affoler [ afɔle ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ Rendre comme fou, sous l'effet d'une émotion violente, faire perdre la tête à. ⇒ bouleverser. Je fus coquette, « caressante et perfide. J'affolai cet enfant » (Maupassant).
2 ♦ Rendre fou d'inquiétude, plonger dans l'affolement. ⇒ effrayer, paniquer. Ce bruit les a affolés. Pronom. Perdre la tête par affolement. Elle s'est affolée et a pris une décision stupide. Ne vous affolez pas.
⊗ CONTR. Calmer, rassurer.
● affoler verbe transitif (de fol, fou) Rendre comme fous quelqu'un, un animal, les épouvanter : Les cris de la foule l'affolèrent. Provoquer chez quelqu'un une grande inquiétude : La hausse des prix m'affole. Provoquer chez quelqu'un un désarroi sentimental : Elle l'affolait par ses coquetteries. ● affoler (synonymes) verbe transitif (de fol, fou) Rendre comme fous quelqu'un, un animal, les épouvanter
Synonymes :
- égarer
- épouvanter
Provoquer chez quelqu'un une grande inquiétude
Synonymes :
- atterrer
- effrayer
Contraires :
- apaiser
- calmer
- rasséréner
- rassurer
Provoquer chez quelqu'un un désarroi sentimental
Synonymes :
affoler
v. tr.
d1./d Rendre comme fou, égarer. Cette nouvelle nous a affolés, nous ne savions plus que faire.
— Pp. adj. Ils ont couru, affolés.
|| v. Pron. Se troubler profondément, perdre la tête. Ne vous affolez pas!
d2./d Faire subir à (une aiguille de compas) des variations brusques et irrégulières.
I.
⇒AFFOLER1, verbe.
I.— Lang. commune
A.— Emploi trans. [Le compl. désigne une pers. ou un ensemble de pers.]
1. Littér. Rendre comme fou, c'est-à-dire troubler profondément, généralement sous l'effet d'une passion, d'un sentiment ou d'une émotion violente. Anton. calmer :
• 1. On pourrait dire de Maupassant qu'il est mort de peur. Le néant l'a affolé et tué.
J. RENARD, Journal, 1906, p. 1090.
• 2. Au cours de ce procès, il comptait déposer d'une façon mensongère et dont l'inculpé ne pourrait pas cependant prouver la fausseté. De cette façon, Bloch, qui ne mit du reste pas à exécution son projet, pensait le désespérer et l'affoler davantage.
M. PROUST, À la recherche du temps perdu, Le Côté de Guermantes 1, 1920, p. 228.
— [Avec un compl., prép. de indiquant la cause du trouble] :
• 3. ... il peut faire tout ce qu'il voudra, il peut affoler d'admiration ou d'effroi une horde plus ou moins nombreuse d'intellectuels et de passionnés; ...
L. BLOY, La Femme pauvre, 1897, p. 145.
• 4. Quelle puissance prit alors durant cette semaine sa pensée sur mon imagination. Comme elle m'aurait affolé de passion si elle s'était refusée, si elle avait disparu.
M. BARRÈS, Mes cahiers, t. 3, avr.1903-janv.1904, pp. 86-87.
Rem. Dans l'ex. suiv., le sens du verbe est déjà fortement affaibli :
• 5. Le temps était aussi mélancoliquement automnal que possible; c'était un soleil d'octobre, une lumière d'octobre; charmes doux qui m'affolent toujours de je ne sais quelle aimable tristesse.
J. BARBEY D'AUREVILLY, Deuxième Memorandum, 1839, pp. 276-277.
— Emploi abs. :
• 6. L'horrible, ce vieux mot, veut dire beaucoup plus que terrible. Un affreux accident comme celui-là émeut, bouleverse, effare :il n'affole pas. Pour qu'on éprouve l'horreur il faut plus que l'émotion de l'âme et plus que le spectacle d'un mort affreux, il faut, soit un frisson de mystère, soit une sensation d'épouvante anormale, hors nature.
G. DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, L'Horrible, 1884, p. 240.
• 7. ... la faim vous talonne une armée pendant des jours. Elle ne terrorise ni n'anéantit. Elle angoisse, elle affole; et quand elle tient ses hommes et qu'elle en fait des loques ou des fauves, il n'y a plus d'obus qui comptent et l'ennemi n'est qu'un petit péril.
R. BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 35.
Rem. 1. Ac. 1798-1835 : ,,Il n'est guère d'usage [1835 : usité] que dans le style familier et au participe.`` Cette rem. qui remonte à Ac. 1694 (cf. aussi RICH. t. 1 1680, infra étymol.) disparaît à partir de Ac. 1878. Ac. Compl. 1842, l'avait recueilli avec la note ,,vieux lang.``. 2. LITTRÉ, reproduisant presque textuellement une rem. et un ex. de BESCH. 1845, signale encore la forme affolir « devenir fou » comme un mot vieux, mais non tout à fait hors d'usage, et donne comme ex. Cet homme affolit tous les jours. Il ajoute : ,,Il mériterait de ne pas périr tout à fait.``
2. En partic., vieilli. Rendre amoureux de quelqu'un :
• 8. ... je ne crois pas au surnaturalisme entre les vivants et les morts, hélas! mais je crois au surnaturalisme entre les vivants... L'amour, cette première vue qui fait deux êtres amoureux, ce coup de foudre qui en une seconde affole deux êtres l'un de l'autre... Voilà du surnaturel bien certain, bien positif! »
E. et J. DE GONCOURT, Journal, avr. 1889, p. 954.
Rem. Cf. aussi l'ex. 4, où affolé est accompagné d'un compl. précisant qu'il s'agit d'amour.
3. Sens affaibli, lang. peu soutenue. Faire perdre la tête, la maîtrise de soi dans l'action :
• 9. Comme toujours, lorsque au lieu de me laisser affoler et exaspérer par les faits, je les examine bien en face, pour graves et même cruels qu'ils soient, ils apparaissent moins radicalement insolubles.
Ch. DU BOS, Journal, mars 1925, p. 324.
• 10. [PAULINE :] — (...) vers six heures, les dames excentriques ont surgi avec leur suite d'adorateurs. Ils avaient déjeuné au bord de l'eau; ils étaient très excités, ils ont affolé tout le monde, se sont moqués de nos grenadines, ont fait distribuer le reste de leur champagne ...
J. CHARDONNE, Les Destinées sentimentales, La Femme de Jean Barnery, 1934, p. 200.
B.— Emploi intrans., vieilli. ,,Devenir passionné à en perdre la raison.`` (BESCH. 1845). Devenir fou : affoler de qqn.
Rem. Dans cet emploi affoler a été remplacé dans le lang. fam. par raffoler.
C.— Emploi pronom.
1. Littér. [Avec ou sans compl. indiquant la cause du trouble] Devenir comme fou, être troublé profondément. Anton. s'assagir, se calmer :
• 11. Elle était plus femme qu'elle ne le croyait, cette chétive créature, en essayant de concilier les exigences de la religion avec les vivaces émotions de vanité, avec les semblants de plaisir dont s'affolent les Parisiennes.
H. DE BALZAC, La Duchesse de Langeais, 1834, pp. 265-266.
• 12. À l'avenir, sa tranquillité dépendait de cette femme, dont l'existence devait forcément devenir la sienne. Si elle gardait sa paix, il vivrait paisiblement de son côté; si elle s'affolait, il se sentirait fou comme elle.
É. ZOLA, Madeleine Férat, 1868, p. 114.
2. En partic., vieilli. S'éprendre de quelqu'un :
• 13. ... il avait conquis le cœur de la comédienne en débitant des facéties au dessert, et la dernière s'était affolée de lui après l'avoir entendu lire deux pages de Jocelyn.
