UNIVERS
Il peut paraître illusoire, inutile ou présomptueux d’oser consacrer quelques lignes à l’Univers dans son ensemble. Nous sommes écrasés par son immensité et sa diversité. Néanmoins, l’intelligence de l’homme l’a conduit à inventer un très grand nombre de techniques qui lui permettent d’appréhender à la fois l’infiniment petit (grâce aux techniques de la physique des particules et de la physique nucléaire) et l’infiniment grand (grâce aux télescopes, fonctionnant au sol dans les domaines optique et radio, et grâce aux nombreuses missions spatiales). La figure 1 rassemble les constituants majeurs (des plus grands aux plus petits) de l’Univers.
D’après les dictionnaires, l’Univers est l’ensemble de tout ce qui existe. Dans sa perception immédiate, l’Univers se limite au seul environnement qui soit accessible à nos sens. L’astronomie a cependant permis, et cela dès l’Antiquité, de concevoir que la Terre, le système solaire et les étoiles ont des dimensions, ou sont à des distances, considérablement plus grandes que ce que nous pouvons imaginer facilement.
Cependant, ce n’est guère qu’au début du XXe siècle que l’on a commencé à pouvoir réellement estimer la distance d’objets astronomiques très éloignés, et que l’on a pleinement réalisé l’immensité de la partie observable de l’Univers. Notre système solaire, la seule parcelle de l’Univers qui ait pu faire l’objet d’une exploration directe, a des dimensions de l’ordre de douze milliards de kilomètres; la lumière met onze heures à le traverser. Mais la lumière met quatre ans à nous parvenir de l’étoile la plus proche, deux millions d’années pour venir de la galaxie d’Andromède, notre plus proche voisine parmi les galaxies spirales, tandis que les objets les plus lointains détectables avec les grands télescopes et radiotélescopes sont à plus de dix milliards d’années de lumière. Devant de telles valeurs, inconcevables pour l’esprit, l’Univers devient pour l’astronome un concept plutôt abstrait, qu’il ne peut se représenter mentalement que par un modèle extrêmement simplifié. L’Univers lui apparaît comme un ensemble hiérarchisé, dont les plus grandes entités sont les superamas de galaxies. Ceux-ci sont formés d’amas eux-mêmes constitués de galaxies. La Voie lactée – notre Galaxie – n’est qu’une parmi des milliards de galaxies; elle est constituée d’étoiles – elles-mêmes souvent groupées en amas – entre lesquelles se trouvent du gaz et de la poussière interstellaires très dilués. Le Soleil est l’une des quelque dix milliards d’étoiles de notre Galaxie.
L’Univers n’est ni immuable, ni même immobile comme on l’imaginait encore au début du XXe siècle: ses éléments constitutifs naissent et meurent, sont en mouvement parfois violent, voire explosif, et l’Univers tout entier est en expansion et en évolution. La cosmologie est l’étude de la structure, de l’origine et de l’évolution de l’Univers.
1. L’échelle des distances dans l’Univers
Jusqu’au début du XXe siècle, il n’apparaissait pas possible de mesurer les distances des astres autrement que par la méthode dite de la parallaxe géométrique: si l’on observe la position apparente d’un objet proche par rapport à des objets supposés très éloignés, on constate que cette position apparente varie selon l’emplacement de l’observateur. En 129 avant J.-C., Hipparque avait déjà réussi à mesurer ainsi la distance de la Terre à la Lune: 384 000 kilomètres, dans nos unités actuelles; en ce qui concerne le Soleil, situé à 150 millions de kilomètres de la Terre, il fallut attendre le XVIIe siècle. On utilisa à cet effet des observations simultanées en des points éloignés du globe terrestre. Pour les objets plus lointains, on peut faire des observations à diverses époques de l’année auxquelles la Terre occupe sur son orbite des positions différentes: on peut ainsi bénéficier de la base très étendue offerte par l’orbite terrestre.
La première mesure réussie de la distance d’une étoile est due à Friedrich Bessel et ne date que de 1837. L’étoile la plus proche, un objet peu brillant dénommé Proxima Centauri, est à 4,2 années de lumière de nous, soit 270 000 fois le rayon de l’orbite terrestre. L’année de lumière, qui vaut 9,46 憐 1015 m, est la distance parcourue en un an par la lumière. Les astronomes préfèrent généralement utiliser comme unité le parsec (pc), qui est la distance à laquelle le rayon moyen de l’orbite terrestre est vu sous un angle d’une seconde: 1 pc = 3,26 années de lumière = 3,09 憐 1016 m. Par la méthode de la parallaxe géométrique, on ne peut mesurer des distances que jusqu’à 20 ou 30 parsecs, mais le satellite astrométrique Hipparcos, qui a été lancé en 1989 par l’Agence spatiale européenne (E.S.A.), a porté cette limite à une centaine de parsecs. Nous sommes encore loin des dimensions de notre Galaxie, qui atteignent 30 000 parsecs. Celles-ci ne furent estimées correctement que dans les années 1910-1915 par Jacobus Cornelius Kapteyn et Harlow Shapley à l’aide d’une méthode statistique (parallaxe statistique) et surtout d’une méthode photométrique (parallaxe photométrique) qui devait connaître un immense développement.
Le principe de cette dernière méthode est très simple: supposons qu’il existe une propriété observable d’une étoile liée à son éclat intrinsèque (par exemple l’aspect de son spectre). Si l’on observe cette même propriété dans une étoile de distance inconnue, on peut en déduire son éclat propre; en comparant celui-ci avec l’éclat apparent qui est mesuré sur Terre, on peut déterminer la distance de l’étoile.
Cette méthode fut appliquée par Henrietta Leavitt et Harlow Shapley dès 1912 aux Nuages de Magellan – les galaxies les plus proches de la nôtre – en utilisant les céphéides, étoiles variables dont la période est fonction de la luminosité. Le Grand Nuage de Magellan est situé à 60 000 parsecs, et le Petit à 90 000 parsecs environ (valeurs estimées en 1993). Grâce au grand télescope du mont Wilson, Edwin Powell Hubble mesura ensuite par la même méthode la distance de la Nébuleuse spirale d’Andromède (la valeur actuelle, nettement plus élevée que celle de Hubble, est de 700 000 parsecs); cette méthode peut aujourd’hui être étendue à des galaxies environ dix fois plus lointaines. Au-delà, les céphéides deviennent trop faibles pour être observées, et il faut trouver d’autres critères de distance ; les plus utilisés aujourd’hui sont l’éclat des étoiles les plus brillantes, les dimensions des nébuleuses gazeuses les plus grandes, la largeur de la raie de l’hydrogène atomique à 21 cm de longueur d’onde émise par la galaxie, etc. Pour aller encore plus loin, il faut utiliser la relation entre la distance et le décalage spectral (qui exprime la vitesse d’éloignement de la galaxie en raison de l’effet Doppler), relation découverte dès 1929 par Hubble. Malheureusement, la constante de proportionnalité entre la vitesse d’éloignement et la distance – que l’on doit étalonner par l’observation des galaxies relativement proches dont la distance est mesurée par les moyens mentionnés plus haut – n’est pas très bien connue: les valeurs admises aujourd’hui se situent entre 50 et 100 km/s par million de parsecs. Les objets les plus lointains dont on ait pu ainsi estimer la distance sont des quasars situés à plus de dix milliards d’années de lumière; on atteint presque ainsi les dimensions de l’Univers observable.
2. Le microcosme
Le microcosme peut être divisé en trois domaines: le domaine des particules élémentaires subnucléaires, le domaine nucléaire et le domaine atomique.
Domaine subnucléaire
Un nombre grandissant de particules élémentaires subnucléaires est découvert par les physiciens qui parviennent à révéler la nature la plus intime de la matière observable. Cette matière est gouvernée par quatre interactions fondamentales (tabl. 1): l’interaction forte (nucléaire), l’interaction faible (qui se manifeste par exemple par la désintégration du neutron en proton, électron et antineutrino), l’interaction électromagnétique et l’interaction gravitationnelle . Les particules subnucléaires ne sont sensibles qu’à l’interaction forte et à l’interaction faible, et cela permet en fait de distinguer les deux principales familles de particules élémentaires: les leptons et les hadrons (tabl. 2). Les leptons regroupent les électrons, les muons, les leptons lourds 精 et les neutrinos correspondants, neutrinos électroniques, muoniques et tauiques. Ces particules interviennent obligatoirement dans les interactions faibles. Les hadrons regroupent les mésons 神, qui sont constitués de deux quarks (particules élémentaires de charge 梁 1/3 ou 梁 2/3), les nucléons formés de trois quarks (le neutron et le proton) et les particules « étranges » plus lourdes comme les, les et les 諸. Les interactions fortes ou nucléaires ne font intervenir que les hadrons entre eux (avec éventuellement libération ou absorption de photons).
Domaine nucléaire
Les noyaux des atomes sont formés de nucléons (protons et neutrons) qui échangent entre eux des mésons 神 et, lorsque les noyaux se désexcitent, des photons. Leur taille est de quelque 10-15 m et leur masse se compte en unités de 1,6 憐 10-27 kg. Leur masse volumique est très élevée: de 1016 à 1017 kg.m-3. On connaît environ 300 noyaux stables regroupés en 92 éléments chimiques, allant de l’hydrogène à l’uranium, chacun étant caractérisé par un nombre de protons différent, donc une charge différente régissant ses propriétés chimiques.
