domaine [ dɔmɛn ] n. m.
• demeine XIIe; lat. dominium « propriété »
1 ♦ Terre possédée par un propriétaire. ⇒ 2. bien, fonds, propriété, terre. Étendue d'un domaine. Domaine de cent hectares. Bois, forêts, chasses, prairies, pâturages, métairies, fermes composant un domaine. Domaine agricole. ⇒ exploitation. Domaine vinicole. ⇒ 1. château, 2. clos. Petit domaine. ⇒ enclos. Domaine familial. ⇒ héritage, patrimoine. Les latifundia, grands domaines de l'Italie antique. Domaine féodal. ⇒ fief. Hist. Domaine de la couronne : domaine d'abord confondu avec les possessions familiales du roi de France (sous les Capétiens), puis proclamé inaliénable (édit de Moulins, 1566).
♢ Dr. admin. Domaine de l'État, et absolt le Domaine : les biens de l'État. Domaine public : les biens qui sont affectés à l'usage direct du public ou à un service public (cours d'eau, rivages, routes, voies ferrées, marchés). ⇒ domanial. — Domaine privé : biens de même nature que ceux des particuliers, appartenant à l'État ou aux collectivités locales. — Service des domaines, ou ellipt les domaines, chargé d'administrer les biens de l'État. Véhicules vendus par les domaines.
♢ Ensemble des étendues dévolues à une activité. Domaine skiable. Le domaine forestier français.
2 ♦ Loc. Tomber dans le domaine public, se dit des œuvres littéraires, musicales, artistiques qui, après un temps déterminé par les lois (50 ans plus les guerres), cessent d'être la propriété des auteurs ou de leurs héritiers.
3 ♦ Fig. Ce qui appartient à qqn, à qqch. « Notre insuffisance d'esprit est précisément le domaine des puissances du hasard, des dieux et du destin » (Valéry).
♢ Ce qu'embrasse un art, une science, un sujet, une idée. ⇒ monde, univers. Le domaine de ses connaissances. ⇒ cercle, 1. champ, étendue. « La politique, c'est, par essence, le domaine des choses concrètes » (Martin du Gard). Ce domaine est encore fermé aux savants. ⇒ sphère. Il excelle dans ce domaine. Dans tous les domaines : en toutes matières, dans tous les ordres d'idées, sur tous les points.
♢ Secteur relevant de la compétence de qqn, d'une institution, d'une science. L'art médiéval est son domaine. ⇒ matière, spécialité. Il est dans son domaine (cf. Sur son terrain). Être du domaine de qqch., de qqn. ⇒ relever (de). C'est du domaine de la médecine. Ce n'est pas de mon domaine. ⇒ compétence, 2. rayon, 2. ressort.
4 ♦ Math. Domaine de définition d'une fonction. Domaine d'un espace topologique : partie ouverte et connexe de cet espace.
5 ♦ Sc. Portion de territoire présentant des caractères (géologiques, climatiques, botaniques) particuliers. ⇒ région, zone. Le domaine méditerranéen. Le domaine de la vigne.
6 ♦ Biochim. Unité structurale d'une protéine, à laquelle une fonction particulière peut être attribuée.
