déclamer [ deklame ] v. <conjug. : 1>
• 1542; lat. declamare → clamer
1 ♦ V. tr. Réciter à haute voix en marquant, par les intonations qu'exige le sens, l'accent grammatical et l'accent oratoire. Déclamer des vers (⇒ scander) , un poème, un discours. « Souvent elle le priait de lui dire des vers; Léon les déclamait d'une voix traînante » (Flaubert ). — Absolt « Il déclamait à tue-tête » (Chateaubriand).
♢ Péj. Dire (qqch.) sur le ton de la déclamation.
2 ♦ V. intr. DÉCLAMER CONTRE.Littér. Parler avec violence (contre qqn ou qqch.). ⇒ invectiver, vitupérer. « Tandis que vous déclamez contre la fortune et ma négligence » (Rousseau).
● déclamer verbe transitif (latin declamare) Réciter un texte à haute voix, avec le ton et les gestes convenables : Déclamer une tirade. Prononcer, dire une phrase, un texte avec emphase : Déclamer pompeusement des banalités. ● déclamer verbe transitif indirect Littéraire. Parler avec violence contre quelqu'un, quelque chose : Déclamer contre la décadence des mœurs.
déclamer
v. tr. Réciter à haute voix avec le ton et les accentuations convenant à l'intelligence du texte. Déclamer des vers.
— Péjor. Déclamer un discours.
|| v. intr. Péjor. Parler avec emphase. Sur ses sujets favoris, il ne parle plus, il déclame.
⇒DÉCLAMER, verbe.
A.— Emploi trans.
1. Réciter à haute voix, en marquant le sens du texte par les intonations et, éventuellement, par le geste. Déclamer avec emphase :
• Un livre, pour lui [Flaubert], est jugé par la lecture à haute voix : « Il n'a pas le rythme! » S'il n'est pas coupé selon le jeu des poumons humains, il ne vaut rien. Et de sa voix vibrante, à l'emphase sonore qui balance des échos de bronze, il déclame en le chantant un morceau des Martyrs : « Est-ce rythmé cela? C'est comme un duo de flûte et de violon... »
GONCOURT, Journal, 1861, p. 904.
— [Avec un compl. indir. d'intérêt] Je me la déclame à moi-même [la Prière sur l'Acropole], tout haut, sans m'en lasser (FLAUBERT, Corresp., 1876, p. 368).
— Emploi abs. Prenez garde de vous enrhumer, vous ne pourriez plus déclamer (ESTAUNIÉ, Empreinte, 1896, p. 108).
— Emploi pronom. à sens passif. Ces strophes des temps antiques où la poésie encore peu différenciée de la musique se déclamait sur des notes différentes (PROUST, Filles en fleurs, 1918, p. 909).
2. P. ext., souvent péj. User, dans la langue parlée ou écrite, d'un style déclamatoire. Ces bras en moulin à vent qui ne peuvent servir qu'à déclamer des sentences de morale (STAËL, Allemagne, t. 3, 1810, p. 221). Je te déclame avec la cadence vraie tout ce qu'il est aussi peu distingué que possible d'écrire (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1892, p. 169).
Rem. On rencontre ds la docum. qq. emplois de déclamé, ée, adj. Un feuilleton parlé et déclamé (GONCOURT, Journal, 1861, p. 869). Les longs monologues déclamés (BRASILLACH, Corneille, 1938, p. 113).
B.— Emploi intrans.
1. Déclamer contre, sur. Parler avec véhémence contre quelqu'un ou quelque chose. Déclamer contre l'injustice, contre la décadence. Synon. déblatérer. On déclame contre l'Inquisition, mais les reporters ont remplacé les dominicains (FLAUBERT, Corresp., 1879, p. 171).
2. S'exprimer avec emphase. Les bourgeois de Gênes peuvent bien déclamer; mais là se borne tout leur pouvoir (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 361). Jeanne d'Arc : ceux qui déclament à son sujet aujourd'hui l'auraient presque tous condamnée (WEIL, Pesanteur, 1943, p. 136).
Prononc. et Orth. :[deklame], (je) déclame [deklam]. Rad. en [] ds PASSY 1914 (facultativement), BARBEAU-RODHE 1930, Pt ROB. (facultativement), WARN. 1968 (facultativement). Enq. : (il) déclame /deklam, (D)/. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1542 « exposer en marquant le sens par l'intonation » (DOLET, Epist. famil. de Cicéron, 154 r° ds R. Hist. litt. Fr. t. 9, p. 474). Empr. au lat. class. declamare « s'exercer à la parole, exposer un sujet dans un exercice préparatoire ». Fréq. abs. littér. :378. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 552, b) 634; XXe s. : a) 635, b) 412. Bbg. ARICKX (I.). Les Orthoépistes sur la sellette. Trav. Ling. Gand. 1972, n° 3, p. 124.
déclamer [deklɑme] v.
ÉTYM. 1542; lat. declamare, de de- intensif, et clamare. → Clamer.
❖
1 V. tr. — Vx. Réciter à haute voix en marquant, par les intonations qu'exige le sens, l'accent grammatical et l'accent oratoire. || Déclamer des vers. ⇒ Dire, réciter, scander. || Déclamer un poème. || Déclamer des prières, des psaumes. ⇒ Psalmodier; chanter. — Mod. (péj.). Réciter, dire, de manière artificielle et pompeuse. ⇒ Débiter.
1 Quel supplice que celui d'entendre déclamer pompeusement un froid discours (…)
La Bruyère, les Caractères, I, 7.
2 Souvent elle le priait de lui dire des vers; Léon les déclamait d'une voix traînante et qu'il faisait expirer soigneusement aux passages d'amour.
Flaubert, Mme Bovary, II, IV.
♦ Absolt. || S'exercer à déclamer.
3 Oubliant qu'il était malade, coiffé d'un bonnet blanc, vêtu d'un spencer ouaté, il déclamait à tue-tête; puis, laissant échapper son cahier, il disait d'une voix qu'on entendait à peine : « Je n'en puis plus; je sens une griffe de fer dans le côté. »
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 237.
4 Il (Fénelon) a voulu se hausser à la grande éloquence, et il a déclamé.
Gustave Lanson, l'Art de la prose.
2 Littér. || Déclamer contre… : parler avec violence contre (qqn ou qqch.). ⇒ Crier, déblatérer, invectiver. || Déclamer contre le gouvernement, contre son directeur. || Déclamer contre l'injustice, contre les abus d'un régime. || Déclamer contre la sottise de qqn.
5 (…) son malheur (de la cour) est grand de voir que (…)
Vous autres beaux esprits vous déclamiez contre elle.
Molière, les Femmes savantes, IV, 3.
6 Tandis que vous déclamez contre la fortune et ma négligence, vous voyez que je m'informe adroitement de tout ce qui peut assurer notre correspondance et prévenir nos perplexités.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, I, XX.
♦ Déclamer sur : parler de (qqch., qqn) avec emphase. || Déclamer sur le patriotisme.
❖
CONTR. Bafouiller, murmurer. — Encenser.
DÉR. Déclamateur, déclamation, déclamatoire.
Encyclopédie Universelle. 2012.