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effarer

effarer [ efare ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1611; de effaré
Troubler en provoquant un effroi mêlé de stupeur. affoler, effaroucher, effrayer, stupéfier. « Seule, elle ne fût point sortie; le bruit de la rue l'effarait » ( R. Rolland). Pronom. Rare « Il y a donc quelque chose de plus que le devoir ? Ici, il s'effarait » (Hugo). ⊗ CONTR. Rassurer.

effarer verbe transitif (peut-être ancien français esfreer, avec l'influence de farouche) Provoquer chez quelqu'un de la stupeur, de la stupéfaction par quelque chose de terrible, d'inattendu ou d'excessif ; effrayer, affoler : Une telle bêtise m'effare.effarer (synonymes) verbe transitif (peut-être ancien français esfreer, avec l'influence de farouche) Provoquer chez quelqu'un de la stupeur, de la stupéfaction par...
Synonymes :
- abasourdir
- affoler
- ahurir
- effrayer
- épouvanter
- estomaquer (familier)
- sidérer (familier)
- stupéfier
- terrifier

effarer
v. tr. Troubler vivement, stupéfier. Cette nouvelle l'a effaré.

⇒EFFARER, verbe trans.
A.— [Le compl. désigne une pers., un animal, la vue] Frapper d'un trouble qui égare, rend hagard, hébété. Synon. affoler, stupéfier. Qu'a-t-on pu vous dire qui vous ait si fort effaré? (Ac. 1798-1932). Et l'infini terrible effara ton œil bleu! (RIMBAUD, Poés., 1871, p. 47) :
1. On voit que ce recommandable seigneur se sent grand par lui-même (...) et qu'il ne cherche pas à effarer le pauvre aubergiste par des semblants d'opulence, par des étalages de paquets, ...
HUGO, Le Rhin, 1842, p. 289.
Emploi pronom. réfl. Devenir hagard. Un homme sujet à s'effarer (Ac. 1798-1878). Synon. s'affoler. Le cheval s'effarait, bondissant de côté, manquant de jeter le cavalier contre un arbre (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 229). Tu vas pas quand même t'effarer pour des fariboles pareilles (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 689) :
2. Enfin, Jacques ouvrit les paupières. Ses regards troubles se portèrent sur elles, tout à tour, sans qu'il parût les reconnaître. Elles ne lui importaient pas. Mais ses yeux ayant rencontré, à quelques mètres, la machine qui expirait, s'effarèrent d'abord, puis se fixèrent, vacillants d'une émotion croissante.
ZOLA, La Bête humaine, 1890, p. 230.
B.— P. anal., littér. [Le compl. désigne un inanimé concr.] Troubler, rendre comme fou. Un coup de tonnerre ébranle la maison, une chanson de mousquetaire effare l'escalier (VEUILLOT, Odeurs de Paris, 1866, p. 68). Un vent frais qui enfilait la galerie balayait l'air chaud sous le vitrage, effarait les lanternes de couleur (ZOLA, Nana, 1880, p. 1265). Les candélabres, dont une croisée ouverte effarait les flammes, allumaient les pièces d'argenterie et les cristaux (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 188).
Emploi pronom. réfl. (avec personnalisation du sujet). Les arbres s'effaraient pleins d'une vague horreur (HUGO, Quatre vents esprit, 1881, p. 257). Les bougies s'effarèrent, sous le vent de la fenêtre grande ouverte (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p. 114).
Prononc. et Orth. :[], (j')effare []. Transcrit avec [] ouvert à l'initiale ds BARBEAU-RODHE 1930 et, à titre de var., ds WARN. 1968. Cette prononc. s'explique par l'influence graph. des lettres redoublées sur la voyelle précédente. Le verbe est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. [1. Ca 1200 Preudom qui si ies efferes « troublé, bouleversé » (JEAN BODEL, Le Jeu de saint Nicolas, éd. A. Henry, 488); XIIIe s. effaree (Eneas, éd. J. Salverda de Grave, 615, leçon ms. G, picardisant)]; 2. 1611 effarer « frapper de terreur » (COTGR.); 1895 au fig. c'est surtout effarant (HUYSMANS, En route, t. 1, p. 188). Étymol. obscure; peut-être doublet, avec métathèse du r (pic. à l'origine), d'esfreer, esfraer (v. effrayer), où l'e du rad., devant r, serait devenu a sous l'infl. de farouche. L'hyp. d'un dér. du lat. class. ferus (cf. fier) ou celle d'un empr. au lat. class. efferatus (d'où a été empr., au XVIe s., efferé ds GDF. et HUG.) part. passé d'efferare « rendre farouche », font difficulté notamment du point de vue sém. 1 est une altération pic. de esfreé (mod. effrayé), cf. éd. cit., pp. 195-196. Fréq. abs. littér. :189.
DÉR. Effarade, subst. fém., vx. État d'une personne effarée. Synon. usuel effarement. Les autres compagnons dispersés, mourants de faim et de soif, erraient dans les corridors, les escaliers, les cours du château, au milieu de l'effarade des maîtres du logis, et des apprêts de leur évasion (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 475). []. Pour [] ouvert, à l'initiale, cf. effarer. 1re attest. 1848 id.; du rad. de effarer, suff. -ade. Fréq. abs. littér. : 2.
BBG. — DARM. 1877, p. 81 (s.v. effarade).

