. Avoir les jambes pâles. — ☑ Loc. fam. Avoir les jambes comme du coton, les jambes en pâté de foie. — Jambes qui fléchissent (cit. 16), flageolent (cit. 1). → Faiblesse, cit. 10. || Ses jambes le trahissent, ne peuvent plus le porter, se dérobent sous lui. || L'émotion coupe, amollit (cit. 2) les jambes.
12 Ses jambes plus molles que coton ployèrent sous lui (…)
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, X.
12.1 Robert, comme un jeune chat, grimpa un talus fort à pic, et arriva le premier à la crête supérieure, au désespoir de Paganel, humilié de voir ses grandes jambes de quarante ans vaincues par de petites jambes de douze ans.
J. Verne, les Enfants du capitaine Grant, II, VI, p. 83.
13 (…) je sens mes jambes qui tremblent encore de l'horrible vision que je viens d'avoir (…)
Alphonse Daudet, le Petit Chose, II, XIV.
14 (…) j'allais m'évanouir, mes jambes ne me portaient plus.
R. Radiguet, le Diable au corps, p. 22.
15 (…) les soldats pénétrèrent bruyamment dans leurs chambrées. Quelques-uns traînaient la jambe. Ils se hâtèrent de chausser leurs espadrilles.
P. Mac Orlan, la Bandera, VI.
♦ Trembler, vaciller sur ses jambes. || Ne plus pouvoir se tenir sur ses jambes. || Être, se sentir faible sur ses jambes.
♦ ☑ Loc. fam. Avoir les jambes qui rentrent dans le corps : être épuisé pour avoir trop marché. → ci-dessous Avoir dix kilomètres dans les jambes.
15.1 Les jambes me rentrent dans le corps (…) mais au moins je me suis promené.
Ch. Paul de Kock, la Grande Ville, t. I, p. 230. (éd. 1842).
♦ ☑ Loc. Jouer des jambes : partir en courant.
♦ ☑ À toutes jambes : le plus vite possible (en parlant d'une personne qui court). || Courir à toutes jambes (→ Battre, cit. 27; évaltonner [s'], cit.). || Partir, fuir (cit. 2), s'enfuir (cit. 2) à toutes jambes (→ Épouvanter, cit. 13; héros, cit. 21). → Mettre les cannes.
♦ ☑ (1690, Furetière). Prendre ses jambes à son cou : partir, s'enfuir sur l'heure en courant (les jambes paraissant atteindre la hauteur du cou lorsqu'on court très vite).
16 Alors, se voyant dans la basse-cour, il a pris ses jambes à son cou, et ne savait où donner de la tête.
17 (…) ils repartirent à toutes jambes, évidemment pour avertir leurs camarades, ou la police, ou peut-être ameuter les gens du prochain village.
Loti, les Désenchantées, II, VI.
17.1 Pense un peu ! Un contre mille !… Salut !… Mes jambes à mon cou.
Céline, Guignol's band, p. 137.
♦ ☑ Fam. Avoir dix kilomètres dans les jambes : avoir parcouru dix kilomètres. — ☑ Fam. En avoir plein les jambes : avoir trop marché, être fatigué. — Syn. : plein les pattes, plein les guibolles. — ☑ N'avoir plus de jambes : ne plus avoir la force de marcher.
18 Je voudrais bien savoir ce que vous pensez faire d'un maître à danser à l'âge que vous avez (…) Est-ce que vous voulez apprendre à danser pour quand vous n'aurez plus de jambes ?
Molière, le Bourgeois gentilhomme, III, 3.
19 En hiver, les pédestrians qui ont déjà quinze kilomètres dans les jambes arrivent, vers une heure, sur les Vaux-de-Cernay (…)
Colette, Belles saisons, p. 12.
♦ ☑ (1907, Rolland). Avoir des jambes de vingt ans : avoir encore de bonnes jambes. || Ah, je n'ai plus mes jambes de vingt ans.
20 Le vieux Schulz avait le cœur inondé de bonheur; il respirait sans oppression, et il avait des jambes de vingt ans.
R. Rolland, Jean-Christophe, La révolte, p. 561.
♦ ☑ Loc. fig. et littér. Avoir de la jambe, de l'allure.
20.1 (Il était très bien Langlois : des moustaches fines, un beau plastron, de la jambe; il savait parler; et pas fainéant).
♦ ☑ Donner des jambes (à qqn) : donner la force de marcher (en parlant d'une émotion, d'un sentiment). || La crainte, la peur donne des jambes (→ Donner des ailes; et aussi ingambe, cit. 1).
