Akademik

échafauder

échafauder [ eʃafode ] v. <conjug. : 1>
• v. 1260; de échafaud
1 V. intr. Techn. Dresser un échafaudage. Les maçons ont commencé à échafauder.
2 V. tr. (XVe) Vx Dresser en échafaudage.
(XVIIIe) Fig. et mod. Construire par des combinaisons hâtives et fragiles. Échafauder une théorie, un système. « Échafauder des hypothèses qui n'ont aucune base expérimentale » (Martin du Gard). « Pour échafauder son mensonge » (Proust).

échafauder verbe transitif Vieux. Dresser des objets l'un sur l'autre ; amonceler : Échafauder des chaises pour atteindre le plafond. Préparer, combiner quelque chose à partir d'éléments, le plus souvent sur une base fragile : Échafauder une hypothèse.échafauder (synonymes) verbe transitif Dresser des objets l'un sur l'autre ; amonceler
Synonymes :
- amonceler
- empiler
- entasser
Préparer, combiner quelque chose à partir d'éléments, le plus souvent sur...
Synonymes :
- bâtir
- élaborer
- monter
échafauder verbe intransitif Dresser un échafaudage.

échafauder
v.
d1./d v. intr. Mettre en place un échafaudage.
|| v. Pron. Se construire.
d2./d v. tr. Fig. édifier en esprit; combiner. échafauder un plan, une théorie.

⇒ÉCHAFAUDER, verbe trans.
A.— Emploi trans.
1. Rare, emploi abs. Dresser un échafaudage. Il a fallu échafauder pour terminer ce mur (Ac. 1835-1932).
2. Usuel. Échafauder qqc.
a) Dresser en échafaudage. Il échafauda encore quatre ou cinq charpentes, puis monta de nouveau sur le barrage (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 319).
P. anal. Une de ces grandes tribunes échafaudées pour les dames (GONCOURT, Mme Gervaisais, 1869, p. 79). Toutes [les femmes] (...) avaient échafaudé une haute coiffure extravagante parmi laquelle couraient des feuilles de vigne en papier doré (E. DE GONCOURT, Élisa, 1877, p. 110).
b) P. ext. (cf. échafaudage B 2). Superposer de manière plus ou moins organisée, plus ou moins stable. Gênes n'a rien perdu à mes yeux de ce qu'elle était dans mes souvenirs : magnifiques peintures, nature admirable, palais et jardins échafaudés les uns sur les autres (SAND, Corresp., t. 2, 1812-76, p. 141). Conformément aux mêmes idées il a dressé, aligné, échafaudé des blocs ou simplement amoncelé des pierres pour abriter des sépultures (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 27) :
1. ... madame Aurélie elle-même (...) dénombrait de son côté les vêtements de soie (...) Clara était chargée de veiller aux tas, de les ranger et de les échafauder, de manière à ce qu'ils tinssent le moins de place possible, le long des tables.
ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, p. 653.
c) Au fig. (cf. échafaudage B 3)
Utiliser pour construire ou étayer quelque chose. Tous ces raisonnements que vous échafaudez pour vous prouver à vous-mêmes que votre âme n'est pas immortelle (MARTIN DU G., J. Barrois, 1913, p. 484).
[En réf. au caractère provisoire et relativement instable de l'échafaudage] Combiner, construire, élaborer (quelque chose), de manière peu solide, non convaincante. Échafauder une théorie, un système, une doctrine, une argumentation; échafauder un projet. Il échafauda une combinaison de mensonges qui lui permit de s'absenter (MARTIN DU G., Thib., Belle sais., 1936, p. 1040). Beaucoup d'hypothèses peuvent être échafaudées, mais elles n'auront que peu de valeur scientifique, tant que des preuves certaines ne viendront pas les étayer (Hist. sc., 1957, p. 1484) :
2. Trois mois avaient suffi à cet homme vomi par l'enfer pour échafauder, inventer un nouveau plan, une nouvelle machination...
PONSON DU TERRAIL, Rocambole, t. 3, 1859, p. 317.
3. Une politique est une construction conçue par des hommes, échafaudée sur des idées et souvent bousculée par les événements.
L'Industr. fr. du bois, 1955, p. 37.
B.— Emploi pronom.
1. Vx. [À valeur réfl.] Construire un échafaudage et y monter. Je couchais sous quelques planches qu'on m'avait prêtées pour m'échafauder contre le rocher (LAMART., Tailleur pierre, 1851, p. 453). Les mineurs défaîtent la galerie et, en s'échafaudant, amorcent un montage (HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Exploitation mines, 1905, p. 293).
2. Usuel. [À valeur passive]
a) [En parlant d'un échafaudage, d'une construction provisoire] Être construit. Et voilà que sur le cirque, devenu bassin, un décor s'échafaude (COCTEAU, Portr. souv., 1935, p. 72).
Péj. S'entasser sans ordre. On voit des glaçons (...) s'immobiliser au plus léger obstacle et s'échafauder les uns sur les autres (RENARD, Lanterne sourde, 1893, p. 110). Voici la pleine ville (...) les quais (...) les hauts immeubles au-dessus s'échafaudant sur le roc (BUTOR, Modif., 1957, p. 193).
P. métaph. Devinerions-nous par quel caprice toutes ces inégalités se sont échafaudées de cette façon les unes sur les autres (POINCARÉ, Valeur sc., 1905, p. 28).
b) Au fig. Toutes les preuves du procès s'échafaudaient sur des périphrases cicéroniennes (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 365). Aussi (...) l'organisation de la défense nationale doit-elle s'échafauder sur de nouvelles bases (LUBRANO-LAVADERA, Législ. et admin. milit., 1954, p. 31). Ainsi s'échafaude une hiérarchie de pouvoirs commandée par des intérêts particuliers (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 622).
Prononc. et Orth. :[], (j')échafaude []. Enq. :/,D/ (il) échafaude. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1260 eschaufauder « dresser des échafauds » (E. BOILEAU, Livre Mestiers, éd. G.-B. Depping, 2e part., titre XVIII, p. 323); 1464 eschaffaulder « projeter » (Maistre Pathelin, éd. R. T. Holbrook, 421). Dér. de échafaud; dés. -er. Fréq. abs. littér. :73.
DÉR. 1. Échafaudement, subst. masc. Action d'échafauder, son résultat. Synon. échafaudage. P. anal. Une musique militaire m'avait (...) révélé ses échafaudements harmoniques (ARNOUX, Contacts all., 1950, p. 30). Au fig. Et moi qui perds mon temps près de vous dans des échafaudements ridicules (GIDE, Caves, 1914, p. 841). 1re attest. 1914 (GIDE, loc. cit.); de échafauder, suff. -ment1; déjà attesté en 1384 au sens de « échafaudage » (Comptes du Château de Clamecy, éd. L. Mirot, p. 10). Fréq. abs. littér. : 1. 2. Échafaudeur, subst. masc. a) Personne qui échafaude. Au fig. Les échafaudeurs de systèmes ont horreur des objections (ARNOUX, Juif Errant, 1931, p. 210). b) Mar. Celui qui (à Terre-Neuve) établit l'échafaud pour le séchage des morues (cf. échafaud A). Attesté ds Lar. 19e-20e, GUÉRIN 1892 et QUILLET 1965. 1res attest. a) 1292 eschaufaudeeurs « constructeur d'échafaudage » (Taille, ap. GÉRAUD, Paris sous Phil. le Bel ds GDF.), attest. isolée; à nouv. Forest. 1946; b) 1859 « celui qui établit l'échafaud pour faire sécher les morues » (BONN.-PARIS); de échafauder, suff. -eur2.