Domaine atomique
Les atomes (et les ions) sont des entités qui ne sont guère plus massives: la masse des électrons qui gravitent autour des noyaux est négligeable. En revanche, les orbites électroniques qui sont régies par l’interaction électromagnétique s’étendent sur des distances de l’ordre de 10-12 m. La masse volumique atomique « tombe » donc à des valeurs de l’ordre de 109 à 1011 kg.m-3. Les atomes et les ions peuvent interagir entre eux par réactions chimiques pour donner naissance aux molécules.
Les molécules existent partout dans l’Univers, non seulement dans notre environnement immédiat mais aussi dans des milieux « hostiles » (les densités et températures qui règnent dans les nuages moléculaires sont très faibles par rapport à celles que nous connaissons). Une catégorie particulière de molécules doit être spécialement mentionnée: les molécules organiques, régies par la chimie du carbone, et dont un sous-ensemble constitue les molécules prébiotiques (polyacides aminés) et biotiques (acides nucléiques ADN et ARN).
3. L’univers des poussières, des roches et des êtres vivants
Cette catégorie de l’Univers comprend des êtres de dimension supérieure au dixième de micromètre et inférieure à une dizaine de mètres; elle englobe à la fois les êtres inanimés (comme la poussière interstellaire et interplanétaire, les météorites et de nombreuses roches observées, par exemple, à la surface des planètes semblables à la nôtre, appelées planètes telluriques) et aussi les êtres vivants (depuis les virus et les bactéries en passant par les protistes, les végétaux et les animaux, dont l’homme).
Les poussières interstellaires ont des dimensions submicrométriques. Elles sont principalement constituées de glace sale, de graphite et de silicates. Les météorites sont de petits corps (mais certaines sont de dimensions plus grandes que la limite supérieure que nous avons fixée ici) et quelques-unes sont constituées quasiment d’alliages de fer-nickel alors que les autres sont constituées de silicates. Certaines des météorites de la deuxième classe, dites chondrites (les chondres sont des assemblages sphériques silicatés d’une taille de l’ordre du millimètre) carbonées, sont utilisées pour déterminer la composition chimique « standard » de l’Univers observable.
Il n’est guère possible ici de dresser un tableau minéralogique complet de toutes les roches terrestres (voire lunaires ou martiennes) que l’homme a déjà observées et classées. On connaît la subdivision entre les roches magmatiques, dont la formation est liée au volcanisme, et les roches sédimentaires, qui sont liées à la présence des océans et indirectement à celle de l’oxygène dans l’atmosphère de la Terre. Il existe, en réalité, une variété fabuleuse d’espèces minéralogiques.
La profusion d’espèces vivantes sur Terre est également surprenante. La surprise est d’autant plus grande que toutes ces espèces vivantes, qu’elles soient sous forme de virus, de bactéries, d’êtres monocellulaires, de végétaux ou d’animaux de tous ordres, procèdent d’un schéma physico-chimique très semblable, fondé sur les propriétés particulières des acides nucléiques mentionnés plus haut.
Ces considérations sont celles qui nous sont le plus familières bien qu’il faille faire appel à des connaissances physiques, chimiques et biologiques d’une extrême complexité.
4. Les planètes
Nous allons en quelques lignes décrire le cortège planétaire du système solaire. Les caractéristiques des planètes, que l’on subdivise en planètes telluriques (Mercure, Vénus, la Terre et Mars) et en planètes géantes (Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune), sont mentionnées dans le tableau 3. Quelques points importants méritent d’être signalés: deux planètes comme Vénus et la Terre, qui à première vue ont beaucoup de points communs quant à leur masse et à leur position vis-à-vis du Soleil, ont des atmosphères extrêmement différentes, celle de Vénus étant surchauffée et sulfureuse. Par ailleurs, les satellites de Jupiter, de Saturne, d’Uranus et de Neptune, observés en grand détail par les sondes Voyager montrent une très grande variété d’aspects et de propriétés; il suffit de comparer Europe et Io, très proches l’un de l’autre ou encore Titan avec n’importe quel autre satellite de Saturne. Enfin, la découverte de systèmes complexes d’anneaux autour des quatre planètes géantes a constitué une des grandes surprises de l’exploration du système solaire.
Cette exploration a encore progressé lorsque l’on est parvenu à observer de près certains petits corps du système solaire. L’exploration cométaire a débuté en 1986 par la rencontre de cinq sondes spatiales avec la comète de Halley (2 sondes soviétiques Vega, les sondes japonaises Sakigake et Susei et la sonde Giotto). D’autres projets concernent l’observation, voire la capture d’un astéroïde. On doit mentionner ici la remarquable découverte par le satellite infrarouge Iras d’un disque autour de l’étoile Véga qui s’apparenterait à un système planétaire. Le télescope spatial Hubble devrait être en mesure de mettre en évidence bien d’autres systèmes planétaires autour d’étoiles proches.
5. Les étoiles
Les étoiles constituent une fraction importante – peut-être la plus importante – de la masse de l’Univers. Notre Galaxie en contient une centaine de milliards.
La description du Soleil est un bon moyen pour appréhender l’ensemble des étoiles. En effet, le Soleil est une étoile très ordinaire: plus de la moitié des étoiles observées dans le ciel lui ressemblent. De plus, sa masse, son rayon, sa température superficielle ont des valeurs tout à fait moyennes par rapport à celles que peuvent prendre l’ensemble des étoiles (tabl. 4). Le Soleil est un astre brillant dont la température superficielle est de 5 700 K, ce qui lui donne une couleur jaune-orange; son rayon est de 700 000 kilomètres, sa masse de 2 憐 1030 kilogrammes, et sa luminosité de 4 憐 1026 watts. Il tire son énergie des réactions nucléaires qui se produisent en son centre et qui transforment une partie de son hydrogène en hélium.
Il existe des étoiles beaucoup plus massives que le Soleil: certaines peuvent avoir des masses cent fois supérieures. Les étoiles les moins massives susceptibles d’être observées actuellement ont une masse de 0,1 masse solaire (environ).
Les étoiles évoluent comme des êtres vivants. Elles naissent à partir du milieu interstellaire ; milieu extrêmement dilué et également très hétérogène puisque l’on y trouve à la fois des régions ionisées, des molécules, de la poussière, des nuages relativement denses (103 particules par cm3) et froids (100 K), entourés d’un milieu très dilué (de 0,01 à 10 particules par cm3) et chaud (T 礪 104 K). C’est évidemment à partir des nuages interstellaires denses que les étoiles se forment. Après une phase de contraction qui dure quelques milliers d’années en moyenne et pendant laquelle les étoiles sont brillantes et rayonnent dans le rouge, la plupart des étoiles visibles sont dans le même stade d’évolution que le Soleil, c’est-à-dire qu’elles rayonnent l’énergie libérée par la combustion de l’hydrogène en hélium dans leur région centrale; en effet, l’énergie émise par les étoiles est essentiellement de nature thermonucléaire. Le temps passé à ce stade d’évolution dépend fortement de la masse de l’étoile, puisque le débit de l’énergie libérée par ce mécanisme varie, approximativement, comme la puissance 3,5 de cette masse: les étoiles massives sont donc très lumineuses, mais leur débit d’énergie est tel que leur durée de vie est réduite; cette durée varie approximativement comme l’inverse du cube de la masse, et les étoiles les plus massives ne vivent que 3 millions d’années. Les étoiles de masse inférieure à 0,8 masse solaire ont une durée de vie plus longue que l’âge de l’Univers, si bien que toutes celles qui se sont formées depuis le début sont encore présentes; en revanche, il a pu y avoir de nombreuses générations d’étoiles massives. Pendant les neuf dixièmes de leur vie, les étoiles ont des propriétés peu variables: les plus massives ont une surface très chaude (jusqu’à 50 000 K). Les étoiles les plus froides connues ont une température superficielle de l’ordre de 2 000 K. On ne sait pas si des étoiles encore moins massives et plus froides existent; en tout état de cause, ces objets, où les réactions thermonucléaires sont très faibles ou absentes, seraient plutôt des sortes de grosses planètes.
Les étapes ultérieures de l’évolution stellaire continuent à dépendre très fortement de leur masse. Les étoiles de faible masse comme le Soleil se transforment lentement en étoiles dites géantes rouges. Lors de ce stade, les régions centrales ayant subi une contraction sont beaucoup plus denses (face=F0019 力 109 kg.m-3) et plus chaudes (face=F0019 力 108 K) et sont le siège de la combustion d’hélium en éléments plus lourds. En revanche, l’enveloppe s’est dilatée et refroidie (d’où le nom de géantes rouges donné à ces étoiles). Les rayons de ces étoiles sont environ mille fois plus grands que celui du Soleil dans son stade d’évolution actuel: dans cinq milliards d’années, la Terre sera alors englobée dans le Soleil.
La phase géante rouge des étoiles a une durée d’environ 10 p. 100 de la phase précédente. Pour les étoiles de faible masse (jusqu’à 3 à 4 masses solaires), à la fin de cette phase, l’enveloppe de l’étoile est « soufflée » par diverses instabilités provenant de ses régions centrales; l’étoile est alors une nébuleuse planétaire qui devient ensuite une naine blanche, c’est-à-dire une étoile de température superficielle très élevée (face=F0019 閭 10 000 K), mais dont le rayon est très faible: une étoile comme le Soleil dans ce stade aura un rayon comparable à celui de la Terre, c’est-à-dire cent fois plus faible que son rayon actuel. Les masses volumiques des naines blanches sont très élevées (face=F0019 力 109 à 1011 kg.m-3). Après quelques millions d’années, la source interne d’énergie de ces étoiles devient très faible; on a affaire alors à une étoile « fossile » devenue invisible.