G. FLAUBERT, La Première éducation sentimentale, 1845, p. 258.
3. Sens affaibli, lang. peu soutenue. Perdre la tête dans l'action, devenir extrêmement agité :
• 14. ... pour imposer aux indigènes, on recourt à une force précaire, spasmodique et dévergondée. On prend peur; on s'affole; par manque d'autorité naturelle, on cherche à régner par la terreur. On perd prise, et bientôt plus rien ne suffit à dompter le mécontentement grandissant des indigènes, souvent parfaitement doux, mais que révoltent et poussent à bout les injustices, les sévices, les cruautés.
A. GIDE, Voyage au Congo, 1927, p. 693.
• 15. ... ce n'est pas le moment de perdre la tête, non. Je ne m'affole pas pour des bêtises.
G. BERNANOS, La Joie, 1929, p. 720.
Rem. À l'époque actuelle le sentiment qui commande l'acte d'affoler est le plus souvent la peur; pour les autres motivations le verbe est d'un emploi rare.
II.— Emplois spéc.
A.— Arg. Affoler verbe intrans., ou s'affoler verbe pronom. Se dépêcher, courir comme des fous :
• 16. Les sept aventuriers, vite, s'accrochèrent à leurs chevaux. et rapides (...) s'affolèrent sur la grande route.
G. D'ESPARBÈS, Le Roi, 1901, p. 120.
• 17. Alors quand sonne l'hyporas
Sans affoler comme des rats
Chacun s'habille avec lenteur
Il n'est pas encor' l'heure. [Couplet d'une revue Barbe.]
R. SMET, Le Nouvel argot de l'X, 1936, p. 119.
B.— HORTIC., emploi intrans. ,,Pousser des feuilles sans fleurir, en parlant des anémones.`` (Ac. Compl. 1842).
Rem. Attesté également ds BESCH. 1845. Le mot se rattache à fou « qui pousse de manière sauvage » qui se trouve dans les expr. herbes folles et branches folles (FEW t. 3 1949, s.v. follis). Cf. affolage. Une interférence avec feuille a pu jouer à l'époque anc. Cf. feuillir, enfeuillir, raffeuillir « (se) garnir de feuilles ».
C.— PHYS. Affoler une boussole, un compas. Déranger l'aiguille aimantée d'une boussole (phénomène qui se produit sous l'influence de certains facteurs : voisinage du fer, orage violent, etc.) :
• 18. Un coup de foudre qui frappa le bâtiment affola la boussole.
LITTRÉ Add. 1872.
Rem. Dans cet emploi, le verbe a également existé à la forme intrans. :
• 19. Mais dans cette journée, la plus terrible de toutes celles que nous passâmes dans les régions glaciales, nous dûmes naviguer dans des directions très différentes et souvent tout à fait opposées; dès lors tous nos compas de route commencèrent à affoler; nous nous trouvions suffisamment près du pôle magnétique, pour que la force horizontale qui dirigeait nos aiguilles devînt trop faible par rapport aux influences étrangères...
DUMONT D'URVILLE, Voyage au Pôle Sud et dans l'Océanie, t. 8, 1845, p. 162.
La forme pronom. est plus fréq. :
• 20. ... c'est le printemps, l'aiguille s'affole dans sa boussole, le binocard entre au bocard et la grande dolichocéphale sur son sofa s'affale et fait la folle.
J. PRÉVERT, Paroles, 1946, p. 19.
Rem. Selon BOISTE 1834, Ac. 1798 Suppl. 1835 on emploie dans le même sens s'affolit. Selon LAND. 1834 cet emploi n'est pas conforme à l'usage.
D.— TECHNOLOGIE
1. Emploi trans. Rendre indépendante du mouvement général une partie du mécanisme, ,,pour qu'elle soit libre de rester au repos ou de prendre un mouvement différent, opération qui se pratique à chaque instant dans les ateliers au moyen des roues folles ou des embrayages`` (Lar. 19e).