♦ ☑ Belle jambe. || Faire la belle jambe : mettre ses jambes en valeur (dans la manière qu'on a de marcher); par ext. (vx) faire le beau. — ☑ Loc. (Av. 1857, E. Sue, in D. D. L.). Fig. Mod. Faire une belle jambe à qqn : ne servir à rien (en parlant d'un avantage qui n'est qu'apparent). || Il m'a assuré de son estime, cela me fait une belle jambe ! Dans le même sens (vx). || Rendre la jambe mieux faite (à qqn).
21 Plût à Dieu l'avoir tout à l'heure, le fouet (…) et savoir ce qu'on apprend au collège ! — Oui, ma foi ! cela vous rendrait la jambe bien mieux faite.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, III, 3.
22 — (…) le cardinal André, en te proposant sa voix, t'a affirmé dernièrement encore que tu avais derrière toi toute l'Église. — Voilà qui me fait une belle jambe.
Gide, les Caves du Vatican, I, 2.
♦ ☑ Loc. fam. (connotant l'érotisme). Lever la jambe, avoir souvent la jambe en l'air, les jambes en l'air : être de mœurs légères (le sujet désigne une femme). ⇒ Cuisse. — ☑ Partie de jambe(s) en l'air : ébats sexuels. → Lombaire, cit.
♦ ☑ (1904, in Petiot). Sports. Jeu de jambes : mouvements des jambes adaptés aux besoins du sport pratiqué, pour le meilleur résultat possible (dans les sports où les bras jouent le rôle principal : boxe, tennis…). || Avoir un bon jeu de jambes. || Jeu de jambes rapide, précis.
22.1 C'est (…) avant tout le reste, un bon jeu de jambes qui fait le champion.
Henri Cochet, le Tennis, p. 53.
♦ ☑ (1932, in Petiot). En jambes. || Être en jambes : avoir les jambes souples et fortes, être en forme pour ce qui est des jambes (en particulier, dans les sports où le train inférieur est très sollicité). || Joueur de tennis, skieur, coureur cycliste qui se sent en jambes, qui est en jambes. || « Au programme : cinq sommets de plus de 3 000 mètres. Évidemment, il faut être bon skieur, être en jambes et se lever tôt le matin pour participer. Bref, le soir, on est heureux de quitter les skis pour dormir » (le Point, 5-11 déc. 1983, p. 183). ☑ Se mettre en jambes : s'échauffer les jambes, le train inférieur.
♦ Ronds de jambe : mouvement gracieusement arqué des jambes que l'on fléchit. || Faire des ronds de jambe. || Saluer avec des ronds de jambe. — ☑ Fig. Faire des ronds de jambe : faire beaucoup de manières en vue de plaire.
♦ ☑ Être dans les jambes de qqn, entre ses jambes, trop près de lui, et, par ext., sur son chemin. || Ne restez pas dans nos jambes, vous nous gênez. || Chien qui se jette dans les jambes de qqn (→ Élancer, cit. 6).
23 Les petits, Laure et Jules, toujours dans ses jambes, l'occupaient, le chatouillaient au cœur.
Zola, la Terre, IV, II.
24 Jusqu'à quand le trouverai-je dans mes jambes, celui-là ! (…)
Colette, la Vagabonde, p. 236.
♦ ☑ Jeter le chat aux jambes de qqn. ⇒ Chat (cit. 11). → Calviniste, cit. 4.
♦ ☑ Fam. Tenir la jambe à (qqn), le retenir plus qu'il ne le souhaiterait par les discours, les confidences… qu'on lui impose. || Il m'a tenu la jambe jusqu'à midi. ⇒ Jamber.
♦ ☑ Vieilli. N'aller que d'une jambe, se dit d'une affaire qui marche mal. Var. || Aller d'une jambe, sur une jambe.
♦ ☑ Vx. Rompre bras et jambes (à qqn), le rouer de coups.
24.1 Ces émotions me coupent les jambes. Asseyons-nous.
Françoise Sagan, Bonjour tristesse, p. 106, in T. L. F.
♦ ☑ Par-dessous la jambe. (1671, Molière). Vx. || Jouer qqn par-dessous la jambe, obtenir aisément l'avantage sur lui. || Traiter qqn par-dessous la jambe, en faisant peu de cas de sa personne.
25 (…) je les aurais joués tous deux par-dessous la jambe (…)
Molière, les Fourberies de Scapin, I, 2.
♦ ☑ Mod. Par-dessus la jambe. || S'acquitter de ses fonctions par-dessus la jambe, de façon désinvolte, peu consciencieuse.
♦ ☑ (1931). Tirer dans les jambes de qqn, lui nuire, généralement par des moyens détournés, de façon peu loyale.
