Akademik

déroger

déroger [ derɔʒe ] v. tr. ind. <conjug. : 3>
• 1361 ; lat. derogare, de rogare « demander »
1Dr. DÉROGER À : ne pas observer (une loi, une règle), ne pas appliquer (une règle, une convention). ⇒ contrevenir. Déroger à la loi. enfreindre. « On ne peut déroger, par des conventions particulières, aux lois qui intéressent l'ordre public » ( CODE CIVIL ). transgresser, violer.
2Anciennt Déroger à noblesse, et absolt déroger : perdre les privilèges de la noblesse par l'exercice d'une profession incompatible avec elle. N. f. DÉROGEANCE [ derɔʒɑ̃s ], 1460 .
3Littér. Manquer (à sa situation sociale, à ses principes, aux conventions...) par un comportement qui en est indigne. Déroger à son rang, à ses convictions. manquer.
Absolt s'abaisser, condescendre, déchoir. Il croirait déroger en faisant ce métier. « Elle savait très bien voir les petites gens sans déroger » (Chateaubriand).
⊗ CONTR. Conformer (se conformer à), obéir (à), observer, respecter, suivre; garder, tenir (son rang).

déroger verbe transitif indirect (latin derogare) Porter atteinte aux stipulations d'une loi, d'une convention ; enfreindre : Les privilèges dérogent au droit commun. Pour un noble, perdre les privilèges de son rang pour s'être abaissé à la dérogeance. Littéraire. Faire une chose indigne de ses principes, de son rang. ● déroger (difficultés) verbe transitif indirect (latin derogare) Conjugaison Le g devient -ge- devant a et o : je déroge, nous dérogeons ; il dérogeait. ● déroger (synonymes) verbe transitif indirect (latin derogare) Porter atteinte aux stipulations d'une loi, d'une convention ; enfreindre
Synonymes :
- contrevenir à
- déchoir
- descendre
- enfreindre
- transgresser
- violer
Contraires :
- obéir à
- observer
- respecter
- se conformer à
- suivre

déroger
v. tr. indir. Déroger à.
d1./d S'écarter de (un usage, une loi, une convention). Déroger à la loi.
d2./d Faire une chose indigne de. Déroger à la majesté du trône.
|| (S. comp.) S'abaisser. Il ne pourrait faire une chose pareille sans déroger.

⇒DÉROGER, verbe trans. indir.
A.— Vx. Déroger à la noblesse. Exercer une profession incompatible avec elle ou contracter une union morganatique entraînant la perte de ses privilèges.
Emploi abs. Aucun d'eux [des patriciens] ne dérogerait en s'alliant à une famille plébéienne (MICHELET, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 132) :
1. Votre nom, le nom de mon gendre me défend de rentrer dans les affaires. (...) Quand on a l'honneur de tenir à une race de preux, il ne faut pas déroger. Que diraient les aïeux de votre fils, que diraient toutes ces figures vénérables qui nous regardent, qui nous écoutent, si le beau-père d'un La Rochelandier se mêlait de commerce ou d'industrie?
SANDEAU, Sacs et parchemins, 1851, p. 58.
P. ext., emploi abs.
1. S'abaisser indignement au-dessous de sa condition, manquer à son rang, à sa dignité. Ce qu'il en coûte à l'esprit pour se plier à des formes vulgaires, pour déroger, pour s'amoindrir (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 65).
2. [Avec une nuance d'iron.] S'abaisser jusqu'à condescendre. Il voulut bien déroger jusque là (Ac. 1835-1932).
Rem. On rencontre ds la docum. la constr. déroger de (cf. PÉGUY, Ève, 1913, p. 768).
B.— Usuel. Manquer aux prescriptions d'une loi, d'une convention, s'écarter d'un principe directeur. Il m'arrive rarement de déroger à l'habitude que j'ai prise de dîner chez le restaurateur (JOUY, Hermite, t. 1, 1811, p. 131). On dérogeait en sa faveur à tous les usages, on forçait la lettre des statuts (SAND, Lélia, 1839, p. 416) :
2. ... et le Créateur lui-même législateur suprême de la société, ne déroge pas aux lois dont il a mis la nécessité dans la nature physique et morale de l'homme, et qu'il a posées comme le fondement de toute société.
BONALD, Essai analytique sur les lois naturelles de l'ordre soc., 1800, p. 102.
Emploi abs. Elle alternait, lisant dans l'un [de ses deux livres], un dimanche, et le dimanche suivant, dans l'autre, sans jamais déroger (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 58).
P. ext. Ne pas se conformer à quelque chose, lui porter atteinte. Circonstances accessoires qu'il serait impossible de mettre sur notre théâtre sans déroger à la dignité requise (CONSTANT, Wallstein, 1809, p. XVII). On ne peut déroger à la parole de Notre Seigneur Jésus-Christ (LAMENNAIS, Religion, 1826, p. 160) :
3. Nancy 9 août (...) Place Stanislas et Cathédrale. J'admire l'unité de style de tout ce qui est bâtiment. Une seule chose y déroge, c'est la statue même de ce bon roi Stanislas...
DELACROIX, Journal, 1857, p. 115.
Prononc. et Orth. :[], (je) déroge []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1370 « s'écarter de ce que stipule une loi, une convention » desroguer a droit naturel (ORESME, Eth., 182 ds LITTRÉ); 2. fin XVe s.-début XVIe s. « manquer à quelque chose, porter atteinte à (l'honneur, l'autorité, etc., de quelqu'un) » (A. DE LA VIGNE, La Louenge des roys de France, f° 45 ds GDF. Compl.); av. 1524 (LEMAIRE DE BELGES, Schismes et Conciles, 2e prologue ds HUG.); ca 1535 (Sotties, III, 36 ibid. : Cela trop desrogue Noblesse; Noblesse s'acquiert par proesse); cf. 1606 acte derogeant à noblesse (NICOT). Empr. au lat. class. derogare de mêmes sens. Fréq. abs. littér. :133.