échafauder [eʃafode] v. intr. et tr.
ÉTYM. V. 1260, eschaufauder; eschaffaulder, 1464; de échafaud.
———
I V. intr. Dresser un échafaudage (pour construire, peindre… un bâtiment). || Il ne sera pas nécessaire d'échafauder pour construire ce petit mur.
———
II
1 V. tr. (XVe). Vx. Dresser en échafaudage. || Échafauder des charpentes.Mod. Superposer (des objets concrets), soit de manière instable, soit en formant un amoncellement élevé, complexe… (→ Échafaudage, 3.). Amonceler, empiler, entasser. || Échafauder des piles de livres.
Par métaphore (avec la valeur des sens 2 ou 3).
1 Et il se mit à échafauder, avec cette donnée et sur cette base, le fantasque édifice des hypothèses, ce château de cartes des philosophes (…)
Hugo, Notre-Dame de Paris, II, V.
2 J'estime donc qu'il est vain d'échafauder, pour expliquer l'inconnaissable, des hypothèses qui n'ont aucune base expérimentale.
Martin du Gard, Jean Barois, II, Le calme, III, p. 361.
2 (Abstrait). Réunir et superposer de nombreux éléments. || Échafauder des hypothèses. Amasser. || Échafauder projet sur projets.Élaborer progressivement par une telle réunion d'éléments. Bâtir, construire, élaborer, établir, fonder. || Échafauder une théorie, un système.
3 Spécialt (plus cour.). Former par des combinaisons hâtives et fragiles. Accumuler, amasser, amonceler, combiner; échafaudement. || Échafauder un plan, une théorie, une combinaison (cit. 7). || Échafauder hâtivement un raisonnement, un système. || Échafauder des projets que l'on ne réalise jamais (→ Avenir, cit. 31). || Échafauder une entreprise sur une base fragile. Baser, fonder.
3 (…) il (Morel) avait assuré à M. de Charlus qu'il était en ce moment-là à étudier la musique en Allemagne. Il s'était servi, pour échafauder son mensonge, de personnes bénévoles à qui il avait envoyé ses lettres en Allemagne, d'où on les réexpédiait à l'insu de Charlus (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XII, p. 18.
——————
s'échafauder v. pron.
1 Vx. (Réfl.). Dresser l'échafaudage sur lequel on monte. || Les maçons s'échafaudèrent à la hâte.Fig. (Saint-Simon, Mémoires, t. II, LI). S'élever par degrés en se ménageant des appuis.
2 Mod. (Passif). S'entasser de façon plus ou moins stable.
3 Fig. et mod. (Passif). Être formé par des combinaisons hâtives et fragiles.
4 (…) il (J. Valjean) voyait, avec une terreur mêlée de rage, s'échafauder, s'étager et monter à perte de vue au-dessus de lui, avec des escarpements horribles, une sorte d'entassement effrayant de choses, de lois, de préjugés, d'hommes et de faits, dont les contours lui échappaient, dont la masse l'épouvantait, et qui n'était autre chose que cette prodigieuse pyramide que nous appelons la civilisation.
Hugo, les Misérables, I, II, VII.
——————
échafaudé, ée p. p. adj.
Entassé. || Des bagages échafaudés.(Abstrait). || Des projets hâtivement échafaudés.
DÉR. Échafaudement, échafaudeur.

Encyclopédie Universelle. 2012.