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déporter

déporter [ depɔrte ] v. tr. <conjug. : 1>
• fin XIIIe pronom.; « s'amuser » XIIe; lat. deportare « emporter »
I V. pron. Dr. Se récuser. Juge qui se déporte. II
1(1791; d'apr. lat. deportare « exiler ») Infliger la peine de déportation à. Déporter les auteurs d'un attentat.
2(v. 1942) Envoyer à l'étranger dans un camp de concentration. Les Juifs furent déportés par centaines de milliers en Allemagne.
III(déb. XXe) Dévier de sa direction, entraîner hors de sa route, de sa trajectoire. dévier. Le vent l'a déporté sur le bas-côté de la route. ⊗ CONTR. Rapatrier.

déporter verbe transitif (latin deportare, emporter) Envoyer quelqu'un, un groupe dans un camp de concentration ; l'exiler en un lieu déterminé. Faire dévier quelque chose, quelqu'un de sa ligne normale de marche, de sa trajectoire : Le vent a déporté la voiture vers la gauche.

déporter
v. tr.
rI./r
d1./d Faire subir la déportation à (qqn). Les nazis déportèrent plusieurs millions de Juifs en Allemagne et en Pologne.
d2./d Dévier, entraîner hors de la bonne direction. Son chargement mal équilibré le déportait vers la droite.
rII./r v. Pron.
d1./d S'écarter de sa route.
d2./d DR Se récuser

⇒DÉPORTER, verbe trans.
I.— [Avec l'idée dominante d'éloignement].
A.— Condamner une personne à la peine de la déportation, l'exiler dans un lieu déterminé hors du territoire national. On les déporta dans une île; ils furent tous déportés à la Guyane (Ac. 1835-1932). Les lettres de cachet permettaient au pouvoir royal, (...) d'exiler, de bannir, de déporter, d'enfermer pour sa vie entière, sans jugement, un homme quel qu'il fût (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 222) :
1. Les royalistes, qui depuis le 9 thermidor avaient fait déporter tant de montagnards et de patriotes, ont jeté plus tard de grands cris et poussé des gémissements sans fin sur les souffrances de leurs gens à Sinnamarie, sur la famine, la grande chaleur et les maladies qu'ils avaient supportées à Cayenne.
ERCKMANN-CHATRIAN, Histoire d'un paysan. t. 2, 1870, p. 442.
P. ext., vieilli. Transporter une personne, une chose, hors de son pays, de son milieu d'origine. Lord Elgin, en déportant au British Museum les frises du Parthénon (L. DAUDET, Ét. et mil. littér., 1927, p. 27).
B.— Mod. Interner dans un camp de concentration. Être déporté dans un camp de concentration, au camp de X. L'ennemi (...) jetait en prison des milliers de patriotes pour les déporter ensuite (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 227).
II.— [Avec l'idée dominante d'écart latéral]
A.— [Le suj. désigne le vent, le courant, etc.] Écarter un véhicule, un corps en mouvement de sa route, de sa ligne de marche, de sa trajectoire. Le courant déporte le nageur; avion déporté par le vent; être déporté [en voiture] dans les virages; voiture [dont la direction est instable] déportant à droite ou à gauche. Synon. dévier. Une mouette silencieuse, déportée par le vent, décrivait des lacets et des pentes (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 28) :
2. ... déporté malgré lui de son siège, il [Jacques] perd l'équilibre. Sa courroie lui laboure les côtes. Que se passe-t-il donc? L'avion a perdu sa position horizontale, et pique du nez.
MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, p. 731.
Emploi pronom. à sens passif. [Le suj. désigne un véhicule, un corps en mouvement] S'écarter de sa route. La voiture se déporte sur le bas-côté. Cerf-volant il [Apollinaire] devenait. Léger, luttant, secouant ce fil, se creusant, se déportant de droite et de gauche (COCTEAU, Diff. d'être, 1947, p. 160).
B.— Au fig., rare. Avec les « camarades », il [Gide] se laisse souvent déporter au delà des limites qu'il s'était tracées (MARTIN DU G., Notes A. Gide, 1951, p. 1404).
III.— Emploi pronom. [Avec l'idée de désistement]
A.— Vx. Se désister, se départir. Se déporter de ses prétentions; il s'est déporté de la poursuite de ce procès, de cette affaire (Ac. 1798-1878) :
3. Pendant cette conversation, le duc de Berri vint à la porte et dit au duc Jean : « Mon neveu, déportez-vous d'entrer au conseil, on ne vous y verrait pas avec plaisir. »
BARANTE, Hist. des ducs de Bourgogne, t. 2, 1821-24, p. 426.
B.— DR., vieilli. [Le suj. désigne un juge, un arbitre] Se récuser. Le juge peut demander à s'abstenir (ou à se déporter), en dehors des cas de récusation déterminés par la loi, pour un simple scrupule de conscience (Nouv. Répertoire de dr., Paris, Dalloz, t. 4, 1965, p. 49).
Rem. Les sens anciens de se déporter, « se conduire; se réjouir », mentionnés encore par qq. dict. du XIXe s. se retrouvent dans le subst. correspondant déportement.
Prononc. et Orth. :[], (je) déporte []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Mil. XIIe s. réfl. deporter « se divertir, se détendre » (Le Charroi de Nîmes, éd. D. Mc Millan, 25); 2. ca 1180 réfl. « s'abstenir » (THOMAS, Tristan, fragments, éd. B. Wind, fragment Sneyd1, 648); 3. 2e moitié XIIIe s. « chasser » [l'ennui] (Chansons et dits artésiens, V, 13 ds T.-L.); 1495 « exiler » [en guise de châtiment] (d'apr. H. Baldinger ds Z. rom. Philol., 1951, p. 23); rare av. 1791 (Réimpression de l'Ancien Moniteur, VIII, 591 a d'apr. Th. Ranft ds Z. fr. Spr. Lit., t. 35, p. 135). Du lat. class. deportare « emporter, déporter » qui a dû prendre aussi en lat. vulg. le sens d'« amuser ». Fréq. abs. littér. :58.
DÉR. Déport3, subst. masc., procédure civile. Acte par lequel un juge se déporte, se récuse de lui-même. Synon. partiel récusation. Déport d'un juge, d'un arbitre (Ac. 1835, 1878). Payer sans déport (vx). Payer sans retard. Il fut condamné à payer l'amende sans déport (Ac. 1798-1878). Attesté en outre ds Lar. 19e, Lar. encyclop., LITTRÉ, DG. 1re attest. 1765 (Encyclop. t. 4); déverbal de (se) déporter au sens de « s'abstenir ».