2. Emploi pronom. [En parlant d'une mécanique] Fonctionner trop vite, s'emballer :
• 21. Un jour, appuyé sur la rambarde de « l'engine-room », il regardait la puissante machine qui s'emportait parfois, quand, dans un violent mouvement de tangage, l'hélice s'affolait hors des flots.
J. VERNE, Le Tour du monde en quatre-vingts jours, 1873, p. 94.
• 22. En cape, le bâtiment recevait de gros paquets risquant de tout arracher et la machine s'affolait; nous mîmes en fuite sous la misaine, la machine à quatre-vingts tours, filant de l'huile et gouvernant à la lame.
J.-B. CHARCOT, La Campagne du « Pourquoi pas? », 1934, p. 27.
Stylistique — Affoler qui a ordin. pour obj. (ou pour suj., s'il s'agit de l'emploi pronom.) un nom de pers., s'applique except. à des inanimés concr. ou abstr. :
23. ... la colère divine soufflait en tempête dans ces strophes. Elles semblaient s'adresser moins au Dieu de miséricorde, à l'exorable Fils qu'à l'inflexible Père, à Celui que l'Ancien Testament nous montre, bouleversé de fureur, mal apaisé par les fumigations des bûchers, par les incompréhensibles attraits des holocaustes. Dans ce chant, il se dressait, plus farouche encore, car il menaçait d'affoler les eaux, de fracasser les monts, d'éventrer à coups de foudre, les océans du ciel. Et la terre épouvantée criait de peur.
J.-K. HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, pp. 15-16.
24. Je pouvais envisager sans terreur la perspective d'une vie où je serais à jamais séparé d'êtres dont je perdrais le souvenir, et c'est comme une consolation qu'elle offrait à mon cœur une promesse d'oubli qui ne faisait au contraire qu'affoler son désespoir. Ce n'est pas que notre cœur ne doive éprouver, lui aussi, quand la séparation sera consommée, les effets analgésiques de l'habitude; mais jusque-là il continuera de souffrir.
M. PROUST, À la recherche du temps perdu, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, p. 671.
II.
⇒AFFOLER2, verbe trans.
Arg. pop. Accabler de coups, blesser, endommager (d'apr. A. DELVAU, Dict. de la langue verte, 1867, p. 6).
Rem. LITTRÉ, s.v. 2. affoler, remarque. ,,Ce mot est tombé en désuétude.`` Il avait été noté par Ac. Compl. 1842 avec la note ,,vieux lang.``
Prononc. — 1. Forme phon. :[], j'affole []. Enq. :/afo2l/. Conjug. parler. 2. Dér. et composés : affolade, affolage, affolant, affolement, affolir arch. (cf. LITTRÉ), raffoler. Cf. fou.
Étymol. ET HIST.
I.— 1. a) 1160-1174 au propre « blesser gravement » (WACE, Rou, éd. Andresen, 3949 ds T.-L. : Dolenz est que Richart nen est morz u tüez Ne de sun cors nen est malmis ne afolez); 1165-1170 « id. » (peut-être « tuer »?) (BENOIT DE STE MAURE, Roman de Troie, éd. Constans, 9158, ibid. :cent mille saietes volent Que maint bon chevalier afolent). — 1771, Trév.; considéré comme vx mot dep. FUR. 1690; b) fin XIIIe-début XIVe s. au fig. « nuire à, léser » (Ysopet, I, fab. XIV, Robert ds GDF. : Malle langue, par sa parole, Tout le monde engine et afole); utilisé dans la lang. de l'amour au sens de « blesser », il est qualifié de vx et comique par RICH. t. 1 1680; 2. début XIIIe s. « tuer » (Girard de Vienne ds Le Roman de Fierabras, éd. Bekker, 553 ds T.-L. : Kant ot Antone ocis et afolé). — XVIe s. ds HUG.