Les étoiles de plus grande masse continuent leur évolution en passant par la phase géante rouge qu’elles traversent évidemment beaucoup plus rapidement. La fin de leur évolution est beaucoup plus spectaculaire. Elles terminent, en effet, leur vie par une explosion qui disperse la plus grande partie de leur masse dans le milieu interstellaire. L’étoile est alors une supernova. Les parties centrales des supernovae subsistent non sous forme de naines blanches mais d’étoiles à neutrons (ou pulsars). Comme l’a montré Subrahmanyan Chandrasekhar, lorsque la masse de l’étoile résiduelle dépasse une limite égale à 1,44 masse solaire, l’étoile devient une étoile à neutrons dont la masse volumique est alors de 1016 à 1017 kg.m-3 et le rayon d’une dizaine de kilomètres seulement. Les étoiles les plus massives peuvent devenir des trous noirs.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur le monde fascinant des étoiles. Les astronomes et astrophysiciens ont été capables de mettre en évidence toute une variété d’étoiles aussi intéressantes que des étoiles variables comme les céphéides, des étoiles très massives comme les étoiles de Wolf-Rayet, d’autres étoiles explosives comme les novae. Les étoiles fournissent l’essentiel de la luminosité de l’Univers et aussi de son enrichissement en éléments lourds fabriqués à partir de l’hydrogène et de l’hélium. Les étoiles naissent le plus souvent en groupes, allant des étoiles doubles aux amas ouverts ou globulaires pouvant rassembler plusieurs millions d’étoiles.
6. La Galaxie
La plupart des étoiles qui forment notre Galaxie – la Voie lactée – sont distribuées dans un système très aplati, d’environ 30 000 parsecs de diamètre et quelques centaines de parsecs d’épaisseur. Le Soleil y occupe une position excentrique, à environ 8 000 parsecs du centre. Ce système est en rotation (un tour en 200 millions d’années au niveau du Soleil). Le disque galactique contient également de la matière interstellaire très diluée – gaz et un peu de poussière – dont la masse est de l’ordre de un dixième de celle des étoiles.
Cette matière est très inhomogène puisqu’elle comporte des parties très peu denses et très chaudes, des nuages froids et neutres, ainsi que des zones intermédiaires. Certains nuages particulièrement denses sont composés principalement de molécules et sont donc dits nuages moléculaires . C’est au sein de ces nuages que naissent les étoiles grâce à l’effondrement, sous l’effet de leur propre gravité, de leurs parties les plus denses. Les étoiles les plus massives qui sont ainsi créées dispersent le gaz en l’ionisant (on observe alors une nébuleuse gazeuse comme la Nébuleuse d’Orion), ou en le soufflant par les vents qu’elles émettent tout au cours de leur vie, enfin lors de leur explosion finale sous forme de supernova. Vents stellaires et supernovae restituent de la matière (enrichie en éléments lourds grâce à la nucléosynthèse stellaire) au milieu interstellaire; le refroidissement de celui-ci produit de nouveaux nuages. Ainsi s’établit une situation de quasi-équilibre, situation évolutive cependant puisqu’au cours du temps il y a de moins en moins de masse sous forme de gaz et de plus en plus sous forme d’étoiles: les étoiles de faible masse qui vivent très longtemps, et les naines blanches, étoiles à neutrons et trous noirs, bloquent de plus en plus de matière qui ne participe plus à l’évolution ultérieure.
Dans les parties centrales de la Galaxie – qui ont l’aspect d’un bulbe stellaire peu aplati – et dans le halo très dilué qui l’entoure, on ne trouve guère que des étoiles vieilles, si bien que l’évolution est déjà terminée (sauf dans la région tout à fait centrale qui est très active). Il apparaît que notre Galaxie contient une grande quantité de matière sous une forme non lumineuse, dont la nature est encore inconnue. L’un des traits caractéristiques de notre Galaxie, comme de nombreuses autres, est sa structure spirale, qui concerne surtout la matière interstellaire et les étoiles jeunes qui s’y forment. On sait aujourd’hui que les bras de spirale sont des ondes de densité, où la matière entre par la concavité, s’accumule temporairement et sort du côté convexe. La rotation du système de bras se fait sans déformation, bien que les parties externes du disque galactique tournent moins vite que ses parties internes.
7. Les galaxies et les quasars
L’Univers comporte des milliards de galaxies. Certaines sont des galaxies spirales comme la nôtre, d’autres, généralement moins lumineuses, sont de forme irrégulière. D’autres galaxies, dites elliptiques, sont de structure beaucoup plus simple, en forme d’ellipsoïde, et ne contiennent que peu ou pas de matière interstellaire: elles ont donc terminé leur évolution. Les galaxies lenticulaires, systèmes aplatis comportant des quantités variables de matière interstellaire mais où la formation présente d’étoiles n’est pas évidente, ne sont pas encore bien comprises (fig. 2). Certaines de ces galaxies ont un noyau actif et brillant, qui peut être à l’origine de l’accélération de particules jusqu’à de hautes énergies, ou de jets de gaz. L’origine de l’énergie énorme produite par ces noyaux n’est pas encore très claire, mais on admet généralement qu’ils contiennent en leur centre un trou noir massif, et que la masse de la matière qui tombe dans ce trou noir peut être en grande partie convertie en énergie. Un cas extrême est celui des quasars, noyaux tellement brillants que la galaxie qui les entoure devient très difficile à observer (de telles observations existent, cependant). Les quasars sont si lumineux qu’on peut les voir à des distances bien plus considérables que les galaxies ordinaires: ce sont les objets qu’on peut observer le plus loin dans l’Univers.
Les galaxies ne sont pas réparties uniformément, mais dans des amas comportant de quelques individus à quelques milliers d’individus, et dont les dimensions peuvent atteindre plusieurs mégaparsecs. Ces amas sont eux-mêmes groupés en superamas, mais il semble que l’Univers soit à peu près vide entre ces superamas, à l’exception de quelques nuages de gaz isolés. L’existence de superamas de galaxies a été démontrée. Les astrophysiciens qui étudient l’Univers dans son ensemble, qui sont donc spécialistes en cosmologie, ont l’habitude de supposer que l’Univers est isotrope et uniforme (en d’autres mots qu’il n’y a pas de régions particulières dans l’Univers). Cette hypothèse est vraisemblablement trop simpliste: plusieurs astronomes ont montré que certaines régions du ciel (comme celles dans la constellation du Bouvier) semblent être absolument vides. Ce fait observationnel a été vérifié grâce à des télescopes comme le télescope spatial Hubble, capable de détecter des astres cent fois moins lumineux que ceux que l’on est capable de voir aujourd’hui. Il reste que l’Univers n’est peut-être pas aussi simple et uniforme que l’on pense. Les amas de galaxies contiennent, en plus des galaxies, du gaz dont la masse peut être aussi grande que la masse totale des galaxies. Ce gaz est très chaud (plus d’un million de degrés) et rayonne surtout dans le domaine X. Comme il contient des éléments lourds, il a été vraisemblablement éjecté par les étoiles appartenant aux galaxies, à une époque peut-être reculée. Les amas de galaxies contiennent apparemment, comme les galaxies spirales et notre Galaxie en particulier, une quantité importante de masse obscure de nature inconnue. On a assez récemment réalisé la grande importance des interactions entre galaxies, favorisées par leur groupement en amas où leurs vitesses d’agitation sont assez grandes. Cela peut aller jusqu’au « cannibalisme », les plus grosses galaxies pouvant s’incorporer les petites qu’elles rencontrent.
8. La structure, l’origine et l’évolution de l’Univers
Une caractéristique essentielle de l’Univers est qu’à cette échelle immense espace et temps ne sont pas séparés. Nous observons les objets éloignés tels qu’ils étaient au moment où la lumière que nous en recevons les a quittés: il y a donc une relation biunivoque entre la distance d’un objet et son âge (d’où l’intérêt d’exprimer les distances en années de lumière). Cette relation dépend évidemment de la position de l’observateur: un observateur très éloigné de nous ne verrait pas en général un même objet avec le même âge. La forme de la relation ci-dessus exprime la métrique de l’Univers. La relativité générale prévoit que cette métrique n’est pas euclidienne, et que sa forme dépend de la masse spécifique de l’Univers (masse qui doit inclure, en plus de celle de la matière, celle qui correspond à l’énergie du rayonnement). Elle prévoit également que l’Univers n’a aucune raison d’être statique, mais peut être en expansion ou en contraction. Hubble a découvert qu’il est en expansion. Comme la métrique, et de façon d’ailleurs directement liée, la variation avec le temps de la vitesse d’expansion dépend de la masse spécifique de l’Univers; présentement, l’expansion ne peut que rester uniforme ou se ralentir, mais pas s’accélérer.