25.1 (…) répondre à l'appel de nos amis anglais, comme nous faisons toujours dès qu'ils s'interrompent de nous tirer dans les jambes (…)
F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 264.
♦ Ellipt. Fam. et vieilli (cit. de P. J. Toulet, 1920, in T. L. F.), probablt de tenir la jambe ou de jamber. || La jambe : ça suffit (→ La barbe). — Adj. Vx. || Être jambe, ennuyeux. || « Elle le trouve trop jambe » (P. Morand, 1933, in T. L. F.).
2 (Fin XVIe). || Jambe de bois (fam. ou régional jambe en bois) : prothèse en bois adaptée au moignon d'un amputé, et qui remplace ce membre ou le segment de membre perdu. ⇒ Pilon (→ Enflammer, cit. 5). — Jambe artificielle, articulée : appareil de prothèse articulé qui est préféré de nos jours à la jambe de bois.
26 C'est ainsi qu'il déboursa trois cents francs pour une jambe de bois dont elle jugea convenable de faire cadeau à Hippolyte. Le pilon en était garni de liège, et il avait des articulations à ressort, une mécanique compliquée recouverte d'un pantalon noir, que terminait une botte vernie.
Flaubert, Mme Bovary, II, XII.
♦ ☑ Loc. fam. (1808). C'est un cautère (cit. 2), un emplâtre sur une jambe de bois, un remède inefficace.
27 L'un ou l'autre, d'ailleurs, c'est le même emplâtre sur une jambe de bois.
Zola, la Terre, V, IV.
3 a Patte (des animaux, surtout des quadrupèdes). ⇒ Patte. || Les jambes courtes du cochon (→ Grogner, cit. 2). || Les jambes fines de la gazelle (cit.). || Taille disproportionnée des jambes de la gerboise (cit.), de la girafe (cit. 1). || Le lynx est bas (1. Bas, cit. 3) sur ses jambes. || Chien qui lève la jambe. — (Oiseaux). || Les longues jambes du jabiru (cit. 2).
28 (…) je ne voudrais pas jurer que quelques-uns de ces maudits chiens ne levassent la jambe et ne pissassent contre les orgues renversées, ces animaux étant fort diurétiques de leur nature (…)
Scarron, le Roman comique, I, XV.
b (1080, premier sens attesté). Spécialt. Partie des membres postérieurs (du cheval), entre le fémur et l'astragale, qui correspond à l'avant-bras des membres antérieurs. ⇒ Gigot. — Par ext. || Jambe de devant : avant-bras (→ Encenser, cit. 4; entamer, cit. 15). || Un cheval de course à jambe très longue. || Étrivières (cit. 2) qu'on passe aux jambes des pouliches.
29 La jambe se trouve placée entre la cuisse et le jarret : les os qui la supportent sont le tibia et le péroné (…) C'est une région très osseuse, avec des tendons mais peu de muscles. Mal protégée de ce fait elle est vulnérable (coups de pieds, fêlures, fractures).
Raymond Amiot, le Cheval, p. 33.
c (Bouch.). || Jambe de bœuf (⇒ Jarret), de porc (⇒ Jambonneau).
d Zool. Chez les oiseaux, Tibia et tarse. Chez les insectes, Tibia. — Dernier article des pattes, chez plusieurs articulés.
4 (1879, in D. D. L.). || Jambe d'une culotte, d'un pantalon : chacune des deux parties qui couvrent les jambes (au sens large), comme les manches couvrent les bras. || Il faut allonger la jambe droite.
———
II (Par anal. de forme ou de fonction).
1 Objet, partie qui soutient. || Les jambes d'un compas (⇒ Branche), d'un siphon.
♦ Partie située entre la paraison (2.) et le pied (d'un verre). || Jambe pleine, creuse, unie, renflée.
♦ Charpent. Étai oblique d'une ferme qui soulage l'entrait et soutient le mur. || Jambe sous-poutre : chaîne de pierre de taille ou de maçonnerie destinée à renforcer un mur à l'endroit où il supporte une poutre. ⇒ Jambage. || Jambe boutisse, jambe étrière.
♦ (Autom.). Tige reliant l'essieu au cadre du châssis.
♦ Aviat. Support (d'un train d'atterrissage).
2 Mar. || Jambe de chien : nœud particulier destiné à raccourcir un cordage.
3 Jambe de maille : fil qui forme un des côtés d'une maille. — Jambe : aile d'un verveux.
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DÉR. Jambage, jambard, jambé, jambelet, jamber, jambette, jambier, jambière, jambin, jambon.
COMP. Croc-en-jambe, enjamber, entre-jambe, mi-jambe (à), protège-jambe, unijambiste.
Encyclopédie Universelle. 2012.