II.— 1. 1174 « rendre fou » (B. DE STE MORE, Chronique, II, 23529 ds GDF. Compl. : Qu'est-ce dunt tu nos aparoles? Tot apertement nos afoles); 2. 1690 mar. aiguille affolée (FUR. : En termes de Marine, on appelle une boussole ou une aiguille affolé[sic] celle qui est défectueuse, ou mal touchée, qui indique mal le Nord); 1863 id. affoler (LITTRÉ : Affoler [...] En termes de marine, déranger l'aiguille aimantée).
I dér. de l'a. fr. foler « opprimer, maltraiter » (Rou ds T.-L.) « estropier, mutiler » (1250 ds GDF.), du lat. vulg. fullare (fouler); II dér. de fol (fou), II 2 spéc. au sens de « mauvais, vicieux ». Il semble que des interférences entre I et II se soient produites au cours du temps, notamment dans le vocab. de l'amour cf. DG qui rattache le sens I au sens II comme une ext., maintenant vieillie, au sens de « mettre en fâcheux état ».
STAT. — Fréq. abs. litt. :352. Fréq. rel. litt. :XIXe s. : a) 14, b) 309; XXe s. : a) 1 137, b) 633.
BBG. — BAILLY (R.) 1969 [1946]. — BAR 1960. — BARBER. 1969. — BÉL. 1957. — BÉNAC 1956. — BOISS.8. — BRUANT 1901. — CAPUT 1969. — DUPIN-LAB. 1846. — ESN. 1965. — FÉR. 1768. — GRUSS 1952. — JAL 1848. — LAV. Diffic. 1846. — LE CLÈRE 1960. — LE ROUX 1752. — PRÉV. 1755. — THOMAS 1956. — WILL. 1831.
affoler [afɔle] v. tr.
ÉTYM. 1174, « rendre fou »; aussi XIIe, « blesser gravement », puis « nuire », en anc. franç.; ce sens a vieilli au XVIIe (Furetière); de fol. → Fou.
❖
1 Rendre comme fou, sous l'effet d'une émotion violente, faire perdre la tête à (qqn). || Affoler qqn d'amour, d'admiration (⇒ Enflammer, passionner), de peur, de terreur (⇒ Effrayer, épouvanter, terrifier). || Affoler quelqu'un par…, de… (→ ci-dessous, cit. 2). ⇒ Bouleverser, égarer, troubler. — (Sans compl. second). || La peur l'affole.
♦ Spécialt. Rendre éperdu d'amour, de désir.
1 Je fus coquette, séduisante, comme auprès d'un homme, caressante et perfide. J'affolai cet enfant.
Maupassant, Clair de lune, p. 152.
2 Elle le verrait de nouveau, à ses pieds, éperdu de désir, s'approchant d'elle, l'affolant de ses regards, de son souffle, de ses caresses.
Paul Bourget, Un divorce, V.
♦ Sujet nom de chose :
3 (…) certaine femme dont la vue m'affole (…)
Huysmans, En route, p. 155.
4 (La civilisation) affole les Européens… elle les rend incapables de paix et même de vie intérieure.
R. Rolland, Mahatma Gandhi, p. 45.
♦ Absolt. || Une peur qui angoisse, affole.
2 Rendre fou d'inquiétude, d'angoisse, plonger dans l'affolement. ⇒ Effrayer, épouvanter, terrifier. || L'obscurité prolongée commençait à affoler le public. || Il se laisse affoler par ses obligations. ⇒ Déboussoler, désorienter. — Au passif. || Elle était un peu affolée par le travail qui restait à faire.
3 (1863, de affolé, 3.). Phys. || Affoler une boussole : en faire dévier l'aiguille aimantée de façon irrégulière. || Un coup de foudre qui frappa le bâtiment affola la boussole (Littré, Additif, 1872). || Une tempête magnétique affole le compas du navire.
4 Techn. Rendre libre (une partie de mécanisme) de manière à permettre une mise au repos ou à déterminer un mouvement excessif. || Affoler un embrayage. → ci-dessous, S'affoler.