déroger [deʀɔʒe] v. tr. ind. [CONJUG. bouger.]
ÉTYM. 1370 desroguer; du lat. class. derogare, de de-, et rogare.
1 Dr. || Déroger à : manquer à (l'observation d'une loi, l'application d'une règle, d'une convention). Contrevenir, écarter (s'), transgresser, violer. || Déroger à la loi. Enfreindre. || Il a dérogé au contrat, à l'entente. Rompre. || Déroger aux droits de quelqu'un.
1 (…) une loi de Solon, à laquelle on avait un peu dérogé (…)
La Bruyère, les Caractères de Théophraste, « Du grand parleur », note.
2 On ne peut déroger, par des conventions particulières, aux lois qui intéressent l'ordre public et les bonnes mœurs.
Code civil, art. 6.
Par ext. Vieilli. Porter atteinte, ne pas se conformer à… Attenter. || Déroger aux usages. Dérogation.
3 (…) des actes conventionnels, qui sortent de l'état de nature et dérogent à la liberté.
Rousseau, Émile, II.
2 Anciennt. || Déroger à noblesse, et, absolt, déroger : perdre les privilèges de la noblesse par l'exercice d'une profession incompatible avec elle. Dérogeance. || Le métier de verrier ne dérogeait point à noblesse.
4 Se faire réhabiliter suppose qu'un homme devenu riche, originairement est noble, (…) qu'à la vérité son père a pu déroger ou par la charrue, ou par la houe, ou par la malle, ou par les livrées (…)
La Bruyère, les Caractères, XIV, 3.
3 Faire une chose indigne de la position, du rang social que l'on occupe; s'écarter de ce à quoi oblige l'honneur, la dignité… || Déroger à son rang, à sa naissance, à ses convictions, à ses principes. Manquer. || Déroger à l'honneur par une bassesse.
Vx. || Déroger de…
4.1 Très aimée, pour mon malheur, sans jamais pour cela déroger de mes principes, je vous prie de le croire.
Henri Monnier, Scènes populaires, La victime du corridor, sc. 7, t. I, p. 269.
Absolt. Abaisser (s'), condescendre, déchoir. || Il croirait déroger en faisant ce métier. || Sans déroger.
5 Il n'y avait plus entre nous d'égalité malgré la naissance; c'était déroger que de me fréquenter.
Rousseau, les Confessions, I.
6 (…) elle savait très bien voir les petites gens sans déroger.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 337.
CONTR. Conformer (se conformer à), obéir (à), observer, respecter, suivre. — Élever (s'); garder, tenir (son rang).
DÉR. Dérogeance.

Encyclopédie Universelle. 2012.