effarer [efaʀe] v. tr.
ÉTYM. 1611; effaree, XIIIe; effere « troublé », v. 1200; orig. obscure; p.-ê. doublet, avec métathèse du r d'esfreer, esfraer. → Effrayer.
Troubler en provoquant un effroi mêlé de stupeur. Affoler, effaroucher, effrayer, stupéfier, troubler. || Cette politique hardie effarait les vieux parlementaires.REM. Sans être littéraire, cet emploi est du style soutenu, moins courant que le p. p. effaré.
1 Tes grandes visions étranglaient ta parole
— Et l'Infini terrible effara ton œil bleu !
Rimbaud, Poésies, « Ophélie », II.
2 Louisa passait ses journées dans sa chambre; et, le soir, Christophe s'obligeait, quand il le pouvait, à lui tenir compagnie, pour la forcer à prendre un peu l'air. Seule, elle ne fût point sortie; le bruit de la rue l'effarait.
R. Rolland, Jean-Christophe, L'adolescent, II.
Par anal., littér. || « Les candélabres, dont une croisée ouverte effarait les flammes, allumaient les pièces d'argenterie et les cristaux » (Zola, Pot-Bouille, 1882, p. 188).
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s'effarer v. pron.
(Réfl.). Devenir effaré.
3 L'on chercha en s'éveillant, comme à tâtons, les lois : l'on ne les trouva plus; l'on s'effara, l'on cria, l'on se les demanda; et dans cette agitation (…)
Retz, Mémoires, II, p. 72.
4 Il (Javert) s'adressait des questions, et il se faisait des réponses, et ses réponses l'effrayaient (…) qu'ai-je fait ? Mon devoir. Non. Quelque chose de plus. Il y a donc quelque chose de plus que le devoir ? Ici, il s'effarait; sa balance se disloquait (…)
Hugo, les Misérables, V, IV.
Par ext. (Réfl.). Le sujet est personnalisé :
5 (…) certains bruits sournois, à peine perceptibles, l'affolent, et tout son pelage s'effare, se moire d'épis nerveux (…)
Colette, la Paix chez les bêtes, « La shah ».
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effaré, ée p. p. adj.
1 Qui ressent un effroi mêlé de stupeur. Effarouché, effrayé, étonné, hagard, inquiet, interdit, stupéfait, troublé. || Personne effarée (→ Anxiété, cit. 6; crier, cit. 1; démarche, cit. 7). || Les Effarés, poème de Rimbaud.
6 Comme il les écarquille (les yeux) et paraît effaré.
Molière, Amphitryon, III, 2.
7 (…) ceux qui se vantaient d'être les plus hardis descendirent les premiers, mais ils revinrent bientôt, leurs torches éteintes, tremblants, pâles, effarés, et ceux qui pouvaient parler racontèrent qu'ils avaient été effrayés par une épouvantable vision.
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 124.
(Avec une valeur atténuée). Ahuri. || Des badauds complètement effarés de, par l'événement.
Dont l'expression trahit ce sentiment. Égaré, hagard, inquiet; (par ext.) ahuri. || Visage, air effaré. || Rouler des yeux effarés.
8 Il en sortit courbé en deux, avec l'air effaré des bêtes fauves quand on les rend libres tout à coup.
Flaubert, Salammbô, XV, p. 347.
9 Soudain un choc formidable, un cri, un seul cri, un cri immense, des bras tendus, des mains qui se cramponnent, des regards effarés où la vision de la mort passe comme un éclair (…)
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, « Agonie de la Sémillante ».
10 L'on voit des fenêtres s'ouvrir sur le boulevard et une figure effarée, une lumière à la main, après avoir jeté les yeux sur la chaussée, refermer le volet avec impétuosité.
Lautréamont, les Chants de Maldoror, II, p. 61.
Par anal., littér. (Qualifiant une abstraction) :
11 Tout l'univers était contre moi et m'accablait, je connus l'isolement effaré et superbe de l'assassin. Je me pliais naturellement à l'opinion du monde, et pourtant il y avait au fond de moi-même une retraite sombre où quelque chose ne se rendait pas.
Claude Mauriac, le Temps immobile, p. 405.
2 Blason. Cabré. || Cheval effaré. || Licorne effarée. Effrayé, rampant, saillant.
CONTR. Rassurer. — (Du p. p.) Calme, serein.
DÉR. Effarade, effarant, effarement.

Encyclopédie Universelle. 2012.