déléguer [ delege ] v. tr. <conjug. : 6>
• déb. XIVe; lat. delegare; cf. léguer
1 ♦ Charger (qqn) d'une fonction, d'une mission, en transmettant son pouvoir. ⇒ commettre, députer, envoyer, mandater. Déléguer un représentant à une assemblée.
♢ Charger (qqn) d'accomplir envers un autre une obligation qu'il avait envers vous. Déléguer un débiteur. ⇒ délégation (I, 3o).
2 ♦ Transmettre, confier (une autorité, un pouvoir) pour un objet déterminé. Déléguer son autorité, son pouvoir, sa compétence à qqn. Déléguer une tâche. Absolt Il faut savoir déléguer.
● déléguer verbe transitif (latin delegare) Envoyer quelqu'un au nom d'un groupe, de quelqu'un d'autre, dans un but déterminé, avec une mission définie : Déléguer des représentants. Confier un pouvoir à quelqu'un, le lui transmettre : Déléguer son autorité. ● déléguer (difficultés) verbe transitif (latin delegare) Conjugaison Attention à l'accent, tantôt grave, tantôt aigu : il délègue, nous déléguons ; il déléguait. ● déléguer (homonymes) verbe transitif (latin delegare) déléguant délégant nom masculin ● déléguer (synonymes) verbe transitif (latin delegare) Envoyer quelqu'un au nom d'un groupe, de quelqu'un d'autre, dans...
Synonymes :
- dépêcher
- députer
- mandater
Confier un pouvoir à quelqu'un, le lui transmettre
Synonymes :
- confier
- léguer
- transférer
Contraires :
déléguer
v. tr.
d1./d Charger (qqn) d'une mission, d'une fonction, avec pouvoir d'agir. Administration qui délègue un fonctionnaire dans une commission.
d2./d Transmettre (un pouvoir) par délégation. Savoir déléguer ses responsabilités.
⇒DÉLÉGUER, verbe trans.
A.— [Le compl. désigne une pers. physique ou morale, une collectivité]
1. Envoyer pour un but déterminé; charger d'une mission, généralement officielle, avec tout pouvoir pour l'accomplir :
• 1. Quand il y a au rôle un trop grand nombre d'affaires, (...) quand les juges et les juges suppléants ne peuvent suffire, l'article 49 du décret du 30 mars 1808 autorise le tribunal à déléguer un avocat, un simple avocat.
MEILHAC, HALÉVY, La Boule, 1875, III, 1, p. 83.
— Déléguer qqn comme + subst., déléguer qqn qui + prop. rel., déléguer qqn à ou dans qqc. (lieu, fonction), déléguer qqn auprès de qqn, déléguer qqn pour + inf. ou subst. Déléguer qqn dans une fonction. Le frère Blanche que je délègue justement comme aide des deux pères (HUYSMANS, Oblat, t. 2, 1903, p. 222).
— Littér. Les parfums (...) venaient seuls à notre rencontre, délégués par le rosier jaune poivré, le tilleul en fleurs (COLETTE, Gigi, 1944, p. 205).
♦ Déléguer vers. Dans le rêve, le moi délègue vers le soi des hallucinations que le soi repousse (L. DAUDET, Hérédo, 1916, p. 55).
— Emploi pronom. réfl. Dieu se délègue. Il se délègue aux satyres, aux romanciers, aux généraux en chef (GIRAUDOUX, Judith, 1931, II, 7, p. 174).
2. — En partic.
a) Envoyer quelqu'un comme représentant à une réunion, dans un organisme. Assemblée commune où chaque État associé délègue des représentants (VEDEL, Dr. constit., 1949, p. 58).
b) Donner à quelqu'un, en particulier à un fonctionnaire, un poste généralement supérieur à celui qu'il devrait occuper en raison de sa formation. Les recteurs y pourvoient (...) en déléguant des adjoints d'enseignement dans des postes de professeurs (Encyclop. éduc., 1960, p. 317).
c) Vieilli. Déléguer un débiteur, un fermier. Le charger de payer une somme à une troisième personne, en particulier la dette qu'on a soi-même envers celle-ci; donner une délégation sur lui (cf. délégation I B 1 c).