● domaine nom masculin (bas latin dominium, pouvoir, peut-être du latin classique dominus, maître) Propriété foncière ; bien, terre : Un domaine de soixante hectares. Lieu préféré par quelqu'un, un animal, ou qu'il se réserve ; territoire : Le jardin était le domaine des enfants. Secteur, champ couvert par une science, une technique, etc. : Le domaine scientifique. Secteur relevant de la compétence d'une institution, de quelqu'un, ou secteur d'activité où quelqu'un est particulièrement à l'aise : Cette question n'est pas du domaine des tribunaux. Droit Ensemble des biens corporels, mobiliers ou immobiliers appartenant à l'État ou aux collectivités locales. Informatique Partie d'une adresse d'Internet qui identifie, par pays, par activité ou par organisation, un des niveaux de la hiérarchie d'Internet. Mathématiques Partie d'un espace topologique. (On réserve parfois ce terme pour des parties ouvertes et connexes.) ● domaine (expressions) nom masculin (bas latin dominium, pouvoir, peut-être du latin classique dominus, maître) Domaine privé, biens des collectivités locales n'ayant pas été affectés à l'usage direct du public ou à un service public. Domaine public, partie du domaine affectée à l'usage direct du public ou à un service public. (Il est inaliénable et bénéficie d'une protection pénale spécifique.) Domaine public maritime, zone territoriale comprenant les rivages de la mer, les étangs salés reliés à la mer, le sol et le sous-sol de la mer territoriale, les lais et relais. Domaine réservé, ensemble des activités étatiques qui échappent à l'emprise du droit international. Tomber dans le domaine public, se dit d'une invention, d'une œuvre d'art ou de l'esprit qui, n'étant plus protégée par la loi, peut être librement publiée, représentée, reproduite. Domaine royal ou domaine de la Couronne, en France, ensemble des terres et des droits appartenant au roi en tant que seigneur et souverain Domaine seigneurial, ensemble des terres appartenant à un seigneur qui en concédait la plus grande partie à des tenanciers et retenait dans sa propriété directe la réserve. Domaine de quantification, ensemble d'objets parcouru par les variables liées d'une formule quantifiée. Domaine d'opérateurs, ensemble A servant à définir sur un ensemble E une loi de composition externe telle qu'à tout couple formé par l'un des éléments de A et l'un des éléments de E corresponde un élément de E. ● domaine (synonymes) nom masculin (bas latin dominium, pouvoir, peut-être du latin classique dominus, maître) Propriété foncière ; bien, terre
Synonymes :
- propriété
Lieu préféré par quelqu'un, un animal, ou qu'il se réserve ;...
Synonymes :
- monde
- orbite
- univers
Secteur, champ couvert par une science, une technique, etc.
Synonymes :
- secteur
Secteur relevant de la compétence d'une institution, de quelqu'un, ou...
Synonymes :
- compétence
- fief
- matière
- partie
- ressort
- spécialité
domaine
n. m.
d1./d Propriété foncière. Un domaine de 50 hectares.
— Fig. Territoire réservé. Cette pièce est son domaine, je n'y mets jamais les pieds.
d2./d Ensemble des biens. Le domaine de l'état ou, absol., le Domaine.
|| Tomber dans le domaine public: cesser d'être, après un certain nombre d'années, la propriété des ayants droit, en parlant de productions artistiques, littéraires, etc.
d3./d Fig. Tout ce qu'embrasse un art, une activité intellectuelle donnée. Avoir des connaissances dans tous les domaines. Agrandir le domaine de la science.
|| Ensemble des connaissances, des compétences de qqn. Ceci n'est pas de mon domaine.
d4./d MATH Domaine de définition d'une fonction: ensemble des valeurs de la variable pour lesquelles une fonction est définie.
⇒DOMAINE, subst. masc.
A.— DROIT
1. Vx. Droit de propriété ou de possession. Bail, levage à domaine congéable (cf. congéable). Celui qui payait le cens au seigneur de la terre avait le domaine utile, et le seigneur auquel on payait le cens avait le domaine direct (Ac. 1835, 1878).
2. Loc. Être, tomber dans le domaine public
a) [En parlant d'œuvres littér., musicales, artistiques] Cesser d'être la propriété des auteurs ou de leurs héritiers après un temps réglementé :
• 1. N'est-il pas prouvé qu'avec cinq ou six millions l'État désintéresserait ces auteurs et pourrait stipuler que, moyennant un certain prix par volume, tous les deux ans, leurs productions nouvelles tomberaient dans le domaine public?
BALZAC, Correspondance, 1839, p. 676.
b) P. ext., littér. [En parlant de pers. ou d'idées] Un jeune homme à marier appartient à tout le monde (...) il est dans le domaine public (LABICHE, Point de mire, 1864, II, 7, p. 404). Les idées de Wolf sur l'épopée ou plutôt celles qu'il a amenées sont devenues du domaine public (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 296) :
• 2. — Tu es un homme public; tout ce que tu fais tombe dans le domaine public : en voilà la preuve!
BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 387.
B.— Usuel. Propriété foncière de vaste étendue comprenant généralement une habitation de maître. Domaine agricole, dotal, familial; bois, chasses, fermes, forêts, métairies, pâturages, prairies relevant d'un domaine. (Quasi-) synon. bien, terre(s). S'il s'agit d'un corps de biens, la dénomination générale seulement du domaine et des arrondissements dans lesquels il est situé (Code civil, 1804, p. 398). L'usufruitier d'un domaine (...) ne peut ni aliéner ni morceler ce domaine, ni en entamer les valeurs permanentes, comme les arbres de haute futaie (JAURÈS Ét. soc., 1901, p. 165). Je composerai mon domaine métairie par métairie, afin que chacune accroisse par son fruit naturel le rendement de l'ensemble (PESQUIDOUX, Livre raison, 1932, p. 220); voir aussi aignade ex. 5.