Si le taux de ralentissement parvient à être déterminé, on peut décrire dans certaines limites l’évolution passée et future de l’Univers. Aussi est-ce un des problèmes majeurs de la cosmologie que de déterminer ce taux de ralentissement. Il existe pour cela deux types de méthodes, évidemment indirectes les unes et les autres. Certaines tentent de déterminer la géométrie de l’Univers. On peut, par exemple, compter les quasars en fonction de leur luminosité apparente, ou mesurer le diamètre des galaxies en fonction de leur décalage spectral, etc. Pour exploiter ces résultats, il faut bien entendu supposer que quasars et galaxies ont des propriétés indépendantes de leur distance (ou, ce qui revient au même, de leur âge). En fait, il n’en est rien, et tous les essais de ce genre n’ont abouti qu’à montrer l’existence d’une évolution cosmique des quasars et des galaxies, un résultat très intéressant en soi, mais qui n’est pas celui qu’on recherchait. D’autres méthodes plus physiques cherchent à mesurer des paramètres qui conditionnent l’évolution de l’Univers, ou qui sont sensibles à cette évolution. De très nombreux travaux ont, par exemple, essayé de déterminer la masse spécifique actuelle de l’Univers. Même si l’on tient compte de la masse obscure contenue dans les galaxies et les amas de galaxies, il apparaît que cette masse spécifique est insuffisante pour arrêter l’expansion, et que celle-ci durera donc indéfiniment. Cependant, ce résultat reste suspect car l’Univers semble contenir également de la masse obscure en dehors des amas, ou une grande quantité de neutrinos encore indétectables dont l’énergie pourrait contribuer à ralentir l’expansion, pouvant aller peut-être jusqu’à l’arrêter. On peut aussi mesurer l’abondance de certains isotopes (deutérium 2H, hélium 3He et 4He, lithium 7Li) que l’on sait avoir été produits lors des premières étapes de l’Univers: cette abondance dépend des conditions physiques qui régnaient alors, donc notamment de la masse spécifique. En combinant ces mesures avec l’intensité du rayonnement fossile de l’Univers, découvert en 1965 par Arno A. Penzias et Robert W. Wilson en ondes radio, on aboutit à la conclusion que la masse spécifique de l’Univers doit être relativement faible, et donc que l’expansion ne s’arrêtera jamais. Bien que l’interprétation des observations ne soit pas, ici encore, dépourvue de toute ambiguïté, on tend à accepter provisoirement cette conclusion. En bref, le mouvement d’expansion de l’Univers ainsi que la découverte de ce rayonnement fossile nous induisent à penser que l’Univers est apparu il y a une quinzaine de milliards d’années lors d’une phase vraisemblablement très dense et très chaude, que les chercheurs anglo-saxons désignent sous le nom de big bang . L’évolution de l’Univers dans son ensemble dépend en fait très fortement des caractéristiques des particules élémentaires et des noyaux dont on a parlé au tout début. Signalons, par exemple, que la plus grande partie de la matière constituant l’Univers semble être sous forme invisible. Cette matière invisible peut être sous forme de petits corps solides, d’étoiles fossiles comme les naines blanches, les étoiles à neutrons en fin d’évolution, sous forme de trous noirs ou encore de neutrinos massifs: si les neutrinos présents dans notre Univers ont une masse non nulle, on pourrait à la fois rendre compte de la formation des éléments très légers lors du « big bang » et vivre dans un Univers qui connaîtra plus tard une phase de contraction.
Quoi qu’il en soit, le fait marquant de la cosmologie contemporaine est que l’Univers, loin d’être statique, est en évolution, de même que les objets individuels qui le composent. Lors des premières étapes de cette évolution, l’Univers était extrêmement chaud et dense; les phénomènes qui s’y produisaient – phénomènes dont il subsiste les traces dont on vient de parler – intéressent au plus haut point les physiciens des particules élémentaires qui voient réalisées dans l’Univers primitif des conditions impensables au laboratoire. L’évolution de l’Univers amène à se poser de nouvelles questions: qu’y avait-il « avant »? Comment se sont formées les galaxies? Quel sera le devenir de l’Univers? S’il est à jamais impossible de répondre à la première question, nous ne devons pas désespérer de pouvoir bientôt répondre aux deux autres.
univers [ ynivɛr ] n. m.
• v. 1530; lat. universum, de l'adj. universus « intégral »; adj. XIIIe, l'« empire univers » (Rabelais), le monde univers
1 ♦ Vx La surface du globe terrestre. ⇒ monde (I), terre (II). « Je vais errer dans l'univers sans trouver un lieu pour y poser mon cœur » (Rousseau). « Une ample comédie à cent actes divers, Et dont la scène est l'univers » (La Fontaine).
♢ Mod. Ensemble des sociétés de la terre. Un citoyen de l'univers. ⇒ monde. « Voir le monde tel qu'il est. L'univers : un ensemble de forces aveugles, qui s'équilibrent par la destruction des moins résistants » (Martin du Gard) .
2 ♦ (1553, répandu XVIIe) Vx Les hommes, habitants du globe terrestre. « Craint de tout l'univers, il vous faudra tout craindre » (Racine).
3 ♦ (XVIIe) Mod. L'ensemble de tout ce qui existe, considéré selon les philosophies comme la totalité des choses créées, la totalité des êtres, l'ensemble des choses perçues, comprenant ou non la conscience humaine. ⇒ monde; nature, tout; macrocosme. « Tous les êtres que nos sens peuvent apercevoir, conjointement avec ceux que leur ténuité ou leur éloignement nous rendent imperceptibles, forment dans leur ensemble, ce qu'on exprime par le mot univers » (Lamarck). L'Univers et l'homme. « Quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu'il sait qu'il meurt, et l'avantage que l'univers a sur lui, l'univers n'en sait rien » (Pascal). Les lois de l'univers. L'architecte de l'univers : le démiurge, Dieu. « L'univers n'existe que sur le papier » (Valéry).
♢ Sc. Ensemble de la matière distribuée dans l'espace et dans le temps. Structure de l'univers étudiée par l'astronomie. Le modèle de l'univers courbe, décrit dans l'espace-temps par la théorie de la relativité. Théories de l'Univers en expansion, induites de la fuite des galaxies (et à la base de celle du big-bang).
4 ♦ Système planétaire ou galactique. ⇒ monde. — Vx Planète, astre.
5 ♦ (XVIIIe) Fig. Milieu réel, matériel ou moral. Univers mental. L'amour « se fait un autre univers » (Rousseau). L'univers poétique et l'univers du rêve. L'univers de l'enfance. « Le sommeil possède son univers, ses géographies, ses géométries, ses calendriers » (Cocteau). « Tout homme est un univers qui vaut d'être révélé » (F. Jourdain). — L'univers d'un robot, la portion d'espace dans laquelle il évolue.
♢ Système, tout organisé. ⇒ 2. ensemble. L'univers mathématique. Log. L'univers du discours : ensemble des objets, des éléments logiques impliqués dans un jugement ou un raisonnement donnés.
6 ♦ (1907) Techn. Grand univers : format de papier pour impressions lithographiques (1 m sur 1,30 m).
● univers nom masculin (latin universum) Ensemble de tout ce qui existe. (En astrophysique, prend une majuscule) Littéraire. La terre habitée tout entière ; l'ensemble de l'humanité : Voyager aux quatre coins de l'univers. L'univers entier a salué cette découverte. Milieu, environnement, domaine psychologique de quelqu'un, d'un groupe : Son village était tout son univers. L'univers de l'enfance, du rêve. Ensemble de concepts, d'objets abstraits considéré comme un système organisé : L'univers mathématique. Ensemble que l'on peut munir d'une probabilité. ● univers (citations) nom masculin (latin universum) Guillaume Apollinaire de Kostrowitzky, dit Guillaume Apollinaire Rome 1880-Paris 1918 […] Fondés en poésie nous avons des droits sur les paroles qui forment et défont l'Univers. Alcools, Poème lu au mariage d'André Salmon Gallimard Henri Bergson Paris 1859-Paris 1941 […] la fonction essentielle de l'univers, qui est une machine à faire des dieux. Les Deux Sources de la morale et de la religion P.U.F. André Breton Tinchebray, Orne, 1896-Paris 1966 C'est l'univers qui doit être interrogé tout d'abord sur l'homme et non l'homme sur l'univers. Le Surréalisme et la Peinture Gallimard Paul Claudel Villeneuve-sur-Fère, Aisne, 1868-Paris 1955 L'univers n'est qu'une manière totale de ne pas être ce qui est. Art poétique Mercure de France Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 Je suis maître de moi comme de l'univers : Je le suis, je veux l'être. Cinna, V, 3, Auguste Savinien de Cyrano de Bergerac Paris 1619-Paris 1655 Périsse l'Univers, pourvu que je me venge ! La Mort d'Agrippine Commentaire Ce vers se retrouve presque exactement dans Rodogune de Corneille. Denis Diderot Langres 1713-Paris 1784 Si l'on bannit l'homme de dessus la surface de la terre, ce spectacle pathétique et sublime de la nature n'est plus qu'une scène triste et muette. L'univers se tait ; le silence et la nuit s'en emparent. Encyclopédie Denis Diderot Langres 1713-Paris 1784 Nous sommes l'univers entier. Vrai ou faux, j'aime ce système qui m'identifie avec tout ce qui m'est cher. Lettres, à Falconet Denis Diderot Langres 1713-Paris 1784 Imaginez l'univers sage et philosophe ; convenez qu'il serait diablement triste ! Le Neveu de Rameau Max Ernst Brühl 1891-Paris 1976 C'est en se débarrassant de son opacité que l'univers se fond dans l'homme. Écritures Gallimard Jean Giono Manosque 1895-Manosque 1970 Les spéculations purement intellectuelles dépouillent l'univers de son manteau sacré. Les Vraies Richesses Grasset Remy de Gourmont Bazoches-au-Houlme, Orne, 1858-Paris 1915 Pour expliquer un brin de paille, il faut démonter tout l'univers. Le Chemin de velours Mercure de France Alfred Jarry Laval 1873-Paris 1907 L'univers, ce qui est l'exception de soi. Gestes et opinions du Dr. Faustroll, pataphysicien Fasquelle Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 Il connaît l'univers et ne se connaît pas. Fables, Démocrite et les Abdéritains Blaise Pascal Clermont, aujourd'hui Clermont-Ferrand, 1623-Paris 1662 L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature ; mais c'est un roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'écraser : une vapeur, une goutte d'eau suffit pour le tuer. Mais, quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu'il sait qu'il meurt, et l'avantage que l'univers a sur lui ; l'univers n'en sait rien. Pensées, 347 Commentaire Chaque citation des Pensées porte en référence un numéro. Celui-ci est le numéro que porte dans l'édition Brunschvicg — laquelle demeure aujourd'hui la plus généralement répandue — le fragment d'où la citation est tirée. Jean Racine La Ferté-Milon 1639-Paris 1699 Tout l'univers est plein de sa magnificence. Athalie, I, 4, le chœur Donatien Alphonse François, comte de Sade, dit le marquis de Sade Paris 1740-Charenton 1814 L'univers entier se conduirait par une seule loi, si cette loi était bonne. Aline et Valcour Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 « L'esprit » est peut-être un des moyens que l'Univers s'est trouvé pour en finir au plus vite. Mélange Gallimard François Marie Arouet, dit Voltaire Paris 1694-Paris 1778 L'univers m'embarrasse, et je ne puis songer Que cette horloge existe et n'ait pas d'horloger. Satires, les Cabales Joseph, baron von Eichendorff Lubowitz, près de Racibórz, Haute-Silésie, 1788-Neisse, aujourd'hui Nysa, Haute-Silésie, 1857 […] L'Univers se met à chanter, Si tu trouves le mot magique. […] Die Welt hebt an zu singen, Triffst du nur das Zauberwort. Proverbes ● univers (expressions) nom masculin (latin universum) Univers du discours, domaine des objets mis en jeu par un raisonnement. (Par exemple, dans l'arithmétique, l'univers du discours est constitué par l'ensemble N des entiers naturels.) ● univers (synonymes) nom masculin (latin universum) Littéraire. La terre habitée tout entière ; l'ensemble de l'humanité
Synonymes :
- cosmos
- création
- monde
- nature
Milieu, environnement, domaine psychologique de quelqu'un, d'un groupe
Synonymes :
- domaine
- sphère
univers
ensemble des corps célestes et de l'espace (naguère considéré comme infini) où ils se meuvent.