♦ Par extension :
4.1 Le mouvement est facile à affoler. L'équilibre est facile à détruire.
J.-M. G. Le Clézio, l'Extase matérielle, p. 154.
——————
s'affoler v. pron.
1 Devenir comme fou, perdre la tête par affolement (rare au sens fort; surtout au sens 2 de affoler). || Restez calmes, ne vous affolez pas. || S'affoler à cause de qqch., par qqch., de qqch. (littér.), pour qqch. — Son esprit s'affole. — (Concret). || Son cœur s'affole.
4.2 Mais au lieu de s'affoler sous la douleur qu'elle attendait et dont elle redoutait l'atteinte, son cœur, au sortir de cette catastrophe, restait calme et paisible; il battait lentement, doucement, après cette chute dont son âme était accablée, et ne semblait point prendre part à l'effarement de son esprit.
Maupassant, Fort comme la mort, éd. 1889, p. 39.
5 Et sa jalousie s'affola de l'incertitude de l'événement (…)
Proust, les Plaisirs et les Jours, Pl., p. 160.
♦ Vx. S'éprendre (de quelqu'un). || Il s'est affolé de cette femme.
♦ Par ext. (au sens atténué). || (Ne) t'affole pas ! ⇒ Paniquer (se). — Fam. Se dépêcher. — REM. On trouve aussi, dans ce sens, un emploi intrans. : « Sans affoler comme des rats… » (argot de l'X, in T. L. F.).
2 Techn. (en parlant d'un instrument de mesure, d'une mécanique). Se dérégler. || La boussole s'affole. — REM. La forme intrans. (la boussole, le compas affole) est également attestée au XIXe s.
♦ S'emballer. || « L'hélice s'affolait hors des flots » (J. Verne). — La machine, l'arbre de transmission s'affole.
——————
affolé, ée p. p. adj.
1 Vx ou régional. || Être affolé de quelqu'un : en être amoureux. ⇒ Aimer, raffoler.
6 Vous ne sauriez croire comme elle est affolée de ce Léandre.
Molière, le Médecin malgré lui, III, 7. → Assoté.
2 Rendu comme fou sous l'effet d'une émotion violente (peur, sentiment d'être débordé, dépassé). ⇒ Effaré, épouvanté. || Affolé de douleur, de peur. || Affolé par le danger. — (Sans compl.). || Des otages affolés.
7 Elle me regardait, effarée, affolée, épouvantée, n'osant pas crier de peur du scandale.
Maupassant, les Contes de la Bécasse, p. 232.
8 Mais allez donc faire entendre raison à des gens affolés.
Maupassant, Clair de lune, p. 82.
9 (…) les propriétaires paysans affolés par le spectre rouge.
Jaurès, Hist. socialiste…, t. I, p. 21.
♦ Un air affolé. || Un visage complètement affolé. || Des gestes affolés.
10 Comme dans le cas d'une collision dans les ténèbres, de nouveaux cris risquaient alors d'ameuter une seconde fois toute la maison, faisant détaler des ombres vers la cage de l'escalier et jaillir des figures affolées dans l'entrebâillement des portes, cou tendu, œil anxieux, bouche qui s'ouvre déjà pour hurler (…)
A. Robbe-Grillet, Dans le labyrinthe, p. 61.
♦ Par ext. || Imagination affolée. (Sens affaibli). Très agité; qui a perdu la maîtrise de soi. || Il y a une telle presse dans le restaurant que le personnel est affolé.
3 (1690). || Boussole, aiguille affolée, qui subit des déviations subites et irrégulières (variations brusques du champ magnétique).
♦ Hélice affolée. — Embrayage affolé.
4 N. Littér. Personne affolée. || Essayez de calmer tous les affolés.
❖
CONTR. Calmer, rasséréner, rassurer, tranquilliser. — Du p. p. Calme, rassuré, serein, tranquille.
DÉR. Affolage, affolant, affolement, affoleuse.
Encyclopédie Universelle. 2012.