B.— [Le compl. désigne une chose]
1. Transmettre, confier, donner quelque chose, en particulier certaines attributions le plus souvent officielles, à une personne physique ou morale, à une collectivité. Déléguer un droit, une fonction, ses pouvoirs à qqn. Elle [Grazia] lui déléguait [à Christophe] l'énergie. Elle gardait la quiétude (ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1467) :
• 2. Les Francs exercèrent collectivement la souveraineté, ensuite ils la déléguèrent à quelques chefs; puis ces chefs la confièrent à un seul; ...
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 3, 1848, p. 673.
— [Avec ell. de l'art.] Déléguer au prêtre autorité à cet effet (SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 2, 1834, p. 223).
— Emploi pronom.
♦ avec valeur passive. Le génie (...) ne se délègue point par procuration (L. FEBVRE, Combats pour hist., Cours de L. Brunschvicg, 1948, p. 292).
♦ réciproque. Il faut bien qu'ils se délèguent les mots de passe (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 830).
2. DR. et FIN.
a) Affecter une somme à une réalisation déterminée, à une personne, à une collectivité et, plus particulièrement, à un créancier pour le paiement d'une dette. J'ai délégué mes appointements pour trois années en échange des sommes nécessaires à l'établissement d'Hortense (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 132).
b) Spécialement
— Déléguer une créance. Transmettre à un créancier la créance qu'on a soi-même sur un débiteur. Vous me déléguerez une créance dont l'exigibilité soit prochaine et garantie par des titres (VERLAINE, Corresp., t. 3, 1869-96, p. 392).
— Déléguer une dette. Charger une personne de la payer.
— ARM., MAR. Déléguer sa solde. La faire payer directement à sa famille. Yves (...) « délègue » à sa femme, à Brest, « sa solde et ses chevrons » (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 336).
Prononc. et Orth. :[delege], (je) délègue []. Fait partie des verbes qui changent [e] fermé (é accent aigu) en [] ouvert (è accent grave) devant syll. muette sauf au fut. et au cond. : je déléguerai(s). Admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1395 (BOUTILL[ER], 2e p., f° 9c, éd. 1486 ds GDF. Compl., s.v. delegateur); 1426 (Cout. d'Anjou ds DG); av. 1544 subst. (DES PÉRIERS, Contes, CXXVI ds LITTRÉ). Empr. au lat. class. delegare de même sens. Fréq. abs. littér. :143.
déléguer [delege] v. tr.
ÉTYM. 1330; lat. delegare, de de- intensif et legare « députer; léguer ». → Léguer.
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I Déléguer (qqn)
1 Charger (qqn) d'une fonction, d'une mission en transmettant totalement ou partiellement son pouvoir. ⇒ Commettre, députer, envoyer, mandater. || Personne qui délègue (⇒ Délégant). || Déléguer un représentant à une assemblée. || Les ouvriers délèguent un des leurs pour présenter leurs revendications auprès du directeur de l'usine. || Tribunal qui délègue un juge pour enquêter. || Déléguer qqn lorsqu'on est soi-même délégué : subdéléguer.
2 Charger (qqn) d'accomplir envers un autre une obligation qu'il avait envers vous. || Déléguer un débiteur. ⇒ Délégation (cit. 2).
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II Déléguer (qqch.) : transmettre, confier (une autorité, un pouvoir) pour un objet déterminé. || Déléguer son autorité, son pouvoir, sa compétence… à qqn. — Spécialt. || Déléguer sa solde.
1 Quant à de l'argent, Yves n'en a pas; il en oublie même l'usage et la valeur, comme il arrive souvent aux marins — car il délègue à sa femme, à Brest, sa solde et ses chevrons, tout ce qu'il gagne.
Loti, Mon frère Yves, LXXXIII, p. 197.
2 (…) la notion anglo-saxonne de l'État, expression de la communauté, de l'État agent et serviteur du citoyen, qui lui a délégué ses pouvoirs !
André Siegfried, l'Âme des peuples, II, II, p. 38.
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CONTR. Représenter.
DÉR. Délégataire. — V. aussi Délégué.
Encyclopédie Universelle. 2012.