— La théorie selon laquelle l'Univers a commencé par une gigantesque "explosion", le big bang, est devenue la base de la cosmologie moderne, car elle explique les propriétés fondamentales de l'Univers, notam. son expansion, qu'avait mise en évidence l'Américain Edwin Hubble dans les années 1930. Il y a env. 15 milliards d'années (ou, plus probablement, entre 10 et 13 milliards d'années), l'Univers était infiniment condensé et chaud. Le big bang transforma cet état singulier en une entité dont l'évolution obéit aux lois de la relativité générale. Les progrès de la physique des particules ont permis de décrire l'histoire de l'Univers à partir de l'instant t = 10 -43 s après le big bang: son diamètre est alors de 10 -28 cm et sa température de 10 32 K; il est dans un état de "vide quantique". Pendant la période qui s'étend de t = 10 -35 s à t = 10 -32 s, l'Univers traverse une phase d'inflation (expansion très rapide) au début de laquelle les quarks, les électrons, les neutrinos et leurs antiparticules vont surgir du vide, avec un très léger excédent de matière par rapport à l'antimatière (un milliard de particules plus une sont créées contre un milliard d'antiparticules). Cette "soupe" de particules reste présente jusqu'à t = 10 -6 s, quand la température devient suffisamment basse (10 13 K) pour que les associations de quarks restent stables sous forme de protons, de neutrons et de leurs antiparticules. Particules et antiparticules vont s'annihiler les unes les autres, aboutissant à un Univers dominé par le rayonnement (ère radiative) et où ne subsiste qu'un infime résidu (un milliardième) de particules. La nucléosynthèse primordiale se déroule entre t = 3 min et t = 30 min: protons et neutrons peuvent s'assembler en noyaux atomiques légers tels que l'hélium, l'élément le plus abondant de l'Univers avec l'hydrogène. à t = 500 000 ans, l'Univers s'est assez refroidi (3 000 K) pour que les atomes deviennent stables; liés aux protons et noyaux atomiques, les électrons ne s'opposent plus au rayonnement, qui se dissocie de la matière: l'Univers est devenu transparent. Ce rayonnement qui baigne tout l'Univers est encore perceptible auj., mais sa température caractéristique n'est plus que de 2,7 K en raison de l'expansion de l'Univers, qui s'est poursuivie depuis ses débuts. En 1965, la découverte de ce rayonnement "fossile" (dit cosmologique) confirme la thèse du big bang. Depuis la phase de dissociation, l'évolution de l'Univers est déterminée par la gravitation. Si sa densité moyenne est supérieure à la densité critique (env. 5 10 -30 g/cm 3), ce qu'on ignore encore, les forces de liaison gravitationnelle l'emporteront sur l'expansion, qui finira par s'inverser: une phase de contraction ramènera l'Univers à son point initial (Univers fermé). Sinon, l'Univers se dilatera éternellement (Univers ouvert). V. Galaxie, Soleil, Terre, Pluton, Neptune, etc.
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univers
n. m.
d1./d Ensemble de tout ce qui existe dans le temps et dans l'espace.
d2./d (Avec une majuscule.) Ensemble de tous les corps célestes et de l'espace où ils se meuvent. (V. Univers.)
d3./d Terre, en tant que lieu où vivent les hommes; humanité. Une arme dont la puissance fait trembler l'univers.
d4./d Fig. Milieu où se cantonnent les activités, les pensées de qqn; monde particulier. Son village est tout son univers. L'univers de la folie.
|| LOG Univers du discours: ensemble des éléments et des classes logiques auxquels on se réfère dans un jugement ou un raisonnement.
⇒UNIVERS, subst. masc.
I. A. — PHILOS. et cour.
1. L'ensemble de tout ce qui existe, la totalité des êtres et des choses. Synon. monde (v. monde1 I A). L'univers est un système d'êtres et de relations entrelacés, dont l'homme fait partie (GILSON, Espr. philos. médiév., 1931, p. 91). Le principe de causalité est dit universel et nécessaire en ce double sens qu'il est un principe commun à tous les hommes doués de raison et qu'il postule qu'il n'y a pas dans l'univers de fait sans cause (MORF. Philos. 1980). V. anthropomorphiquement ex. 1 et cause2 ex. 5.
— Domaine relig. L'Âme de l'univers; le grand Architecte de l'univers. L'auteur, la cause, le créateur de l'univers. Dieu, principe de toute chose. Par l'analogie de nos idées morales, nous concluons que l'auteur de l'univers ne manque pas des qualités morales qui font de lui le juste gouverneur du monde et le juge de nos actions (Théol. cath. t. 4 1920, p. 914).
♦ Univers + adj. déterminatif. Vision de l'univers propre à telle ou telle religion. Univers hindouiste, shintoïste. Dans un univers chrétien, où les êtres sont créés par l'Être, toute créature est un bien, analogue du Bien (GILSON, Espr. philos. médiév. 1932, p. 82).
2. a) L'univers physique, sensible. L'ensemble des choses et des phénomènes physiques perçus par l'homme et objets de la science. Il est arrivé constamment que les constructions logiques par lesquelles les mathématiciens avaient l'unique souci de faire progresser leur science, se sont révélées en accord mystérieux avec l'univers sensible (E. BOREL, Paradoxes de l'infini, 1946, p. 9). Leur doctrine [des alchimistes chinois du XIIIe s.] concernant la matière et l'énergie, leurs notions cosmologiques en général dissociaient moins encore que par le passé l'univers physique de l'univers métaphysique (CARON, HUTIN, Alchimistes, 1959, p. 110).
b) L'univers astronomique, cosmique, sidéral, stellaire. L'ensemble des corps célestes. La structure de l'univers stellaire ne peut ressortir que d'investigations statistiques (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 141).
B. — ASTRON., ASTROPHYS. [Le plus souvent avec une majuscule]
1. a) L'ensemble des galaxies, considérées dans leur évolution dans l'espace et dans le temps. Synon. cosmos (v. cosmos1 A). L'univers visible, accessible aux instruments d'optique; âge, structure de l'Univers; exploration de l'Univers; variation de la courbure de l'Univers au cours du temps; théorie relativiste de l'Univers. Bien que de nombreux points restent obscurs, il est très vraisemblable qu'un très grand nombre de planètes analogues à notre Terre existent dans l'Univers, dans lesquelles les conditions nécessaires à l'apparition d'une forme de vie sont réunies (Géophys., 1971, p. 40 [Encyclop. de la Pléiade]). V. cosmos ex. 1:
• 1. Un article sur les étoiles. C'est à donner le vertige. Elles sont je ne sais combien de millions qui fuient dans le ciel à une vitesse inimaginable (...). Quel aspect curieux cela donne aux choses humaines, cette notion nouvelle que nous avons de l'univers.
GREEN, Journal, 1954, p. 266.