SYNT. Acquisition, partage, vente d'un domaine; hériter d'un domaine de deux cents hectares; posséder un domaine ancestral, un vaste domaine colonial; exploiter, gérer, agrandir, hypothéquer un beau et grand domaine; partir visiter un domaine avec son régisseur.
— Spécialement
1. HIST. Ensemble des biens appartenant à un groupe ou à une catégorie sociale. Domaine d'Église; domaine féodal. (Quasi-)synon. fief.
♦ Domaine royal ou de la Couronne. [Au Moyen Âge] Partie du territoire dont le roi avait la propriété directe :
• 3. En 1791 les terrains, qui appartenaient aux Feuillants (...) furent mis en vente comme faisant partie du domaine de la Couronne. Le comte Greffulhe acheta deux parcelles de ces biens nationaux...
FARGUE, Le Piéton de Paris, 1939, p. 202.
2. DROIT
a) DR. CIVIQUE et ADMIN. [Avec une majuscule] Domaine de l'État ou p. ell. le Domaine. Biens de l'État. Cf. domanial.
♦ Domaine public. Biens non susceptibles d'appropriation privée. Domaine fluvial, maritime, militaire; domaine communal, départemental. Les chemins, les rues, les ports, les fleuves, et en général toutes les choses qui ne sont pas susceptibles d'une possession privée, appartiennent au domaine public (Ac. 1835-1932).
♦ Domaine privé. Biens de l'État non affectés à un service public. Les forêts communales font partie du domaine privé de la commune (LEMEUNIER 1969 et CIDA 1973).
♦ Direction ou Administration générale des Domaines ou p. ell. le Domaine, les Domaines. Rachat de possessions par le Domaine; ventes du Domaine; plaider contre le Domaine; receveur des Domaines; encourir les rigueurs de l'Administration des Domaines.
b) DR. INTERNAT. Domaine aérien. Espace aérien situé au-dessus d'un État et sur lequel, en vertu d'accords internationaux, il garde sa pleine souveraineté (d'apr. Lar. encyclop.).
C.— P. anal. et au fig. Espace occupé par quelqu'un ou par quelque chose, qui se trouve sous son influence ou dans son champ d'activité. Faire une intrusion dans le domaine de. Le puma, vexé de cette intrusion dans son domaine, vient se coucher sous les jambes de Marie-Jeanne (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1933, p. 170).
1. [En parlant de la flore] Domaine bioclimatique (cf. bioclimatologie, s.v. bio-), floristique, méditerranéen. Synon. zone. La division est naturelle, c'est celle qui sépare le domaine de la banane de celui où la vigne et le blé mûrissent convenablement (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 133) :
• 4. Le domaine de l'olivier et celui des arbres à feuilles caduques s'enchevêtrent; entre celui-ci et les forêts de conifères du Nord, l'apparition des sols favorables ménage la transistion.
VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921 p. 282.
2. [En parlant de phénomènes naturels, d'inanimés concr. ou abstr.] (Quasi-)synon. empire. Si j'ai eu des amants, c'est hors de notre domaine, hors de notre affection (GIRAUDOUX, Lucrèce, 1944, p. 170). En fait, il commençait à battre la campagne. La fièvre étendait son domaine sur lui (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 135) :
• 5. Plus tard c'était l'accalmie, le grand domaine des brouillards... Ça devenait alors tout magique... Ça devenait comme un autre monde... On voyait plus à deux pas autour de soi, au jardin... Y avait plus qu'un nuage, il entrait doucement dans les pièces, il cachait tout...
CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 272.