déporter [depɔʀte] v. tr.
ÉTYM. 1350; lat. class. deportare « emporter, déporter », de de-, et portare « porter ».
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I Vx. Exempter.
V. pron. Spécialt (dr.). || Se déporter. Récuser (se). || Juge qui se déporte. 1. Déport.
1 Les arbitres ne pourront se déporter, si leurs opérations sont commencées : ils ne pourront être récusés si ce n'est pour cause survenue depuis le compromis.
Code de procédure civile, art. 1014.
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II
1 (1495, rare av. 1791; de deportare au sens d'« exiler »). Infliger la peine de déportation à. || Déporter les auteurs d'un attentat. || Ils furent déportés dans une colonie. Déporté, adj. et nom.
2 (V. 1942). Envoyer à l'étranger dans un camp de concentration. || Les Juifs furent déportés par centaines de milliers en Allemagne.
2 (L'ennemi) jetait en prison des milliers de patriotes pour les déporter ensuite.
Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre, t. I, p. 227 (1954).
3 Transporter par la force hors de son pays natal (des hommes, des populations).
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III (Déb. XXe). Dévier de sa direction, entraîner hors de sa route, hors de sa trajectoire. Dévier. || Le vent l'a déporté sur le bas-côté de la route.
Pron. (Passif). || Se déporter : s'écarter de sa route.
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déporté, ée p. p. adj.
(Au sens II). Déporté, adj. et nom.
(Au sens III). Écarté, dévié de sa route. || Auto déportée, avion déporté par un vent violent. || La voiture a été déportée sur, vers la droite.
3 Déporté vers la droite, il se trouva bloqué contre les maisons (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 63.
Par ext. Techn. Écarté d'un point (normal, central). 3. Déport. || Poulie à moyeu déporté. || Pièce circulaire dont l'axe de rotation est déporté. Excentrique.
CONTR. (De II., 1.) Gracier, rapatrier. — (De III.) Centrer. — (Du p. p.) Fixe, stable.
DÉR. 1. Déport, 3. déport, déporté, déportement.

Encyclopédie Universelle. 2012.