♦ Expansion de l'Univers. [La] loi de Hubble, où le décalage vers le rouge des raies spectrales est interprété comme un effet Doppler, traduit le phénomène connu sous le nom d'expansion de l'Univers: les galaxies s'éloignent les unes des autres avec une vitesse proportionnelle à leur distance (Astron. 1973).
b) Modèle théorique de cet ensemble. Univers fini, infini; univers homogène et isotrope; univers hyperbolique; univers à trois dimensions, à quatre dimensions. La théorie de la relativité a introduit la représentation d'un univers à la fois courbe et non fini (LEGRAND 1972).
♦ Modèle d'univers. Ce sont ces découvertes [la fuite des galaxies et la loi de Hubble] qui ont permis de faire un tri dans la diversité des modèles d'Univers théoriquement possibles (Astron. 1973). Le modèle d'univers le plus satisfaisant est décrit par un espace-temps de Riemann dont les propriétés géométriques sont reliées à la distribution de matière-énergie par les équations d'Einstein de la Relativité Générale (MATHIEU-KASTLER Phys. 1983).
c) L'univers de + nom propre. Le modèle théorique de l'univers selon (tel ou tel savant). L'univers de Copernic, de Newton. Eddington démontra (1930) que l'univers statique d'Einstein n'est susceptible que d'un équilibre instable. O. Heckmann a étendu cette démonstration à tous les modèles d'univers proposés, y compris l'univers euclidien, infini, de Newton (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 595).
— L'univers + adj. dér. de nom propre. L'univers copernicien, einsteinien. Michelet pensait, sentait sous les espèces de l'organique; fils d'un âge auquel l'univers newtonien semblait donner le modèle achevé de la science, Fustel recevait ses métaphores de l'espace (M. BLOCH, Apol. pour hist., 1944, p. 78).
2. Système planétaire ou galactique. Le tournoiement des nébuleuses, des univers en formation (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 219). Chacune [des nébuleuses spirales] paraît, en effet, constituer un univers analogue à notre Galaxie, avec ses étoiles, ses amas, ses masses absorbantes, etc. (MULLER 1990):
• 2. ... l'étoile de première grandeur alpha du Centaure plane à 10 trillions de lieues d'ici, Sirius à 39 trillons, l'Étoile Polaire à 100 trillions, Capella à 170 trillions. Or, ces soleils comptent parmi les plus proches. Au delà gisent d'autres univers, que la vision perçante du télescope commence à saisir dans les inaccessibles profondeurs de l'immensité.
FLAMMARION, Astron. pop., 1880, p. 92.
♦ [Dans un cont. métaph.] Hélas! que d'univers j'ai parcourus dans ces voyages de l'âme! (SAND, Lélia, 1833, p. 93).
♦ Notre Univers. Notre galaxie. Nous ne pourrons compléter cette première ébauche du plan général de la galaxie qu'après avoir étudié les nébuleuses extragalactiques, dans lesquelles nous trouverons le véritable modèle de notre propre univers (DANJON, Cosmogr., 1948, p. 296). L'origine du temps de notre univers est estimée aux environs de dix milliards d'années au grand maximum (FURON ds R. gén. sc., t. 63, 1956, p. 43).
— En compos. Univers-île. Système galactique autre que le nôtre. Curtis pensa que ces étoiles étaient analogues aux novae galactiques et déduisit de la comparaison des éclats que les nébuleuses blanches devaient être des univers-îles analogues à notre propre système (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 564).
C. — Le plus souvent p. hyperb., littér.
1. L'ensemble des parties du globe terrestre; en partic., la terre habitée. Synon. monde (v. monde1 I C 1). Conquérir, dominer l'univers; être connu dans l'univers entier; au bout de l'univers. L'Amérique septentrionale est l'endroit de l'univers où les droits de l'homme sont le mieux connus (CHAMFORT, Max. et pens., 1794, p. 80). Saupoudrer l'univers de bombes atomiques, méthodiquement, kilomètre par kilomètre? Carroyage de précision? Beau progrès; mais on sait des moyens moins chers de se suicider (L. FEBVRE, Face au vent, [1946] ds Combats, 1953, p. 40).
♦ Les limites, les extrémités de l'univers. Dès les premiers temps, les chrétiens, qui n'étaient encore qu'une infime minorité, se jugeaient comme ayant virtuellement atteint les limites de l'univers (Philos., Relig., 1957, p. 44-16).
2. a) L'ensemble des hommes, la société des hommes vivant sur terre. Synon. monde (v. monde1 II A 1). Il est connu de l'univers entier; les apôtres ont annoncé l'Évangile à tout l'univers. Tout l'univers paye des contributions, pour avoir de l'ordre et de la liberté dans le travail (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p. 123). Mme Barrel donne à l'univers le spectacle édifiant de la simplicité dans la richesse (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 22).
♦ Au su de l'univers; aux yeux de l'univers. V. héros II A 2 b ex. de Duhamel.
♦ À tout l'univers. — Le pauvre garçon, répliqua la vicomtesse, avouerait cela devant vingt personnes (...) — Je le crierais à tout l'univers, dit l'avoué (BALZAC, Gobseck, 1830, p. 400). Érasme écrivait en latin, comme fait encore Spinoza; la moitié des écrits de Descartes (...) sont rédigés en latin. Ce qui s'écrivait en latin s'adressait à tout l'univers (Civilis. écr., 1939, p. 30-4).
♦ De l'univers (2e élém. de superl. rel.). Avec la maison entière, je fis chorus au sujet de la princesse Flibustofskoï; je la reconnus pour la palatine la plus généreuse et la plus adorable de l'univers (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 189).
— En partic. Le monde civilisé. Les hivernants qui passent l'année entière séparés de l'univers dans les stations arctiques (Arts et litt., 1936, p. 84-5).
b) P. anal. Groupe organisé formé d'une multitude d'êtres. À chaque pas que l'homme fait, il écrase des univers, empêche l'éclosion d'un peuple innombrable d'infiniment petits (ZOLA, Fécondité, 1899, p. 75).
II. — Courant
A. — 1. Ensemble particulier formé de choses ou d'êtres considérés dans leur totalité. Univers biologique, végétal; univers aérien; univers sonore. Je grattais mes cordes et j'entretenais un univers de vibrations (ARNOUX, Suite var., 1925, p. 146). Paul Valéry écrivait, en 1929: Quant à l'univers de l'ouïe, les sons, les bruits, les voix, nous appartiennent désormais. Nous les évoquons quand et où il nous plaît (Disque Fr., 1963, p. 14).
— En partic. La société des hommes telle qu'elle se présente à une époque donnée dans un milieu géographique et social déterminé. J'achève souvent le tour des murs de Rome à pied; en parcourant ce chemin de ronde, je lis l'histoire de la reine de l'univers païen et chrétien écrite dans les constructions , les architectures et les âges divers de ces murs (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 547). La version de Ptolémée en a fait [de l'Ancien Testament] un phénomène perceptible à l'univers grec. Elle préparait les voies au Christ. Elle lui faisait son lit (Civilis. écr., 1939, p. 30-3).
2. a) Ensemble de personnes et/ou de choses (concrètes, abstraites) constituant l'environnement de quelqu'un; milieu dans lequel on vit. Univers hostile; univers familial. Ah! laisse-moi espérer que tu viendras vivre ici pour compléter mon univers, j'ai besoin d'être trop heureux! (SAND, M. Sylvestre, 1866, p. 328). Un homme qui travaille, la pauvreté, l'avenir lentement fermé, le silence des soirs autour de la table, il n'y a pas de place pour la passion dans un tel univers (CAMUS, Peste, 1947, p. 67).
♦ Univers extérieur. Un homme qui ne perçoit point n'est pas livré à ses propres idées; bien plutôt il n'a plus d'idées; il dort. S'il rêve, c'est que l'univers extérieur l'attaque par quelque côté; c'est qu'il commence à percevoir (ALAIN, Propos, 1921, p. 299).
♦ Univers immédiat. J'attendrai que, revenu des vanités mondaines, il jette de lui-même un regard ému sur ce qui l'entoure, sur son univers immédiat (MIOMANDRE, Écrit sur eau, 1908, p. 12).
b) Environnement naturel, milieu physique. Le voici revenu, pour n'en plus sortir, dans cet univers de montagnes pas trop hautes, de nappes d'eau pas trop vastes et de prairies fraîches (BOURGET, Ét. angl., 1888, p. 132). Que d'horizons l'automne nous découvre! En été, un buisson rétrécissait notre univers. Une feuille nous cachait un monde. Au soleil de Novembre, l'œil s'emplit à éclater (RENARD, Corresp., 1897, p. 182).
3. a) Ensemble de personnes considérées dans leur environnement (matériel, psychologique, social, moral) et constituant une communauté à part. Univers hospitalier, scolaire. Les hasards et les malheurs de la guerre ont eu le privilège de rassembler des hommes de milieu et de culture différents, champ expérimental d'où sont nées quelques-unes des idées maîtresses de l'éducation populaire. Dans ces univers concentrationnaires, des vocations sont nées (CACÉRÈS, Hist. éduc. pop., 1964, p. 143). Restriction des visites, activités insuffisantes, peu de possibilités de travail par manque d'encadrement: la dégradation de l'univers carcéral est largement dénoncée, y compris par les gardiens et le corps des visiteurs bénévoles (Le Monde, 19 mai 1990, p. 12, col. 1).
b) Ensemble de personnes formant un groupe social, un milieu particulier. L'univers paysan; l'univers des lettres, des affaires. Ils ne se distinguent que par la diversité de ces uniformes qui les unissent en gros et les séparent si abruptement de l'univers bourgeois (ARNOUX, Roi, 1956, p. 50). Composé en 1924, en pleine bagarre surréaliste, « Caravansérail » resta inédit jusqu'à l'an dernier (...) C'est un document pétillant de drôlerie sur le Paris des années vingt et le petit univers esthéticomondain où régnait Picabia (Le Point, 23 févr. 1976, p. 110, col. 2).