3. [En parlant des activités de l'esprit hum. et de ses créations dans les arts, les techn., les instit.] Ouvrir le domaine de la culture à tous; se trouver dans le domaine de l'hypothèse, de l'impossible; explorer le domaine réel de l'expérience. (Quasi-) synon. monde, univers, étendue, champ, cercle, sphère. Frappé d'étonnement et saisi du frisson de l'effroi, en considérant ce vaste domaine de la désolation et de la mort (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 1, 1801, p. 216). Voir (...) des entités vagues appartenant au domaine de la spéculation pure (LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869, p. 321). Offre (...) de collaboration américaine dans le domaine des applications pacifiques de l'énergie atomique (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 104) :
• 6. ... il est admis qu'aucune trace matérielle ne peut subsister des fameux autographes impériaux. C'est le domaine des affirmations gratuites. Devant ces fumées, nous sommes sans armes; pas de lutte possible.
MARTIN DU GARD, Jean Barois, 1913, p. 423.
• 7. Cela commence dans les arbres des Champs-Élysées, cela tourne par les boulevards, jusqu'à la République, dans ce domaine des théâtres et des cafés, des boîtes de nuit et des bordels qui grimpe les pentes de Montmartre avec des bouffées de musique et des tamponnements de taxis.
ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, p. 192.
SYNT. Domaine des sens, de la sensibilité, du sentiment, des affections, des rêves, des fictions, de la semi-conscience, de l'imagination, de la magie, de la spéculation, des utopies, de la raison, de la pensée, de la critique, de la connaissance, de la volonté; domaine de l'art, de l'érudition, de la création littéraire, du droit, de l'ethnologie, de la médecine; domaine matériel, intellectuel, moral, temporel, culturel, esthétique, économique, social, politique, diplomatique, historique, militaire, industriel, monétaire, biologique; domaine des fréquences audibles.
— P. métaph. C'est à titre d'ami que vous m'avez prêté de l'argent. Or donc, s'il vous plaît, quittons le domaine de la chaussure, et entrons dans les domaines de la confiance et de l'amitié, qui exigent un compte à part. À combien se monte votre amitié pour moi? — Vingt-sept francs (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p. 113).
— Spécialement
♦ LING. Domaine d'une transformation. Ensemble des arbres auxquels elle peut s'appliquer (ou des suites terminales à indicateur syntagmatique) (d'apr. Lang. 1973).
♦ MATH. ,,Ensemble ouvert tel que deux quelconques de ses points peuvent être joints par une ligne polygonale tout entière plongée dans cet ensemble`` (UV.-CHAPMAN 1956).
— Loc. Le domaine de qqn. L'ensemble de ce qu'il connaît plus particulièrement; ce qui est de sa compétence. L'archéologie est son domaine exclusif; impossible de vous renseigner : ce n'est pas notre domaine. (Quasi-) synon. matière, spécialité, terrain, rayon (fam.). Son petit domaine à lui [Placide], c'était la conversation, avec sous-entendus, allusions (MORAND, Homme pressé, 1941, p. 45). Tous trois faisaient de leur mieux dans leurs domaines respectifs (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 61). Quoi de plus néfaste, Messieurs, dans nos domaines, que la fantaisie (COCTEAU, Poés. crit. II, 1960, p. 147) :
• 8. Nous allons parler de fort vilaines choses, et que, pour plus d'une raison, nous voudrions taire; mais nous sommes forcés d'en venir à des événements qui sont de notre domaine, puisqu'ils ont pour théâtre le cœur des personnages.
STENDHAL, La Chartreuse de Parme, 1839, p. 389.
• 9. ... Chopin malade était désespérant dans l'intimité exclusive. (...) nul esprit plus brillant dans la gaieté, nulle intelligence plus sérieuse et plus complète dans ce qui était de son domaine; mais en revanche, hélas! nulle humeur n'était plus inégale...
SAND, Histoire de ma vie, t. 4, 1855, p. 443.
• 10. Mon domaine : comme j'ai dit ce mot! Entendez bien que je veux désigner non point un objet que je possède, mais un objet où je m'applique : mon champ d'étude.
BARRÈS, Scènes et doctrines du nationalisme, t. 1, 1902, p. 8.
Rem. On trouve ds la docum. un ex. du dér. domaniaire, adj. en manière de plaisant. Et ce, pour toutes emphytéoses, baux, alleux, contrats domaniaires et domaniaux, hypothécaires et hypothécaux (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 797).