B. — Au fig.
1. a) Ce qui embrasse un champ d'activité, un domaine artistique, intellectuel, psychologique, moral. Univers affectif, psychique; univers de la sensibilité, des émotions, de la raison, du rêve; univers pictural (d'un artiste); univers poétique. Les rapports de l'intelligence et de la sensibilité avec l'univers entier des sensations et des images (FAURE, Hist. art., 1909, p. 127). Il ne comprenait pas clairement ce qui lui arrivait. Il se sentait dans son droit. C'était son univers mental qui vacillait (DEBATISSE, Révol. silenc., 1963, p. 225).
— Domaine de la spéculation. Univers métaphysique, philosophique, théologique. Si la science positive se charge de dissiper les ténèbres extérieures, l'autre connaissance a surtout pour objet de dissiper les ténèbres intérieures. Cette définition emboîte le pas à la différenciation établie par Robert Amadou entre l'univers scientifique et le cosmos astrologique (BARBAULT, De psychanal. à astrol., 1961, p. 19).
— L'univers de qqn. Sa perception, sa conception du monde. Quelque part d'illusion qu'il y ait dans l'univers de Blake, j'admire que cet homme (...) n'ait jamais renié ses visions et soit mort en chantant (GREEN, Journal, 1942, p. 244). V. aussi infra III C psychol.
b) Système, ensemble d'objets abstraits formant un tout harmonieusement organisé. Univers mathématique. Ces techniques [romanesques] ont fini par constituer un système de conventions et de croyances très solide, cohérent, bien construit et bien clos: un univers ayant ses lois propres et qui se suffit à lui-même (SARRAUTE, Ère soupçon, 1956, p. 95). À lire les chroniques « féeriques et libertaires » qu'Arrabal consacre aux échecs dans l'Express et vient de réunir en volume, on dirait presque que le pape du sarcasme trouve plus de bonheur à nous guider dans l'univers échiquéen qu'à gérer la maison « Ubu et fils. Démolitions en tout genre » (L'Express, 11 oct. 1980, p. 95, col. 2).
2. Domaine, objet auquel on limite ses préoccupations, ses aspirations, ses pensées. On vient m'avertir pour aller à un conseil. Adieu, mon adorable amie, mon univers. Je baise mille et mille fois vos belles mains (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1892). Tu es tout pour moi, mon univers, mon bonheur, le dieu que j'adore (COTTIN, Cl. d'Albe, 1799, p. 173).
III. — Spécialement
A. — LING., LOG. Univers du discours
1. LING. Ensemble des éléments (linguistiques et extralinguistiques) qui constituent les conditions de production d'un énoncé (d'apr. REY Sémiot. 1979). Considéré du point de vue de l'univers du discours, un énoncé du type la terre tourne est anormal avant Copernic (Ling. 1972). L'univers du discours peut être réaliste, imaginaire. Le dialogue suppose que l'interlocuteur accepte l'univers du discours du locuteur (REY Sémiot. 1979).
2. LOG. ,,Ensemble des idées, ou plus exactement des éléments et des classes logiques qui sont pris en considération dans un jugement ou un raisonnement`` (LAL. 1968). L'affirmation: « Aucun chien ne parle » est vraie dans l'Univers du discours de la Zoologie, mais non dans celui de la Fable (LAL. 1968). Tel ou tel élément peut être vrai dans un univers du discours donné et inexact dans un autre (LEGRAND 1972).
B. — MATH. Ensemble que l'on peut munir d'une probabilité. (Dict. XXe s.).
C. — PSYCHOL. Univers (privé). ,,Ensemble des situations et des significations personnelles qu'un individu éprouve dans son existence, dans son environnement-pour-lui`` (MORF. Philos. 1980). Ce qu'on appelle l'égoïsme du vieillard n'est souvent qu'un repli sur le présent et sur une mémoire qui, désormais impuissante à créer un avenir, tourne en contemplation de soi. Cette involution modifie tout l'univers du vieillard (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 162). Chaque homme a son univers. L'univers privé [est] essentiellement marqué par l'affectivité personnelle (MUCCH. Sc. soc. 1969). Univers d'attitude. ,,Ensemble des limites à l'intérieur desquelles se situe l'attitude d'un individu`` (Lar. Lang. fr.).
D. — ROBOTIQUE ,,Portion d'espace dans laquelle le ou les robots doivent évoluer`` (ART.-BARR. Productique 1985). Univers esclave. ,,Espace multidimensionnel dans lequel s'insère tout ce qui concerne la partie esclave d'un système de téléopération`` (ART.-BARR. Productique 1985)
E. — 1. STAT. ,,Ensemble du groupe d'éléments dans lesquels on tire un échantillon`` (Méd. Biol. Suppl. 1982).
2. SOCIOL. Groupe social qu'on étudie, pour un problème donné, au moyen d'un échantillon représentatif. On parle d'univers d'une enquête par référence implicite à la manière dont un groupe déterminé vit, pense, agit, réagit, perçoit (Média 1971). Un échantillon de consommateurs représente une partie de l'univers des consommateurs (GRAW. 1981).
IV. — TECHNOL. Grand univers
A. — PAPET. ,,Format de papier de 100 x 130 cm`` (COMTE-PERN. 1984). ,,Format de carton de 100 x 148 cm`` (COMTE-PERN. 1984).
B. — LITHOGR. Le format « grand univers » des pierres lithographiques employées dans le commerce est de: 103 x 135 centimètres (CHELET, Lithogr., 1933, p. 25).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Adj. 1. ca 1175 universe monde « le monde entier, l'univers » (THOMAS DE KENT, Le Roman de toute chevalerie, éd. B. Foster et I. Short, 7875), expr. cour. jusqu'au XVIe s. le monde univers (HUG.); 2. XIIIe s. universe « tout entier, complet » (Dialogue de l'âme et de la raison, éd. F. Bonnardot ds Romania t. 5, p. 299: universe genz, eingimis sor moi [trad. du lat. ingemiscite super me, universum gentis]). II. Subst. A. 1. a) 1543 « la Terre habitée tout entière » (MAROT, Epître LVI, 84, éd. C. A. Mayer, t. 1, p. 276: Par l'univers, le monde me lira); b) 1550 p. méton. « les habitants de la Terre, l'ensemble des hommes » (RONSARD, Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 1, p. 135: un vers Qui raconte à l'univers Ton los); 2. 1550 « l'ensemble de ce qui existe » (ID., ibid., t. 3, p. 6); 3. a) 1588 « ensemble des divers systèmes de planètes et d'étoiles » (MONTAIGNE, Essais, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, II, 12, p. 532: toutes les pieces de l'univers); b) 1948 expansion de l'Univers (DANJON, Cosmogr., p. 298). B. 1. Système, tout organisé a) 1552 dans le domaine affectif, intellectuel, moral (RONSARD, op. cit., t. 4, p. 40: L'ennuy, le soing, et les pensers ouvers [...] Ont façonné [...] Dedans mon cuœur l'amoureux univers), rare av. le XVIIIe s. 1722 (MARIVAUX, Le Spectateur fr. in Journaux et œuvres diverses, éd. F. Deloffre et M. Gilot, p. 148: les Anciens avaient [...] tout un autre univers que nous [sur le plan des idées, des mœurs, des sentiments]); 1751 (D'ALEMBERT, Discours préliminaire ds Encyclop. t. 1, p. XV: l'univers littéraire); b) 1578 dans le domaine matériel, physique (RONSARD, op. cit., t. 17, p. 212: chef [= tête], petit Univers, qui monstres par effait Que tu as du grand Tout parfaite cognoissance [ici, p. réf. au microcosme et au macrocosme]); 2. 1671 « l'endroit, le milieu dans lequel on vit » (LA FONTAINE, Le Songe de Vaux ds Œuvres diverses, éd. P. Clarac, p. 112: [Neptune] dieu du liquide Univers); 1747 (Mme DE GRAFIGNY, Lettres d'une jeune Péruvienne, éd. 1821, p. 169: ce petit univers [affaires, famille, maison]); 3. 1758 « ce qui est le tout, l'essentiel pour quelqu'un » (COLARDEAU, Lettre d'Héloïse à Abailard, p. 11: mon Univers, mon Dieu, je trouvois tout dans toi). C. 1. a) 1932 log. univers du discours (LAL. t. 2 1932); b) 1972 ling. univers du discours (Ling.); 2. a) 1968 psychol. sociale « totalité des éléments qui répondent à tous les critères déterminés dans le domaine que l'on étudie » (Lar. encyclop. Suppl.); b) 1968 « ensemble des personnes sur lesquelles portera l'enquête après détermination de leurs caractéristiques » (ibid.); c) 1968 univers d'attitude (ibid.); 3. 1972 math. « ensemble que l'on peut munir d'une probabilité » (La Gde encyclop., Paris, Larousse, t. 2, p. 348, s.v. aléatoire). D. 1904 papet. grand univers (Nouv. Lar. ill.). I empr. au lat. class. universus « tout entier, considéré dans son ensemble, général, universel », propr. « tourné de manière à former un ensemble, un tout », comp. de uni- (unus « un ») et versus, part. passé de vertere « tourner, faire tourner ». Au sens 1, cf. l'expr. lat. universus mundus « le monde entier, l'univers » (CICÉRON ds TLL III, 2084, 10-11). II empr. au lat. class. universum neutre subst. de universus « ensemble, totalité; somme des choses existantes, univers ». Au sens C 1 a, empr. à l'angl. universe of discourse (1846 A. DE MORGAN d'apr. LAL., v. aussi NED Suppl.2, s.v. universe); au sens C 2 a, cf. l'angl. universe, terme de stat. (1911 YULE ds NED Suppl.2); au sens D, p. réf. à un format de papier inférieur dénommé grand monde (1723 SAVARY ds FEW t. 6, 3, p. 219b). Fréq. abs. littér.:7 022. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 10 275, b) 4 326; XXe s.: a) 8 559, b) 13 630.
univers [ynivɛʀ] n. m.