Prononc. et Orth. :[]. Enq :/domen/. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1re moitié XIIe s. demeine « biens (ici, terres) dont on a la propriété usufruitière ou directe » (Lois G. le Conquérant, éd. J. E. Matzke, 17, § 1, p. 15); forme attesté jusqu'en 1636 (MONET); 1294 donmaine (A.N. S 5145 b, pièce 21 ds GDF. Compl.); 1364 demaine du royaume (Lett. de Ch. V, Mém. Soc. hist. Paris, t. VI, 1879, p. 69 ds GDF. Compl.); 1539 (EST. : demaine du Roy); 1606 Domaine de la Couronne, Domaine (NICOT); 1803 (BOISTE : domaine, biens nationaux, leur régie); 1832 domaine public (RAYMOND); 1835 spéc. tomber dans le domaine public (Ac.); 2. 1670 p. ext. « ce qui appartient à quelqu'un ou à quelque chose » (BOSS., Duch. d'Orl. ds LITTRÉ); av. 1799 être du domaine de (MARMONTEL, Mém., VI, ibid.). B. 1. 1155 « propriété, droit de propriété » tenir en domainne « posséder » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 9908); 2. ca 1175 domaine « pouvoir, autorité » (B. DE STE-MAURE, Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 1755). Soit empr. au b. lat. dominium « pouvoir, autorité », « propriété, droit de propriété », largement attesté en lat. médiév. (NIERM.), dér. de dominus (dom) ou de dominari « dominer », soit moins prob. issu de l'adj. a. fr. demaine « qui appartient en propre » (ca 1100 Roland, éd. J. Bédier, 729 : demenie), empr. au lat. dominicus « relatif au maître »; le lat. médiév. domanium, demanium (970-84 demenium ds NIERM.; 1189, ca 1192 ds LATHAM) latinisation de l'a. fr. demaine, est étroitement liée au développement du subst. français. Fréq. abs. littér. : 4 036. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 3 543, b) 2 976; XXe s. : a) 4 502, b) 9 840. Bbg. Termes techn. fr. Paris, p. 109. — THOMAS Nouv. Essais 1904, p. 57.
domaine [dɔmɛn] n. m.
ÉTYM. XIIe, demaine, demeine, aussi « droit de propriété »; du bas lat. dominium « droit de propriété », du lat. class. dominus « maître ».
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1 Cour. Terre possédée par un propriétaire. ⇒ Bien (foncier), propriété, terre. || Étendue d'un domaine. || Un grand domaine. || Bois, forêts, chasses, prairies, pâturages, métairies, fermes composant un domaine. || Domaine vinicole. ⇒ Clos. || Petit domaine. ⇒ Enclos. || Marquer les limites, les bornes d'un domaine. ⇒ Bornage. || Le domaine de qqn (d'un propriétaire), son domaine. || Exploiter, cultiver son domaine. Au plur. || Les domaines de qqn. ⇒ Terre(s). || Se promener, chasser sur ses domaines. || Domaine familial. ⇒ Héritage, patrimoine. — Domaine insaisissable. ⇒ Homestead. || Vente, partage d'un domaine.
1 Le domaine, actuellement composé, outre les bâtiments, de pelouses pour les jeux, de prairies d'élevage, d'un grand potager, de deux petits champs et de bois, était clos de murs sur environ un kilomètre (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, IX, p. 75.
♦ Par métaphore :
2 Sache, du moins, vivre de la vie intérieure. Et cultive en toi-même un riche domaine.
France, le Mannequin d'osier, Œ., t. XI, p. 271.
♦ Grands domaines de l'Italie antique. ⇒ Latifundia. || Domaine féodal. ⇒ Fief. — Grands domaines agricoles, en Amérique du Sud. ⇒ Hacienda, fazenda, estancia.
2 Hist. || Domaine de la couronne : domaine d'abord confondu avec les possessions familiales du roi de France (sous les Capétiens), puis proclamé inaliénable (ordonnance de Moulins, 1566). — Par ext. Après Philippe Auguste, Ensemble des provinces où le roi de France se substitue aux grands vassaux. || Parts du domaine royal données aux cadets de la Maison de France. ⇒ Apanage (cit. 1).
♦ Domaines seigneuriaux : terres appartenant aux seigneurs.
♦ Hist. rom. || Domaines impériaux : propriétés des empereurs.
3 Dr. admin. a Domaine de l'État, et, absolt, le Domaine : les biens de l'État divisés en domaine public et domaine privé. — Domaine public : les biens qui par leur nature ou leur affectation ne sont pas susceptibles d'appropriation privée (cours d'eau, rivages, routes, voies ferrées, casernes, etc.). || Les biens du domaine public sont inaliénables et imprescriptibles.