ÉTYM. V. 1530, Marot; lat. universum, neutre substantivé de l'adj. universus « intégral », « tourné (versus) de manière à former un ensemble, un tout (unus) »; adj. du XIIe au XVIe : les « universes terres », l'« empire univers » (Rabelais), le « monde univers » (Marot).
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1 (XVIe). Vieilli. La surface du globe terrestre. ⇒ Monde, terre. → Grand, cit. 16; migration, cit. 2. || Les bouts de l'univers (→ Fugitif, cit. 5; fuir, cit. 25). || Les cantons (→ Lasser, cit. 4), les extrémités de l'univers. || Errer (cit. 10) dans l'univers. || Le tour de l'univers (→ Resserrer, cit. 9). || « Une ample comédie à cent actes (cit. 15) divers, / Et dont la scène est l'univers » (La Fontaine). || « Car tout parle dans l'univers » (→ Langage, cit. 31). — Mod. Cette surface considérée par rapport à l'homme; l'ensemble des sociétés de la terre. || Les nations (cit. 3) et l'univers. || Citoyen de l'univers (→ Patrie, cit. 2). || Le destin (cit. 21) de l'univers.
1 Voir le monde tel qu'il est. L'univers : un ensemble de forces aveugles, qui s'équilibrent par la destruction des moins résistants.
Martin du Gard, les Thibault, t. IX, p. 208.
♦ Par exagér. Une grande partie de la terre. || « Je suis maître (cit. 37) de moi comme de l'univers ». — Spécialt. || Un univers : une vaste région, considérée comme un monde à part (→ Désert, cit. 7). — Vx. || Le plus… de l'univers, du monde (→ Enfant, cit. 40). — Par plais. || « Connu dans l'univers (…) et dans mille autres lieux ! » (Scribe, le Philtre, I, 5).
2 Pas un être vivant n'a lu mes manuscrits,
Et seul dans l'univers je connais mes écrits.
A. de Musset, Poésies nouvelles, « Dupont et Durand ».
2 (1553, dans les trad. de la Bible; répandu au XVIIe). Vx. Les hommes, habitants du globe terrestre. || Tout l'univers, le reste de l'univers (les autres)… → Entour, cit. 3. || Cette majesté « dont l'éclat orgueilleux étonne l'univers » (→ Hautain, cit. 4). || « Craint de tout l'univers, il vous faudra tout craindre » (→ Punir, cit. 5). — Subdiviser (cit. 3) l'univers en deux parts. || L'univers a les yeux sur lui (→ Pied, cit. 19). || Aux yeux de l'univers (→ Brutalité, cit. 1).
3 Périsse l'Univers, pourvu que je me venge !
Cyrano de Bergerac, Agrippine, IV, 3 (1653).
4 Avec tout l'univers j'honorais vos vertus (…)
Racine, Bérénice, I, 4.
5 Et la plus glorieuse (estime) a des régals peu chers,
Dès qu'on voit qu'on nous mêle avec tout l'univers (…)
Molière, le Misanthrope, I, 1. — Cf. les deux vers suivants (Estimer, cit. 13).
3 (XVIIe; parfois écrit avec une majuscule). Mod. L'ensemble de tout ce qui existe considéré selon les philosophies comme la totalité des choses créées (⇒ Création), la totalité des êtres, l'ensemble des choses perçues, qu'il s'agisse ou non d'un système, comprenant ou non la conscience humaine. ⇒ Monde (cit. 9); nature, tout; macrocosme (→ Animer, cit. 4; attribut, cit. 2; pourquoi, cit. 25; 1. savoir, cit. 23; science, cit. 13). || L'Univers, opposé à l'homme (cit. 52, 54 et 55; → Écraser, cit. 1; espace, cit. 1, Pascal). || L'univers visible (→ Pâture, cit. 4). — L'univers considéré comme une machine, un mécanisme (→ 2. Importer, cit. 2). || Les lois de l'univers. || Connaissance de l'univers. || L'histoire (cit. 37) naturelle embrasse tous les objets que nous présente l'univers. || L'univers, conçu comme fini ou comme infini. || « L'univers n'existe (cit. 3) que sur le papier ». — Relig. || L'auteur, la cause de l'univers : Dieu.
6 Et, mesurant les cieux sans bouger d'ici-bas,
Il connaît l'univers, et ne se connaît pas.
La Fontaine, Fables, VIII, 26.
7 Tous les êtres que nos sens peuvent apercevoir, conjointement avec ceux que leur ténuité ou leur éloignement nous rendent imperceptibles, forment dans leur ensemble, ce qu'on exprime par le mot univers.
Lamarck, Recherche sur les causes…, Introd.
♦ Poét. Le ciel, les astres.
♦ Sc. Ensemble de la matière distribuée dans l'espace et dans le temps. || La structure de l'univers est étudiée par l'astronomie, la radioastronomie (cit.). || Répartition de la matière dans les diverses régions de l'univers (→ 1. Rayon, cit. 8; rayonnement, cit. 5). ⇒ Cosmologie. || Le concept scientifique moderne d'Univers dépend de la théorie de la Relativité, qui a élaboré un modèle d'Univers non-euclidien, relativiste (cit.). || Univers courbe; courbure de l'univers. || Modèle d'Univers statique d'Einstein. || Théories de l'Univers en expansion (fuite des galaxies), de l'apparition ponctuelle de l'Univers (⇒ Big bang, anglic.). || Âge de l'Univers.
8 (…) on parlait d'univers. On en calculait le rayon, l'élargissement (…) Je demandai ce qu'on entendait par ce mot. Je n'obtins rien de bon. L'un me dit : c'est une sphère, en dehors de laquelle il n'y a rien (…)
Valéry, Mélange, p. 173.
9 L'espace et le temps, unis par cet invariant (l'invariant S ou intervalle d'univers, qui remplace les deux anciens invariants : le temps et la distance), ne sont pas indépendants (…) L'Espace-Temps ou Univers est l'ensemble des événements; c'est une multiplicité « quadridimensionnelle ». L'Univers est indépendant du système de référence qui sert à repérer les événements (…) la succession continue des événements qui constituent la vie d'une même portion de matière ou d'un même être (…) forme dans l'Espace-Temps une ligne d'Univers (…)
4 Système planétaire ou galactique. ⇒ Monde (→ Détourner, cit. 24; épicycloïde, cit.). — Planète, astre considéré comme un milieu (→ Art, cit. 81, par métaphore). || En ce bas (1. Bas, cit. 10) univers.
10 Un groupe d'univers, en proie aux passions,
Tourne autour de chacun de mes soleils de flammes (…)
Hugo, la Légende des siècles, LXI.
♦ Loc. (Astron.). || Univers-île. ⇒ Galaxie.
5 (XVIIIe). Fig. Milieu réel, matériel ou moral (univers mental). ⇒ Monde (cit. 53). || L'amour… se fait un autre univers (→ Illusion, cit. 35, Rousseau). || Univers clos (→ Effort, cit. 12). || Enclose (cit. 5) dans son univers. ⇒ Domaine. || L'univers de la vie intime (→ Illimité, cit. 5). || L'univers poétique (1. Poétique, cit. 4) et l'univers du rêve. || L'univers de l'enfance.
11 (…) de même qu'il y avait un certain univers (…) dans telles demeures, dans tels musées, et qui étaient l'univers d'Elstir, celui qu'il voyait, celui où il vivait, de même la musique de Vinteuil étendait, notes par notes, touches par touches, les colorations inconnues d'un univers inestimable, insoupçonné (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XII, p. 66.
12 Le sommeil possède son univers, ses géographies, ses géométries, ses calendriers. Il arrive qu'il nous reporte avant le déluge.
Cocteau, le Grand Écart, VII.
13 Tout homme est un univers qui vaut d'être révélé.
Francis Jourdain, Sans remords ni rancune, Des diableries de Huysmans…, p. 42.
♦ Système, tout organisé. ⇒ Ensemble. || L'univers mathématique (→ Intelligence, cit. 7). || Le lexique (cit. 3) français, un univers coloré. (XXe). Log. || L'univers du discours : l'ensemble des éléments logiques impliqués dans un jugement ou un raisonnement donnés. — Psychol. || Univers d'attitude, définissant les attitudes d'un individu.
♦ Didact. Ensemble d'éléments qui répondent à tous les critères employés dans l'étude d'un domaine (statistique, psychosociologie…). — Spécialt. Ensemble des personnes, définies par un certain nombre de caractéristiques, sur lesquelles porte une enquête.
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II (1904). Techn. || Grand univers : format de papier pour impressions lithographiques (1 m×1,30 m).
Encyclopédie Universelle. 2012.