♦ Domaine privé : biens des collectivités locales non affectés à un service public ou à l'usage direct du public mais pour lesquels le régime de la propriété privée n'est pas complètement applicable (forêts, biens en déshérence, épaves…). || Les biens du domaine privé sont insaisissables et inaliénables à titre gratuit.
3 Les chemins, routes et rues à la charge de l'État, les fleuves et rivières navigables ou flottables, les rivages, lais et relais de la mer, les ports, les havres, les rades, et généralement toutes les portions du territoire français qui ne sont pas susceptibles d'une propriété privée, sont considérés comme des dépendances du domaine public.
Code civil, art. 538.
♦ Service des domaines. || Direction ou administration générale de l'enregistrement et des domaines. → ci-dessous b.
♦ Domaine départemental : biens du département. || Domaine communal : biens de la commune — Domaine forestier de l'État : ensemble des forêts domaniales.
♦ ☑ Loc. Domaine public. || Tomber dans le domaine public, se dit des œuvres littéraires, musicales, artistiques… qui, après un temps déterminé par les lois (50 ans plus les guerres) cessent d'être la propriété des auteurs ou de leurs héritiers.
♦ Par ext. || Être du, tomber dans le domaine public : appartenir, être ouvert à tous.
b Administration des domaines. || Plaider contre le domaine, contre les domaines. || Rachat de possessions par le domaine. → Bourse, cit. 8.
c Domaine public maritime (rivages, accroissements…). — Domaine aérien : espace aérien sous le contrôle d'un État.
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II Figuré.
1 Ce qui appartient (à qqn, à qqch.), lieu abstrait où règne (qqch.). || Le domaine du hasard, du destin, de la liberté humaine. || La fièvre, l'épidémie, la guerre, le malheur étend son domaine.
4 Notre insuffisance d'esprit est précisément le domaine des puissances du hasard, des dieux et du destin.
Valéry, Rhumbs, p. 270.
♦ Spécialt. Ce qu'embrasse (un art, une science, un sujet, une idée…). ⇒ Monde, région, sphère, univers. || Le domaine de l'art (→ Centupler, cit. 1). || Agrandir le domaine de ses connaissances. ⇒ Cercle, champ, étendue. || Ces recherches appartiennent au domaine, sont du domaine des sciences. || Domaine scientifique, philosophique. || Domaine musical (nom d'une association française de concerts). || Ce domaine est encore fermé aux savants. || Domaine à explorer. || Un domaine ouvert au génie de l'homme (→ Connaissance, cit. 24). || Le domaine du rêve, de l'imagination (→ Concevoir, cit. 9). — Dans un, des domaines. || Dans tous les domaines : dans toutes les branches, en toutes matières, dans tous les ordres d'idées, sur tous les points. || Un progrès immense a été accompli dans ce domaine depuis cinquante ans.
5 Dans ces derniers temps il (V. Hugo) nous a prouvé que, pour vraiment limité qu'il soit, le domaine de la poésie n'en est pas moins, par le droit du génie, presque illimité.
Baudelaire, l'Art romantique, XXII, I, Hugo.
6 La politique, c'est, par essence, le domaine des choses concrètes; un domaine, où les généreux élans des cœurs sensibles comptent moins encore qu'ailleurs (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 199.
7 (…) dans tous les domaines, la recherche de la vérité exige l'application, l'étude, la compétence.
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 179.
♦ Le domaine de qqn, l'ensemble de ce qu'il connaît plus particulièrement. || L'art médiéval est son domaine. ⇒ Matière, spécialité. || Il est dans son domaine. ⇒ Terrain (sur son terrain). || Je ne puis vous renseigner, ce n'est pas de mon domaine. ⇒ Compétence, rayon, ressort.
8 (…) heureux le spécialiste ! Il n'a pas trop de tout son temps pour son domaine limité.
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 695.
2 Sc., math. Région délimitée par une frontière où se trouvent les éléments d'un ensemble. ⇒ Diagramme, espace, intervalle, surface.
♦ Région d'une substance ferromagnétique où l'aimantation est essentiellement uniforme en amplitude et en direction.
♦ Ling. || Domaine (d'application) d'une règle, d'une transformation.
Encyclopédie Universelle. 2012.